cinéma - Emergence

Transcription

cinéma - Emergence
CINÉMA
emergence
14e SESSION
2O12
© Serge Arnal
avant-propos
Le changement de décors c’est
maintenant chaque printemps qu’il
s’opère à Marcoussis et transforme
ce temple du rugby en pépinière
de jeunes réalisateurs prêts
à se jeter dans la mêlée avec tout
leur enthousiasme, leur énergie
et leur talent, prêts à transformer tous leurs essais
en œuvres, et qui sait un jour en chefs-d’œuvre.
Leur but : réaliser leur premier long métrage.
Leurs coachs : l’association emergence, Elisabeth
Depardieu et une équipe de professionnels reconnus
et expérimentés, animés du désir de transmettre leur
expérience. Les critères de sélection : un projet de long
métrage, des courts métrages réalisés antérieurement
et peut-être surtout un désir de cinéma impérieux,
une détermination et une force de conviction
irrésistibles. emergence leur offre alors à Marcoussis
un formidable terrain d’expérimentation, l’opportunité
de tester leur scénario, leurs choix de mise en scène,
de casting, associant à chaque étape leur producteur
s’ils en sont déjà pourvus. emergence leur permet aussi
de rencontrer des compositeurs pour initier
des collaborations musicales, ce qui est d’autant plus
remarquable que le rôle de la musique n’est pas encore
suffisamment reconnu dans le cinéma français.
Première confrontation à la réalité, à la faisabilité
de leur projet, le rôle d’emergence est d’autant plus
positif que sa méthode a pu se perfectionner
au long de ses 14 années d’existence.
J’ai pu assister personnellement en avril dernier
à ces instants décisifs, ils sont passionnants.
Je tiens à remercier ici l’association emergence,
le président du jury 2012, Xavier Beauvois, le parrain
pour la musique, Bertrand Burgalat et tous leurs
partenaires, les organisations professionnelles
et les collectivités territoriales, la Région Ile-de-France,
le département de l’Essonne et la ville de Marcoussis,
qui jouent désormais un rôle primordial pour
le développement du cinéma et le renouvellement
de la création. Je tiens à assurer emergence du soutien
du CNC pour que la jeune création française reste
toujours en première ligne.
éric
garandeau
Président du CNC
3
avant-propos
Transmettre de précieux
savoirs entre des
générations différentes
d’artistes, telle est
la mission première
d’emergence et Elisabeth
Depardieu, l’initiatrice de ce beau projet. Inspiré
du Sundance Institute de Robert Redford,
ce lieu d’apprentissage permet à cinq jeunes
réalisateurs et scénaristes sélectionnés
par un jury présidé cette année par
Xavier Beauvois de passer pendant trois
semaines le cap déterminant du court au long
métrage en s’appuyant sur l’expérience
inégalée de professionnels du cinéma.
Le choix d’implanter en Ile-de-France cette
grande école de formation aux métiers du
cinéma ne doit rien au hasard. Depuis 2001,
le budget consacré au Fonds de soutien
aux industries techniques cinématographiques
et audiovisuelles a été multiplié par 10
pour atteindre aujourd’hui 14 millions d’euros,
faisant ainsi de la Région Ile-de-France
la première collectivité territoriale française
à soutenir le 7ème art.
Véritable marque internationale reconnaissable
entre toutes, la Région Ile-de-France soutient
donc tout naturellement emergence et
souhaite le plus grand succès aux lauréats
de l’édition 2012. Que ce laboratoire
de création continue encore très longtemps
à révéler et à soutenir activement les talents
de demain !
Jean-paul Huchon
Président du Conseil régional
d’Ile-de-France
En accompagnant de jeunes
auteurs dans leur parcours
de cinéastes, emergence invite
également de nombreux
comédiens, techniciens
et professionnels du cinéma
à former, en Essonne et
pour quelques semaines,
une communauté de création
cinématographique.
Ces interactions entre l’intime
et le collectif, entre les trajectoires personnelles
et l’espace public, sont des moteurs pour
nos politiques publiques en Essonne,
et tout particulièrement dans les domaines
de la culture (dont le cinéma) et de la citoyenneté.
Il n’est pas question de formater les créateurs,
ou d’exiger des spectateurs qu’ils développent
une cinéphilie particulière, il s’agit au contraire
de permettre à chacun de s’inscrire dans
un parcours, de traduire ses aventures
artistiques ou intellectuelles à l’usage
des autres, de les partager, les transmettre,
les faire grandir. En tant que collectivité
territoriale porteuse d’une ambitieuse politique
de développement de la cinématographie,
nous savons que l’expérience de la découverte
d’un film dans la salle de cinéma, au milieu
de tous, est irremplaçable. Avec nos partenaires,
nous accompagnons les projets culturels
des salles, considérant qu’elles sont le lieu
privilégié de la diffusion cinématographique,
mais pas seulement ! Nous soutenons
les dispositifs et projets de sensibilisation
des publics aux images, encourageons
les liens entre patrimoine et création
sur le territoire et souhaitons poursuivre
l’animation cohérente de tous ces réseaux.
La présence de l’association emergence
pour une nouvelle session intensive
de 3 semaines sur notre territoire est
à cet égard une chance pour l’Essonne
et nous nous en réjouissons.
Jérôme Guedj
Président du Conseil général de l’Essonne
Michel Pouzol
Vice-Président en charge de la culture,
du sport, de la vie associative
et de la coopération décentralisée
5
emergence
emergence
6
Depuis sa création en 1998
par Élisabeth Depardieu, emergence
aide des jeunes auteurs réalisateurs
à développer leurs projets de premiers
longs métrages.
Chaque année, les réalisateurs
sélectionnés tournent une ou deux
séquences de leur scénario, en
bénéficiant d’un accompagnement
concret artistique et technique.
emergence est un espace de
transmission, d’apprentissage et de
rencontres réunissant tous les métiers
du cinéma.
Le travail effectué a ainsi abouti à des
films relevant de sensibilités différentes
comme Depuis qu’Otar est parti de
Julie Bertucelli, Podium de Yann Moix,
Nue propriété de Joachim Lafosse,
Le fils de l’épicier de Eric Guirado,
Tout est pardonné de Mia Hansen-Løve,
Versailles de Pierre Schoeller,
Qu’un seul tienne et les autres suivront
de Léa Fehner, Un Poison violent de
Katell Quillévéré, Augustine de Alice
Winocour, Alyah de Elie Wajeman…
sélection
des lauréats
Tout au long de l’année, l’équipe
artistique dirigée par Élisabeth
Depardieu effectue un travail de veille,
repère des scénarios en écriture et
visionne des courts métrages. Dans
le cadre d’un appel à candidatures,
emergence reçoit chaque année
une centaine de projets. Les projets
pré-sélectionnés par emergence
sont ensuite présentés à un jury qui
auditionne les réalisateurs et désigne
les lauréats.
Sous la présidence de Xavier Beauvois,
le jury de la 14ème session était
composé de Dominique Besnehard,
Bertrand Burgalat, Bénédicte Couvreur,
Élisabeth Depardieu, Martine Giordano,
Gaëlle Macé, Sandra Mirimanoff,
Régine Vial.
Présidents du jury depuis 1998 :
René Cleitman, Maurice Bernart,
Claude Chabrol, Philippe Carcassonne,
Gérard Depardieu, Fabienne Vonier,
Denise de Casabianca,
Charlotte Rampling, Nicole Garcia,
Margaret Ménégoz, Olivier Marchal,
Laurent Cantet, André Téchiné,
Xavier Beauvois.
LA SESSION
Durant toute la session, de la préparation
au mixage, les lauréats sont entourés
de conseillers à la mise en scène et
au montage, qui accompagnent
le travail en cours de fabrication.
Pendant les quelques mois de
préparation à Paris, les lauréats
dialoguent avec l’équipe d’emergence
sur tous les sujets : choix des séquences,
réécriture, casting, constitution
des équipes, décors ...
Les lauréats font appel à un cinéaste
parrain qui leur apporte soutien et
conseils. Le parrain peut intervenir dans
le cadre du scénario,
de la préparation du tournage,
du tournage, du montage...
Les parrains de l’édition 2012 sont :
Olivier Assayas, Xavier Beauvois,
Bruno Dumont, Céline Sciamma,
Tran Anh-Hung.
La session de tournage dure trois
semaines, sous forme de résidence,
au printemps.
Première semaine : l’Exercice
Le scénario de l’exercice est
communiqué aux réalisateurs
le premier jour de la session.
Cette année, il a été écrit par
Pierre Schoeller. Les lauréats disposent
d’un jour pour l’adapter, d’un jour
de tournage et d’un jour de montage.
Les comédiens sont choisis parmi
les participants au stage de formation
d’acteurs.
Les musiques originales sont écrites
pendant la session par les compositeurs
lauréats du jury musique.
session 2012
-
Photo Marie Augustin
Deuxième et troisième semaines :
Tournage et montage des scènes libres
Ces scènes sont choisies à partir
des projets de longs métrages
et réalisées dans des conditions
de tournage professionnelles.
Le réalisateur choisit son casting
et constitue son équipe technique
en accord avec emergence. Chaque
lauréat dispose de deux journées
de tournage, de quatre journées
consécutives de montage image
et d’une journée de montage son.
Présentation des travaux des lauréats
Après mixage et étalonnage réalisés
à l’issue de la résidence de tournage,
les scènes font l’objet d’une projection
à Paris destinée aux participants et
partenaires de la session .
L’ensemble des travaux de chaque
session est également édité en DVD.
7
" We make it work"
Transpamedia...
La 14e session
1OLauréats réalisateurs
Guilhem Amesland
Benoît Bourreau
Stéphane Demoustier
Sacha Wolff
François Yang
2O Stage « L’acteur face à la caméra »
24 Lauréats compositeurs
26 Rencontre avec Bertrand Burgalat
32Master class : la distribution indépendante
avec Régine Vial, éric Vicente et Tony Arnoux
SOMMAIRE
CINEMA
FICTION
www.transpamedia.com
Plateaux (cinéma, TV, fiction, pub, clip, …)
Caméras Film & HD
Lumière et énergie
Machinerie et véhicules techniques
Décoration
Post production
Transpalux  www.transpalux.com
Transpacam  www.transpacam.com
Transpagrip  www.transpagrip.com
Transpastudios  www.transpastudios.com
Transpamedia is a
Euro Media Group
company
Les films accompagnés
par emergence
36 Les films sortis
4O Alyah, entretien avec Elie Wajeman
42 Augustine, entretien avec Alice Winocour
45 Remerciements
56 Equipes
lauréAts réalisateurs
Après des études de production à La fémis, Guilhem a travaillé comme assistant réalisateur,
puis a écrit et réalisé deux courts métrages Demain peut-être et Moonlight lover.
Les philosophes est son premier scénario de long métrage, qu’il retravaille avec la collaboration
de Vincent Mariette.
Guilhem
Amesland
[1]
Les philosophes
Produit par Jérôme Barthélémy
et Daniel Sauvage / Caïmans Productions
MARRAINE
pour emergence
Céline Sciamma
Avec
Anaïs Demoustier [1]
Vincent Macaigne [2]
casting
Christophe Moulin
Photos Marie Augustin
[2]
Image
Hoang Duc Ngo Tich
Son
Jocelyn Robert
Mathieu Viot
Ivan Gariel
Montage
Aurélien Manya
Musique originale
Léon Rousseau
Michel vivote grâce aux chantiers qu’il dégote à droite
et à gauche. Franck, son frère cadet, l’assiste dans cette
petite entreprise brinquebalante. Michel papillonne au
gré de ses humeurs et flirts du moment. Franck étouffe
sous les taquineries de son frère. Il en a surtout marre
de trimer pour rien, il veut changer de vie.
11
lauréAts réalisateurs
Né en 1978 à Saint-Rémy, Benoît Bourreau est diplômé des Beaux-Arts de Paris. Il a été
producteur délégué à France-Culture et assistant de production pour Arte, avant d’être
accueilli en résidence au Studio national Le Fresnoy.
benoît
bourreau
[1] [2] [5]
paris-brest
Co-scénariste : Tanguy Viel
Parrain
pour emergence
Olivier Assayas
Avec
Bastien Bouillon [1]
Isabelle Renauld [2]
Geneviève Mnich [3]
Gowan Didi [4]
Jean-Charles Dumay [5]
Laurent Ménoret
[3]
casting
Tatiana Vialle
Photos Marie Augustin
Image
Sébastien Buchmann
[1] [4]
Son
Julien Sicart
François Méreu
Ivan Gariel
Montage
Martial Salomon
De Louis, on sait peu de choses mais de sa famille
brestoise, beaucoup : au moment même où
sa grand-mère a hérité tardivement de la fortune
d’un vieil amiral, le sort a voulu que son père ait
des démêlés financiers avec la justice, le contraignant
à s’exiler loin là-bas, dans le Sud de la France,
où la mère de Louis ouvre un magasin de souvenirs
qui sera un nouvel échec. Mais un cambriolage
chez la grand-mère va précipiter sa vieillesse et ainsi
leur permettre de revenir enfin dans le Finistère, où,
pour un Noël, Louis désormais parisien va même faire
l’effort de les retrouver. Et tout ça ne serait pas si grave
si entre-temps Louis n’avait pas choisi de mettre noir
sur blanc, dans un roman bientôt publié, le sombre
enchaînement des événements familiaux.
13
lauréAts réalisateurs
Stéphane Demoustier est né à Lille. Il est diplômé de HEC et Sciences Po. Il a réalisé plusieurs
courts métrages, sélectionnés et primés dans de nombreux festivals, en France et à l’étranger :
Bad Gones (2011), Des nœuds dans la tête (2010), Dans la jungle des villes (2009), A main nue
(2009). Stéphane Demoustier est fondateur de la société de production Année Zéro. Il développe
actuellement son premier long métrage, Terre Battue, produit par Frédéric Jouve pour les films Velvet.
Stéphane
Demoustier
[1]
Terre battue
Produit par Frédéric Jouve / les films Velvet
Parrain
pour emergence
Xavier Beauvois
Avec
Hugo Fernandez [1]
Bernard Gombeau [2]
Sacha Soares [3]
Max Clavelly [4]
[2]
casting
Laure Cochener
[4]
[3] [4]
Photos Marie Augustin
Image
David Chambille
Son
Agnès Szabo
Vincent Verdoux
Montage
Damien Maestraggi
Jérôme a quarante ans. Fraîchement licencié,
il échoue à monter sa société. Au même moment,
sa femme le quitte. En quelques mois, Jérôme
a tout perdu. Son fils, Ugo, joue au tennis et connaît
une certaine réussite. Il va se jeter corps et âme dans
la bataille, comme pour conjurer l’échec de son père.
15
lauréAts réalisateurs
Sorti en 2006 du département réalisation de La fémis où il réalise des courts métrages
(Les aventures secrètes de l’Ordre, Does it Make a Sound?, Retour) sélectionnés et récompensés
dans plusieurs festivals internationaux, Sacha Wolff travaille comme documentariste
(Veiko, coprod. Arte France/Les Films d’Ici), comme assistant réalisateur et cadreur
(Dessine-Toi, réalisé par Gilles Porte). Pour son premier projet de long métrage, Mercenaire,
il a reçu les aides à l’écriture du CNC et de la région Basse-Normandie. Sacha
Wolff
[2]
Mercenaire
Produit par Claire Bodechon / 3B productions
Parrain
pour emergence
Bruno Dumont
Avec
Papi Tokotuu [1]
Lauren Pakihivatau [2]
Déborah Révy [3]
Eric Savin
Frédéric Graziani
[1]
[3]
Photos Marie Augustin
CASTING
Justine Léocadie
Image
Samuel Lahu
Son
Luc Meilland
Edouard Morin
Montage
Laurence Manheimer
Mercenaire raconte l’histoire d’un jeune calédonien
d’origine wallisienne venu tenter sa chance en métropole
comme joueur de rugby professionnel. Français sans
être considéré comme tel, étranger partout et chez lui
nulle part, Soane devra lutter contre tous, mais surtout
contre lui-même pour obtenir une reconnaissance qui
lui fait défaut, dans un monde qui n’offre pas de réussite
sans compromission.
17
lauréAts réalisateurs
Né en 1978 à Fribourg (Suisse), François Yang est diplômé en réalisation de l’ECAL (haute école
d’art de Lausanne), où il a réalisé plusieurs courts métrages primés dans divers festivals.
En 2005, il continue sa formation à l’atelier scénario de La fémis. Depuis 2003, parallèlement
à ses travaux d’écriture, il réalise des documentaires de création, diffusés notamment au festival
Visions du réel à Nyon et sur TV5 Monde. Il vit actuellement à Paris.
François
Yang
[1]
L’Art
de la guerre
Produit par Xavier Grin / PS. Productions
Co-scénariste: Marcel Beaulieu
Parrain
pour emergence
Tran Anh-Hung
Avec
Frédéric Siuen [1]
Xin Wang [2]
Adèle Haenel [3]
[2] [1]
casting
Christel Baras
Photos Marie Augustin
Image
Hoang Duc Ngo Tich
[3]
Son
Clément Trahar
Ivan Gariel
Montage
Yannick Grassi
Musique originale
Benjamin Violet
Après la mort de son père, un fils renoue avec les origines
chinoises qu’il a toujours reniées. En enquêtant sur
la mystérieuse disparition de son père, il tombe éperdument
amoureux d’une jeune fille d’origine chinoise qu’il croyait
être sa cousine. Troublé par des hallucinations de plus
en plus prégnantes, partagé entre des secrets de familles
et des sentiments passionnels, l’heure est aux choix entre
deux cultures, deux choix de vie, deux femmes…
19
Stage d’acteurs
L’acteur Face
à la caméra
Pendant la session de tournage, emergence
propose une formation destinée à des acteurs
professionnels. Ce stage conventionné Afdas
et soutenu par l’Adami réunit 15 comédiens.
Cette formation est surtout axée sur
la découverte du jeu pour la caméra, le travail
corporel. Un travail d’analyse des scènes
montées permet aux comédiens de mieux
saisir les enjeux du travail de l’acteur au cinéma.
Les stagiaires sont selectionnés à partir
d’un bref entretien filmé, l’idée étant toujours
de constituer un groupe qui fonctionne avec
des personnalités complémentaires. La plupart
des comédiens qui postulent viennent du théâtre
et ressentent le besoin d’éprouver leur rapport
au jeu face à la caméra. Pour ceux qui ont déjà
tourné, c’est aussi l’occasion de prendre le temps
de réfléchir et de comprendre ce qui a pu
les dérouter dans leurs expériences passées.
Chaque lauréat réalisateur tourne un Exercice
avec 3 comédiens du stage.
Comment sont-ils distribués ?
Tatiana Vialle : La répartition se fait après trois
jours de stage avec les comédiens, à un moment
où je commence à les connaître. Après avoir lu
le texte de l’Exercice, j’essaye de les répartir en
tenant compte et des univers des réalisateurs
et de possibles complicités de jeu entre
les comédiens.
Comment travaillez-vous avec les comédiens ?
Bruno Nuytten : Nous essayons de prendre
en considération l’expérience professionnelle
de chacun et de travailler, sans entrer dans
son intimité, à partir de son originalité et de
sa personnalité. Diriger un acteur c’est surtout
respecter qui il est et l’encourager à se connaître
lui-même. Si le désir s’en manifeste, on peut
éventuellement confier la caméra à un comédien
pour renverser le rapport et désacraliser l’image.
Les seuls vrais points de repères sont la justesse
et la sincérité. Si je crois à ce que l’acteur joue,
je suis comblé. La justesse exalte aussi
la photogénie, cet accord secret entre l’acteur
et sa captation visuelle et sonore.
Tatiana Vialle : L’objectif est principalement de
donner aux comédiens de la liberté dans le jeu.
Dans les premiers temps, on remarque souvent
que les acteurs se figent quand la camera tourne.
On travaille beaucoup autour de l’idée d’être
soi-même, de ne pas tricher. Regarder ensemble
les scènes filmées permet aux comédiens de voir
ce qui fonctionne ou pas. Et on essaye de
l’analyser ensemble. Les clefs ne sont pas >>
Tout va mieux de Benoît Bourreau avec Davy Vetter, Yann Lheureux, Fanny Imber
Photos Marie Augustin
Le prêtre de Stéphane Demoustier
Avec Loïc Flameng, Olivia Forest,
Marie-France Alvarez
La blessure de François Yang
Avec Marina Valleix, Raphaël Potier,
Pascal Tantôt
21
Stage d’acteurs
forcément les mêmes pour chacun.
Nous sommes là pour les aider à les trouver.
Elisabeth Depardieu a eu l’idée de scinder
le stage en deux temps en faisant intervenir
un autre réalisateur. Pascal Chaumeil a apporté
cette année un regard nouveau, des méthodes
de travail et des attentes différentes qui
permettent aux comédiens d’éprouver
ce qu’ils ont découvert. Ces différents points
de vue aident les comédiens, généralement
troublés par leur image au début du stage,
à l’oublier progressivement et à trouver du plaisir
à être filmés, à jouer pour la caméra.
Les intervenants :
Tatiana Vialle / Metteur en scène de théâtre
(Une femme à Berlin) et directrice de casting
(Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Améris,
L’ Arnacœur de Pascal Chaumeil,
Les femmes du 6ème étage de Philippe Le Guay…)
Bruno Nuytten / Réalisateur (Camille Claudel,
Jim la nuit…) et directeur de la photographie (Tchao
Pantin de Claude Berri, Les valseuses de Bertrand Blier,
Garde à vue de Claude Miller…)
Pascal Chaumeil
Réalisateur (L’Arnacoeur, Le plan parfait),
Joëlle Mazet
Professeur de danse classique
Photos Marie Augustin
Babylone ! de Guilhem Amesland
Avec Laurent Ménoret, Anne-Lise Guillet, Prune Beuchat
Temps mort de Sacha Wolff
Avec Salomé Richez, Julien Monnin, Audrey Looten
23
Emergence et la sacem
composition
musicale
24
emergence et la Sacem favorisent
les rencontres et le travail en commun
entre réalisateurs et compositeurs
de musique. Les lauréats du jury
musique composent des musiques
originales pour les Exercices réalisés
à emergence. Ce travail est
accompagné par un parrain musical.
Succédant à Jean-Claude Petit,
Jean-Michel Bernard, Alexandre
Desplat, Philippe Rombi et Reinhardt
Wagner, le compositeur Bertrand
Burgalat est le parrain musical
de la session 2O12.
Sous la présidence de Bertrand Burgalat,
le jury musique de la 14ème session
se composait de :
Benoit Basirico, Cinezik
Manuel Bleton, compositeur
Aline Jelen, Sacem
Hervé Le Roux, réalisateur
Les Lauréats compositeurs :
Harry Allouche
Musique originale de Tout va mieux
de Benoît Bourreau
Compositeur, arrangeur et réalisateur,
Harry Allouche, élève au Conservatoire national
supérieur de musique de Paris, est un touche-à-tout.
Pianiste de formation, batteur dans un groupe
de rock (Les Shades), Harry compose aussi bien
pour le cinéma que la publicité et collabore
régulièrement avec des auteurs sur des projets
plus pop.
« emergence est une belle expérience
en ce sens où elle impose le challenge
d’écrire vite. Très tôt avec Benoit nous
avons décidé de faire un “mini-musical”
de façon à prendre cet exercice comme
un jeu et détourner au maximum
le scénario original. Avec un format
pareil, c’était vraiment intéressant
de pouvoir avancer en même temps,
lui sur l’adaptation du scénario
en textes de chanson et moi sur
sa mise en musique. Une fois arrivé
sur le tournage, j’ai pu me rendre
compte du travail visuel et de mise
en scène qu’il avait effectué en
parallèle. La surprise fut vraiment
grande... Enfin, j’ai trouvé très
enrichissant le fait de pouvoir assister
à toutes les étapes de fabrication
d’un film. »
Laetitia Pansanel-Garric
Musique originale de La Blessure
de François Yang
Laetitia Pansanel-Garric fait ses premières armes
dans la musique de film en réalisant des orchestrations,
des arrangements et de la programmation aux côtés
de compositeurs de musique de film. Puis, les courts
métrages Parallèle de Jean-Philippe Ratel, Le Grand
Jour de Raphaël Chabassol ont été l’occasion
de jeter les premières bases de son approche
musicale personnelle, qui s’est ensuite affirmée
avec le moyen métrage Le Sel de Julie Ropars et
une série de documentaires sur les cinémas
du monde. Elle compose et dirige régulièrement
pour des ciné-concerts sur des films
de Buster Keaton, Charlie Chaplin ou
de Rupert Julian. Contrebassiste et pianiste,
Laetitia se produit en concert pour le théâtre
ainsi qu’avec diverses formations (jazz, classique,
chanson française, rock n’roll). Lauréate d’une bourse
d’excellence de la fondation Rotary, elle a étudié
la composition pour les musiques de film à
l’University of Southern California à Los Angeles.
Elle est également diplômée du CNSMD de Lyon
en écriture et composition option musique à l’image
et titulaire d’un 1er prix de contrebasse du CNR
de Lyon.
Léon Rousseau
Nigji Sanges
Musique originale de Babylone ! et des scènes
libres de Guilhem Amesland
Musique originale de Le prêtre
de Stéphane Demoustier
Musicien autodidacte issu de la scène alternative
de la fin des années 90, Léon Rousseau est l’auteur
de deux albums oscillant entre folk, country
et rock’n’roll. Ce multi-instrumentiste protéiforme
et insomniaque compose sa première bande
originale de long métrage en 2007 pour le film
Hijab El Hob de Aziz Salmy. Suivent plusieurs
documentaires et courts métrages, dont Le Petit
Dragon, de Bruno Collet, qui reçoit le Prix
de la meilleure bande originale au festival
Anima Mundi de Rio de Janeiro.
« J’aime travailler sous pression.
En ce sens, en raison des délais
extrêmement serrés et de la nécessité
de faire le maximum avec une grande
économie de moyens techniques,
l’exercice s’est révélé stimulant
et ludique. Pour la scène libre,
nous avons pu engager
un instrumentiste, enregistrer
en studio et ainsi aller au bout
de notre idée. »
Benjamin Violet
Musique originale de Temps mort
de Sacha Wolff et des scènes libres
de François Yang
Benjamin Violet est multi-instrumentiste et
compositeur, né en 1985 à Toulouse. Après quinze
années d’études classiques au conservatoire
de Toulouse et au CNSM de Paris, il décida de
se lancer dans la composition, l’arrangement
et la musique à l’image, parallèlement, à une carrière
de musicien de scène. Il a collaboré notamment
avec Euzhan Palcy, Guillaume Hanoun, Helmi Dridi
pour la musique à l’image, et joué et enregistré
pour Emilie Gassin, Forgas Band Phenomena, Igorrr,
Lionel Melka, Faress, Patrice Renson, Farewell Poetry.
Benjamin prépare une tournée avec le groupe Tryo.
Nigji Sanges se passionne pour la composition
et l’écriture musicale qu’elle étudie auprès
d’Alexander Müllenbach, François Narboni,
Loïc Mallié, Gaston Waltzing et obtient le Prix
de la Sacem de Metz au Conservatoire
à rayonnement régional (C2R), puis un Master
au CNSMD de Lyon. Actuellement, elle poursuit
sa spécialisation dans le domaine de la musique
à l’image au CNSMD de Lyon. Elle a enseigné
l’écriture au C2R de Metz et a réalisé une commande
pour l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg
et l’Ensemble de Basse-Normandie dans le cadre
de ciné-concerts.
« Le défi du compositeur a été de trouver sa place, aussi bien dans
une équipe de tournage que par
son expression musicale, sans trop
en dire, sans trop en faire, sans être
trop effacé ou trop présent, et
de trouver la touche musicale juste
pour que le film puisse s’épanouir
pleinement. emergence a été pour moi
un laboratoire où j’ai pu tester
et explorer des possibilités. Par cet
exercice, il a fallu s’adapter rapidement,
saisir le genre, l’esprit et le sens du film
qu’on allait traiter et une fois le travail
entamé, mettre ses acquis de côté
et repousser ses limites pour arriver
à un résultat satisfaisant. La rencontre
avec les différents réalisateurs et
compositeurs a été très enrichissante
pour moi, car j’ai beaucoup appris
par le partage des expériences
de chacun. »
25
MASTER CLASS
26
Photo Marie Augustin
Rencontre avec
Bertrand Burgalat
animée par Stéphane Lerouge
Le parcours et les influences
Stéphane Lerouge : En 1997, j’ai découvert
Bertrand Burgalat grâce à sa première
musique de long métrage, Quadrille
de Valérie Lemercier. Pour moi, ce fut
un électrochoc. Sa liberté mélodique et
harmonique, sa façon originale de construire
l’orchestre contrastaient avec le travail
de beaucoup de jeunes compositeurs en
vogue à l’époque. Depuis, j’ai appris à mieux
connaître sa personnalité, son écriture, son
activité de producteur aussi, via son label
Tricatel, nom hommage au personnage
du fracassant Julien Guiomar dans L’Aile
ou la cuisse. Bertrand Burgalat est à la fois
dans le système et en dehors, c’est
un électron libre du paysage musical.
Bertrand, comment est née ta vocation ?
Et ton envie d’écrire pour l’image ?
Bertrand Burgalat : Je me sens mal à l’aise
pour donner un témoignage, je peux
éventuellement donner quelques conseils sur
ce qu’il faudrait ne pas faire car mon parcours
au cinéma est en dents de scie. J’ai fait peu
de choses et je me suis souvent ramassé.
Mon itinéraire est le suivant : j’ai commencé
la musique à six ans mais cela m’a vraiment
passionné à partir de dix ans, en découvrant
Pink Floyd et, un peu plus tard, Stravinski et
Ravel. J’ai laissé tomber le Conservatoire à
treize ans : en clair, mon éducation musicale
est bâclée. Je connais le solfège, j’écris
toujours les arrangements de mes morceaux
mais je n’ai aucune notion de grammaire
musicale, au sens académique. Les premières
choses qui m’ont intéressé dans la musique
de film ont été composées par des groupes
de rock, par exemple Gong pour le film
Continental Circus de Jérome Laperrousaz.
Aujourd’hui, on a tendance à utiliser
à outrance des morceaux rock préexistants
mais, à l’époque, ça ne se faisait pas
du tout. La musique de Pink Floyd
pour La Vallée de Barbet Schroeder est une
musique composée spécialement pour le film
et, aujourd’hui encore, le morceau
d’introduction est d’une modernité incroyable.
La Vallée, Continental Circus et Aguirre sont
les trois musiques de films qui m’ont influencé
quand j’avais douze ans. La partition d’Aguirre
de Popol Vuh apporte dès le début du film
une dimension inattendue. Par l’entremise
du rock, j’ai découvert les compositeurs plus
classiques. Michel Magne est le premier
qui m’a fasciné, je l’ai connu via le groupe
Magma autour duquel il gravitait. A partir
de lui, j’ai remonté la pelote pour découvrir
François de Roubaix, Michel Colombier,
Antoine Duhamel…
Stéphane Lerouge : L’année dernière,
la master-class avait été donnée par
Jean-Claude Petit. Lequel rejoignait un peu
cette idée en considérant qu’une très belle
bossa nova peut avoir autant d’importance
que certaines œuvres de Wagner.
Ta génération est-elle justement celle qui
refuse toute hiérarchie de la musique ?
Bertrand Burgalat : Ce n’est pas tout à fait
ce que je veux dire. Justement tout ne se vaut
pas dans la mesure où il ne suffit pas, par
exemple, qu’une musique soit d’inspiration
vaguement néo-classique pour être pertinente.
Mais, au sujet de l’éducation classique, je crois
qu’il faut soit tout connaitre pour mieux
oublier, soit être instinctif (ce que je suis).
Mon côté ignorant peut me gêner quand
je dirige une section de cordes, par exemple
je donne comme indication aux musiciens
de ne surtout pas faire attention à mes gestes
et finalement tout se passe bien ! J’admire
les grands compositeurs de formation
classique qui ont une technique incroyable
mais n’en sont pas prisonniers. Ce qui est
difficile pour eux, c’est de s’affranchir de tous
les procédés d’écriture, tous les systématismes
enseignés par l’analyse musicale. Alors que,
pour des gens comme moi, la difficulté est
de ne pas être piégé par le manque
de bagage.
Stéphane Lerouge : Tu as cité François
de Roubaix. On peut commencer en écoutant
un extrait de sa musique pour le film Les
Aventuriers de Robert Enrico, en 1967. François
de Roubaix était complètement autodidacte,
il a appris le trombone seul avec un manuel.
Puis, l’improvisation l’a fait glisser vers
la composition.
Bertrand Burgalat : De Roubaix m’a marqué
dès l’enfance. Il travaillait seul chez lui, dans
son home studio huit pistes, s’enregistrait
jouant de tous les instruments. Je trouve ça
très motivant. La difficulté de la composition
musicale pour le cinéma est de bien
comprendre le réalisateur mais il me semble
aussi important de comprendre le contexte
économique. On peut concevoir une musique
de film avec un micro, deux pistes et un seul
musicien. Souvent, dans ce cas, l’absence
de moyens peut générer des choses moins
conventionnelles que la sous-musique
classique.
Les films
Quadrille de Valérie Lemercier
Stéphane Lerouge : Pour Quadrille, la musique
a été dirigée par David Whitaker, à la tête
d’une formation de vingt-huit musiciens,
à Londres, au studio Abbey Road.
Bertrand Burgalat : Jusqu’alors, je n’avais
jamais eu l’occasion de faire un truc comme
ça. J’avais demandé à David Whitaker
de diriger l’orchestre pour me soutenir là
où je sentais en avoir besoin. Sur le plan
de la composition, je n’avais pas forcément
l’intention d’aller vers un genre français,
ça s’est fait comme ça. Je suis très hostile
aux musiques de référence, mettre des grands
noms de la musique sur les images sert parfois
à légitimer les images. On pense qu’une
musique de Prokofiev, de Philip Glass ou du
Velvet Underground apporte une caution de
qualité au film. Après Quadrille j’ai eu >>
27
MASTER CLASS
beaucoup de mal à retravailler
immédiatement pour le cinéma. A l’époque,
le passage au montage numérique favorisait
une dérive : on demandait au compositeur
des décalcomanies de musiques
préexistantes, qui avaient servi de guide
au montage. Moi, je trouvais ça malhonnête.
Stéphane Lerouge : Avec les sorties
successives de Belleville Tokyo et My Little
Princess, on peut penser que la « malédiction »
dont tu as souffert au cinéma est levée.
Car entre Quadrille et ces deux films,
il y a eu des collaborations interrompues.
Bertrand Burgalat : Oui, pendant plus
de dix ans, j’ai perdu confiance en moi
dans ce domaine. J’ai pris conscience de
la virtuosité technique que la musique de film
peut exiger, diriger un orchestre par exemple.
Je suis plus intimidé qu’avant. On a tous des
tics, le mien au piano serait de tout jazzifier.
Il faut trouver des méthodes pour se
surprendre soi-même. Par exemple, je joue
en inversant main droite et main gauche
ou en regardant la télévision. L’ordinateur offre
une palette d’outils impressionnante mais
je m’en méfie car, plus on a d’outils différents,
plus on aboutit à des résultats similaires.
En graphisme, le piège est identique : il existe
des milliers de polices différentes et pourtant
on se retrouve toujours à utiliser les mêmes !
Si les graphistes dessinaient à la main, leurs
polices seraient souvent plus originales.
My Little Princess d’Eva Ionesco
Bertrand Burgalat : Ce film est inspiré de
l’histoire personnelle de sa réalisatrice.
Sa mère, photographe professionnelle,
a commencé à la photographier alors
qu’elle n’avait que quatre ans dans des pauses
suggestives, de plus en plus érotiques, voire
pire. Eva Ionesco a été accaparée par le projet
de ce film pendant des années, avec
des moments de doute. Dès qu’elle est
plongée dans le travail, elle est d’une précision
et d’une clarté incroyable.
Stéphane Lerouge : Il faut préciser
qu’Eva Ionesco est fan de Bertrand et
de Tricatel. Elle dit avoir senti une affinité entre
ce sujet très intime et l’écriture de Bertrand.
Elle voulait que la musique soit construite
sur l’idée d’un dérèglement : on commence
dans la naïveté pour vriller progressivement
dans un côté presque maléfique, comme
un mauvais rêve. La musique est présente
à chaque séance photo, sa graduation
accentue la vampirisation de la petite fille
par sa mère.
Bertrand Burgalat : Le fait qu’Eva connaisse
bien ma musique m’a donné l’envie de
la surprendre avec des choses nouvelles.
Nous avons commencé le travail très tôt,
d’après le scénario (compositions dont on
a gardé très peu de choses). J’ai continué
à travailler pendant le tournage mais
l’essentiel a finalement été composé devant
le montage directement au clavier.
Effectivement, la consigne d’Eva c’était
« je veux que ça commence comme un conte
de fée et que ça finisse en cauchemar ».
Pendant tout le début du morceau que nous
écoutons, il n’y a qu’une seule violoncelliste
qui joue les six notes de l’accord sur six pistes.
J’ai aussi renoncé à une musique que j’aimais
beaucoup devant l’insistance de la réalisatrice.
Je reconnais maintenant que cette musique
ne servait pas bien le film. Le compositeur
ne doit pas oublier qu’il est au service du film
et pas en train de faire un disque solo.
Stéphane Lerouge : Tu as dit à propos de
My Little Princess et de Belleville Tokyo que
ta chance avait été de ne pas avoir de music
supervisor, fonction importée du cinéma
hollywoodien. Est-ce une bonne chose de
se passer de cet intermédiaire, qui traduit
les intentions du réalisateur ?
Bertrand Burgalat : C’est vrai que
le réalisateur et le compositeur parlent
des langues différentes. Je me souviens
d’une publicité pour laquelle on m’avait
demandé « tout sauf des cordes ». Je n’avais
rien réussi à composer de bien, je n’ai pas fait
la publicité à l’arrivée. Quand j’ai vu plus tard
le résultat, il y avait des cordes ! Il faut savoir
décoder une demande. Quand on vous
dit vouloir « tout sauf ça », une fois sur deux,
on veut en réalité justement « ça ».
Belleville Tokyo d’Elise Girard
Elise Girard : J’ai connu Bertrand il y a dix
ans, avant de faire des films. J’aimais déjà
29
Stéphane Lerouge et Bertrand Burgalat - Photo Marie Augustin
beaucoup sa musique. Dans notre travail
en commun, nos discussions commencent
très en amont, dès l’écriture du scénario.
Une fois le film tourné, on entre dans le cœur
du travail en étant déjà finalement imprégné
par nos discussions. Les réalisateurs ont
souvent peur de ne pas savoir s’adresser à
un compositeur mais je n’ai pas cette difficulté
de compréhension avec Bertrand. Notre
relation ressemble à celle que j’ai avec mon
chef opérateur. J’ai beaucoup de chance
d’avoir rencontré un compositeur avec lequel
ça fonctionne aussi bien.
Stéphane Lerouge : Qu’aimes-tu en
particulier dans sa musique ?
Elise Girard : Sa sensibilité. Je suis capable
de reconnaitre une musique de Bertrand,
à la première écoute. Elle me parait familière
immédiatement.
Stéphane Lerouge : On peut regarder
la poursuite. Précisément, quelle dimension
supplémentaire apporte la musique à cette
séquence ?
Elise Girard : La scène est muette et
la musique exprime l’état intérieur, l’âme ou
les pensées de mon héroïne, Valérie Donzelli,
sa mélancolie aussi. Bertrand venait
régulièrement voir l’avancée du montage.
N’étant pas musicienne, c’était très compliqué
de donner des indications sur la base de ses
premières propositions, je ne sais pas dire
les choses en musique. Le fait qu’on se
connaisse très bien a rendu la compréhension
possible. C’est sans doute pour ça que
les réalisateurs prennent des musiques qui
existent déjà, ce qui les libère d’un dialogue
sur la musique, dont ils ignorent les codes.
Notre point commun avec Bertrand dans
l’utilisation des musiques à l’image, c’est
que nous ne voulions pas que la musique soit
comme un « tapis musical », réduit à un fond
sonore.
Bertrand Burgalat : La partition de Belleville
Tokyo a été réalisée avec très peu de moyens.
On avait très peu de temps (deux jours
en studio, en improvisant quasiment sur
les images) mais cela nous a donné,
à Elise et moi, une liberté incroyable.
On disposait de quatre mille euros de budget :
c’est peu mais suffisant pour payer le studio
et le mixage. Il ne faut pas mépriser ces
données financières, elles ont une incidence.>>
MASTER CLASS
Le budget de la musique
au cinéma
Bertrand Burgalat : Le manque de moyens
donne moins de pression et moins de gens se
mêlent de la relation réalisateur-compositeur.
Plus le budget est élevé, plus on risque de
tomber dans les clichés pseudo-symphoniques.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas d’argent mais
qu’il faut retourner le manque de moyens
à son avantage. La guitare de
The Deer Hunter, les deux pianos de La Baie
des anges, voilà des idées sublimes qui ne
dépendent pas des moyens. Il faut se méfier
de l’ordinateur pour cela : on peut simuler
autant d’instruments que l’on veut, et
les grandes nappes de cordes sonnent mieux
en maquette que les formations plus réduites.
Mais ensuite, lorsqu’on doit mettre les choses
au propre, on peut se retrouver avec
un résultat très ennuyeux et très coûteux.
C’est comme ça que des lecteurs de
Stéphane Hessel se retrouvent à Sofia
avec soixante musiciens pour ne pas payer
les charges des cachets des intermittents
qu’ils défendent en France. Mon conseil,
lorsqu’on est obligé de faire une maquette
sur ordinateur, c’est de s’astreindre
à une instrumentation précise, de se dire
« je vais essayer de tout faire avec un célesta
et une harpe », quitte à changer d’idée ou
à étoffer par la suite. Une journée dans
un grand studio coûte de six cent à mille
euros, tout comme il y a trente-cinq ans,
ce qui représente évidemment beaucoup
moins maintenant.Les producteurs
d’aujourd’hui, en France, n’investissent
le plus souvent pas leur propre argent mais
celui du CNC, des chaînes ou autres, tout en
souhaitant détenir un maximum de droits
notamment sur la musique. Les budgets qu’on
me propose sont généralement très bas.
Dans ces conditions, je leur propose
de consacrer l’intégralité du budget qu’ils
m’allouent à l’enregistrement de la musique,
aux cachets des musiciens, tout en gardant
pour moi les droits d’édition et de master.
Je suis donc souvent la seule personne qui
n’est pas payée sur le film, peut-être parce
que je crois parfois plus au projet que le
producteur lui-même… Mais cela me permet
ensuite de ne rien lui demander (ni reverser)
si on me demande de réutiliser la musique
en question pour une publicité...
Stéphane Lerouge : La Sacem se bat pour
qu’au moins 3% du budget du film soit
consacré à la musique. Bizarrement, quand
les producteurs prétendent ne pas avoir
d’argent pour financer une musique originale,
ils parviennent à en en trouver pour acheter
en synchro des titres préexistants. La Sacem
a commandé une étude sur la part
de composition de musique originale dans
l’ensemble des films produits en France, étude
qui montre une diminution de cette part
de plus de 60% en quelques années.
Bertrand Burgalat : C’est une conséquence
d’un truc horrible de notre époque : le bon
goût. Il faut souvent montrer qu’on a bon goût
parce qu’on a le morceau à la mode,
la référence chic, et peu importe la cohérence
par rapport au film... Il n’y a pas de règle,
on peut faire un film uniquement avec
des musiques préexistantes ou sans musique,
ou avec des pastiches, la seule chose qui me
choque, c’est le systématisme et le suivisme.
Il y a beaucoup de très bons films récents qui
vieilliront mal uniquement à cause de l’usage
imbécile de la musique. Pendant
l’enregistrement de My Little Princess,
Renaud Gabriel Pion, qui a joué tous
les instruments à vents sur la BO, me disait
que Van Dyke Parks* lui avait confié, à propos
des music supervisors qui s’intercalent entre
le réalisateur et le compositeur : « They know
just enough to be a problem »... Je trouve
formidable, à cet égard, le travail d’emergence
car cela permet aux musiciens comme
aux cinéastes (mais aussi aux monteurs
image, dont le pouvoir sur la musique s’est
accru avec le numérique) d’apprendre
à se parler, à exprimer leur vision respective.
Et, surtout, à se comprendre.
* Van Dyke Parks a commencé en faisant des arrangements pour Le Livre de la Jungle et il a collaboré
à un des plus beaux disques de tous les temps, Pet Sounds, des Beach Boys
31
MASTER CLASS
31 films initiés à emergence sont sortis en salles dont 3 depuis le début de
l’année 2O12. C’est autant de lauréats emergence qui ont vécu ce moment
particulier de la sortie de leur premier film, un moment parfois déterminant pour
leur projet futur. Régine Vial (les films du losange), Eric Vicente (Sophie Dulac
distribution) et Tony Arnoux (bureau de presse André-Paul Ricci et Tony Arnoux)
ont dialogué avec les lauréats de la session sur les enjeux de sortie
et les évolutions de la distribution indépendante.
Rencontre avec
32
Régine Vial, Eric Vicente et Tony Arnoux
Régine Vial : J’ai eu le plaisir et l’honneur d’être
au jury donc je connais un peu les Lauréats
et leurs projets de films. Faire un premier film,
c’est un parcours passionnant. Mais c’est aussi
important d’intégrer tôt le fait que le film sera
amené à sortir dans les salles. Les jeunes
réalisateurs n’ont souvent pas d’idée concrète
de ce qu’est le marché et sa violence, qui va
en s’accentuant. Il n’arrive plus que des films
restent à l’affiche trois ou quatre mois comme
auparavant, sachant qu’en moyenne 15 films
sortent tous les mercredis. Ces films doivent
faire des entrées très vite ou ils quitteront
l’affiche le mercredi suivant. Ce ne sont plus
les qualités qui sont jugées mais uniquement
les entrées. Dans cette bataille, les premiers
films, plus fragiles, sont confrontés aux gros
films américains, aux comédies populaires…
Le passage au numérique (presque plus
aucune salle parisienne ne projette en 35mm)
a bouleversé le marché et l’a rendu moins
vertueux. Par exemple, il m’est arrivé qu’une
salle retire de l’affiche un film le premier
dimanche alors que j’avais payé pour
la semaine entière. Je n’ai rien pu faire,
le système manque de régulation et privilégie
les plus forts. Sortir un film, c’est une campagne
électorale. Il ne faut refuser aucun déplacement,
aucun effort pour accompagner le film. Chaque
film est une nouvelle aventure. Entre réalisateur,
producteur et distributeur, il faut écouter, trouver
les mots pour dire ce qu’on pense. C’est un work
in progress ensemble.
Le rôle des festivals
Eric Vicente : La sélection de Benda Bilili à Cannes
explique en partie les 200 000 entrées du film.
Nous avons eu d’autres belles histoires à Cannes
de films qui n’étaient pas forcément attendus,
La visite de la fanfare par exemple.
Régine Vial : Etre à Cannes est un enjeu
extrêmement important. Toutes les sélections
y sont bonnes. La présence de Versailles,
le premier film de Pierre Schoeller,
à Un Certain Regard a été un tremplin.
Le film a pu être visionné par les exploitants
et la presse, il a obtenu un vrai label de qualité.
Mais il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus,
il faut mener bataille avec beaucoup
de conviction.
Choisir la date de sortie
Eric Vicente : La date de sortie est
déterminante. La choisir nécessite d’avoir
une vision réaliste du film, de pouvoir
le positionner de manière précise par rapport
aux autres sorties de la semaine au regard
de la presse, des exploitants, du public.
Quand on a acheté Bruegel, le moulin et
la croix à Berlin, notre idée était de le sortir pour
les fêtes de Noël. Le 4 janvier nous plaisait
mais étaient programmés Louise Zimmer
(la révélation de Venise), Take Shelter,
Les Acacias (caméra d’or) et le film
de Cédric Kahn avec Guillaume Canet,
ce qui rendait la sortie compliquée.
En sortant finalement une semaine avant,
le 28 décembre 2011, le film a eu bien moins
de concurrence. La presse nous a offert
une belle exposition. Le film a fait 70 000
entrées, un très bon chiffre pour ce genre
de films. D’une semaine à la suivante, il y avait
30% des entrées à gagner ou à perdre.
L’été dernier, j’ai sorti Lourdes le 27 juillet,
on a pu avoir dix salles à Paris alors que
je n’en prévoyais que quatre ou cinq.
Régine Vial : J’ai sorti Melancholia le 4 août
pour les mêmes raisons. Il faut faire confiance
aux distributeurs pour cette décision.
Nous connaissons le marché par cœur,
nous le suivons au quotidien et il change
très rapidement. Les recettes ne sont pas
les mêmes d’une année sur l’autre. L’été dernier
et les précédents nous ont permis de belles
sorties mais le programme de l’été prochain
s’est considérablement chargé.
Eric Vicente : On ne peut pas être exigeant
envers l’attaché de presse si la semaine est
envahie par des sorties très attendues. Il faut
savoir si la presse nous positionne en premier,
deuxième ou troisième choix. Au-delà, il vaut
mieux changer de date.
La presse
Tony Arnoux : Je rejoins Eric et Régine
sur la confiance qui doit exister entre tous
les acteurs de la sortie du film dont l’attaché
de presse. Nous devons tous avoir la même
idée du film pour trouver ensemble comment
guider les journalistes, les mettre en confiance.
Il y a de plus en plus de films sur les écrans
chaque semaine, mais paradoxalement dans
la presse, la place pour le cinéma est de plus
en plus mince. Le contenu des articles dans
la presse a changé. La presse attend des sujets
transversaux et parlera plus volontiers des films
qui évoquent des sujets politiques ou sociaux.
C’est ce que nous avons essayé de faire sur
L’Apollonide de Bertrand Bonello par exemple.
On a axé les relations presse sur le sujet
des maisons closes, mais aussi sur les décors
des anciennes bâtisses...
On ne peut pas se contenter de parler
seulement du film, il faut essayer de créer
l’événement, comme par exemple d’imaginer
un grand sujet « Château de Versailles »
pour faire parler des Adieux à la Reine
de Benoit Jacquot. D’un autre côté, nous
devons aussi imposer une idée principale
du film très claire et simple à présenter.
Pour Parlez-moi de vous de Pierre Pinaud,
l’idée était de voir Karin Viard à la radio.
Régine Vial : Certains acteurs ont accès
à des plateaux de télévision plus facilement,
mais je suis convaincue que les acteurs ne font
pas le succès d’un film. C’est le film qui fait
son propre succès et les grands films trouvent
leur public. Une illustration récente est
L’exercice de l’Etat, 2ème film de Pierre Schoeller,
qui a fait 500 000 entrées !
Marketing
Tony Arnoux : Quand Valérie Donzelli
a réalisé La guerre est déclarée, elle a gardé
sa propre idée du film sans se décourager
malgré le sujet difficile et le casting peu connu,
à l’opposé d’une vision marketing. J’étais
inquiet après avoir eu une presse très
enthousiaste et bienveillante pour son premier
film La Reine des Pommes. Le succès
médiatique de La guerre est déclarée
a contredit totalement mes inquiétudes
et c’est allé jusqu’à ce qu’on nous reproche
d’être « trop présents ».
C’est un phénomène courant dans la presse,
quand les journalistes se rejoignent sur
un même film qui occupe presque tous
les espaces.
Régine Vial : Dans le parcours global du film,
nous intervenons assez tard. Nous n’aurons
pas une connaissance du film aussi intime
que le producteur et le réalisateur qui le portent
depuis le début.
Eric Vicente : Il vous faudra souvent prendre
du recul par rapport au film et accepter
des propositions que nous formulons pour
le rendre visible et attirant.
Régine Vial : Tous les metteurs en scène
donnent leur film différemment. Lars Van Trier
donne en toute confiance, Haneke au contraire
contrôle tout ce qui touche à son œuvre,
chaque photo, chaque texte... De toutes façons,
rien ne sort jamais de chez nous sans l’accord
du metteur en scène. >>
33
34
Eric Vicente : Notre travail consiste à identifier
clairement le film grâce à son titre, ses visuels,
son synopsis, la bande-annonce …
Régine Vial : La ténacité du metteur en scène
et du producteur peut faire des succès.
Vous avez une idée précise en tête, gardez-là !
Mais apprenez à bien la présenter pour
qu’elle séduise. Il faut rester fier de ce qu’on fait,
même si le film est âpre ou difficile.
Les images du film
Eric Vicente : Il faut savoir profiter de tout
ce qui est disponible au tournage. Pour My little
princess, nous avions fait venir un photographe
pour une séance photo spéciale après
une journée de tournage. Nous avions tout
sur place, les comédiennes, les costumes,
le maquillage, les décors … Ces images nous
ont beaucoup servi au moment de la sortie
et compte tenu du budget limité du film,
nous n’aurions pas pu recréer cette ambiance
une fois le tournage terminé. Il faut songer
très tôt à rassembler des éléments qui serviront
pour la sortie.
La bande-annonce
Eric Vicente : Elle est souvent l’objet de beaucoup
de discussion car ce qui fonctionne dans
la continuité d’un long métrage ne s’adapte pas
forcément aux objectifs d’une bande-annonce.
Pour Le cheval de Turin, Bela Tarr nous avait
donné des images - très belles - d’une lumière
qui vacille. Nous l’avons convaincu d’être moins
radical. Le film va atteindre 25 000 entrées,
ses précédents tournaient autour de 8 000.
Malgré leur radicalité, ses films sont faits
pour être vus.
Régine Vial : Haneke fait toujours lui-même
ses bandes-annonces. Mais pour Caché,
cela marchait moins bien et j’ai pu le convaincre
de visionner d’autres propositions.
Il en a acceptée une qui fut reprise dans
le monde entier. Pour Le Ruban blanc,
les propositions ne lui ont pas plus, il a refait
la bande-annonce. Le succès d’une bandeannonce n’augure pas forcément le succès
en salle : la bande-annonce de Let my people
go a été vue 250 000 fois sur internet alors
que le film n’a fait que 25 000 entrées.
Internet
Régine Vial : Internet a changé notre manière
de travailler. Toutes les informations sont
sur notre site (photos, affiches…). Récemment,
nous avons développé l’utilisation des réseaux
sociaux. J’y offre souvent des invitations à
des projections mais très peu de gens se
déplacent. J’ai l’impression que ces réseaux
monopolisent beaucoup les gens devant leur
ordinateur sans parvenir à les faire aller en salle.
Tony Arnoux : Nous invitons toujours
les animateurs des sites internet et des blogs
aux projections presse. Mais nous leur
demandons de ne rien publier avant la sortie,
pour ne pas trop marquer le film en amont.
Accompagner des metteurs
en scène
Régine Vial : Même si on essaie toujours
de faire le maximum d’entrées, le travail
avec un auteur se construit film après film.
Le premier film de Mia Hansen-Løve a fait
40 000 entrées, le deuxième 80 000,
le troisième 130 000. C’est une vie de cinéaste,
pas uniquement un film.
Eric Vicente : Un parcours de cinéaste ne
se construit pas nécessairement avec un seul
distributeur. Nous avions connu un joli succès
en 2010 avec Un poison violent, le premier film
de Katell Quillévéré. Mais son deuxième film
se fait avec un autre producteur et aura aussi
un autre distributeur. Peut-être nous
retrouverons nous pour le troisième film...
Régine Vial : Aux films du losange, nous avions
sorti le précédent film de Benoît Jacquot,
Au fond des bois, qui a fait 25 000 entrées.
En 2012, un autre distributeur a sorti
Les Adieux à la Reine qui fait presque
500 000 entrées. Tout est à relativiser.
Le rapport du public avec certains réalisateurs
est inexplicable : la semaine dernière, j’ai sorti
Indignados de Tony Gatlif, avec Tony Arnoux
et André-Paul Ricci. On a fait une tournée en
province avec Tony Gatlif, on refusait du monde
dans les salles. A Auch, on remplit trois salles
pour l’avant-première avec le réalisateur,
le lendemain plus personne. Quand Tony Gatlif
n’est pas là, le film ne marche pas.
Avec Melancholia à Cannes, on a tout perdu.
Mais ce film, je l’adore et je voulais le défendre
coûte que coûte.
Un distributeur indépendant choisit ses films,
même s’ils ne sont pas tous réussis.
Mais les films que j’ai sortis, je les aime tous.
Je n’ai toujours défendu que des cinéastes
que j’aime et c’est une chance incroyable.
35
Les FILMS SORTIS
2O12
Les films
accompagnés
36
Parlez-moi
de vous
de Pierre Pinaud
Estrella productions
2OO8
Dans tes bras
de Hubert Gillet
Sombrero Productions
Il tuo disprezzo
de Christian Angeli
Luna films
Sortie Italie
Memories Corner
d’Audrey Fouché
Noodles Production
Festival de Busan
Jimmy Rivière
de Teddy LussiModeste
Kazak productions
Prix du public
Festival Premiers
Plans d’Angers
Pauline et
François
de Renaud Fély
Aeternam Films
Ma compagne
de nuit
d’Isabelle Brocard
Mille et une productions
2OO9
2O1O
Un poison violent
de Katell Quillévéré
Les films du Bélier
Quinzaine
des Réalisateurs
Prix Jean Vigo
Les mains libres
de Brigitte Sy
Mezzanine films
Les grands
s’allongent
par terre
d’Emmanuel Saget
Les films Pelléas
Festival Premiers
Plans d’Angers
2OO7
2O11
Le Paradis
des bêtes
d’Estelle Larrivaz
Mezzanine films
Prix du public
Festival Premiers Plans
d’Angers
Versailles
de Pierre Schoeller
Les films Pelléas
Un Certain Regard,
Nominations aux César :
Meilleur film Meilleur acteur
Qu’un seul tienne
et les autres
suivront
de Léa Fehner
Rezo films
Nominations aux César :
Meilleur premier film,
Meilleur espoir féminin
Prix Louis Delluc
Il va pleuvoir
sur Conakry
de Cheick Fantamady
Les films Djoliba
Camara
Cinéma du monde /
Cannes Prix RFI
Prix du Public / Fespaco
Un cœur simple
de Marion Laine
Rezo films
Prix spécial du jury /
Festival Premiers Plans
d’Angers
Tout est pardonné
de Mia Hansen-Løve
Les films Pelléas
Quinzaine
des Réalisateurs
Nuage
de Sébastien Betbeder
Les films du Worso
Festival de Locarno
Le fils de l’épicier
d’Eric Guirado
TS Productions
La vie d’artiste
de Marc Fitoussi
Haut et Court
Mon fils à moi
de Martial Fougeron
Moby Dick films
Concha d’or
et Concha d’argent
Festival de
San Sébastian
Nue propriété
de Joachim Lafosse
Tarantula
Festival de Venise
>>
37
EMT
SFP
VCF
" We make it work"
Les FILMS SORTIS
2OO6
2OO5
Leader de la prestation audiovisuelle
1er Parc de vidéo mobiles et de plateaux en France
BROADCAST
FACILITIES
Services
26 unités mobiles HD/SD
8 régies fixes et 2 régies fly
� + de 100 liaisons HF HD,
10 sorties de foule
� Graphique / Virtuel
� Slow motion / Hyper motion
� Post production
�
Un an
de Laurent Boulanger
Noodles production
Avril
de Gérald HustacheMathieu
Dharamsala
Alex
de José Alcala
Gemini Films
Prix AFCAE
meilleur film Européen
Festival de San Sebastian
Des plumes
dans la tête
de Thomas de Thier
JBA productions
Quinzaine
des Réalisateurs
Demi-tarif
d’Isild Le Besco
Karedas
Prix Spécial du Jury Festival Premiers Plans
d’Angers
Podium
de Yann Moix
Fidélité
2OO3
2OO2
Depuis qu’Otar
est parti
de Julie Bertuccelli
Les films du Poisson César de la 1ère œuvre
de fiction
Grand Prix de la Semaine
de la Critique
Satin Rouge
de Raja Amari
AR productions
Sélection officielle
Festival de Berlin
2OO4
�
(4 audits, 16 edit rooms)
�
�
�
64 Plateaux
Décoration et accessoires
Lumière et énergie
Innovations
�
�
�
3D (Full process)
Media Center (Tapeless, MAM, Archivage)
Convergence IP (Production to Network
Brodeuses
d’Eléonore Faucher
Sombrero Productions
Grand Prix de la Semaine
de la Critique
delivery)
Activités
Variétés, Jeux, Divertissements,
Sports, retransmissions HF,
Fiction, Cinéma, Publicité,
Institutionnel, Evénementiel,
Concert
Pas Sages
de Lorraine Groleau
Balthazar Productions
Diffusion Arte
www.euromedia-france.com
Studios ¼ www.euromedia-studios.com
Sports ¼ www.euromedia-sports.com
Events ¼ www.euromedia-events.com
Euro Media France
is a Euro Media Group
company
Le chant des fous
de Csaba Bereczki
Rogerius Production
Sortie Hongrie
39
ENTRETIENS
ALYAH
4O
Elie
Wajeman
Après des études de théâtre et de
cinéma, Elie Wajeman réalise plusieurs
courts métrages (dont Jacques-a dit
en 2OO1), puis entre à La fémis
en 2OO4 (département scénario)
avant de réaliser d’autres films courts
et moyens (Platonov, la nuit est belle ;
Los Angeles ; Arturo).
Son premier long métrage, Alyah, lauréat
emergence 2OO8, a été sélectionné
à la Quinzaine des Réalisateurs
et sort en salles à la rentrée 2O12.
Quel était le point de départ d’Alyah ?
L’idée de départ m’a été donnée par un
exercice de La fémis sur Abel et Caïn que
j’ai transformé en scénario. J’ai voulu raconter
l’histoire d’un dealer, qui représente pour moi
une figure moderne, quelqu’un qui voudrait
atteindre le bonheur en partant du fondement
d’une économie pourrie. Ensuite j’ai pensé qu’il
pouvait avoir envie à un moment de son histoire
de partir en Israël. J’ai fait alors une enquête
documentaire sur l’Alyah. Mais je tenais
vraiment à l’idée du portrait d’un personnage,
tel qu’un documentariste le ferait. J’avais en tête
des références cinématographiques comme
A bout de souffle de Jean-Luc Godard,
Les Amants de la nuit de Nicholas Ray ou
La 25ème heure de Spike Lee. Le mélange
des genres m’attirait aussi beaucoup :
je pensais à La Sentinelle d’Arnaud Desplechin,
qui déjà racontait une histoire d’amour et de
famille à travers un récit d’espionnage. J’avais
envie de faire un film noir qui me permettrait
de mettre en scène des sentiments amoureux,
amicaux ou fraternels dans une atmosphère
tendue « à la vie, à la mort ».
cela ne fonctionnait plus : elle se rendait trop
disponible à lui. Esther est un personnage
qui a fait un choix. Même si elle est encore
amoureuse de lui, elle ne doit plus être
disponible pour lui. Je voulais faire le portrait
d’une femme très digne.
Tu as commencé à écrire le scénario
seul, puis tu as travaillé avec Gaëlle
Macé…
Tu savais avec qui tu voulais travailler ?
Avec Gaëlle, on a trouvé le centre névralgique
du film : qu’est-ce que la dette ? Que doit-on
à une amoureuse qu’on a quittée lâchement ?
Que doit-on à une nouvelle amoureuse ?
Que doit-on à un frère agaçant mais qui est
quand même ton frère ? Que doit-on à Israël
quand on est juif ? Gaëlle m’a également
beaucoup aidé sur la manière très concrète
d’écrire un personnage, écrire sa fiche
biographique par exemple.
Comment avais-tu entendu parler
d’emergence ?
Mes producteurs connaissaient bien le
fonctionnement d’emergence et ont pensé
que cela pouvait m’aider de le faire. A l’époque,
j’avais déjà une expérience des plateaux, j’avais
fait pas mal de courts métrages, avant et après
La fémis, notamment mon court métrage Los
Angeles, dans lequel on retrouve beaucoup de
thèmes qui traversent encore Alyah comme
Paris, la nuit, un héros en quête de destin, les
amants de la nuit… Mais il n’y avait pas encore
la question de ce que l’on fait de son passé.
Los Angeles est mon dernier film adolescent.
J’avais aussi entendu parler d’emergence par
Mia Hansen-Løve, réalisatrice et amie, qui
l’avait fait deux ans avant moi.
Tu savais déjà quelles scènes de ton
scénario tu voulais tenter ?
Je savais que le personnage était pris entre
plusieurs champs de possibilités, il y avait deux
ou trois pôles importants qu’il fallait travailler :
le personnage de son ex-copine, Esther, le deal,
et le frère envahissant. J’ai choisi de tourner
trois scènes en rapport avec ces trois dimensions
importantes. La séquence tournée avec
le personnage d’Esther (interprétée par Sarah
Le Picard), je l’ai réécrite après emergence :
la scène était réussie mais dans l’écriture,
J’avais rencontré le chef opérateur David
Chizallet à La fémis, ça s’était très bien passé
avec lui sur le tournage de Los Angeles,
et je voulais qu’il fasse mon premier long
métrage. Je voulais travailler avec Sarah
Le Picard pour le rôle d’Esther et le tournage
de sa scène à emergence m’a conforté dans
ce choix. J’avais choisi Lionel Dray pour
incarner le grand frère mais il était trop jeune
pour le rôle. Le frère devait être plus âgé que
le héros interprété par Samuel Achache à
emergence. Mais le tournage des scènes
m’a fait comprendre que filmer la chronique
existentielle d’un petit dealer ashkénaze
incarné par Samuel - pourtant très émouvant
et convaicant-donnait d’entrée de jeu
beaucoup trop d’indications sur sa fragilité.
Il me fallait un acteur plus physique, plus
massif, pour évoquer l’idée qu’il se passerait
plus de temps avant qu’il ne s’effondre. C’était
l’idée de travailler davantage sur le contraste,
un peu à l’image de Rocky et de ce Stallone
tellement musclé qu’il s’effondre en deux
secondes. Ce sont ces réflexions et d’autres
données qui m’ont poussé à rechercher ensuite
un autre acteur. Et ce fut Pio Marmaï, qui est
formidable dans le film. Mais ne pas choisir
Samuel a été douloureux.
Qu’est ce que l’expérience
d’emergence t’a apporté ?
Beaucoup de choses, aussi bien des rencontres
bien sûr, par exemple Gaëlle Usandivaras
qui a réalisé les décors de mon film, ou encore
Teddy Lussi-Modeste (côtoyer des cinéastes
donne toujours des forces) que des éléments
de mise en scène très concrets : notamment
l’expérimentation de la Dolly, ou mieux encore
la combinaison de la caméra à l’épaule et
du travelling sur Dolly, pour me permettre
de réaliser la chorégraphie des personnages
qui me tenait à cœur. J’ai compris aussi
à emergence que David Chizallet allait être
un filtre entre moi et les acteurs. J’étais assez
inquiet en arrivant à emergence car il y avait
des enjeux importants à ne pas rater. C’est
aussi une compétition, on sait que l’on sera
jugé, qu’il y aura une projection publique des
scènes que l’on tourne. Faire emergence m’a
permis en définitive de me rassurer : même
si j’avais déjà fait des films, j’avais l’impression
de répartir à zéro avec ce projet. Les scènes
tournées ont permis aussi de rassurer mes
producteurs, de leur montrer que je savais tenir
un plateau ou que j’arrivais à m’affirmer
comme metteur en scène.
Cédric Kahn, qui joue dans ton film,
était ton parrain à emergence?
Oui mais il n’a pu venir sur le tournage
des scènes libres car il tournait lui-même
à ce moment-là. Il les a vues ensuite et
m’a encouragé. C’est Olivier Assayas qui
l’a remplacé sur le tournage à emergence
et qui a d’ailleurs suivi le projet jusqu’au bout,
je l’ai invité à venir voir le film au montage.
C’est à La fémis que j’ai rencontré Cédric Kahn.
J’étais très impressionné par ce type très
charmant. J’avais envie qu’il m’aime, je faisais
tout pour attirer son attention. Après emergence,
il a lu la nouvelle version du scénario, m’a
encouragé, mais a refusé le rôle du frère quand
je lui ai proposé une première fois. J’ai choisi
alors un autre acteur qui a fini par me planter.
C’est en revenant vers Cédric qu’il a accepté,
non sans avoir demandé à faire des essais.
J’avais le sentiment que sa voix, sa nature, son
charisme, serviraient le personnage, qui devait
être comme un méchant d’Hitchcock : à la fois
terrifiant et charmant. Il a pris beaucoup de
plaisir à jouer le rôle, une véritable jubilation
que je lui enviais.
Comment s’est déroulé le financement
de ton film ?
Ce fut très long. J’ai obtenu l’avance sur recette
au bout de trois essais, il y a eu entre-temps
un an de travail pour réécrire le scénario avec
Gaëlle Macé. Puis le distributeur Rezo Films
est arrivé, et enfin France 2.
Propos recueillis par
Bernard Payen / Mai 2012
41
ENTRETIENS
augustine
42
Alice
Winocour
Diplômée de La fémis en scénario,
Alice Winocour a réalisé plusieurs courts
métrages primés dans de nombreux
festivals (Kitchen ; Magic Paris ;
Pina Colada).
Elle a été lauréate d’emergence
en 2O1O pour Augustine, un scénario
sur la célèbre patiente dont les crises
d’hystérie furent le sujet d’étude
du professeur Charcot.
Le film a été présenté en mai 2O12
à la Semaine de la Critique.
Comment t’es venue l’idée de faire
un film sur Augustine ?
La rencontre avec Augustine et les travaux
du professeur Charcot sur l’hystérie s’est faite
par des lectures. J’ai été immédiatement
fascinée par ce sujet sulfureux qui mélangeait
médical et érotique, mais qui m’évoquait aussi
la littérature gothique fantastique type
Les Hauts de Hurlevent. Par ailleurs,
la représentation de la femme dans
l’imaginaire masculin m’a toujours intéressée.
Quels ont été vos parti-pris formels ?
Je n’ai pas voulu faire un film de reconstitution
historique, mais un film à la limite du cinéma
fantastique. Mes modèles étaient des films
43
des films d’exorcisme, mais aussi Dario Argento,
Lynch, Cronenberg. L’idée était d’envisager
chaque séquence comme une façon
d’échapper au poids de la reconstitution
historique du XIXème siècle. Je voulais aussi
filmer les scènes d’examen comme des scènes
sexuelles. Lorsque Charcot donne à manger
une soupe à Augustine, j’avais demandé aux
comédiens de jouer cette scène comme une
scène de fellation. De même, lorsque Charcot
présente la jeune femme à tous les médecins,
la séquence est éclairée comme dans un peep
show, avec Augustine dans la lumière et les
hommes dans l’ombre. La seule scène du film
apparaissant comme la scène la moins
sexuelle est précisément la scène de sexe,
le moment où les deux personnages se quittent
définitivement.
Pourquoi as-tu décidé de faire
emergence ?
Le scénario terminé, j’avais le désir de travailler
sur la représentation cinématographique
des crises d’hystérie. Je me demandais
comment j’allais mettre en scène quelque
chose qui dans la réalité semble faux, outré.
emergence a été aussi l’occasion pour moi
de tester des choses très concrètes, comme
la façon de fermer l’œil d’Augustine,
de commencer à travailler avec une partie
de l’équipe: Georges Lechaptois, le chef
opérateur, Julien Lacheray, le monteur…
Quelles questions t’es-tu posées
à emergence et comment
les as-tu résolues ?
Ça m’a donné l’occasion de réfléchir
profondément à ces crises, à la place
de la caméra, à son rôle. Au début j’avais
tendance à vouloir beaucoup la bouger comme
si elle-même était folle. Mais cela ne marchait
pas. Tout comme le fait de les chorégraphier
qui rendait tout trop artificiel. Je me suis rendue
compte qu’on ne pouvait tout simplement pas
jouer une crise d’hystérie. Il fallait que le corps
de la comédienne lui échappe. Pour le tournage
du film, je me suis inspirée des films
d’exorcisme et des effets spéciaux visuels
employés dans ce type de films… Nous avons
mis des fils et des courroies sur les bras de la
comédienne que nous avons projetée ensuite
dans tous les sens, un peu comme si elle était
une marionnette. C’était le moyen le plus juste
de faire comprendre que l’hystérie s’exprime
comme si un corps étranger s’empare de
ton corps. Augustine regarde son propre corps
comme une spectatrice de théâtre qu’elle
ne peut pas contrôler.
Comment as-tu choisi les comédiens ?
Je savais juste qu’il fallait une star
pour incarner Charcot, une véritable star
de la médecine. C’est en voyant Vincent Lindon
dans Pater d’Alain Cavalier que
j’ai perçu sa puissance et son autorité,
cette sensation que l’on pouvait croire en lui
comme homme de pouvoir. Lindon a aussi
en lui quelque chose d’assez sexuel,
une animalité. Je trouvais intéressant
de choisir un acteur sensuel et d’emprisonner
cette sexualité pour bien montrer qu’il veut nier
quelque chose qui déborde de son corps.
Je voulais que son corps soit emprisonné.
Quant à Soko, j’avais vu son site myspace :
je trouvais que cette fille était impressionnante
mais je voulais plutôt une inconnue, quelqu’un
qui n’avait jamais été regardée. J’ai fait
un casting sauvage. Soko est venue aux essais,
elle avait à la fois une puissance et une
candeur qui m’ont totalement convaincu.
Que s’est-il passé après emergence ?
Après emergence, tout est allé très vite.
On a tourné juste un an plus tard.
Cette expérience m’a donné beaucoup
de confiance en moi. En réalité on ne devrait
pas réserver emergence aux premiers films.
C’est un vrai laboratoire…
Propos recueillis par
Bernard Payen / Mai 2012
Remerciements
CNC
Eric Grandeau,
Anne Cochard,
Valentine Roulet,
Catherine Merlhiot,
Marc-Olivier Dupin,
Milvia Pandiani Lacombe,
Ariane Ragot
Conseil régional
d’Ile-de-France
44
Jean-Paul Huchon,
Julien Dray,
Francis Parny,
Yannick Blanc,
Rachel Khan,
Gaspard Azéma,
Nathalie Fortis,
Etienne Achille,
Françoise Patrigeon,
Sébastien Colin,
Elsa Cohen
Conseil général
de l’Essonne
Jérôme Guedj,
Michel Pouzol,
Sharon Elbaz,
Marie Colson,
Mélanie Duclos,
David Raynal,
Marine Hernandez,
Nathalie Faure
Mairie
de Marcoussis
Olivier Thomas,
Christine Rosso,
Karine Gonsse,
Sylvie Zammit,
Yann Lemarchand,
le personnel municipal
et les habitants
de Marcoussis
L’école des Arts
Sophie Monneyron
La fémis
Raoul Peck, Marc Nicolas,
Marc Urtado,
Pascale Borenstein,
Géraldine Amgar,
Carine Burstein,
Marine Multier
PROCIREP
Idzard van der Puyl,
Catherine Fadier,
Stéphane Parthenay
et les membres de la
Commission Cinéma
SACEM
Laurent Petitgirard,
Bernard Miyet,
Claude Lemesle,
Aline Jelen,
Amélie Argous,
Catherine Boissière
SNC - Saison Wagner
SACD
Nuxe
Sophie Deschamps,
Pascal Rogard,
Valérie-Anne Expert,
Christine Coutaya,
Catherine Vincent,
Nathalie Germain,
Véronique Petit,
Bertrand Tavernier,
Gérard Krawczyk
et les membres de la
Commission cinéma
ADAMI
Philippe Ogouz,
Odile Renaud,
Nadine Trochet
AFDAS
Kris Ludhor,
Jean-Yves Boitard,
Nathalie Lecoq,
Marie-Annick Ambroise,
Bruno Boileau
Transpamedia
Didier Diaz,
Pierre Carrère,
Céline Lanery,
Patrick Le Goc
Tapages
Olivier Binet,
Daniel Toni,
Christian Ladhuie,
Nicolas Launay
CTM
Julien Coeffic
Alchimix Wallpaper
Stéphane Lehembre,
Patrick Long,
Arthur Beja,
Caroline Lasselin
Euromédia
Chantal et J-P Barry,
Carlos Fernandez,
Pascal Beccu,
Catherine Belloeil,
Philippe Roth
Fédération
française de Rugby
et Centre National
de Rugby
Pierre Camou,
Lionel Laffitte,
Annabelle Anglade,
Delphino Isidoro
et toutes les équipes
Guy Saison
Gisèle Wagner
Aliza Jabès,
Ilan Duran Cohen,
Carine Aubineau
Avis - Massoutre
locations
Patrick Masuyer
Dr. Hauschka
Claudine Reinhard,
Sophie Roosen
Antik Batik
Gabriella Cortese,
Géraldine de
La Brosse, Dalia Karanouh
ADOSM
Hélène Heilmann
Les déménageurs
bretons
Delphine Desmars
Casablanca
Maud Voisin
Les agents
Céline Billot,
Dominique Dauba,
Elise Fécamp,
Juanita Fellag,
Vince Fischer,
Laurent Grégoire,
Christel Grossenbacher,
Frédérique Moidon,
Virginie Ogouz,
Emmanuelle Ramade,
Bénédicte Sacchi,
Axelle Sibiril-Lefebvre,
Elizabeth Simpson,
Dominique Varda
Les intervenants
des master-class
Bertrand Burgalat,
Stéphane Lerouge,
Tony Arnoux,
Régine Vial,
Eric Vicente
Les lecteurs
de scénario :
Andrea Barbiosa,
Lucas Fillon,
Lorraine Groleau,
Christophe Régin,
Frédéric Baillehaiche,
Nicolas Desmaison,
Cédric Le Floch,
Valentina Novati
Et aussi
Laure Ballarin,
Jeanne Billaud,
Amandine Boix,
Mathieu Bompoint,
Hélène Bordier,
Philippe Coquillaud,
Anne-Laure Ducauchuis,
Aurélia Fourcaut,
Joël Fizychi,
Jacques Fieschi,
Florence Gastaud,
Christine Gendre,
Régine Hatchondo,
Thierry Jousse,
Estelle Larrivaz,
Antoine Le Carpentier,
Annie Leclair,
Patricia Mazuy,
Bernard Pantin,
Sylvie Pialat,
Thomas Rosso,
Pierre Schoeller,
André-Paul Ricci,
Rémi Roy,
Dominique Welinski
Merci à tous ceux
qui ont accueilli
les tournages en Essonne
45
Equipes
Conseil d’administration
Président :
Dominique Besnehard
Vice-Président :
Jean Cazès
Trésorière :
Christine Gozlan
Secrétaire :
René Bonnell
emergence
46
Directrice artistique :
Elisabeth Depardieu
Déléguée générale :
Nathalie Bessis-Dernov
Conseillère :
Bénédicte Couvreur
Coordination :
Morgane Le Roy
Assistante direction
artistique :
Aurélie Clion
Conseillers
à la mise en scène :
Christophe Blanc,
Hervé Le Roux
Conseillers au montage :
Muriel Breton,
François Quiqueré
Musique
Parrain musical :
Bertrand Burgalat
Coordination musique :
Manuel Bleton
Musicien additionnel :
Olivier Laisney
(trompette)
Enregistrements :
Pierre Botton,
Nicolas Ruau
Production / régie
Directeur de la session :
Patrick Bordier
Directrice de production :
Gaëtane Josse
Assistante de
production :
Agathe Goussard
Régisseuse générale :
Fanny Gauchery
Régisseurs adjoints :
Ignazio Giovacchini,
Romain Vignau
Régisseurs :
Romain Bougnoux,
Julien Housseau,
Alexandre Ribot,
Mélanie Rondeau,
Frédéric Rosset
Les lauréAts réalisateurs
Accueil
des équipes :
Olivier Gautron
assisté de
Romain Coindet
Chauffeurs :
Michel Angeles,
Gérard Brunel,
Marc Couvret,
Astrid Lolivret,
Simon Pinta,
Jean-Louis Raffenaud
Mise en scène
Casting :
Christel Baras,
Laure Cochener,
Justine Léocadie,
Christophe Moulin,
Tatiana Vialle
1ers assistants
mise en scène :
Claire Delâtre,
Natalie Engelstein,
Cyrielle Frauche,
Mikaël Gaudin,
Grégoire Jeudy,
Emile Louis
2nd assistant
mise en scène :
Olivier Sagne
Scriptes :
Céline Bardin,
Camille Gavinet,
Mélanie ParentChauveau
Réglage cascade :
Karim Hocini
Repérages :
Claire Delâtre,
Cyrielle Frauche
Image
Directeurs
de la photographie :
Sébastien Buchmann,
David Chambille,
Samuel Lahu,
Hoang Duc Ngo Tich
Steadycam :
Fanny Coustenoble
Assistants opérateurs :
Karine Arlot,
Karine Aulnette,
Hugo Canela, Chloé
Fassio, Aurélien Py
2nde assistante
opérateur :
Stéphanie Arbogast
Chefs électriciens :
Edouard Alvernhe,
Gaël Carrière,
Benjamin Lemonnier
Electriciens :
Renaud Bertrand,
Mathieu Lecompte,
Brice Roustang
Chefs machinistes :
Thibault Cloarec,
Jean Delhomme,
Ahmed Zaoui
Photographe plateau :
Marie Augustin
Son
Ingénieurs du son :
Marie-Clotilde Chéry,
Luc Meilland,
Jocelyn Robert,
Julien Sicart,
Agnès Szabo,
Clément Trahard
Assistants son :
Laurent Blahay,
Raphaël Corbier,
Philippe Deschamps,
Victor Gambier,
Gautier Isern,
Nicolas Mas,
Thomas Michard,
Emmanuelle Villard
Décors
Gaëlle Usandivaras
Assistante déco :
Capucine Pantin
Equipe :
Nicolas Christin,
Julien Massé,
Elsa Pohlitz,
Astrid Tonnelier
avec Florent Maillot
Costumes
Monique Proville
Habilleuse :
Jeanne Frentzel
Maquillage
Aurore Bruna,
Clémentine Douel,
Stéphanie Guillon,
Lucky Nguyen
Post-production
Montage :
Yannick Grassi,
Damien Maestraggi,
Laurence Manheimer,
Aurélien Manya,
Martial Salomon
Montage son :
Rémi Chanaud,
Alexis Jung,
Luc Meilland,
François Mereu,
Quentin Romanet,
Agnès Szabo,
Clément Trahard,
Mathieu Viot
Mixage:
Ivan Gariel,
Edouard Morin,
Vincent Verdoux
Responsable
montage image :
Julie Picouleau
assistée de Anne-Sophie
Bussière, Céline Canard,
Maxime Cappello,
Yannick Grassi,
Raphaël Lefèvre
Responsable son :
Ivan Gariel
Recorders :
Cyril Jegou,
Vincent Munsch
Etalonneur :
Gilles Martin
Stage d’acteurs Casting :
Tatiana Vialle
Intervenants :
Bruno Nuytten,
Tatiana Vialle,
Pascal Chaumeil,
Joëlle Mazet
Cadre :
Jean-Baptiste Gaillot
Son : Victor Loeillet
Montage :
Julien Schickel
assisté de Maxime
Cappello
Coordination :
Thierry Barbier
Catalogue Direction
de la publication :
Nathalie Bessis-Dernov,
Morgane Le Roy
Rédaction :
équipe emergence,
Bernard Payen
Photographies :
Marie Augustin
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Graphisme :
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Impression :
imprimerie Grenier
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Tel. 01 43 17 32 82
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