RACINES165 -nov06 - Magazine Racines
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Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Par À 16 h, au Bois Jaulin aux Essarts, Yvelise Richard c’est la pause café, tous ensemble. Ld’esEmmaüs actions Dotées d'un statut associatif, les communautés Emmaüs accueillent des personnes démunies, sans abri de façon inconditionnelle (et sans poser de question sur leur passé), à qui elles fournissent un toit, des repas et des moyens de renouer avec une activité qui va leur permettre de rompre avec l'exclusion. Présentes en France et dans 41 pays, les communautés comprennent trois branches distinctes : les communautés de compagnons à proprement parler, avec leurs activités de collecte, réparation et vente ; l'action sociale et le logement ; l'économie solidaire et l'insertion. En Vendée, les communautés Emmaüs(1) de Fontenay-le-Comte (à Saint-Michel-le-Cloucq) et des Essarts proposent un bric-à-brac et une friperie tandis que l'antenne de La Rochesur-Yon SOS Familles Emmaüs apporte des aides à l'emprunt aux familles en difficulté(2). Dans le Maine-et-Loire, les communautés de Saumur, Cholet et Angers assurent la collecte, la remise en état et la vente de meubles ; Angers ajoutant à cela une recyclerie. Dans les Deux-Sèvres, on trouve les communautés de Niort (à Prahecq), de Thouars (à Vrines) et celle de Mauléon qui chapeaute celle de Peupins (avec ses chantiers et entreprises d'insertion(3) au Pin) et les structures d'insertion de Cerizay. (1) Actuellement 115 communautés en France. (2) On comptait 43 associations dans l'Hexagone en 2002. (3) En France, 1 854 personnes bénéficient à Emmaüs d’un emploi salarié (parcours d’insertion). Les communauté s près de che z Récupérateurs en tous genres, que l'on appell définitivement son domicile, les compagnons d'Emmaü meubles et aux objets qu'on leur confie. Mais il Du côté de la Vendée Aux Essarts, des compagnons solidaires D evenir compagnon d'Emmaüs n'est pas réservé à une catégorie de personnes : tout un chacun peut arriver dans une communauté, après la perte de son emploi, un divorce, une crise financière personnelle. Jeune ou moins jeune, homme ou femme, Français ou étrangers, ils sont une trentaine à avoir posé leur sac au Bois-Jaulin, à la communauté des Essarts ; certains depuis des années. Comme à la Légion étrangère, ici on accepte tout le monde sans poser de questions superflues. “Il n'y a pas un profil type, explique Olivier RACINES 12 Blanchard, responsable du centre vendéen. Ici passent des demandeurs d'asile (avec une volonté très affichée de s'en sortir et la soif d'entreprendre) ou des Français ayant vécu des échecs, avec des fragilités, des problèmes (mésestime de soi, dépendance à l'alcool…). Nous les rassurons et nous les poussons vers la reprise d’activité.” Logés en chambre individuelle, nourris, blanchis, “assurés socialement”, les compagnons et les compagnes (parfois avec leurs enfants) reçoivent un pécule (46 € par semaine) pour leur travail novembre 2006 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous en page suivante Du côté des Deux-Sèvres… Du côté de l’Anjou Une recyclerie au service des particuliers é s Emmaüs e z vous pelle au moment de quitter maüs donnent une seconde vie aux s ils ne font pas que cela… qui consiste en différentes tâches : la collecte à domicile des objets, vêtements et meubles (sur rendez-vous) ; la réparation pour le réemploi de ces derniers et le lavage des vêtements avant leur mise en place dans la friperie. Des clients très variés viendront les acheter : étudiants, retraités aux revenus modestes, accros du shopping qui “pour 30 € achèteront d'un coup dix chemisiers au prix d'un seul en boutique !”, souligne Agnès responsable du tri vêtement. Tous les revenus de la communauté proviennent des ventes des objets : l'argent reçu finance aussi des opérations de solidarité internationale, nationale ou locale. L'antenne de La Roche-surYon de SOS Famille Emmaüs en bénéficie : l'association prête à taux zéro de petites sommes (montant limité) à des familles en difficulté, ayant par exemple une facture d'électricité, de garagiste ou autre à régler. Communauté du Bois-Jaulin, aux Essarts. Tél. 02 51 06 06 85. “L e réemploi des objets et des matériaux grâce à la réparation”, telle est la devise des communautés Emmaüs ! Mais celle du Sauloup, à Saint-Jean-de-Linières, près d'Angers, a ajouté une corde à son arc en créant en 2001 une recyclerie ouverte au public(1). Agréée “Protection de l'environnement” et lancée en partenariat avec la communauté d'agglomération angevine (Angers Agglomération et ses 33 communes), elle fait figure de pionnière. Inscrite dans le dispositif des sept déchetteries angevines, la recyclerie Emmaüs a vu sa fréquentation augmenter de 25 % entre 2005 et 2006. “Même si nous procédons encore à des collectes à domicile (6 000 rendez-vous en 2005), rappelle Jean Rousseau, l'un des trois responsables de la Communauté, nous faisons maintenant venir les gens chez nous.” Gravats, ferrailles, plastiques, papiers, cartons, déchets végétaux, tonte… sont ainsi acceptés et déposés dans de grands collecteurs. Triés par les compagnons, les appareils électroménagers ou meubles usagés, abîmés ou cassés, retrouveront peut-être une seconde vie s'ils sont réparables (avant d'être vendus dans le magasin). Inutilisables, ils sont démontés, répartis selon leur composition avant de partir dans les filières de retraitement (ferrailleurs, récupérateurs plastique, papier…). Installée sur le terrain d'une ancienne ferme de 12 ha, la communauté du Sauloup est l'une des plus récentes en France puisqu'elle a vu le jour en 1982. “Au début, il y avait peu de choses, juste les anciens bâtiments de la ferme, Mais RACINES 13 cela nous permettait de tout faire dans un emplacement privilégié : tant d'espace si proche de la ville !,” se souvient Jean Rousseau. 180 bénévoles (“les amis”) et une travailleuse sociale contribuent au bon fonctionnement de l'association. Et de fait après la restauration des bâtiments, la construction du magasin qui assure aujourd'hui 80 % des recettes de la communauté – le reste étant assuré par la recyclerie –, il a fallu bâtir de nouveau des locaux (bureaux, cuisine, laverie… en 1992 et un atelier de réparation en 1997). À côté des cinq places d'accueil d'urgence, disponibles à Angers en complément des centres d'accueil de la ville(2), au Sauloup résident 42 compagnons : certains y prendront leur retraite. Une prochaine extension augmentera la capacité d'accueil de douze places : la première pierre de ce futur bâtiment vient d'être posée. (1) Communauté Emmaüs du Sauloup, 49070 Saint-Jean-de-Linières. Tél. 02 41 39 73 39. La recyclerie est ouverte tous les jours : du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h ; le samedi de 8 h 30 à 18 h et le dimanche de 8 h 30 à 12 h. (2) 650 nuitées en 2005. À Saint-Jean-de-Linières, la recyclerie est ouverte tous les jours. novembre 2006 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Du côté des Deux-Sèvres À Mauléon, on trie et on réemploie Michel, responsable de la section D3E des Ateliers du Bocage… …et Madeleine qui démonte et sépare les différents éléments des vieux ordinateurs. Q ue deviennent les vieilles imprimantes ou les ordinateurs obsolètes des entreprises qui renouvellement leur parc informatique ? Envoyés à la décharge ! Et après ? À Mauléon, la communauté Emmaüs en fait son pain bénit, grâce aux Ateliers du Bocage, l'entreprise d'insertion qu'elle a créée il y a bientôt quinze ans. Les Déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), c'est-àdire du matériel informatique usagé et périmé(1), arrivent dans le hangar de l'atelier en provenance d'une dizaine de déchetteries des environs, de nombreuses administrations ou d'assurances deux-sévriennes ou parisiennes. “Attention, on n'accepte que les ordinateurs supérieurs au Pentium III,” précise Michel, responsable de l'atelier. Djibril, le premier maillon de la chaîne de tri, sélectionne parmi les écrans d'ordinateurs, les imprimantes, les unités centrales, ceux qui sont encore “bons à servir” : il les enrubanne alors de film plastique, avant l'envoi vers le site de contrôle et de reformatage Emmaüs du Peux, à Pin, à une dizaine de kilomètres de là. De leur côté, Michel, Madeleine et les autres salariés de l'atelier d'insertion (onze personnes au total) démontent et séparent les machines inutilisables, triant les différents bons éléments (puces, disques durs, câbles, souris, claviers…), expédiés par la suite vers les deux boutiques informatiques, RACINES 14 que gère la communauté au Burkina Fasso (quatre à cinq containers par an) ou au Peux. Là, Carlos et Aurélie assurent la vente des ordinateurs remis à neuf ainsi que, et c'est nouveau, des téléphones portables de seconde main. Enfin les DEEE ultimes partiront vers des entreprises de revalorisation ou de destruction, selon leurs compositions. Les Ateliers du Bocage ne constituent que l'une des branches de la communauté Emmaüs de Mauléon. Au sein du site de Mauléon vivent cinquante compagnons et compagnes d'Emmaüs, dont certains travaillent avec des salariés en contrat d'insertion à la friperie (surtout des femmes) ou à la collecte et à la réparation pour le “bric-à-brac” (surtout des hommes). D'autres compagnons et salariés sont employés dans les ateliers du Peux, à la fabrication et à la rénovation de palettes de bois ; à la fabrication en sous-traitance automobile de lève -vitres ou moteurs électriques (pour Renault, Peugeot, Nissan…) ; à la découpe de tapis de sol de bus (pour Heuliez). Dernier pôle d’Emmaüs, celui du chantier d'insertion vert et ses salariés travaillent pour les collectivités locales en débroussaillant et en entretenant les chemins de randonnée, les haies bocagères ou en effectuant des travaux forestiers. Sur les sites de Nueil-les Aubiers et de Brétignolles, ce sont les cartouches usagées d'imprimantes qui sont triées et stockées tandis qu'à Bressuire une partie des salariés trie les déchets ménagers. (1) 315 t. en 2005 ; 330 t. jusqu'à fin août 2006 (soit près de 40 t. par mois). novembre 2006 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine