Hypervision : quand la supervision s`occupe aussi de

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Hypervision : quand la supervision s`occupe aussi de
Solutions
systèmes d ’ i n f o r m a t i o n s
Hypervision : quand la supervision s’occupe
aussi de sécurité
H
L’hypervision vous fait penser à la supervision ? Rien de plus normal. Ce nouveau concept vise à élargir le champ d’action des
logiciels de supervision, en couvrant toutes les activités liées à la sécurité des installations (vidéosurveillance, détection incendie et autres). Il cherche également à intégrer les systèmes traditionnels de gestion technique de bâtiments (GTB/GTC).
L’intérêt : une interface unique pour un accès à tous les systèmes, et le croisement entre les données qui permet de tout
surveiller, piloter, tracer, optimiser… Aujourd’hui, les premières applications d’hypervision sont déployées dans des infrastructures d’envergure, car elles nécessitent du travail d’intégration et de personnalisation. Mais les bénéfices sont réels, parmi
lesquels une baisse des coûts d’exploitation et une amélioration de la sécurité des biens et des personnes.
H
rassurent, tout comme la robustesse des logiciels industriels. Désormais, piloter une
machine depuis un PC est devenu courant,
et les logiciels surveillent des processus toujours plus critiques.
Toutefois, en comparant les systèmes de supervision aux systèmes de sécurité, on
s’aperçoit qu’ils présentent de fortes similitudes. En effet, il s’avère que la “pyramide
CIM” (qui répartit les systèmes d’informaArc informatique
istoriquement, les systèmes
de sécurité (vidéosurveillance,
détection incendie, contrôle
d’accès et autres) ont toujours
été séparés des systèmes de surveillance de
la production. La faute en partie au manque
de confiance accordée aux logiciels en général (la peur du “plantage informatique”).
Toutefois, les technologies ont fortement
évolué et les performances des PC modernes
Dans le principe de l’hypervision, l’exploitant surveille son process ou son bâtiment depuis des synoptiques. Le logiciel, qui est
relié à tous les différents réseaux de sécurité, fait en sorte d’y associer d’autres données pertinentes (ici la vidéosurveillance).
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tions de l’entreprise en quatre couches : capteurs et actionneurs, automatismes, gestion
de production et gestion d’entreprise), se
trouve reproduite quasiment à l’identique
pour les systèmes de sûreté. La seule différence se situe au niveau des couches basses :
en sécurité, les capteurs et actionneurs sont
remplacés par des caméras, des lecteurs de
L’essentiel
badge et autres détecteurs de toutes sortes. p Le concept d’hypervision
vise à unifier les systèmes
Et au deuxième nide supervision, de sécurité et
veau, les automates
de gestion des bâtiments.
programmables sont
P
Un logiciel d’hypervision
remplacés par des cenoffre
un point d’accès unique
trales d’alarmes.
aux
données,
mais son
Avec de telles resseminterface
est
personnalisée
blances, il serait bien
en fonction du métier de
étonnant de ne pas asl’utilisateur.
sister à une convergence entre supervi- P Le logiciel doit être
suffisamment robuste pour
sion et sécurité… C’est
traiter de grandes quantités
justement ce qui est en
de données (notamment des
train de se produire.
flux vidéo). C’est pourquoi
Certains éditeurs se
les intégrateurs ont tendance
sont d’ores et déjà poà choisir comme base des
sitionnés sur le marsolutions de supervision
industrielle.
ché, que l’on désigne
aujourd’hui par le ➜
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Solutions
Solutions
DR
➜ terme “hypervision”. Comme son nom
l’indique, un système d’hypervision (ou
“hyperviseur”) sera placé au-dessus de la
supervision. Capable d’accéder à toutes les
données relatives aux processus de l’entreprise, il en profite pour agréger des données
provenant d’autres systèmes informatiques
(sécurité, mais aussi confort des employés),
de manière à proposer aux utilisateurs de
nouvelles fonctions, voire de nouvelles méthodes de travail.
Mais cela ne se fait pas tout seul. Si les éditeurs de tels logiciels sont encore peu nombreux, c’est que concevoir un hyperviseur
digne de ce nom ne peut se faire sans avoir
relevé au préalable plusieurs défis.
L’importance d’un système ouvert
Dans les domaines de la GTB (gestion technique de bâtiment) et de la GTC (gestion
technique centralisée), les réglementations
évoluent sans cesse pour aller vers plus de
sécurité. On pense aux normes relatives aux
établissements recevant du public (les ERP
dans le vocabulaire de la sécurité), mais aussi
aux nombreuses lois encadrant l’usage de la
vidéosurveillance dans les lieux publics.
Conséquence pour les sites industriels : les
conditions d’exploitation doivent être modifiées. De plus, les infrastructures ont tendance à s’étendre, et par conséquent les systèmes de sécurité se multiplient. Il devient
Ci-dessus, une représentation des différents systèmes auxquels peut être relié un hyperviseur. On notera que tous les logiciels
d’hypervision ne sont pas capables de prendre en charge la surveillance du process, même si cela se révèle un “plus” non négligeable.
difficile de surveiller efficacement un site, car
cela revient à contrôler simultanément les
systèmes de vidéosurveillance, de détection
incendie, de détection d’intrusion, le réseau
d’interphones, le système d’éclairage, la CVC
(climatisation, ventilation, chauffage), l’alimentation électrique, les réseaux de fluides,
le contrôle d’accès, etc. Sans compter tous les
Quelques exemples
de projets d’hypervision
Assystem
Les intégrateurs et éditeurs présents
sur le marché de l’hypervision visent toutes
sortes d’applications. On aura compris
qu’un hyperviseur ne se justifie que pour
de vastes déploiements. Les grandes
entreprises multisites sont concernées,
bien entendu, mais aussi les infrastructures
portuaires et aéroportuaires, de même que les sociétés de transport,
les municipalités ou encore certaines institutions (musées, universités, etc.).
Les aéroports sont vraiment représentatifs des bénéfices que peut apporter
un système d’hypervision. Leurs problématiques sont similaires à celles
de l’industrie (pour la gestion des convoyeurs de bagages, par exemple), mais
il faut prendre en compte toutes les réglementations propres aux bâtiments
accueillant du public, et y ajouter des procédures drastiques en matière
de sécurité. D’ailleurs, l’aéroport d’Orly a été le premier site français à mettre
en place un système d’hypervision, sous la forme d’une application unique,
utilisée par tous les services.
Parmi d’autres réalisations en matière d’hypervision, on peut citer celle du château
de Versailles, qui a confié les systèmes de vidéosurveillance, de contrôle d’accès
et de détection d’intrusion à un seul logiciel. Enfin, le site parisien de l’OCDE a mis
en place un système similaire. Cette institution qui reçoit des personnes parmi
les plus influentes du monde se devait d’être dotée d’un système de sécurité
tout intégré.
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autres systèmes dédiés au confort des employés. Or, dans le contexte économique
actuel, on ne peut se permettre d’affecter un
agent de surveillance 24h/24 sur chaque
réseau. On l’aura compris, la nécessité d’avoir
un point d’accès unique se fait vraiment ressentir… Il faut que les systèmes communiquent entre eux pour que tous les services
soient alertés au plus tôt en cas d’accident.
Problème : chaque système de sécurité est
indépendant. Le plus souvent, ils ont chacun
leur propre logiciel de supervision. Difficile
de parler d’interopérabilité. « On touche là un
point important concernant l’hypervision, commente Alain Faisant, directeur commercial
chez Arc Informatique. Il s’agit de l’importance de
disposer d’un logiciel ouvert. Car en gestion d’infrastructures chaque discipline dispose de ses propres
normes, standards et exigences métier. Citons
LonWorks ou BACnet dans le domaine de la GTB,
Dali pour la gestion de l’éclairage ou encore les différents formats de vidéo. Ces standards sont connus
et bien implantés, mais les échanges de données entre
eux restent un problème. C’est la raison pour laquelle
nous insistons sur l’importance de choisir un hyperviseur ouvert, capable de s’interfacer avec n’importe quel système et de fédérer toutes les informations. Dans l’idéal, le responsable du projet devrait
même choisir un hyperviseur qui est déjà nativement
compatible avec les standards dont il a besoin. »
viseur est celui de l’hôtesse d’accueil : elle
commence par identifier le visiteur qui se
présente devant le bâtiment (système de vidéosurveillance), puis elle lui ouvre la porte
(système de contrôle d’accès). Après avoir
édité un badge (liaison avec le système d’informations de l’entreprise), elle peut contacter la personne qui doit recevoir le visiteur
(système de téléphonie interne). Enfin, à
partir de 18 heures, heure à laquelle l’hôtesse quitte son service, l’hyperviseur doit
basculer automatiquement vers un autre
mode de gestion (un prestataire chargé de
la sécurité de nuit, par exemple). « Toutes ces
opérations simples peuvent être effectuées indépendamment l’une de l’autre, mais on gagne beaucoup à les
intégrer dans un système unifié, expose Michel
Dran, directeur des activités sécurité et GTC
chez Assystem. L’hypervision permet d’automatiser
certaines opérations et de garder des traces de chaque
action (important pour le contrôle d’accès).
Attention tout de même : un hyperviseur est par
définition un système très complexe. Il faut donc
faire appel à un intégrateur spécialiste du domaine. »
L’intégrateur expérimenté saura développer
Le modèle CIM est une manière de représenter
un réseau d’entreprise. Il est constitué
de plusieurs couches
(ou étages) formant
une pyramide. En comparant
le modèle CIM
d’un système
de production industriel
(en haut à gauche)
et celui d’un réseau
de sécurité, on aperçoit
de nombreuses
similitudes. Ces dernières sont à l’origine du concept
d’hypervision :
il s’agit d’agréger
toutes les informations
en provenance des automates
et des centrales de détection.
toutes les passerelles nécessaires pour la
communication entre les sous-systèmes. En
l’absence de standard, il saura également
faire en sorte que des équipements de marques différentes puissent être configurés via
une seule interface. Restera tout de même à
résoudre le problème du volume de données. « L’aspect le plus délicat à prendre en compte
dans l’hypervision, c’est certainement la vidéosurveillance, poursuit Michel Dran (Assystem). Non
seulement la vidéo est très gourmande en ressources,
mais elle nécessite une expertise particulière. ➜
Le besoin de robustesse
Pour l’exploitant qui choisit de mettre en
place un hyperviseur, les gains en termes de
sécurité et d’exploitation sont évidents. Un
premier exemple de l’utilisation d’un hyper-
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L’analyse d’images au cœur
du concept d’hypervision
Genetec
La notion d’hypervision est étroitement
liée à l’utilisation de la vidéo. L’idée
de base est de tout surveiller depuis
un seul système, et donc de pouvoir
“voir” partout. Il faut dire que
la vidéosurveillance s’est largement
démocratisée ces dernières années,
surtout grâce à l’arrivée du numérique
(des caméras moins chères et
des formats de compression toujours
plus performants), mais aussi grâce à
des fonctions telles que le PoE (alimentation via Ethernet) qui facilitent l’installation
des caméras.Toutefois, la vidéosurveillance nécessite toujours des installations
lourdes. Pour les projets d’hypervision, même les intégrateurs les plus expérimentés
préfèrent faire appel à des spécialistes du domaine. On peut citer par exemple la
société canadienne Genetec, qui propose une solution complète de gestion vidéo.
« Notre logiciel Omnicast effectue l’acquisition de tous les flux sans distinction, explique
Guillaume Charon, directeur commercial chez Genetec. Il fonctionne comme une
couche d’abstraction qui facilite la liaison avec les caméras, quelle que soit leur marque.
Ensuite, l’exploitant peut gérer l’archivage de ces flux et leur diffusion vers les utilisateurs
(en temps réel ou depuis les archives). »
Un moyen d’optimiser encore la vidéosurveillance consiste à faire appel à un logiciel
d’analyse d’image. On distingue deux manières de fonctionner avec des caméras
de vidéosurveillance : soit en récupérant l’intégralité du flux vidéo, pour une analyse
uniquement visuelle par l’exploitant ou l’agent de sécurité, soit en effectuant
du traitement sur la vidéo. Dans ce dernier cas, il s’agit d’appliquer des algorithmes
mathématiques afin d’identifier toutes sortes d’événements. On peut vouloir
détecter des défauts dans un processus de fabrication (un objet coincé dans
un système de convoyage, par exemple), des voitures roulant à contresens (pour
les gestionnaires d’autoroutes) ou encore des personnes au comportement suspect
(pour les sociétés de transport). « On apporte réellement de l’intelligence aux caméras,
explique Pascal Vannieuwenhuyze, responsable du développement commercial
chez l’éditeur français Foxstream.
Les caméras fonctionnent alors comme
des capteurs : plutôt que de recueillir et
de stocker tous les flux, elles n’envoient que
des alertes (appelées “métadonnées”).
Bien sûr, selon les applications, on fera en
sorte d’envoyer les quelques minutes
de vidéo qui précèdent l’alerte. Dans tous les
cas, le retour sur investissement est toujours
très rapide. » A noter que Foxstream a mis
au point une technologie basée sur
l’intelligence artificielle. Son logiciel
fonctionne sur le principe de l’apprentissage : l’utilisateur décide du type d’événement
qu’il veut détecter, quel qu’il soit, selon des critères spatiaux ou temporels.
« Dans les aéroports, par exemple, nous arrivons à segmenter le trajet de chaque individu
pour déterminer s’il passe trop de temps dans le parking ou dans le hall. Cela aide
l’exploitant à diriger les flux de voyageurs » commente Pascal Vannieuwenhuyze.
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Foxstream
➜ Quel que soit le logiciel d’hypervision choisi, il
faudra donc réaliser une étude et faire de nombreux
tests pour être sûr que la vidéosurveillance ne va pas
ralentir le système. »
Cela nous amène au choix de l’hyperviseur.
Bien sûr, afin de minimiser l’investissement,
un industriel aura tendance à vouloir adapter
l’un de ses systèmes existants (de préférence
le plus ouvert) pour lui rajouter tous les connecteurs nécessaires. Mais dans la pratique,
il s’avère très difficile de faire faire de la GTC
à un logiciel de vidéo surveillance, et inversement. On se tournera plutôt vers l’un des
éditeurs spécialistes de la sécurité qui proposent des solutions d’hypervision. Ces logiciels permettent tous d’associer différents
systèmes de sécurité, mais ils sont plus ou
moins complets selon les éditeurs. (l’utilisateur choisira son hyperviseur en fonction du
nombre et du type de réseaux à surveiller).
Ces logiciels ont pour nom UBIsuite (société
iProcess), AppVision (chez Prysm), Plug &
View (de Sinovia), Micro-Sésame (de Til
Technologies), POSM (de TTS - Trafic Transport
Sûreté), iSecure (de ISI Systèmes) ou encore
Senator-FX.net (édité par Eden).
Bien sûr, il est toujours possible de développer un hyperviseur sur mesure, mais celui-ci
pourra s’avérer difficile à maintenir. Un
choix, peut-être plus judicieux, consiste à
dériver un superviseur industriel pour faire
de l’hypervision. En effet, ces superviseurs
sont conçus pour être robustes, ils pourront
donc supporter ce surplus en volume d’informations (en hypervision, les variables se
comptent en dizaines et centaines de milliers, voire en millions). L’industriel peut
alors se tourner vers des sociétés comme
Thalès (qui propose le logiciel Hypervisor)
ou Arc Informatique (logiciel PcVue).
De nouvelles manières d’exploiter l’information
Idéal pour les sites critiques
En effet, l’agrégation de toutes les données
de l’entreprise au sein d’un système infor-
comme c’est le cas chez l’un des leaders de l’industrie
pharmaceutique ».
Un des aspects intéressants de l’hypervision
est qu’elle répond parfaitement aux besoins
des entreprises multisites. Lorsqu’un groupe
industriel doit réunir des données en provenance de ses divers établissements, et que ces
derniers sont tous équipés de superviseurs
différents, il doit disposer d’un système qui
les chapeaute tous. « Plus tard, en remplaçant
progressivement ces logiciels historiques par le même
logiciel que l’hyperviseur, on pourra même réaliser des
économies importantes », ajoute Alain Faisant
(Arc Informatique).
Ces économies seront réalisées sur le coût
global des licences logicielles, bien sûr. Mais
il ne faut pas oublier que l’hypervision est
un moyen de simplifier et d’optimiser toutes
les procédures de l’entreprise. Le potentiel
d’économies est donc encore plus important
qu’il n’y paraît.
Prysm
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Un autre exemple de poste d’exploitation d’un hyperviseur. Celui-ci réunit sur une seul écran
des informations relatives à la GTB/GTC, à la vidéosurveillance
et au contrôle d’accès.
Il présente même une liste des dernières alarmes.
matique unique permet d’envisager de nouvelles pratiques. Celles-ci auront pour conséquences de générer des économies et
d’améliorer les temps de réponse en cas
d’incident. Et bien sûr, c’est la sécurité globale du site qui en sera améliorée.
Pour commencer, une fois le système d’hypervision mis en place, tout le monde utilisera le même logiciel, donc la même interface. Les boutons, les raccourcis et même
l’aspect graphique pourront différer selon
les services, mais le fonctionnement de base
restera le même. Il devient donc plus facile
de confier à quelqu’un de nouvelles fonctions. En cas d’urgence, le prestataire de sécurité ou la personne d’astreinte pourra se
servir sans trop d’appréhension de fonctions
qu’elle n’a jamais utilisées auparavant.
Dans certaines entreprises, l’hyperviseur
pourra être ouvert à des informations provenant de l’extérieur. On pense par exemple
à une connexion avec des données cartographiques, pour la création d’un système SIG
(Système d’information géographique). Ce
dernier sera utile pour l’optimisation de
tournées, ou encore pour le suivi d’équi- ➜
Pour les industriels qui travaillent dans des
sites critiques, le choix a tendance à s’imposer de lui-même. « Lorsque nous avons étudié la
possibilité d’agréger nos différents systèmes via un
hyperviseur, il est vite apparu que seul un logiciel de
supervision industriel pouvait garantir la fiabilité des
échanges et le niveau de disponibilité dont nous avions
besoin », nous confie un des responsables de
la sécurité chez Aéroports de Paris. Notons que
cette société est l’une des premières à avoir
lancé un projet global d’hypervision en
France. C’était il y a cinq ans déjà, et depuis
le concept n’a cessé de prendre de l’ampleur,
si bien qu’aujourd’hui des hyperviseurs sont
utilisés aussi bien dans des sites de recherche
(comme le CERN, par exemple) que dans
des sites dédiés à l’accueil de personnalités,
comme le siège parisien de l’OCDE
(Organisation de coopération et de développement économique). Dans tous ces sites,
les notions de disponibilité et de criticité des
informations sont les principales préoccupations. Attention tout de même à établir des
niveaux de criticité différents pour chacun
des réseaux connectés à l’hyperviseur. « On
prévoira donc des modes dégradés, pour que la détection
incendie continue à fonctionner en cas d’indisponibilité des autres systèmes informatiques, par exemple,
indique Michel Dran (Assystem). Selon la stratégie de l’entreprise, on pourra installer quelques postes d’hypervision tout en conservant les superviseurs
locaux (ce qui a été fait dans un grand groupe aéronautique), ou à l’inverse étendre les postes d’hypervision à toute l’usine pour faciliter la maintenance,
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Une interface pour chaque catégorie d’utilisateur
Le concept d’hypervision implique la mise en place d’une base de données unifiée, avec des postes d’exploitation spécialisés par métier.
Voici quelques exemples de fonctions accessibles aux différentes catégories d’utilisateurs :
Le responsable GTB/GTC :
L’agent de sécurité :
Pour lui, l’hypervision marque la fin des logiciels propriétaires.
Plus besoin d’utiliser un logiciel pour l’éclairage et un autre pour
le chauffage. De plus, si cette plate-forme est basée sur un superviseur
industriel, de nouvelles fonctions peuvent être accessibles comme
la prise en compte automatique des nouveaux bâtiments. Cela évite
de configurer manuellement chaque capteur et chaque interrupteur.
Il utilise l’hyperviseur principalement pour les fonctions de vidéosurveillance (sur site si la sécurité est gérée en interne, ou depuis l’extérieur
si elle est confiée à un prestataire extérieur). Pour lui, l’hypervision va
permettre d’améliorer la protection du travailleur isolé. Par exemple,
si le logiciel d’analyse d’images détecte qu’un des techniciens est
immobile plus de cinq minutes, il génère une alarme. L’agent de sécurité
affiche la vue correspondante sur son écran, tente de parler au technicien via le réseau d’interphones, et si besoin il peut envoyer les coordonnées GPS de l’accident aux services de secours afin de faciliter
l’intervention.
Le responsable de site :
Via un serveur web, il accède à distance à n’importe quelle information
en provenance de l’hypervision. On retiendra également que l’hyperviseur est encore plus intéressant dans le cas des entreprises multisites,
dans la mesure où il agrège des informations en provenance des
systèmes de chaque site.
L’agent de maintenance :
L’hyperviseur lui sera utile dans la mesure où il remontera les informations de configuration de tous les équipements du site (composants
réseau, capteurs de sécurité, machines de production, caméras, etc.).
Si l’entreprise est équipée d’un logiciel de GMAO, l’agent de maintenance
retrouvera le suivi des interventions de maintenance sur son poste
d’hypervision. A noter également qu’avec les nouvelles fonctions
d’analyse vidéo, il est possible d’automatiser certains contrôles.
Un exemple : une caméra thermique installée face à une machine ou
à un tableau électrique pourra générer une alerte en cas de surchauffe.
On évite à l’agent les traditionnelles rondes d’inspection, tout en
réduisant les temps de réaction en cas d’incident.
➜ pements mobiles. Et Alain Faisant (Arc
Informatique) d’ajouter : « les utilisateurs qui
choisissent PcVue comme hyperviseur peuvent profiter
de sa fonction d’importation automatique de plans.
Le logiciel sait générer des écrans d’hypervision directement à partir des plans des locaux (plans au format
AutoCAD). Les écrans sont immédiatement fonctionnels, tous les équipements apparaissent à leur emplacement exact et ils sont automatiquement connectés
et exploitables. Utile dans le cas de sites qui subissent
régulièrement des modifications, surtout si l’on sait
qu’en temps normal, il se passe des semaines voire des
mois entre la validation des locaux par les pompiers
et la mise à jour dans les différents logiciels. »
Toujours en ce qui concerne l’optimisation,
l’hyperviseur pourra être mis à contribution
dans le cadre de programmes environnementaux. Par ses capacités de traçabilité,
d’abord, puisqu’en croisant des données de
la GTC avec celles de l’ERP on pourra identifier d’éventuels pics de consommation
électrique et prendre les mesures qui s’imposent. Il sera possible d’ajuster certains paramètres comme l’éclairage et le chauffage
en fonction de l’heure et de la fréquentation
dans chaque zone du site. Mieux : une simple liaison avec le site Internet de Météo-France
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L’administrateur :
C’est lui qui configure l’hyperviseur et gère l’archivage des données.
En effet, parmi les nombreuses informations collectées, celles relatives
aux personnes doivent faire l’objet d’une attention particulière. L’usage
de la vidéosurveillance, surtout, est soumis à des réglementations
strictes. Une autre tâche d’administration consiste à saisir les coordonnées
des personnes d’astreinte. Ces dernières pourront alors être contactées
par téléphone, par mail ou par SMS en cas d’alerte. Enfin, l’administrateur
aura pour rôle de gérer les droits des utilisateurs, en indiquant pour
chaque employé les fonctions et services auquel il a accès. A ce propos,
l’utilisation de la fonction Active Directory de Windows permet enfin
la création d’un véritable annuaire d’utilisateurs entreprise. Ces derniers
bénéficient ainsi de tous leurs droits automatiquement, qu’ils se
connectent depuis un poste fixe de l’entreprise, depuis un PC portable
ou depuis leurs smartphones.
et on s’assure que le bâtiment est toujours à
bonne température quand le personnel arrive le matin, tout en optimisant l’usage de
la climatisation.
Si l’on s’intéresse uniquement à la sécurité,
l’hyperviseur jouera également un rôle important dans l’analyse des accidents.
Auparavant, les enregistrements vidéo analogiques étaient le plus souvent séquentiels
(ils étaient déclenchés sur alarmes), mais
aujourd’hui la compression vidéo est devenue performante et il est possible de tout
enregistrer. En synchronisant ces flux vidéo
avec d’autres événements (alarmes issues du
contrôle d’accès, d’échanges sur le réseau
intercom), les enquêteurs seront à même de
rejouer entièrement une scène pour comprendre les circonstances d’un accident.
Vers des systèmes de plus en plus intelligents
Pour aller vers toujours plus de sécurité,
l’hyperviseur pourra accélérer la prise de
décision et la levée de doute. En cas
d’alarme, l’exploitant pourra réagir beaucoup plus vite car le logiciel lui proposera
une aide au diagnostic, un choix entre plu-
sieurs actions à mener, et le déroulement
des procédures correspondantes. C’est ce
que l’on appelle l’“aide à la décision”. Dans
le cas d’un aéroport qui comprend des
zones très sensibles (douanes, tri des
bagages, etc.), il faut pouvoir prendre des
mesures très rapides en cas de bris de porte
ou de déclenchement d’une alarme.
L’hyperviseur affichera donc des messages
du type “voulez-vous afficher la vidéo en
direct ?” “faut-il prévenir les services de police ? ou encore “souhaitez-vous tracer l’itinéraire pour vous rendre sur les lieux ?”.
Au final, pour Alain Faisant (Arc Informatique),
« l’hypervision, c’est une interface unique, homogène
et adaptable qui assure l’interopérabilité entre les
systèmes et effectue le filtrage de toutes les données en
fonction du contexte ou de l’utilisateur. Les possibilités d’utilisation sont pour ainsi dire infinies, et nous
savons que nous n’en avons encore envisagé qu’une
infime partie. Nous faisons donc confiance aux utilisateurs pour nous indiquer dans quels domaines
orienter nos recherches. Mais une chose est sûre : il
faut s’attendre dans les années qui viennent à une
véritable révolution dans la manière de gérer des infrastructures. »
Frédéric Parisot
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