sortie le 8 septembre

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SYNOPSIS
Un ancien soldat américain, émotionnellement marqué par son experience, se réfugie dans ses
rêves et ses souvenirs, car il a le don de voyager dans le temps sans aucun contrôle sur sa destination.
« Il s’agit pour moi d’une analyse à plusieurs niveaux de la violence qui est dans notre vie quotidienne et qui résulte de la seconde guerre mondiale ainsi que de la destruction des valeurs humaines qui nous avaient poussés à participer à la seconde guerre mondiale. La destruction de ces
valeurs amène un certain désarroi chez les gens de ma génération (c’est-à-dire celle qui a fait la
guerre). Ce thème de la destruction est mis en parallèle avec la destruction de Dresde, premier
exemple où la violence a pris son autonomie, premier exemple de violence émanant de la bureaucratie. »
Les Lettres Françaises 08-06-1972 Entretien de George Roy Hill par Gérard Langlois
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Slaughterhouse five
USA – 1972 – 1h44
Format : 1:85 (couleur)
Son : Mono
Copies vostfr
Visa n° 39966
Réalisateur : George Roy Hill
Producteur : Paul Monash
Scénariste : Stephen Geller
d’après Kurt Vonnegut Jr.
Chef opérateur : Miroslav Ondricek
Montage : Dede Allen
Musique : Glenn Gould
Genre : Fable philosophique
FICHE ARTISTIQUE
Michael Sacks
Ron Leibman
Valerie Perrine
Eugene Roche
Dossier de presse et photos téléchargeables sur
www.splendor-films.com
DISTRIBUTEUR
Splendor Films
8, rue Molière
93100 Montreuil
01 42 87 92 67
[email protected]
PRESSE
Anne-Charlotte Bappel
01 48 70 39 73
[email protected]
GEORGE ROY HILL
(1921-2002)
Né en 1921 à Minneapolis, George Roy Hill fait ses études de Lettre à l’université de Yale, puis
sert à la marine pendant deux ans en tant que pilote. Après son retour du service militaire, il
travaille comme journaliste avant de se rendre en 1946 en Irlande, où il poursuit ses études
littéraires au Trinity College de Dublin et achève sa thèse de doctorat sur l’emploi des formes
musicales par James Joyce.
Ses études finies, George Roy Hill devient comédien de théâtre, où il se spécialise dans les pièces
de Shakespeare. Cette entrée dans le monde artistique l’entraîne vers le septième art. Il commence par écrire et mettre en scène pour la télévision puis pour Broadway avant de se lancer
dans le cinéma. Son travail pour «Kraft Television Theatre» lui valu des nominations aux Emmy
dans les catégories Ecriture et Réalisation. «Look Homeward, Angel», sa première mise en scène
à Broadway, a été un succès.
C’est en 1962, à 40 ans, qu’il signe L’ Ecole des jeunes mariés, son premier long métrage adapté
d’une pièce de Tennessee Williams, dans lequel il dirige Jane Fonda.
En 1963, George Roy Hill réalise Le Tumulte, avec Dean Martin, puis dirige Peter Sellers dans la
comédie Deux copines... un séducteur. Il enchaîne alors avec deux films mettant en vedette Julie
Andrews : le drame historique Hawaï et la comédie musicale Millie.
Sa carrière de réalisateur connaît son apogée grâce à deux films devenus aujourd’hui des classiques : le western Butch Cassidy et le Kid et L’Arnaque, réalisés respectivement en 1969 et 1973.
Deux films dans lesquels George Roy Hill dirige à la fois Robert Redford et Paul Newman. Ces
deux films sont acclamés par la critique, et remportèrent chacun quatre et sept Oscars. George
Roy Hill remporta les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur pour L’Arnaque.
Entre deux, Hill réalise Abattoir 5, l’adaptation cinématographique d’un livre de Kurt Vonnegut
JR. Ce drame poignant anti-guerre reçoit Le Prix du Jury au festival de Cannes en 1972.
George Roy Hill dirige de nouveau ses deux acteurs fétiches : Robert Redford dans La Kermesse
des aigles, en 1975, et Paul Newman dans La Castagne, en 1977. En 1988, le cinéaste âgé de 67
ans met un terme à ses fonctions de réalisateur avec la comédie Funny Farm et passe ses dernières années en tant que professeur à Yale.
Les films de George Roy Hill se caractérisent par la fluidité de la narration, l’élégance de l’écriture, le raffinement de la lumière, la nonchalance du rythme qui leur confèrent charme et musicalité. Ce style en demi-teinte qu’on retrouve dans tous ses films met en valeur un monde en
guerre ou en crise. La violence et la mort y règnent, ainsi que l’autorité des affairistes, des fanatiques et des représentants de l’ordre.
FILMOGRAPHIE GOERGE ROY HILL
1988 Funny Farm
1983 La Petite Fille au tambour (The Little Drummer Girl)
1982 Le Monde selon Garp (The World According to Garp)
1979 I love you, je t’aime (Little Romance)
1977 La castagne (Slap Shot)
1975 La Kermesse des aigles (Great Waldo Pepper)
1973 L’ Arnaque (The Sting)
1972 Abattoir 5 (Slaughterhouse-Five)
1969 Butch Cassidy et le Kid (Butch Cassidy and the Sundance Kid)
1967 Millie (Thoroughly Modern Millie)
1966 Hawaii
1964 Deux copines... un séducteur (The World of Henry Orient)
1963 Le Tumulte (Toys in the Attic)
1962 L’École des jeunes mariés (Period of Adjustment)
MICHAEL SACKS
Michael Sacks est né le 11 Septembre 1948 à New York. Il est connu pour le rôle principal de
Billy Pilgrim dans le film de George Roy Hill, Abattoir 5. Pour ce rôle Michael Sacks a été nominé
au Golden Globe Award dans la catégorie «Nouveau Arrivant le plus Prometteur».
Après se remarquable début, Sacks joue dans The Sugarland Express de Steven Spielberg aux
côtés de Goldie Hawn, dans Hanover Street avec Harrison Ford et dans The Amityville Horror de
Stuart Rosenberg.
Il joue aussi dans plusieurs films réalisés pour la télévision, dont Starfight: l’avion qui ne pouvait
pas atterrir (1983), Bunco (1977), The Great Niagara (1974) et Carola (1973).
Il prend un retraite anticipée en 1984 avec le téléfilm Why Me?.
Après avoir arrêter sa carrière d’acteur, il intégre le monde de la finance (chez Morgan Stanley,
Salmon Brothers, IBM…).
FILMOGRAPHIE
1984 The House of God de Donald Wrye
1982 Split Image de Ted Kotcheff
1980 Amityville, la maison du diable (The Amityville Horror) de Stuart Rosenberg
1979 Guerre et passion (Hanover Street) de Peter Hyams
1977 The Private Files of J. Edgar Hoover de Larry Cohen
1974 The Sugarland Express de Steven Spielberg
1972 Abattoir 5 (Slaughterhouse-Five) de George Roy Hill
VALERIE PERRINE
Née en 1943 au Texas d’un père lieutenant-colonel dans l’armée et d’une mère danseuse, elle
passe son enfance à déménager d’une ville à l’autre : elle grandit au Japon, et passe son adolescence dans un ranch en plein Arizona.
Perrine commence sa carrière en tant que danseuse topless à Las Vegas. Elle débute au cinéma
dans Les Diamants sont éternels en 1971. Ses débuts sur l’écran sont impressionnants quand
elle joue une sexe bombe, reine de porno Montana Wildhack, l’objet de fantasmes de Billy Pilgrim, dans l’adaptation cinématographique du roman de Kurt Vonnegut, Abattoir 5 (1972). Et
dans Lenny de Bob Fosse (1974) quand au coté de Dustin Hofman elle incarne l’épouse de Lenny
Bruce. Pour cette performance accomplie Perrine a été nominée pour l’Oscar et le Golben Globe
de la meilleure actrice. Elle remporte le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes.
On la découvre dans les rôles de Carlotta Monti dans W.C. Fields et moi (1976) et Charlotta Steele,
ex-épouse d’un champion du rodéo joué par Robert Redford, dans Le Cavalier électrique (1979).
Ces films l’ont révélé comme une actrice peu ordinaire, douée, sensible et profonde derrière son
appel érotique souvent mis en avant.
Son rôle le plus célèbre est sans doute Miss Eve Teschmacher dans Superman (1978) et Superman II (1980) où elle succombe à jouer le genre de rôle de bimbo qu’elle avait réussi à éviter au
début de sa carrière.
Sa carrière décline après une apparition dans le film culte, Can’t Stop the Music (1980). En 1982,
elle joue le rôle de Marcy, la femme d’un officier de police corrompu dans The Border avec Jack
Nicholson et Harvey Keitel.
En 2000 on la retrouve auprès de Mel Gibson dans une comédie américaine What Woman Want.
Plus récemment Valerie Perrine joue des rôles de personnage excentrique dans des séries télévisées telles que Northern Exposure et ER.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE
2005 The Californians de Jonathan Parker
2000 Ce Que Veulent Les Femmes de Nancy Meyers
1993 Boiling Point de James B. Harris
1985 Ouragan Sur L’Eau Plate (Water) de Dick Clement
1982 The Border de Tony Richardson
1980 l’Agence de George Kaczender
1980 Superman 2 de Richard Lester
1979 Le Cavalier Electrique de Sydney Pollack
1978 Superman de Richard Donner
1977 Mr. Billion de Jonathan Kaplan
1976 W.C. Fields et moi de Arthur Hiller
1974 Lenny de Bob Fosse
1973 Last American Hero de Lamont Johnson
1972 Abattoir 5 (Slaughterhouse-Five) de George Roy Hill
1971 Les Diamants sont éternels de Guy Hamilton
KURT VONNEGUT JR.
(1922 – 2007)
« Ce qui m’a attiré en priorité vers Vonnegut, c’est qu’il est un auteur de science-fiction mais la
science-fiction n’est pas pour lui une fin en soi, c’est un instrument, le véhicule d’une réflexion morale sur le monde existant, sur les gens, sur la société. »
George Roy Hill, L’Humanité 31-05-1972 entretien par Albert Cervoni
A l’origine du film, il y a un livre publié en 1969 (réédité en 2004 par l’éditeur POINTS), en pleine
guerre du Vietnam, écrit par Kurt Vonnegut Jr., un écrivain de nationalité américaine, dont la
biographie, pas vraiment réjouissante, comprend la mort de sa sœur des suites du cancer, le suicide de sa mère le jour de la Fête des mères en 1944, ainsi qu’une détention par les Allemands
durant la guerre, détention effectuée à Dresde, où Vonnegut survécut au fameux bombardement
du 14 février 1945, le plus gros derrière ceux de Hiroshima et Nagasaki. Un événement qui sera
au cœur de son livre Abattoir 5, et donc de l’adaptation cinématographique.
Auteur à succès aux Etats-Unis et mondialement reconnu, Vonnegut a vu plusieurs de ses ouvrages adaptés au cinema :
2009 2081 de Chandler Tuttle
1999 Breakfast of Champion de Alan Rudolph
1996 Mother Night de Keith Gordon
1982 Slapstick de Steven Paul
1972 Abattoir 5 de George Roy Hill
1971 Happy Birthday, Wanda June de Mark Robson
Kurt Vonnegut, Jr. est né le 11 novembre 1922 à Indianapolis aux Etats-Unis, de parents d’origine allemande (troisième génération). Il fait ses études à la Shortridge High School où il écrit
pour le quotidien scolaire. Il fréquente la Butler University mais la quitte quand un professeur
lui dit que ses histoires ne sont pas à la hauteur. En 1941-1942 il suit les cours de biochimie de la
Cornell University, tout en collaborant au journal d’étudiant. Puis il entre au Carnegie Institute
of Technology en 1943.
Engagé dans l’armée américaine pendant la Seconde Guerre Mondiale, il participe à l’offensive
des Ardennes. Le 14 décembre 1944, durant la bataille des Ardennes, le soldat Vonnegut se retrouve isolé et, après quelques jours d’errance solitaire derrière les lignes d’ennemi, il est fait
prisonnier de guerre par l’armée allemande.
En février 1945, Vonnegut est à Dresde et travaille dans un abattoir. Du 13 au 15 février 1945
a lieu le bombardement de Dresde par les Alliés. C’est l’un des plus grands carnages civils de
la Seconde Guerre mondiale : 7 000 tonnes de bombes (dont des bombes au phosphore) sont
déversées en trois vagues qui feront plus de 35 000 morts.
Il fut l’un des sept rescapés américains, sauvés en s’étant enfermés dans une cave d’abattoir
qu’il nomme Slaughterhouse Five (Abattoir 5). Les autorités nazies l’affectèrent à la récupération
des cadavres pour la fosse commune.
Les moments vécus comme soldat et prisonnier de guerre ont influencé l’œuvre de Kurt Vonnegut. Cette expérience traumatisante, décrite dans son roman Abattoir 5, est mentionnée dans
pas moins de six de ses autres ouvrages.
Libéré en mai 1945 par les troupes soviétiques, il revient aux États-Unis, et reçoit un Purple
Heart pour une blessure sans importance.
Après la guerre, Vonnegut fréquente l’Université de Chicago où il suit des cours d’anthropologie.
Il travaille également pour le City News Bureau de Chicago comme correspondant judiciaire.
L’Université rejette sa thèse pour « manque de professionnalisme », puis accepte son roman Le
Berceau du chat comme thèse en raison de son contenu anthropologique. Il est ainsi diplômé en
1971.
Sur le point d’abandonner l’écriture, Vonnegut se voit offrir un poste d’enseignant à l’Université de l’Iowa. Pendant ce temps Le Berceau du chat devient un succès commercial et il commence la rédaction d’Abattoir 5 ou la Croisade des enfants, maintenant considéré comme l’un des
meilleurs romans américains du XXe siècle.
«SCIENCE FRICTION»
Entretien de Vonnegut par F. Roussel pour Libération
Kurt Vonnegut a terminé sa carrière d’écrivain par un essai mêlant anecdotes vécues et fiel sur
l’Amérique, en laquelle il ne se reconnaissait plus. Il se décrivait comme Un homme sans patrie
(Denoël, 2006), foncièrement anti-Bush et révolté contre la guerre en Irak. «Au cas où cela vous
aurait échappé, nous sommes désormais haïs dans le monde entier, comme l’étaient jadis les
nazis.» Ce dernier livre fit un best-seller aux Etats-Unis, avec 250 000 exemplaires vendus. Kurt
Vonnegut, iconoclaste désabusé («Je dirais n’importe quoi pour être drôle, même dans les situations les plus terribles»), est mort mercredi, à 84 ans, de lésions cérébrales après une chute au
logis, à Manhattan. Sa ville natale, Indianapolis, Indiana, avait décrété 2007 «année Vonnegut».
Kurt Vonnegut y est né le 11 novembre 1922. Etudiant en biochimie, il est envoyé au front en
Europe en 1944. Lors de la bataille des Ardennes, il est fait prisonnier après être passé derrière les lignes allemandes. Envoyé dans une fabrique de compléments vitaminés à Dresde, il se
trouve sous le déluge de feu allié qui s’abat sur la ville, le 14 février 1945. «Le bombardement
de Dresde n’explique absolument rien sur pourquoi j’écris ce que j’écris et suis qui je suis»,
écrivait-il en 1981. Confiné dans une cave de Dresde qui servait d’abattoir, il fut l’un des rares
survivants de cette épreuve qui devait devenir, vingt-cinq ans plus tard, la matière de son oeuvre
maîtresse, Abattoir 5.
Le vétéran Billy Pilgrim, arrêté par les Allemands, est envoyé à Dresde dont, comme son créateur, il réchappe. Ses rêves et voyages dans le temps le transportent notamment sur la planète
Tralfamadore. Charge pacifiste publiée à l’épicentre de la guerre du Vietnam, en 1969, et adapté
par George Roy Hill en 1972, Abattoir 5 reste comme une contribution majeure au mouvement
contestataire des années 70. Après la guerre, Kurt Vonnegut travaille comme journaliste de faits
divers à Chicago.
En 1947, il arrive à New York et se lance dans l’écriture tout en cumulant des petits boulots :
chargé de relations publiques de General Electric ou commercial chez Saab. Ses premiers romans relèvent ouvertement de la science-fiction. Ainsi de Player Piano (le Pianiste déchaîné,
1952), portrait ironique d’une société divisée en trois classes (dont les machines et les «gens»).
Suivent les Sirènes de Titan (1959), où apparaissent les Tralfamadoriens, extra-terrestres qui
manipulent l’homme et le minable écrivain de SF Kilgore Trout, dont on ne trouve les écrits que
dans les sex-shops (P.J. Farmer imagina un roman sous ce pseudo). Kurt Vonnegut étoffera ce
personnage dans Breakfast of Champions (1973), rencontre entre le fameux Trout et un vendeur
de voitures sur une planète que ses habitants s’obstinent à ravager (devinez laquelle).
Kurt Vonnegut, qui a toujours refusé d’être considéré comme écrivain de SF, commence à trouver son style : un imaginaire satirique, fait d’humour noir, d’antimilitarisme, d’aphorismes («Qui
d’autre qu’une épouse voudrait coucher avec moi ?») et de digressions. Il a publié une vingtaine
de romans (dont Nuit noire, R comme Rosewater, le Cri de l’engoulevent dans Manhattan...), des
essais et nouvelles. Ignorés d’abord par la critique, ses livres sont devenus cultes, surtout l’autobiographique et picaresque le Berceau du chat (1963). Son personnage, Jonas, y rédige un livre
avec une curiosité maniaque pour ce qui a pu se passer dans le monde à l’instant où le champignon atomique se formait au-dessus d’Hiroshima.
La vie de Kurt Vonnegut ne fut guère réjouissante : suicide de sa mère en 1944, disparition de
sa soeur cancéreuse (il adopta ses trois enfants). Malgré le succès, il a lutté contre la dépression
toute sa vie. En 1984, il tente de se suicider (médicaments et alcool), alors qu’il rédige Galapagos, récit du fantôme d’un Viet-Vet de retour sur Terre un million d’années après. Kurt Vonnegut
épousa en secondes noces la photographe Jill Krementz, avec qui il vivait à Manhattan dans une
maison coincée entre deux gratte-ciel. Dans ses dernières années, il signait des billets acides
dans un magazine de gauche de Chicago, In These Times : «Je considère que notre pays, dont j’ai
défendu la Constitution dans une guerre juste, pourrait aussi bien être envahi par les martiens
ou les voleurs de cadavres.»
DEDE ALLEN
(1923 – 2010)
“Je me souviens à quel point j’étais inquiète quand j’ai travaillé avec George Roy Hill pour la première fois. J’ai eu la chance en ce que George est devenu très excité quand il a vu une scène que je
montais au début – je crois que c’est la marche dans la boue. Je me souviens qu’il était enthousiaste
parce que c’était une approche totalement différente de ce qu’il avait pensé que cette scène serait.
A partir de là, il était toujours ouvert aux idées nouvelles. Mais il n’y a pas beaucoup de réalisateurs
avec une telle confiance. Il ne vous permettent pas de les aider à trouver leur vision.”
Dede Allen
Née en 1923 à Cincinnati, la célèbre monteuse américaine est surtout connu pour avoir fait le
montage des grands films classiques tels que America, America d’Elia Kazan, Bonny & Clyde,
Little Big Man d’Arthur Penn, Serpico, Un après-midi de chien de Sidney Lumet, Le Coup de l’escalier de Robert Wise, L’Arnaqueur de Robert Rossen…
Allen fait son chemin en production, bibliothécaire du son, puis comme assistante monteur à
Columbia Pictures. Elle faisait le montage de films commerciaux et industriels, avant de devenir une monteuse de films de fiction à part entière. Elle a travaillé seize ans dans l’industrie
cinématographique avant de monter son premier long-métrage, Odds Against Tomorrow (1959).
Pendant cette expérience elle a été encadrée et encouragée par le réalisateur Robert Wise, également monteur, notamment de Citizen Kane de Orson Welles.
De 1961 à 1981, Dede Allen est la plus célèbre monteuse du cinéma américain. Elle collabore
avec les meilleurs réalisateurs de Hollywood et développe sa propre signature éditoriale. Déjà
son premier long métrage avec Robert Wise, Allen développe l’une de ses principales techniques: le passage audio. Au lieu d’arrêter l’image et le son d’accompagnement en même temps
(la pratique courante), elle additione le son d’un plan à la fin du plan qui le précède (ou vice
versa). L’effet rendu accélère le rythme du film.
Quand elle commence à travailler sur The Hustler, la Nouvelle Vague française et les films des
«jeunes hommes en colère» britanniques ont du succès en Amérique. Le réalisme de l’école
anglaise et l’édition radicale de l’école française ont fait une forte impression sur Allen. La combinaison de ces deux écoles et l’accent mis sur le caractère donne à Hustler sa qualité unique de
réalisme et de modernisme. Avec Bonnie and Clyde (le premier des six films avec Arthur Penn),
Allen développe le principe du saut de coupe en mariant ses discontinuités temporelles et spatiales avec une narration claire, l’identification fort de caractère (le montage classique de Hollywood) et des coups de courte durée (le montage commercial de la télévision). Puis Allen fait la
synthèse de la Nouvelle Vague, des «jeunes hommes en colère», de Hollywood et de la télévision.
Elle définit une autre des ses principales techniques de montage que Andrew Sarris a appelé «
la coupe de choc » : des contrastes sauvages d’un plan à l’autre qui donnent au film une qualité
déchiquetée et menaçante, créent une sorte de rythme syncopé.
Allen introduit le montage moderne à Hollywood. Que ce soit étiqueté New Wave américaine
ou Hollywood postclassique, The Hustler et Bonnie and Clyde se présentent comme des films
de référence dans l’histoire du montage. Ces films ont bouleversé le cinéma américain. La technique d’Allen a produit deux effets à long terme: le public américain a commencé à reconnaître
le montage en tant qu’une forme d’art, et la norme a été fixée pour le montage rapide avec des
séquences plus courtes dans tous les film d’action ultérieure.
Allen a continué d’améliorer sa signature éditoriale (décalage audio, la découpe de choc…) à travers ses films ultérieurs, en particulier les sauts temporels et spatiaux d’Abattoir 5. On ne peut
pas parler de ce film sans parler de la contribution énorme du montage. Car c’est autant un film
de Dede Allen que de Georges Roy Hill qui le considère comme son film le plus personnel. Dede
Allen «incarne» le film par son sens inimitable du montage, pareil pour Slap Shot (1977) du
même réalisateur. De même, Arthur Penn a fait ses meilleurs films avec elle (Alice’s Restaurant,
Little Big Man, Night Moves, The Missouri Breaks). Sidney Lumet lui doit beaucoup pour l’impact
émotionnel de Serpico (1973) et de Dog Day Afternoon (1975). Sa créativité émerge notamment
dans les scènes de dialogue négligées en général.
Son influence se manifeste aussi dans d’autres médias visuels comme les spots publicitaires, les
clips musicaux, l’animation et la télévision. Ce qui était radical est devenu commun.
Dans les années 90, Dede Allen dirige Warner Brothers occupant le poste de vice-présidente.
Son travail en tant que dirigeante est de conseiller, de consulter et de coordonner le studio et les
cinéastes en post-production. Lorsque Curtis Hanson lui demande de monter Wonder Boys pour
lui, elle quitte le monde de direction pour retourner au montage.
Après une carrière de cinquante ans à Hollywood, quand son style, ses compétences techniques,
ses films assurent son statut de légende du montage, Dede Allen se met au montage numérique.
FILMOGRAPHIE DEDE ALLEN
( montage / longs métrages / cinéma )
2007 Fireflies in the Garden de Dennis Lee
2003 The Final Cut de Omar Naïm
2001 John Q. de Nick Cassavetes
2000 Wonder Boys de Curtis Hanson (nomination aux Oscars)
1991 La Famille Addams de Barry Sonnenfeld
1990 Henry et June de Philip Kaufman
1989 2 dollars pour un tocard (Let It Ride) de Joe Pytka
1988 Milagro (The Milagro Beanfield War) de Robert Redford
1985 Breakfast Club de John Hughes
1983 L’Affrontement (Harry and Son) de Paul Newman
1981 Reds de Warren Beatty (nomination aux Oscars)
1978 The Wiz de Sidney Lumet
1977 La Castagne (Slap Shot) de George Roy Hill
1976 Missouri Breaks de Arthur Penn
1975 La Fugue (Night Moves) de Arthur Penn
1975 Un Après-midi de chien (Dog Day Afternoon) de Sidney Lumet (nomination aux Oscars)
1973 Serpico de Sidney Lumet
1972 Abattoir 5 (Slaughterhouse-Five) de George Roy Hill
1969 Alice’s Restaurant de Arthur Penn
1969 Little Big Man de Arthur Penn
1968 Rachel, Rachel de Paul Newman
1967 Bonnie and Clyde de Arthur Penn
1963 America America de Elia Kazan
1961 L’Arnaqueur (The Hustler) de Robert Rossen
1959 Odds Against Tomorrow de Robert Wise
GLENN GOULD
(1932 – 1982)
Pendant dix semaines, Glenn Gould (considéré comme le plus grand pianiste du XXe siècle)
se met à la disposition des studios Universal et de G.R. Hill. La version finale du film comporte
quinze minutes de musique de Bach avec Gould au piano. Le mouvement lent du Concerto en Fa
mineur de Bach devient le thème central du film.
Deux Variations Goldberg : la 25e Variation en sol mineur, souligne l’envoûtement des images
de Dresde. Le finale du Concerto pour clavier en ré majeur accompagne la scène de la gare, Le
concerto brandebourgeois n°4 en sol majeur sert de fond sonore à la marche et pour faire le pont
entre les œuvres, Gould compose une ingénieuse cadence au clavecin. La cadence débute au moment où les soldats sortent de la gare sous l’écriteau « Dresden » et revient plusieurs fois dans
le film. Gould utilise le clavecin comme métaphore musicale de la ville historique. Il enregistre
le clavecin en dirigeant des musiciens de l’Orchestre Philharmonique de New York.
Glenn Gould, né en 1932 à Toronto, est un pianiste, compositeur, écrivain et réalisateur canadien. Il gagne une réputation internationale grâce à ses interprétations au piano du répertoire
classique; les interprétations très originales, particulièrement celles de la musique de Jean-Sébastien Bach.
A l’âge de 10 ans Gould entre au Conservatoire royal de musique de Toronto. Au début des années 1950 il commence à donner de nombreux concerts avec les plus célèbres chefs d’orchestre
et interprètes. Sa renommée internationale est due à l’enregistrement des Variations Goldberg
de Bach en 1955 à New York. Son interprétation d’une rapidité, d’une profondeur et d’une clarté
hors du commun, et surtout hors de la mode de l’époque, fait un énorme succès. Elle est restée
une référence absolue depuis et le disque fait toujours de bonnes ventes. Son jeu pratiquement
dépourvu de legato, presque sans pédale, les réglages millimétrés de son piano fétiche, tension
à l’extrême pour gagner encore en rapidité font sa marque. À cela s’ajoutent une personnalité
et une excentricité peu ordinaires. Il abandonne sa carrière de concertiste en 1964, à l’âge de
32 ans, pour ne plus jamais se produire en public et ne se consacrer qu’aux enregistrements en
studio et à la réalisation d’émissions de radio.
Ses compositions sont restées peu connues.
Entre 1972 et sa mort, il réalise sept documentaires avec Bruno Monsaingeon dont Les Chemins
de la musique en 1974 (rebaptisé plus tard Glenn Gould, l’alchimiste).
FILMOGRAPHIE
Compositeur:
1983 The Wars de Robin Phillips
1972 Abattoir 5 (Slaughterhouse-Five) de George Roy Hill
Musicien - pianiste :
1972 Abattoir 5 (Slaughterhouse-Five) de George Roy Hill
1969 Spheres de René Jodoin et Norman McLaren

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