la PhotograPhie DanS le marché De l`art
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la PhotograPhie DanS le marché De l`art
Po n ma or FINANCE rf pe b l e e a u n d ur ur L e m e d i a s u i s s e d e s hi g h n e t w o r t h i n d i v i d u a l s Philanthropie ( s ) Invité actions américaines : une gestion active s’impose Sauveteurs sans frontières DANIEL MORI, CEO de VISILAB Marché de l’art Index CULTURE ( s ) Jackson Pollock : une cote à l'américaine Immobilier : 13 acteurs d’influence Le photographiable ce Investir dossier La photographie dans le marché de l'a rt 15 CHf Andreas Gursky, « Rhein II », valeur : 4,3 millions de dollars ENTRE LES LIGNES Fre ddy Gir arde t Que vous inspire cette citation DE François-René de Chateaubriand ? « Le goût est le bon sens du génie » Freddy Girardet Que voilà une affirmation péremptoire qui, pour moi, va trop loin tant il est vrai, aussi, que tous les goûts sont dans la nature. Vouloir hiérarchiser, les lier au génie uniquement n’est, pour moi, rien d’autre qu’une faute de… goût et même de mauvais goût. ce sont des paramètres avec lesquels il faut compter, mais de là à tout sacrifier sur l’autel de la modernité, il y a un pas que je ne franchirai pas. Connaître et savoir apprécier le goût des choses, leurs qualités et leurs authenticités pour ensuite les mettre en valeur, sont des facultés qui relèvent du bon sens ou pour le moins y font appel, mais avant tout, pour moi, la gastronomie est aussi une affaire de sensibilité, de partage et d’amour…que le bon sens et le génie ne remplaceront jamais ! En revanche, j’ai toujours considéré que les saveurs, surtout l’assemblage des celles-ci, répondait à certains critères qu’un bon chef de cuisine devait savoir respecter. Certes, il ne s’agit pas d’enfermer la gastronomie dans un carcan qui empêcherait toute évolution. Les temps changent, les habitudes culinaires aussi et de nos jours 3 CALIBRE DE CARTIER “DIVER” MOUVEMENT MANUFACTURE 1904 MC ÉTANCHE JUSQU’À 300 MÈTRES, LA MONTRE CALIBRE DE CARTIER “DIVER” EST UNE AUTHENTIQUE MONTRE DE PLONGÉE. DOTÉE DU MOUVEMENT 1904 MC, ELLE ASSOCIE L’EXIGENCE TECHNIQUE DE LA NORME ISO 6425 : 1996 À L’ESTHÉTIQUE AFFIRMÉE DE LA MONTRE CALIBRE DE CARTIER. NÉE EN 1847, LA MAISON CARTIER CRÉE DES MONTRES D’EXCEPTION QUI ALLIENT AUDACE cartier.ch DES FORMES ET SAVOIR-FAIRE HORLOGER. c o n t rechamp ( S ) Bonnes vacances à tous nos lecteurs férus d’aventures ! Valentin Gruener faisant la course avec sa lionne Sirga 6 L’URBANISATION VA FAÇONNER UN NOUVEAU FUTUR. ET VOUS, QUELS SONT VOS PLANS POUR DEMAIN ? >> Découvrez notre approche sur juliusbaer.com/visionary-thinking Julius Baer est le plus important groupe suisse dans le private banking et est présent sur environ 50 sites dans le monde entier. De Dubaï, Francfort, Genève, Guernesey, Hong Kong, Londres, Lugano, Monaco, Montevideo, Moscou, Nassau, Singapour à Zurich (siège principal). é dit o / impre s s um éditorial Elena Budnikova Journalistes et artistes ont en commun de n’exister vraiment que par l’audience qu’ils agrègent autour d’eux, laquelle est tributaire de ces instances de légitimation. L’information et l’œuvre sont-elles pour autant de qualité ? C’est une autre affaire car, pour paraphraser le sociologue américain Howard Becker, ni l’une ni l’autre ne sont le fruit d'un concepteur isolé, mais résultent de « la coopération d'un grand nombre d'individus qui s'accordent sur des conventions particulières ». Arnaud dotézac, Directeur des rédactions L’information et l’art contemporain ont en commun de reposer sur des instances de légitimation. Pour l’information, il s’agit des intermédiaires médiatiques que sont les agences de presse, les grands journaux (papier, radio, tv), les blogs, mais aussi les experts et les leaders d’opinion. Dans l’art, ce sont les galeries, les musées, les grandes maisons de ventes aux enchères, les critiques d’art, les universitaires spécialisés et les grands collectionneurs. Éditeur Swiss Business Media 49, route des Jeunes 1227 Carouge / Genève tél. + 41 22 301 59 12 fax. + 41 22 301 59 14 ISSN 1661-934X Directeur de la publication Boris Sakowitsch tél. + 41 22 301 59 12 [email protected] Directeur des rédactions Arnaud Dotézac tél. + 41 22 301 59 16 [email protected] Rédactrice en Chef Cahier Patrimoine(s) Anne Barrat tél. + 41 78 300 54 64 [email protected] Chef d’édition Amandine Sasso tél. + 41 22 301 59 12 [email protected] Rédaction Franck Belaich Bertrand Carlier Benoît Chappuis Thomas Chapuis Anton Dombrovsky Michel Donegani Alain Freymond René-Georges Gaultier La qualité n’est ni affaire d’objectivité, ni de subjectivité, mais de conventions. Être communiste en France durant la guerre froide, incluait la convention de croire en la « Pravda », la vérité légitimée par les instances du Parti. Être collectionneur d’art contemporain aujourd’hui, inclut d’adhérer aux « conventions d’originalité » fixées par les instances de l’art. les époques féodales, classiques et modernes, les outils de contrôle de la pensée dominante ont certes varié, mais pas leur nécessité. L’art n’y a jamais échappé, pas plus hier qu’aujourd’hui, laissant le public dans les jeux d’illusion du vrai et du créé, du juste et du beau. Mais s’il est évident que l’art officiel de l’URSS était commandité, ça le fut beaucoup moins pour l’art contemporain d’Occident, même si c’est tout aussi vrai. Ce qui est encore moins connu, c’est que l’entrée de la photographie dans le marché de l’art n’y a pas échappé. Ce qui n’enlève en rien à ces œuvres le plein droit d’y avoir leur place. Quant à la création de l’information, elle aussi a toujours été un art. Il existe un autre point commun entre l’art contemporain et l’information, celui des influences clandestines. Le gouvernement des humains n’a jamais pu se passer de l’influence sur l’information. Entre Pierre-Emmanuel Iseux George Iwanicki Daniel Kohler Axel Marguet Céline Moine Antoine Praz Jean-Sébastien Robine François Savary Loïc Schmid Christian Staub Thomas Veillet Christian Zeitler Correction Caroline Gadenne Marion Piroux Directeurs de création Vincent Nicolò Aurélie Vogt 8 Direction artistique Elena Budnikova [email protected] Graphiques et Infographies Vincent Nicolò Directeur commercial John Hartung tél. + 41 22 301 59 13 [email protected] service Publicité tél. + 41 22 301 59 13 [email protected] Marianne Bechtel-Croze tél. + 41 79 379 82 71 [email protected] direction Marketing Anne-Françoise Hulliger tél. + 41 76 431 64 76 [email protected] IT management / market online Arthur Cattaneo [email protected] Service Abonnements tél. + 41 22 301 59 12 [email protected] Impression Kliemo Hütte 53 4700 Eupen Belgique Numéro 124 Été 2015 Faites des économies là où personne ne les attend. Une marque Daimler Les nouveaux modèles Mercedes-Benz séduisent par une faible consommation de carburant, des émissions de CO2 réduites et des rabais flotte intéressants. Demandez une offre personnalisée à votre partenaire Mercedes-Benz et informez-vous sur www.mercedes-benz.ch/fleet SOMMAIRE N° 124 03Entre les lignes 06Contrechamp(s) chronique(s) 12Photographies et droit d’auteur . par François Besse actualité 22 18Contexte(s) dossier (couverture) 22La photographie dans le marché de l'a rt 22 L’entrée de la photographie dans le marché de l’art par Arnaud Dotézac 32 Focus sur le marché de la photographie par Arnaud Dotézac 36 Entretien avec Tatyana Franck, directrice du musée de l’Élysée cahier patrimoine(s) 42 41Sommaire détaillé 42 DOSSIER : Pour une performance durable 62IMMOSCOPE 66INVESTIR 82INvité : Daniel Mori, CEO de Visilab index 82 86 10 86Immobilier : 13 acteurs d’influence SOMMAIRE N° 124 culture(s) 102Le photographiable par Boris Sakowitsch 106Marché de l’art : Une cote à l'américaine, le cas Jackson Pollock 110 Philanthropie(s) : Sauveteurs sans frontières 114 hédonisme(S) Jolis flacons 126 102 116 Photographe du mois 106 INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS UN E INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À 110 INVITÉ DOSSIER 8 CHF L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf 116 11 chro nique / re g ard ( s ) Elena Budnikova Photographies et droits d’auteur François Besse L’horloge de la mairie vient d’indiquer quinze heures lorsqu’apparaît, sur le perron, un couple fraîchement uni. L’épouse est magnifique, dans sa robe d’organza. Elle provoque un attroupement de badauds qui rivalisent de commentaires et sortent leur téléphone portable pour immortaliser cet instant et le partager sur la toile. Quelques minutes ont suffi pour que la photo de ce moment somme toute intime soit ainsi livré au mieux à l’œil admiratif des passants, selon le cas à leur regard critique ou envieux, le cas échéant à leur œil mercantile. Ce n’est qu’un exemple de scènes de la vie quotidienne. Avec l’avènement des réseaux que l’on dit sociaux et depuis que les téléphones portables permettent les prises de vue, et le plus souvent de très grande qualité, la photographie et la diffusion d’images paraissent ne plus avoir de limites. La protection de la vie privée constitue pourtant une limite parfaitement claire à la prise et à l’utilisation de telles images. En effet, d’une manière générale, que l’on raisonne sur la base du droit suisse ou du droit des pays qui nous entourent, toute personne est en droit de s’opposer, quelle que soit d’ailleurs la nature du support utilisé, à la reproduction et à la 12 diffusion, sans son autorisation expresse, de son image. L'autorisation de la captation ou de la diffusion de l'image d'une personne doit être expresse et suffisamment précise quant aux modalités de son utilisation. Les exceptions ne concernent en fin de compte que les personnages publics ou les photographies prises dans un lieu public sur lesquelles l’identification des personnes figurant sur la photo n’est pas possible. Inutile de se voiler la face, même si l’on pourra toujours tenter d’arguer d’un consentement tacite à la prise et à la diffusion de l’image, les moyens techniques modernes nous mettent trop fréquemment en situation d’infraction. Notre mariée en organza est donc incontestablement en droit de refuser qu’un inconnu saisisse son image – sous cet angle cependant, l’artiste en herbe pourra tenter de se prévaloir de son consentement tacite – mais surtout que cet inconnu utilise cette photographie sur quelque support que ce soit. Dont acte ! Les techniques modernes sont décidément formidables. Non seulement elles permettent de capturer des images et de les diffuser dans le monde entier au moyen d’un téléphone (oui Monsieur Bell, vous avez bien lu, c’est bien d’un téléphone dont il est question !), mais elles permettent également à quiconque de les dupliquer, les partager ou les rediffuser, et ce sans limite technique aucune. À ce jeu-là toutefois, même les professionnels finissent par se faire prendre. Qu’on se souvienne par exemple de cette condamnation du quotidien 20 MINUTES, intervenue au mois de juin 2008. En bref, les rédacteurs de ce journal avaient publié sur leur site Internet une photographie de Carla Bruni dans le plus simple appareil, réserve étant faite d’une bague et d’une paire de bottes. On eût pu s’attendre à ce que celle qui n’était pas encore Madame Sarkozy dépose une plainte. Elle ne l’a pas fait à l’époque. Y renoncer était son droit le plus strict. Il faut préciser en passant que cette renonciation était juridiquement justifiée puisque cette photo avait, bien entendu, été prise et diffusée avec son accord. Le problème n’était pas là. Ce qui a valu cette condamnation de 20 Big Bang Unico. Mouvement manufacture UNICO. Chronographe roue à colonnes, 72 heures de réserve de marche. Boîtier en King Gold, un alliage d'or rouge exclusif réalisé par Hublot. Lunette en céramique noire. Bracelet interchangeable par un système d’attache unique. BOUTIQUE GENEVE 78 rue du Rhône / 3 rue Céard www.hublot.com • twitter.com/hublot • facebook.com/hublot chro nique / re g ard ( s ) MINUTES à la somme tout de même rondelette de EUR 50 000.-, c’est que cette photo avait été reproduite sans l’autorisation des auteurs du cliché, et qui plus est sans mentionner leur qualité d’auteur. Le Tribunal a en particulier refusé l’argument du journal, qui tentait de faire valoir que cette reproduction répondait à un but exclusif d’information et était en relation directe avec cette dernière. On le voit à l’aune de cet exemple, la prise de vue ne pose pas uniquement des questions liées aux droits de la personnalité ou au droit à l’image. Elle a également des implications en termes de droits d’auteur, auxquels l’amateur de belles reproductions ferait bien d’être attentif s’il ne tient pas à être accusé de piraterie, terme repris des flibustes d’antan pour qualifier la copie d’œuvres protégées par le droit d’auteur. Car les photographies sont des œuvres au sens de la règlementation sur les droits d’auteur. Elles sont donc protégées par cette législation, à tout le moins si elles possèdent une certaine individualité. Il suffit donc de peu – que les photographes me pardonnent l’usage d’un qualificatif qui, dans ce contexte, ne se veut en rien dépréciatif – pour qu’une photographie soit qualifiée d’œuvre au sens de la loi. Cette individualité peut en effet découler de la multiplicité des choix que le photographe opère, parmi lesquels bien entendu la sélection d’un sujet, mais également l’éclairage, l’exposition ou le cadrage, voire l’expression s’il s’agit d’un portrait. De simples photos passeport ou de banales photos de vacances ne sont en principe pas protégées par le droit d’auteur, à moins qu’elles soient le fruit de certains choix de la part du photographe qui lui confèrent une certaine individualité, ou à moins que le sujet puisse se prévaloir de son droit à l’image ou d’un droit de la personnalité. La limite est ténue et les rares cas dans lesquels les tribunaux ont eu à se pencher sur ces questions donnent des solutions pour le moins contrastées. Un exemple suffira à l’illustrer. Il s’agit de la fameuse voiture à carreaux du peintre Yves Corbassière, qui est à cet égard symptomatique. À la fin de la deuxième guerre mondiale, du haut de ses vingt ans, Yves Corbassière avait eu l’idée de décorer en damier jaune et noir la vieille Renault 6CV cabriolet, modèle 1925, de la famille. Alors qu’il se trouvait rue Dauphine à Paris devant le cabaret Le Tabou cher à Boris Vian, Robert Doisneau l’a photographié. Nous étions alors en 1947. Plusieurs dizaines d’années plus tard, les tribunaux français ont eu à trancher une question concernant les droits liés à ce cliché. La Cour d’appel de Paris, dans un arrêt du 26 février 1991, a admis, non sans raison, que la photographie de Robert Doisneau était suffisamment individualisée, ou originale, pour bénéficier de la protection au titre le s moye n s technique s mode r ne s n o u s me t te n t t rop fré q ue mme n t e n sit uatio n d ’infr ac tio n du droit d’auteur. Le Tribunal a également considéré que la voiture à carreaux imaginée par Yves Corbassière n’était quant à elle pas suffisamment originale pour bénéficier de cette protection. En revanche, ce même tribunal a jugé que le droit à l’image d’Yves Corbassière était lésé par l’exploitation commerciale de cette photographie de groupe sur des affiches, des posters ou des cartes postales. La photographie est un formidable outil d’expression, qui est à la portée de tous. Les exemples d’Yves Corbassière et Carla Bruni nous rappellent que, tel l’arroseur arrosé, à la fois victime et bourreau, le photographe peut à tout moment se retrouver également sujet de photographe. \ 14 Cibler des performances en toutes circonstances Si vous êtes à la recherche de performances régulières quelles que soient les conditions de marché, mettez le fonds Schroder ISF* Strategic Bond dans votre viseur. Ce fonds « tout terrain » à gestion active exploite les opportunités les plus attractives des marchés obligataires internationaux, quels que soient la région, la classe d’actifs ou le secteur. Bénéficiant d’un réseau mondial de plus de 1201 spécialistes de la gestion obligataire, le fonds Schroder ISF Strategic Bond cherche à générer une performance positive dans toutes les configurations économiques, en utilisant une gamme diversifiée de stratégies génératrices d’alpha et en s’appuyant sur sa capacité à investir dans les bons titres, au bon moment. Ciblez le potentiel du marché, quel que soit. Rendez-vous sur le site www.schroders.com/target Information importante : Ce document ne constitue en aucun cas une offre ou une sollicitation à quelque personne que ce soit en vue de la souscription d’actions de Schroder International Selection Fund (la « Société »). Aucune information contenue dans ce document ne doit être considérée comme un conseil et, par conséquent, comme une recommandation d’acheter ou de vendre des actions. L’offre d’actions peut, sous certaines juridictions, être limitée et, le cas échéant, les personnes peuvent, à la demande de la Société, devoir se renseigner et observer ces limitations. Les souscriptions des actions de la Société ne peuvent être effectuées que sur la base du dernier prospectus en vigueur, accompagné du dernier rapport annuel audité (ainsi que de tout rapport semestriel non-audité si celui-ci a été publié ultérieurement). Le prospectus et les informations clés pour l’investisseur pour la Suisse, les statuts, les rapports annuels et semestriels peuvent être obtenus gratuitement auprès des bureaux du représentant en Suisse, Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021 Zurich (société agréée et contrôlée par la FINMA) et auprès de l’agent payeur en Suisse, Schroder & Co. Bank AG, Central 2, Postfach 1820, CH-8021 Zurich. La performance passée ne saurait préjuger de l’évolution de valeur future des placements collectifs de capitaux. Celle-ci dépend de l’évolution des marchés, du revenu des placements et, le cas échéant, des taux de change, ainsi que du succès de la mise en œuvre de la politique d’investissement par le gérant du portefeuille. Les données de performance ne tiennent pas compte des frais et commissions liés à l’émission et au rachat de parts. Les cours des actions ainsi que le revenu qui en découle peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant qu’ils ont investi initialement. Tout investissement dans la Société comporte des risques, qui sont décrits de manière détaillée dans le prospectus. La Société a son siège au Luxembourg et est sous la surveillance de la Commission de Surveillance du Secteur Financier. Ce document est produit par Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021, Zurich. 1Source : Schroders, au 31 décembre 2014. 0215/w46595/CHFR0215 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) Contexte(s) Australie Andrew Robb & Gao Hucheng, ministres australien et chinois du commerce, signataires du protocole final Projet ferroviaire sino-birman qui devrait doubler le pipeline déjà existant, via le Kokang le tapis rouge à une récipiendaire du Prix Nobel de la paix (1991), et qui plus est, une intime du Dalaï-lama. Cette visite de 4 jours (10-14 juin) l’a conduite de Pékin à Shanghai mais surtout dans la province frontalière sino-birmane du Yunnan. Sa rencontre au sommet avec Xi Jinping s’inscrit dans un moment de tension très critique pour la Birmanie. D’un côté la Chine s’exaspère de la répression birmane qui reprend contre les rebelles du Kokang (Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar), issus d’une minorité chinoise han. Pour bien le rappeler, la Chine a organisé d’importants exercices militaires à tirs réels, dans le Yunnan, juste avant l’arrivée d’Aung San Suu Kyi. Cette région est stratégique pour la Chine qui espère y construire d’importantes infrastructures ferroviaires destinées à lui faciliter l’accès direct à l’Océan indien, via le Golfe du Bengale. D’un autre côté, une vaste opération de diabolisation des bouddhistes birmans est orchestrée, principalement par les États-Unis, qui leur reprochent une attitude agressive envers les minorités islamiques Rohingya, sans crainte de Accord de libre-échange avec la Chine Le 17 juin, l’Australie et la Chine ont signé le protocole final ouvrant les deux marchés à des centaines de produits en libre-échange. Après une décennie de négociations ponctuée de suspensions politiques, c’est un succès pour le gouvernement de Tony Abbott. La Chine est en effet déjà le premier partenaire commercial de l’Australie avec 110 milliards d’euros d’échanges. 30 % de ses exportations sont destinées à la Chine malgré des droits pouvant aller jusqu’à 40 %. Ces droits disparaîtront pour 85 % des produits échangés, c’est-à-dire principalement dans les domaines des matières premières et agroalimentaire vers la Chine et électronique, électroménager et investissements hors agriculture vers l’Australie. L’Empire du Milieu est également devenu, en 2014, le premier investisseur en Australie, devant les États-Unis. \ Birmanie visite historique d’Aung San Suu Kyi en Chine C’est le président Xi Jinping en personne qui a imposé cette invitation d’Aung San Suu Kyi, encore simple député au parlement birman, à ses collègues récalcitrants du Parti. C’est en effet la première fois que la Chine déroule ainsi Aung San Suu Kyi reçue par le président Xi Jinping 16 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) renverser les rôles. Une déstabilisation rampante qui pourrait contrer les projets chinois, le jour où elle se transformera en conflit ouvert, selon une partition aujourd’hui bien rôdée. Enfin, l’agacement de l’Inde qui subit des attaques incessantes et mortelles, à ses frontières d’extrême Est du Manipur et du Nagaland, de la part de groupes maoïstes basés en Birmanie. Agacement qui a conduit les forces spéciales indiennes à organiser une opération punitive d’envergure, avec des incursions en territoire Birman, autorisées par le pouvoir local, la veille précise du départ d’Aung San Suu Kyi pour Pékin. Un timing qui relève d’un message politique sans ambigüité envers la Chine mais également envers son allié stratégique contre l’Inde : le Pakistan. Le secrétaire d’État indien à l’information, Rajyavardhan Singh Rathore, a en effet indiqué à la presse que, sur ce modèle birman, l’Inde n’hésitera plus à exercer aussi un droit de suite en territoire pakistanais en cas d’attaques islamistes qui en proviendraient. \ GALVANISEZ VOS FRANCS DE PRÉVOYANCE CHINE Zhou Yongkang avant et après Visite guidée d’une prison, pour épouses de cadres à risque à Hubei (mai 2015) de la chasse aux tigres… C’est sous ce vocable de « chasse aux tigres » que Xi Jinping avait lancé son immense opération anti-corruption dès son installation au pouvoir. Le dernier grand Oligarque à avoir été touché est teinté du plus grand symbolisme. Zhou Yongkang fut le maître absolu de toute la sécurité chinoise, comme patron du tout-puissant Gonganbu, le ministère de la sécurité publique. Mais avant cela, il commença sa carrière dans le pétrole. Directeur général adjoint de la China National Petroleum and Natural Gas Corporation dès 1988, il finira ministre du Territoire et des Ressources naturelles 10 ans plus tard. Lorsqu’il passe à la sécurité de 2002 à 2007, ses liens avec le pétrole demeurent. Ceux qui étaient ses anciens subordonnées à la sécurité n’ont réussi à récupérer que 14 milliards de dollars d’actifs qu’il avait détournés durant son irréprochable carrière. Déjà pas si mal. Cette offre exceptionnelle de la Banque CIC (Suisse) permet de combiner 24 fonds de prévoyance de 5 promoteurs en toute flexibilité. L’épargne-titres pour le pilier 3a devient ainsi particulièrement attractive. Quel est le fonds de prévoyance qui vous convient ? Choisissez votre stratégie de placement : www.epargneentitres.ch …au domptage des tigresses La rééducation morale des épouses : telle est la nouvelle technique de prévention de la corruption que l’administration de Xi Jinping a trouvée. Après les avoir habillées en uniforme du parti datant de la révolution culturelle, on les promène de prisons en prisons, où croupissent déjà des proches, en leur offrant des séminaires de réorientation politico-maritale. Résultat garanti : les épouses promettent de collaborer à remettre leur mari dans le droit chemin. \ 17 La banque de la clientèle privée et commerciale CIC_Inserat_Market_67x250mm.indd 1 19.11.14 13:58 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) Japon avait vu d’un très bon œil le rachat en 2011 de toutes les stations Esso de Suisse à ExxonMobil, par Socar, la richissime compagnie nationale pétrolière et gazière d’Azerbaïdjan. Abrogation de l’interdiction de mener une guerre hors de ses frontières Ouverture des 1ers Jeux européens, Bakou 2015 Et voilà que l’OSCE apprend un beau matin du 4 juin dernier, d’une simple missive non motivée provenant du ministère des affaires étrangères azéri, que ses 56 membres locaux ont un mois pour plier bagages. Certains y voient une réaction du régime face aux critiques qu’on lui fait sur son manque de respect des droits de l’homme, notamment à l’approche des élections législatives qui devront se tenir en novembre prochain. À quoi un député proche du pouvoir répond que l’évaluation des droits de l’homme n’est pas de la compétence de l’OSCE et que, de toute façon son mandat lié à la situation du Haut Karabakh étant rempli, il n’y avait aucune raison de maintenir cet établissement, déjà passé au rang de simple bureau de coordination depuis janvier 2014. Garde d’honneur japonaise Jusqu’à présent, le Japon est le seul pays au monde à s’interdire de mener « à jamais » une guerre hors de ses frontières. Renversement de l’histoire : alors que c’étaient les États-Unis qui avaient imposé le fameux article « 9 » de la constitution nippone de 1947 pour neutraliser l’âme martiale du Japon, ce sont les mêmes qui poussent aujourd’hui à la réforme, afin de s’ajouter un contributeur essentiel dans leur bras de fer intense avec la Chine et la Russie. Décision du parlement : septembre 2015. \ …tandis que Didier Burkhalter exfiltre un dissident azéri Azerbaïdjan Victoria Nuland, qu’on ne présente plus, déclarait lors d’une visite effectuée à Bakou le 17 février 2015, que les États-Unis voulaient voir un Azerbaïdjan « plus démocratique » et attendaient de lui qu’il continue « d’assurer l’indépendance de l’Europe face à une seule source de gaz », dont on sait qu’il s’agit de la Russie. Dans une menace à peine voilée, elle ajouta que « les révolutions colorées arrivent lorsqu’il n’y a pas de dialogue suffisant entre le gouvernement et la société civile ». L’OSCE priée de faire ses valises… Le président Ilham Aliyev, qui succéda à son père en 2003, aura reçu les premiers Jeux européens du 12 au 28 juin, pour un budget estimé à 10 milliards de dollars. Avec cette opération de relations publiques, il espérait avoir encore une fois doré son blason, lui qui fut si courtisé par l’Occident pour contrebalancer l’offre russe sur le marché du pétrole et du gaz. État musulman à majorité chiite (70 %), l’Azerbaïdjan a par ailleurs toujours refusé de faire allégeance à l’Iran. Et ce ne sont pas ses plus de 15 millions d’Azéris, l’ethnie du guide suprême Ali Khamenei, qui aura changé quelque chose. Pour preuve, les relations très privilégiées entretenues avec Israël, notamment en matière de pétrole et d’armement. Il est vrai que Bakou garde un mauvais souvenir des tentatives de déstabilisation du pays via des prêches de mollahs iraniens dans ses mosquées, il y a une dizaine d’années. Même Berne Victoria Nuland à l’ambassade US de Bakou (février 2015) 18 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) En écho à cette évocation, voici que le 13 juin dernier, Didier Burkhalter ramenait avec lui en Suisse, dans son avion gouvernemental, le journaliste et dissident Emin Huseynov réfugié depuis août 2014 à l’ambassade de la Confédération à Bakou. Pour Siyavush Novruzov, secrétaire général du parti YAP au pouvoir, cette exfiltration aurait été clandestine et illégale. Turquie l’accord gazoduc TurkStream toujours pas signé Vladimir Poutine a profité de sa présence à l’inauguration des premiers Jeux européens de Bakou pour s’entretenir longuement avec Recep Tayyip Erdogan. Accompagné notamment de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, d’Alexandre Novak, ministre de l’Énergie, de Sergueï Kirienko, patron de Rosatom (l’agence russe de l’énergie nucléaire) et d’Alexeï Miller, CEO de Gazprom, le Président russe a sans doute tenté de convaincre son homologue turc de parapher le contrat Turkstream qui ne l’est toujours pas pour des raisons d’ajustement de prix selon l’AFP, citant la presse russe. Les discussions ont aussi porté sur la situation en Syrie. \ Selfie d’Emin Huseynov avec Ilkka Kanerva, président de l’assemblée parlementaire de l’OSCE Il s’avère qu’Emin Huseynov fut un responsable local des Révolutions de couleur à travers le mouvement Magam (ou Mequam) très proche de Pora en Ukraine et dont Magam est justement la traduction littérale en azéri (« C’est l’heure ! »). Un câble Wikileaks 07BAKU1406 expose d’ailleurs sa collaboration directe avec l’ambassade des Etats-Unis à Bakou. Par ailleurs, son épouse américaine Sarah Paulsworth, ancienne des Peace Corps Volunteers, est aujourd’hui procureur militaire au sein d’une unité des forces américaines basées en Allemagne. De son côté, le président Ilham Aliyev a accepté la requête d’Huseynov de renoncer à sa citoyenneté azérie, laquelle lui a donc été retirée. Ilham Aliyev (1er à droite) recevant les présidents Erdogan et Poutine à l’ouverture des jeux de Bakou 2015 Syrie Reprise d’un verrou stratégique par les forces kurdes Tell Abyad (ou Tal Abyad et Girê Sipi en kurde) est une ville frontière stratégique pour l’État islamique, comme l’un des passages routiers les plus vitaux entre la Syrie et la Turquie, assurant l’accès direct à la capitale administrative de l’EI, la ville de Raqqa. Elle est le lieu de transit d’une partie substantielle de sa contrebande de pétrole (2 millions de dollars/jour en tout via la Syrie) mais aussi de coton, céréales et ciment. Certains évoquent également les phosphates depuis les prises des mines proches de Palmyre (Khnaifess). > Emin Huseynov et son épouse Sarah Paulsworth / Le lieutenant S. Paulsworth On verra si le Conseil fédéral osera placer un jour Ilham Aliyev sous le régime des « potentats » et confisquera le réseau suisse des stations Socar, au titre de la loi déjà passée au National sur le blocage des avoirs des « personnes politiquement exposées ». \ 19 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) Le problème demeure en revanche entier pour la Turquie car ce sont les combattants du Yekineyen Parastina Gel (YPG), « Unités de protection du peuple », c’est-à-dire la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme organisation terroriste par la Turquie, qui ont remporté cette victoire, aidés par des frappes aériennes américaines. Drôle de victoire tout de même, lorsqu’on apprend que ce point stratégique n’était tenu que par 150 hommes, et qu’il a suffi d’en éliminer 50 pour gagner. Quoi qu’il en soit, Ankara a vu ce basculement d’un très mauvais œil. En octobre 2014, le gouvernement Erdogan avait d’ailleurs préféré bombarder les combattants kurdes, près de Kobané, plutôt que les djihadistes. On se laisse dire également que sans les Turcs il n’y aurait pas eu d’EI en Syrie. Ce sont eux qui auraient fourni la logistique, les armes et l’entraînement militaire. Eux également qui auraient permis le transit des fonds et des combattants, sans parler de l’assistance sanitaire via les ballets d’ambulances et les soins prodigués aux blessés de l’EI sur le territoire turc. \ Région de Tell Abyad, au Nord de la Syrie, province de Raqqa On rappellera que selon les estimations de Jean-Charles Brisard, l’EI dispose d’un trésor d’actifs de près de 2000 milliards de dollars et fait un chiffre d’affaires annuel d’environ 2,5 milliards de dollars, dont 38 % proviennent du pétrole, 17 % du gaz naturel, 12 % des impôts et des extorsions de fonds, 10 % de la production de phosphate, 10 % de la vente de ciment, 7 % de l’agriculture, 4 % des rançons et 2 % de donations privées. Toutefois, les spécialistes estiment que l’EI n’est pas en mesure d’exploiter les phosphates, ne maîtrisant pas les procédés imposant les transformations successives en acide phosphorique, puis en diammonium phosphaté (DAP) tandis, qu’en outre, leur transport par route n’est pas rentable. SUISSE S’agissant des donations, celles-ci se font souvent en nature, par simples livraisons de camions entiers de produits gratuits en tous genres, comme des téléphones portables revendus ensuite par l’EI à bas prix mais avec 100 % de marge. S’agissant des fonds monétaires et des armes, l’Arabie saoudite a officiellement soutenu l’EI jusqu’à fin 2013. Ce n’est qu’à la suite des attaques de l’EI contre le Front islamique, al-Nosra (affilié à al Qaïda) et l’Armée syrienne libre (tous financés ouvertement depuis les pays du Golfe), que l’Arabie saoudite a placé l’EI sur sa liste d’organisations terroristes en janvier 2014, mais pas avant… Vote de la loi sur le blocage des avoirs des potentats La loi fédérale sur le « Blocage et la restitution des avoirs illicites de personnes politiquement exposées (“PPE”) à l’étranger » a été votée mercredi 10 juin 2015 dans un assourdissant silence médiatique, à une majorité de 71 %, mercredi dernier au Conseil national. Seule l’UDC a fait bloc contre, avec 54 voix. Avec ce nouveau texte, le Conseil fédéral pourra ordonner le blocage de fonds perçus comme étant d’origine criminelle, en vue d’une entraide judiciaire avec le nouveau pouvoir, lors du renversement d’un potentat. C’est-à-dire qu’il faudra que l’État en question accuse un niveau de corruption « manifeste » et que les intérêts suisses soient en jeu. C’est-à-dire que le potentat devient en droit suisse un présumé coupable. Pour « équilibrer » cette entorse grave au principe de présomption d’innocence, un amendement a été voté, permettant au potentat d’invoquer la prescription pénale (ce qui démontre bien que ces sanctions individuelles sont, comme les autres, de nature pénale). Combattantes kurdes de l’YPG 20 ac t ualité / CONTEXTE ( S ) Le gel de fonds sera possible même pour des potentats encore en place si leur chute est inexorable. Est-ce un effet Maïdan qui aurait inspiré les rédacteurs du texte ? L’UDC voulait imposer qu’on attende la chute effective et légitime du potentat, mais ce n’est pas passé. Toutefois, le National a limité l’extension de la « punition collective », classique en matière de sanctions individuelles, aux seuls proches impliqués dans les détournements de fonds présumés, alors que le projet ne prévoyait aucune limite. Sanctions contre la Russie, la facture pour l’Europe et la Suisse La loi permettra également d’entamer une procédure administrative devant les tribunaux suisses pour confisquer des valeurs déjà bloquées. Le but étant d’éviter de rendre l’argent à un potentat en cas d’échec d’une demande d’entraide judiciaire. C’est-à-dire que la justification politique d’une loi destinée à s’inscrire exclusivement dans un processus d’entraide judiciaire n’est qu’un prétexte. Quant à la restitution, elle ne se fera que via « des programmes d’intérêt public pour améliorer les conditions de vie de la population du pays d’origine » mais rien ne dit qui en sera juge. Et comme rien n’est gratuit, pas même la confiscation, le Conseil fédéral pourra prélever jusqu’à 2,5 % des fonds confisqués pour dédommager la Confédération et les cantons de leurs frais. Pourquoi se gêner ? La loi doit encore passer au Conseil des États, sans doute à la prochaine session parlementaire d’automne (du 7 au 25 septembre). Elle devrait être votée, sans grand problème, par des représentants du peuple de moins en moins sensibles aux principes des garanties judiciaires fondamentales. \ La facture des sanctions contre la Russie Deux études, deux sons de cloche. Pour la Commission européenne, organe non démocratique qui fonctionne à huis clos et distribue les résultats de ses enquêtes sur le sujet de manière arbitraire, les conséquences des sanctions contre la Russie sur l’économie européenne seraient mineures. En revanche, pour l’Institut indépendant autrichien WIFO, ce sont à terme 2,5 millions d’emplois que l’Europe va perdre et 100 milliards d’euros de richesses à produire qui vont s’envoler. Un chiffre qui colle avec l’évaluation du ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel García Margallo. En février 2015, il chiffrait déjà le manque à gagner à 21 milliards d’euros. Et la Suisse n’est pas en reste. 45000 emplois sont menacés. En première ligne : les machines outils, l’horlogerie dont les chiffres accusent une chute de 62 % pour le seul mois de mai 2015 par rapport à 2014, le tourisme également avec une chute de 40 % des demandes de visas russes pour la Suisse. Et pour ceux qui pensent que les sanctions ne sont qu’un élément d’explication à côté de la chute du rouble et de la chute des cours de pétrole, on leur rappellera les liens politiques intimes que ces facteurs ont ensemble, dans une stratégie affichée d’affaiblir la Russie. On ne peut que s’étonner du durcissement politique du Conseil fédéral à l’égard de la Russie, comme s’en plaignent nos diplomates. Cette perte assumée de neutralité ne devrait-elle pas des explications au peuple ? A moins que le Conseil fédéral ait déjà adopté la culture de travail de la Commission européenne ? \ Répartition des votes, au Conseil National, sur la loi de blocage des avoirs des potentats 21 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO L'entrée de la photo dans le marché de l'art Elena Budnikova premier prototype d’appareil digital Kodak ARNAUD dotézac, Directeur des rédactions Il n’a fallu que quelques années pour que l’avènement du numérique bouleverse toute la donne du marché de la photo. Mais on oublie souvent que c’est Kodak qui mit au point le premier appareil numérique. C’est en 1975 que ce prototype vit le jour. Pesant près de 4 kg, il produisait des images noir et blanc, dont l’enregistrement en 100x100 pixels prenait 23 secondes et s’effectuait sur les mêmes « minicassettes » que celles utilisées pour écouter de la musique disco ! Il fallait ensuite un lecteur spécial, relié à une télévision, pour voir apparaître l’image à l’écran. Un brevet fut déposé en 1978 mais personne n’y crut au sein de la firme de Rochester. Une occasion manquée qui contribuera à la mener au dépôt de bilan en 2012. Triste destin pour l’inventeur du premier appareil photo portable en 1888, la fameuse « Kodak Camera » dont la publicité signa toute l’histoire de la compagnie : « pressez le bouton et on s’occupe du reste ». Le « Kodak » était effectivement d’un maniement très simple : déjà chargé d’un négatif maison pour 100 clichés, le photographe amateur le renvoyait chez Kodak une fois le rouleau terminé. En retour, il recevait ses tirages et son appareil rechargé d’un nouveau négatif, prêt 22 première publicité de la Kodak Camera à l’emploi. Et pourtant, on était encore au 19e siècle.Après cent ans dominés par les films argentiques, la révolution numérique n'aura pris quant à elle qu'une dizaine d'année qu’une dizaine d’années. LA REVOLUTION NUMERIQUE Sony dévoile un premier prototype Mavica en 1981 permettant de prendre des images couleur, suivi d’un prototype Nikon en 1986, mais c’est Canon qui arrive à commercialiser le premier appareil réflex numérique du marché la même année, le RC701. Malgré son prix exorbitant de $ 30 000 avec équipement complet, la course est DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO lancée. Les fabricants n’auront alors de cesse d’améliorer la définition des images, couplée avec la performance des objectifs, les capacités de stockage, d’indexation et de transmission, mais aussi l’intégration des retouches, l’ergonomie, l’esthétique, etc. Canon innove encore avec un numérique grand public deux ans plus tard, le Xapshot, accessible cette fois au grand public à seulement $ 500. Kodak tente de revenir dans le jeu en créant dès 1990 le premier appareil numérique réflex (« Digital Single-Lens Reflex », DSLR) intégré dans un boîtier Nikon F3 et en l’accompagnant du premier écran de contrôle numérique, ancêtre des « dos numériques » de nos appareils actuels. Son prix de $ 13 000, le réservait encore aux seuls professionnels. Avec l’apparition de Windows, du premier navigateur internet, de la norme JPG (Joint Photographic Expert Group), des deux premiers appareils connectables Fotoman de Logitech pour PC (sous licence Dycam) Fotoman Logitech et Quicktake d’Apple pour Macintosh, 1992 est l’année charnière qui préfigure la combinaison des technologies actuelles. En 2007, 15 ans après le Quicktake, Steve Jobs lançait le premier IPhone, qui ouvrait l’ère frénétique de la photo de masse, dopée par la gratuité de l’enregistrement de l’image et le contrôle instantané du résultat. Où se situent alors les grands changements sociaux qui découlent de ces transformations technologiques ? Alors que la photo amateur du siècle Kodak soutenait la sociabilité familiale, les nouvelles dynasties des Smartphones et autres Camcorders (GoPro) règnent sur leurs propres écosystèmes numériques, construisant (et déconstruisant) les identités et les réputations de leurs sujets, sur fond de convergences avec les réseaux sociaux. Comme le confirme le philosophe Stéphane Vial, « la technique structure notre perception » de sorte qu’aujourd’hui nous ne sommes présents aux choses et aux êtres « qu’en tant qu’ils nous apparaissent à travers des appareils numériques ». Facebook ne s’y est pas trompé en n’hésitant pas à débourser 1 milliard de dollars pour racheter Instagram en 2012. Une start-up qui n’avait que deux ans d’existence. Comme pour Google, Twitter, Apple et autres, ce business model ne se contente pas d’affecter la vie en société, il siphonne littéralement la valeur des photos téléchargées sous forme de capitalisation boursière, sans que les photographes (amateurs ou professionnels) en profitent pour un sou. Ces groupes détrônent-ils pour autant les grandes marques de la photo, qui sont, à part Leica et Hasselblad, toutes japonaises (Canon, Nikon, Panasonic, Sony, Fuji, Olympus, Samsung, etc.) ? Oui et non. Certes, Apple a installé le ludique et la simplicité d’usage, alors que le monde traditionnel des appareils photo peut vite devenir abscond pour le profane. Mais la frénésie des prises de vues effectuées avec un Smartphone dès l’adolescence, voire la préadolescence, présente aussi des aspects très positifs pour ce dernier. Elle prédispose en effet très activement les jeunes à une culture photographique de la qualité, qui pour l’instant ne peut les conduire que vers des appareils « classiques ». Même si la production d’appareils numériques est vouée à décliner lentement mais sûrement en volume2, la nouvelle culture des prises de vue tire le renouvellement constant des appareils classiques vers le haut et soutient dès lors le marché en valeur. Signe que les marques investissent dans l’hyper-qualité pour creuser l’écart avec les Smartphones : la généralisation en cours des capteurs numériques « plein-format3 » et la montée en gamme des lentilles et des objectifs. Et à cet égard, les leaders du marché ont de la réserve, autant en expérience historique qu’en recherche et développement, pour continuer à nous surprendre. 1)L’être et l’écran, PUF, Paris, 2013. 2)Les dernières estimations de TechNavio (Londres) prévoient une baisse de 13 % de la production japonaise d’ici 2019 mais confirment la progression des appareils et des équipe ments haut de gamme. 3)Capteur électronique photosensible dont l'ensemble de la surface contribue à la détection, généralement en format 24x36. Apple Quicktake 100 23 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO En revanche, le travail des photographes, lXui, a totalement changé. Ils disposent certes de nouveaux champs de création et profitent de la circulation en ligne de leurs travaux ; ils maîtrisent également comme jamais la postproduction, grâce notamment à des logiciels de plus en plus performants, qui organisent leur travail depuis l’indexation des images jusqu’à leur développement et leur tirage, en passant par le repérage GPS ou l’édition de livres. Mais le domaine réservé qui était le leur en matière de presse, d’illustration (publicité, corporate, édition) et de commandes privées (événements, notamment familiaux), s’est trouvé d’un coup concurrencé par des banques d’images simples d’accès ou à bas prix (Corbis, Getty, Jupiter, Fotolia), des photographes amateurs suréquipés ou simplement présents au bon endroit au bon moment, munis de leur Smartphone, sans parler de la contrefaçon endémique constituée par les « emprunts » sur internet, ni de la crise de la grande presse qui n’a plus les moyens de les payer, elle aussi à cause de la concurrence de l’information en ligne. Tout cela s’est traduit par une érosion significative de leurs revenus. Le marché des tirages, entre amour de l'art et opérations clandestines Dans les années 1960, un tirage ne valait pas plus que les coûts de laboratoire, quelle que soit la valeur esthétique ou documentaire du cliché. 90 % de la création graphique du XIXe et du début du XXe a même été jetée, les gens pensant que ce n’était pas de l’art ! On connaît la célèbre remarque d’Ingres sur les « plaques » de Nadar4 en 1860. Comprenant immédiatement la concurrence que la photo pouvait faire aux peintres portraitistes qui, comme lui, vivaient de leur art, il déclara que « la photographie est une si belle chose, mais il ne faut pas que ça se sache ! ». On trouvait encore il y a quelques années des marines, scènes de rue ou portraits anciens dans les brocantes à 100 €, qui valent aujourd’hui jusqu’au million. D’après Margaret Loke dès « les années 1950, l'arrière-salle du Limelight, le café d'Helen Gee à Greenwich Village, était consacrée aux expositions de photographies et présentait le travail des grands maîtres comme Paul Strand, Robert Frank, et Imogene Cunningham. Mais même à un prix de 15 $, il ne s’en vendait que quelques-unes5 ». C’est au tournant des années 1980 que le marché frémit. Les ventes aux enchères de tirages n’atteignent cette année-là, et pour le monde entier, qu’un timide 5 millions de dollars. Mais en 2005, des tirages d’art de Richard Prince (Cowboy) et d’Alfred Stieglitz (Nu de Goergia O’Keefe), dépassent pour la première fois cette barre symbolique du million de dollars. Cowboy, Richard Prince ($ 1,2m) Nu de Georgia O'Keefe, Alfred Stieglitz ($ 1,4m) Reste à comprendre l’impact de cette rupture numérique, sur le marché de la photo elle-même, c’est-à-dire en particulier celui des tirages. 4)Gaspard Félix Tournachon, dit Nadar (1820-1910), journaliste, dessinateur, aéronaute et photographe. On lui doit les portraits de très nombreuses personnalités de son époque, notamment George Sand, Franz Liszt, Hector Berlioz, Claude Monet, Charles Baudelaire, Victor Hugo, Sarah Bernard, etc. 5)Margarett Loke, « Harry Lunn Jr., 65, Art Dealer Who Championned Photography », The New York Times, 24 août 1998, Section A, p. 15. 24 At Salamanca Group we work with families and individuals to help them find solutions to the challenges of modern day life; from wealth structuring and administration, and managing property portfolios to protecting against cyber threats and education guidance on international schools. 25 We take time to understand our clients and form long-term relationships, often across multiple generations in the case of our trust and fiduciary services. Whatever the need, our dedicated team are always available to help. DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO En 2011, le record était franchi par Andreas Gursky, cumulant trois ventes, respectivement à $ 3,3m (Sotheby’s, 2007), $ 2,9m (Sotheby’s, 2008) et $ 4,3m (Christie’s, 2011), c’est-à-dire le niveau de prix d'un grand Bonnard ou d'un Jean-Michel Basquiat. Comment une telle progression a-t-elle pu se réaliser depuis un degré zéro ? Comment est-il possible de donner à un seul tirage une valeur marchande aussi élevée, alors qu’il est dans la nature même d’un cliché d’être reproductible à l’infini ? Quel sens donner à la valeur d’un Gursky dépassant les 4 millions de dollars, quand on sait que six tirages de la même œuvre on été exécutés6 ? Pour répondre à ces questions, il faut en premier lieu comprendre comment ce marché s’est auto-organisé. Le philosophe et historien de l'art allemand Walter Benjamin (1892-1940) posa la question un jour en ces termes : « On s’était dépensé en vaines subtilités pour décider si la photographie devait être ou non un art, mais on ne s’était pas demandé si cette invention même ne transformait pas le caractère général de l’art7 ». La manière dont la photographie s’est structurée ces 40 dernières années, comme œuvre d’art, démontre que non : elle s’est adaptée aux conventions générales de l’art, qu’il soit classique, moderne ou contemporain et cela, indépendamment de son époque8. Andreas Gursky : « Los Angeles » (1998) En d'autres termes, une oeuvre photographique actuelle peut très bien appartenir à la catégorie « classique », parce qu’elle s’inscrit dans des canons esthétiques mimétiques et dans une conformité à des modèles de figuration et de composition que définissent des styles ou des écoles spécifiques. La catégorie « moderne » regroupera quant à elle des œuvres qui se départissent des règles de la figuration classique, mais à la condition de continuer de travailler avec des matériaux classiques et que l’artiste demeure en retrait de son œuvre. En revanche le genre « contemporain » se reconnaîtra nettement dans la transgression « des règles de l’art ». Comment à présent faire correspondre ces trois catégories avec un modèle économique ? Andreas Gursky : « 99 Cent II » (2001) Les travaux des deux économistes de l’art Dominique Sagot-Duvauroux et Nathalie Moureaux 9 vont nous y aider en rappelant l’apport du sociologue Howard Becker depuis la publication de son ouvrage Art worlds en 1982, démontrant que « l'œuvre d'art n'est pas le fruit d'un créateur isolé, mais résulte de la coopération d'un grand nombre d'individus qui s'accordent sur des conventions particulières10 ». Andreas Gursky : « Rhein II »(1999) 26 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO En premier lieu, elles affinent les trois catégories précitées en distinguant les modèles « corporatiste », « académique » et « mercantile », les deux premières pouvant, selon nous, se rapporter à la catégorie « classique ». Dans sa corporation l’artiste est d’abord un artisan qui fera la plupart du temps son apprentissage sur de très longues années. Il aura appris à s’en tenir aux étalons prédéfinis du beau, travaillant généralement sur commande, avec des l'œ u vre d'ar t n'e s t pa s le fruit d'u n cré ate ur is olé , mais ré s ulte de l a c oopé r atio n d'u n gr a nd n omb re d'individ u s q ui s'acc orde n t s ur de s c o n ve n tio n s par tic uliè re s responsabilités proportionnelles à ses qualifications contrôlées. La valeur de ses œuvres sera fonction de la notoriété de son habileté et de la qualité des matériaux utilisés. Dans le modèle académique, l’artiste devient un savant qui connaît les règles du beau grâce à ses études théoriques et pratiques (académies des beaux-arts), de sorte que la valeur économique se reporte sur le traitement esthétique du sujet. Le modèle économique des « modernes » se fonde sur des critères plus subjectifs, en particulier des systèmes de reconnaissance de groupes (phénomène des Écoles et des mouvements). Enfin les « contemporains », ne revendiquent la reconnaissance que de leur seule « originalité » propre. Ils ne sont pas nécessairement soumis à une formation poussée et peuvent même être des autodidactes. En revanche, ils doivent absolument afficher un fort degré de socialisation pour que la reconnaissance, cette fois du marché, soit suffisamment étendue pour leur être profitable. C’est donc ici l’originalité de l’approche artistique qui détermine la valeur de l’œuvre, mais à condition que sa nature soit théorisable comme une étape dans l’histoire de l’art et que l’artiste lui-même et pas seulement son œuvre, soit fortement reconnaissable (voire mis en scène). Un discours très distinctif et individualisé doit donc pour cela se développer dans la communauté de l’art. C’est parce que cette forme de légitimation ne repose que marginalement sur les qualités intrinsèques de l’œuvre, que la reconnaissance de l’artiste est tributaire du discours de conviction des intermédiaires qui soutiennent l’artiste et sa cote. Ils deviennent des instances de légitimation à charge pour l’artiste en vue de gérer la rareté afin de maintenir les prix et d’authentifier ses œuvres. Les artistes qui auront suivi un cursus académique seront certainement avantagés dans la mesure où le programme de leur cursus prévoit de leur apprendre à construire un discours sur eux-mêmes et leur œuvre. Ensuite, les professeurs soutiendront les plus capables de leurs étudiants, en n’hésitant pas à leur ouvrir leurs réseaux sociaux. Ces mêmes étudiants feront évidemment tout ce qu’ils peuvent pour y être acceptés pleinement et à leur tour se les approprier. Avec un peu de chance et de détermination, quelques-uns d’entre eux pourront devenir célèbres rapidement. Dominique Sagot-Duvauroux et Nathalie Moureaux observent que la conformité à des critères objectifs (modèle de la nature ou du maître) qu’exige l’appartenance à la catégorie classique (corporation et académie), réduit le rôle des intermédiaires dans la légitimation de l’artiste et la valorisation de l’œuvre. En effet la fidélité au réel (marché artisanal) ou aux règles du beau (marché académique), sont des critères immédiatement mesurables. C’est d’ailleurs sur des critères internes à l’œuvre que Roger de Piles proposait déjà en 1708 de classer les artistes dans une sorte de top 100 avant l’heure, qu’il nommait la « Balance des peintres »11. Les paramètres évalués étaient au nombre de quatre, chacun noté sur 20 : la composition, le coloris, le dessin, l’expression (de la « pensée du cœur humain »). Plus on avait de points, meilleur peintre on était. 6) Quatre exemplaires font partie des collections des musées, notamment le MoMA de New-York et la Tate Modern de Londres, la dernière est restée quelques années en prêt de l’auteur à l’ambassade d’Allemagne de Paris. 7)In L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, (trad. fr. de 1936), Éditions Allia, Paris, 2003, p.34. 8) Selon l’approche de Nathalie Heinich, directrice de recherche au CNRS (Centre de recherche sur les arts et le langage). 9) « Les conventions de qualité sur le marché de l’art, d’un académisme à l’autre ? » Esprit, Octobre 1992, pp.43-54. 10)« Le marché de la photographie contemporaine est-il soluble dans celui de l'art contemporain ? » Dominique Sagot-Duvauroux, document de travail du GRANEM n° 2008-11-011, décembre 2008, université d’Angers, p.4.¨ 11)« Peintre, théoricien de l’art, collectionneur, expert et diplo mate français dont le classement est exposé dans son ouvrage « Cours de peinture par principes » (Éditeur Jacques Estienne, Paris, 1708, p. 489). 27 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO Lanfranco Colombo, premier galeriste spécialisé en photo d'art (Milan) La convergence coordonnée de soutiens conférant une légitimité à un artiste par les intermédiaires du marché de l’art, c’est ce que les économistes précités dénomment la « convention d’originalité ». Ce sont les acteurs du marché de l’art qui créent et stabilisent leur propre discours de qualité, non plus seulement sur l’œuvre mais d’abord et avant tout sur l’artiste lui-même, en tant qu’il offre une innovation au marché qui le place dans l’histoire de l’art. Le discours de l’objectivité passe ainsi des qualités intrinsèques de l’œuvre (modèle classique) au caractère novatoire du champ artistique créé et appartenant à l’artiste (modèle contemporain). Ce renvoi à un individu se traduit par l’obligation pour lui de se conformer à son propre style afin de demeurer reconnaissable ensuite par tous et pas seulement par les acteurs du marché qui ont soutenu son lancement. La contemplation des objets comme résultat d’une création ne suffit plus. Il s’y ajoute la louange des capacités de l’artiste à l’avoir produite, c’est-à-dire un récit mythique sur sa personne, dont les intermédiaires de légitimation sur le marché, en nombre réduit, sont des dépositaires quasi-infaillibles (conservateurs de musées, galeristes, organismes d’enchères, critiques d’art, médias spécialisés, universitaires, collectionneurs). Force est de constater que l’entrée de la photo dans le marché de l’art a exactement suivi ces règles. La première étape a été de faire entrer les tirages photo dans les lieux réservés aux objets d’art : musées, galeries et foires d’art contemporain. Il n’existait pas de galerie spécialisée avant le tournant des années 1960. Milan fut la pionnière avec l’ouverture de la galerie Il Diaframma le 13 avril 1967, au 10 de la Via Brera pour y accueillir une exposition de Paolo Monti (1908-1982), un des grands maîtres de la photo italienne d’après-guerre. Elle fut créée par Lanfranco Colombo qui vient de s’étreindre en avril dernier, à 91 ans. Ce grand passionné, lui-même photographe, après avoir été industriel, joua un rôle fondamental dans l’histoire de la photographie italienne. Il était le mari de la grande photographe italienne Giulianna Traverso. 28 Deux ans plus tard, c’est la célèbre galerie de Lee D. Witkin (1935-1984) qui ouvre donc en 1969, à New-York. Elle aura notamment vu passer des Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Edward Weston, Edward Curtis, Manuel Alvarez Bravo, Brassai, Robert Doisneau et bien d’autres. Et pourtant, tous les experts l’avaient prévenu : « la galerie ne tiendra pas 6 mois, un an maximum avec beaucoup de chance, parce que personne ne collectionne les photos.12 ». D’autres suivront de Boston à San Francisco. Mais des personnages hors du commun se détachent, comme Harry H. Lunn (1933-1998). Ancien diplomate à l'ambassade américaine à Paris, puis président de la puissante association des étudiants américains, la National Student Association (NSA), sa fonction d’agent de la CIA est révélée en mars 1967 par le magazine Ramparts. De tout nouveaux détails viennent par ailleurs d’être dévoilés par Karen Paget, en mars 201513. Elle établit en particulier des liens entre la NSA et le fameux Congress for Cultural Freedom, un L a pho t o gr a phie s’e s t a da p tée au x c o n ve n tio n s gé né r ale s de l’ar t autre programme de la CIA14 qui fit couler beaucoup d’encre. Il s’agissait d’infiltrer l’intelligentsia, de soutenir financièrement certains grands noms des sciences et de la culture, afin d’orienter les opinions de pas moins de 35 pays, en faveur du modèle américain, face aux sympathies que le communisme pouvait attirer à lui, dans ces milieux. Parmi les membres les plus connus de ce que le New York Times et à nouveau Rampart, dévoileront en 1966 comme étant une antenne de la CIA, figuraient Karl Jaspers, Arthur Schlesinger Jr., Bertrand Russell, Raymond Aron, Arthur Koestler, Robert Montgomery ou encore Tennessee Williams. Harry Lunn fut placé par la CIA pour tenir les rênes de la NSA en 1954-55, puis jusqu’en 1958, il travailla donc bien sous couverture de l’international Student Conference (ISC) avant de se former à l’analyse au Pentagone. À partir de 1961, il est installé comme officier du US Information Service (USIS) à l’ambassade des États-Unis de Paris, sous couverture d’attaché culturel, tandis que les opérations d’influence du Congress for Cultural Freedom battent leur DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO plein. Il se marie à Paris en 1963 et poursuit ses activités comme secrétaire général de la Foundation for Youth and Student Affairs (FYSA) dès 1965, après un passage par l’agence d’aide au développement américaine (USAID). C'est une fois que sa réelle activité fut dévoilée par les médias qu’il ouvrit une galerie à Washington pour y vendre ses tirages d’art, soigneusement collectés dans l’exercice de ses fonctions d’agent de la CIA à Paris. L’avait-il fait en vue d’utiliser la photo comme outil d’influence ? La question reste ouverte. Depuis les révélations de Donald Jameson au journal The Independent en 199515, on sait que « la décision d'inclure la culture et l'art dans l'arsenal américain pendant la guerre froide a été prise dès la création de la CIA en 1947 ». Par exemple, c’est elle qui a presque intégralement financé l'expressionnisme abstrait, avec des peintres tels que Jackson Pollock, Robert Motherwell, ou Mark Rothko. « Comme un prince de la Renaissance, la CIA a soutenu et promu les toiles des maîtres de l'expressionnisme abstrait américain dans le monde pendant plus de vingt ans » explique Jameson. Et c’est ainsi qu’on retrouvait au conseil d’administration du Museum of Modern Art (MOMA) de NewYork, des gens comme William Paley (un des créateurs de la CIA), John Hay Whitney (l'OSS, précurseur de la CIA) et Tom Braden (ex-patron de la division internationale de la CIA). Le but de ces opérations sur la culture, dont le nom de code était « Longue laisse » (long leash), était de marquer et de contrôler la rupture existant entre la liberté intellectuelle et le foisonnement de la créativité américaines, d'une part et le conformisme de l'URSS et sa politique de la pensée unique, d'autre part. La CIA était présente partout, de l’industrie du film à la littérature, en passant par la sociologie et la musique. Elle finançait notamment des récitals lyriques, des orchestres symphoniques (Boston) ou encore des artistes de jazz. Cette dernière catégorie nous intéresse car c’était la spécialité du producteur et agent de la CIA Hank O’Neal. Comme il le raconte sans complexe dans une interview à Jazz Wax en 200916, c’est pendant l’exercice de ses fonctions qu’il construisit son premier studio d’enregistrement dédié au Jazz. Mais il est aussi un photographe de talent, initié par Bérénice Abbot dont il partageait suffisamment l’amitié avec Harry Lunn pour se retrouver avec lui chaque année, à l’occasion de l’anniversaire de la grande photographe. Ce n’est évidemment Hank O'Neal, agent de la CIA pas par hasard qu’O’Neal était un intime de Harry Lunn : ils faisaient le même métier d’expert en influence culturelle, au service du même employeur, qui leur apprit même à en vivre, et bien. Preuve s’il en est de leurs hautes responsabilités. Peu importe leur implication avérée dans des dommages collatéraux, comme celle de Lunn dans le sabotage de la conférence de Bandung en 1956. 12)In The Photograph Collector’s Guide, Little Brown & Co (T) ; Londres, 1980. 13)Karen M. Paget, « Patriotic Betrayal : The Inside Story of the CIA's Secret Campaign to Enroll American Students in the Crusade Against Communism » Yale University Press, New Haven, CT, 2015. 14)Parmi les très nombreuses références existant sur le sujet, on citera « The Cultural Cold War : The CIA and the World of Arts and Letters » de Frances Stonor Saunders, The New Press, NY, 2001, et The First Resort of Kings, American Cultural Diplomacy in the Twentieth Century, Potomac Books, Virginia, 2007, de Richard T. Arndt. 15)« Modern art was CIA 'weapon' » Frances Stonor Saunders, The Independent, 22 octobre 1995 http ://www.independent.co.uk/news/world/modern-art-was-cia-weapon-1578808.html 16)« http ://www.jazzwax.com/2009/06/interview-hank-oneal.html 29 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO Ce n’est donc pas au titre d’une reconversion que Harry Lunn va s’investir à fond dans le marché de la photo et imaginer, puis faire adopter, les procédures nécessaires à l’organisation de ce marché tout juste naissant et les normes que nous connaissons encore aujourd’hui en matière d’évaluation. C’est ainsi qu’il saura imposer la nomenclature des tirages, aujourd’hui décrite par Dominique Sagot-Duvauroux et Nathalie Moureaux17 et qui permettront d’agir sur les prix : - Le vintage, tirage contemporain à la prise de vue, fait par le photographe ou sous son contrôle direct; -Le tirage original fait à partir du négatif original mais qui peut être fait posté rieurement par le photographe ou sous son contrôle; -Le retirage, tirage effectué après la mort de l'auteur à partir du négatif original; -Le contretype, obtenu à partir d'une épreuve photographique rephotographiée; -Les épreuves de lecture, tirages intermé diaires réalisés par le photographe avant le tirage définitif ; -Les tirages de presse, destinés aux entre prises de presse en vue de la publication ; -Les tirages définitifs, dont la fonction est normalement l'exposition et qui consti tuent l'œuvre finie (taille, contraste, etc.); -Tirages signés ou non et/ou numérotés ou non. Lorsqu’il ouvre sa première galerie à Washington, il sait que le marché de la photo va croître puisque c’est lui qui va s’en occuper personnellement et sans relâche, avec tous les soutiens dont il dispose dans les réseaux clandestins de ses anciens collègues toujours actifs, notamment financiers, médiatiques, universitaires, institutionnels. Et en plus, il aimait la photo ! Harry Lunn va notamment standardiser la rareté des tirages, leur numérotation, leur traitement et leur authentification par l’auteur, portait académique de George Sand par Nadar (1864) ou encore la segmentation des œuvres en différents genres selon qu’elles sont classiques, modernes ou contemporaines. Il contribue à organiser les réseaux « d’instances légitimantes » fort de ses compétences d’officier traitant. C’est ainsi qu’il se démène pour instituer l’Association of International Photography Art Dealers (AIPAD) en 1978 ou pour que le succès des premières éditions de Paris Photo, à partir de 1996, lui assure sa pérennité. Il est également le premier galeriste photo à prendre un stand (immense) à la Foire internationale de Bâle en 1975. Il y emmènera avec lui des germanophones de poids comme Rudi Kicken, fondateur de l’une des plus anciennes galeries en Allemagne, les collectionneurs de Cologne Ann et Jurgen Wilde, l’historienne de la photo Anna Auer, professeur à Vienne, ou encore le photographe Wilhelm Schürmann, de Dortmund, qui documenta justement la présence de la culture amé30 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO ne soient trop connus. Grâce à cette politique, il thésaurisa quantité d’œuvres et put sans difficulté se profiler comme grossiste, anticipant sur un marché de galeries qui n’allait pas tarder à exploser, avec en particulier le soutien significatif de ses anciens collègues actifs au sein du MoMa. Il se mit aussi à publier des catalogues très haut de gamme, fixant les tendances et se dota ainsi d’une stature d’expert incontournable. Ses fonctions de L a c o n te mpl atio n de s ob je t s c omme ré s ultat d ’u ne cré atio n ne s uffit pl u s représentant de grandes successions telles que les Diane Arbus, Walker Evans et bien d’autres, renforcera encore sa place car elles avaient toutes en commun de posséder des fonds photographiques exceptionnels. Le voici donc devenu le pivot incontournable d’un marché qui s’inscrivait dans la stratégie d’influence américaine, exactement comme ses collègues traitant l’expressionisme abstrait, avec lesquels il collaborait en permanence. Comme certains d’entre eux en peinture, il réussit le tour de force de s’arroger la maîtrise des prix, ce qui lui permit au passage de faire fortune. \ Lee D. Witkin, par Martha Casanave 17)Dominique Sagot-Duvauroux et Nathalie Moureaux, Op. cit.13) 18)Interview au journal « Le Monde », 14 novembre 2013. Larr y H. Lunn, ex-agent de la CIA, par Carol Harrison ricaine dans l’Allemagne de la guerre froide et participa à la création de la galerie de Rudi Kicken. Côté anglophone, il fit venir le galeriste londonien Robert Hershkowitz et la directrice du musée des sciences de Londres Maggie Weston. C’est là qu’il confiera à la galeriste française Michèle Chomette que pour lui ce qui est « la clé de tout », c’est que « la valeur d’une photo se mesure à son importance pour l’histoire de l’art18 ». C’est dans ce contexte très particulier qu’il s’engagea dans une stratégie d’acquisition de collections complètes, comptant chacune des milliers de tirages, et cela directement auprès des artistes, si possible avant qu’ils 31 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO Le marché de la photo en chiffres par artmarketinsight Artprice .com La photographie représente une partie congrue du marché de l'art (moins de 1,5 % des recettes globales). Logique, puisque c'est un marché neuf, contrairement à ceux, séculaires, de la peinture, la sculpture et l'estampe. L'achat de photographies s'est entièrement décomplexé sur la dernière décennie, avec plusieurs enchères millionnaires à la clef. Il faut dire que l'arrivée massive de clichés aux enchères ne répond pas seulement à une demande contextuelle liée à notre culture de l'image... La photographie cumule bien des atouts, dont des modes de transport et de stockage aisés, et une grande adaptabilité aux transactions en ligne. Des prémices à l'arrivée des contemporains Le marché débute timidement dans les années 70 avec une photographie historique en noir & blanc et de petit format. En 1971, la société de ventes américaine Sotheby’s innove en lançant le premier département dédié à la photographie au niveau international. Ce segment de marché mettra quelques années à se révéler... Une vingtaine d'années pour tout dire avant que les amateurs d'art considèrent l'œuvre photographique sans défiance et au même niveau que les médias traditionnels. Le marché se renforce véritablement dans les années 90, époque de la première foire exclusivement dédiée à la photographie, à savoir Paris Photo, en 1997. C'est aussi l'époque des grands formats « tableaux », notamment avec l’École de Düsseldorf. La création contemporaine prend alors ses marques, avec des éditions limitées et numérotées qui rassurent les collectionneurs. Au milieu des années 90, le marché de la photographie contemporaine se cantonnait à 300 ou 400 clichés vendus chaque année en salles. Depuis, la demande et les prix ont véritablement explosé, notamment pour l'art contemporain, tant et si bien que le meilleur prix payé pour une photographie se hisse à 7,2 m€ frais inclus. Un tel résultat reste exceptionnel. Il ne pouvait que récompenser une icône de l'art actuel, en l'occurrence, Jeff Koons, de surcroît pour un autoportrait (The New Jeff Koons, photographie sous caisson lumineux cédée 9,4 m$ frais inclus le 14 mai 2013 chez Sotheby's New York). Avec un budget si conséquent, il est aussi possible d'accéder à une huile sur toile signée Pablo Picasso, telle que la Femme assise dans un fauteuil noir de 1938, vendue 7,2 m€ en mai dernier chez Sotheby's. C'est un fait, la photographie a définitivement fait ses preuves sur le marché haut de gamme en tutoyant la cote des plus grands artistes modernes. La photographie millionnaire L'accès de la photographie au palier millionnaire est un phénomène relativement récent. Ce niveau de prix est atteint pour la première RÉPARTITION DES LOTS PHOTOGRAPHIQUES VENDUS AUX ENCHÈRES PUBLIQUESPAR GAMME DE PRIX (2014) > 500 000 € 50 000 à 500 000 € 5 à 50 000 € 1 à 5 000 € < 1 000 € 0 32 2000 4000 6000 8000 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO RÉPARTITION DU PRODUIT DES VENTES AUX ENCHÈRES PUBLIQUES DE PHOTOGRAPHIEPAR PAYS (2014) fois en 2005 avec un portfolio d'Edward Curtis (The North American Indian). Il sacre d'abord les photographes modernes avant de gagner la production du XXIe siècle. À ce jour, une quarantaine de photographies ont dépassé le seuil symbolique du million d'euros aux enchères et rares sont les artistes parvenus à cet exploit. Outre Edward Curtis et Jeff Koons, la fine fleur de la photographie haut de gamme compte avec Andreas Gursky, Richard Prince, Cindy Sherman, Gilbert & George, Edward Steichen, Albert Stieglitz, Hiroshi Sugimoto, Jeff Wall, Mike Kelley, et fraîchement Thomas Struth, qui signait son record absolu en mai dernier avec son tirage Pantheon, Rome (édition 5/10, 1,6 m€ frais inclus, Sotheby's New-York). Précisons que cette même œuvre était accessible pour 600 000 € de moins il y a seulement deux ans... Les prix peuvent s'envoler tant la vitalité du marché contemporain est une aubaine pour la niche photographique en plein essor. L'amplitude de prix touche les artistes historiques AUTRE: 6% HONG KONG: 2 % ALLEMAGNE: 3% FRANCE: 12% ROYAUME-UNI: 17% ÉTATS-UNIS: 61% L'un des socles de la photographie moderne tient à l'esprit dada et surréaliste de Man Ray, dont les solarisations et les rayogrammes ont ouvert de nouvelles perspectives dès les années 1920. Man Ray est bien l'un des fondateurs de la photographie moderne et incarne à ce titre la hausse de prix naturelle des maîtres du XXe siècle dans ce domaine 33 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / MARCHÉ PHOTO particulier. En novembre dernier, Sotheby's orchestrait la plus importante vente dédiée à Man Ray depuis 20 ans, proposant une manne de 400 œuvres en provenance de la succession de l'artiste, dont 186 photographies. Dense et historique, la vacation a néanmoins manqué de clichés emblématiques, si bien que le meilleur prix s'arrête à 79 500 € pour Lee Miller au Collier d'Éponges, un tirage argentique de 1930. Le second résultat notable étant les 51 900 € emportés pour À l'heure de l'observatoire, les amoureux, photographie d'un célèbre tableau de Man Ray qui représente la bouche de Lee Miller flottant dans le ciel, une bouche dont le prix a grimpé de 300 % en 20 ans. Outre ces résultats conséquents, nombre d'épreuves de qualité et de provenance irréprochables sont parties entre 4000 et 8000 € seulement. Certaines furent plus accessibles encore, dont une vue de la skyline de New-York achetée 1600 € ou un photomontage adjugé 2400 € (Design for the Rolling Stones, Exile on Main Street). Man Ray est abordable donc, dans la majorité des cas. Pourtant, si Man Ray n'a pas encore rejoint le sérail des photographes millionnaires en euros, ce n'est qu'une question de temps. Il a d'ailleurs déjà atteint ce seuil en dollars l'an dernier, lorsque Christie's eut le privilège d'adjuger un rayogramme au quadruple de son estimation basse. Prix final : 1,2 m$ avec frais (Untitled Rayograph, plus de 938 000 €, le 4 avril 2013). C'est la première fois qu'une photographie de l'artiste surréaliste atteignait le million de dollars, un seuil déjà dépassé plusieurs fois pour ses huiles sur toile. Il ÉVOLUTION DE L'INDICE DES PRIX DE LA PHOTOGRAPHIE BASE 100 AU 1ER JANVIER 2005 magnifiques acquisitions sont encore possibles, un de Brassaï (autour de 10 000 €) ou La Lecture, Esztergom, réalisé par André Kertész en 1915 et payé 1560 € en novembre dernier chez Artcurial. Outre la photographie d'avant-garde, précieuse pour l'histoire, d'autres pans sont à explorer, dont la photographie indienne et africaine. En Afrique par exemple, la tradition du studio photo a fait vivre des milliers de photographes qui eurent un succès populaire formidable dès les années 50. Bien qu'ils soient nombreux à avoir exercé cette activité, peu de photographes sont sortis de l'anonymat. Les portraitistes les plus cotés aujourd'hui sont Seydou Keita, Malick Sidibé et Samuel Fosso et ils passent pourtant rarement les 10 000 €. Le meilleur de la photographie n'est pas inabordable, loin de là, puisque 40 % des œuvres valent moins de 1000 € sur le marché des enchères. Avec un budget de 5000 €, le choix s'élargit à plus de 75 % du marché de la photographie. Il est même possible, avec cette enveloppe, d'accéder à certaines épreuves de la grande artiste américaine Cindy Sherman. \ 150 INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. 100 LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS UN E 50 PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT fallait un cliché fort, en superbe état et bien daté pour décrocher un tel prix. C'était justement le cas de ce tirage réalisé en 1922, l'année même où l'artiste invente les rayogrammes en plaçant sur du papier sensible divers objets, puis en exposant le tout à la lumière. Rayogrammes. Solarisations... Ces expériences fertiles sont au cœur du travail de László Moholy-Nagy, Christian Shad, William Henry Fox Talbot, Théodore Brauner, Raoul Ubac, Alfred Wols. Des artistes à surveiller de près, tant leurs petits chefs-d’œuvre se trouvent encore abordables comparés aux signatures contemporaines à la mode. De 34 INVITÉ JAN. 15 JAN. 14 JAN. 13 JAN. 12 JAN. 11 JAN. 10 JAN. 09 JAN. 08 JAN. 07 JAN. 06 JAN. 05 0 ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À INVESTIR DOSSIER 8 CHF L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf WWW.SWISSOPENGSTAAD.CH DOSSIER PHOTOGRA PHIE / ENTRETIEN Le point de vue de Tatyana Franck Entretien avec Tat yana Franck, Directrice du musée de l’Élysée Tatyana Franck vient tout juste de succéder à Sam Stourdzé à la direction du très prestigieux Musée de l’Élysée, depuis le 2 mars de cette année. Elle aime certainement les défis et s’y sent à l’aise. Ancienne championne de ski, elle est née dans le milieu de la photo, avec un père galeriste renommé à Londres et une tante photographe, épouse d’Henri Cartier-Bresson en personne. À tout juste 30 ans, l’âge de la création du Musée de l’Élysée, elle a déjà une solide expérience. Forte de son master en droit des affaires, de sa licence en histoire de l’art et de sa formation en MBA, elle est passée par Christie’s, et le fonds d’investissement londonien Fine art Fund. Elle a aussi travaillé pour la célèbre imprimerie d’art « Idem » à Paris, carrefour international des plus grands musées et des plus grands artistes, allant des peintres Bernard Buffet, Sam Szafran ou Matisse, aux photographes David Lynch, Prune Nourry ou JR, avec qui elle s’est liée d’amitié. Elle a également pris en charge des expositions très importantes allant de la collection d’estampes de Pablo Picasso à Singapour, au travail de Prune Nourry au Mexique qu’elle a contribué à faire connaître. C’est déjà comme ancienne directrice des archives de Claude Picasso, riches de milliers de tirages photo, qu’elle a pris les rênes du Musée de l’Élysée avec enthousiasme, notamment dans la perspective de son déménagement au Pôle muséal de Lausanne d’ici cinq ans. Quelle est pour vous la place de la photo dans le marché de l’art ? Elle reste encore inégale. La photo est à la fois un medium qui touche tout le monde et qui demande beaucoup de connaissances et de temps pour être apprécié dans toute sa valeur artistique. Revenant tout juste d’Art Basel, qui est tout de même l'une des plus importantes foires annuelles d'art contemporain au monde, j’ai pu constater que la photo y était cette année sous-représentée. Il y avait trop peu de galeries 36 photo, même si certaines qui comptent comme Howard Greenberg, Thomas Zander, Kicken et Daniel Blau, étaient là. Mais il n’est pas impossible que certains collectionneurs soient restés sur leur faim. Quel est le salon photo qui dynamise le plus le domaine ? Paris Photo arrive bien sûr en tête mais la première édition de Photo London, en mai dernier, était très prometteuse. Tout le monde était là, grandes galeries et grands collectionneurs. Contrairement à des foires comme l’AIPAD à New-York, qui conservent un certain côté très « Upper East », on se rend aux foires de N o u s s omme s e n pe rma ne nce à l’éc o u te d u marché , t rè s vigil a n t s . Paris, Londres et Basel d’abord pour acheter, avec des collectionneurs venant des quatre coins du monde, en particulier des BRICS. On doit savoir que le collectionneur photo qui est sans doute l'un des plus importants aujourd’hui, est un Asiatique. Je veux parler de Lee Kun-hee, le propriétaire du groupe Samsung en Corée. Que recherchent les collectionneurs ? Des grands formats couleur, dont les auteurs sont immédiatement identifiables. Par exemple lorsque vous voyez un cowboy, vous savez que c’est un Richard Prince. C’est aussi le figuratif qui prime, bien que des artistes comme Hishori Sugimoto produisent des œuvres quasi abstraites, notamment ses célèbres triptyques de la mer Tyrrhénienne, en dégradés de gris. Elena Budnikova DOSSIER PHOTOGRA PHIE / ENTRETIEN Avec des enchères sur des grandes œuvres photographiques qui dépassent les 4 millions de dollars, le budget d’acquisition du Musée de l’Élysée lui permet-il de demeurer dans la course ? réseau est donc essentiel dans notre domaine, y compris avec d’autres musées. Je souhaite d’ailleurs renforcer les synergies, notamment avec Winterthur et fédérer nos forces en Suisse. Le Musée de l’Élysée compte parmi les plus importants musées de photographies du monde et n’hésitera pas à acheter une œuvre majeure qui viendrait compléter son fonds ou s’inscrirait dans sa stratégie d’acquisition. Nous devons néanmoins nous en tenir à nos budgets, c’est pourquoi nous essayons de procéder le plus en amont possible des tendances haussières. Nous sommes en permanence à l’écoute du marché, très vigilants. Et puis si vraiment les valeurs dépassent nos capacités du moment, nous essayons de nous assurer du soutien de mécènes qui n’hésitent pas à s’engager pour le Musée. Ceci nécessite d‘entretenir un haut niveau de confiance avec eux et de les informer en continu. Indépendamment des acquisitions, il nous arrive aussi de recevoir de très belles donations d’œuvres et collections. Le développement du Le Musée de l’Élysée lance un vaste programme de numérisation, sur plusieurs années, de l'ensemble de ses collections et de ses livres de photographie (près de 20 000 livres). Il sera dès lors en mesure de proposer la première bibliothèque dématérialisée de livres de pho- Quelles sont les priorités du Musée de l’Élysée aujourd’hui ? L a multidis ciplin arité (… ) s’in s crit da n s n o t re s t r até gie de s o u tie n à l a pho t o gr a phie in n ova n te , ca pable d ’in ve s tir de n o u ve au x te rrit oire s de cré atio n. tographie et entend ainsi s’affirmer comme un pôle de recherche et d’excellence en matière numérique avec en ligne de mire le déménagement au Pôle muséal d'ici 2020. Et puis nous sommes un musée cantonal et il nous appartient de soutenir les jeunes artistes locaux, ce que nous faisons jusqu’au bout. Notre responsabilité est très importante 37 DOSSIER PHOTOGRA PHIE / ENTRETIEN Comment considérez-vous les évolutions de la photo dans le cadre des réseaux sociaux et de l’innovation technologique ? Elena Budnikova Qui aurait pu imaginer il y a quelques années que 2 milliards de photos puissent s’échanger chaque jour sur internet ? C’est évidemment un sujet auquel je suis très sensible. Nous avons notamment planifié l’intégration des réseaux sociaux au futur Pôle muséal de Lausanne. Par ailleurs, nous faisons déjà développer des applications smartphone et tablette, intégrant la réalité augmentée, comme celle que nous avons créée dans le catalogue destinée à enrichir les visites de notre nouvelle exposition reGeneration3. Elle donne directement accès à des sources documentaires externes. Je tiens d’ailleurs à souligner que cette 3e édition de reGeneration valorise fortement la multidisciplinarité, ce qui s’inscrit dans notre stratégie de soutien à la photographie innovante, capable d’investir de nouveaux territoires de création. à cet égard pour les faire émerger et donner une légitimité à leur travail, avec néanmoins certaines constantes comme les photos de voyages et de montagne. Nous préparons d’ailleurs une grande exposition sur la montagne qui aura lieu dans deux ans. Nous soutenons également l’intégration de techniques et appareils traditionnels de type chambres, tirages argentiques spéciaux, dans des recherches elles-mêmes innovantes. Notre engagement à soutenir de bons photographes qui apportent des propositions inédites se traduit aussi par leur mise en avant dans notre magazine ELSE (une toute nouvelle formule voit le jour avec notre numéro de juin), ainsi qu’avec des événements comme la « Nuit des images » de Lausanne, qui s’inscrit dans les célébrations des 30 ans du Musée et que vos lecteurs pourront découvrir sur notre site. Dans le cadre de cet anniversaire, le Musée a aussi imaginé un projet conjoint avec Paléo Festival n’est-ce pas ? Oui. Il se trouve que le Paléo Festival fête quant à lui ses 40 ans. Alors, nous avons décidé de marquer ce double anniversaire en mandatant 5 jeunes photographes locaux de talent (Claude Baechtold, Anne Golaz, Nicolas Haeni, Olivier Christinat et Elisa Larvego) pour apporter « Un autre regard sur Paléo », c’est le titre choisi. Ils ont travaillé sur le festival l’année dernière et leurs œuvres seront présentées cette année du 20 au 26 juillet 2015 à Paléo. Ce projet permet à la fois de valoriser un travail artistique photo en résonance avec la musique, et de croiser les intérêts de chacun des deux publics concernés. 38 Comment avez-vous procédé pour la sélection des artistes ? Dans cette exposition, le but est de révéler de jeunes talents et d’offrir une large visibilité aux meilleurs. Il existe certes une part de subjectivité dans un tel processus, mais le choix du Musée a été de solliciter plus de 350 écoles d’art dans le monde entier pour nous présenter leurs candidats les plus talentueux. Et nous n’avons pas été déçus ! Nous avons ensuite retenu 50 projets de 25 nationalités différentes (y compris la Suisse) qui donnent une vision très riche des inspirations de ces jeunes et un concentré unique de la création photographique contemporaine. Nous avons regroupé leurs œuvres en trois thématiques distinctes : l’expression documentaire, le lien entre photographie et mémoire, et enfin la dématérialisation de l’image. Vous qui avez baigné dans l’univers de la photographie depuis votre plus jeune âge, quels sont vos goûts personnels dans ce domaine ? Oui bien entendu. Je suis très sensible aux œuvres à la fois figuratives et humanistes, c’est-à-dire exprimant des valeurs. Ensuite, je laisse mon cœur et mon intuition me guider librement. \ la invité Culture(s) Le nOn COté a La COte Jérôme Lambert : CeO de mOntbLanC L’art de La méChanCeté index pHilantHropie(s) marCHé de l’art 10 gérants de fOrtune d’infLuenCe mieux traiter Le CanCer des enfants L’expansiOn du mOyen-Orient Géopolitique(s) L’ineptie des sanctions économiques 39 20 9 771661 934966 19 9 771661 934966 9 771661 934966 18 17 9 771661 934966 9 771661 934966 15 16 9 771661 934966 14 9 771661 934966 13 9 771661 934966 12 9 771661 934966 9 771661 934966 9 771661 934966 11 10 8 CHf : se is Ce su e an f in Ce èl an od oy m év op pr n t u investir DOSSIER / IMMOSCOPE / INVESTIR patrimoine ( s ) 42 DOSSIER : Pour une performance durable Comment les entreprises intègrent-elles la problématique de la durabilité dans leurs activités ? par Anne Barrat 46 Optimalité et durabilité par Anne Barrat 50L’obligation à impact social : l’économie au service de l’humain, et non l’inverse par Édouard Crestin-Billet 54 Investissement responsable : l’éthique sans exclure la performance financière par Tony Campione 56 Trois questions à Raphaël Domjan, fondateur de Solarplanet et Solarstratos 42 Plus de la moitié de l’économie modiale est aujourd’hui sous l’influence d’une politique de taux d’intérêt nul, 70 % du PIB mondial sous celle de taux directeurs de banques centrales négatifs. Ce contexte, indissociable de politiques monétaires accommodantes, a fortement contribué à renforcer les marchés – 62 % de la capitalisation boursière mondiale sont soutenus par des politiques de taux zéro. Aux Etats-Unis, qui sortent de leur 3e programme de quantitative easing depuis mars 2009, la capitalisation boursière (plus de 71 trillions de dollars) a dépassé de 10 trillions le pic de 2007. Nouveau paradigme, ou excès de complaisance ? Il ne faut « pas laisser ce qui était impensable hier devenir la norme demain » répond la Banque des Règlements Internationaux (BRI) dans son 85e rapport annuel. L’institution, qui pointe le niveau trop bas des taux d'intérêt à l'échelle mondiale, appelle à une normalisation des politiques monétaires et à une réorientation des politiques publiques vers des objectifs à plus long terme, pour rétablir les conditions d'une croissance viable et équilibrée. 60 DOSSIER : Actions américaines 56 L’équilibre de la terreur entretien avec Emmanuel Ferry La gestion active avisée ouvre la voie à de nouvelles performances Par Daniel Nicholas 64 66INVESTIR 66Gouvernance : Le serpent de mer de la révision du droit de la société anonyme par Dominique Freymond 68 Immoscope : Immobilier prime : les acheteurs internationaux sont de retour par François Mollat du Jourdin 70La chronique de l’ISAG : La Grèce : dedans ou dehors ? par Marie Owens Thomsen 74La chronique du BAS : SMIXIN par Frank Gerritzen 78 Indices BBGI par Alain Freymond ANNE BARRAT 41 pat rimoine ( S ) DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE Comment les entreprises intègrent-elles la problématique de durabilité dans leurs activités ? La parole aux entrepreneurs Les entreprises ont de plus en plus de contraintes réglementaires, en matière de transparence et de reporting sur leur performance environnementale, sociale et de gouvernance, avec des coûts induits significatifs. Quelle est leur vision sur une problématique qui va bien au-delà de la notation des agences dont elles dépendent pour être intégrées dans tel indice et/ou instrument financier ? Quelques éléments de réponse avec des entrepreneurs qualifiés. Alain Guttmann, président du conseil d’administration de la société BOBST Bobst est une entreprise leader en termes de part de marché dans le domaine des équipements (impression, découpage, plieuse colleuse) utilisés pour le packaging. Elle affichait un chiffre d’affaires de 1,3 milliards de francs en 2014. Ses clients ? Des intermédiaires entre les grandes marques (P&G, Nestlé, pour ne citer qu’elles) et l’entreprise suisse créée il y a 125 ans, aujourd’hui présente à Mex dans le canton de Vaud. Le nouveau site parle de lui-même de l’approche de Bobst en matière de responsabilité sociétale : une part importante (plus de 40 %) est générée à l’interne dont une partie (5,9 %) provient des panneaux photovoltaïques installés sur les toits de son usine, permettant de générer une énergie propre. Nous avons le souci constant d’éviter les déchets : que ce soit dans les équipements que nous vendons à nos clients ou dans le fonctionnement quotidien de la société. Est-ce que nos installations à énergie solaire sont rentables ? Pas vraiment aujourd’hui, mais peu importe, cela contribue à un objectif plus large de protection de l’environnement. Résultat : sur les six indicateurs que Bobst a inscrits dans son agenda de performance durable, cinq sont au vert grâce à ses partis pris technologiques, préconisés par ses ingénieurs indépendamment des coûts (élevés) de cette poursuite de l’excellence : -17 % de déchets en volume, -30 % d’émissions de CO2, -14 % d’accidents professionnels. La consommation d’électricité globale et par employé est en baisse. L’entreprise n’est pas en reste d’innovation du côté humain : elle emploie plus de 230 apprentis, avec l’objectif de former les ressources de demain. Et ce, en les initiant aux Alain Guttmann 42 DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE technologies avant-gardistes, qui remplaceront certains savoir-faire traditionnels que le franc fort et le coût du travail en Suisse risquent de tuer. Parmi ces technologies, le digital. Une véritable révolution dans l’industrie, qui modifie radicalement le temps d’exécution d’une commande et l’opportunité d’en modifier les composantes à l’infini avec un minimum de gâche, et une réduction des une cinquantaine d’années » se voit répondre « nous achetons pour un horizon de trois à cinq ans, pourquoi investirions-nous sur 50 ans et devrions-nous payer un SAV sur des pièces qui deviendront de plus en plus chères ? ». Une bonne leçon : durer, c’est s’adapter quotidiennement sans transiger sur les valeurs de long terme. Jean-Marie Greindl, président de PPG EMEA « L a d ur abilité , B ob s t l’a da n s s o n ADN. N o n se ule me n t parce q ue l a famille pré side à l a de s tinée de l a s ocié té de puis s a cré atio n , e t e n te nd l a t r a n s me t t re au x fu t ure s gé né r atio n s , mais au s si parce q u’é ta n t Suis se s , n o u s pe n s o n s l o n g te rme . » temps de gestion des stocks. Concrètement, avec le digital, lorsqu’une marque décidera de modifier la photo sur son emballage, elle réduira drastiquement le temps d’introduction de son nouvel emballage mais surtout diminuera le volume de ses stocks d’anciens emballages à détruire. Et de rappeler qu’emballer, c’est d’abord protéger. Les substrats de nos clients sont : le carton ondulé (utilisé par exemple pour les transports de marchandise telle que le vin), le carton plat (un emballage pour boîte de corn-flakes par exemple), et le carton flexible (pour emballer par exemple des snacks). Ce sont les clients finaux qui les achètent. Ils sont de plus en plus recyclés. Notre approche ne nous empêche pas d’être pragmatiques. Quitte à nous adapter à des situations dans lesquelles nos valeurs sont bousculées. Ainsi, quand nous discutons avec des partenaires chinois, notre promesse de vente « nos machines sont faites pour durer Jean-Marie Greindl Pour PPG, leader mondial sur le marché de la peinture – 93 % de son chiffre d’affaires, avec des marques telles Ripolin, Seigneurie, Decoral ou Sigma –, le développement durable fait partie de la promesse de vente des produits qu’elle commercialise. Parce que la peinture a d’abord une fonction de protection avant d’être décorative. Sans peinture, la durée de vie de nombreux objets serait réduite de manière significative. Une voiture par exemple : sans la peinture, la carrosserie serait usée au bout d’un an et demi. Même constat pour un bateau : 43 DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE la peinture le protège contre toutes sortes de parasites marins qui viennent se coller à la coque et diminuent sensiblement son efficacité énergétique. La technologie SigmaGlide de PPG crée une surface non-toxique, non-adhérente, qui empêche le bio-encrassement dû aux algues et aux coquillages et réduit ainsi l’accumulation sur les bateaux ou vaisseaux. Tout dépôt est emporté par « Le dé vel oppe me n t d ur able e s t ava n t to u t u ne s o urce d ’opp or t u nité s . » la friction avec l’eau de mer, la coque reste propre et la résistance à l’eau est améliorée, ce qui réduit la consommation de fuel et les coûts. La durabilité est naturellement au cœur des programmes de R&D de l’entreprise originaire de Pittsburg aux États-Unis, dont le siège européen est basé à Rolle. Nous cherchons en permanence à développer des systèmes de protection plus performants, en particulier en matière d’anti-corrosion. Ca a un coût, bien évidemment, mais surtout, ça vaut le coup. Et ce, bien au-delà de la conformité aux nouvelles règles qui poussent nos clients à demander des technologies plus performantes, pour la réduction des émissions de CO2 notamment. Revenons à la voiture : nous avons inventé il y a une dizaine d’années le « compact process », qui permet non seulement de diminuer de 30 % la consommation d’énergie nécessaire à peindre le véhicule, mais aussi les émissions des CO2 liées au processus de peinture. Nous avons par ailleurs lancé Agilon®, une nouvelle technologie basée sur le gel de silice utilisé dans la fabrication des pneus, nous avons augmenté la résistance à l’usure – donc la durée de vie, de 10 % –, tout en améliorant l’adhérence. Enfin, parce que l’allègement du poids des véhicules est clé dans la réduction des émissions et qu’il est aujourd’hui obtenu en remplaçant l’acier par des matériaux composites, donc la soudure par de la colle, nous avons investi dans un acteur important des adhésifs automobiles, Revocoat, en avril 2015. Cela étant dit, nous prenons également continuellement des mesures pour réduire l’impact environnemental de nos activités – que ce soit en termes de consommation énergétique, de gestion des déchets, etc. Et ce, aussi bien dans nos usines que dans nos magasins. Les résultats sont surprenants : la consommation énergétique a décru de 15 % en 2014 par rapport à 2012, les émissions de CO2 de 12 % sur la même période. Un autre axe de notre stratégie durable concerne bien évidemment nos ressources humaines, leur sécurité notamment. Nous faisons tout ce qui est possible afin que chacun de nos employés rentre en bonne santé chez lui. Le taux d’accident a chuté de 17 % depuis 2012. Par ailleurs, 90 % des unités bénéficient d’un programme de bien-être qui vise à aider les collaborateurs à trouver le bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Mon modèle : Solar Impulse. La maquette est sur mon bureau, qui me rappelle tous les jours que se lancer dans une aventure, c’est voir à long terme et qu’il y a toujours des solutions, même si ce n’est pas facile, aux problèmes environnementaux. Il suffit de bien les poser. Pierre-Henri Bovsovers, directeur général de l’hôtel W. Verbier Pierre-Henri Bovsovers 44 DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE « Twenty by twenty », c’est-à-dire une économie de 20 % d’ici à 2020 sur la consommation d’eau : voici l’un des objectifs ambitieux que Starwood a fixé aux 1200 hôtels qu’elle gère – auxquels s’ajoutent en moyenne une centaine de nouveaux hôtels par an. Ce plan global, qui prévoit également une réduction de 30 % de la consommation électrique, s’inscrit dans un axe stratégique majeur pour le groupe propriétaire des marques St. Regis, The Luxury Collection, Sheraton, Westin, ALoft, Element, Four Points by Sheraton, Le Méridien et W Hotels. « Do the Right Thing » : autrement dit, minimiser l’impact environnemental en réduisant tout ce qui peut l’être (déchets, émissions de CO2, etc.). Ils viennent parce que W Verbier est le lieu idéal pour une escapade alpine unique en son genre et l’un des hôtels les plus luxueux de la station. Il serait juste de conclure en disant que la durabilité répond chez Starwood à un réel engagement. Les hôtels ont une certaine marge de manœuvre pour atteindre cet objectif en prenant des mesures locales, adaptées aux réglementations domestiques. Avec deux contraintes fortes : d’une part, la charge des travaux de rénovation et d’adaptation nécessaires pour être conforme aux normes environnementales ; d’autre part, le reporting. « E n ré s umé , n ou s pre n o n s de s ce n taine s d ’initiative s p our at teind re n o t re b u t ; be auc o up de pe tite s cho se s q ui o n t u n gro s impac t s ur l’e n viro n ne me n t. » Nous dépendons des propriétaires des murs de nos hôtels – c’est là une spécificité du secteur hôtelier – qui peuvent accepter ou refuser de revoir les installations pour les rendre plus écologiques. S’agissant du second point, nous devons renseigner régulièrement le site sur le suivi des consommations. Ce qui permet au Groupe d’avoir une image précise et comparative d’un hôtel à l’autre, des données énergétiques. L’inventaire complet inclut les instructions et interdictions que nous avons sur certains clients, quelle que soit leur capacité de paiement, en vertu du code de conduite. INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS UN E Parmi les initiatives locales qui capitalisent sur les traditions locales, nous avons choisi le pellet (bois recomposé) pour chauffer l’hôtel, bien plus efficace et moins polluant que le mazout. Nous faisons par ailleurs essentiellement et prioritairement appel à des fournisseurs locaux – induisant ainsi moins de transport, donc moins de pollution et une contribution à l’économie locale. Nos collaborateurs participent au nettoyage des montagnes. Ceci nous apporte incontestablement un élément de différenciation par rapport à nos concurrents, locaux notamment. De là à dire que nos clients l’apprécient à sa juste valeur, et nous choisissent pour notre engagement vis-à-vis du développement durable, il y a un grand pas. 45 INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À Parmi les mesures imposées par le Groupe figure le ‘Green Choice’ un choix laissé au client pour contribuer à réduire les consommations d’eau, énergie et de produits ménagers. INVITÉ DOSSIER 8 CHF L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf pat rimoine ( S ) DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE Optimalité et durabilité La recherche d’un nouvel équilibre économique optimal Elle doit être appréhendée à travers l’analyse du comportement des agents économiques, que Ludwig von Mises a définie dans son ouvrage L’action humaine sous le terme de praxéologie. Or, aujourd’hui, nous pouvons déjà observer une prise de conscience par les États, les consommateurs et les entrepreneurs, que l’avenir de notre société doit désormais reposer sur un développement durable. Après avoir été bouleversée par l’invention de l’agriculture, puis par la révolution industrielle et, au siècle dernier, par l’essor de la technologie de l’information, l’économie mondiale sera transformée profondément au XXIe siècle par la création et la diffusion d’une nouvelle éthologie, celle de la durabilité. ÉVOLUTION D’UN PORTEFEUILLE INVESTI DEPUIS 1990 EN ACTIONS PONDÉRÉES EN FONCTION DE LEUR CAPITALISATION BOURSIÈRE AVEC UN MONTANT INITIAL DE USD 1 25,00 20,00 15,00 10,00 5,00 46 2010 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 0,00 2009 HAUT BAS 1994 L’économie mondiale doit faire face aujourd’hui à quatre sources d’instabilité, à savoir économiques, politiques, mais aussi sociales et environnementales. Sur le plan macroéconomique, l’environnement reste caractérisé par une création monétaire excessive rendue inefficace par un multiplicateur bancaire grippé, alors que le surendettement du secteur public ne permet plus aux gouvernements de mettre en place des politiques économiques crédibles pour permettre une résorption des ressources productives excédentaires. Au niveau social, les vicissitudes extrêmes induites par des niveaux de chômage et par des inégalités sociales sont devenues difficilement supportables. Quant à l’environnement, il ne cesse de se détériorer par une exploitation désordonnée des ressources naturelles, responsable notamment du réchauffement climatique. Contraintes par la réduction des déficits budgétaires, les autorités politiques doivent dorénavant assurer un fonctionnement optimal des mécanismes de prix. Elles intensifieront la taxation des externalités telles que l’émission de gaz toxiques ou le traitement de certains déchets. Elles imposeront de façon accrue les entreprises bénéficiant d’une situation monopolistique. Elles devront en outre mettre en œuvre des incitations fiscales ou administratives permettant de favoriser le financement des services sociaux pris en charge progressivement par le secteur privé, en Europe plus particulièrement. Le comporte- 1993 Confrontée à des déséquilibres qui n’ont jamais été aussi importants, l’épargne peut-elle encore être gérée de façon optimale ? 1992 Edouard Crestin-Billet, Head of Institutionnal Asset Management, 1875 Finance « Le rôle de l’État changera radicalement. Après avoir été chargé de développer des services publics, les gouvernements vont devoir externaliser l’exécution de la majorité de leurs prestations pour se concentrer sur leur fonction de régulateur. » DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE ment des consommateurs sera influencé par la recherche d’un bien-être plus immatériel. Le consumérisme que nous avons connu au cours du siècle dernier se réduira au profit d’une prise de conscience collective que notre santé, à laquelle nous donnons une priorité de plus en plus grande, est dépendante de notre environnement. L’origine des aliments, les procédés de fabrication et l’incidence sur les équilibres écologiques et sociaux prendront un poids décisif dans le choix des ménages. Les entreprises seront soumises à la fois à des forces politiques, mais aussi et surtout sociales, dues aux nouvelles exigences de leur clientèle. Elles devront intégrer de façon accrue les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur gestion pour rester compétitives et conserver leur niveau de profitabilité, ainsi que pour maintenir le coût de financement de leurs investissements à des niveaux avantageux. Incidence de l’éthologie de la durabilité sur l’allocation optimale du capital Désormais, une sélection efficiente des investissements ne peut plus se faire en se focalisant uniquement sur les critères financiers, mais doit désormais s’élargir aux facteurs ESG, extra-financiers. Comme l’ont démontré un certain nombre d’études empiriques, la matérialité induite par l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance sur la performance des actifs est bien réelle. Malgré l’adhésion croissante des investisseurs institutionnels aux principes onusiens pour l’investissement responsable (PRI), un grand nombre de fonds de pension ou de gérants de portefeuilles se montrent cependant encore très sceptiques à l’égard des gestions dites « responsables ». La principale raison de ce scepticisme est le rendement insuffisant qui a été réalisé jusqu’à ce jour par les placements durables. Or, la performance demeure à juste titre aux yeux des institutions de prévoyance et des épargnants un objectif prioritaire. « Les sous-performances de l’ISR découlent essentiellement d’une mauvaise gestion de l’exposition aux risques de marché, de surpondérations sectorielles et de l’utilisation abusive de filtres qualitatifs. » Les sous-performances Pics de volatilité, baisse des rendements, taux d’intérêts au plus bas. Et si le moment était venu d’appréhender les marchés sous un angle différent pour mieux répondre à vos besoins ? Chez Natixis Global Asset Management, c’est précisément notre ambition. Le fruit de cette réflexion se nomme Durable Portfolio Construction®, une toute nouvelle approche destinée à relever les défis d’aujourd’hui. Parce que l’environnement actuel exige un autre regard. Parce que nous voulons être toujours plus proches de vous. POUR UN NOUVEAU REGARD SUR LES MARCHÉS D’AUJOURD’HUI, RENDEZ-VOUS SUR DURABLEPORTFOLIOS.COM Natixis Global Asset Management définit Durable Portfolio Construction comme une stratégie d’investissement qui vise à produire des rendements réguliers sur le long terme par la gestion des risques, la gestion de la volatilité et le renforcement de la diversification. Les retours sur investissement ne sont pas garantis. Distribué en Suisse pour les investisseurs qualifiés par NGAM, Suisse Sàrl. Siège social : Rue du Vieux Collège 10, 1204 Genève, Suisse. NGAM, Suisse Sàrl est une unité de développement de Natixis Global Asset Management filiale de Natixis et la société holding d’un ensemble mondial de sociétés de gestion et de distribution spécialisées. 47 ADINT613-1114 DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE engendrées par les investissements socialement responsables (IRS) ne résultent cependant pas du fondement sur lequel ils ont été choisis. Elles découlent essentiellement d’une mauvaise gestion de l’exposition aux risques de marché, induisant notamment des surpondérations sectorielles malencontreuses prises indépendamment des conditions économiques. Elles s’expliquent aussi par une utilisation abusive de filtres qualitatifs qui a conduit à la sélection de sociétés trop onéreuses. - une quantification de la durabilité et l’exercice des droits de vote; - une application élargie aux actions et aux obligations; - une réplicabilité facilitée par le nombre plus réduit de composantes par rapport aux indices standards. Après avoir analysé les fondements de la durabilité et démontré qu’une gestion ne peut plus être optimale si elle n’est pas durable, il s’agit de savoir comment nous pouvons intégrer les critères ESG de façon efficiente. Une intégration financière optimale des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance repose sur les 3 principes suivants : – une exclusion limitée des sociétés grevées d’un rating ESG trop bas; – la prise en considération du niveau des scores ESG, tout en donnant un poids plus important à l’évolution de leur tendance; – une réduction de l’influence des risques liés aux facteurs régionaux, sectoriels et de style en minimisant le tracking error systématique. Cette stratégie de placement s’applique de façon passive sur les marchés spécifiques, mais peut aussi être utilisée comme base de sélection de titres pour des politiques d’investissement plus actives ou plus globales, telles que pour les mandats et les fonds balancés. La gestion indicielle, la plus adaptée La meilleure réponse pour la mise en œuvre des quatre principes permettant une intégration efficiente des critères ESG est la gestion indicielle Elle offre en effet les avantages suivants : – une performance excédentaire par rapport aux indices financiers (+0,40 % pour les actions et +0,15 % pour les obligations); – une intégration optimale des critères extra-financiers minimisant le ‘r systématique et maximisant les rendements spécifiques liés aux facteurs ESG; - une reproductibilité du processus de gestion réduisant la subjectivité liée à la valorisation des intangibles (80 % de la valeur du S&P 500 est représentée par les intangibles); En conclusion, la gestion indicielle durable répond aux quatre exigences nécessaires au développement d’une gestion de portefeuille optimale, à savoir création d’un rendement excédentaire, réduction du tracking error systématique, amélioration de la durabilité et reproductibilité du processus de sélection. Elle s’inscrit en conséquence pleinement dans ce nouvel équilibre où durabilité et performance deviennent pour les investisseurs deux objectifs indissociables. 2004* 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015** ÉVOLUTION HISTORIQUE base 100 = 30.09.2014 240,00 220,00 200,00 180,00 160,00 1875 sustainable global equity TR IN USD MSCI WORLD DM TR IN USD 12,4 % 12,1 % 20,3 % 8,8 % -41,0 % 34,4 % 14,5 % -4,4 % 17,1 % 29,2 % 5,3 % 4,8 % 99 725 60 356 58 604 56 980 47 749 46 757 45 454 42 397 38 938 38 639 38 621 38 444 *30.09.2004 – 31.12.2014 Mesure de risque ex ante 140,00 ** 31.12.2014 – 30.04.2015 120,00 100,00 80,00 60,00 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 1875 SUSTAINABLE GLOBAL EQUITY INDEX (USD) TR 2011 2012 2013 2014 2015 2016 MSCI WORLD DM TR (USD) Source : APT 48 vol tot Vol syst vol spec beta syst corr syst 1875 MSCI T/E 12,5 12,5 0,76 1,03 99.89 12,2 12,1 0,84 1,02 0,72 0,72 Des paroles aux actes nº 62 Le plus important, ça reste la famille! Nos veaux Natura-Beef sont particulièrement heureux. Ils grandissent avec leur mère et leurs semblables au sein du troupeau et ont très souvent accès aux prés. Et ce n’est que l’un des nombreux exemples de nos exigences élevées, auxquelles nous nous tenons depuis plus de 35 ans. Des exigences qui ont fait de nous les pionniers de l’élevage adapté aux espèces et le numéro un en matière de bien-être animal selon la Protection suisse des animaux PSA. Pour tout savoir sur l’engagement de Coop en faveur du développement durable, rendez-vous sur des-paroles-aux-actes.ch pat rimoine ( S ) d o s sie r / DÉVELOPPE MENT D URABLE L’obligation à impact social : l’économie au service de l’humain, et non l’inverse Entretien avec Iris Desforges, CEO & fondatrice de Foringest SA, et Sandro Gambuzza Le « Social Impact Bond » ou obligation à impact social (OIS), aussi appelé « Pay for success Bond », est un instrument financier novateur par qui combine les aspets financiers, sociaux et environnementaux en une classe d’actifs traditionnels (les obligations), mais avec une approche d’investissement différente. Il pourrait peser de 50 à 500 milliards de dollars dans la prochaine décade, selon une étude publiée en 2014 par JP Morgan et la fondation GIIN (Global Impact Investing Network)1. Comment réunir l’État, des capital-risqueurs et des intermédiaires qualifiés dans un projet commun à responsabilité sociale, tout en ayant un retour sur investissement allant de 1 à 13 % par an ? Telle est l’équation que vise à résoudre l’OIS, qui diffère de l’ISR (investisement socialement responsable) en ce qu’il privilégie avant tout l’impact social. Liée à des projets de coopération entre le secteur privé et public, l’OIS propose au secteur privé, c’est-à-dire à l’investisseur, un instrument qui permet de relever un défi social ou environnemental important tout en favorisant une performance financière. Un investissement à trois dimensions Il permet au secteur public d’obtenir l’expertise du secteur privé, ainsi qu’un financement, dont le but est l’efficacité du secteur public et le bien-être de la société au sens large. L'OIS créé une passerelle entre des défis sociaux, environnementaux et économiques qu'un individu, une institution ou un gouvernement ne peuvent résoudre seuls, et les moteurs les plus puissants du capitalisme – l’entreprenariat, l’innovation, le capital et les marchés financiers. Elle permet ce faisant de financer des hommes et structures capables de mettre en oeuvre des solutions innovantes de sorte qu’ils puissent atteindre une taille critique en rapport avec la difficulté des problèmes sociaux ciblés. Et cela fait mouche. Ainsi, selon l’enquête de JP Morgan précitée, en 2015 la motivation principale des investisseurs à investir dans les « Social Impact Bonds » a augmenté de 17 % avec 6332 bonds planifiés, contre 5404 exécutés en 2014. Le montant moyen était de 10 millions de dollars en 2014 par émission d’obligation ; en 2015 il sera de 14 millions. La grandeur du marché des OIS comparé au marché des obligations traditionnelles 50 reste certes une niche (quelques milliards contre des trilliards), néanmoins elle croît à un vitesse rapide depuis 2009. Des philanthropes du XIXe siècle à l’obligation Peterborough L’engagement des philanthropes pour améliorer l’existence des laissés pour compte n’est pas d’hier. De plus en plus structurée au XIXe siècle, leur générosité a donné naissance à des fondations caritatives importantes qui ont bénéficié d’incitations fiscales au début du XXe siècle. Leur action a été relayée au milieu des années 30 par les pouvoirs publics, qui ont commencé à prendre en charge les moins bien lotis, avant de créer une dizaine d’années plus tard l’État providence un peu partout dans le monde occidental. Aujourd’hui confrontés à des prévisions de dépenses sociales largement insuffisantes à couvrir les besoins et difficiles à financer, ces États providence manquent de ressources. Ils sont conscients qu’ils ne sont pas les mieux placés pour trouver des solutions innovantes aux problèmes sociaux. Or, entre le secteur privé et le secteur public, il existe un secteur social, qu’on appelle traditionnellement le « tiers secteur ». Méconnu, il compte au seul Royaume-Uni, par exemple, 160 000 organismes caritatifs dont 60 000 entreprises sociales. Ces dernières s'engagent à employer, sur la base de partenariats avec les services sociaux, d’anciens prisonniers et des chômeurs de longue durée en entreprise afin de les réinsérer. Ce tiers-secteur emploie 800 000 personnes. Il est soutenu par des trusts et des fondations caritatives dotées au total de 100 milliards de livres sterling. C'est pour le financer que Social Finance a créé l’obligation à impact social. Le ministère de la Justice britannique a contractuellement accepté d'en Elena Budnikova d o s sie r / DÉVELOPPE MENT D URABLE le diabète de type 2. Concrètement, des programmes, des programmes contre la récidive, pour les sans-abri, les jeunes menacés par le chômage, les familles en détresse sociale, l’éducation préscolaire et l’asthme dans les familles défavorisées sont mis sur pied. D’autres sont à l’étude à travers le monde car, à l’évidence, il existe beaucoup plus de résultats sociaux quantifiables qu’on ne l’imaginait au départ. Il existe de nombreux exemples concrets à travers le monde. Le programme anti-récidive pour le compte de l’État de New-York, dont La Fondation Rockefeller assume les premiers 10 % des pertes potentielles. Aux États-Unis toujours, Goldman Sachs a participé à l’émission de deux obligations. Et plusieurs autres émissions sont en préparation pour financer toute une série de nouveaux programmes sociaux. En Israël, c’est un programme de détection précoce et de traitement du pré-diabète de type 2, qui touche 10 % de la population mondiale, les pauvres en particulier, et représente 12 % des dépenses globales de santé. En Italie, San Patrignano, une organisation caritative qui a mis en place un programme très efficace de désintoxication, étudie la faisabilité d’une OIS pour le financer. Iris Desforges conditionner le remboursement et le rendement financier à la baisse du taux de récidive chez les prisonniers libérés de la prison de Peterborough. « L’obligation Peterborough a constitué une innovation dans la manière de penser. Pour la première fois, la performance des organisations caritatives concernées devait être précisément mesurée. » Une mesure contractuellement liée au rendement financier des investisseurs qui souhaitaient améliorer la vie des délinquants. Le capital et les intérêts devaient être remboursés conjointement par le ministère de la Justice et le Big Lottery Fund avec l’assurance que ces sommes représenteraient une fraction des économies potentielles réalisées par le ministère. Si le seuil minimum de performance fixé n’était pas atteint, les investisseurs perdaient leur argent. Ce qui revenait à avoir fait un don. Si, au contraire, le seuil minimum était franchi, le rendement pour les investisseurs augmentait de 3 à 13 % selon la baisse du taux de récidive. On peut déjà envisager un jour où, pour chaque problème social, chaque pays connaîtra le coût d’une action sociale efficace, les économies que les pouvoirs publics en tireraient et, par-dessus tout, sa valeur pour la société. Les entrepreneurs comme les investisseurs philanthropes s’intéresseront davantage aux résultats qu’aux dons eux-mêmes. Certes, tout ce qui compte ne peut pas être compté et l’investissement impactant ne sera pas adapté à tous les problèmes sociaux. Néanmoins, il a déjà commencé à modifier l’état d’esprit de la philanthropie. Des fondations cherchent désormais à mesurer précisément l’effet de leurs dons par des critères qualitatifs, sinon quantitatifs. L’expansion internationale des OIS L’obligation Peterborough est la première de plus de 20 OIS aujourd’hui émises : 14 au Royaume-Uni, 5 aux États-Unis, 2 en Australie et 1 aux Pays-Bas. Forte de 13,5 millions de dollars, c’est la plus importante d’entre elles. Lesquelles financent à ce jour les réponses à sept questions sociales : les programmes de désintoxication, des programmes pour lutter contre l’échec dans l’enseignement supérieur, la malaria, la maladie du sommeil, l’amélioration de l’emploi des femmes dans les pays en développement, 51 1) Source : Spotlight on the Market : The Impact Investor Survey, 05/01/2014. 2)Créé à Londres en 2007, Social Finance Ltd. est le créateur de l’obligation à impact social. Son objectif 1er est le développement d’un marché d’investissement social. Social Finance met en relation les investisseurs qui ont des capitaux à investir et les secteurs sociaux qui ont besoin de financements/conseils. d o s sie r / DÉVELOPPE MENT D URABLE Ni désengagement, ni privatisation Quels sont les bénéfices de l’investissement impactant pour les pouvoirs publics ? Le premier est l’innovation. Le deuxième est la ressource pour la financer, sachant que le gouvernement rembourse si et seulement si des résultats ont été obtenus. Le troisième est la prévention. Partout dans le monde, les pouvoirs publics traitent d’abord les effets les plus aigus des problèmes sociaux. Ils ont peu de moyens à consacrer à la prévention. Les OIS s’efforcent en général de prévenir la récidive, l’absentéisme scolaire, la perte de logement, etc., et fournissent une base de comparaison de l’efficacité et du coût de l’action sociale. « L’investissement impactant n’est pas une manière pour les pouvoirs publics de renoncer à leur prise en charge des problèmes sociaux. » Il est au contraire une manière de les inciter à payer pour des actions efficaces et à baisser les coûts de ces programmes. Il ne s’agit pas non plus de privatisation. Les investisseurs Comment une OIS fonctionne-t-elle concrètement ? Une obligation à impact social repose sur un contrat de paiement au résultat dans lequel les pouvoirs publics acceptent de payer pour des résultats sociaux améliorés. Elle repose sur un partenariat entre investisseurs, organismes de prestation de services, pouvoirs publics, voire un intermédiaire financier. Si la solution atteint les résultats sociaux convenus, les pouvoirs publics payent aux investisseurs un montant établi selon un barème accepté. Ainsi, le risque de non-résultat est transféré des pouvoirs publics aux investisseurs. La figure 7 illustre une structure courante d’une OIS. L'accès à ces OIS est domestique. Les OIS sont liquides et garanties par les gouvernements émetteurs – Royaume-Uni, USA, Australie et Canada pour l'instant. SOCIAL IMPACT BONDS: FONCTIONNEMENT Un social Impact Bond (SIB) permet le financement par des investisseurs privés de projets sociaux préventifs permettant à l’Etat de réaliser des économies Paiement en fonction des résultats SECTEUR PUBLIC Apport de fonds INTERMÉDIARE FINANCIER Attribution des fonds et aide à la gestion du programme Mesure d’impact ACTEURS SOCIAUX ÉVALUATEUR INDÉPENDENT Apport de services Amélioration de résultats sociaux Coût pour les services publics Impact bénéfique pour la société POPULATION ACCOMPAGNÉE INVESTISSEURS Retour financier en fonction des résultats UNE OBLIGATION À IMPACT SOCIAL VISE AU FINANCEMENTD’UN PROJET Générateur d’économies importantes pour la collectivité publique Au coût plus faible que les économies générées Pouvant être répliqué à grande échelle Ciblant une poppulation potentielle importante Délivrant des résultats mesurables à moyen terme (~3-5ans) LE REMBOURSEMENT DES INVESTISSEURS PRIVÉS EST CONDITIONNÉ PAR LES RÉSULTATS DU PROGRAMME SOCIAL. LES PREMIÈRES OIS MISES EN ŒVRE PRÉVOYAIENT UN RETOUR FINANCIER NUL SI L’OBJECTIF DE LA MISSION N’ÉTAIT PAS ATTEINT. 52 d o s sie r / DÉVELOPPE MENT D URABLE à but non lucratif – afin de financer quelque 250 milliards de livres de dépenses sociales en 2012. La moitié de cette somme environ pouvant être ciblée par l’investissement impactant. En ajoutant les sommes contractées, il y aurait ainsi un « marché » potentiel de plus de 150 milliards de livres. La part des associations à but non lucratif a triplé au cours des neuf dernières années au Royaume-Uni. Elena Budnikova Conclusion Sandro Gambuzza philanthropes financent des organisations à but non lucratif pour aider les pouvoirs publics sur la base d’un intéressement aux résultats. Si les pouvoirs publics sont en mesure de payer pour des résultats, de conserver la moitié des économies réalisées grâce aux actions innovantes financées par des investisseurs extérieurs, et d’améliorer ainsi la vie des citoyens, ce modèle a tout pour plaire. À l’échelle nationale, le gouvernement accroît ainsi le capital social du pays. Il augmente sa productivité, sa compétitivité, et renforce les valeurs qui fondent la société. Les États-Unis constituent un modèle avec leur Community Reinvestment Act et le New Markets Tax Credit, qui drainent plus de 20 milliards de dollars d’investissement par an dans les régions les plus déshéritées du pays. Le gouvernement américain s’est engagé sur des OIS et promeut activement l’investissement impactant. En France, les flux de capitaux dans les organisations sociales ont bénéficié de l’obli- Il est encore trop tôt pour dire lesquelles de ces questions sociales donneront toute sa visibilité à l’investissement impactant : l’enfance, le chômage des jeunes, la pauvreté des personnes âgées, les récidivistes, la santé ou le développement international. Ce qui est sur, c'est que l'investissement impactant est porteur. d’une véritable révolution tirée par l’innovation. Il lui faudra dix à trente ans pour trouver sa place entre les 60 milliards de dollars de la micro-finance et les 3000 milliards du capital-risque et du capital-investissement. Il entraînera de grandes innovations et sera la marque de notre époque. INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS UN E gation pour les plans d’épargne salariale de proposer à leurs salariés un fonds investissant 5 à 10 % de ses actifs dans des entreprises agréées « solidaires ». À l’échelle européenne, le Fonds d’investissement européen (filiale de la Banque européenne d’investissement) mène l’effort pour développer les sociétés d’investissement impactant. Le gouvernement britannique n’est pas en reste, qui a contracté pour 61 milliards de livres – 48 milliards auprès d’entreprises, 13 milliards auprès d’associations 53 INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À « L’oblig atio n Pe te rb oro ugh a c o n s tit ué u ne in n ovatio n da n s l a ma niè re de pe n se r . P our l a pre miè re fois , l a pe rforma nce de s org a nis atio n s caritative s c o nce r née s de vait ê t re précisé me n t me s urée . » INVITÉ DOSSIER 8 CHF L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf pat rimoine ( S ) DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE Investissement responsable : l’éthique sans exclure la performance financière Elena Budnikova au quotidien, et analyse ainsi comment les sociétés gèrent les problématiques relatives à ces paramètres. Cette discipline n’est pas nouvelle. Une première version d’investissement responsable est en effet née aux États-Unis dans les années 20, alors que certaines congrégations religieuses interdisaient d’investir dans certains secteurs tels l’alcool, le tabac et les jeux. Cela a évolué dans les années 70 vers une approche plus militante en ciblant des causes comme l’apartheid, la guerre du Viêt-Nam, les droits de l’Homme. Une autre version d’IR est apparue à partir des années 80 lorsque s’est développée l’idée que de bonnes pratiques sociales, environnementales et de gouvernance pouvaient avoir un impact positif sur les résultats financiers d’une entreprise et sur sa valeur boursière. Tony Campione , Spécialiste investissement actions, Banque Julius Baer & Cie SA Gestion éthique, investissement socialement responsable (ISR), investissement durable, beaucoup de termes différents qui se rapportent à une même discipline souvent mal connue des investisseurs et du public. L’investissement responsable (ou « socialement » responsable), désigne les méthodes d’intégration du développement durable au sein de la gestion financière ; il s’agit de prendre en compte des critères non financiers (environnementaux, sociaux et de gouvernance, ou ESG) dans les choix d’investissement. Exemples de facteurs : les émissions de CO2, la gestion des déchets (environnement), les normes de travail, les règles de sécurité (sociaux), les normes anti-corruption, le traitement des actionnaires (gouvernance). L’approche responsable considère que les facteurs ESG impactent la conduite des affaires Un succès croissant, principalement dans les pays développés Aujourd’hui, ce sont plus de 1100 investisseurs institutionnels qui s’engagent à intégrer la problématique ESG dans leur gestion. Ainsi, en 2012 plus de 13,6 trillions de dollars US étaient concernés, soit près de 22 % des avoir gérés globaux. L’Europe, les États-Unis et le Canada représentaient la quasi-totalité des actifs sous gestion concernés (96 %). Notons que l’Afrique se plaçait en quatrième position, devant l’Asie qui devrait néanmoins connaître un fort développement à l’avenir. En termes de classe d’actifs, les actions et les obligations représentaient « E n ré s umé , l’in ve s tis se me n t re s p o n s able in tè gre le s d o n née s ESG au proce s s u s d ’in ve s tis se me n t e n par allèle de l’a n aly se fin a nciè re , da n s le b u t de gé né re r à l o n g te rme u ne pl u s gr a nde pe rforma nce . » la majorité des investissements, alors que les actions des pays émergents, le private equity, le venture capital et les hedge funds n’étaient que peu représentés. Un principe fondamental de l’investissement responsable est que les paramètres ESG peuvent durablement affecter la rentabilité des entreprises. Mais, contrairement aux premières versions qui excluaient de facto certains secteurs non conformes, la nouvelle génération d’investissement responsable tend à examiner de manière proactive les facteurs ESG qui peuvent affecter une société. 54 DOSSIER / DÉVELOPPE MENT D URABLE De plus, il est important de noter que l’analyse responsable n’a pas vocation à se substituer à l’analyse financière classique, mais est un outil qui la complète. Il serait donc faux de penser que l’adoption des principes responsables impacterait la performance des investissements. Au contraire, les travaux de recherche récents montrent qu’en général un bon score aux facteurs ESG s’accompagne d’une meilleure « Au jourd ’hui, le s e n t re prise s in tè gre n t de pl u s e n pl u s le fait q ue le s fac te ur s ESG pe u ve n t impac te r direc te me n t le ur profitabilité . » performance des actions sélectionnées. Ainsi, certains chercheurs de l’université de Harvard ont étudié un échantillon de 90 entreprises ayant adopté les principes responsables dans les années 90 et l’ont comparé à un autre échantillon équivalent de sociétés qui n’avaient pas adopté ces mêmes principes. La performance au rendez-vous La performance des titres ayant suivi les principes responsables a été de 2160 % entre janvier 1993 et décembre 2010 contre 1440 % pour le deuxième groupe. De plus, la meilleure performance s’est faite avec une plus faible volatilité. À l’avenir, nous pensons qu’une orientation de la gestion vers un modèle plus responsable devrait être favorisée par l’émergence de quatre tendances fortes. L’industrialisation au niveau mondial impacte durablement l’environnement. Nous sommes dans la période de développement la plus forte de notre histoire, accentuée notamment par l’essor des pays dits émergents. La pollution est devenue un problème global. Ainsi, Julius Baer a rapidement souhaité adopter cette philosophie en signant en septembre 2014 la Charte des Nations Unies sur les « Principes d’investissement responsable ». Nous utilisons pour cela la méthodologie du groupe MSCI qui attribue à chaque action une notation. Laquelle est progressivement étendue à l’ensemble de notre gestion de mandats, car nous sommes convaincus que ce sera dans l’intérêt de nos clients d’être investis dans des sociétés qui optimiseront leur performance financière en ménageant l’impact qu’elles auront sur l’environnement et les pays dans lesquels elles seront actives. INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS UN E INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À L’influence grandissante de l’opinion publique. On a vu comment les sociétés de distribution ont dû améliorer leurs standards de production après l’écroulement d’un immeuble au Bangladesh qui fit plus de 1200 victimes. Les réseaux sociaux tels Facebook ou Twitter ont accéléré la propagation des nouvelles et ont ainsi accentué l’importance de l’opinion. marque par le public. Ce qui peut à son tour influencer les coûts de financement, donc leur rentabilité. La rétention du personnel et l’attraction de nouveaux talents peuvent s’en trouver modifiées. Enfin la mise en place de nouveaux axes de développement plus respectueux de l’environnement peut aussi favoriser l’émergence de nouveaux produits/marchés (exemple de Toyota et du succès de la Prius). INVITÉ Le poids croissant de la régulation. Les gouvernements sont de plus en plus vigilants quant aux coûts provoqués par les mauvaises pratiques de certaines entreprises mais supportés par eux (exemple : une usine qui pollue une rivière ce qui affecte la santé des résidents). DOSSIER 8 CHF L’importance des actifs intangibles dans la création de richesse. Parmi ces actifs, citons la capacité d’innovation, la marque, la culture d’entreprise. Certaines études ont montré qu’ils pouvaient représenter jusqu’à 85 % de la valeur d’une entreprise, d’où l’importance de l’analyse des données ESG. Et ce, de différentes manières, la réputation (par conséquence leur image) notamment, qui peut peser sur la perception de leur L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf pat rimoine ( S ) d o s sie r / DÉVELOPPE MENT D URABLE Trois questions à : Raphaël Domjan, fondateur de Solarplanet et Solarstratos. Le « serial aventurier » EcoExplorateur, qui se définit comme un écologiste pragmatique et optimiste, est parti le 19 juin pour un nouveau défi, celui d’effectuer la traversée du Passage du Nord-Ouest en kayak propulsé à l’énergie solaire. Un intermède avant de s’attaquer à celui qu’il poursuit avec SolarStratos, le 1er vol stratosphérique à bord d’un avion solaire biplace. Hier, PlanetSolar, le 1er tour du monde en bateau solaire. Aujourd’hui, SolarArcticPassage, la 1re traversée de l’arctique en kayak solaire. À votre retour, SolarStratos, le 1er vol stratosphérique en avion solaire biplace. Quel est le fil rouge de ces projets, abrités par la Fondation SolarPlanet – la Swiss Foundation for Sustainability ? D’une part, se dépasser pour faire rêver. Le but dans tous ces projets, c’est avant tout une belle aventure. Il faut garder son âme d’enfant. J’aime faire des choses que personne n’a jamais faites avant. D’autre part, montrer les immenses possibilités que donnent les énergies renouvelables. J’ai commencé à travailler sur ce sujet en 2001 en concevant Horus Networks, le 1er hébergement de sites web solaire au monde. On l’avait lancé avec des amis en utilisant des panneaux sur le toit de la maison de mes parents. Une centrale solaire, c’était alors rare, peu puissant (2,5kW/h). Aujourd’hui, il y en a partout, beaucoup plus puissantes. Ingénieur de formation, j’ai toujours eu la volonté de faire beaucoup mieux avec beaucoup moins. Utiliser la propulsion électrique par exemple : on peut tout faire avec de l’électricité ; le pétrole, il faut le garder pour des applications où on est loin de pouvoir le remplacer, les avions de transport de ligne par exemple. Si on va dans cette voie, celle d’une stratégie énergétique plus efficace, où le pétrole n’est utilisé que là où il est encore non échangeable, on réduit de moitié les émissions de CO2 et on aura du pétrole pour encore 1000 ans ! Il faut avoir en tête que produire de l’énergie avec du gaz divise par cinq les émissions de CO2. L’expédition SolarArcticPassage, qui nous emmènera, Anne Quéméré et moi-même, sera un véritable challenge, soit traverser l’Arctique en kayak solaire, en toute autonomie énergétique. Nous devrons tracer notre route parmi l’immense archipel arctique, le long d’un dédale follement compliqué de golfes et chenaux, de bassins et détroits situés Le 2 0 e siècle é tait le siècle de s é ne rgie s fo s sile s , le 2 1 e siècle e s t cel ui de s n o u velle s é ne rgie s entre le territoire de Baffin et la terre de Banks. Les chemins sont rares et souvent encombrés par les glaces. Ils s’ouvrent et se referment. L’itinéraire n’est tracé sur aucune carte. D’une année à l’autre, les glaces dessinent de nouvelles voies. Cela nous prendra plusieurs mois avant d’arriver au terme de notre voyage. Même si nous avons tout planifié au moindre détail près, il reste beaucoup d’inconnues. Mais cela ne nous fait pas peur, bien au contraire ! Anne est la 1re femme à avoir traversé l’Atlantique Nord et Sud à la rame, et ce n’est pas le moins qu’elle ait à son étonnant palmarès, qui compte également la 1re traversée du Pacifique en kyte boat. Quelles leçons avez-vous tirées des projets passés pour ceux à venir, SolarStratos notamment ? La principale d’entre elles : avoir une ambition à long terme. Ne pas réitérer par conséquence ce qui s’est passé avec PlanetSolar : chacun est rentré chez soi, le savoir-faire a été d’une certaine manière perdu. PlanetSolar a été donné par son propriétaire et sponsor à la Fondation Race for Water, basée à Marseille, qui travaille à être une plate-forme 56 d o s sie r / DÉVELOPPE MENT D URABLE Raphaël Domjan de protection des mers et des océans. « AXvec SolarStratos, qui sera le premier avion solaire biplace de l’histoire, nous avons déjà en tête des déclinaisons commerciales. » Il s’agirait d’abord d’utiliser la puissance de SolarStratos, une fois que l’on aura démontré que l’on peut monter dans la stratosphère avec un avion solaire, pour produire des alternatives aux satellites actuels. Lesquelles coûteraient moins cher, tout en contribuant à la protection de l’atmosphère. Nous réfléchissons également à emmener, dès 2018, des passagers près de l’espace à bord d’avions de tourisme à énergie solaire. Un mot sur SolarStratos : conçu en 2014 par Calin Gologan, ingénieur aéronautique et partenaire technologique au travers de sa société PC - Aero GmbH –, cet avion solaire vise à aller le plus haut possible. L’avion sera construit cette année, pour un premier vol en 2016. Le record doit avoir lieu en 2017. SolarStratos vise à démontrer le potentiel de l’énergie solaire dans la verticalité, tout comme Bertrand Piccard le démontre avec SolarImpulse dans l’horizontalité, par le tour du monde. L’un comme l’autre de ces projets se projettent bien au-delà d’un éventuel record. Pour eux, une application commerciale est dans les tuyaux. Pari fou pour ce biplace en tandem, d’une envergure de 25 mètres, d’un poids de 450 kilos, qui vole comme n’importe quel avion, à cette réserve près qu’il ne pourra pas voler perpétuellement. Ce sera le premier avion solaire avec pilote à pénétrer la stratosphère. SolarStratos volera à une altitude très peu fréquentée, dans un milieu fragile, propulsé uniquement à l’énergie solaire, sans la moindre émission de polluant, et nous donnera la possibilité de réaliser des mesures inédites, jamais effectuées jusqu’à ce jour. L’équipe internationale qui m’entoure est animée comme moi du désir de démontrer que grâce à l’énergie du soleil, il est possible d’aller plus haut qu’un avion fonctionnant aux énergies conventionnelles. Nous sommes conscients que ce vol sera celui de tous les dangers. Même si je serai équipé d’une combinaison spatiale notamment, nous serons proches des limites techniques et humaines, et repousserons les frontières du possible. Mais, et c’est là un autre enseignement de PlanetSolar : nous reviendrons de cette expérience unique – observer dans la stratosphère la courbure de la Terre et la voûte céleste en plein jour – confortés dans nos convictions : en mettant l’aventure au service de l’écologie, on peut changer le monde. Comment voyez-vous l’écologie contribuer à un développement durable de la planète ? 57 d o s sie r / DÉVELOPPE MENT D URABLE Je commencerais par prendre l’exemple de SolarStratos : en explorant l’espace lointain, nous comprendrons mieux ce qui se passe dans l’atmosphère, ce qui est la condition sine qua non pour mieux la protéger et étudier les possibilités qu’elle offre de prolonger, voire d’étendre, l’humanité. En cela, SolarStratos réplique pour l’atmosphère ce que nous avons cherché à faire avec PlanetSolar pour les milieux marins. De manière plus générale, je pense que l’écologie ne peut servir le développement durable que si elle est pragmatique. Je ne crois pas à l’écologie telle qu’elle occupe le terrain, politique notamment, depuis 30 ou 40 ans. Elle a été dominée par des revendications inutiles, qui privilégient le contenu sur le contenant. Faire revenir les gens au temps des cavernes, c’est non seulement SolarStratos en chiffres - Longueur : 8,5 mètres - Envergure : 24,4 mètres - Poids : 450 kg - Autonomie : Plus de 24 heures - Propulsion : Hélice (1,6 m, 3 pales) - Moteur : Électrique (max 25 kW) - Deux places en tandem - Énergie : Solaire - Cellules solaires : 22 m2 (22-24 % efficacité) - Batteries : Jusqu’à 120 kg Lion (28 kWh) utopiste mais cela n’a pas de sens. Il y a près de 8 milliards d’hommes, ils doivent travailler. Prôner le retour au paléolithique, quelle valeur ajoutée ? Sans parler des contradictions de ces « vendeurs de vent » : augmenter les prix de l’énergie comme ils le veulent, c’est détériorer la situation des défa- « Je s uis un éc ol o gis te op timis te , opp or t u nis te e t u tilitaris te . Le s éc ol o gis te s t r a ditio n nel s , le s « K hme r s ve r t s », e u x , s o n t c o n t re t o u t. » vorisés. Notre approche est pragmatique : nous avons entrepris d’apporter des services à des populations défavorisées près de l’équateur (12 heures de jour, 12 heures de nuit). Pourquoi l’équateur ? Le soleil. C’est avec ce genre de projets que l’on améliore la vie des gens. Et tout porte à croire que les futures évolutions nous permettront d’abolir les limites actuelles. Il y a dix ans seulement, on en était encore à démontrer ce que la technologie pouvait faire ! Aujourd’hui, on est à l’heure de la révolution verte, qui passera notamment par la révolution électrique. Contre les barrages, contre les centrales solaires, contre l’électricité d’origine nucléaire, etc. Aujourd’hui, il faut bien reconnaître que même si les gens sont acquis à la volonté de changer leurs habitudes en vertu d’un nouveau paradigme écologique, ils ne peuvent concrètement pas faire grand-chose. Un exemple amusant : l’État fédéral parle de taxer les voitures électriques avant même qu’elles n’aient pénétré le marché automobile. Il faut 10 kW/h pour faire 100 km à bord d’un véhicule électrique, sans aucune taxe spécifique sur l’électricité utilisée, contre 5 à 10 l d’essence, taxée à 70 %. Idem du côté des avions : 40 l pour une heure de vol pour un avion conventionnel contre 15 l pour un modèle ecolight (énergie 100 % renouvelable) et 10 kW/h pour un avion électrique. 58 Créée en 2010 à Lausanne, la Fondation Race for Water Race for Water collabore avec des organismes tels que a pour mission de préserver la ressource la plus précieuse l’UNESCO, l’UNEP, l’UICN, le WWF et la WBCSD. de notre planète : l’eau. Reconnue d’utilité publique, l’orga- En 2015, la Fondation organise la « Race for Water Odyssey ». nisation s’emploie à mettre en place des actions concrètes Son objectif : dresser un premier état des lieux global de la et durables articulées autour de deux thématiques essen- pollution des océans par les plastiques et mettre en exergue tielles : la protection des océans et celle de l’eau douce. les conséquences dramatiques de cette problématique Race for Water initie des projets qui ont pour objectif pour l’écosystème et les populations. Par la suite, Race for la sensibilisation et des actions concrètes sur le terrain. Water ambitionne d’exploiter ces résultats pour développer Ces actions s’adressent à quatre audiences-cibles : des solutions innovantes et viables permettant de secourir les acteurs économiques, les instances politiques, la les océans. communauté scientifique ainsi que le grand public, avec une attention particulière portée aux générations futures. raceforwater.org Avec le soutien de PIGUET GALLAND pat rimoine ( S ) d o s sie r / ac tio n s U S L’équilibre de la terreur Entretien avec Emmanuel Ferry, Président de l’ISAG et CIO de la banque Pâris Bertrand Sturdza SA D’un côté, une croissance molle qui ne parvient pas à dissiper les craintes déflationnistes ancrées dans les esprits des Américains, ni les doutes quant à un rebond de l’inflation au niveau de 2 % ciblé par la FED. De l’autre, des marchés actions au plus haut, qui valorisent une croissance mature, et donnent de nombreux signaux d’une bulle financière. Le tout sur fond de survalorisation des deux grandes classes d’actifs (actions et obligations) qui, chacune, délivrent des messages opposés. Dans ce contexte, toute erreur de communication de la FED est susceptible de faire éclater cet équilibre précaire. D’où l’importance aujourd’hui de se préparer avec une gestion active et sélective, plutôt que d’essayer de prévoir l’incertain. de la reprise de la croissance : la plus longue depuis l’après-guerre, car moins intense et plus modeste qu’attendue. Croissance faible sans inflation demeure toutefois le meilleur compromis pour alimenter la hausse des marchés. En conséquence, l’écart entre le taux de croissance de la sphère réelle et celui de la sphère financière continue de se creuser. ETATS-UNIS: PIB (CROISSANCE EN VALEUR), TAUX DE LA FED ET S&P500 10 2200 8 1700 6 4 1200 2 700 0 -2 -4 03/96 TAUX DES FED FUNDS CROISSANCE DU PIB EN VALEUR S&P500 (ÉCHELLE DE GAUCHE) 03/98 03/04 03/00 03/02 200 -300 03/06 03/08 03/10 03/12 03/14 À la croisée des chemins Source : Banque Pâris Bertrand Sturdza La période actuelle est atypique. Certes, les actions entreprises par les banques centrales, dont la FED, sont parvenues à revaloriser les actifs. Depuis la crise de 2008, 640 baisses de taux ont été effectuées, 11 000 milliards de dollars d’actifs ont été rachetés. La trajectoire sur cette période montre la troisième plus longue progression des marchés actions depuis l’après-guerre, une croissance de 153 % après les premiers 20 % d’appréciation. L’année 2015 est ainsi la 7e année de hausse du S&P 500 (73 mois), ce qui place le cycle actuel juste derrière celui de l’après-guerre (1946-1956, soit 81 mois). Une durée exceptionnelle du marché cyclique haussier même si elle se situe encore loin derrière celui de la période 1988-2000, qui totalisait 145 mois de hausse ininterrompue par une baisse supérieure à 20 %. La création de richesse est phénoménale – 1600 milliards de dollars au 1er trimestre de l’année pour les ménages américains, soit une fortune de 85 000 milliards de dollars, un niveau supérieur à celui du précédent pic de 2007–, les indices S&P500 et Nasdaq caracolent à des plus hauts historiques. Si l’objectif de revalorisation des actifs a été atteint, il n’en va pas de même La fin du quantitative easing, suivie du rebond du dollar, a porté un coup d’arrêt à la progression des actifs financiers américains, que ce soit les actions ou les obligations. Autrement dit, une fois stoppée la stimulation monétaire, la dynamique s’est elle aussi arrêtée. Ce qui indique une nouvelle fois une phase mature sans vrais « drivers » : sans stimulation monétaire additionnelle, le marché a du mal à s’apprécier, faute de croissance économique. Alors que les risques, eux, augmentent. ETATS-UNIS: CROISSANCE DU PIB 6 4 2 0 -2 -4 -6 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 Source : Banque Pâris Bertrand Sturdza De la bulle en question On a aujourd’hui tous les ingrédients d’une bulle financière : les taux d’intérêt sont trop bas par rapport au rythme de la croissance économique, si modérée voire décevante soit-elle. Et, plus on attend, plus la vulnérabilité augmente. Or, et c’est là une différence avec des situations 60 antérieures, cette situation est voulue par la FED qui temporise pour éloigner les menaces déflationnistes, pour que le secteur bancaire fonctionne normalement et pour qu’il diffuse aux ménages et aux entreprises des conditions propices à l’investissement. Dans ce contexte, où les trois grands déterminants macroéconomiques sont le prix du pétrole, les taux et le dollar, l’arbitrage de la FED est crucial. Son timing également. Le débat qui agite la FED est à cet égard intéressant. D’un côté, les partisans d’une action rapide de la FED pour remonter les taux et éviter un éclatement de la bulle. De l’autre, les attentistes, parmi lesquels Stanley Fisher, le vice-président de la FED. L’essentiel est aux yeux de ces derniers de ne pas prendre de risque de casser une croissance fragile, quel qu’en soit le prix, repousser la remontée des taux notamment. Un débat devenu international puisque le FMI, pour la première fois, s’est invité dans ce débat interne en appelant à retarder la remontée des taux. Et ce, au nom de la stabilité financière internationale, que l’institution de Washington voit menacée. Pour preuve, l’impact de l’appréciation du dollar sur les pays émergents, qui rappelle le rôle central du billet vert dans la volatilité des marchés. Ainsi, toute mini-correction du dollar par rapport à l’euro impacte-t-elle les taux long terme allemands, donc la valeur du Bund. Aucun filet de sécurité Les marchés actions sont désormais dans une zone de surévaluation, estimée à près de 20 %, tandis que les taux d’intérêt sont historiquement bas. Or, fait unique dans l’histoire économique des 50 dernières années, ces deux marchés sont chers en même temps. Autrement dit, le marché obligataire ne peut jouer son rôle classique d’amortisseur, comme il l’avait fait en 2000 et en 2007. Les taux courts étaient de 5,25 % en 2007, ils sont aujourd’hui nuls, voire négatifs (le rendement du T-Note, taux à 10 ans américain qui est de 2,3 %, s’inscrit dans un contexte général : plus de la moitié du marché obligataire souverain mondial a un rendement inférieur à 1 %). Dans un tel environnement, affaibli par ailleurs par la panne d’idées fondamentales pour relancer la croissance, toute erreur de la FED ne pourrait qu’avoir des effets amplifiés par les marchés. Elena Budnikova d o s sie r / ac tio n s U S Emmanuel Ferr y Et ce, d’autant plus qu’il y a de plus en plus de chocs de volatilité et qu’en dépit de la création de valeur financière, persistent beaucoup de doutes, pour ne pas dire de scepticisme, sur la réalité et la pérennité de la croissance américaine. Combien de temps cette situation peut-elle durer ? Comment éviter une récession liée à un resserrement monétaire « T o u t p or te à croire q ue l’e s se n tiel de l a hau s se de s marché s e s t de rriè re n o u s . » trop prononcé, comme cela a été historiquement souvent le cas ? Une certitude : rien ne sert de regarder dans le rétroviseur, ni d’avoir raison trop tôt. Phase transitoire, le second semestre verra un changement de cap, que de nombreux indicateurs annoncent. Changement de leadership sur les marchés actions Le premier d’entre eux est la rotation de leadership des small & mid caps vers les large caps, qui a commencé dès la fin janvier 2014, indicateur avancé d’un marché mature. Autrement dit, la valorisation devient un enjeu de discrimination. Comme cela avait été le cas en 2007. Rotation sectorielle ensuite, étroitement liée à l’anticipation que font les marchés d’une remontée des taux fin 2015. Après avoir connu une 1re phase 61 d o s sie r / ac tio n s U S d’expansion des multiples de valorisation – le PE ratio est passé de 10x à 18x –, il sont désormais dans la 2e phase, dirigés par la croissance des résultats. Les fondamentaux sont clés. Ce contexte est favorable à la dispersion. Ainsi qu’à la sélection. Certaines sociétés continuent à « Le s marché s ac tio n s re s te n t at t r ac tif s à c o nditio n d ’ê t re sélec tif s » croître, d’autres pas. Les entreprises les plus cycliques devraient prendre le relais : banques, industriels, IT, matières premières, etc. Ces secteurs sont toujours décotés et tendent à surperformer quand la FED relève ses taux directeurs. Quant aux secteurs défensifs (santé, consommation non discrétionnaire, telcos, utilities…), qui génèrent des cash flows réguliers, ils se comportent comme des obligations. Ils sont très chers aujourd’hui. Les ETATS-UNIS: RATIO CAPITALISATION / PIB 160% 140% Autre indicateur : l’accélération des opérations de fusion-acquisition – pour un total de 3500 milliards de dollars annualisés sur la base des cinq premiers mois de l’année, soit un niveau proche du plus haut connu en 2009, mais loin de 2000. Et il reste du potentiel. Les sociétés du S&P 500 totalisent 2000 milliards de cash au bilan, qu’elles redistribuent soit sous forme de dividendes, soit à travers des programmes de rachat d’actions. Elles restent prudentes. Si toutefois la croissance se normalise comme nous le pensons, elles investiront ce cash. On peut s’attendre à des méga transactions dans les médias sociaux, les biotechs et le secteur de la santé notamment (pour mémoire, quelques grosses transactions : Mannesmann par Vodafone en 1999 : 202,8 milliards de dollars ; Time Warner par AOL : 164,7 milliards de dollars en 2000 ; ABN-Amro par RBS : 98,5 milliards de dollars en 2007). La valorisation de long terme ensuite, l’indicateur cher à Warren Buffet – le ratio entre la capitalisation boursière et le PIB : il a dépassé les 120 % aujourd’hui, soit deux écarts-types audessus de la moyenne de long terme. Le précédent pic était en 1999 (plus de 150 %). 120% 100% 80% 60% 40% 20% 0% 1951 1955 1959 1963 1967 1971 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011 Source : Banque Pâris Bertrand Sturdza actions « low risk », qui ont beaucoup attiré les investisseurs ces dernières années, affichent une forte surévaluation, qui devient vulnérable avec la hausse des taux d’intérêt. Rotation géographique enfin. Des sociétés internationales pénalisées par la force du billet vert, qui a beaucoup freiné la croissance des bénéfices, vers les domestiques. S&P500 – cycles haussiers et baissiers depuis 1949 Duration Since Nov-1949 Bear Market % Time 22 % Perf MedianAnn. Perf. Median Average Average 332,04 % 17.45 17.29 -32 % -35 % -29 % 3.5333 3.39 20 % 20 % n.m 57 60 75 % 128 % 15 % Bear / Reco Recovery Market 78 % Cyclical Bull Source : Banque Pâris Bertrand Sturdza 62 Enfin, le nombre conséquent d’IPO, dont un grand nombre de sociétés affichent des pertes, renforce la conviction d’un marché en excès de confiance : on achète des business plans, en Chine comme aux États-Unis, dans les newtech et la biotech. Autant de signaux révélateurs d’une complaisance, d’un excès de confiance qu’il est important d’avoir à l’esprit au moment d’aborder le 2e semestre de l’année. Il sera celui d’une dynamique en phase avec le resserrement monétaire annoncé, ainsi qu’avec les effets liés à l’année « pré-électorale » – historiquement très favorable aux marchés actions jusqu’en juillet. C’est la condition pour pouvoir profiter d’opportunités de plus en plus sélectives dans une phase de divergence et de volatilité accrue, où l’arbitrage sectoriel, la gestion active, la différenciation seront clés. Sans perdre de vue que le marché américain est 78 % du temps en phase haussière cyclique, avec une performance médiane annualisée de 15 %. Un marché leader – la capitalisation boursière totale de l’Union européenne ne dépasse pas celle du secteur IT aux États-Unis. L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE EN DIRECT 6 parutions Kiosque / Abonnement 10 parutions Encarté dans L’Agefi 2 parutions Abonnement 6 parutions Kiosque / Abonnement 11 parutions Kiosque / Abonnement Abonnez-vous et découvrez l’ensemble de nos publications Offre d’essai 1 mois au prix de CHF 29.Livraison du quotidien du lundi au vendredi + Indices, Agefi Magazine, Agefi Life, Agefi Immo et Work* + Accès numérique à tous nos contenus Cette offre est valable toute l’année et non renouvelable. TVA et frais de port inclus. Conditions sur www.agefi.com/abo *(selon la périodicité) Recherchez: agefi-geneve agefi.com pat rimoine ( S ) DOSSIER / ACTIONS U S La gestion active avisée ouvre la voie à de nouvelles performances rien perdu de sa pertinence. Cependant, comme nombre d’investisseurs ont pu le constater ces dernières années, tous les gérants actifs ne se valent pas. Selon nous, les commissions prélevées par certains d’entre eux ne sont pas justifiées au regard de leurs performances, tandis que d’autres paraissent suivre leur indice de référence de trop près pour mériter une commission. « Pour s’assurer de payer le prix juste, l’une des solutions consiste à examiner la part active du gérant. » En 2009, Antti Petajisto et Martijn Cremers1 ont défini le concept de « part active », qui permet de mesurer, en pourcentage, la différence entre la composition d’un portefeuille d’actions et son indice de référence. Leur étude parvient aux conclusions suivantes : Daniel Nichol as, Client Portfolio Manager, Harris Associates L .P. La gestion active fondée sur une part active élevée, des convictions fortes et une approche intégrée de la gestion du risque con t in uen t d’avoir de r éels effets, notamment sur la volatilité des actions américaines sur six ans. –Les gérants dont la part active est élevée tendent à surperformer leur indice de référence. –La part active permet souvent de prédire la performance d’un fonds. –Lorsqu’il s’agit de sélectionner un fonds de placement, ces auteurs recommandent de limiter son choix aux « stock pickers » les plus actifs. Selon cette étude, seuls les stock pickers les plus actifs ont apporté de la valeur ajoutée aux investisseurs. Ces derniers surperforment leur indice de 1,26 % par an après déduction des frais. À l’inverse, les fonds quasiindiciels, ou « closet indexers » (fonds gérés activement tout en restant proches de leur indice de référence) ont tendance à sous-performer après commissions, compte tenu de la faible proportion de leurs paris actifs, et représentent pourtant un tiers de l’actif total des fonds communs de placement2. Une part active importante pour dégager de l’alpha Ces dernières années, les investisseurs ont transféré des milliards hors de fonds à gestion active en faveur de stratégies passives, profitant de la tendance haussière durable des marchés. Mais qu’en sera-t-il une fois ce rebond boursier arrivé à son terme ? Les portefeuilles à gestion purement passive ne risquent-ils pas de se retrouver davantage exposés en cas de baisse des marchés ? D’où proviendront les sources de rendement excédentaire (alpha) au sein des portefeuilles ? Manifestement, l’intégration de la gestion active dans l’élaboration d’un portefeuille n’a Chez Harris Associates, nous nous efforçons de prendre des décisions d’investissement fondées sur nos propres convictions et sur les conclusions de nos analyses au lieu de répliquer un indice de référence. La part active élevée découle de notre processus de placement. Nous élaborons des portefeuilles composés d’actions qui reflètent nos convictions les plus fortes, présentant à nos yeux le meilleur profil risque-rendement disponible sur le marché, qu’elles soient ou non incluses dans l’indice de référence du fonds. Nous investissons uniquement dans des entreprises que nous estimons être de haute qualité et assorties de valorisations attrayantes, et nos pondérations peuvent s’écarter sensiblement de celles de l’indice. C’est cela qui nous permet de générer de l’alpha au niveau de nos portefeuilles. 64 d o s sie r / ac tio n U S Des fonds constitués des meilleures idées Une gestion des risques intégrée Alors que les fonds d’actions américaines se composent en moyenne de 104 sociétés2, certains des fonds que nous gérons ne détiennent pas plus de 20 positions, ou jusqu’à 70 positions dans le cas de nos plus grands fonds. À l’opposé, les fonds quasi-indiciels détiennent 161 titres en moyenne. En outre, nos fonds sont élaborés de sorte que chaque position soit en mesure En tant qu’investisseurs à long terme, nous considérons la volatilité comme une opportunité. Autrement dit, nous visons à identifier des actions présentant une décote importante par rapport à ce que nous estimons être leur valeur intrinsèque. Nous cherchons à les acheter avec une décote de 40 % et les conservons généralement pour une période de trois à cinq ans. Nous attendons ensuite le moment opportun pour les revendre à environ 90 % de leur valeur intrinsèque. Cette approche contribue à limiter notre risque de perte, tout en offrant à nos portefeuilles la meilleure chance de surperformer sur le long terme dans la mesure où elle s’inscrit en permanence dans une logique prospective. Indépendamment de la tendance haussière ou baissière du marché, nous estimons que les gérants compétents dont la part active est importante ont toujours leur place dans un portefeuille orienté sur le long terme. « P o ur s’a s s ure r de paye r le prix ju s te , l’u ne de s s ol u tio n s c o n sis te à e x amine r l a par t ac tive d u gé r a n t. » de contribuer de façon significative à la performance. Nous attribuons les pondérations les plus importantes aux actions dont le potentiel de hausse est le plus élevé au regard de notre estimation de la valeur intrinsèque de l’entreprise concernée. Lorsqu’une entreprise répond à nos critères de qualité mais nous semble surévaluée, nous attendons patiemment l’opportunité de l’acheter à un prix inférieur. 1)K. J. Martijn Cremers et Antti Petajisto, « How Active Is Your Fund Manager ? A New Measure That Predicts Performance », publié par Oxford University Press pour le compte de The Society for Financial Studies (2009), www.petajisto.net/research.html 2)Antti Petajisto, « Active Share and Mutual Fund Performance », Financial Analysts Journal (janvier 2013), www.petajisto.net/research.html 65 Nota Bene : La surperformance attribuée aux gérants dont la part active est importante correspond à la moyenne pour le groupe concerné. Certains gérants dont la part active est importante sont susceptibles de ne pas surperformer leur indice de référence. pat rimoine ( S ) in ve s tir / gou ve r n a nce Gouvernance : Le serpent de mer de la révision du droit de la société anonyme des États, le Conseil fédéral et les Chambres vont délibérer pour accoucher d’un contre-projet qui conférait à l’entreprise une plus grande latitude dans l’aménagement de la structure du capital. Il permettait l’utilisation de médias électroniques pour assurer la préparation et le déroulement de l’assemblée générale, et remplaçait le droit comptable par une nouvelle réglementation. Les révélations sur les rémunérations de départ du CEO de Novartis contribueront à encourager le peuple à plébisciter cette initiative le 3 mars 2013, et à rejeter cette révision du droit de la SA. L’ordonnance actuelle concerne surtout les sociétés cotées et les institutions de prévoyance Dominique Freymond, vice-président de l’Institut suisse des administrateurs (Isade) Les premières interventions parlementaires pour demander au Conseil fédéral d’améliorer le droit suisse dans le domaine du « gouvernement d’entreprise » datent de 2001. La première procé du r e de consu ltat ion ét é l a nc é e e n dé c e m br e 20 05. E t il fallut encore deux ans au Conseil fédéral pour approuver son message concernant la révision du droit de la société anonyme et du droit comptable. Comment l’initiative Minder a tué le projet de révision Le 26 février 2008, l’initiative « contre les rémunérations abusives » est déposée munie de 114 260 signatures valables. Pendant cinq ans, la Commission des affaires juridiques du Conseil Après la votation, le Département fédéral de justice et police (DFJP) rédige une ordonnance qui entre en vigueur au 1er janvier 2014. Elle prévoit notamment que l’assemblée générale vote chaque année les rémunérations des membres du conseil d’administration, de la direction et du conseil consultatif ; les indemnités de départ, les indemnités anticipées et les provisions pour une restructuration au sein du groupe de sociétés sont interdites ; enfin, les institutions de prévoyance devront voter – dans l’intérêt des assurés – sur les propositions énumérées dans l’ordonnance et devront assurer une certaine transparence quant à la manière dont elles exercent leurs droits. Les sociétés anonymes cotées en bourse et les institutions de prévoyance, seules concernées actuellement, essaient d’appliquer au mieux les exigences de l’ordonnance. Elles ont jusqu’à la deuxième assemblée générale suivant le 1er janvier 2014 pour adapter leurs statuts et règlements. La mise en œuvre de l’ordonnance se fait un peu dans le désordre, chacun essayant de trouver le bon équilibre et observant ses voisins… Simonetta Sommaruga, chef du DFJP, remet le métier sur l’ouvrage et l’adapte à l’air du temps Un nouveau projet de révision est rédigé par le DFJP, dirigé par Simonetta Sommaruga, visant à intégrer l’initiative Minder dans la loi formelle. Il reprend également des propositions déjà émises dans le contreprojet de 2013 pour améliorer la gouvernance d’entreprise et les étendre aux sociétés non cotées. Par exemple, les dispositions sur la fondation et sur le capital sont rendues plus flexibles, et le droit de la société anonyme est adapté au nouveau droit comptable. Ce projet ajoute aux thèmes déjà connus deux propositions d’actualité. D’une part, une réglementation sur la transparence dans les grandes sociétés extractrices de matières premières. D’autre part, l’obligation, pour les grandes sociétés cotées en bourse, d’une représentation 66 in ve s tir / go u ve r n a nce de 30 % au minimum de chaque sexe au sein du conseil d’administration et de la direction générale ; ce « quota » devra être atteint dans les cinq ans. Malgré ses qualités, le nouveau projet est très critiqué, par les milieux économiques notamment Le 28 novembre 2014, le Conseil fédéral met son nouveau projet en consultation jusqu’au 25 mars 2015. Ce projet est pris très au sérieux, et ce, en raison de son importance économique : il touche en effet l’ensemble des sociétés anonymes, tant les plus grandes cotées en bourse (SMI), que les petites et moyennes entreprises (PME), que celles-ci soient cotées ou non. Certaines propositions sont bien acceptées, notamment les nouvelles normes afférentes à la structure du capital de la société. Avec quelques réserves, les dispositions légales qui mettent en œuvre l’initiative Minder sont applicables aux PME. Toutefois, la représentation des sexes au sein du conseil d’administration et de la direction, ainsi que les exigences de transparence dans les entreprises de matières premières sont largement refusées. Et ce, notamment parce qu’elles manquent de lien logique suffisant avec le projet de révision du droit de la SA ou représentent des intrusions clairement injustifiées et disproportionnées dans l’autonomie interne des entreprises. Pour des raisons de « sécurité juridique », le DFJP peut alors proposer une version minimale de révision du droit de la SA intégrant l’ordonnance Minder, en y ajoutant les quelques améliorations pragmatiques qui ont été acceptées dans le cadre de la consultation. Par contre, une révision plus en profondeur du droit de la SA incluant des innovations comme le forum des actionnaires, les actions disponibles, les quotas de femmes dans les directions, ne sera pas prête avant deux ou trois ans. Elle devra clarifier certaines règles, simplifier et flexibiliser la gouvernance d’entreprise, ouvrir des opportunités dans le dialogue avec les actionnaires et favoriser une plus grande diversité. Le défi majeur étant de ne pas augmenter inutilement la complexité de la gestion des entreprises, particulièrement des PME. La gouvernance fait des progrès malgré tout ! Les délais évoqués pour cette révision du Code des Obligations n’empêchent pas d’autres avancées. Prenons l’exemple de la diversité des genres qui est déjà largement acceptée dans son principe. De nombreux pays européens ont introduit des quotas à l’instar de la Norvège (40 %), mais aussi la France (CAC 40), l’Allemagne (DAX), l’Italie, etc. Ces dispositions concernent avant tout les femmes au sein des conseils d’administration. En Suisse, le Conseil fédéral a déjà introduit un quota de 30 % dans les conseils des sociétés dont il est actionnaire, qui doit être respecté d’ici fin 2020. Le Canton de Bâle Ville a fait de même suite à la votation populaire du 9 février 2014. LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS UN E INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À Enfin, l’économie privée prend aussi des mesures dans ce sens. Le 21 avril dernier, l’Union patronale suisse, de concert avec les partenaires du projet (dont Triple A Associés pour la Suisse romande), a publié un catalogue détaillé de 400 femmes susceptibles de briguer un mandat d’administratrice, dont 200 sont déjà membres d’un conseil d’administration de grande entreprise. INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. INVITÉ Que va-t-il se passer maintenant ? De notre point de vue, Simonetta Sommaruga ne peut pas proposer une version même légèrement remaniée de son projet aux Chambres fédérales. Il y a trop de thèmes à clarifier, à approfondir et à adapter à la réalité de l’économie suisse, notamment de ses PME. D’autre part, les élections fédérales de cet automne, suivies par l’élection d’un nouveau Conseil fédéral en décembre, font que ce thème ne pourra sérieusement être traité par les Chambres avant la session d’été 2016. 67 DOSSIER 8 CHF L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf pat rimoine ( S ) in ve s tir / immo s c ope Immobilier Prime : les acheteurs internationaux sont de retour Les Ultra High Net Worth Individuals (UHNWI) internationaux semblent donc de retour sur de nombreux marchés, américains mais aussi européens, même si le marché n’est pas encore reparti de façon homogène. Ainsi, en Suisse, selon ce même rapport, qui classe 100 sites prisés des UHNWI, Verbier a connu une hausse de 8 % des prix. Gstaad n’enregistre une augmentation « que » de 2,5 %. En revanche, Genève a vu ses prix baisser de 2 %, Lausanne de 5 %, Zurich de 8 %, la baisse la plus marquée étant enregistrée à Crans-Montana, -15 %, à égalité avec Buenos Aires ! En matière de prix, Genève reste bien évidemment une région onéreuse, classée au 6e rang (5e en 2013) des villes les plus chères pour l’immobilier résidentiel de luxe (biens d’une valeur supérieure à 5 millions de francs). Et pourtant… Dans le segment haut de gamme (représentant environ 22 % des transactions effectuées à Genève en 2014), on observe une baisse de 20 à 25 % des prix depuis 2012. La hausse de la devise en janvier dernier va très probablement fortement impacter ces données en 2015 ! François Moll at du Jourdin, Fondateur de MJ&Cie (Independent Family Wealth Advisors) Selon le We alth Report 2015 de Knight Frank, l’immobilier « prime » dans le monde a connu une progression globale, en valeur, de 2 % en 2014 (contre 3 % en 2013). Une hausse modérée, qui tranche avec l’envolée enregistrée sur plusieurs villes, notamment américaines. Ainsi, le haut de gamme new-yorkais est au sommet, avec un bond annuel de 19 %, faisant craindre une bulle. De son côté, Aspen grimpait de 16 %, San Francisco de 14 % et Los Angeles de 13 %. Parmi les rares villes non américaines ayant connu une telle croissance de leur immobilier de luxe, on relève Bali, Istanbul (+15 %) et Abou Dhabi (+14,7 %). Sur le marché des bureaux, le nombre de surfaces mises en location est actuellement élevé. Mais la quantité raisonnable de permis de construire délivrés annonce une baisse à moyen terme des nouvelles surfaces. Dans toutes les régions, particulièrement à Genève et Zurich, les loyers pourraient ainsi être amenés à baisser. La Suisse continue néanmoins à s’affirmer comme un marché immobilier attrayant Les investisseurs internationaux continuent de priser le marché helvète en raison de la stabilité politique et économique du pays, même si les possibilités de rendement y sont souvent moindres qu’à l’étranger. Dans le contexte économique actuel, marqué par des flux d’argent importants et des taux d’intérêts faibles, pour des résultats économiques « acceptables », l’immobilier en Suisse continue d’être regardé comme une valeur refuge. « Ces dernières années, ce sont surtout les Européens qui se sont intéressés au marché suisse, Allemands et Anglais en tête, suivis par des acheteurs des pays d’Europe de l’Est ». En France, les chiffres des notaires sur 2014 constatent toujours une baisse des prix, même si elle tend à ralentir. Du côté des transactions, on a observé un léger mieux à Paris : les ventes ont en effet très légèrement crû de 2 % sur un an. Mais par rapport à la moyenne de la période faste de 1999-2007, l’activité est encore en retrait de 25 %. Les prix de l’immobilier prime parisien ont quant à eux reculé de 3,5 % en 2014, mais l’activité semble marquer un retournement. 68 iin ve s tir / immo s c ope S'étant tenus éloignés du marché parisien ces dernières années, les étrangers paraissent désormais opérer leur grand retour. Un retrait qui ne se cantonnait d'ailleurs pas à la seule capitale mais pouvait être observé sur l'ensemble du territoire. À l'échelle française, entre 2012 et 2013, le nombre de transactions opérées par des étrangers non-résidents s’était ainsi replié « Ce s de r niè re s a n née s , ce s o n t s ur t o u t le s Europée n s qui se s o n t in té re s sé s au marché s uis se , Alle ma nd s e t A n gl ais e n tê te , s uivis par de s ache te ur s de s pay s d ’Europe de l’E s t. » de 13 %. Mais Paris a toujours su jouer de ses charmes auprès de ces acheteurs. Un jeu de séduction qui semble aujourd'hui porter ses fruits, la part des transactions conclues en faveur d'acheteurs étrangers s'établissant en 2014 à 8,3 %, contre 6,3 % en 2010. Si le premier semestre 2015 ne laisse donc pas encore apparaître de signes vigoureux de reprise, une stabilisation paraît s’être opérée, et le retour des étrangers, tant sur le résidentiel que dans l’investissement commercial, peut être perçu comme un signe encourageant. Mais la rareté prévaut toujours, qui ne doit jamais empêcher la sélectivité Créé en 2001 à Paris, MJ&Cie intervient comme coordinateur global de grands patrimoines privés internationaux. Constitué d’une équipe pluridisciplinaire, ce family office place au coeur de son activité l'alignement d’intérêts avec ses clients. ll travaille en partenariat avec les prestataires historiques de ses clients (banquiers, avocats, experts comptables,…). Après Paris, puis la mise en place d’un correspondant au Moyen Orient, MJ&Cie a ouvert en 2014 un bureau à Genève afin de capitaliser sur les ressources et les savoir-faire internationaux en matière de gestion de patrimoines offerts par la place de référence helvétique. » INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À Concernant les nationalités animant ce marché, les Italiens occupent le devant de la scène en s'adjugeant 16,6 % des transactions opérées par des étrangers. Loin derrière avec 6,7 %, les Britanniques ne font que modérément écho à l’activisme italien et font pâle figure au regard du nombre d’investisseurs français Sur un marché fortement concurrentiel en raison d’une offre limitée, les capitaux actuellement en circulation sont plus que jamais en quête de gros volumes, notamment de portefeuilles qui permettent aux nouveaux entrants d’atteindre rapidement une taille de patrimoine critique et offrent une mutualisation du risque. E Les Italiens en tête, les Américains de retour En dehors du résidentiel, et avec € 14,6Mrd à fin septembre, les montants investis dans l'immobilier d'entreprise en France sont en hausse de 33 % sur un an. Les grandes transactions ont continué de se multiplier, confirmant l’attrait du marché hexagonal et l’afflux de capitaux français et étrangers grâce à un environnement de taux d’intérêt extrêmement favorable et au retour des financements. UN Après avoir fui une fiscalité de plus en plus lourde, les étrangers retrouvent le goût de l'achat, aidés en cela par des prix passés sous la barre des 8000 €/m². Du 3e trimestre 2012 au 4e trimestre 2014, le prix des appartements a baissé de 5,6 % dans Paris. Néanmoins, et ce n'est évidemment pas une surprise, certains micromarchés parisiens connaissent des fortunes diverses. Le 7e arrondissement et ses 18 % d'acheteurs étrangers, mais également le 4e (16,3 % d'acquéreurs étrangers) ou encore le 1er arrondissement (14,6 %) l’illustrent parfaitement. outre-manche, largement représentés à Londres en particulier. Quant aux Américains, ils profitent d'une dévalorisation de l'euro face au dollar pour revenir dans la course (6,5 % des ventes aux étrangers). Ce rééquilibrage monétaire permet aux Américains d'afficher un gain de pouvoir d'achat de l'ordre de 30 à 35 %. INVITÉ ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/ 8 éditions pour 109 chf 2 ans/ 16 éditions pour 188 chf 8 CHF DOSSIER L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE 69 pat rimoine ( S ) in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag La Grèce : dedans ou dehors ? La dette en pourcent du PIB paraît plus élevée quand le PIB est petit. Ainsi, vous trouverez surprenant peut-être, le fait que ce sont les ÉtatsUnis qui sont les plus endettés au monde en dollars, dépassant de 40 % la dette du Japon. La Grèce, pour ainsi dire, ne joue pas dans la même cour : son PIB, relativement peu élevé, ne représente que 1,8 % du PIB nominal de la zone euro, et l’encours de sa dette brute s’élève à 3,4 % de Classement pays, poids de la dette par habitant, 2014 Dette brute Rang Pays Dette par habitant, usd Pib à prix des administracourants 2014, tions publiques rapportée au mdusd Population 2014 Elena Budnikova pib, 2014, % Marie Owens Thomsen, Membre de l'ISAG, Chef-Economiste au Crédit Agricole Private Banking Suisse Si la situation de la Grèce est l oin d’êt r e posi t i v e , l a m ise en perspective de son endettement et la prise de distance par rapport au battage médiatique permettent d’appréhender avec moins d’émotion la situation. (In)Solvabilité Un endettement excessif n’est pas chose souhaitable, personne ne dira le contraire. Il faut bien admettre pourtant que certaines économies croulant sous les dettes se portent relativement bien. Le Japon, par exemple, affiche le ratio de dette brute rapportée au PIB le plus élevé au monde : 242,3 %, contre 174 % pour la Grèce (au 31 déc. 2014, Bloomberg). Or n’est-ce pas le niveau de vie des Grecs qui, de loin, est le plus menacé des deux ? 1 Japon 99 725 5 228,5 242,3 127,1 2 Irlande 60 356 231,6 121 4,6 3 USA 58 604 17 437,9 107,3 319,3 4 Singapour 56 980 296,0 106,2 5,5 5 Belgique 47 749 527,8 101,2 11,2 6 Italie 46 757 2148,0 133,1 61,2 7 Canada 45 454 1 886,7 85,6 35,5 8 France 42 397 2862,5 94,8 64,0 9 Royaume Uni 38 938 2627,4 95,3 64,3 10 Suisse 38 639 671,9 46,6 8,1 11 Autriche 38 621 440,0 74,8 8,5 12 Grèce 38 444 248,2 174 11,2 13 Pays-Bas 37 233 830,0 75,6 16,8 14 Allemagne 35 881 3747,1 78,1 81,6 15 Norvège 34 910 527,0 34,1 5,2 16 Espagne 30 031 1394,4 99,1 46,0 17 Finlande 29 930 274,0 59,8 5,5 18 Danemark 28 778 338,1 47,8 5,6 19 Portugal 26 7w70 227,0 125,3 10,6 20 Suède 25 155 578,9 42,2 9,7 Source : Bloomberg, Crédit Agricole Private Banking 70 in ve s tir / l a t rib u ne de l’is ag la dette de la zone euro (Eurostat, 2014). La dette grecque en dollars n’occupe « que » le 11e rang mondial, et en poids par habitant, elle se place 12e, derrière, étonnamment, la Suisse. Regardons les choses sous un autre angle : entend-on beaucoup parler de la dette abyssale de Porto Rico ? L’île doit quelque 73 milliards de dollars à ses créanciers, quatre fois l’encours qui a fait basculer la ville de Detroit dans la faillite il y a deux ans, « seulement » 0,6 % de la dette américaine (pour un PIB de proportion similaire). La comparaison avec la Grèce est cependant quelque peu injuste, puisqu’en termes de PIB, la Grèce pèse plus lourd dans l’économie de la zone euro, que Porto Rico dans celle des ÉtatsUnis. N’est-il pas étonnant que Porto Rico traverse une telle crise sans causer véritablement de remous ? Notons enfin que de 1990 à 2009, les transferts fiscaux des États-Unis vers Porto Rico se sont élevés à 291 % du PIB 2009 de l’île (The Economist, août 2011), c’est-à-dire presque trois fois son PIB. Une capitulation partielle ou totale ? Les banques grecques souffrent. Les retraits de capitaux se sont récemment accélérés au point que l’on peut craindre un phénomène de ruée vers les guichets et, dans son sillage, la faillite de grandes banques (voir graphique ci-après). N’ayant pas à lui seul les moyens de les renflouer, le gouvernement ne pourrait compter dans cette éventualité que sur le système européen de gestion de la crise, pour lequel une adhésion aux réformes énoncées serait bien évidemment une condition sine qua non. Cette issue reviendrait pour le gouvernement Tsipras à balayer entièrement ses promesses électorales. Un défaut unilatéral de la Grèce provoquerait immanquablement une ruée vers les guichets. Le pays ne pourrait plus que mettre en place un contrôle des capitaux, accepter le plan d’aide de l’UE et subordonner ses politiques aux règles européennes. Il y a fort à parier que les dirigeants grecs trouvent cette perspective bien plus amère que la recherche d’un compromis avec les créanciers, qui permettrait de sauver la face en se résignant à une capitulation, non plus totale mais partielle. iConseil.ch va vous aider à développer votre stratégie de communication en améliorant votre image, à vous présenter de manière à convaincre. Adapter votre image à votre mode de vie, aborder certains changements avec un nouvel élan et un dynamisme. C’est un investissement dans la réussite professionnelle et personnelle. CONSEIL EN IMAGE, RELOOKING, ACCOMPAGNEMENT SHOPPING iConseil.ch met toutes ses prestations haut de gamme à votre disposition. 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Le désastre serait tel qu’on imagine difficilement qu’il puisse même avoir lieu. « L a Grèce e s t c o nfro n tée à u n problè me de s olvabilité , c ’e s t inc o n te s table , mais p o ur l’he ure , elle ma n que de liq uidité s ava n t t o u t. » Un défaut négocié impliquerait de réviser l’échéancier des remboursements, et peut-être d’inclure un moratoire sur le paiement des intérêts, en contrepartie d’un engagement sur un calendrier de réformes. Sachant que les obligations grecques se négocient déjà à une forte décote, les pertes seraient sans doute limitées. C’est donc bien là, pour chacune des parties, le scénario le plus favorable. Pourquoi alors n’a-t-il pas encore été adopté ? La réponse est à chercher du côté du « moral hazard », le fameux risque moral décrit en son temps par Adam Smith. Aléa moral et capital politique Accorder à la Grèce la possibilité d’annuler sa dette sous quelque forme que ce soit risque en effet de perturber le fonctionnement de la zone euro, incitant ses autres membres en crise à réclamer un traitement similaire, voire les encourageant à transgresser les règles, puisque ne s’en suivrait apparemment aucune sanction. Ajoutons que la remise de dette n’a aucun bénéfice électoral. Les États-Unis se sont posés exactement la même question à propos de la dette hypothécaire (et se la posent encore, mais dans une moindre mesure). Ainsi, une solution simple à la crise du logement aux États-Unis aurait été d’annuler une part de l’encours. Une solution simple, mais politiquement hors de question. Les États-Unis ont préféré instaurer des garanties étatiques opaques, toujours en vigueur, sur presque la totalité de l’encours, une option dont les électeurs ont et auront toujours du mal à identifier et plus encore à calculer le coût. Décevant, certes, mais le pragmatisme l’emporte sur la stratégie du bord de l’abîme. DÉPÔTS DANS LES BANQUES GRECQUES DU SECTEUR PRIVÉ, MDEUR 0.24M GDEPBBH Index - last price: 0.139M 0.22M 0.20M 0.18M 0.16M 0.14M MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC MAR JUN SEP DEC 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 GDEPBBHH Index (Greece Domestic Deposits Households And Businesses) Greece Depos Source : Bloomberg, Crédit Agricole Private Banking 72 APPUIE SUR EN DIRECT OU EN REPLAY: TOUTE L’OFFRE VIDÉO DE LA RTS À PORTÉE DE MAIN RTS.ch/play pat rimoine ( S ) in ve s tir / b u sine s s a n gel s s wit ze rl a nd smixin : la révolution du lavage de mains Elena Budnikova lieu pendant un repas), le calme s’est fait dans la salle, et Denis Crottet, l’entrepreneur en chef de Smixin et co-directeur actuel, a enfin capté toute notre attention. FRANK Gerritzen, Président Suisse romande, BAS Et voilà Smixin qui en 2009 vient au BAS présenter, à un stade de concept, une « borne » de lavage de mains. D’abord, nous nous sommes gratté la tête : qu’est-ce qu’il pourrait bien y avoir à raconter sur le lavage des mains ? Avec l’arrivée des épidémies de Sars et autres maladies hautement contagieuses, nous avons vu l’arrivée de petites bouteilles de gel désinfectant dont de nombreuses personnes, voyageurs surtout, sont devenues adeptes (en fait, addicts !). Il y a des toilettes, de l’eau, du savon partout dans les pays occidentaux. Que peut-on bien amener de plus à une fonction qui depuis la fin du 19e siècle, avec la découverte des microbes, a fait ses preuves ? Notre attention, toujours prête à s’échapper lors de présentations de nouveaux projets (pauvres entrepreneurs !), a d’abord été retenue quand on a mentionné Elmar Mock, co-inventeur de la Swatch et fondateur de la « fabrique d’innovation » Creaholic. Smixin était l’un des bébés de ce bureau d’études, dont les fondateurs et dirigeants sont des « serial innovateurs ». Ils bûchaient depuis quatre ans pour révolutionner le lavage de mains. Une fois l’attention de l’audience BAS captée, quelques fourchettes se sont posées (nos réunions ont Maintenant nos lecteurs veulent aussi en savoir plus : que fait Smixin et pourquoi est-ce intéressant ? Smixin a développé et breveté (très breveté devrions-nous préciser) un système composé d’un produit et de recharges (Nespresso™ anyone ?) qui permet le mélange d’eau et de savon en proportions idéales permettant un lavage de main efficace et économisant jusqu’à 90 % d’eau. Avec 1 dl d’eau vous vous lavez ET vous vous rincez les mains. Faites le test à la maison et nous vous défions d’y arriver. D’ailleurs, une fois que l’on parle d’économies d’eau, pour ceux qui s’intéressent, au hasard, à ce qui se passe en Californie, les oreilles se dressent. Mais l’économie de savon est aussi substantielle (60 %), car l’art réside dans l’optimalisation du mélange eau-air-savon. Point non négligeable, il en résulte un sentiment soyeux lors du lavage des mains mais aucune frustration de sentiment de manque d’eau. Résumons donc, Smixin arrive à délivrer une qualité de lavage de mains supérieure au lavage classique, de façon plus hygiénique (pas de savonnette à la couleur douteuse avec quelques poils collés dessus) et ce, en réduisant d’un facteur 10 la consommation d’eau. De plus, grâce à une version mobile, pas de branchement obligatoire au réseau d’eau. Hygiène garantie, geste aisé. Et surtout, la corrélation entre la disponibilité et la proximité d’un point de lavage et son usage sont très forts. Malgré les commentaires encourageants de l’époque – « projet séduisant mais encore au stade du concept » – « Bon business model (captif) » « Excellent projet, appelez-moi ! » - « Très bonne présentation » - « Produit intéressant » - juste un projet et un brevet ne nous convainquaient pas suffisamment. Alors Denis Crottet a repris sa présentation, est retourné dans son laboratoire et a continué à travailler. Comme nous avions bien aimé le projet, nous l’avons réinvité quelque trois ans plus tard, et là, le coup de foudre. Claude Papas, membre du BAS, actuellement dans le conseil d’administration de Smixin, a pris la due diligence en mains et sa conviction a enthousiasmé de nombreux membres du BAS qui ont finalement investi. Les applications sont maintenant cristallisées et Smixin poursuit les marchés suivants : -La restauration rapide : plusieurs restaurants KFC à Hong Kong – vous savez, le poulet frit que l’on mange avec les mains – ont acheté le produit et l’utilisent avec succès depuis l’année passée. Comme toujours, mettre le pied dans une chaîne et devenir un fournisseur officiel change les règles du jeu. L’avantage pour ces restaurants est un service amélioré, le client n’a pas besoin d’aller aux toilettes pour se laver les mains ou 74 in ve s tir / b u sine s s a n gel s s wit ze rl a nd de surconsommer des serviettes humides (qui ont leur coût au final), il ressort avec un vrai sentiment de propreté. - Les bureaux : à côté de la machine à café et du distributeur d’eau, la borne pour se laver les mains permet une forme de socialisation améliorée tout en aidant à minimiser les épidémies de grippe, et ainsi contribuer à réduire les absences pour cause de maladie. - Le marché de la publicité : comme nous l’avons vu dans les années 80, les annonceurs cherchent des supports et des services différents pour la publicité : Decaux s’est rendu célèbre avec les toilettes publiques à Paris. Dans un marché basé sur l’appel d’offres, la différentiation est le maître-mot. - Le dernier marché, plus complexe à aborder car affligé de cycles de vente très longs, est celui de l’aviation. Pour les constructeurs aéronautiques, le poids, donc la quantité d’eau, est un enjeu réel qui se traduit directement en monnaie sonnante et trébuchante aussi bien pour des questions de poids que de place. En plus de ces 4 marchés principaux, il existe évidemment aussi celui des applications industrielles et de l’OEM1. Smixin est dans une phase de croissance intense et a commencé l’industrialisation de la production, ce qui représente pour toute jeune entreprise un défi en soi : terminé le bricolage, des clients attendent les livraisons, ils attendent un produit fiable et on ne peut plus se permettre des maladies de jeunesse. Mais le fait d’être à ce stade est déjà une reconnaissance en soi. Comme rien n’est simple dans la vie, les obstacles qui entravent une croissance linéaire de Smixin sont que l’utilisateur n’est pas l’acheteur et pour l’acheteur, ce n’est pas un « core business » mais un service annexe amené aux clients. Il faut le convaincre qu’offrir ce service permet de mieux satisfaire et fidéliser ses clients. Smixin a de beaux jours devant elle, mais aussi des défis, à commencer par une levée de fonds2 pour financer l’industrialisation de la production, phase si délicate. Pour quiconque s’y intéresse : www.smixin.com 1)Original Equipment Manufacturer 2)Les membres du BAS à eux seuls ont investi plus de CHF 600 000.- dans Smixin Horizon Corporate Finance Votre partenaire pour des transmissions d’entreprise réussies « Sans langage commun, les affaires ne peuvent être conclues » Confucius cours des Bastions 3 bis CH — 1205 Genève [email protected] www.horizoncorpfin.ch 75 in ve s tir / b u sine s s a n gel s s wit ze rl a nd 6 questions à Denis Crottet, co-directeur de Smixin : Le lavage des mains est un acte tellement banal, du moins sous nos latitudes, comment arrivez-vous à intéresser des prospects pour un service auquel vos clients potentiels ne doivent pas réfléchir longtemps ? Au contraire de ce qu’on pourrait penser, le fait d’apporter une innovation de rupture dans un acte aussi banal intrigue et interpelle les gens. On se dit que ce n’est pas possible de révolutionner le lavage de mains. Et lorsqu’une personne expérimente notre système pour la première fois, il reste bluffé de la sensation agréable avec si peu d’eau. En fait, Ωutiliser le système Smixin doit être une expérience inoubliable, car beaucoup de personnes l’ayant essayé me disent qu’elles y pensent à chaque fois qu’elles se lavent les mains dans un lieu public. Quel marché est à votre avis le plus prometteur, en termes de volume et de chiffres d’affaires ? Denis Crot tet Comment avez-vous vécu le fait de présenter une première fois au BAS sans succès ? Plutôt sereinement. Lorsqu’on recherche des fonds pour un projet start-up, il est évident qu’il faudra multiplier les contacts et les présentations afin d’avoir une ou deux réponses positives au final. Cela fait partie de l’aventure entrepreneuriale. Le fait que les commentaires soient très positifs était pour moi le plus important. Du moment qu’un groupe d’investisseurs trouve le projet intéressant, mais pas encore assez mature, cela est plutôt encourageant. Et la question qui est forcément liée, le fait d’être réinvité ? Très fier. Cela confirmait donc mon appréciation initiale. Le fond du projet était bon la première fois, il fallait donc montrer les progrès, la maturité, que c’était le moment d’investir. Ce qui s’est passé. En fait cela dépend à quel horizon nous regardons. À long terme, c’est probablement le système compact, en tant que remplaçant des robinets dans tous les lieux publics, professionnels et autres. Mais il est trop tôt pour faire face à une structure de marché plus qu’établie avec des entreprises centenaires. C’est pourquoi nous avons opté pour une stratégie en deux étapes, tout d’abord offrir une nouvelle catégorie de produits, des unités de lavage de mains, pour des lieux bien ciblés. Ces segments sont déjà très intéressants pour notre rentabilité. Une fois que le système est connu, il sera alors possible de croître de manière encore plus importante sur les marchés de masse. La composante « écologique », économie d’eau, est-elle vraiment un argument ou est-ce juste un objet pour se donner bonne conscience (pour Smixin ainsi que pour les clients) ? Il est évident que Smixin seul ne sauvera pas le monde. Mais il y contribue. Le système Smixin fournit un résultat optimal avec une utilisation minimale de ressources. La définition même de l’efficience. Ce n’est donc pas « pour se donner bonne conscience », mais une approche naturelle et logique. Et pas seulement sur un plan technique ou écologique. L’utilisation optimale des ressources n’est-elle pas l’une des règles économiques de toute entreprise ? Votre identification à Creaholic / Elmar Mock n’est-elle pas un peu restrictive ? En d’autres termes, ne pensez-vous pas ne plus avoir besoin de cette référence pour être crédible ? Ce n’est pas une question d’identification, mais une question d’origine. Oui, nous venons d’un terrain fertile en termes d’innovation et nous le revendiquons. Nous avons hérité d’un bagage important et nous l’amenons plus loin. Nous construisons donc sur des fondations larges et solides, ce qui ne restreint pas les édifices qu’il est possible d’y construire. Au contraire, cela ouvre beaucoup de perspectives. 76 and sometimes we sleep… CRéA VANKSEN ORANGE SIG GRANDOPTICAL DANONE NESTLé FISKARS HEINEKEN ENTREPRISE PUREVIA BIC FANTA ROCHAS CITROËN PLAYSTATION L’ORéAL MAVIC Agence de communication digitale native ContaCt : 022 306 49 90 | [email protected] | vanksen.ch | facebook.com/vanksen | twitter.com/vanksen | pinterest.com/vanksen pat rimoine ( S ) in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING Des résultats positifs grâce à l’effet de change notamment grâce à la bonne tenue des marchés actions. Les indices « risque modéré » et « risque faible » enregistrent respectivement +0,43 % et + 0,17 %. Alors que le baromètre conjoncturel du KOF affichait une légère progression en mai à 93,1 points, les données trimestrielles de croissance du PIB décevaient les investisseurs. Après treize trimestres de hausse pour l’économie suisse, le PIB s’est en effet contracté de -0,2 %, suite à la fin du taux plancher EUR/CHF. Elena Budnikova La reprise du billet vert Alain Freymond, Associé BBGI Group Les indices BBGI Private Banking en francs suisses profitent en mai d’un effet de change positif, le billet vert gagnant +0,85 % sur le franc suisse au cours de la période. Les trois stratégies enregistrent par ailleurs des résultats légèrement positifs sur le mois. L’indice « risque dynamique » s’affiche en tête (+0,69 %), L’effet de change favorable, soit la reprise du dollar, s’explique par la publication de données positives pour l’emploi US et la hausse de l’inflation (+0,3 % en avril) : l’objectif de la Fed n’est en effet plus si loin, laissant craindre une prochaine remontée des taux d’intérêt. Du côté des classes d’actifs, l’immobilier international (-0,57 %) et les matières premières (-1,16 %) limitaient leur correction, tandis que les obligations internationales cédaient -1,52 % en CHF. Le private equity, au contraire, progressait de +3,08 % et la gestion alternative parvenait à enregistrer +1,11 %. Les actions suisses gagnent +1,84 % et les actions internationales +1,19 %. Enfin, les obligations helvétiques parvenaient tout juste à rester en terrain positif (+0,17 %). Au regard des performances depuis le début de l’année, les actions suisses, auparavant talonnées par les obligations suisses, occupent la place de meilleur contributeur depuis deux mois. Elles progressent désormais de +5,88 %, creusant leur écart avec les obligations suisses (+2,98 %). Performances du mois de mai 0,8% 0,17% 0,43% 0,69% 0,7% 4% 0,17% 1,84% 1,19% 3,08% 1,11% 3% 0,6% 2% 0,5% 0,4% 1% 0,3% 0% 0,2% -1% 0,1% -1,52% -2% 0% PB LOW RISK PB MEDIUM RISK PB DYNAMIC RISK OBLIGATIONS CH OBLIGATIONS INT. 78 ACTIONS CH ACTIONS INT. PRIVATE EQUITY GESTION ALTERN. -0,57% -1,16% IMMOBILIER INT. MATIÈRES PREMIÈRES in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING En mai, les obligations internationales ont obtenu la moins bonne performance du mois (-1,52 %, pour rappel), dans un contexte international marqué par les inquiétudes continues quant à la capacité de la Grèce à rembourser l’intégralité de sa dette. Ainsi, en raison d’une pondération moins importante de cette classe d’actifs dans l’indice BBGI Private Banking « risque dynamique », celui-ci arrive en tête en mai. Il progresse ainsi de +0,69 %, suivi des indices « risque modéré » (+0,43 %) et « risque dynamique » (+0,17 %). L’impact de la volatilité Depuis le début de l’année, les fonds de placement observés obtiennent des performances positives mais peu affirmées, conséquence d’une forte volatilité des marchés. Les fonds de placement présentant un niveau de risque élevé arrivent en tête avec une moyenne de +1,11 %, suivis de performances de +1,06 % pour la catégorie « risque modéré » et de +0,14 % pour les fonds de placement les moins risqués. En hausse de +0,64 %, l’indice BBGI Private Banking « risque faible » affiche la plus grande surperformance sur l’univers de fonds de placement correspondant (près de 50 PDB). Sur dix ans glissants (mai 2005 – mai 2015), les trois indices BBGI Private Banking obtiennent des performances proches les unes des autres avec +3,36 % pour l’indice « risque dynamique », +3,37 % pour l’indice « risque modéré » et +3,29 % pour l’indice « risque faible ». La moyenne des fonds caractérisés par un niveau de risque faible atteignant un résultat de +1,60 % sur la période, l’écart de performance entre les résultats de l’indice « low risk » et la progression moyenne de ces fonds atteint près de 170 points de base. Groupe ams, Un partenaire d’expérience expertise comptable expertise fiscale conseil et gestion audit missions spéciales Av. Cardinal-Mermillod 36 CH — 1227 Carouge www.societefiduciaire.ch 79 tél. + 41 22 308 45 00 fax + 41 22 308 45 01 [email protected] in ve s tir / INDICES BBGI PRIVATE BANK ING Votre portefeuille le mois dernier, depuis le début de l’année et sur dix ans Indice BBGI Private Banking « risque faible » (ipbl) Indice BBGI Private Banking « risque modéré » (IPBM) Mai IPBL 0,17 % Moyenne des fonds -0,01 % écarts en PdB 17,471 YTD 0,64 % 0,14 % 10 ans 3,29 % 1,60 % Mai ipbm 0,43 % Moyenne des fonds 0,29 % écarts en PdB 14,312 49,873 YTD 0,72 % 1,06 % -33,70 169,68 10 ans 3,37 % 2,25 % 111,85 Mai ipbd 0,69 % Moyenne des fonds 0,46 % Écarts en PdB 23,230 YTD 0,75 % 1,11 % -35,55 10 ans 3,36 % 2,52 % 83,340 Indice BBGI Private Banking « risque dynamique » (IPBD) *L’univers de fonds suisses est constitué de fonds diversifiés, regroupés en trois catégories de risques correspondant aux indices BBGI Private Banking. Ces trois univers ont été constitués sur la base des indications fournies par les promoteurs des fonds et des allocations d’actifs publiées. Relevons que, au contraire des fonds, les indices BBGI n’incluent pas de frais de transactions. Sans être totalement exhaustifs, ces univers sont représentatifs du marché suisse des fonds destinés au public. Les compositions détaillées des univers et des indices sont disponibles auprès du service de recherche de BBGI Group (022 595 96 11). 80 Ondes pOsitives www.onefm.ch · www.facebook.com/onefm.ch 107.0 Genève · 107.2 Lausanne · 107.9 nord-vaudois · 99.3 riviera · 97.0 Yverdon-Les-bains, PaYerne INVITé Le prisme d’une vision familiale Entretien avec DANIEL MORI, CEO de VISILAB Cela fait 100 ans que la première génération des familles de Toledo et Mori a créé la Pharmacie Principale à Genève, à l’origine du groupe GPPH, qui a fondé aujourd’hui VISILAB. L’histoire de VISILAB quant à elle, commence un peu plus tard, dans les années 1980. Son fondateur, Daniel Mori, alors étudiant aux États-Unis, y découvre le processus visant à accélerer la fabrication des verres optiques en décentralisant la production dans les magasins mêmes, tout en préservant la qualité. C’est de retour à Genève en 1988, qu’il ouvre son tout premier magasin, qui révolutionnera le marché suisse de l’optique en proposant la fabrication des lunettes en 1 heure seulement. « le rôle d ’u ne e n t re prise ne se b or ne pa s à l’a s pec t éc o n omique » 83 INVITé Comment les arbitrages entre les intérêts de la famille et ceux de l’entreprise se font-ils ou se préparent-ils, notamment le passage du relais aux jeunes générations ? Nous avons régulièrement des réunions formelles et informelles d’actionnaires familiaux. Celles-ci permettent de discuter de tous les thèmes souhaités et de trouver ensemble des solutions pour concilier intérêts familiaux et intérêts Il y a cl aire me n t u n e s prit de famille propice à l’e n t re pre ne uriat professionnels. Cette structure est très importante pour améliorer la transparence et donc la confiance. Nous organisons également, de façon plus épisodique, des réunions destinées aux jeunes générations. Est-ce toujours une force ou parfois une faiblesse d’être une entreprise familiale ? Comme dans toutes choses, il y a des points forts et des points faibles. Mais je vois plus d’avantages que d’inconvénients : comme je vous le disais, l’entreprise familiale permet une vision à long terme, ce qui se ressent dans la façon de la gérer. C’est grâce à cela que, dans une entreprise comme la nôtre, nous sommes en mesure de faire des concessions sur le court terme et ainsi consolider la position de l’entreprise sur la durée. Économiquement parlant, les entreprises familiales sont mieux équipées pour faire face à des pressions conjoncturelles, car elles savent qu’elles peuvent davantage tenir leur projet à long terme, ce qui va guider leurs actions. Votre grand-père, Sam Mori, était l’un des fondateurs de ce groupe. Que signifie pour vous le concept d’entreprise familiale ? Pour moi le concept d’entreprise familiale s’inscrit dans le temps. Il est indissociable d’une forme de continuité trans-générationnelle. Dans notre cas, c’est une épopée qui a commencé au début du 20 e siècle et qui a encore de bonnes perspectives. Dans ce contexte, la notion d’individu s’efface au profit d’une structure pérenne. L’apport individuel reste évidemment valorisé, mais en ce qu’il œuvre dans le sens d’une culture liée à la fois à une famille et une entreprise. Côté privé Musique la plus appréciée : Soul et R&B Film ou acteur/trice préféré : Marylin Monroe L’esprit de famille est donc un élément de succès de l’entreprise ? Personnage historique de référence : Henri Dunant Livre de chevet : Kotler « Marketing management » Oui, il y a clairement un esprit de famille propice à l’entrepreneuriat. Même si c’est implicitement, celui-ci se ressent et se transmet au travers de certaines valeurs et de certains comportements. En revanche, les sensibilités de chaque membre de la famille s’expriment pleinement dans les compétences spécifiques de chacun. On peut dire que jusqu’à présent cela nous a bien réussi. Lieu d’inspiration : La baignoire Ville préférée : Genève Souhait le plus important : Favoriser le développement de l’entreprise et participer au bien-être de la collectivité. 84 INVITé VISILAB soutient plusieurs causes, comme la Fondation Theodora, la distribution de lunettes dans les pays défavorisés, mais aussi la formation et le sport. Comment se déterminent et s’articulent les choix stratégiques dans ces domaines ? classés dans le top 10 au niveau mondial. C’est quand même exceptionnel, pour un petit pays comme le nôtre, et le tennis mérite donc qu’on s’y intéresse. Je pense qu’il est important d’encourager la pratique de ce sport, très attractif pour nos jeunes, et c’est pourquoi nous sommes très fiers de pouvoir compter Stan Wawrinka parmi nos ambassadeurs. \ UN Je pense que le rôle d’une entreprise ne se borne pas à l’aspect économique. Elle a nécessairement un rôle à jouer au niveau social et humanitaire, en tout cas c’est ce qui correspond à notre philosophie. Pour nous la récolte et la distribution de lunettes aux populations défavorisées était une évidence. Pour le reste, nous plaçons au premier plan le soutien aux professions de santé. E Quant au sport, pourquoi le tennis ? Par inclination personnelle ? LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS Je pratique le tennis, mais ce n’est pas cela qui m’a poussé à être actif dans ce domaine. Le tennis est un sport très populaire en Suisse et très pratiqué. Il bénéficie d’une excellente image, notamment grâce à nos deux joueurs, ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf 85 INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT 8 CHF ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN E NC IS NA FI DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. INVITÉ DOSSIER L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Immobilier : 13 acteurs d’influence On qualifie d’« immobilier », un bien ou un objet qui ne peut être déplacé : la racine latine im-mobilis est la négation de l’adjectif latin mobilis qui signifie « qui peut être mû ou remué ». Or le marché immobilier est tout sauf « immobile », en tout cas si l’on en croit les acteurs de ce 8e « market influence index ». Perspectives pour l’avenir ? Dans le désordre : densification de la construction, changement dans les rapports de communication, innovations technologiques et informatiques sont les maîtres mots d’un futur qui s’annonce prometteur. 86 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Bernard Nicod Fondateur et Directeur général de Bernard Nicod Diplômé en gestion économique, Bernard Nicod vécut sa première expérience du bâtiment à l’âge de 7 ans, passionné par le travail d’un architecte. Il a depuis fondé une dizaine de sociétés et neuf filiales qui constituent le Groupe Bernard Nicod, dont il est le Directeur général. « Avoir de l’influence, c’est être capable d’orienter les idées, les comportements, les produits fabriqués en fonction d’une vision du monde et de la société. Il existe des métiers d’influence : l’enseignement, la communication, la politique. Pour les autres, c’est dans le réseau né de leurs activités professionnelles, qu’on peut parler d’influence, dans leur milieu d’abord, puis au-delà, auprès de relais dans d’autres milieux ou au sein de l’opinion. L’influence repose sur la reconnaissance d’une expertise, d’une réussite, dans un domaine particulier. Autrement dit, sur le travail, sur les compétences acquises au fil du temps qui vous permettent d’analyser correctement une situation, de prévoir ce qui va se passer et de décider rapidement. L’influence se mesure au résultat obtenu. Quand vous arrivez, grâce au combat mené avec d’autres, à faire adopter en votation populaire une tour de 117 mètres dans le quartier des Cèdres, J’acc orde be auc o up d ’imp or ta nce au re s pec t de l a parole d o n née . à Chavannes-près-Renens, c’est une réussite évidente. Mais, bien sûr, il y a aussi des échecs. La transmission de ses connaissances est la tâche essentielle d’un patron. C’est tellement évident qu’on le fait pratiquement sans y penser. J’y consacre sans doute - à ma manière - à peu près deux tiers de mon temps : auprès de mes collaborateurs, de mes partenaires, de mes contacts. L’exemple est la meilleure manière de promouvoir les valeurs auxquelles on croit. Travail, compétence, efficacité, sont les valeurs indispensables à la réussite d’une affaire. Mais il y a d’autres valeurs auxquelles j’accorde beaucoup d’importance : l’attachement au pays et la défense de ses intérêts, par exemple, ou le respect de la parole donnée. Tous ceux qui me connaissent le savent. Ma présence médiatique peut parfois être utile, non seulement au développement de mon entreprise, mais aussi à la compréhension des conditions qui permettent au secteur immobilier, et à l’économie en général, de bien fonctionner. Ce n’est pas facile dans une ambiance de plus en plus émotionnelle où les gens finissent par croire qu’on peut construire plus de logements en multipliant les lois. Alors que c’est le phénomène inverse qui se produit partout où les régimes en place ont pris ou prennent ce chemin. J’essaie – c’est en tout cas mon but – de mettre sur le marché des biens immobiliers qui ne répondent pas seulement au besoin de se loger. L’esthétique, le confort, le meilleur rapport qualité-prix possible, l’aspect durable du bien dont l’entreprise assure la construction ou la promotion, sont des critères permanents de mes choix et de mes décisions. L’aspect durable auquel j’ai toujours été sensible, inclut aujourd’hui le respect de l’environnement, les économies d’énergie et le recours à leurs formes renouvelables. Tous ces critères imposent une capacité d’adaptation et d’innovation permanente sans laquelle il n’y a tout simplement pas de survie. La Suisse est un petit pays en termes de km². Ses surfaces habitables sont encore plus réduites. Si l’on ne veut pas « miter » le territoire, il n’y a qu’une seule manière de faire. Il faut densifier la construction. Ce n’est pas dans l’intérêt des promoteurs et des architectes, c’est dans l’intérêt de tous. Cela permet de protéger le paysage, de mettre plus de logements à disposition et de réduire les coûts. Mais cela suppose deux conditions : la première, que les citoyens acceptent cette densification, non pas seulement chez les autres, mais devant leur porte, ce qui n’est pas évident au pays du référendum, et la seconde, que les infrastructures, notamment de transports, suivent, ce qui n’est pas davantage acquis. Ce sera l’un des enjeux de notre proche avenir ». \ mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Jérôme Félicité Président de Barnes Suisse Diplômé de l’École hôtelière de Lausanne et autodidacte de l’immobilier, cela fait 18 ans que Jérôme Félicité travaille dans ce domaine. Directeur des ventes chez Rham Sotheby’s durant 10 ans, il s’est par la suite associé avec son père Pierre, fondateur de Gérofinance SA. En 2006, il devient donc CEO de Gérofinance-Dunand SA /Régie de la Couronne, puis Président du Conseil d’administration en 2014. Il est également le Président de Barnes Suisse. leurs besoins. Avec au cœur de ce dialogue, une volonté forte de partager les valeurs constitutives aussi bien de ma personne, que de ma société. Mon style est d’être là où les autres ne sont pas. Par exemple, le fait d’avoir déménagé nos bureaux dans la zone industrielle du Lignon a été un acte symbolique fort. Initialement, nous étions depuis 2001, rue des Bains. Notre travail quotidien est d’être en mouvement, d’aller à la rencontre des clients. Nous devons leur offrir toujours plus de services et leur faciliter la vie en tant que mandataire. Les gens ont de moins en moins de temps pour visiter un appartement, louer ou acheter une maison, procéder au paiement de leurs charges, etc. : à nous de leur amener des solutions à distance. Dans l’immobilier, nous sommes comme beaucoup d’autres, des acteurs économiques importants pour une région, pour une ville. De là à dire que j’ai de l’influence et du pouvoir sur les décisions politiques, cela serait prétentieux. Je pense que les exécutifs et les législatifs connaissent très bien les règles du jeu. Ce n’est que lorsqu’un projet répond à une demande des citoyens, que je peux faire valoir mon influence. Pour ce qui est de l’environnement, notre pays est en avance sur son temps et nos constructions répondent à des cahiers des charges précis. Tous les acteurs immobiliers suivent la tendance non pas par opportunisme, mais parce qu’ils sont conscients de l’importance de notre impact environnemental et des coûts. Le potentiel d’influence « Selon moi, l’influence est intrinsèquement liée à la relation de confiance développée avec mes collaborateurs, mes partenaires et également mes clients. Certes l’influence est inhérente à la fonction et s’exerce corollairement à l’importance de cette dernière. En qualité de chef d’entreprise, il est évident que j’ai de l’influence, surtout face à mes collaborateurs. Mais cette influence peut rapidement prendre une coloration négative à partir du moment où elle démontre une relation de pouvoir entre celui qui impose ses idées et ceux qui les appliquent de manière forcée. L’influence devient positive et productive quand elle s’exerce au sein d’un climat de dialogue, de manière non coercitive, mais délibérative. Je la mesure à travers ma capacité à fédérer l’approbation de mes équipes sur un projet qui ne fait pas, a priori, l’unanimité. Avec mes clients, mon influence se mesure à mon degré de persuasion lorsque je présente un projet. À ce titre, il est important que mon influence soit perçue par le client comme découlant de mon expérience du monde de l’immobilier, et non de ma fonction de Directeur. L a t r a n smis sio n e s t l a clé d ’u n b o n ma n age me n t La transmission est la clé d’un bon management : je l’ai appris avec mon père qui m’a transmis durant des années son expertise et surtout ses valeurs humaines. Depuis mon plus jeune âge, j’ai découvert qu’il traitait tout le monde de la même manière : des clients - quelle que soit leur importance - aux prestataires de services. Cette notion de respect fait partie intégrante de mes valeurs et je mets un point d’honneur à la transmettre à l’ensemble de mes équipes. J’ai toujours privilégié une accessibilité à toute heure et suis ouvert à la critique constructive. Et si mon temps est compté, je fais de ce dialogue une priorité. J’aime les relations humaines, autrement je ne ferais pas ce métier. Il est donc important d’échanger avec mes clients, mes partenaires et mes collaborateurs, afin de comprendre des différents acteurs de l’immobilier se situe au niveau de la taille de l’entreprise et des offres de services. Le fait que Gérofinance-Dunand/Régie la Couronne offre un service global comprenant la gérance d’immeubles de rendement, la gestion de copropriété, la location, le courtage au niveau régional, national et international, la promotion, la rénovation, le pilotage d’opérations immobilières, ainsi que la gestion de fortune, me semble décisif. En effet, compte tenu de la diversité de nos services, nous touchons un spectre très large d’acteurs qui nous confère logiquement une influence différente. » \ 88 Chez nous, quand vous voulez rencontrer le président, vous rencontrez le président. Gaultier Collette Leader des agences de communication indépendantes de Suisse Romande (classement bsw 2014) gaultiercollette.ch GAULTIER COLLETTE - WTC II - 29 route de Pré-Bois - CP 635 - CH 1215 Genève 15 - tél. +41 (0)22 884 39 60 - [email protected] 89 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Claude Atallah Directeur des ventes de SPG Finest Properties Ses études en ingénierie électronique ne le prédestinaient pas à travailler dans l’immobilier. Mais en 1986, le hasard a voulu qu’il débute sa carrière professionnelle dans l’immobilier en tant que courtier, avec un promoteur spécialiste de la villa. Il a donc découvert ce métier qu’il n’a plus quitté, puisqu’en 1991, il a eu l’opportunité d’intégrer le groupe SPG et d’évoluer vers un poste de directeur. Nommé en 2000, il est aujourd’hui en charge des ventes immobilières d’appartements et de villas, y compris les objets de luxe via la marque SPG Finest Properties, affiliée à Christie’s, leader dans ce segment. fraîcheur et une volonté d’apprendre. J’aime beaucoup m’entourer de jeunes talents dynamiques. Grâce à eux, les idées fusent ! C’est très bénéfique pour l’entreprise. L’éthique et l’équité sont des valeurs, qui sont source d’inspiration dans ma vie personnelle et professionnelle. La promotion en zone de développement est un parfait exemple de l’application de celles-ci. En effet, je porte une grande attention à la sélection de candidats dans le cadre d’attributions d’appartements bon marché. Lorsqu’une promotion telle que l’éco quartier des Vergers (80 appartements en zone de développement) se présente, il est difficile de contenter tous les potentiels acquéreurs. Nous privilégions alors les personnes accédant pour la première fois à la propriété et aux revenus modestes et appliquons un principe d’équité dans l’attribution d’un appartement (les grands appartements vont par exemple aux grandes familles). Autre exemple, la promotion de la Résidence Peillonnex ; nous avons reçu plusieurs candidats pour le même appartement. Nous nous étions fixés avec les promoteurs, de sélectionner le candidat le plus approprié pour chaque appartement. Nous n’avons sélectionné aucun investisseur et avons donné la priorité aux personnes ne pouvant accéder à « Avoir de l’influence c’est avoir de l’ascendant sur les êtres, c’est exercer un certain pouvoir. Cela ne correspond absolument pas à ma nature partageuse, tournée vers les autres. Échanger, encourager, dialoguer, conseiller, transmettre, représentent des valeurs indispensables, qui sont difficilement compatibles avec la volonté de faire adhérer à une idée ou une opinion. Dans le cadre de l’achat d’un bien immobilier, nous avons de réels échanges avec nos clients. Nous les écoutons, puis nous les conseillons, les guidons dans la concrétisation de leurs projets de vie. Nous devons répondre au mieux à leur demande, c’est un échange constant, nous ne leur imposons rien. L’influence est très souvent inconsciente, car notre attitude, notre posture et même nos mots provoquent sans doute des réactions diverses chez les autres et inversement. Je ne tiens pas à avoir plus d’influence « consciente », cela va à l’encontre de mes valeurs évoquées ci-dessus. Toutefois, le fait que des clients s’adressent à moi et donc à la SPG peut être interprété comme tel, mais je pense qu’ils reconnaissent tout simplement nos compétences et notre savoir-faire. C’est pour moi une preuve indubitable d’une confiance dans notre travail et un indice de notre attractivité. Dans le cas du projet immobilier Alexandre Gavard par exemple, nous avons pu réserver tous les appartements avant même que le chantier ne démarre. Preuve que nous avons une forte crédibilité et que nous sommes vus comme des professionnels sérieux. Cela fait 25 ans que je travaille à la SPG et chaque jour est une occasion de recevoir et de transmettre. En tant que directeur des ventes, mon devoir est d’apporter mon savoir-faire et de le partager avec mes collaborateurs. Tout devient matière à enseigner et je suis toujours aussi agréablement surpris de constater que j’en apprends tout autant de jeunes courtiers, car ils viennent avec un regard neuf, une L’é thiq ue e t l’é q uité s o n t de s vale ur s , q ui s o n t s o urce d ’in s pir atio n da n s ma vie pe r s o n nelle e t profe s sio n nelle la propriété que par le biais de ce type d’offre. Malgré toutes ces précautions, nous ne sommes pas à l’abri qu’un acquéreur décide de ne pas occuper le logement pour des raisons personnelles ou professionnelles. Je crois que nous intégrons plus que nous n’imposons des tendances, car nous travaillons au cœur d’un marché, dans lequel nous devons être en phase avec les nouvelles technologies et les nouveaux processus-métiers qui existent. Ces nouvelles tendances impliquent de nouvelles manières de travailler, de la formation continue pour les collaborateurs, une remise en question de nos méthodes et processus, afin que notre relation avec le client soit toujours plus confortable, sûre et enrichissante. Il se crée ainsi au cœur de l’entreprise une dynamique de l’innovation et donc du dialogue, qui n’est pas sans me déplaire. » \ 90 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Thomas Mader Président de Brolliet Investissements et membre du conseil de direction de Brolliet SA Diplômé de l’Institut d’Études Immobilières de Genève et de sciences commerciales et industrielles, Thomas Mader a débuté sa carrière en 1988, au sein de la société « Propriété à tous » dont le but est de faciliter à chacun, l’acquisition d’un logement à prix modéré. C’est en 1990 qu’il a rejoint le service des promotions de la régie Brolliet, dont il a rapidement assumé la direction. Par la suite, il a également pris la direction des départements architecture et commercial. Cela fait aujourd’hui plus de 20 ans qu’il évolue dans le domaine immobilier. « À mes yeux, l’influence est intimement liée à la notion de leadership. En effet, pour exercer de l’influence, que ce soit pour agir sur le cours des événements ou alors posséder un ascendant sur une personne ou un groupe de personnes, il faut être doté de leadership. S’il peut être de l’ordre de l’inné pour certains, je suis convaincu que l’expérience et les compétences sont des conditions sine qua non permettant d’influencer ou de mener un groupe. En d’autres termes, l’influence se blement une richesse, cela exige par ailleurs qu’une partie importante de mon temps soit dédiée au management, pour insuffler une dynamique d’ensemble, orienter les collaborateurs dans le sens de la culture de notre entreprise et de leurs missions, tout en favorisant une cohésion et une collaboration entre les différents services. Cela peut se traduire par des réunions organisées sur une base hebdomadaire avec les collaborateurs assumant un rôle d’encadrement, aussi bien que par des séances individuelles sous la forme « one-to-one ». La satisfaction du client est au cœur de nos préoccupations. Cela va de pair avec l’excellence et la personnalisation de nos services, des valeurs fondatrices de Brolliet SA. Celles-ci sont les véritables clefs de voûte de la culture de notre entreprise et lui confèrent son identité propre, son esprit unique nous différenciant de nos confrères. Par ailleurs, dans le cadre des mandats confiés, nous observons discrétion et confidentialité absolues tout en suivant des critères stricts d’intégrité et de transparence. De plus, une des valeurs phare de Brolliet SA est bien entendu celle de l’innovation permanente. Si notre entreprise a récemment fêté ses 110 ans, une des clefs de ce succès réside en grande partie dans notre rapport à l’innovation et le fait d’avoir toujours su relever les défis ayant jalonné notre histoire en y répondant par des solutions innovantes. L’infl ue nce e s t in time me n t liée à l a n o tio n de le a de r ship. gagne. Je pense que ma voix revêt aujourd’hui une certaine importance au sein de l’immobilier genevois. Cette influence résulte notamment des 20 années d’expérience réalisées au sein de Brolliet SA, une maison jouissant d’une solide réputation, qui compte parmi les acteurs immobiliers importants de la place. Elle s’explique aussi par mon engagement actif dans le secteur de l’immobilier depuis plusieurs années déjà en tant que membre de l’Association des Promoteurs et Constructeurs Genevois (APCG) et Président de la Fondation du Centre International de Genève. Enfin, notre société s’est construite autour d’une stratégie privilégiant une vision sur le long terme, une vision durable, et ce, que ce soit dans la conduite de nos affaires aussi bien que dans nos relations avec nos clients. C’est la raison pour laquelle nous avons créé en 2008 un service dédié au développement durable. Ce faisant, nous avons fait office de pionniers et leaders en la matière au sein du secteur. Parallèlement, nous sommes certifiés chaque année par le Label vert de l’USPI depuis sa fondation et conduisons notre activité dans le respect des exigences liées au développement durable menant une politique énergétique respectueuse de l’environnement. » \ En assumant la direction des équipes promotion, architecture et commerciale, j’encadre une trentaine de collaborateurs avec lesquels je travaille quotidiennement. Si cette taille d’équipe dotée d’une grande pluridisciplinarité constitue indénia91 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Anthony Collé CEO du Groupe MK Né en 1967 à Genève, Anthony Collé est diplômé de l’ISMA et de la SAWI. De formation commerciale, il a accompli l’essentiel de sa carrière dans l’immobilier dès l’âge de 22 ans. Successivement courtier, puis gérant, responsable de ventes et marketing, il a rapidement dirigé des entités immobilières en Suisse romande jusqu’à rejoindre et prendre la direction générale du Groupe MK en 2002. ne retient que peu de contenu. La personne qui travaille avec moi doit savoir se débrouiller par ellemême, mais elle reste cependant encadrée par quelqu’un qui est à sa disposition pour répondre à ses questions. Je défends l’engagement, la résistance, la résilience et l’assiduité, et mes valeurs clés sont l’engagement, l’innovation et le professionnalisme. C’est grâce à la communication qu’elles sont transmises tant au sein de l’entreprise, qu’à l’extérieur. La transparence est ma marque de fabrique : je n’aime pas pratiquer la langue de bois. Ma présence médiatique est un mal nécessaire, car elle permet de montrer notre niveau d’expertise : on dit le plus souvent qu’une entreprise ressemble à son chef. « L’influence, c’est être considéré comme un expert dans son domaine, une référence, le tout sans arrogance. C’est également maîtriser son sujet, avec la capacité de pouvoir l’expliquer à divers publics avec des degrés de technicité différents. Je pense avoir une influence plutôt pragmatique. Elle transparaît dans ma force de persuasion et ma maîtrise du sujet et se mesure à travers l’attractivité de la société, par des messages de sympathie, y compris venant des milieux avec lesquels on n’a pas les mêmes points de vue. En tant qu’acteur de l’immobilier, je ne fais que refléter le marché. Je n’ai pas le pouvoir de le créer, de même que je n’ai pas d’influence sur les décisions politiques. Je pressens de très grands changements dans l’avenir de l’immobilier à l’image de cette compagnie californienne La transmission d’un savoir-faire se traduit par la croissance de l’entreprise. Sans lui, il n’y a pas d’expansion possible. Notre groupe reçoit régulièrement des stagiaires – le plus souvent des universitaires très cultivés –, mais qui doivent acquérir une expérience pratique. Deux types de cercles travaillent pour moi : ceux qui sont très expérimentés – des spécialistes – à qui je ne transmets rien, mais que je dois surtout écouter. Car transmettre son savoir-faire, c’est également savoir être à la disposition de cadres dirigeants, en les laissant évoluer. On est plutôt dans l’ordre du mentoring. L a t r a n smis sio n d ’u n s avoir -faire se t r a d uit par l a crois s a nce de l’e n t re prise . S a n s l ui, il n’ y a pa s d ’e x pa n sio n p o s sible qui a bouleversé l’ordre des taxis genevois et lausannois. Il y aura donc un véritable changement de modèle dans l’intermédiation, et ce dès 2020. On ne sera plus dans le B2C, mais plutôt dans le C2C et en cela, le rapport entre le vendeur et l’acheteur, le modèle de rémunération seront modifiés. Le courtier renforcera son côté expert, et deviendra un estimateur qui se retrouvera au début et à la fin de cette chaîne, avec bien sûr son talent de négociateur qu’un algorithme ne saurait remplacer. » \ Le second cercle est composé de la jeune génération et de ceux qui se sont reconvertis : j’aime leur donner leur chance. Je crois à l’apprentissage par l’immersion totale, quitte à sortir de sa zone de confort. Je suis parfois critique avec les processus purement académiques. Je relève volontiers la méthodologie – savoir prendre du recul, réfléchir – mais je suis persuadé que pour le reste, on 92 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Charles Spierer Président de CGI Immobilier Après une carrière de chercheur et d’enseignant en économétrie, Charles Spierer se lance dans le domaine de l’investissement immobilier et de la gérance dans lequel il exerce depuis plus de 30 ans. Actuellement Président de CGi IMMOBILIER, il est également Président de l’IEI (Institut d’études immobilières) et Président de la FTI (Fondation pour les terrains industriels de Genève). Travaillant de la même manière depuis plusieurs décennies, je ne souhaite rien imposer au marché. Au contraire, je cherche à satisfaire ses besoins en appliquant mon savoir-faire et mon expertise. L’innovation est essentielle. Qui imagine écrire efficacement sans traitement de texte, conduire dans une ville inconnue sans GPS ? Ainsi, pour la conception et la réalisation de projets immobiliers pilotés par CGi IMMOBILIER, nous intégrons autant que possible l’innovation et adaptons nos méthodes de travail en fonction. Notre objectif est d’augmenter la qualité et la fiabilité de nos immeubles et de proposer des nouveautés. Au cœur de nos priorités se trouve notamment le développement durable. Ce que je souhaite pour l’avenir de l’immobilier ? Essentiellement l’espoir de construire suffisamment de logements pour satisfaire tous les besoins. « Avoir de l’influence, c’est avant tout convaincre les autres d’adhérer à votre vision et donc de vous suivre dans un projet professionnel, social ou privé. L’essentiel n’est pas d’avoir de l’influence, mais de laisser à chacun la possibilité de s’exprimer et de faire son choix, dans le respect des valeurs de CGi IMMOBILIER. Je ne cherche pas à avoir de l’influence. Je donne mes idées et me réjouis lorsqu’elles ont de l’impact. Ce sont surtout les compétences de nos 100 collaborateurs qui permettent le développement de CGi IMMOBILIER. Et si une présence médiatique de certains d’entre nous peut également y contribuer, c’est tant mieux. Cepen- La transmission de connaissances et du savoir-faire est une priorité. Cela étant, il est aussi important de transmettre mes idées que de permettre aux autres de me transmettre les leurs. La réussite d’un projet immobilier, par exemple, est un succès grâce à une collaboration constructive et au travail d’équipe des différents intervenants et corps de métier. Le partage des « best practices » est essentiel. CGi IMMOBILIER e s t in s pirée par t rois vale ur s fo ndame n tale s : l a c o nfia nce , l a re s p o n s abilité e t l’é thique . CGi IMMOBILIER est inspirée par trois valeurs fondamentales : la confiance, la responsabilité et l’éthique. Elles favorisent une relation privilégiée, dans l’optique d’une collaboration qualitative et pérenne avec ses interlocuteurs : clients, partenaires et collaborateurs. Trois valeurs que je partage et que je véhicule au quotidien. Le meilleur vecteur de promotion de celles-ci est l’exemplarité, et il ne faut pas oublier la communication ! Avec plus de 30 ans d’activité dans l’immobilier, il me paraît évident de communiquer mes valeurs et de transmettre mon expertise. dant, notre influence se passe avant tout sur le terrain et non sur la scène politique. Ainsi, en matière d’environnement, c’est grâce à l’impact des mesures que nous prenons dans le développement de projets immobiliers et la gestion d’immeubles pour utiliser moins d’énergie et d’eau, pour favoriser des produits biodégradables, etc. qu’elle transparaît. » \ 93 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Jean-Jacques Morard CEO de De Rham Immobilier Jean-Jacques Morard a débuté sa carrière immobilière à Montreux et à Vevey comme stagiaire courtier d’abord, puis comme gérant d’immeuble. Il a ensuite travaillé pour des sociétés de gestion immobilières nationales dont il a dirigé les succursales de Lausanne, puis il est devenu Directeur de Lausanne et membre de la direction suisse pour le groupe PSP Swiss Property à Zürich. En 2014, il a été engagé comme CEO du groupe immobilier De Rham. « Selon moi, avoir de l’influence, c’est représenter un modèle en ayant une attitude qui prône l’exemplarité. Autant il est difficile d’avoir une influence sur un secteur économique, autant il est possible de faire certaines choses afin qu’elles donnent une image positive du secteur immobilier, et de combattre les préjugés sur ce métier. C’est au travers de plusieurs anecdotes que j’ai pu la mesurer. Par exemple en 2014, j’ai été élu parmi les 100 personnalités immobilières de Suisse dans le magazine Immobilien Business, ainsi que par l’Hebdo en 2013. Je crois que le fait d’avoir été le cofondateur et Président de l’antenne romande de l’Association suisse de l’économie immobilière (SVIT Romandie) m’a donné une bonne visibilité. Ce qui me tient à cœur, c’est la transmission et le savoir. J’ai également participé à l’implantation en Suisse romande, de la Swiss Real Estate School (SVIT), école dédiée à la formation dans le domaine immobilier et dont je fais partie du conseil d’administration. C’est un des différents vecteurs dont je me sers pour transmettre mes connaissances. D’un point de vue professionnel, en tant qu’administrateur délégué, je passe mon temps à transmettre mon savoir-faire, à donner des conseils. Cela fait partie intégrante de la fonction dirigeante. Nous sommes une entreprise très axée sur la formation. Nous formons des apprentis, des stagiaires, et la formation continue interne est essentielle. et pour cela la communication est essentielle. Nous plaçons l’humain au premier plan de notre entreprise, en témoigne la récente campagne de pub que nous avons réalisée sur le thème « être De Rham immobilier, c’est être aussi la gérance de : Lila », qui utilisait les prénoms de nos locataires. Car si rien ne distingue une régie d’une autre sur le plan des produits, ce sont les services qui feront toute la différence, ainsi que la manière de les proposer. Je suis confiant sur l’avenir de l’économie immobilière, car nous sommes un secteur qui concerne un besoin fondamental. Toutefois, le premier constat c’est que nous sommes dans une période de transition entre une précédente très porteuse durant laquelle nous, acteurs immobiliers, avons profité du développement économique de notre N o u s pl aç o n s l’humain au pre mie r pl a n de n o t re e n t re prise région en termes de valeurs. Mais aujourd’hui, cela tend à se réguler ; l’économie immobilière étant à mon sens - un peu à contretemps - le reflet de la santé de l’économie générale. Hormis un léger ralentissement provoqué par des facteurs réglementaires, je prédis une météo clémente sur notre économie dans les prochaines années. L’adage Si le bâtiment va, tout va date un peu de nos grandsparents, mais il est relativement juste. Car nous sommes au bout de la chaîne. Si l’économie est saine, le bâtiment va et donc le reste suit. Jusqu’à l’année dernière, on mesurait le poids de l’immobilier avec l’indice de construction : il représente 5 % du PIB de la Suisse, mais une étude zurichoise a démontré que si l’on cumule tous les métiers de l’économie immobilière, elle représente 18 % du PIB. Les milieux immobiliers ont, dès lors, de plus en plus de poids et d’influence sur la politique du logement, de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et de la politique énergétique. C’est à nous, acteurs immobiliers, d’avoir un meilleur lobbysme et de faire comprendre aux politiques l’importance de notre secteur économique, en ayant un droit de regard sur les décisions qui en découlent. » \ Notre valeur fondamentale est l’intégrité. Étant dans un métier qui n’a pas toujours bonne presse, c’est une notion que nous développons tout particulièrement. Tous nos processus tendent vers cette valeur. Le respect est également très important à nos yeux, que ce soit envers les futurs et actuels locataires ou les propriétaires. Nous attachons également une grande importance à l’esprit d’équipe entre les différents métiers de l’entreprise, car nous travaillons de façon conjointe et croisée, 94 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Teresa Astorina Directrice de Lake Geneva Prestige (John Taylor Genève et Megève) « Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’entreprise : sa réputation et ses hommes », déclare Henry Ford. C’est l’une des citations préférées de Teresa Astorina, active dans le domaine immobilier depuis plus de 20 ans dans différents secteurs. Après l’obtention d’un Master of Advanced Studies FHO en Real Estate Management en 2006 et au bénéfice de ses compétences linguistiques, elle a occupé plusieurs postes en tant que membre de la direction générale auprès de différentes sociétés immobilières nationales. Elle rejoint CGi IMMOBILIER en mars 2015. moi fondamental. Dans l’entreprise, cela signifie mettre à profit ses expériences pour que chacun puisse enrichir ses connaissances et ses pratiques. Vivre ses propres valeurs au quotidien est le meilleur moyen de les transmettre au mieux. Elles sont souvent cachées, or c’est important de les mettre en avant. Étant une personne extravertie et vivant au quotidien mes convictions, je pense que mon entourage (professionnel et privé) les connaît. Ce sont les tendances et les styles qui influencent le marché et pas le contraire : nous sommes là pour les anticiper et satisfaire les nouveaux besoins et les nouvelles exigences. L’innovation est très importante car le secteur immobilier est un secteur en constante mutation, qui permet d’innover tous les jours. Dans l’avenir, les placements immobiliers resteront très intéressants. Ces derniers sont d’autant plus favorisés en raison des faibles taux d’intérêt sur l’épargne, ainsi que de la crainte des taux négatifs. Dans le domaine de l’immobilier de luxe, le cœur d’activité de JOHN TAYLOR, après des années avec une hausse des prix constante, une correction s’est faite et se poursuit d’ailleurs. La tendance des prix à la hausse se calme. Ceci est aussi dû au fait de l’offre importante de biens à vendre sur le marché. « Avoir de l’influence, c’est avoir un effet positif sur quelqu’un et le convaincre de vous suivre, c’est également partager avec passion vos convictions. J’espère en avoir sur mes enfants et être un modèle pour eux. Je souhaite également en avoir dans le cadre de ma profession, enthousiasmer mon entourage avec ma motivation, ma passion et mes ambitions de mener à bien les projets qui nous sont confiés. Je dirais que je perçois cette influence grâce au feedback de mon entourage, tant personnel, que professionnel. Une grande partie de notre clientèle est fidèle grâce à notre contact personnel et à notre capacité à les satisfaire, en les conseillant et en leur proposant des solutions adaptées. Je n’ai aucun pouvoir sur les décisions politiques, car le rôle d’un courtier de JOHN TAYLOR consiste seulement à mettre en relation un vendeur et un acheteur et à les aider à conclure une transaction satisfaisante pour les deux. Je suis toutefois convaincue que tout le monde a un potentiel d’influence au quotidien, chacun dans son domaine spécifique. Le potentiel va être accentué par le fait de travailler ensemble, en tendant vers une vision et un but communs. L’architecte et le promoteur planifient un projet « durable » en respectant l’environnement, les gestionnaires et gérants font en sorte que les biens soient entretenus tout en respectant l’environnement, etc. ».\ Il m’est impossible de quantifier le temps que je consacre à transmettre mes connaissances et mon savoir-faire, car c’est au quotidien que cela se passe. Je m’efforce d’être à l’écoute et d’aider, afin que les bonnes idées se concrétisent. Je transmets par chacune des mes actions mon amour pour la profession et je me tiens à disposition pour conseiller et soutenir mes équipes. Je crois au respect, à l’effort et au partage : ce sont les valeurs de notre entreprise, qui reflètent notre personnalité et représentent la base de nos décisions. Le partage est pour 95 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Byron Baciocchi CEO de Byron Baciocchi Immobilier SA Après avoir suivi un apprentissage de commerce, Byron Baciocchi s’est formé durant 4 ans auprès de sa famille, qui compte déjà trois générations dans l’immobilier. Mais, c’est à l’âge de 20 ans, qu’il décide de se mettre à son compte, en créant une société à son nom. lors de l’achat de sa maison. La seconde concerne le fonctionnement de la modernité, à travers une technolog ie de pointe. Mon savoir-faire est là : je fais gagner aux gens 6 mois sur l’achat de leur maison, en concentrant tous les acteurs en amont et en aval dans un même pôle, et j’y ai intégré une reconnaissance personnalisée, pour envoyer de l’information ciblée. Par ailleurs, j’invite tout le monde à ven i r v isiter ce nouveau pôle immobilier, le 1er novembre 2015. Les maîtres mots qui me définissent : qualité, rapidité sur la construction et qualité de structure exceptionnelle, car je suis entouré d’équipes jeunes, dynamiques, avec une vision moderne et tournée vers l’avenir, contrairement à d’autres qui sont plus passéistes. Je mets l’innovation au premier plan sur chacun de mes projets, si bien sûr celle-ci est concrète, réalisable. « Avoir de l’influence, c’est arriver à finaliser ses projets. C’est pour cela que je pense avoir de l’influence dans mon domaine, car mes projets sont porteurs d’une grande touche de modernité - qui le plus souvent perturbe le côté conservateur des Suisses -, même s’ils finissent par y adhérer. Cela n’a pas toujours été facile de mener à terme tous ces projets de grande envergure, mais aujourd’hui je me rends compte que cela en valait la peine. C’est à la fin de chaque projet, que je réalise si j’ai eu les résultats escomptés. Je suis prêt à sacrifier 100 % de mon temps pour transmettre mon savoir-faire, mais il faut que mes interlocuteurs soient motivés et déterminés. Et je considère que c’est important d’être le plus disponible possible, même si parfois on Je suis totalement le marché, par contre j’essaie toujours d’y apporter une touche « jeune », en ayant un temps d’avance sur les autres. En dépit de ce qu’on pourrait penser, mon âge est en atout au sein de ce milieu. Je voyage énormément et j’aime analyser toutes les structures hors normes des villes de ce monde. C’est ma première source d’inspiration, même si je ne suis pas un créateur. L’immobilier c’est purement de la copie, mais on y intègre toujours sa touche personnelle. Cela revient à adapter le plus souvent ce qu’on a vu ailleurs. J’ai u ne visio n mode r ne e t t o ur née ve r s l’ave nir , c o n t r aire me n t à d ’au t re s qui s o n t pl u s pa s séis te s croule sous le travail. C’est au fur et à mesure de l’avancement, du développement des projets, que j’enseigne mes connaissances à mes équipes. Quant aux clients, c’est grâce aux concepts qui ont été mis en place, qu’ils se rendent compte que le projet est réel, et que grâce à notre savoir, nous avons une avance sur le marché immobilier. Je prends pour exemple le projet Etoy, qui a dix ans d’avance sur le marché. Nous avons tout basé sur deux choses : le fait d’avoir tout à portée de main, une forme de « clés en main », Pour pallier le manque de terrains constructibles, la pénurie du logement, l’idéal serait d’augmenter le nombre de logements, en élevant la hauteur des bâtiments. Aujourd’hui les bâtiments que nous construisons ont un nombre d’étages inadapté à la demande, alors que la Suisse a la possibilité de voir plus grand. J’espère avoir un jour la chance de construire une belle tour, à l’image de celles de Dubaï. » \ 96 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Philippe Cardis CEO associé de Cardis/Sotheby’s International Realty À sa sortie de HEC Lausanne, Philippe Cardis a commencé sa carrière dans le milieu bancaire. Puis, passionné de voile, il s’est associé et a créé une entreprise pour construire des mâts de bateau à voile. C’est en 1985 qu’il fait son entrée dans le monde immobilier, travaillant d’abord 10 ans dans une entreprise à Villars, il rejoint le groupe de Rham en 1993 en qualité de directeur de la société de courtage puis dès 2008, il devient le CEO du groupe. En 2013, Yvan de Rham prend la décision de simplifier la structure de ses sociétés et vend sa société de courtage de Rham | Sotheby’s International Realty à ses cadres dirigeants dans le cadre d’un Management Buy-Out (MBO). Cardis | Sotheby’s International Realty est née. Cela fait 30 ans aujourd’hui que Philippe Cardis travaille dans le secteur immobilier. « Je suis persuadé que l’ADN d’une société, le management et le message que l’on véhicule dans le public sont liés à la personne dirigeante. Donc, là où je vois une forte influence, c’est au travers du CEO d’une entreprise, qui doit être un homme passionné, autrement il consensuelle sur la direction à suivre. Le rôle de la direction est de partager un but sur lequel les collaborateurs doivent travailler et qu’ils ont à atteindre. C’est de la responsabilité d’y adhérer ou non, mais surtout de rester en harmonie avec ses choix. La première valeur, dans ma vie professionnelle, est le plaisir. Je suis persuadé que celui-ci décuple les facultés d’un être humain, quel que soit son niveau de compétences : cela le rend doué. Nous sommes une société de services, nous nous devons d’être bons. Pour les clients, cette notion est également essentielle, car si la transaction est bonne, mon client éprouve du plaisir, cela signifie donc que j’ai réussi à le satisfaire. D’autre part, les valeurs de ma société sont très helvétiques : l’honnêteté et la fiabilité, qui sont très importantes chez nous. C’est ce que j’appelle « le devoir de résultat ». Nous ne travaillons que dans le but d’obtenir un résultat, sans fioritures. Beaucoup de gens font de leur mieux, nous c’est d’atteindre notre but. Si je pose un regard sur le futur de l’immobilier, je fais une première constatation : dans le mot « immobilier », il y a l’adjectif « immobile », or le marché immobilier est tout sauf immobile. On y a vu en deux ans, des changements que personne ne pouvait imaginer. Cela signifie qu’aujourd’hui, il faut être anticipatif, avoir toujours un coup d’avance. Par exemple, actuellement il y une fenêtre exceptionnelle, qui a un potentiel énorme pour une catégorie spécifique de personnes : ceux qui payent un loyer cher. Ils devraient être propriétaires, car les conditions de crédit sont remarquables. Mais, à cause de nouvelles négatives, il y a une forme de psychose chez ces locataires qui sont convaincus de ne pouvoir accéder à la propriété. Je s uis pe r s ua dé q ue l’ADN d ’u ne s ocié té , le ma n age me n t e t le me s s age q ue l’o n véhic ule da n s le public, s o n t lié s à l a pe r s o n ne dirige a n te n’occuperait pas ce poste. Un homme de convictions, qui tend à regrouper ses collaborateurs, clients et partenaires autour de son mode de pensée, son système de valeurs. En ce sens, je crois que tant personnellement que comme CEO de ma propre entreprise, j’ai une influence qui se manifeste par une attitude, une façon d’aborder les problèmes. Et elle est perceptible au quotidien, à tous les niveaux. J’ai fait beaucoup de bateau, et j’aime faire des parallèles entre la régate et la conduite d’une société. Un bateau ne peut aller que dans une direction. Dans une course, nous sommes une équipe de six, il faut donc faire un choix commun qui parfois s’avère judicieux, et dans ce cas, nous gagnons, ou nous faisons une erreur, et nous perdons. On ne peut faire des zigzags en changeant de direction toutes les cinq minutes. À cette image, j’aime me faire une opinion En début d’année, nous avons lancé un nouveau projet de 120 appartements, à Prilly, qui se vendent entre 200 000 et 1 million de francs. Et les personnes qui peuvent les acquérir ont majoritairement un salaire médian annuel entre 80 000 et 140 000, ce qui ne constitue pas une élite. Nous avons lancé ce projet au Salon immobilier de Lausanne avec un partenaire financier. Et en trois mois, nous en avons vendu 95 sur les 120, à des personnes qui n’auraient jamais pensé pouvoir être propriétaires. Concernant le marché plus haut de gamme, il y a de nouveau une forte demande de personnes voulant être résidents suisses, et l’effet de l’euro se tasse un peu. En conclusion, le marché se « détend » un peu ». \ 97 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Émile Garcin et Frédéric Quennoz Fondateur et associé de Émile Garcin En 1963, Émile Garcin ouvre son premier bureau à SaintRémy-de-Provence. Quarante-cinq ans plus tard, c’est au tour de Genève et de la Riviera lémanique. Son associé, Frédéric Quennoz, architecte de formation, a été actif dans l’architecture haut de gamme et la rénovation d’objets du patrimoine durant plus de 20 ans, avant de s’associer à É m ile Garci n Suisse en 2010. « À partir du moment où l’individu se réalise dans une activité quelle qu’elle soit, la question de l’influence ne se pose pas. Si on pratique notre métier avec une vision plus profonde, l’inconscient collectif se charge de porter cette influence. Celle-ci se mesurant dentialité absolue e s t le c i me nt de notre groupe. Surtout lorsque l’on travaille au niveau local et international, avec plus de cent collaborateurs à travers l’Europe. Le meilleur vecteur de transmission de ces valeurs réside d a n s l a s a t i s fa c tion de nos clients, qui ont le plaisir de vivre dans des maisons que nous leur avons vendues, tout en sachant que lors d’une éventuelle revente, la plus-value sera au rendez-vous. Notre signature et notre état d’esprit sont de plus en plus sollicités par nos clients, fidèles sur plusieurs générations, depuis plus de 50 ans. Le style est très important, que ce soit dans l’art, le sport ou la transaction. Il s’acquiert par la durée et l’expérience. D’ailleurs, aujourd’hui certains clients disent qu’ils ont « acheté une Garcin » comme s’il s’agissait d’une voiture de collection ou d’une peinture. Tout autant que le style, l’innovation est une notion fondamentale, car elle figure le mouvement perpétuel, la remise en question : la certitude, c’est l’immobilité. Au jourd ’hui ce r tain s clie n t s dise n t q u’il s o n t « ache té u ne G arcin » c omme s’il s’agis s ait d ’u ne voit ure de c ollec tio n ou d ’u ne pein t ure Dans les années à venir, la population urbaine est vouée à se multiplier et les territoires à se morceler, ce qui donnera une valeur encore plus rare aux grands domaines. Dans notre secteur, la vision sera l’hypersélection. Concernant le volet environnemental, nous n’avons pas attendu que l’écologie devienne un sujet à la mode. L’art de vivre des grands domaines que nous vendons intègre déjà les notions de conservation du patrimoine, d’autosuffisance énergétique, et de consommation locale ; et cela depuis plus d’un siècle. » \ aux résultats obtenus. La transmission du savoir-faire et des connaissances est un travail à cent pour cent, car ce métier est une remise en question permanente et une guerre contre la certitude. Notre profession est basée sur l’écoute et la confidentialité. D’ailleurs Confucius aurait dit : « Si l’homme a deux oreilles et une bouche, c’est pour écouter deux fois plus qu’il ne parle ». L’échange d’informations dans la confi98 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Étienne Nagy Administrateur et Directeur général du groupe Naef Titulaire d’une licence en sciences économiques et d’un master en expertises immobilières, Étienne Nagy est actif dans le domaine de l’immobilier depuis 25 ans. Il est entré chez Naef comme collaborateur au service promotion, puis a dirigé un fonds immobilier et enfin, est devenu Directeur du secteur des ventes Naef, jusqu’à sa prise en charge de la Direction générale du groupe. « Avoir de l’influence dans le cadre de la conduite de l’entreprise signifie porter la responsabilité et la pérennité du groupe, la responsabilité de l’entreprise vis-à-vis de ses partenaires, ses collaborateurs et ses clients. Elle suppose un échange, un partage avec autrui. Il ne s’agit pas de dominer par son pouvoir d’influence mais de convaincre sur les priorités de l’entreprise. Par ailleurs, qui dit influence, dit aussi savoir se nourrir de celle des autres. de nos valeurs, à savoir sur la professionnalisation de notre activité avec toute une série d’analyses sur nos métiers et le marché, ainsi que sur les valeurs humaines et environnementales qui nous sont propres. À cet effet, nous venons de rédiger notre premier rapport sur le développement durable. Par notre innovation technologique et informatique, nous avons certainement contribué à faire évoluer le métier de régisseur, voire de courtier ou de promoteur, notamment grâce à nos plateformes internet en ligne, qui permettent un échange instantané avec l’ensemble de nos partenaires et clients. L’innovation est la clé du succès de toute entreprise qui doit savoir évoluer avec son environnement et étudier les nouveaux besoins de ses clients. Dans le futur, on peut imaginer une concentration des acteurs dans cette phase de mutation structurelle de nos métiers, qui nécessite des investissements technologiques et informatiques importants. Quant au marché, après L’activité immobilière se complexifie en raison de l’ensemble des composantes qui la caractérisent, qu’elles soient technologiques, environnementales, économiques, politiques ou encore juridiques. Pour exercer ce métier, il est nécessaire d’avoir l’addition de toutes ces connaissances et un patron d’une entreprise comme la nôtre doit s’avoir s’entourer de personnes bénéficiant de ces compétences spécifiques. Dès lors, l’échange et la transmission des connaissances se fait en permanence à travers la conduite des projets de l’entreprise. L’infl ue nce s upp o se un écha n ge , u n par tage avec au t rui. une hausse spectaculaire sur les douze années précédant la correction du marché de 2012, nous avons atteint une phase de stabilisation du marché. L’immobilier reste un produit très attractif qui, par ailleurs, est lié à la bonne santé économique et politique de notre pays. Les valeurs que je défends sont principalement celles de l’effort, du travail bien fait, des réponses pratiques apportées à nos clients et ceci dans le strict respect des valeurs éthiques. Par ailleurs, nous sommes une entreprise familiale où la valorisation de l’humain est primordiale. Les meilleurs vecteurs de promotion de celles-ci sont assurément nos collaborateurs, qui s’identifient à la culture et aux projets de l’entreprise. À travers leurs fonctions et leurs motivations, ils assurent au mieux la satisfaction de notre clientèle. Nous communiquons beaucoup autour La touche environnementale est fondamentale aujourd’hui dans nos secteurs. Le bâtiment représente une empreinte écologique de l’ordre de 50 % des dépenses d’énergies fossiles. Nous devons, et sommes en train de révolutionner ce secteur d’activités pour répondre principalement à l’objectif de réduire les consommations d’énergie. Et nous ne sommes qu’à l’aube de cette révolution technologique. » \ 99 mark e t infl ue nce inde x / immobilie r Thierry Naz Administrateur de Bory & Cie agence immobilière SA Cela fait 30 ans que Thierry Naz travaille dans le domaine immobilier. Il est entré dans le métier auprès d’un promoteur, avec lequel il a collaboré durant 10 ans et qui lui a appris toutes les ficelles du métier, qu’il a pu mettre en pratique lors de la crise immobilière des années 90. Cela fait 20 ans aujourd’hui, qu’il œuvre au sein de la régie Bory. Nous sommes dans un processus à long terme de s ucce s sion , donc d’une forme d’héritage. Et qui dit héritage, dit filiation, c’est-à-dire que seules certaines personnes dont on a e nt r e v u le s c a p a c ité s e xce pt ion nel le s , auront les codes pour nous succéder. Pour le reste, nous n’avons pas de programme particulier en interne, nous suivons en fonction des opportunités des formations proposées par des organismes reconnus. L’honnêteté et la confiance sont la base de toutes les relations, qu’elles soient personnelles ou professionnelles. J’ajouterais que le bon sens et la bonne foi sont également essentielles à une relation saine. Ce sont des valeurs qui ont fait leurs preuves depuis bien longtemps, elles sont fondatrices d’une certaine manière. « L’influence, c’est donner le bon conseil au bon moment. Elle découle le plus souvent de l’image que vous renvoyez, de la confiance que vous avez su cultiver. Elle peut se faire valoir auprès du marché, d’un client. Et on ne peut la mesurer qu’à l’aune du résultat, qui vient infirmer ou confirmer la justesse et la pertinence de votre conseil : le feedback est en général très rapide. Pour transmettre son savoir-faire et ses connaissances, je Bory est une maison que je qualifierais de traditionnelle, dans le sens où nous sommes dans une ligne conservatrice, mais tout en gardant nos outils à la pointe. Nous sommes incisifs, mais attachés au respect et à l’éthique, contrairement à d’autres. Ma présence en première ligne est indispensable à l’image de notre société, toutefois il faut qu’elle représente une plus-value et qu’elle soit utilisée à bon escient, autrement elle ne sert à rien, voire elle peut desservir. L’ho n nê te té e t l a c o nfia nce s o n t l a b a se de t o u te s le s rel atio n s , q u’elle s s oie n t pe r s o n nelle s o u profe s sio n nelle s . trouve qu’il faut avoir une proximité avec les personnes envers lesquelles on a envie de transmettre, être dans une relation d’écoute et de confiance réciproque, et que cela soit fait avec cœur. En résumé, être sur la même longueur d’onde et partager des valeurs communes. Cette transmission se fait avec le temps, et plus on avance dans ce développement, plus il faut savoir se mettre en retrait, pour laisser à l’autre la possibilité de s’épanouir, et de développer sa propre influence. Notre métier est en train de se complexifier de façon drastique. Nous avons adapté et continuons de peaufiner nos outils, de manière à garder la corde d’un virage qui sera fatal pour certains. D’un point de vue législatif, entre autres en matière d’environnement, notre profession est ballotée. Nous sommes acteurs alors que nous devrions pouvoir participer à l’écriture du scénario. À nous de reprendre les cartes en main pour avoir du poids quant aux décisions prises. » \ 10 0 c ult ure ( S ) / le pho togr a phiable Le photographiable Elena Budnikova les photographes artistes à se distinguer du réalisme documentaire. En somme plus les appareils sont sophistiqués (et donc toujours plus aptes à retranscrire la réalité), moins les artistes revendiquent la prétention à la véracité de leur travail. Comme si la photographie, pourtant originairement « machine à voir », avait besoin de s’affranchir de la réalité pour pouvoir enfin exister en tant qu’art autonome. Paradoxe des paradoxes, pour une pratique qui s’est entièrement érigée sur l’argument de la représentation la plus fidèle de la réalité. Boris Sakowitsch, Directeur de la publication Réfléchir sur le sens de la photographie, c’est réfléchir sur son rapport au réel, et donc plus largement sur la notion de photographiable. S’incluent naturellement dans cette réflexion la question de la perception humaine (qu’estce qu’une image ?) ainsi que la problématique technique liée à l’appareil photo (à quel moment la photographie devient un art, et non plus un acte automatique ?). En effet la photographie possède la particularité d’être le seul art « technologique » à proprement parler. Le souci de reproduire le plus exactement possible le réel existait déjà depuis l’Antiquité : la camera obscura, sorte de boîte noire permettant de dessiner le plus fidèlement possible un paysage à partir de sa projection sur une feuille à travers un trou minuscule, fournissait déjà un moyen fidèle de représentation pour les peintres. À partir des années 1880 La photographie est un art jeune. Pas seulement parce qu’elle naît au milieu du 19e siècle : en effet sa légitimité culturelle et Le pho t o gr a phiable n ’e s t pa s u ne proprié té originelle de s cho se s : il e s t t o u jo ur s d ’ord re c o nce p t uel artistique est encore beaucoup plus récente, et depuis les années 1970 on peut constater que le perfectionnement de la technique et du dispositif photographiques conduisent 10 2 Earthrise (1968). Le soir de noël 1968, les astronautes de la mission Apollo 8, Frank Borman et William Anders, réalisent ce qui allait devenir un symbole pour toute l’humanité : la première photo du clair de Terre. En tant qu’objet photographique, la Terre nous apparaît soudain petite, fragile et vulnérable. avec le développement de l’instantané il sera finalement possible de saisir en une fraction de seconde la physionomie complète d’un objet ou d’un individu. La concurrence farouche entre la photographie et la peinture, la grande sœur rivale, est définitivement consommée : d’un côté les peintres crient au superficiel en dénonçant l’incapacité pour la photographie de saisir intimement la compréhension d’un c ult ure ( S ) / le pho togr a phiable sujet intérieur ; de l’autre les photographes insistent sur l’instantanéité de leur technique, elle seule véritablement à même de fixer l’air révélateur, fugitif par nature. Idée reçu : le photographe prend, le peintre compose. Dans les années 30, Paul Valéry dénonçait déjà le manque d’humanisme de la photographie. Cependant à trop insister sur l’automaticité de l’enregistrement « on enferme la photographie dans une fonction de réceptivité passive et neutre, et l’on se condamne à ne voir en elle qu’un réceptacle, qu’un en-deçà de la représentation1 ». Aujourd’hui le débat s’est largement recentré parmi les photographes, en quête de légitimer leur démarche en tant qu’activité artistique : la finalité de la photographie n’est pas seulement iconique, automatique et quantitative (dans ce cas-là elle ne serait qu’une simple banque de données, sans auteur ni forme), elle est avant tout de nature indicielle et qualitative, c’est-à-dire capable de fixer des expressions révélatrices. La conscience moderne progresse au fur et à mesure que les techniques dont elle dispose l'aident à réaliser que la perception, la fabrication et la réception des images référentielles ne sont pas naturelles, mais au contraire foncièrement tributaires d’appareils, et par n ou s vivo n s e t n ou s pe rce vo n s da n s u ne s or te de « l ogiq ue pho t o » conséquent artificielles et historiques. En effet « la fonction du voir, la mise en lumière par l’esprit ne peuvent jamais être expliquées de façon réaliste à partir des choses ni de ce qui est vu. Car il ne s’agit pas ici de ce qui est aperçu en elles, mais de la direction originelle du regard2 ». En développant la thèse centrale du philosophe tchèque Vilem Flusser3 on pourrait distinguer 2 grands stades historiques dans la fabrication de ces images référentielles : le stade mythologique caractérisé par l’oralité, des poèmes homériques aux fables du moyenâge où la réalité est contée : ici la perception Helmut Newton, Self-portrait, with his wife, June, and models, Paris (1981). Dans un travail de composition non sans rappeler le chef-d’œuvre « Les ménines » du grand peintre espagnol Diego Vélasquez, Newton nous livre ici un grand moment de composition, sorte de réflexion sur le sens de la photographie et la place de l’artiste (ici en double retrait, hors-champ et derrière le modèle) ; au centre de la photo, l’appareil, symbole de l’omniscience, le lieu de la vérité, et donc fatalement lié à la notion d’auto-réflexivité (le miroir) ; un peu à l’écart et de côté, le spectateur (son épouse), et enfin au centre de la scène, la beauté ainsi révélée dans son plus simple appareil (le modèle nu, double face). des images est originairement de nature prophétique. Le deuxième grand moment est celui des images techniques présentes un peu partout depuis les temps modernes, notamment avec l’émergence du document photographique. C’est l’ère du photologique, plus à même de retranscrire l’avènement d’une réalité en accélération toujours croissante, qui a emboîté le pas au mythologique. Ainsi à proprement parler nous ne « percevons » plus vraiment les photographies puisqu’elles font intégralement partie de nos habitudes. Quand nous pensons à notre enfance, plus qu’à la voix de nos grands-parents et aux livres de contes qu’ils nous lisaient, nous repensons surtout aux images des instants photographiés, des photos de nourrissons bien triées dans l’album de famille, aux images marquantes qui peuplent notre adolescence. En somme nous vivons et nous percevons dans une sorte de « logique photo ». Et bien plus que des images figées et enfermées dans un livre ou dans le passé, la mémoire photologique est une mémoire vivante, 1)André Rouillet, La photographie, Gallimard, Folio, 2005, p.78. 2)Ernst Cassirer, Langage et mythe, Paris, Éditions de Minuit, 1973, p. 20. 3)Vilem Flusser, Pour une philosophie de la photographie, Circé, 1996 10 3 c ult ure ( S ) / le pho togr a phiable Elena Budnikova, St Petersbourg (2015). Les pêcheurs du matin et le lever du soleil se convoquent mutuellement pour célébrer le réveil de la grande cité de Pierre le Grand. C’est aussi le temps de l’introspection et le lieu de la méditation, révélés dans le jeu de miroirs des reflets de la ville sur la Neva. À l’inverse de ce qui se passe dans la réalité, l’image photographique, sorte de surface signifiante, réconcilie les contraires et les éléments disparates en les faisant coexister dans une extrême harmonie. toujours présente, actualisante et consultable à chaque instant. Dès lors notre monde réel ne préexiste plus à ces images, il s'induit avec et dans les opérations mêmes prévues, en l'espèce, par le geste de la photographie qui informe la réalité. Le photographe peut inventer son monde. Mystère de l’image : dans la réalité historique, le lever du soleil entraîne le chant du coq5. Dans le monde des images, les deux sont intimement et magiquement liés, jusqu’à parfois se confondre. En aliénant les relations de cause à effet, la réalité photologique donne un éclairage nouveau aux éléments Or c’est bien l'image créée qui est source de réalité. L’image est une passerelle vivante entre le passé et le présent. Car le réel n’est pas la matière que l’image reproduit, au contraire c’est le matériau que les images informent dans le processus d’élaboration graphique4. Dès lors le photographiable n’est pas une propriété originelle des choses : il est toujours d’ordre conceptuel. Et si le photographiable n’est plus dans le monde, alors il se tient dans les limites de l’appareil, c’est-à-dire dans son caractère formellement structurant du réel. C omme si l a pho t o gr a phie avait be s oin de s’affr a nchir de l a ré alité p o ur p o u voir e nfin e x is te r e n ta n t qu’u n ar t au t o n ome qui la constituent. L’image agit comme une forme symbolique qui transcende le réel. Ainsi quand le photographe définit le cadre de sa photo, il n’effectue jamais une délimitation au sens strict : il s’agit plutôt d’une limite de débordement comprise comme ouverture au possible. L’évènement photographique qui s’ensuit (le cliché) est un acte de « capture des forces », et qui les rend perceptibles. Penser la 10 4 c ult ure ( S ) / le pho togr a phiable Daryoush Assadi, Sans titre (2005). 4)Voir le bel article de Michel Guérin, « Du phénoménolo gique au photologique », in Le photographiable, PUP, 2013 5)Vilem Flusser, Pour une philosophie de la photographie, Circé, 1996, p. 11 Gyula Halasz, dit Brassaï, Linge, Megève (1946). Le leitmotiv du linge qui sèche, conjugué à un lieu en contre-champ, devient le révélateur intime d'une condition sociale. Ici la chemise de paysan dans une vallée des Alpes parle ainsi de manière pudique mais révélatrice du quotidien de leurs possesseurs. INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À 10 5 E L’art plus réel que la vie ? Dans un certain sens, puisque la photographie détermine une manière de voir les choses et non pas une vision du monde. Les peintres du Quattrocento avaient inventé la perspective dans ce dessein, car, pour rationaliser l’espace projeté, il avait bien fallu au préalable décider que le monde devrait dorénavant se donner dans une autre vue. Chaque art et chaque période de l’art sont soutenus et structurés par un ou des appareils techniques. D’ailleurs les historiens parlent bien « d’appareil perspectif » quand ils évoquent l’innovation technique à l’œuvre dans la peinture de la renaissance. Ainsi pourquoi, dans un monde régi par les images, serait-il si incongru que l’appareil photographique ait pris le pas sur le pinceau ? Et à ceux qui penseraient que le savoir-cadrer auraient remplacé tout le savoir-faire de l'artiste, rappelons-leur que la retouche digitale relève finalement autant de l’artisanat que la palette du peintre. \ LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS UN photographie en termes de forces signifie d’emblée penser le multiple, puisque toute force est dans un rapport essentiel avec une autre force. Dans son célèbre livre sur la photographie (La chambre claire), Roland Barthes souligne que ce n’est plus le « notable » qui est photographié, mais ce qui est photographié devient notable. INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. INVITÉ DOSSIER 8 CHF L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/8 éditions pour 109 chf 2 ans/16 éditions pour 188 chf c ult ure ( S ) / marché de l’ar t Une cote à l’américaine, le cas Jackson Pollock par artmarketinsight Artprice .com New-York ne rivalise avec aucune autre ville du monde pour défendre ses artistes et en faire de véritables stars du marché de l’art : Andy Warhol et Jeff Koons sont certainement les artistes les plus emblématiques de la puissance du marché new-yorkais. Leur travail respectif séduit largement, d’autant plus largement qu’il est figuratif et coloré, donc accessible au plus grand nombre. Mais il en est de même pour le grand abstrait contemporain Jackson Pollock (1912-1956) qui incarne les prémices de l’art contemporain américain en tant que tel et qui s’est imposé comme une figure mythique de l’art et du marché. Jackson Pollock, Number 19 (1948) 10 6 c ult ure ( S ) / marché de l’ar t Jackson Pollock, Number 5 (1948) Jackson Pollock est en effet l’un des acteurs majeurs de l’Expressionnisme abstrait, un mouvement né officiellement en 1948, considéré depuis comme le premier grand mouvement artistique des États-Unis. Au sein de ce mouvement, Pollock doit sa célébrité à l’invention d’une nouvelle façon de peindre. Il s’est en effet imposé avec des compositions abstraites impulsives, des drippings (to drip : égoutter), constituées de coulures réalisées à l’aide d’un bâton ou directement avec le pot de peinture préalablement percé de trous. Ses toiles sont autant de Sur le marché de s e nchè re s , le pri x de s œ u vre s de P oll ock ne ce s se de grimpe r car il re s te t rè s pe u d ’œ u vre s e n circ ul atio n territoires sur lesquels s’expriment une intention et par là même une force inconsciente. Expliquant son travail, il déclare « J’utilise une peinture liquide, très fluide (…) les pinceaux, je m’en sers comme des baguettes – le pinceau ne touche pas la surface de la toile : il reste juste au-dessus. J’ai une idée globale de ce que je fais et de ce qui en résultera. C’est le résultat qui compte ». Or, l’obtention d’un résultat satisfaisant est pour Pollock un parcours du combattant car l’artiste a des démons... Buveur invétéré (un abus par ailleurs séduisant pour 10 7 la culture populaire à l’époque de la prohibition des années 20-30), Pollock oscillait entre des périodes d’ivresse et de prolifération créatrice. Cette addiction le conduisit de psychiatre en psychiatre, tandis que les analyses lui ont parfois permis de comprendre certains rouages inconscients et de nourrir son œuvre. Pollock a l’ivresse de la peinture, dans une gestualité et un engagement physique et psychique proche du chamanisme. C’est cette puissance qui va séduire les critiques d’art et les collectionneurs de son temps. Il profite aussi, dès la fin des années 40, d’un engagement ferme de la part du gouvernement américain et de riches mécènes, lesquels souhaitent faire entendre l’art américain face au triomphe multiséculaire de l’art européen. Une première exposition itinérante, réalisée avec l’aide de la Fairfield Foundation, et intitulée « La nouvelle peinture américaine » fit découvrir cette peinture neuve en 1958 au Museum of Modern Art (MoMA) de NewYork et outre-Manche pour rejoindre la Tate Gallery (17 peintres sont sélectionnés dont Jackson Pollock). c ult ure ( S ) / marché de l’ar t Jackson Pollock en train d’expérimenter sa technique du dripping Pollock est alors accueilli comme le plus grand peintre américain vivant et suscite un enthousiasme irrépressible dans un monde de l’art en quête d’authenticité. L’enthousiasme se confirme chaque année en salles des ventes car sa signature est toujours l’une des plus convoitées. Une course aux chefs-d’œuvre Pollock fait aujourd’hui partie du cénacle très fermé des peintres les plus chers du monde... Une œuvre défrayait la chronique en 2006 en devenant la plus chère (connue) du monde après une transaction privée. La toile en question, intitulée Number 5 et réalisée en 1948, changeait de mains pour 140 m$. Or, le marché haut de gamme n’a cessé de battre des records depuis 2006. La plus haute transaction connue de gré à gré pour une œuvre d’art s’élève aujourd’hui à 300 m$, payés pour la toile Nafea faa ipoipo (Q uand te maries-tu ?) de Gauguin, en février dernier. Sur le marché des enchères, le prix des œuvres de Pollock ne cesse de grimper car il reste très peu d’oeuvres en circulation. Aucun Pollock n’a encore atteint le seuil des 100 m$ en salles mais ce palier n’est qu’une question d’opportunité, l’opportunité d’obtenir à la vente l’œuvre phare que recherchent les grandes maisons. Son record actuel en salles fut atteint en 2013 avec Number 19, une toile de 1948 estimée 35 m$ et finalement cédée pour 52 m$ au marteau (soit 58,3 m$ frais inclus, Christie’s)… Dès lors que l’œuvre est puissante, les estimations ne veulent plus dire grand-chose. Quelques-uns sont près à mettre le prix fort. Number 19 s’est évidemment vendue à New-York, où se joue presque tout le marché de Pollock. Les derniers drippings apparus en salles se sont tous vendus entre 3 et 16 millions de dollars. Reste-t-il des œuvres abordables ? La réponse est oui. Il faut compter entre 5000 et 10 000$ pour les estampes et il faut surtout courir après tant elles sont rares, mais leurs prix ne flambent pas trop… Une sérigraphie sur 50 exemplaires portant le cachet de la succession Pollock s’est par exemple vendue l’équivalent de 4400$ en juin dernier à Cologne (œuvre sans titre vendue chez Van Ham Kunstauktionen le 3 juin 2015). L’achat de cette valeur sûre du marché, portée aux nues par les collectionneurs et les musées du monde entier, y compris en Asie, est, à l’image de son œuvre, un véritable combat. \ 10 8 c ult ure ( S ) / marché de l’ar t évolution des ventes aux enchères publiques © A r t p r ice . c o m Année Produit des ventes en $ Lots vendus 2005 965’075 9 M e il l e u r e A d j u d i c at i o n e n $ 280’000 2006 4 ’ 8 5 1’ 8 0 7 13 1’ 9 0 0 ’ 0 0 0 2007 535’500 6 380’000 2008 362’592 4 300’000 2009 3 ’ 0 14 ’ 10 0 10 2’500’000 2 0 10 14 ’ 3 4 0 ’ 116 9 7’750’000 2 0 11 4’70 2’6 0 4 15 1’ 5 0 0 ’ 0 0 0 2 0 12 5 6 ’ 6 13 ’ 3 4 3 9 36’000’000 2 0 13 10 0 ’ 7 8 9 ’ 18 9 10 52’000’000 2 0 14 20’757’940 7 10 ’ 0 0 0 ’ 0 0 0 Répartition par gammes de prix (2005-2014) © A r t p r ice . c o m g a mm e d e p r i x e n $ Produit des ventes en $ Lots vendus 0 — 5’000 48’879 16 5’000 — 50’000 623’805 34 50’000 — 500’000 4’62 9’5 82 22 > 500’000 2 0 1’ 6 3 0 ’ 0 0 0 20 Top 5 prix d’adjudication © A r t p r ice . c o m ŒUvre Prix au marteau en $ Num b e r 19 ( 19 4 8 ) 52’000’000 P r i x av e c f r a i s e n $ 58’363’750 Num b e r 4 ( 19 5 1 ) 36’000’000 4 0 ’4 0 2 ’ 5 0 0 Num b e r 16 ( 19 4 9 ) 29’000’000 32’645’000 Num b e r 2 8 ( 19 5 1 ) 20’500’000 23’042’500 T h e B l u e U n c o n s c i o u s ( 19 4 6 ) 18 ’ 5 0 0 ’ 0 0 0 20’885’000 Num b e r 12 ( 19 5 0 ) 16 ’ 10 0 ’ 0 0 0 18 ’ 2 8 2 ’ 0 0 0 Num b e r 12 ( 19 4 9 ) 10 ’4 0 0 ’ 0 0 0 11’ 6 5 5 ’ 5 0 0 Num b e r 5 ( 19 5 1 ) ; E l e g a n t L a d y ( 19 5 1 ) 10 ’ 0 0 0 ’ 0 0 0 11’ 3 6 5 ’ 0 0 0 Num b e r 12 A ( 19 4 8 ) ; Y e l l o w, G r ay B l a c k ( 19 4 8 ) 7’750’000 8’762’500 B l a c k a n d W h i t e Pa i n t i n g ( 19 5 2 ) 7’500’000 8’565’000 10 9 C ULT URE ( S ) / PHILANTHROPIE ( S ) Elena Budnikova SAUVER DES VIES, LA VOCATION DES « SAUVETEURS SANS FRONTIÈRES » Arié Lévy, Président de SSF 110 C ULT URE ( S ) / PHILANTHROPIE ( S ) Cela fait plus de 20 ans que je me rends au Népal et c’est sans doute parce que, comme des centaines de milliers d’autres, j’aime ce pays. Les ravages qu’a causé la série de tremblements de terre des mois d’avril et mai derniers (plus de 8000 morts et au moins le double de blessés, outre plus de 700 disparus), ne font plus la une des journaux. Jusqu’aux prochaines graves secousses. Comme tous les amoureux de cet ancien royaume, encore enlisé dans une transition politique épuisante avec le maoïsme, j’ai bien sûr voulu tout de suite aider les Népalais du mieux que je pouvais, et j’ai commencé à lister les programmes les plus crédibles, notamment parmi ceux que je connais déjà. En dehors des grandes structures, comme la Croix Rouge Internationale et les aides d’États, quantité d’ONG sont déjà présentes au Népal depuis des décennies et y drainent des soutiens principalement pour l’alimentation, la santé et l’éducation. En recherchant une information qui me manquait dans ce dernier domaine, ma requête internet m’a délivré des images de ces frontons d’écoles typiques, ornés d’une étoile à six branches, la Sat-kona. Sa présence étonne toujours les nouveaux venus, pensant y voir quelque succursale d’ONG israéliennes, avant de comprendre que c’est un emblème national que ces deux pays partagent. Cartons de secours d’urgence israéliens débarqués au Népal Le Népal nous raconterait-il une autre histoire que celle des clivages irrémédiables existant depuis la création de l’État d’Israël ? Il semble que oui, comme si cette étoile à six branches était ici chez elle. Alors j’ai voulu en savoir plus, profitant du passage à Genève d’une équipe de sauveteurs franco-israéliens, revenant tout juste de leur mission au Népal et dirigée par Arié Lévy, le président de Sauveteurs Sans Frontières, lequel a bien voulu répondre à mes questions. Et puis, au fil des photos, une des étoiles qui apparaît sur un carton de secours est accompagnée de quelques mots d’hébreu. Oui c’est bien une équipe israélienne de secours qui est là cette fois. Vérification faite, l’armée israélienne a bien installé un hôpital de campagne, tandis que des ONG, portant une étoile rouge, népalaise à s’y méprendre, ont déjà été déployées sur le terrain. Vous revenez du Népal avec quel sentiment ? C’était la première fois qu’une équipe de SSF se rendait au Népal. Nous avons tous été impressionnés par l’incroyable résistance, et toute la douceur à la fois, de la population face à une catastrophe d’une telle ampleur. Le sourire était toujours là, même dans les pires souffrances, tout comme l’ardeur des solidarités ou les expressions de reconnaissance d’une rare pureté. Les statistiques de l’ONU indiquent qu’Israël a fourni le plus nombreux personnel médical, dès les premières heures. Quantité d’images les montrent travaillant en parfaite intelligence avec d’autres organismes de secours occidentaux et asiatiques. Emblèmes d’écoles, d’universités népalaises et de l’armée népalaise 111 C ULT URE ( S ) / PHILANTHROPIE ( S ) Comment se composent vos équipes ? Qu’avez-pris avec vous ? SSF rassemble des médecins, des ophtalmologues, des dentistes, des infirmiers, des secouristes, des logisticiens ou encore des psychologues, provenant du monde entier et prêts à intervenir à tout moment. Chacun est muni d’un beeper qui ne le quitte pas et sait exactement ce qu’il doit faire. Par ailleurs, nous sommes des bénévoles à 100 % qui exerçons tous une activité professionnelle en parallèle. Tout notre matériel est prêt au domicile des volontaires et dans nos entrepôts, et nous savons exactement quels types de traumatismes et blessures nous allons rencontrer dans une telle situation. Alors nous avons emporté de grandes quantités de pansements, plâtres, médicaments antidouleur, antibiotiques, etc. Nous anticipons aussi l’absence d’électricité avec des groupes électrogènes, le climat, les conditions de déplacements sur place, d’abris, de ravitaillement, de communication, etc. Quelle est la spécificité de votre travail ? Comment se sont déroulées vos journées au Népal ? C’est très simple, nous savons que plus on intervient tôt, plus les chances de sauver des vies sont grandes. Cela se calcule parfois en minutes lors de catastrophes naturelles ou d’attentats et en heures pour un déplacement aussi éloigné que le Népal. Notre première spécificité, c’est donc la rapidité d’intervention et la précision d’accès aux personnes en détresse, selon les normes internationales SAR (Search and Rescue). Notre seconde spécificité, c’est de servir de relais. Nous stabilisons l’état médical du plus de victimes possibles, pour qu’elles survivent le temps que la grosse logistique des ONG et des secours À Katmandou, dès notre arrivée, nous avons pu prendre en charge des prématurés dont les couveuses d’un hôpital excentré n’étaient plus alimentées en électricité. Puis nous sommes intervenus à l’hôpital de Bir, au centre de la capitale, dont nous avons transformé l’entrée, déjà surchargée de blessés à même le sol, en salle de triage. Nous y avons pris N o u s s tabilis o n s l’é tat mé dical d u pl u s de vic time s p o s sible s , p o ur q u’elle s s urvive n t le te mp s q ue le s sec o ur s se me t te n t e n pl ace d’États se mette en place, quelquefois un ou plusieurs jours après. Par ailleurs, nous sommes entraînés à évaluer les différents degrés de gravité afin, d’un côté de parer au plus urgent, y compris en soutien à des équipes médicales locales rapidement débordées, et de l’autre, afin d’accélérer le travail de ceux qui prendront le relais après nous. Il nous arrive aussi de commencer à fédérer sur place des personnes qualifiées (secouristes, interprètes, guides, etc.). Il faut comprendre que dans le prolongement immédiat d’un séisme aussi dévastateur, tout s’arrête, la désorganisation s’installe à grande vitesse, notre rôle est donc aussi de créer des repères dans cette émergence de chaos et de stupeur. Sauveteurs népalais et israéliens en charge des dizaines de victimes. Les ONG arrivant, nous sommes partis là où elles avaient encore du mal à parvenir, en commençant par Bhaktapur, une ville ravagée, à moins de 20 km à l’est de Katmandou. Après quoi nous sommes montés plus au nord, à la demande des autorités, dans la région de Melamchi. Nous y avons monté un dispensaire de campagne pour prendre en charge des dizaines de blessés amenés par petits hélicoptères, qui étaient restés sans aucun soin pendant les 4 jours écoulés depuis le séisme. Lorsque le gros hélico de transport MI-17 de l’armée népalaise arriva Combien de temps vous a-t-il fallu pour arriver ? Le premier séisme a eu lieu le samedi 25 avril. Une première équipe s’est envolée par le premier avion de ligne disponible, pour arriver sur place dans les 24 heures du séisme. Puis une seconde équipe nous a rejoint une dizaine d’heures plus tard. 112 C ULT URE ( S ) / PHILANTHROPIE ( S ) pour rapatrier les cas les plus graves vers Katmandou, nous étions en mesure de faire les choix des blessés à évacuer en priorité. Puis nous sommes allés dans des villages plus reculés, accessibles uniquement à pied, avec notre matériel sur le dos, escortés et aidés par un groupe d’une vingtaine de militaires népalais. Nous avons pu y soigner près de Nous y formons des volontaires aux techniques urgentistes qui sont les nôtres, mais en respectant toujours strictement les traditions locales. Par exemple, c’est nous qui avons formé les équipes du Croissant-Rouge palestinien. En plus de la formation, nous fournissons ces antennes en kits de secours et en kits médicaux et de réanimation, que nous finançons grâce à des appels aux dons. s a n s auc u n s oin pe nda n t le s 4 jo ur s éc o ulé s de puis le séisme . 200 blessés laissés pour compte. Nous avons terminé notre mission par une opération de ravitaillement de plus de 600 familles, qui avaient tout perdu pendant le séisme. Après quoi nous sommes rentrés chez nous reprendre nos activités, avec cette satisfaction immense d’avoir sauvé des vies et soulagé autant de souffrance que nous l’avons pu. Quelle est la suite que vous avez donnée à votre mission au Népal ? Elle n’est pas terminée. Nous avons laissé sur place tout notre matériel et deux membres de l’équipe (un infirmier et un logisticien) pour qu’ils continuent le travail et puissent immédiatement évaluer les besoins en cas de reprise des secousses. Ensuite nous avons décidé d’ouvrir une antenne locale permanente, tellement les besoins sont importants. Kit médical SSF Combien faut-il de temps pour acquérir vos savoir-faire ? Environ 60 heures pour le premier niveau de sauveteurs, avec le kit correspondant, un peu plus pour les médecins et leur matériel propre. Depuis 2012, nous formons une centaine de sauveteurs par an. Nous comptons aujourd’hui plus de 600 volontaires. Et ces kits, qu’ont-ils de particulier ? Leur composition et leur maniement ont été mis au point pour une efficacité de pointe, notamment à partir de notre expérience d’un terrain très complexe. Par ailleurs, chaque kit est parrainé par un ou plusieurs donateurs et porte l’identifiant correspondant, ce qui permet de donner des nouvelles sur l’usage des kits aux parrains en temps réel, en particulier sur les accomplissements qu’il a permis. En moyenne, avec un kit de survie, il est possible de secourir 180 personnes, c’est-à-dire au coût que représente le parrainage d’un kit de base (1800 €), 10 € permettent de contribuer à sauver une vie. \ Soins d’urgence des SSF à Melamchi C’est la première fois que vous ouvrez une antenne permanente à l’étranger ? Non, nous en avons déjà ouvert plus d’une dizaine, notamment au Mali, au Kenya, au Sri Lanka, en Birmanie, à Haïti, aux Philippines, ou encore auprès des réfugiés chrétiens d’Irak. Propos recueillis par Arnaud Dotézac. 113 hé d o nisme ( S ) / jolis fl ac o n s sud de la france : 8 « vins d’été » à l’honneur 3. Domaine La Rose des Vents Rosé 2014 Type : Vin rosé (Grenage, cinsault, syrah) La robe de ce rosé évoque le marbre rose, le nez exprime la pêche, la fraise et l’abricot. La bouche est fraîche, ronde et gourmande, et s’étire avec élégance sur des notes de fruits frais. Il se déguste volontiers en apéritif, ou lors d’un barbecue accompagné de salades composées. 4. Domaine Puech-Haut Tête de Bélier 2013 Type : Vin blanc (Roussanne, Marsanne, Grenache blanc) La Tête de Bélier a une robe jaune dorée très brillante. C’est un vin plein de charme, à la fois opulent et élégant avec une longeur en bouche. Le nez est à la fois éclatant de fruits exotiques et d’abricot, et chaleureux avec des notes de chocolat blanc et de pêche de vigne. La bouche est équilibrée et pleine, sur des notes à la fois fraîches en attaque, qui évoquent les agrumes, et plus ronde en finale, rappelant la douceur du miel d’acacias. 4. 5. Domaine cuilleron 3. 5. Condrieu la Petite côte 2013 Type : Vin blanc (Viognier) Issu de vignes exposées du Sud/Sud-Est, ce Condrieu est élevé 9 mois en barriques sur lies, avec les levures naturelles. Le nez plaisant est intense, avec des arômes de fruits mûrs à souhait, d’abricot confit, de pêche et de notes miellées, réveillées par quelques zestes d’agrumes. La bouche est séduisante par sa rondeur et sa fraîcheur citronnée en final. L’ensemble est équilibré et harmonieux. Il réhaussera tout naturellement les carpaccios de poissons délicats. 1.Château La Tour de l’Évêque Pétale de rose 2014 Type : Vin rosé (Grenache, Cinsault, Mourvèdre) Le vignoble du Château de la Tour de l’Évêque s’étend près de Pierrefeu, dans le Var. Ce rosé aux reflets cristallins développe un nez très fruité, avec une bouche ample et fine à la fois. Il donne de la vivacité aux apéritifs et s’allie agréablement aux viandes blanches et poissons, ainsi qu’à la gastronomie asiatique. 2.Château Minuty Rose et Or 2014 Type : Vin rosé (Grenache, Syrah) Rose et Or de Minuty est un rosé vibrant d’expression, concentré d’arômes gourmands d’une fraîcheur intense et dont la bouche laisse place à l’expression des fruits. Il est le compagnon idéal de la cuisine méditerranéenne : légumes en anchoïade, tarte fine aux sardines et pesto. Il peut se garder durant 3 ans. 1. 114 2. hé d o nisme ( S ) / jolis fl ac o n s 6. Domaine Ott « Clos Mireille » Blanc de blancs 2013 Type : Vin blanc (Sémillon, Ugni blanc, Rolle) Issu d’un terroir très ancien qui s’étend jusqu’en bord de mer, ce Blanc de Blancs a tous les atouts d’un vin d’exception. Un bouquet bien développé, complexe et distingué, où s’entremêlent des effluves de fruits à noyau, d’épices et de fleurs sauvages. Il est sec, souple et élégant en bouche. Il se sert à l’apéritif ou en alliance avec les poissons grillés, la soupe de poisson, les crustacés et les coquillages. La suggestion de nos spécialistes: Corbières Boutenac Solus Château de Caraguilhes bio Coop Naturaplan, 75 cl 19.95 6. 7. 8. 7.Mas de Daumas Gassac Vin de Pays de l’Hérault 2012 Type : Vin rouge (cabernet sauvignon) Un Français méridional en qualité bio. Ce vin est constitué à 80 % de cabernet sauvignon, associé à une collection de 10 cépages différents. La robe rubis pourpre dévoile des arômes de petits fruits noirs. La bouche s’avère fruitée et savoureuse, avec une belle finale. Il accompagne agréablement un tajine de mouton, une pintade rôtie ou encore un gigot d’agneau au thym. Ce vin rouge produit selon des méthodes biologiques fera des merveilles avec des grillades ou des fromages corsés. D’autres suggestions de vins vous attendent sur mondovino.ch 8. Domaine Gérin Côte-Rôtie « Champin le Seigneur » 2012 Type : Vin rouge (Syrah et Viognier) Coop ne vend pas d’alcool aux jeunes de moins de 18 ans. En vente dans les grands supermarchés Coop et sur www.mondovino.ch Le mélange de Syrah et de Viognier apporte une touche de finesse au vin et dégage des arômes de fruits noirs macérés, de cacao, de café et d’épices. La robe est soutenue avec des nuances grenat. Le palais est équilibré sur des tanins souples et soyeux. Quelques années de garde permettront à ce millésime de se révéler entièrement ! C’est le parfait partenaire d’une côte de bœuf grillée au barbecue. 115 50_300_86x225_Coop_Mondovino_Market_f 1 09.06.15 11:18 pho to GRA PHE d u mois Maia Flore Maia Flore Maia Flore est la co-lauréate 2015 du Prix HSBC pour la Photographie, avec Guillaume Martial. Voici comment François Cheval, conseiller artistique de cette édition 2015, évoque mieux que quiconque, les qualités de Maia Flore. situations poétiques et métaphoriques. Cette photographie relève de la poésie élisabéthaine ! Le travail est fortement imprégné des caractéristiques de son anatomie, ces longs cheveux roux, cette peau si blanche, tout en retenue et rejetant l’exhibition. Ce corps est un pont, un arbre, un objet. Il fusionne avec le monde, il a une respiration, comme une langue qui divague. » « Maia Flore croit aux vertus d’une photographie enfin débarrassée de la réalité crue. Le réel n’a d’intérêt que transfiguré. Avec sa personne comme modèle, ou plutôt comme sujet agissant, elle s’amuse à mettre en scène d’improbables 116 Zum Wohl Santé ! Cheers Les Vins du Valais. Les goûter, c’est les aimer. lesvinsduvalais.ch MISSION PARTNER OF Fifty Fathoms Bathyscaphe ©Photograph: Aaron Wong Pristine Seas Expeditions RAISE AWARENESS, TRANSMIT OUR PASSION, HELP PROTECT THE OCEAN www.blancpain-ocean-commitment.com BLANCPAIN BOUTIQUES RUE DU RHÔNE 40 · 1204 GENEVA · TEL. +41 (0)22 312 59 39 BAHNHOFSTRASSE 28 · PARADEPLATZ · 8001 ZURICH · TEL. +41 (0)44 220 11 80 www.blancpain.com