cinéma - Emergence
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cinéma - Emergence
CINÉMA emergence 14e SESSION 2O12 © Serge Arnal avant-propos Le changement de décors c’est maintenant chaque printemps qu’il s’opère à Marcoussis et transforme ce temple du rugby en pépinière de jeunes réalisateurs prêts à se jeter dans la mêlée avec tout leur enthousiasme, leur énergie et leur talent, prêts à transformer tous leurs essais en œuvres, et qui sait un jour en chefs-d’œuvre. Leur but : réaliser leur premier long métrage. Leurs coachs : l’association emergence, Elisabeth Depardieu et une équipe de professionnels reconnus et expérimentés, animés du désir de transmettre leur expérience. Les critères de sélection : un projet de long métrage, des courts métrages réalisés antérieurement et peut-être surtout un désir de cinéma impérieux, une détermination et une force de conviction irrésistibles. emergence leur offre alors à Marcoussis un formidable terrain d’expérimentation, l’opportunité de tester leur scénario, leurs choix de mise en scène, de casting, associant à chaque étape leur producteur s’ils en sont déjà pourvus. emergence leur permet aussi de rencontrer des compositeurs pour initier des collaborations musicales, ce qui est d’autant plus remarquable que le rôle de la musique n’est pas encore suffisamment reconnu dans le cinéma français. Première confrontation à la réalité, à la faisabilité de leur projet, le rôle d’emergence est d’autant plus positif que sa méthode a pu se perfectionner au long de ses 14 années d’existence. J’ai pu assister personnellement en avril dernier à ces instants décisifs, ils sont passionnants. Je tiens à remercier ici l’association emergence, le président du jury 2012, Xavier Beauvois, le parrain pour la musique, Bertrand Burgalat et tous leurs partenaires, les organisations professionnelles et les collectivités territoriales, la Région Ile-de-France, le département de l’Essonne et la ville de Marcoussis, qui jouent désormais un rôle primordial pour le développement du cinéma et le renouvellement de la création. Je tiens à assurer emergence du soutien du CNC pour que la jeune création française reste toujours en première ligne. éric garandeau Président du CNC 3 avant-propos Transmettre de précieux savoirs entre des générations différentes d’artistes, telle est la mission première d’emergence et Elisabeth Depardieu, l’initiatrice de ce beau projet. Inspiré du Sundance Institute de Robert Redford, ce lieu d’apprentissage permet à cinq jeunes réalisateurs et scénaristes sélectionnés par un jury présidé cette année par Xavier Beauvois de passer pendant trois semaines le cap déterminant du court au long métrage en s’appuyant sur l’expérience inégalée de professionnels du cinéma. Le choix d’implanter en Ile-de-France cette grande école de formation aux métiers du cinéma ne doit rien au hasard. Depuis 2001, le budget consacré au Fonds de soutien aux industries techniques cinématographiques et audiovisuelles a été multiplié par 10 pour atteindre aujourd’hui 14 millions d’euros, faisant ainsi de la Région Ile-de-France la première collectivité territoriale française à soutenir le 7ème art. Véritable marque internationale reconnaissable entre toutes, la Région Ile-de-France soutient donc tout naturellement emergence et souhaite le plus grand succès aux lauréats de l’édition 2012. Que ce laboratoire de création continue encore très longtemps à révéler et à soutenir activement les talents de demain ! Jean-paul Huchon Président du Conseil régional d’Ile-de-France En accompagnant de jeunes auteurs dans leur parcours de cinéastes, emergence invite également de nombreux comédiens, techniciens et professionnels du cinéma à former, en Essonne et pour quelques semaines, une communauté de création cinématographique. Ces interactions entre l’intime et le collectif, entre les trajectoires personnelles et l’espace public, sont des moteurs pour nos politiques publiques en Essonne, et tout particulièrement dans les domaines de la culture (dont le cinéma) et de la citoyenneté. Il n’est pas question de formater les créateurs, ou d’exiger des spectateurs qu’ils développent une cinéphilie particulière, il s’agit au contraire de permettre à chacun de s’inscrire dans un parcours, de traduire ses aventures artistiques ou intellectuelles à l’usage des autres, de les partager, les transmettre, les faire grandir. En tant que collectivité territoriale porteuse d’une ambitieuse politique de développement de la cinématographie, nous savons que l’expérience de la découverte d’un film dans la salle de cinéma, au milieu de tous, est irremplaçable. Avec nos partenaires, nous accompagnons les projets culturels des salles, considérant qu’elles sont le lieu privilégié de la diffusion cinématographique, mais pas seulement ! Nous soutenons les dispositifs et projets de sensibilisation des publics aux images, encourageons les liens entre patrimoine et création sur le territoire et souhaitons poursuivre l’animation cohérente de tous ces réseaux. La présence de l’association emergence pour une nouvelle session intensive de 3 semaines sur notre territoire est à cet égard une chance pour l’Essonne et nous nous en réjouissons. Jérôme Guedj Président du Conseil général de l’Essonne Michel Pouzol Vice-Président en charge de la culture, du sport, de la vie associative et de la coopération décentralisée 5 emergence emergence 6 Depuis sa création en 1998 par Élisabeth Depardieu, emergence aide des jeunes auteurs réalisateurs à développer leurs projets de premiers longs métrages. Chaque année, les réalisateurs sélectionnés tournent une ou deux séquences de leur scénario, en bénéficiant d’un accompagnement concret artistique et technique. emergence est un espace de transmission, d’apprentissage et de rencontres réunissant tous les métiers du cinéma. Le travail effectué a ainsi abouti à des films relevant de sensibilités différentes comme Depuis qu’Otar est parti de Julie Bertucelli, Podium de Yann Moix, Nue propriété de Joachim Lafosse, Le fils de l’épicier de Eric Guirado, Tout est pardonné de Mia Hansen-Løve, Versailles de Pierre Schoeller, Qu’un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner, Un Poison violent de Katell Quillévéré, Augustine de Alice Winocour, Alyah de Elie Wajeman… sélection des lauréats Tout au long de l’année, l’équipe artistique dirigée par Élisabeth Depardieu effectue un travail de veille, repère des scénarios en écriture et visionne des courts métrages. Dans le cadre d’un appel à candidatures, emergence reçoit chaque année une centaine de projets. Les projets pré-sélectionnés par emergence sont ensuite présentés à un jury qui auditionne les réalisateurs et désigne les lauréats. Sous la présidence de Xavier Beauvois, le jury de la 14ème session était composé de Dominique Besnehard, Bertrand Burgalat, Bénédicte Couvreur, Élisabeth Depardieu, Martine Giordano, Gaëlle Macé, Sandra Mirimanoff, Régine Vial. Présidents du jury depuis 1998 : René Cleitman, Maurice Bernart, Claude Chabrol, Philippe Carcassonne, Gérard Depardieu, Fabienne Vonier, Denise de Casabianca, Charlotte Rampling, Nicole Garcia, Margaret Ménégoz, Olivier Marchal, Laurent Cantet, André Téchiné, Xavier Beauvois. LA SESSION Durant toute la session, de la préparation au mixage, les lauréats sont entourés de conseillers à la mise en scène et au montage, qui accompagnent le travail en cours de fabrication. Pendant les quelques mois de préparation à Paris, les lauréats dialoguent avec l’équipe d’emergence sur tous les sujets : choix des séquences, réécriture, casting, constitution des équipes, décors ... Les lauréats font appel à un cinéaste parrain qui leur apporte soutien et conseils. Le parrain peut intervenir dans le cadre du scénario, de la préparation du tournage, du tournage, du montage... Les parrains de l’édition 2012 sont : Olivier Assayas, Xavier Beauvois, Bruno Dumont, Céline Sciamma, Tran Anh-Hung. La session de tournage dure trois semaines, sous forme de résidence, au printemps. Première semaine : l’Exercice Le scénario de l’exercice est communiqué aux réalisateurs le premier jour de la session. Cette année, il a été écrit par Pierre Schoeller. Les lauréats disposent d’un jour pour l’adapter, d’un jour de tournage et d’un jour de montage. Les comédiens sont choisis parmi les participants au stage de formation d’acteurs. Les musiques originales sont écrites pendant la session par les compositeurs lauréats du jury musique. session 2012 - Photo Marie Augustin Deuxième et troisième semaines : Tournage et montage des scènes libres Ces scènes sont choisies à partir des projets de longs métrages et réalisées dans des conditions de tournage professionnelles. Le réalisateur choisit son casting et constitue son équipe technique en accord avec emergence. Chaque lauréat dispose de deux journées de tournage, de quatre journées consécutives de montage image et d’une journée de montage son. Présentation des travaux des lauréats Après mixage et étalonnage réalisés à l’issue de la résidence de tournage, les scènes font l’objet d’une projection à Paris destinée aux participants et partenaires de la session . L’ensemble des travaux de chaque session est également édité en DVD. 7 " We make it work" Transpamedia... La 14e session 1OLauréats réalisateurs Guilhem Amesland Benoît Bourreau Stéphane Demoustier Sacha Wolff François Yang 2O Stage « L’acteur face à la caméra » 24 Lauréats compositeurs 26 Rencontre avec Bertrand Burgalat 32Master class : la distribution indépendante avec Régine Vial, éric Vicente et Tony Arnoux SOMMAIRE CINEMA FICTION www.transpamedia.com Plateaux (cinéma, TV, fiction, pub, clip, …) Caméras Film & HD Lumière et énergie Machinerie et véhicules techniques Décoration Post production Transpalux www.transpalux.com Transpacam www.transpacam.com Transpagrip www.transpagrip.com Transpastudios www.transpastudios.com Transpamedia is a Euro Media Group company Les films accompagnés par emergence 36 Les films sortis 4O Alyah, entretien avec Elie Wajeman 42 Augustine, entretien avec Alice Winocour 45 Remerciements 56 Equipes lauréAts réalisateurs Après des études de production à La fémis, Guilhem a travaillé comme assistant réalisateur, puis a écrit et réalisé deux courts métrages Demain peut-être et Moonlight lover. Les philosophes est son premier scénario de long métrage, qu’il retravaille avec la collaboration de Vincent Mariette. Guilhem Amesland [1] Les philosophes Produit par Jérôme Barthélémy et Daniel Sauvage / Caïmans Productions MARRAINE pour emergence Céline Sciamma Avec Anaïs Demoustier [1] Vincent Macaigne [2] casting Christophe Moulin Photos Marie Augustin [2] Image Hoang Duc Ngo Tich Son Jocelyn Robert Mathieu Viot Ivan Gariel Montage Aurélien Manya Musique originale Léon Rousseau Michel vivote grâce aux chantiers qu’il dégote à droite et à gauche. Franck, son frère cadet, l’assiste dans cette petite entreprise brinquebalante. Michel papillonne au gré de ses humeurs et flirts du moment. Franck étouffe sous les taquineries de son frère. Il en a surtout marre de trimer pour rien, il veut changer de vie. 11 lauréAts réalisateurs Né en 1978 à Saint-Rémy, Benoît Bourreau est diplômé des Beaux-Arts de Paris. Il a été producteur délégué à France-Culture et assistant de production pour Arte, avant d’être accueilli en résidence au Studio national Le Fresnoy. benoît bourreau [1] [2] [5] paris-brest Co-scénariste : Tanguy Viel Parrain pour emergence Olivier Assayas Avec Bastien Bouillon [1] Isabelle Renauld [2] Geneviève Mnich [3] Gowan Didi [4] Jean-Charles Dumay [5] Laurent Ménoret [3] casting Tatiana Vialle Photos Marie Augustin Image Sébastien Buchmann [1] [4] Son Julien Sicart François Méreu Ivan Gariel Montage Martial Salomon De Louis, on sait peu de choses mais de sa famille brestoise, beaucoup : au moment même où sa grand-mère a hérité tardivement de la fortune d’un vieil amiral, le sort a voulu que son père ait des démêlés financiers avec la justice, le contraignant à s’exiler loin là-bas, dans le Sud de la France, où la mère de Louis ouvre un magasin de souvenirs qui sera un nouvel échec. Mais un cambriolage chez la grand-mère va précipiter sa vieillesse et ainsi leur permettre de revenir enfin dans le Finistère, où, pour un Noël, Louis désormais parisien va même faire l’effort de les retrouver. Et tout ça ne serait pas si grave si entre-temps Louis n’avait pas choisi de mettre noir sur blanc, dans un roman bientôt publié, le sombre enchaînement des événements familiaux. 13 lauréAts réalisateurs Stéphane Demoustier est né à Lille. Il est diplômé de HEC et Sciences Po. Il a réalisé plusieurs courts métrages, sélectionnés et primés dans de nombreux festivals, en France et à l’étranger : Bad Gones (2011), Des nœuds dans la tête (2010), Dans la jungle des villes (2009), A main nue (2009). Stéphane Demoustier est fondateur de la société de production Année Zéro. Il développe actuellement son premier long métrage, Terre Battue, produit par Frédéric Jouve pour les films Velvet. Stéphane Demoustier [1] Terre battue Produit par Frédéric Jouve / les films Velvet Parrain pour emergence Xavier Beauvois Avec Hugo Fernandez [1] Bernard Gombeau [2] Sacha Soares [3] Max Clavelly [4] [2] casting Laure Cochener [4] [3] [4] Photos Marie Augustin Image David Chambille Son Agnès Szabo Vincent Verdoux Montage Damien Maestraggi Jérôme a quarante ans. Fraîchement licencié, il échoue à monter sa société. Au même moment, sa femme le quitte. En quelques mois, Jérôme a tout perdu. Son fils, Ugo, joue au tennis et connaît une certaine réussite. Il va se jeter corps et âme dans la bataille, comme pour conjurer l’échec de son père. 15 lauréAts réalisateurs Sorti en 2006 du département réalisation de La fémis où il réalise des courts métrages (Les aventures secrètes de l’Ordre, Does it Make a Sound?, Retour) sélectionnés et récompensés dans plusieurs festivals internationaux, Sacha Wolff travaille comme documentariste (Veiko, coprod. Arte France/Les Films d’Ici), comme assistant réalisateur et cadreur (Dessine-Toi, réalisé par Gilles Porte). Pour son premier projet de long métrage, Mercenaire, il a reçu les aides à l’écriture du CNC et de la région Basse-Normandie. Sacha Wolff [2] Mercenaire Produit par Claire Bodechon / 3B productions Parrain pour emergence Bruno Dumont Avec Papi Tokotuu [1] Lauren Pakihivatau [2] Déborah Révy [3] Eric Savin Frédéric Graziani [1] [3] Photos Marie Augustin CASTING Justine Léocadie Image Samuel Lahu Son Luc Meilland Edouard Morin Montage Laurence Manheimer Mercenaire raconte l’histoire d’un jeune calédonien d’origine wallisienne venu tenter sa chance en métropole comme joueur de rugby professionnel. Français sans être considéré comme tel, étranger partout et chez lui nulle part, Soane devra lutter contre tous, mais surtout contre lui-même pour obtenir une reconnaissance qui lui fait défaut, dans un monde qui n’offre pas de réussite sans compromission. 17 lauréAts réalisateurs Né en 1978 à Fribourg (Suisse), François Yang est diplômé en réalisation de l’ECAL (haute école d’art de Lausanne), où il a réalisé plusieurs courts métrages primés dans divers festivals. En 2005, il continue sa formation à l’atelier scénario de La fémis. Depuis 2003, parallèlement à ses travaux d’écriture, il réalise des documentaires de création, diffusés notamment au festival Visions du réel à Nyon et sur TV5 Monde. Il vit actuellement à Paris. François Yang [1] L’Art de la guerre Produit par Xavier Grin / PS. Productions Co-scénariste: Marcel Beaulieu Parrain pour emergence Tran Anh-Hung Avec Frédéric Siuen [1] Xin Wang [2] Adèle Haenel [3] [2] [1] casting Christel Baras Photos Marie Augustin Image Hoang Duc Ngo Tich [3] Son Clément Trahar Ivan Gariel Montage Yannick Grassi Musique originale Benjamin Violet Après la mort de son père, un fils renoue avec les origines chinoises qu’il a toujours reniées. En enquêtant sur la mystérieuse disparition de son père, il tombe éperdument amoureux d’une jeune fille d’origine chinoise qu’il croyait être sa cousine. Troublé par des hallucinations de plus en plus prégnantes, partagé entre des secrets de familles et des sentiments passionnels, l’heure est aux choix entre deux cultures, deux choix de vie, deux femmes… 19 Stage d’acteurs L’acteur Face à la caméra Pendant la session de tournage, emergence propose une formation destinée à des acteurs professionnels. Ce stage conventionné Afdas et soutenu par l’Adami réunit 15 comédiens. Cette formation est surtout axée sur la découverte du jeu pour la caméra, le travail corporel. Un travail d’analyse des scènes montées permet aux comédiens de mieux saisir les enjeux du travail de l’acteur au cinéma. Les stagiaires sont selectionnés à partir d’un bref entretien filmé, l’idée étant toujours de constituer un groupe qui fonctionne avec des personnalités complémentaires. La plupart des comédiens qui postulent viennent du théâtre et ressentent le besoin d’éprouver leur rapport au jeu face à la caméra. Pour ceux qui ont déjà tourné, c’est aussi l’occasion de prendre le temps de réfléchir et de comprendre ce qui a pu les dérouter dans leurs expériences passées. Chaque lauréat réalisateur tourne un Exercice avec 3 comédiens du stage. Comment sont-ils distribués ? Tatiana Vialle : La répartition se fait après trois jours de stage avec les comédiens, à un moment où je commence à les connaître. Après avoir lu le texte de l’Exercice, j’essaye de les répartir en tenant compte et des univers des réalisateurs et de possibles complicités de jeu entre les comédiens. Comment travaillez-vous avec les comédiens ? Bruno Nuytten : Nous essayons de prendre en considération l’expérience professionnelle de chacun et de travailler, sans entrer dans son intimité, à partir de son originalité et de sa personnalité. Diriger un acteur c’est surtout respecter qui il est et l’encourager à se connaître lui-même. Si le désir s’en manifeste, on peut éventuellement confier la caméra à un comédien pour renverser le rapport et désacraliser l’image. Les seuls vrais points de repères sont la justesse et la sincérité. Si je crois à ce que l’acteur joue, je suis comblé. La justesse exalte aussi la photogénie, cet accord secret entre l’acteur et sa captation visuelle et sonore. Tatiana Vialle : L’objectif est principalement de donner aux comédiens de la liberté dans le jeu. Dans les premiers temps, on remarque souvent que les acteurs se figent quand la camera tourne. On travaille beaucoup autour de l’idée d’être soi-même, de ne pas tricher. Regarder ensemble les scènes filmées permet aux comédiens de voir ce qui fonctionne ou pas. Et on essaye de l’analyser ensemble. Les clefs ne sont pas >> Tout va mieux de Benoît Bourreau avec Davy Vetter, Yann Lheureux, Fanny Imber Photos Marie Augustin Le prêtre de Stéphane Demoustier Avec Loïc Flameng, Olivia Forest, Marie-France Alvarez La blessure de François Yang Avec Marina Valleix, Raphaël Potier, Pascal Tantôt 21 Stage d’acteurs forcément les mêmes pour chacun. Nous sommes là pour les aider à les trouver. Elisabeth Depardieu a eu l’idée de scinder le stage en deux temps en faisant intervenir un autre réalisateur. Pascal Chaumeil a apporté cette année un regard nouveau, des méthodes de travail et des attentes différentes qui permettent aux comédiens d’éprouver ce qu’ils ont découvert. Ces différents points de vue aident les comédiens, généralement troublés par leur image au début du stage, à l’oublier progressivement et à trouver du plaisir à être filmés, à jouer pour la caméra. Les intervenants : Tatiana Vialle / Metteur en scène de théâtre (Une femme à Berlin) et directrice de casting (Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Améris, L’ Arnacœur de Pascal Chaumeil, Les femmes du 6ème étage de Philippe Le Guay…) Bruno Nuytten / Réalisateur (Camille Claudel, Jim la nuit…) et directeur de la photographie (Tchao Pantin de Claude Berri, Les valseuses de Bertrand Blier, Garde à vue de Claude Miller…) Pascal Chaumeil Réalisateur (L’Arnacoeur, Le plan parfait), Joëlle Mazet Professeur de danse classique Photos Marie Augustin Babylone ! de Guilhem Amesland Avec Laurent Ménoret, Anne-Lise Guillet, Prune Beuchat Temps mort de Sacha Wolff Avec Salomé Richez, Julien Monnin, Audrey Looten 23 Emergence et la sacem composition musicale 24 emergence et la Sacem favorisent les rencontres et le travail en commun entre réalisateurs et compositeurs de musique. Les lauréats du jury musique composent des musiques originales pour les Exercices réalisés à emergence. Ce travail est accompagné par un parrain musical. Succédant à Jean-Claude Petit, Jean-Michel Bernard, Alexandre Desplat, Philippe Rombi et Reinhardt Wagner, le compositeur Bertrand Burgalat est le parrain musical de la session 2O12. Sous la présidence de Bertrand Burgalat, le jury musique de la 14ème session se composait de : Benoit Basirico, Cinezik Manuel Bleton, compositeur Aline Jelen, Sacem Hervé Le Roux, réalisateur Les Lauréats compositeurs : Harry Allouche Musique originale de Tout va mieux de Benoît Bourreau Compositeur, arrangeur et réalisateur, Harry Allouche, élève au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, est un touche-à-tout. Pianiste de formation, batteur dans un groupe de rock (Les Shades), Harry compose aussi bien pour le cinéma que la publicité et collabore régulièrement avec des auteurs sur des projets plus pop. « emergence est une belle expérience en ce sens où elle impose le challenge d’écrire vite. Très tôt avec Benoit nous avons décidé de faire un “mini-musical” de façon à prendre cet exercice comme un jeu et détourner au maximum le scénario original. Avec un format pareil, c’était vraiment intéressant de pouvoir avancer en même temps, lui sur l’adaptation du scénario en textes de chanson et moi sur sa mise en musique. Une fois arrivé sur le tournage, j’ai pu me rendre compte du travail visuel et de mise en scène qu’il avait effectué en parallèle. La surprise fut vraiment grande... Enfin, j’ai trouvé très enrichissant le fait de pouvoir assister à toutes les étapes de fabrication d’un film. » Laetitia Pansanel-Garric Musique originale de La Blessure de François Yang Laetitia Pansanel-Garric fait ses premières armes dans la musique de film en réalisant des orchestrations, des arrangements et de la programmation aux côtés de compositeurs de musique de film. Puis, les courts métrages Parallèle de Jean-Philippe Ratel, Le Grand Jour de Raphaël Chabassol ont été l’occasion de jeter les premières bases de son approche musicale personnelle, qui s’est ensuite affirmée avec le moyen métrage Le Sel de Julie Ropars et une série de documentaires sur les cinémas du monde. Elle compose et dirige régulièrement pour des ciné-concerts sur des films de Buster Keaton, Charlie Chaplin ou de Rupert Julian. Contrebassiste et pianiste, Laetitia se produit en concert pour le théâtre ainsi qu’avec diverses formations (jazz, classique, chanson française, rock n’roll). Lauréate d’une bourse d’excellence de la fondation Rotary, elle a étudié la composition pour les musiques de film à l’University of Southern California à Los Angeles. Elle est également diplômée du CNSMD de Lyon en écriture et composition option musique à l’image et titulaire d’un 1er prix de contrebasse du CNR de Lyon. Léon Rousseau Nigji Sanges Musique originale de Babylone ! et des scènes libres de Guilhem Amesland Musique originale de Le prêtre de Stéphane Demoustier Musicien autodidacte issu de la scène alternative de la fin des années 90, Léon Rousseau est l’auteur de deux albums oscillant entre folk, country et rock’n’roll. Ce multi-instrumentiste protéiforme et insomniaque compose sa première bande originale de long métrage en 2007 pour le film Hijab El Hob de Aziz Salmy. Suivent plusieurs documentaires et courts métrages, dont Le Petit Dragon, de Bruno Collet, qui reçoit le Prix de la meilleure bande originale au festival Anima Mundi de Rio de Janeiro. « J’aime travailler sous pression. En ce sens, en raison des délais extrêmement serrés et de la nécessité de faire le maximum avec une grande économie de moyens techniques, l’exercice s’est révélé stimulant et ludique. Pour la scène libre, nous avons pu engager un instrumentiste, enregistrer en studio et ainsi aller au bout de notre idée. » Benjamin Violet Musique originale de Temps mort de Sacha Wolff et des scènes libres de François Yang Benjamin Violet est multi-instrumentiste et compositeur, né en 1985 à Toulouse. Après quinze années d’études classiques au conservatoire de Toulouse et au CNSM de Paris, il décida de se lancer dans la composition, l’arrangement et la musique à l’image, parallèlement, à une carrière de musicien de scène. Il a collaboré notamment avec Euzhan Palcy, Guillaume Hanoun, Helmi Dridi pour la musique à l’image, et joué et enregistré pour Emilie Gassin, Forgas Band Phenomena, Igorrr, Lionel Melka, Faress, Patrice Renson, Farewell Poetry. Benjamin prépare une tournée avec le groupe Tryo. Nigji Sanges se passionne pour la composition et l’écriture musicale qu’elle étudie auprès d’Alexander Müllenbach, François Narboni, Loïc Mallié, Gaston Waltzing et obtient le Prix de la Sacem de Metz au Conservatoire à rayonnement régional (C2R), puis un Master au CNSMD de Lyon. Actuellement, elle poursuit sa spécialisation dans le domaine de la musique à l’image au CNSMD de Lyon. Elle a enseigné l’écriture au C2R de Metz et a réalisé une commande pour l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg et l’Ensemble de Basse-Normandie dans le cadre de ciné-concerts. « Le défi du compositeur a été de trouver sa place, aussi bien dans une équipe de tournage que par son expression musicale, sans trop en dire, sans trop en faire, sans être trop effacé ou trop présent, et de trouver la touche musicale juste pour que le film puisse s’épanouir pleinement. emergence a été pour moi un laboratoire où j’ai pu tester et explorer des possibilités. Par cet exercice, il a fallu s’adapter rapidement, saisir le genre, l’esprit et le sens du film qu’on allait traiter et une fois le travail entamé, mettre ses acquis de côté et repousser ses limites pour arriver à un résultat satisfaisant. La rencontre avec les différents réalisateurs et compositeurs a été très enrichissante pour moi, car j’ai beaucoup appris par le partage des expériences de chacun. » 25 MASTER CLASS 26 Photo Marie Augustin Rencontre avec Bertrand Burgalat animée par Stéphane Lerouge Le parcours et les influences Stéphane Lerouge : En 1997, j’ai découvert Bertrand Burgalat grâce à sa première musique de long métrage, Quadrille de Valérie Lemercier. Pour moi, ce fut un électrochoc. Sa liberté mélodique et harmonique, sa façon originale de construire l’orchestre contrastaient avec le travail de beaucoup de jeunes compositeurs en vogue à l’époque. Depuis, j’ai appris à mieux connaître sa personnalité, son écriture, son activité de producteur aussi, via son label Tricatel, nom hommage au personnage du fracassant Julien Guiomar dans L’Aile ou la cuisse. Bertrand Burgalat est à la fois dans le système et en dehors, c’est un électron libre du paysage musical. Bertrand, comment est née ta vocation ? Et ton envie d’écrire pour l’image ? Bertrand Burgalat : Je me sens mal à l’aise pour donner un témoignage, je peux éventuellement donner quelques conseils sur ce qu’il faudrait ne pas faire car mon parcours au cinéma est en dents de scie. J’ai fait peu de choses et je me suis souvent ramassé. Mon itinéraire est le suivant : j’ai commencé la musique à six ans mais cela m’a vraiment passionné à partir de dix ans, en découvrant Pink Floyd et, un peu plus tard, Stravinski et Ravel. J’ai laissé tomber le Conservatoire à treize ans : en clair, mon éducation musicale est bâclée. Je connais le solfège, j’écris toujours les arrangements de mes morceaux mais je n’ai aucune notion de grammaire musicale, au sens académique. Les premières choses qui m’ont intéressé dans la musique de film ont été composées par des groupes de rock, par exemple Gong pour le film Continental Circus de Jérome Laperrousaz. Aujourd’hui, on a tendance à utiliser à outrance des morceaux rock préexistants mais, à l’époque, ça ne se faisait pas du tout. La musique de Pink Floyd pour La Vallée de Barbet Schroeder est une musique composée spécialement pour le film et, aujourd’hui encore, le morceau d’introduction est d’une modernité incroyable. La Vallée, Continental Circus et Aguirre sont les trois musiques de films qui m’ont influencé quand j’avais douze ans. La partition d’Aguirre de Popol Vuh apporte dès le début du film une dimension inattendue. Par l’entremise du rock, j’ai découvert les compositeurs plus classiques. Michel Magne est le premier qui m’a fasciné, je l’ai connu via le groupe Magma autour duquel il gravitait. A partir de lui, j’ai remonté la pelote pour découvrir François de Roubaix, Michel Colombier, Antoine Duhamel… Stéphane Lerouge : L’année dernière, la master-class avait été donnée par Jean-Claude Petit. Lequel rejoignait un peu cette idée en considérant qu’une très belle bossa nova peut avoir autant d’importance que certaines œuvres de Wagner. Ta génération est-elle justement celle qui refuse toute hiérarchie de la musique ? Bertrand Burgalat : Ce n’est pas tout à fait ce que je veux dire. Justement tout ne se vaut pas dans la mesure où il ne suffit pas, par exemple, qu’une musique soit d’inspiration vaguement néo-classique pour être pertinente. Mais, au sujet de l’éducation classique, je crois qu’il faut soit tout connaitre pour mieux oublier, soit être instinctif (ce que je suis). Mon côté ignorant peut me gêner quand je dirige une section de cordes, par exemple je donne comme indication aux musiciens de ne surtout pas faire attention à mes gestes et finalement tout se passe bien ! J’admire les grands compositeurs de formation classique qui ont une technique incroyable mais n’en sont pas prisonniers. Ce qui est difficile pour eux, c’est de s’affranchir de tous les procédés d’écriture, tous les systématismes enseignés par l’analyse musicale. Alors que, pour des gens comme moi, la difficulté est de ne pas être piégé par le manque de bagage. Stéphane Lerouge : Tu as cité François de Roubaix. On peut commencer en écoutant un extrait de sa musique pour le film Les Aventuriers de Robert Enrico, en 1967. François de Roubaix était complètement autodidacte, il a appris le trombone seul avec un manuel. Puis, l’improvisation l’a fait glisser vers la composition. Bertrand Burgalat : De Roubaix m’a marqué dès l’enfance. Il travaillait seul chez lui, dans son home studio huit pistes, s’enregistrait jouant de tous les instruments. Je trouve ça très motivant. La difficulté de la composition musicale pour le cinéma est de bien comprendre le réalisateur mais il me semble aussi important de comprendre le contexte économique. On peut concevoir une musique de film avec un micro, deux pistes et un seul musicien. Souvent, dans ce cas, l’absence de moyens peut générer des choses moins conventionnelles que la sous-musique classique. Les films Quadrille de Valérie Lemercier Stéphane Lerouge : Pour Quadrille, la musique a été dirigée par David Whitaker, à la tête d’une formation de vingt-huit musiciens, à Londres, au studio Abbey Road. Bertrand Burgalat : Jusqu’alors, je n’avais jamais eu l’occasion de faire un truc comme ça. J’avais demandé à David Whitaker de diriger l’orchestre pour me soutenir là où je sentais en avoir besoin. Sur le plan de la composition, je n’avais pas forcément l’intention d’aller vers un genre français, ça s’est fait comme ça. Je suis très hostile aux musiques de référence, mettre des grands noms de la musique sur les images sert parfois à légitimer les images. On pense qu’une musique de Prokofiev, de Philip Glass ou du Velvet Underground apporte une caution de qualité au film. Après Quadrille j’ai eu >> 27 MASTER CLASS beaucoup de mal à retravailler immédiatement pour le cinéma. A l’époque, le passage au montage numérique favorisait une dérive : on demandait au compositeur des décalcomanies de musiques préexistantes, qui avaient servi de guide au montage. Moi, je trouvais ça malhonnête. Stéphane Lerouge : Avec les sorties successives de Belleville Tokyo et My Little Princess, on peut penser que la « malédiction » dont tu as souffert au cinéma est levée. Car entre Quadrille et ces deux films, il y a eu des collaborations interrompues. Bertrand Burgalat : Oui, pendant plus de dix ans, j’ai perdu confiance en moi dans ce domaine. J’ai pris conscience de la virtuosité technique que la musique de film peut exiger, diriger un orchestre par exemple. Je suis plus intimidé qu’avant. On a tous des tics, le mien au piano serait de tout jazzifier. Il faut trouver des méthodes pour se surprendre soi-même. Par exemple, je joue en inversant main droite et main gauche ou en regardant la télévision. L’ordinateur offre une palette d’outils impressionnante mais je m’en méfie car, plus on a d’outils différents, plus on aboutit à des résultats similaires. En graphisme, le piège est identique : il existe des milliers de polices différentes et pourtant on se retrouve toujours à utiliser les mêmes ! Si les graphistes dessinaient à la main, leurs polices seraient souvent plus originales. My Little Princess d’Eva Ionesco Bertrand Burgalat : Ce film est inspiré de l’histoire personnelle de sa réalisatrice. Sa mère, photographe professionnelle, a commencé à la photographier alors qu’elle n’avait que quatre ans dans des pauses suggestives, de plus en plus érotiques, voire pire. Eva Ionesco a été accaparée par le projet de ce film pendant des années, avec des moments de doute. Dès qu’elle est plongée dans le travail, elle est d’une précision et d’une clarté incroyable. Stéphane Lerouge : Il faut préciser qu’Eva Ionesco est fan de Bertrand et de Tricatel. Elle dit avoir senti une affinité entre ce sujet très intime et l’écriture de Bertrand. Elle voulait que la musique soit construite sur l’idée d’un dérèglement : on commence dans la naïveté pour vriller progressivement dans un côté presque maléfique, comme un mauvais rêve. La musique est présente à chaque séance photo, sa graduation accentue la vampirisation de la petite fille par sa mère. Bertrand Burgalat : Le fait qu’Eva connaisse bien ma musique m’a donné l’envie de la surprendre avec des choses nouvelles. Nous avons commencé le travail très tôt, d’après le scénario (compositions dont on a gardé très peu de choses). J’ai continué à travailler pendant le tournage mais l’essentiel a finalement été composé devant le montage directement au clavier. Effectivement, la consigne d’Eva c’était « je veux que ça commence comme un conte de fée et que ça finisse en cauchemar ». Pendant tout le début du morceau que nous écoutons, il n’y a qu’une seule violoncelliste qui joue les six notes de l’accord sur six pistes. J’ai aussi renoncé à une musique que j’aimais beaucoup devant l’insistance de la réalisatrice. Je reconnais maintenant que cette musique ne servait pas bien le film. Le compositeur ne doit pas oublier qu’il est au service du film et pas en train de faire un disque solo. Stéphane Lerouge : Tu as dit à propos de My Little Princess et de Belleville Tokyo que ta chance avait été de ne pas avoir de music supervisor, fonction importée du cinéma hollywoodien. Est-ce une bonne chose de se passer de cet intermédiaire, qui traduit les intentions du réalisateur ? Bertrand Burgalat : C’est vrai que le réalisateur et le compositeur parlent des langues différentes. Je me souviens d’une publicité pour laquelle on m’avait demandé « tout sauf des cordes ». Je n’avais rien réussi à composer de bien, je n’ai pas fait la publicité à l’arrivée. Quand j’ai vu plus tard le résultat, il y avait des cordes ! Il faut savoir décoder une demande. Quand on vous dit vouloir « tout sauf ça », une fois sur deux, on veut en réalité justement « ça ». Belleville Tokyo d’Elise Girard Elise Girard : J’ai connu Bertrand il y a dix ans, avant de faire des films. J’aimais déjà 29 Stéphane Lerouge et Bertrand Burgalat - Photo Marie Augustin beaucoup sa musique. Dans notre travail en commun, nos discussions commencent très en amont, dès l’écriture du scénario. Une fois le film tourné, on entre dans le cœur du travail en étant déjà finalement imprégné par nos discussions. Les réalisateurs ont souvent peur de ne pas savoir s’adresser à un compositeur mais je n’ai pas cette difficulté de compréhension avec Bertrand. Notre relation ressemble à celle que j’ai avec mon chef opérateur. J’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré un compositeur avec lequel ça fonctionne aussi bien. Stéphane Lerouge : Qu’aimes-tu en particulier dans sa musique ? Elise Girard : Sa sensibilité. Je suis capable de reconnaitre une musique de Bertrand, à la première écoute. Elle me parait familière immédiatement. Stéphane Lerouge : On peut regarder la poursuite. Précisément, quelle dimension supplémentaire apporte la musique à cette séquence ? Elise Girard : La scène est muette et la musique exprime l’état intérieur, l’âme ou les pensées de mon héroïne, Valérie Donzelli, sa mélancolie aussi. Bertrand venait régulièrement voir l’avancée du montage. N’étant pas musicienne, c’était très compliqué de donner des indications sur la base de ses premières propositions, je ne sais pas dire les choses en musique. Le fait qu’on se connaisse très bien a rendu la compréhension possible. C’est sans doute pour ça que les réalisateurs prennent des musiques qui existent déjà, ce qui les libère d’un dialogue sur la musique, dont ils ignorent les codes. Notre point commun avec Bertrand dans l’utilisation des musiques à l’image, c’est que nous ne voulions pas que la musique soit comme un « tapis musical », réduit à un fond sonore. Bertrand Burgalat : La partition de Belleville Tokyo a été réalisée avec très peu de moyens. On avait très peu de temps (deux jours en studio, en improvisant quasiment sur les images) mais cela nous a donné, à Elise et moi, une liberté incroyable. On disposait de quatre mille euros de budget : c’est peu mais suffisant pour payer le studio et le mixage. Il ne faut pas mépriser ces données financières, elles ont une incidence.>> MASTER CLASS Le budget de la musique au cinéma Bertrand Burgalat : Le manque de moyens donne moins de pression et moins de gens se mêlent de la relation réalisateur-compositeur. Plus le budget est élevé, plus on risque de tomber dans les clichés pseudo-symphoniques. Je ne dis pas qu’il ne faut pas d’argent mais qu’il faut retourner le manque de moyens à son avantage. La guitare de The Deer Hunter, les deux pianos de La Baie des anges, voilà des idées sublimes qui ne dépendent pas des moyens. Il faut se méfier de l’ordinateur pour cela : on peut simuler autant d’instruments que l’on veut, et les grandes nappes de cordes sonnent mieux en maquette que les formations plus réduites. Mais ensuite, lorsqu’on doit mettre les choses au propre, on peut se retrouver avec un résultat très ennuyeux et très coûteux. C’est comme ça que des lecteurs de Stéphane Hessel se retrouvent à Sofia avec soixante musiciens pour ne pas payer les charges des cachets des intermittents qu’ils défendent en France. Mon conseil, lorsqu’on est obligé de faire une maquette sur ordinateur, c’est de s’astreindre à une instrumentation précise, de se dire « je vais essayer de tout faire avec un célesta et une harpe », quitte à changer d’idée ou à étoffer par la suite. Une journée dans un grand studio coûte de six cent à mille euros, tout comme il y a trente-cinq ans, ce qui représente évidemment beaucoup moins maintenant.Les producteurs d’aujourd’hui, en France, n’investissent le plus souvent pas leur propre argent mais celui du CNC, des chaînes ou autres, tout en souhaitant détenir un maximum de droits notamment sur la musique. Les budgets qu’on me propose sont généralement très bas. Dans ces conditions, je leur propose de consacrer l’intégralité du budget qu’ils m’allouent à l’enregistrement de la musique, aux cachets des musiciens, tout en gardant pour moi les droits d’édition et de master. Je suis donc souvent la seule personne qui n’est pas payée sur le film, peut-être parce que je crois parfois plus au projet que le producteur lui-même… Mais cela me permet ensuite de ne rien lui demander (ni reverser) si on me demande de réutiliser la musique en question pour une publicité... Stéphane Lerouge : La Sacem se bat pour qu’au moins 3% du budget du film soit consacré à la musique. Bizarrement, quand les producteurs prétendent ne pas avoir d’argent pour financer une musique originale, ils parviennent à en en trouver pour acheter en synchro des titres préexistants. La Sacem a commandé une étude sur la part de composition de musique originale dans l’ensemble des films produits en France, étude qui montre une diminution de cette part de plus de 60% en quelques années. Bertrand Burgalat : C’est une conséquence d’un truc horrible de notre époque : le bon goût. Il faut souvent montrer qu’on a bon goût parce qu’on a le morceau à la mode, la référence chic, et peu importe la cohérence par rapport au film... Il n’y a pas de règle, on peut faire un film uniquement avec des musiques préexistantes ou sans musique, ou avec des pastiches, la seule chose qui me choque, c’est le systématisme et le suivisme. Il y a beaucoup de très bons films récents qui vieilliront mal uniquement à cause de l’usage imbécile de la musique. Pendant l’enregistrement de My Little Princess, Renaud Gabriel Pion, qui a joué tous les instruments à vents sur la BO, me disait que Van Dyke Parks* lui avait confié, à propos des music supervisors qui s’intercalent entre le réalisateur et le compositeur : « They know just enough to be a problem »... Je trouve formidable, à cet égard, le travail d’emergence car cela permet aux musiciens comme aux cinéastes (mais aussi aux monteurs image, dont le pouvoir sur la musique s’est accru avec le numérique) d’apprendre à se parler, à exprimer leur vision respective. Et, surtout, à se comprendre. * Van Dyke Parks a commencé en faisant des arrangements pour Le Livre de la Jungle et il a collaboré à un des plus beaux disques de tous les temps, Pet Sounds, des Beach Boys 31 MASTER CLASS 31 films initiés à emergence sont sortis en salles dont 3 depuis le début de l’année 2O12. C’est autant de lauréats emergence qui ont vécu ce moment particulier de la sortie de leur premier film, un moment parfois déterminant pour leur projet futur. Régine Vial (les films du losange), Eric Vicente (Sophie Dulac distribution) et Tony Arnoux (bureau de presse André-Paul Ricci et Tony Arnoux) ont dialogué avec les lauréats de la session sur les enjeux de sortie et les évolutions de la distribution indépendante. Rencontre avec 32 Régine Vial, Eric Vicente et Tony Arnoux Régine Vial : J’ai eu le plaisir et l’honneur d’être au jury donc je connais un peu les Lauréats et leurs projets de films. Faire un premier film, c’est un parcours passionnant. Mais c’est aussi important d’intégrer tôt le fait que le film sera amené à sortir dans les salles. Les jeunes réalisateurs n’ont souvent pas d’idée concrète de ce qu’est le marché et sa violence, qui va en s’accentuant. Il n’arrive plus que des films restent à l’affiche trois ou quatre mois comme auparavant, sachant qu’en moyenne 15 films sortent tous les mercredis. Ces films doivent faire des entrées très vite ou ils quitteront l’affiche le mercredi suivant. Ce ne sont plus les qualités qui sont jugées mais uniquement les entrées. Dans cette bataille, les premiers films, plus fragiles, sont confrontés aux gros films américains, aux comédies populaires… Le passage au numérique (presque plus aucune salle parisienne ne projette en 35mm) a bouleversé le marché et l’a rendu moins vertueux. Par exemple, il m’est arrivé qu’une salle retire de l’affiche un film le premier dimanche alors que j’avais payé pour la semaine entière. Je n’ai rien pu faire, le système manque de régulation et privilégie les plus forts. Sortir un film, c’est une campagne électorale. Il ne faut refuser aucun déplacement, aucun effort pour accompagner le film. Chaque film est une nouvelle aventure. Entre réalisateur, producteur et distributeur, il faut écouter, trouver les mots pour dire ce qu’on pense. C’est un work in progress ensemble. Le rôle des festivals Eric Vicente : La sélection de Benda Bilili à Cannes explique en partie les 200 000 entrées du film. Nous avons eu d’autres belles histoires à Cannes de films qui n’étaient pas forcément attendus, La visite de la fanfare par exemple. Régine Vial : Etre à Cannes est un enjeu extrêmement important. Toutes les sélections y sont bonnes. La présence de Versailles, le premier film de Pierre Schoeller, à Un Certain Regard a été un tremplin. Le film a pu être visionné par les exploitants et la presse, il a obtenu un vrai label de qualité. Mais il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus, il faut mener bataille avec beaucoup de conviction. Choisir la date de sortie Eric Vicente : La date de sortie est déterminante. La choisir nécessite d’avoir une vision réaliste du film, de pouvoir le positionner de manière précise par rapport aux autres sorties de la semaine au regard de la presse, des exploitants, du public. Quand on a acheté Bruegel, le moulin et la croix à Berlin, notre idée était de le sortir pour les fêtes de Noël. Le 4 janvier nous plaisait mais étaient programmés Louise Zimmer (la révélation de Venise), Take Shelter, Les Acacias (caméra d’or) et le film de Cédric Kahn avec Guillaume Canet, ce qui rendait la sortie compliquée. En sortant finalement une semaine avant, le 28 décembre 2011, le film a eu bien moins de concurrence. La presse nous a offert une belle exposition. Le film a fait 70 000 entrées, un très bon chiffre pour ce genre de films. D’une semaine à la suivante, il y avait 30% des entrées à gagner ou à perdre. L’été dernier, j’ai sorti Lourdes le 27 juillet, on a pu avoir dix salles à Paris alors que je n’en prévoyais que quatre ou cinq. Régine Vial : J’ai sorti Melancholia le 4 août pour les mêmes raisons. Il faut faire confiance aux distributeurs pour cette décision. Nous connaissons le marché par cœur, nous le suivons au quotidien et il change très rapidement. Les recettes ne sont pas les mêmes d’une année sur l’autre. L’été dernier et les précédents nous ont permis de belles sorties mais le programme de l’été prochain s’est considérablement chargé. Eric Vicente : On ne peut pas être exigeant envers l’attaché de presse si la semaine est envahie par des sorties très attendues. Il faut savoir si la presse nous positionne en premier, deuxième ou troisième choix. Au-delà, il vaut mieux changer de date. La presse Tony Arnoux : Je rejoins Eric et Régine sur la confiance qui doit exister entre tous les acteurs de la sortie du film dont l’attaché de presse. Nous devons tous avoir la même idée du film pour trouver ensemble comment guider les journalistes, les mettre en confiance. Il y a de plus en plus de films sur les écrans chaque semaine, mais paradoxalement dans la presse, la place pour le cinéma est de plus en plus mince. Le contenu des articles dans la presse a changé. La presse attend des sujets transversaux et parlera plus volontiers des films qui évoquent des sujets politiques ou sociaux. C’est ce que nous avons essayé de faire sur L’Apollonide de Bertrand Bonello par exemple. On a axé les relations presse sur le sujet des maisons closes, mais aussi sur les décors des anciennes bâtisses... On ne peut pas se contenter de parler seulement du film, il faut essayer de créer l’événement, comme par exemple d’imaginer un grand sujet « Château de Versailles » pour faire parler des Adieux à la Reine de Benoit Jacquot. D’un autre côté, nous devons aussi imposer une idée principale du film très claire et simple à présenter. Pour Parlez-moi de vous de Pierre Pinaud, l’idée était de voir Karin Viard à la radio. Régine Vial : Certains acteurs ont accès à des plateaux de télévision plus facilement, mais je suis convaincue que les acteurs ne font pas le succès d’un film. C’est le film qui fait son propre succès et les grands films trouvent leur public. Une illustration récente est L’exercice de l’Etat, 2ème film de Pierre Schoeller, qui a fait 500 000 entrées ! Marketing Tony Arnoux : Quand Valérie Donzelli a réalisé La guerre est déclarée, elle a gardé sa propre idée du film sans se décourager malgré le sujet difficile et le casting peu connu, à l’opposé d’une vision marketing. J’étais inquiet après avoir eu une presse très enthousiaste et bienveillante pour son premier film La Reine des Pommes. Le succès médiatique de La guerre est déclarée a contredit totalement mes inquiétudes et c’est allé jusqu’à ce qu’on nous reproche d’être « trop présents ». C’est un phénomène courant dans la presse, quand les journalistes se rejoignent sur un même film qui occupe presque tous les espaces. Régine Vial : Dans le parcours global du film, nous intervenons assez tard. Nous n’aurons pas une connaissance du film aussi intime que le producteur et le réalisateur qui le portent depuis le début. Eric Vicente : Il vous faudra souvent prendre du recul par rapport au film et accepter des propositions que nous formulons pour le rendre visible et attirant. Régine Vial : Tous les metteurs en scène donnent leur film différemment. Lars Van Trier donne en toute confiance, Haneke au contraire contrôle tout ce qui touche à son œuvre, chaque photo, chaque texte... De toutes façons, rien ne sort jamais de chez nous sans l’accord du metteur en scène. >> 33 34 Eric Vicente : Notre travail consiste à identifier clairement le film grâce à son titre, ses visuels, son synopsis, la bande-annonce … Régine Vial : La ténacité du metteur en scène et du producteur peut faire des succès. Vous avez une idée précise en tête, gardez-là ! Mais apprenez à bien la présenter pour qu’elle séduise. Il faut rester fier de ce qu’on fait, même si le film est âpre ou difficile. Les images du film Eric Vicente : Il faut savoir profiter de tout ce qui est disponible au tournage. Pour My little princess, nous avions fait venir un photographe pour une séance photo spéciale après une journée de tournage. Nous avions tout sur place, les comédiennes, les costumes, le maquillage, les décors … Ces images nous ont beaucoup servi au moment de la sortie et compte tenu du budget limité du film, nous n’aurions pas pu recréer cette ambiance une fois le tournage terminé. Il faut songer très tôt à rassembler des éléments qui serviront pour la sortie. La bande-annonce Eric Vicente : Elle est souvent l’objet de beaucoup de discussion car ce qui fonctionne dans la continuité d’un long métrage ne s’adapte pas forcément aux objectifs d’une bande-annonce. Pour Le cheval de Turin, Bela Tarr nous avait donné des images - très belles - d’une lumière qui vacille. Nous l’avons convaincu d’être moins radical. Le film va atteindre 25 000 entrées, ses précédents tournaient autour de 8 000. Malgré leur radicalité, ses films sont faits pour être vus. Régine Vial : Haneke fait toujours lui-même ses bandes-annonces. Mais pour Caché, cela marchait moins bien et j’ai pu le convaincre de visionner d’autres propositions. Il en a acceptée une qui fut reprise dans le monde entier. Pour Le Ruban blanc, les propositions ne lui ont pas plus, il a refait la bande-annonce. Le succès d’une bandeannonce n’augure pas forcément le succès en salle : la bande-annonce de Let my people go a été vue 250 000 fois sur internet alors que le film n’a fait que 25 000 entrées. Internet Régine Vial : Internet a changé notre manière de travailler. Toutes les informations sont sur notre site (photos, affiches…). Récemment, nous avons développé l’utilisation des réseaux sociaux. J’y offre souvent des invitations à des projections mais très peu de gens se déplacent. J’ai l’impression que ces réseaux monopolisent beaucoup les gens devant leur ordinateur sans parvenir à les faire aller en salle. Tony Arnoux : Nous invitons toujours les animateurs des sites internet et des blogs aux projections presse. Mais nous leur demandons de ne rien publier avant la sortie, pour ne pas trop marquer le film en amont. Accompagner des metteurs en scène Régine Vial : Même si on essaie toujours de faire le maximum d’entrées, le travail avec un auteur se construit film après film. Le premier film de Mia Hansen-Løve a fait 40 000 entrées, le deuxième 80 000, le troisième 130 000. C’est une vie de cinéaste, pas uniquement un film. Eric Vicente : Un parcours de cinéaste ne se construit pas nécessairement avec un seul distributeur. Nous avions connu un joli succès en 2010 avec Un poison violent, le premier film de Katell Quillévéré. Mais son deuxième film se fait avec un autre producteur et aura aussi un autre distributeur. Peut-être nous retrouverons nous pour le troisième film... Régine Vial : Aux films du losange, nous avions sorti le précédent film de Benoît Jacquot, Au fond des bois, qui a fait 25 000 entrées. En 2012, un autre distributeur a sorti Les Adieux à la Reine qui fait presque 500 000 entrées. Tout est à relativiser. Le rapport du public avec certains réalisateurs est inexplicable : la semaine dernière, j’ai sorti Indignados de Tony Gatlif, avec Tony Arnoux et André-Paul Ricci. On a fait une tournée en province avec Tony Gatlif, on refusait du monde dans les salles. A Auch, on remplit trois salles pour l’avant-première avec le réalisateur, le lendemain plus personne. Quand Tony Gatlif n’est pas là, le film ne marche pas. Avec Melancholia à Cannes, on a tout perdu. Mais ce film, je l’adore et je voulais le défendre coûte que coûte. Un distributeur indépendant choisit ses films, même s’ils ne sont pas tous réussis. Mais les films que j’ai sortis, je les aime tous. Je n’ai toujours défendu que des cinéastes que j’aime et c’est une chance incroyable. 35 Les FILMS SORTIS 2O12 Les films accompagnés 36 Parlez-moi de vous de Pierre Pinaud Estrella productions 2OO8 Dans tes bras de Hubert Gillet Sombrero Productions Il tuo disprezzo de Christian Angeli Luna films Sortie Italie Memories Corner d’Audrey Fouché Noodles Production Festival de Busan Jimmy Rivière de Teddy LussiModeste Kazak productions Prix du public Festival Premiers Plans d’Angers Pauline et François de Renaud Fély Aeternam Films Ma compagne de nuit d’Isabelle Brocard Mille et une productions 2OO9 2O1O Un poison violent de Katell Quillévéré Les films du Bélier Quinzaine des Réalisateurs Prix Jean Vigo Les mains libres de Brigitte Sy Mezzanine films Les grands s’allongent par terre d’Emmanuel Saget Les films Pelléas Festival Premiers Plans d’Angers 2OO7 2O11 Le Paradis des bêtes d’Estelle Larrivaz Mezzanine films Prix du public Festival Premiers Plans d’Angers Versailles de Pierre Schoeller Les films Pelléas Un Certain Regard, Nominations aux César : Meilleur film Meilleur acteur Qu’un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner Rezo films Nominations aux César : Meilleur premier film, Meilleur espoir féminin Prix Louis Delluc Il va pleuvoir sur Conakry de Cheick Fantamady Les films Djoliba Camara Cinéma du monde / Cannes Prix RFI Prix du Public / Fespaco Un cœur simple de Marion Laine Rezo films Prix spécial du jury / Festival Premiers Plans d’Angers Tout est pardonné de Mia Hansen-Løve Les films Pelléas Quinzaine des Réalisateurs Nuage de Sébastien Betbeder Les films du Worso Festival de Locarno Le fils de l’épicier d’Eric Guirado TS Productions La vie d’artiste de Marc Fitoussi Haut et Court Mon fils à moi de Martial Fougeron Moby Dick films Concha d’or et Concha d’argent Festival de San Sébastian Nue propriété de Joachim Lafosse Tarantula Festival de Venise >> 37 EMT SFP VCF " We make it work" Les FILMS SORTIS 2OO6 2OO5 Leader de la prestation audiovisuelle 1er Parc de vidéo mobiles et de plateaux en France BROADCAST FACILITIES Services 26 unités mobiles HD/SD 8 régies fixes et 2 régies fly � + de 100 liaisons HF HD, 10 sorties de foule � Graphique / Virtuel � Slow motion / Hyper motion � Post production � Un an de Laurent Boulanger Noodles production Avril de Gérald HustacheMathieu Dharamsala Alex de José Alcala Gemini Films Prix AFCAE meilleur film Européen Festival de San Sebastian Des plumes dans la tête de Thomas de Thier JBA productions Quinzaine des Réalisateurs Demi-tarif d’Isild Le Besco Karedas Prix Spécial du Jury Festival Premiers Plans d’Angers Podium de Yann Moix Fidélité 2OO3 2OO2 Depuis qu’Otar est parti de Julie Bertuccelli Les films du Poisson César de la 1ère œuvre de fiction Grand Prix de la Semaine de la Critique Satin Rouge de Raja Amari AR productions Sélection officielle Festival de Berlin 2OO4 � (4 audits, 16 edit rooms) � � � 64 Plateaux Décoration et accessoires Lumière et énergie Innovations � � � 3D (Full process) Media Center (Tapeless, MAM, Archivage) Convergence IP (Production to Network Brodeuses d’Eléonore Faucher Sombrero Productions Grand Prix de la Semaine de la Critique delivery) Activités Variétés, Jeux, Divertissements, Sports, retransmissions HF, Fiction, Cinéma, Publicité, Institutionnel, Evénementiel, Concert Pas Sages de Lorraine Groleau Balthazar Productions Diffusion Arte www.euromedia-france.com Studios ¼ www.euromedia-studios.com Sports ¼ www.euromedia-sports.com Events ¼ www.euromedia-events.com Euro Media France is a Euro Media Group company Le chant des fous de Csaba Bereczki Rogerius Production Sortie Hongrie 39 ENTRETIENS ALYAH 4O Elie Wajeman Après des études de théâtre et de cinéma, Elie Wajeman réalise plusieurs courts métrages (dont Jacques-a dit en 2OO1), puis entre à La fémis en 2OO4 (département scénario) avant de réaliser d’autres films courts et moyens (Platonov, la nuit est belle ; Los Angeles ; Arturo). Son premier long métrage, Alyah, lauréat emergence 2OO8, a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs et sort en salles à la rentrée 2O12. Quel était le point de départ d’Alyah ? L’idée de départ m’a été donnée par un exercice de La fémis sur Abel et Caïn que j’ai transformé en scénario. J’ai voulu raconter l’histoire d’un dealer, qui représente pour moi une figure moderne, quelqu’un qui voudrait atteindre le bonheur en partant du fondement d’une économie pourrie. Ensuite j’ai pensé qu’il pouvait avoir envie à un moment de son histoire de partir en Israël. J’ai fait alors une enquête documentaire sur l’Alyah. Mais je tenais vraiment à l’idée du portrait d’un personnage, tel qu’un documentariste le ferait. J’avais en tête des références cinématographiques comme A bout de souffle de Jean-Luc Godard, Les Amants de la nuit de Nicholas Ray ou La 25ème heure de Spike Lee. Le mélange des genres m’attirait aussi beaucoup : je pensais à La Sentinelle d’Arnaud Desplechin, qui déjà racontait une histoire d’amour et de famille à travers un récit d’espionnage. J’avais envie de faire un film noir qui me permettrait de mettre en scène des sentiments amoureux, amicaux ou fraternels dans une atmosphère tendue « à la vie, à la mort ». cela ne fonctionnait plus : elle se rendait trop disponible à lui. Esther est un personnage qui a fait un choix. Même si elle est encore amoureuse de lui, elle ne doit plus être disponible pour lui. Je voulais faire le portrait d’une femme très digne. Tu as commencé à écrire le scénario seul, puis tu as travaillé avec Gaëlle Macé… Tu savais avec qui tu voulais travailler ? Avec Gaëlle, on a trouvé le centre névralgique du film : qu’est-ce que la dette ? Que doit-on à une amoureuse qu’on a quittée lâchement ? Que doit-on à une nouvelle amoureuse ? Que doit-on à un frère agaçant mais qui est quand même ton frère ? Que doit-on à Israël quand on est juif ? Gaëlle m’a également beaucoup aidé sur la manière très concrète d’écrire un personnage, écrire sa fiche biographique par exemple. Comment avais-tu entendu parler d’emergence ? Mes producteurs connaissaient bien le fonctionnement d’emergence et ont pensé que cela pouvait m’aider de le faire. A l’époque, j’avais déjà une expérience des plateaux, j’avais fait pas mal de courts métrages, avant et après La fémis, notamment mon court métrage Los Angeles, dans lequel on retrouve beaucoup de thèmes qui traversent encore Alyah comme Paris, la nuit, un héros en quête de destin, les amants de la nuit… Mais il n’y avait pas encore la question de ce que l’on fait de son passé. Los Angeles est mon dernier film adolescent. J’avais aussi entendu parler d’emergence par Mia Hansen-Løve, réalisatrice et amie, qui l’avait fait deux ans avant moi. Tu savais déjà quelles scènes de ton scénario tu voulais tenter ? Je savais que le personnage était pris entre plusieurs champs de possibilités, il y avait deux ou trois pôles importants qu’il fallait travailler : le personnage de son ex-copine, Esther, le deal, et le frère envahissant. J’ai choisi de tourner trois scènes en rapport avec ces trois dimensions importantes. La séquence tournée avec le personnage d’Esther (interprétée par Sarah Le Picard), je l’ai réécrite après emergence : la scène était réussie mais dans l’écriture, J’avais rencontré le chef opérateur David Chizallet à La fémis, ça s’était très bien passé avec lui sur le tournage de Los Angeles, et je voulais qu’il fasse mon premier long métrage. Je voulais travailler avec Sarah Le Picard pour le rôle d’Esther et le tournage de sa scène à emergence m’a conforté dans ce choix. J’avais choisi Lionel Dray pour incarner le grand frère mais il était trop jeune pour le rôle. Le frère devait être plus âgé que le héros interprété par Samuel Achache à emergence. Mais le tournage des scènes m’a fait comprendre que filmer la chronique existentielle d’un petit dealer ashkénaze incarné par Samuel - pourtant très émouvant et convaicant-donnait d’entrée de jeu beaucoup trop d’indications sur sa fragilité. Il me fallait un acteur plus physique, plus massif, pour évoquer l’idée qu’il se passerait plus de temps avant qu’il ne s’effondre. C’était l’idée de travailler davantage sur le contraste, un peu à l’image de Rocky et de ce Stallone tellement musclé qu’il s’effondre en deux secondes. Ce sont ces réflexions et d’autres données qui m’ont poussé à rechercher ensuite un autre acteur. Et ce fut Pio Marmaï, qui est formidable dans le film. Mais ne pas choisir Samuel a été douloureux. Qu’est ce que l’expérience d’emergence t’a apporté ? Beaucoup de choses, aussi bien des rencontres bien sûr, par exemple Gaëlle Usandivaras qui a réalisé les décors de mon film, ou encore Teddy Lussi-Modeste (côtoyer des cinéastes donne toujours des forces) que des éléments de mise en scène très concrets : notamment l’expérimentation de la Dolly, ou mieux encore la combinaison de la caméra à l’épaule et du travelling sur Dolly, pour me permettre de réaliser la chorégraphie des personnages qui me tenait à cœur. J’ai compris aussi à emergence que David Chizallet allait être un filtre entre moi et les acteurs. J’étais assez inquiet en arrivant à emergence car il y avait des enjeux importants à ne pas rater. C’est aussi une compétition, on sait que l’on sera jugé, qu’il y aura une projection publique des scènes que l’on tourne. Faire emergence m’a permis en définitive de me rassurer : même si j’avais déjà fait des films, j’avais l’impression de répartir à zéro avec ce projet. Les scènes tournées ont permis aussi de rassurer mes producteurs, de leur montrer que je savais tenir un plateau ou que j’arrivais à m’affirmer comme metteur en scène. Cédric Kahn, qui joue dans ton film, était ton parrain à emergence? Oui mais il n’a pu venir sur le tournage des scènes libres car il tournait lui-même à ce moment-là. Il les a vues ensuite et m’a encouragé. C’est Olivier Assayas qui l’a remplacé sur le tournage à emergence et qui a d’ailleurs suivi le projet jusqu’au bout, je l’ai invité à venir voir le film au montage. C’est à La fémis que j’ai rencontré Cédric Kahn. J’étais très impressionné par ce type très charmant. J’avais envie qu’il m’aime, je faisais tout pour attirer son attention. Après emergence, il a lu la nouvelle version du scénario, m’a encouragé, mais a refusé le rôle du frère quand je lui ai proposé une première fois. J’ai choisi alors un autre acteur qui a fini par me planter. C’est en revenant vers Cédric qu’il a accepté, non sans avoir demandé à faire des essais. J’avais le sentiment que sa voix, sa nature, son charisme, serviraient le personnage, qui devait être comme un méchant d’Hitchcock : à la fois terrifiant et charmant. Il a pris beaucoup de plaisir à jouer le rôle, une véritable jubilation que je lui enviais. Comment s’est déroulé le financement de ton film ? Ce fut très long. J’ai obtenu l’avance sur recette au bout de trois essais, il y a eu entre-temps un an de travail pour réécrire le scénario avec Gaëlle Macé. Puis le distributeur Rezo Films est arrivé, et enfin France 2. Propos recueillis par Bernard Payen / Mai 2012 41 ENTRETIENS augustine 42 Alice Winocour Diplômée de La fémis en scénario, Alice Winocour a réalisé plusieurs courts métrages primés dans de nombreux festivals (Kitchen ; Magic Paris ; Pina Colada). Elle a été lauréate d’emergence en 2O1O pour Augustine, un scénario sur la célèbre patiente dont les crises d’hystérie furent le sujet d’étude du professeur Charcot. Le film a été présenté en mai 2O12 à la Semaine de la Critique. Comment t’es venue l’idée de faire un film sur Augustine ? La rencontre avec Augustine et les travaux du professeur Charcot sur l’hystérie s’est faite par des lectures. J’ai été immédiatement fascinée par ce sujet sulfureux qui mélangeait médical et érotique, mais qui m’évoquait aussi la littérature gothique fantastique type Les Hauts de Hurlevent. Par ailleurs, la représentation de la femme dans l’imaginaire masculin m’a toujours intéressée. Quels ont été vos parti-pris formels ? Je n’ai pas voulu faire un film de reconstitution historique, mais un film à la limite du cinéma fantastique. Mes modèles étaient des films 43 des films d’exorcisme, mais aussi Dario Argento, Lynch, Cronenberg. L’idée était d’envisager chaque séquence comme une façon d’échapper au poids de la reconstitution historique du XIXème siècle. Je voulais aussi filmer les scènes d’examen comme des scènes sexuelles. Lorsque Charcot donne à manger une soupe à Augustine, j’avais demandé aux comédiens de jouer cette scène comme une scène de fellation. De même, lorsque Charcot présente la jeune femme à tous les médecins, la séquence est éclairée comme dans un peep show, avec Augustine dans la lumière et les hommes dans l’ombre. La seule scène du film apparaissant comme la scène la moins sexuelle est précisément la scène de sexe, le moment où les deux personnages se quittent définitivement. Pourquoi as-tu décidé de faire emergence ? Le scénario terminé, j’avais le désir de travailler sur la représentation cinématographique des crises d’hystérie. Je me demandais comment j’allais mettre en scène quelque chose qui dans la réalité semble faux, outré. emergence a été aussi l’occasion pour moi de tester des choses très concrètes, comme la façon de fermer l’œil d’Augustine, de commencer à travailler avec une partie de l’équipe: Georges Lechaptois, le chef opérateur, Julien Lacheray, le monteur… Quelles questions t’es-tu posées à emergence et comment les as-tu résolues ? Ça m’a donné l’occasion de réfléchir profondément à ces crises, à la place de la caméra, à son rôle. Au début j’avais tendance à vouloir beaucoup la bouger comme si elle-même était folle. Mais cela ne marchait pas. Tout comme le fait de les chorégraphier qui rendait tout trop artificiel. Je me suis rendue compte qu’on ne pouvait tout simplement pas jouer une crise d’hystérie. Il fallait que le corps de la comédienne lui échappe. Pour le tournage du film, je me suis inspirée des films d’exorcisme et des effets spéciaux visuels employés dans ce type de films… Nous avons mis des fils et des courroies sur les bras de la comédienne que nous avons projetée ensuite dans tous les sens, un peu comme si elle était une marionnette. C’était le moyen le plus juste de faire comprendre que l’hystérie s’exprime comme si un corps étranger s’empare de ton corps. Augustine regarde son propre corps comme une spectatrice de théâtre qu’elle ne peut pas contrôler. Comment as-tu choisi les comédiens ? Je savais juste qu’il fallait une star pour incarner Charcot, une véritable star de la médecine. C’est en voyant Vincent Lindon dans Pater d’Alain Cavalier que j’ai perçu sa puissance et son autorité, cette sensation que l’on pouvait croire en lui comme homme de pouvoir. Lindon a aussi en lui quelque chose d’assez sexuel, une animalité. Je trouvais intéressant de choisir un acteur sensuel et d’emprisonner cette sexualité pour bien montrer qu’il veut nier quelque chose qui déborde de son corps. Je voulais que son corps soit emprisonné. Quant à Soko, j’avais vu son site myspace : je trouvais que cette fille était impressionnante mais je voulais plutôt une inconnue, quelqu’un qui n’avait jamais été regardée. J’ai fait un casting sauvage. Soko est venue aux essais, elle avait à la fois une puissance et une candeur qui m’ont totalement convaincu. Que s’est-il passé après emergence ? Après emergence, tout est allé très vite. On a tourné juste un an plus tard. Cette expérience m’a donné beaucoup de confiance en moi. En réalité on ne devrait pas réserver emergence aux premiers films. C’est un vrai laboratoire… Propos recueillis par Bernard Payen / Mai 2012 Remerciements CNC Eric Grandeau, Anne Cochard, Valentine Roulet, Catherine Merlhiot, Marc-Olivier Dupin, Milvia Pandiani Lacombe, Ariane Ragot Conseil régional d’Ile-de-France 44 Jean-Paul Huchon, Julien Dray, Francis Parny, Yannick Blanc, Rachel Khan, Gaspard Azéma, Nathalie Fortis, Etienne Achille, Françoise Patrigeon, Sébastien Colin, Elsa Cohen Conseil général de l’Essonne Jérôme Guedj, Michel Pouzol, Sharon Elbaz, Marie Colson, Mélanie Duclos, David Raynal, Marine Hernandez, Nathalie Faure Mairie de Marcoussis Olivier Thomas, Christine Rosso, Karine Gonsse, Sylvie Zammit, Yann Lemarchand, le personnel municipal et les habitants de Marcoussis L’école des Arts Sophie Monneyron La fémis Raoul Peck, Marc Nicolas, Marc Urtado, Pascale Borenstein, Géraldine Amgar, Carine Burstein, Marine Multier PROCIREP Idzard van der Puyl, Catherine Fadier, Stéphane Parthenay et les membres de la Commission Cinéma SACEM Laurent Petitgirard, Bernard Miyet, Claude Lemesle, Aline Jelen, Amélie Argous, Catherine Boissière SNC - Saison Wagner SACD Nuxe Sophie Deschamps, Pascal Rogard, Valérie-Anne Expert, Christine Coutaya, Catherine Vincent, Nathalie Germain, Véronique Petit, Bertrand Tavernier, Gérard Krawczyk et les membres de la Commission cinéma ADAMI Philippe Ogouz, Odile Renaud, Nadine Trochet AFDAS Kris Ludhor, Jean-Yves Boitard, Nathalie Lecoq, Marie-Annick Ambroise, Bruno Boileau Transpamedia Didier Diaz, Pierre Carrère, Céline Lanery, Patrick Le Goc Tapages Olivier Binet, Daniel Toni, Christian Ladhuie, Nicolas Launay CTM Julien Coeffic Alchimix Wallpaper Stéphane Lehembre, Patrick Long, Arthur Beja, Caroline Lasselin Euromédia Chantal et J-P Barry, Carlos Fernandez, Pascal Beccu, Catherine Belloeil, Philippe Roth Fédération française de Rugby et Centre National de Rugby Pierre Camou, Lionel Laffitte, Annabelle Anglade, Delphino Isidoro et toutes les équipes Guy Saison Gisèle Wagner Aliza Jabès, Ilan Duran Cohen, Carine Aubineau Avis - Massoutre locations Patrick Masuyer Dr. Hauschka Claudine Reinhard, Sophie Roosen Antik Batik Gabriella Cortese, Géraldine de La Brosse, Dalia Karanouh ADOSM Hélène Heilmann Les déménageurs bretons Delphine Desmars Casablanca Maud Voisin Les agents Céline Billot, Dominique Dauba, Elise Fécamp, Juanita Fellag, Vince Fischer, Laurent Grégoire, Christel Grossenbacher, Frédérique Moidon, Virginie Ogouz, Emmanuelle Ramade, Bénédicte Sacchi, Axelle Sibiril-Lefebvre, Elizabeth Simpson, Dominique Varda Les intervenants des master-class Bertrand Burgalat, Stéphane Lerouge, Tony Arnoux, Régine Vial, Eric Vicente Les lecteurs de scénario : Andrea Barbiosa, Lucas Fillon, Lorraine Groleau, Christophe Régin, Frédéric Baillehaiche, Nicolas Desmaison, Cédric Le Floch, Valentina Novati Et aussi Laure Ballarin, Jeanne Billaud, Amandine Boix, Mathieu Bompoint, Hélène Bordier, Philippe Coquillaud, Anne-Laure Ducauchuis, Aurélia Fourcaut, Joël Fizychi, Jacques Fieschi, Florence Gastaud, Christine Gendre, Régine Hatchondo, Thierry Jousse, Estelle Larrivaz, Antoine Le Carpentier, Annie Leclair, Patricia Mazuy, Bernard Pantin, Sylvie Pialat, Thomas Rosso, Pierre Schoeller, André-Paul Ricci, Rémi Roy, Dominique Welinski Merci à tous ceux qui ont accueilli les tournages en Essonne 45 Equipes Conseil d’administration Président : Dominique Besnehard Vice-Président : Jean Cazès Trésorière : Christine Gozlan Secrétaire : René Bonnell emergence 46 Directrice artistique : Elisabeth Depardieu Déléguée générale : Nathalie Bessis-Dernov Conseillère : Bénédicte Couvreur Coordination : Morgane Le Roy Assistante direction artistique : Aurélie Clion Conseillers à la mise en scène : Christophe Blanc, Hervé Le Roux Conseillers au montage : Muriel Breton, François Quiqueré Musique Parrain musical : Bertrand Burgalat Coordination musique : Manuel Bleton Musicien additionnel : Olivier Laisney (trompette) Enregistrements : Pierre Botton, Nicolas Ruau Production / régie Directeur de la session : Patrick Bordier Directrice de production : Gaëtane Josse Assistante de production : Agathe Goussard Régisseuse générale : Fanny Gauchery Régisseurs adjoints : Ignazio Giovacchini, Romain Vignau Régisseurs : Romain Bougnoux, Julien Housseau, Alexandre Ribot, Mélanie Rondeau, Frédéric Rosset Les lauréAts réalisateurs Accueil des équipes : Olivier Gautron assisté de Romain Coindet Chauffeurs : Michel Angeles, Gérard Brunel, Marc Couvret, Astrid Lolivret, Simon Pinta, Jean-Louis Raffenaud Mise en scène Casting : Christel Baras, Laure Cochener, Justine Léocadie, Christophe Moulin, Tatiana Vialle 1ers assistants mise en scène : Claire Delâtre, Natalie Engelstein, Cyrielle Frauche, Mikaël Gaudin, Grégoire Jeudy, Emile Louis 2nd assistant mise en scène : Olivier Sagne Scriptes : Céline Bardin, Camille Gavinet, Mélanie ParentChauveau Réglage cascade : Karim Hocini Repérages : Claire Delâtre, Cyrielle Frauche Image Directeurs de la photographie : Sébastien Buchmann, David Chambille, Samuel Lahu, Hoang Duc Ngo Tich Steadycam : Fanny Coustenoble Assistants opérateurs : Karine Arlot, Karine Aulnette, Hugo Canela, Chloé Fassio, Aurélien Py 2nde assistante opérateur : Stéphanie Arbogast Chefs électriciens : Edouard Alvernhe, Gaël Carrière, Benjamin Lemonnier Electriciens : Renaud Bertrand, Mathieu Lecompte, Brice Roustang Chefs machinistes : Thibault Cloarec, Jean Delhomme, Ahmed Zaoui Photographe plateau : Marie Augustin Son Ingénieurs du son : Marie-Clotilde Chéry, Luc Meilland, Jocelyn Robert, Julien Sicart, Agnès Szabo, Clément Trahard Assistants son : Laurent Blahay, Raphaël Corbier, Philippe Deschamps, Victor Gambier, Gautier Isern, Nicolas Mas, Thomas Michard, Emmanuelle Villard Décors Gaëlle Usandivaras Assistante déco : Capucine Pantin Equipe : Nicolas Christin, Julien Massé, Elsa Pohlitz, Astrid Tonnelier avec Florent Maillot Costumes Monique Proville Habilleuse : Jeanne Frentzel Maquillage Aurore Bruna, Clémentine Douel, Stéphanie Guillon, Lucky Nguyen Post-production Montage : Yannick Grassi, Damien Maestraggi, Laurence Manheimer, Aurélien Manya, Martial Salomon Montage son : Rémi Chanaud, Alexis Jung, Luc Meilland, François Mereu, Quentin Romanet, Agnès Szabo, Clément Trahard, Mathieu Viot Mixage: Ivan Gariel, Edouard Morin, Vincent Verdoux Responsable montage image : Julie Picouleau assistée de Anne-Sophie Bussière, Céline Canard, Maxime Cappello, Yannick Grassi, Raphaël Lefèvre Responsable son : Ivan Gariel Recorders : Cyril Jegou, Vincent Munsch Etalonneur : Gilles Martin Stage d’acteurs Casting : Tatiana Vialle Intervenants : Bruno Nuytten, Tatiana Vialle, Pascal Chaumeil, Joëlle Mazet Cadre : Jean-Baptiste Gaillot Son : Victor Loeillet Montage : Julien Schickel assisté de Maxime Cappello Coordination : Thierry Barbier Catalogue Direction de la publication : Nathalie Bessis-Dernov, Morgane Le Roy Rédaction : équipe emergence, Bernard Payen Photographies : Marie Augustin http://marieaugustin. photoshelter.com Graphisme : Lecoeur-Barluet Impression : imprimerie Grenier 45 rue de Babylone 75007 Paris Tel. 01 43 17 32 82 [email protected] www.emergence-cinema.fr facebook.com/emergencecinema 47 47