La géométrie comparée et la géométrie sacrée
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La géométrie comparée et la géométrie sacrée
La géométrie comparée et la géométrie sacrée L'Oratoire de Germigny (IXème siècle) Yvo Jacquier ------------------------------------------------------------------------------------- LA GÉOMÉTRIE COMPARÉE -------------------------------------------------------------------------- 2010 - Mai 2012 ------ Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 1 sur 22 INTRODUTION ---------------------------------------------------------------------------- Le quadrillage Avec le quadrillage, à partir de Pythagore tout devient nombre... Cette grille permet de rapporter toutes les figures à une unité, et alors de traduire leurs mesures en langage humain. Mais ce n'est pas le seul avantage de cet héritage paléo-antique. L'identification du quadrillage est un gage de validité pour l'étude. Sans entrer dans les méandres de la technique, on peut résumer les choses comme suit : une composition est un ensemble de calques qui développent chacun leur thème géométrique. Par le quadrillage, toutes les figures se retrouvent liées entre elles de façon précise. Changer la taille d'un seul cercle reviendrait à changer la taille de l'unité, et donc de l'ensemble (y compris les placements)... Les figures des différents calques sont liées entre elles. En fait on identifie le quadrillage avec l'ensemble d'un système dans lequel chaque élément dépend du reste de la composition. Il est dans ces conditions très difficile de tricher, même avec la complaisance de l'épaisseur des traits. Enfin il y a toujours, au final, le “crash test” qui consiste à rajouter un ou deux pixels à l'unité pour constater l'incidence Le système explose littéralement, plus rien ne colle. La composition est une forme d'intelligence... Le plan au sol en architecture Il est difficile de venir à bout du préjugé selon lequel l'architecture serait moins libre que la peinture. Ce n'est en tout cas pas vrai pour les plans au sol qui ne subissent de la pesanteur et des matériaux que les contraintes d'assise du bâtiment. Ce n'est pas pire que les contraintes de la représentation ! Exemple entre tous, le plateau de Gizeh nous offre un propos des plus abstrait. Tout le savoir de l'Égypte est concentré en trois carrés : les empreintes au sol des pyramides. L'interprétation n'en est que plus difficile, puisqu'aucun élément figuratif ne laisse de prise au discours. Cependant cet embarras concerne celui qui étudie, et pas ceux qui ont créé le site ! Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 2 sur 22 L'intérêt de Germigny La première étude réduisait le plan au sol de l'oratoire de Germigny à une logique de proportions très sommaire (par ailleurs dénoncée !). Or les constructeurs du MoyenÂge occidental avaient, comme les peintres, un très haut niveau de géométrie sacrée. Ce savoir échappait notamment aux risques de l'Iconoclasme qui sévissait à l'Est, à Byzance... Sans entrer dans le détail de cette grande fresque historique, l'on a avec l'architecture de Germigny un excellent complément au livre de Kells, produit en ce même IXème siècle. Certaines approches de la construction géométrique offrent même de troublantes coïncidences. Mais le principal intérêt de cet oratoire est dans son système de composition : les figures de base de la géométrie sont ici exposées, depuis le triangle jusqu'à l'octogone, parachevées d'une référence au nombre d'or. L'évolution de la recherche La première étude remonte à plus de deux ans. À cette époque, la réhabilitation du nombre d'or était au centre des préoccupations : son statut malmené de toutes parts le réclamait. Une fois l'histoire de Pythagore reconstituée, la recherche s'est orientée vers les civilisations pré-égyptiennes et mésopotamiennes du quatrième millénaire. Deux pratiques parallèles s'y révèlent, douées d'une même pratique géométrique mais fondant leurs développements sur deux valeurs distinctes : la racine de trois pour la Mésopotamie, et le nombre d'or pour l'Égypte. Or ces deux courants se retrouvent unis en ce Moyen-Âge où la géométrie sacrée devient dialogue entre ces deux valeurs. Le document de travail Pour mieux situer le sujet de cette étude, rapportons-nous au site très bien documenté de Jean-François BRADU, à Orléans, Professeur agrégé d'histoire-géographie : http://jfbradu.free.fr/mosaiques/germigny/ Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 3 sur 22 LE QUADRILLAGE ------------------------------------------------------------------------------------------------- L'unité du quadrillage Le moyen le plus sûr, celui qui donnera les résultats que l'on est en droit d'attendre avec la multiplication de cette unité, consiste à la caler entre les piliers. Ils ne sont pas identiques sur le plan et pourtant, le chemin qui les sépare fait la même largeur dans les deux sens N/S et E/O. La croix grecque - didactique Soit un carré de coté 1. Largeur = Hauteur = 1. L'on peut diviser cette unité par le Nombre d'Or. φ = (1 + √5) ÷ 2 ≈ 1,618 avec cette propriété : φ2 = φ + 1 qui revient à dire 1/φ = φ - 1 L'on trace un rectangle doré de hauteur H=1, et de largeur L = 1/φ . Par construction H = L x φ Le trait vertical qui se place est à φ - 1 ≈ 0,618 du bord gauche. Cette opération, division dorée du carré, peut être réalisée 4 fois. Verticalement : 2 fois comme sur le visuel. Idem horizontalement. Cette figure de référence est celle de la classique Croix Grecque. Le '1' de ce paragraphe est une convention (didactique). La croix grecque - Germigny Les demi cercles, en pointillé, épousent le cercle de rayon 1. Entre deux de ces cercles N/S, il y a un rectangle doré de longueur φ. Il paraît ici décalé parce qu'il est centré, alors que sur le plan les cercles ne sont pas parfaitement symétriques. Le rectangle doré trouve plusieurs fois sa place sur le plan, alors que ni la croix grecque qui se constitue autour du chemin, ni le quadrillage ne rendent vraiment compte des murs dès qu'on s'écarte du centre... Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 4 sur 22 LE PENTAGRAMME ------------------------------------------------------------------------------------------------- Le système de composition de Germigny expose toutes les figures de la géométrie depuis le triangle (3) jusqu'à l'octogramme (8). Le pentagramme occupe une place particulière dans cette série : toutes les figures s'inscrivent dans un seul et même cercle, parfaitement centré, et ce cercle est celui qui contient un pentagramme précis : sa branche principale mesure exactement 5 unités de quadrillage. En d'autres termes, toutes les figures de la géométrie s'accordent au cercle d'un pentagramme dont la branche mesure 5 unités de quadrillage. C'est le diapason du système de composition. Le pentagramme, diapason du système La découverte de la composition ressemble à une enquête avec ses indices, ses mobiles et ses armes... L'aventure comporte des erreurs, inévitables et souvent nécessaires pour faire avancer l'enquête. L'une d'elles est rapportée en annexe. • Premier indice : le vitrail donnant à l'est se distingue des autres par l'angle de son ouverture : Un pentagramme ? • Second indice : et si nous accordions les jambes du pentagramme avec l'extérieur des murs. Auquel cas la branche horizontale mesure cinq carreaux... Le cercle aurait alors pour diamètre : 10 ÷ [ φ.√(3- φ) ] ≈ 5, 257 311 valeur assez ’abstraite‘... Elle s'approche d'une autre de : √5 + 3 ≈ 5, 236 068 La différence est de 2,1 % en valeur absolue (carreau) et de 4‰ en valeur relative. Ce vocabulaire numérique est homogène. Le pentagramme se réclame du 5 autant que le 3 trouve un développement avec √3. Le 5 humain fait face au 3 céleste de Vénus. Le centre du cercle se situe au milieu du quadrillage de 5 carreaux sur 5. La pointe du pentagramme s'enfonce un peu dans la fenêtre, mais nous verrons qu'il y a plus pointu pour entrer dans ce chas. La mensuration Nord-Sud de l'édifice semble correspondre. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 5 sur 22 LE PRINCIPE DU SYSTÈME ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ On peut décrire le système de composition de Germigny comme suit : • Toutes les figures classiques de la géométrie vont s'inscrire tour à tour dans le même cercle central, celui du pentagramme. • Ensuite, chacune va produire un carré, dont le côté est égal à celui de la figure. Par exemple le pentagramme va produire un carré avec le côté de son pentagone. • Ce carré va alors pivoter de 45°, et se placer en position de losange. • Le cercle circonscrit à ce carré/losange achève l'appareillage. - L'appareillage comprend donc : figure + carré du côté + losange + cercle circonscrit - Toutes ces lignes ont un sens concret, sur le plan de l'oratoire. L'appareillage du pentagramme L'écart entre deux pointes du pentagramme (ou côté du pentagone, égal à 5/φ) permet ainsi de construire une figure où le carré se fait losange en pivotant à 45°. Cette figure répond avec grâce aux coupoles sur trompes de l'édifice, ici soulignées de bleu clair. Ces détails sont avec les colonnes les repères essentiels de la composition. Le principe des trompes se rappelle symboliquement de la quadrature du cercle. Elles esquissent un losange (carré) qui chevauche le cercle d'une coupole. L'approche de π se faisait dans l'antiquité par un cercle de 9 sur un carré de 8 (surfaces). Ce schéma confirme en outre que nous devons centrer toute les figures et leurs appareillages, en dépit des légères 'asymétries du bâtiment. Un pentagramme inversé vient compléter le premier, puis ce binôme se duplique et s'oriente à angle droit du premier. Dans tous les cas les branches des pentagrammes se croisent sur les piliers. Les angles du pentagramme soulignent l'ouverture des absides, qui ainsi rayonnent vers le choeur. Du 5, ce pentagramme retient la nécessité d'une ouverture. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 6 sur 22 LES FIGURES DE BASE ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Le triangle - 3 La figure la plus simple à s'inscrire dans un cercle est un triangle équilatéral. Si D est le diamètre du cercle de référence (issu du pentagramme), le côté du triangle est égal à : √3 x D/2 ≈ 4, 553 Et le cercle qui enferme le carré de côté égal au triangle mesure : √2 x √3 x D/2 ≈ 6, 439 Ce cercle est plus large que celui de D ≈ 5, 257 Le pentagramme nous donnait l'extérieur des murs, le triangle nous en donne l'intérieur. Ensuite les éléments repères que sont les colonnes servent de support aux triangles. Ils sont ici assemblés en une étoile à 12 pointes, ou double-hexagramme, et leurs lignes se croisent entre les colonnes. Les quatre arcs en pointillés prennent appui à l'intérieur. Enfin, les trompes sont pour moitié sur le parcours, mais sans les épouser. Nous étudierons bientôt l'hexagramme, mais nous pouvons d'ors et déjà nous servir du cercle de son appareillage selon la logique : Hexagramme —> Hexagone —> Carré/losange —> Cercle circonscrit Le cercle issu de l'hexagramme distingue dans notre étoile à 12 branches une étoile qui en compte 8, c'est à dire autant que de colonnes. Les ‘cuspides’ jaunes de cette étoile interne sont des triangles rectangles aux proportions 1-2-√3, et ils couvrent les ouvertures des absides. La quadrature du cercle est ici exposée, selon les surfaces, de façon primitive. En effet, le carré issu du triangle fait une surface de 3.(D/2)2 quand le cercle de référence mesure π.(D/2)2. On peut résumer la symbolique en cette phrase : « 3 est la première approche de π ». Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 7 sur 22 Le carré - 4 Le carré est un cas particulier car la chaîne qui construit l'appareillage géométrique y est réduite de moitié . La figure et son carré ne font qu'un, et le cercle circonscrit se confond avec le cercle de référence. Le côté mesure D/√2 ≈ 3, 717 On notera que les trompes des coupoles s'inscrivent dans le losange. Basiques de la symbolique Le 3 céleste et le 4 terrestre viennent ici d'exposer leur vocabulaire. Un contraste oppose leurs deux appareillages. Le terrestre se montre simple et dépouillé (sa racine (√4) est 2, c'est à dire un entier). La racine d'un nombre représente son origine et aussi son mystère. La racine irrationnelle du 3 céleste en montre l'exemple. Au contraire du 4 terrestre, le 3 céleste produit une structure à la réalité complexe. Une étoile a 8 branches se cache dans une plus grande qui en compte 12, comme les signes su zodiaque (partition céleste s'il en est). Ce 8 est intéressant car au sens stricte : 8 = 4.√4 = 4 x 2 La multiplication du terrestre par son inspiration... Le message que nous adresse la figure de l'étoile est que le terrestre est au centre du développement du céleste, y compris son origine inspirée. La vocation d'un oratoire est de l'affirmer... Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 8 sur 22 L'hexagramme - 6 L'hexagramme reprend le même discours que le triangle à propos des murs. Le carré a cette fois pour côté la moitié du grand cercle, et il construit le même type de figure au centre. Les colonnettes qui agrémentaient la figure du pentagramme deviennent partie intégrante de celle-ci. Côté : 5 ÷ [ φ.√(3- φ) ] ≈ 2,626 555 Enfin, l'obliquité terrestre. C'est l'inclinaison de son axe par rapport à la perpendiculaire de l'écliptique (plan du système solaire). L'angle trouve symboliquement son chemin entre les colonnes par rapport à la ligne rouge nord-sud. Coïncidence ? L'octogramme - 8 Le côté de l'octogone, devenant celui du losange mesure : L = sin π/8 x D soit : L = [√(2-√2)] ÷ 2 x D avec : D = 10 ÷ [φ.√(3 - φ)] soit : L ≈ 2,011 8859 Le cercle fait d = √2 x L ≈ 2,845 Une fois encore, l'on constate que le choix initial de la branche du pentagramme égale à 5 unités conditionne des résultats surprenants : ici le côté de l'octogone égal pratiquement à 2 (à 5‰). C'est à l'heptagramme qu'il revient de conclure cette exposition, comme l'hexagramme l'a inaugurée. Ces deux figures sont les plus complexes et les plus déterminantes. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 9 sur 22 L'heptagramme - 7 L'heptagramme se déploie selon le même principe. Toujours dans le même cercle, tracé à la mesure de l'homme pour accueillir le sacré, voici la signature byzantine. Le ‘propriétaire’ de l'oratoire, Théodulf, peut se retourner dans sa tombe, il aurait peut-être dû tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de décrier la mission de l'image (il se déclarait iconophobe) ! Théodulf a défendu avec ardeur l'intégrité de l'église, ce au service de Charlemagne, tout en multipliant les paradoxes. Il ne voulait pas de la représentation cependant il commandita des fresques narratives pour son église personnelle. De même il craignait toute forme d'idolâtrie, mais il est prescrit sur les murs de penser à lui dans la prière ! Il est difficile de déterminer si la mosaïque à l'Arche d'alliance est byzantine ou italienne de façon. En revanche l'architecture elle, est marquée par la haute école de Byzance, cité où pendant des siècle le savoir de la géométrie sacrée s'est développé. L'oratoire de Germigny nous livre le résultat d'une véritable réflexion de fond sur la géométrie symbolique. Il ne s'agit pas là d'un simple exposé, sommaire ou particulier, par d'avantage d'une somme d'habitudes nées de la pratique. Nous assistons à un cours magistral achevé, témoignant d'une école de haut niveau. Byzance et ses icônes... La convergence de tous les motifs, issus des six figures complémentaires dans un même cercle prouve la validité du système de composition. Le double heptagramme, parent au double pentagramme, fait l'éloge des colonnettes de marbre. On le croirait épinglé sur le plan par leurs têtes. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 10 sur 22 Et si par manque d'enthousiasme l'on doutait de la réalité de cet heptagramme, l'une de ses lignes nous indique exactement le Nord ! Au degré près, il y a 180 possibilités sur la rose des vents. À un demi degré, 360. À 0,25° près, on passe à 720... Or nous sommes au-delà de cette précision ... Rencontre de l'heptagramme et du nombre d'or Le diamètre du cercle qui cerne le losange est [ 10√2 x sin(π/7)] ÷ [ φ.√(3- φ) ] ≈ 3,225 908 ce qui est très proche de 2φ ≈ 3,236 068 L'écart est de ~ 1% de carreau soit en valeur relative ~ 3,15‰ Rapporté aux mesures du plan, cet écart est de ~ 3,6 cm, soit encore ~ 1,8 cm de part et d'autre du cercle circonscrit au carré. En outre, le carré vient chercher le mur ouest du bâtiment (coïncidence ?). Enfin, le cercle proche de 2φ n'est possible que par un choix judicieux du quadrillage. L'heptagramme s'inscrit dans un cercle qui se réclame du 5 (le cercle se cale sur un pentagramme qui prend 5 pour mesure), et au final, son côté produit un carré dont le cercle circonscrit est très proche de 2φ. Ce phénomène est typique de la géométrie du nombre d'or. Et les exemples ne manquent pas qui exposent cette valeur 2φ. Le cercle de diamètre 2φ, dit “du Pape” • Le cercle du Pape des tarots > Annexe, Le cercle du Pape (2.φ), page 14, dans : http://www.melencoliai.org/Rosenkranzfest/Yvo_Jacquier-Vierge_au_rosaire.pdf • Largeur du cadre de la « Vierge de Vladimir » : http://www.melencoliai.org/vierge-2/Vladimirskaya.jpg • Hauteur du cadre terrestre de la « Vierge au rosaire ». Dürer - 1506 > Page 9, dans : http://www.melencoliai.org/Rosenkranzfest/Yvo_Jacquier-Vierge_au_rosaire.pdf • Grand cercle de « Autoportrait à la fourrure ». Dürer - 1500 > Page 14, dans : http://www.art-renaissance.net/EDL/Yvo_Jacquier-Autoportrait_Durer-1500-INTRO.pdf • Les cercles de la rosace qui dessine la pyramide de Khéphren > Page 11, dans : http://www.jacquier.org/IREM/Yvo_Jacquier-Basiques_geometrie.pdf Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 11 sur 22 RÉSUMÉ - LA CLÉ DE LA COMPOSITION Les appareillages du pentagramme (en rouge), de l'hexagramme (en noir) et de l'heptagramme (en bleu) sont rassemblés sur le même visuel. Pour des raisons didactiques, il est nécessaire de ne pas tout exposer en même temps, d'autant qu'il manque une septième valeur pour couronner ces six figures. Sera-t-on surpris qu'elle soit dorée ? Le grand cercle de 3φ Le système réunit au total six appareillages : les figures issues du triangle, du carré, du pentagramme, de l'hexagramme, de l'heptagramme et de l'octogramme, auxquelles s'ajoutent, en guise de conclusion, la figure inscrite dans un cercle de 3φ, ici en bleu. On remarquera la place du losange par rapport aux trompes. Cette figure a des propriétés particulières que l'on devine sur le visuel. Il nous faut les étudier, de même que les rapports de l'hexagramme avec le pentagramme... Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 12 sur 22 LES COÏNCIDENCES DE FIGURES -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Une propriété de la figure de 3φ Le grand carré est lié à l'octogramme comme le grand triangle est lié à l'hexagramme : 2x4=8 et 2x3=6 Dans les deux cas, la logique réclame que les grandes figures se dédoublent pour le montrer. Ainsi, nous allons avoir besoin du grand carré tel qu'il montre son lien à l'octogone : en position intermédiaire, décalée de π/8 = 22,5°. La septième figure que nous avons construite est liée au grand carré tel qu'il se montre, en vert sur le visuel de droite. Le croisement des losanges bleus, du cercle de 3φ se produit pratiquement sur le trait vert des carrés. Commençons par la partie mathématique, décrite sur le schéma de droite. sin π/8 = sin 22,5° = [√(2-√2)] ÷ 2 a ( 2√2 + 2 ) = D1 ÷ √2 soit : a = D1 ÷ 2 ( 2 + √2) sin π/8 = a ÷ D2/2 soit : D2 = 2a ÷ sin π/8 D2 = [ D1 x √2] ÷ [ (√2 + 1) x √(2 - √2) ] ≈ 0, 765 367 D1 Pour D1 = 3φ D2 ≈ 3, 715 170 Or le côté du carré est L = D/√2 ≈ 3, 717 480 La différence est de 2,3‰ de carreau (~ 1 cm, ou 7,7 10-4 en valeur relative) Cette coïncidence est typique de la logique dorée. Pour exemple, les sphères internes et externes du polyèdre de Dürer ont des expressions complexes fortement marquées par le nombre d'or, et leur ratio D/d est proche de 5/3 à 2‰ près. Ensuite il est a remarquer une fois de plus qu'un changement d'échelle, un autre choix que celui du pentagramme égal à 5 unités ne donnerait rien de cela. Symboliquement, la septième figure du système de composition, celle qui permet d'achever la description des trompes sur le plan, vient trouver par ses croisements le cadre du carré. Ces points “pincent” les quatre absides principales. Le nombre d'or, par une intervention du céleste (3) vient ainsi toucher la Terre. Son statut est celui-là. φ est le cadeau de(s) Dieu(x) à l'homme pour qu'il crée l'harmonie sur Terre. Il est logique qu'en cette exposition d'école, une figure dorée vienne dans la concrétude de ses propres carrés caresser l'expression la plus franche du terrestre : le grand carré. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 13 sur 22 Les rapports dorés du Pentagramme et de l'Hexagramme Autre coïncidence, parfaitement exacte cette fois là : le duo des pentagrammes droit et inversé se croisent sur le carré central de côté L = D/2. Or c'est précisément celui que l'hexagramme produit dans son appareillage, basé sur le côté de l'hexagone. Ainsi la forme matérielle (carré centré) de l'hexagramme passe exactement au point d'équilibre entre pentagramme debout et inversé. Comme souvent à propos du pentagramme, la démonstration se fait par les angles. Les rapports dorés du Pentagramme et de l'Octogramme Le point rouge de la figure, appartenant au pentagramme, permettrait de dessiner un carré autour du centre dont le côté est : L = 5 ÷ φ3.cos 54° ≈ 2, 008 1141 Cette valeur est à rapprocher de celle du carré de l'octogramme: L = [√(2-√2)] ÷ 2 x D avec D = 10 ÷ [φ.√(3 - φ)] soit : L ≈ 2,011 8859 Les valeurs sont proches à 3,8‰ de carreau (~ 1,4 cm), valeur qu'il faut diviser par deux (selon les deux côtés du carré). Autre fait : le pentagramme place la pointe de son pentagramme inscrit près de la ligne de la ligne du quadrillage (4 ‰ de carreau). LES PROPRIÉTÉS REMARQUABLES • Le cercle qui cerne le carré/losange de l'heptagramme est proche de 2φ. • La septième figure, inscrite dans un cercle de 3φ, croise ses carrés/losanges sur les grands carrés qui se lient à l'octogramme. • Ensuite, les pentagrammes se croisent sur le carré issu de l'hexagramme. • La pointe du pentagramme interne est sur le carré produit par l'octogramme. À chaque fois, le nombre d'or est impliqué. Comme nous l'avons vu, la symbolique fait intervenir un large vocabulaire numérique, et chaque élément a son rôle. φ joue celui de liant dans tous les systèmes. Cette capacité à relier les choses est un aspect essentiel de l'harmonie et dans une certaine mesure, son secret. Cette notion s'écarte assez franchement de celle de “proportion” à laquelle on destine sommairement le nombre Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 14 sur 22 d'or. De nombreuses proportions se démontrent dans les figures que nous avons abordées, et φ ne semble pas prendre le pouvoir, tout au contraire : quand il intervient c'est plus pour approcher les autres que pour tout diriger. Nous sommes au tout début du “décodage” d'un langage oublié. L'exemple de Germigny est particulièrement intéressant par son exposition exhaustive des figures et des valeurs. Que signifie le processus par lequel chaque figure de base produit un appareillage ? Quelle signification prend ce vocabulaire géométrique à chacune de ses étapes ? Par exemple le carré de chaque figure reprend son coté, donc sa mesure, son empreinte en quelque sorte. La forme carrée inspire la concrétude, la réalisation, le constat dans les faits... Ensuite le cercle circonscrit au carré/losange place de concret dans un contexte, sur une surface plus étendue et parfaitement organisée autour d'un centre unique. Il nous faut comprendre ces enchaînements de sens et les traduire. La précision Elle s'applique à plusieurs réalités bien distinctes : la géométrie pure (théorique), le dessin de plan (de l'architecte), l'architecture en dur (l'objet concret), et l'observation (la reconstitution par la mesure). À chaque fois que nous établissons une marge théorique, il faut se poser la question de sa recevabilité non seulement selon le cours magistral de mathématiques mais aussi selon la concrétude du bâtiment tel qu'il a été conçu, construit et aussi reconstitué sur un plan (après avoir vécu). Ainsi, les marges de un à deux centimètres évoquées semblent négligeables eu égard aux méthodes de construction du moyen-âge, mais aussi au mode de conception à la règle et au compas. Que sert de concevoir des plans au micron quand l'exécution ne connaît que le pouce ? Côté plan, les écarts de quelques pour mille de carreaux se fondent dans l'épaisseur du trait. Un raisonnement plus évolué permettra d'établir pourquoi 4‰ semble une limite à ne pas trop dépasser dans l'acceptation des coïncidences. En-deça, elles sont considérées comme “précises”, donc justes. Au-delà elles ne le sont plus. Il semble que la distinction/confusion des valeurs rationnelles et irrationnelles usuelles soit en cause. Toute science appliquée est une mathématique qui maîtrise ses erreurs. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 15 sur 22 LA CLÉ COMPLÈTE -------------------------------------------------------------------------------------------------- La première expérience consiste à rassembler sur un même visuel toutes les figures de base, en leur aspect le plus simple et orienté à l'est. Quatre petites flèches apparaissent entre les lignes qui marquent le seuil des quatre absides principales. Comme la lumière. La seconde opération rassemble les sept carrés/losanges, puis les sept cercles sur le même calque. À cette occasion, on implique les points de repère colonnes + trompes. Du centre vers l'extérieur : Octogramme (en vert), Heptagramme (bleu), Hexagramme (noir), Pentagramme (rouge), figure de 3φ (bleu), Carré (noir), et Triangle (noir). Enfin, les cercles plus les carrés... Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 16 sur 22 LES CERCLES ------------------------------------------------------------------------ Les grandes figures ont placé les murs et les ouvertures. Une page est ouverte, avec ses marges obligées. Plusieurs aspects de la composition vont désormais ce conjuguer, qui sont à l'image de la syntaxe et du vocabulaire écrits. Les valeurs des cercles, leur diamètre, a un sens pour les “Anciens”. Pythagore n'a inventé son théorème que pour mieux les définir. Ensuite, une suite de mots sans logique ne suffit pas. Il faut lier, conjuguer ces valeurs pour qu'elles deviennent langage. Les absides La reconstitution des valeurs est possible, en dépit de la faible définition du plan. Néanmoins l'on gardera une réserve jusqu'à ce que ces éléments topographiques soient approfondis. Une première logique apparaît : la confrontation de valeurs irrationnelles intérieures à des valeurs rationnelles extérieures au bâtiment. La croix dorée qui nous a permis de définir l'unité sert de support à cet ensemble, parmi d'autres aspects. Phi sur deux Avec ce cercle nous découvrons un de ces autres aspects : la figure que nous avons identifiée comme la clé de la composition ne sert pas uniquement à distribuer des colonnes et des ‘trompes’. C'est le châssis de cette divine machine. Ce visuel sert de transition, voire de répit, avant d'aborder les grands fondamentaux... Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 17 sur 22 L'unité Le cercle de diamètre ‘1’ est ici placé tel que les arcs de cercles en pointillé apparaissent sur le plan, en respectant leur place avec précision. Une information complémentaire à ce sujet est évidemment nécessaire. Voici ce que livre le plan, tel qu'il est fourni. La légère asymétrie de la distribution des cercles de l'unité n'est pas sans intérêt : cela leur permet de trouver différents points d'intersection. Cercle du haut (est) : là où le cercle bleu de 4/3 coupe le losange noir (hexagramme-6) Cercle de gauche (nord) : les points de croisement des losanges bleus (heptagramme-7) Cercle du bas (ouest) : les points de croisement des losanges bleus (heptagramme) Cercle de droite (sud) : là où le cercle vert de 3/2 coupe le losange noir (hexagramme) Le message du Christ de Kells Le « Christ Roi » ou Christ à la barbe rousse et aux yeux verts entouré de quatre anges - est le folio 32 du fameux Livre de Kells, manuscrit celte enluminé du début du IX ème siècle. L'immense savoir Byzantin tente d'échapper à l'Iconoclasme en se réfugiant le plus loin possible de sa menace. La mesure du dessin s'établit par les mensurations de l'ensemble, à savoir 3 en largeur sur 4 de haut. Une rosace se forme au centre, sur la base du vesica piscis (deux cercles jumeaux dont le centre de l'un se pose sur le tracé de l'autre : l'amande fait intervenir la racine de trois). Dans ce cas, la rosace se sert déjà, comme vocabulaire d'un cercle de taille racine de 3 (en blanc), si bien que l'amande mesure √3/2 x √3 = 3/2. Tour de passe-passe en quelque sorte, qui transforme l'irrationalité de l'origine céleste (√3) en céleste entier (3), ce dans la mesure de l'inspiration (2). En l'occurrence, cette inspiration est portée par le Christ. Et que voit-on dans l'espace désigné par cette amande (vesica piscis, le corps du poisson) ? Le corps du Christ. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 18 sur 22 Ensuite, à l'intérieur de chaque cercle de √3 se niche un cercle de diamètre φ. Un gros plan montre que les oreilles du Christ ne sont pas à leur hauteur habituelle, qui devrait correspondre à celle des yeux : elles s'élèvent en quelque sorte pour se retrouver dans l'espace qui sépare les deux cercles. Et c'est également le cas des deux pupilles du Sauveur, dont la gauche est dans le vesica mais pas la droite... La/les bouche(s) du Christ sont dans l'amande, ce qui est logique : en plus de son corps, il a donné sa parole. Nous retrouvons ici le même vocabulaire sur le plan symbolique. L'unité est le point de départ en toute chose. Dans cet Oratoire, elle se place à l'ouest, côté fidèles, en contact avec le cercle central de diamètre φ. Le nombre d'or est le cadeau de(s) Dieu(x) à l'homme pour qu'il crée l'harmonie sur Terre. Côté est, c'est à dire du côté de Dieu (à travers le prêtre), le cercle unitaire touche celui de la √3, à savoir l'expression du mystère céleste. La structure du 3/2 C'est la figure la plus complexe en apparence de toute l'étude... Elle réclame un certain goût pour les mathématiques. À ceux qui ne partagent pas cette passion, je souhaite qu'ils apprécient le vert et les jolies figures. Pour les autres, invoquez Pythagore (ou Théodulf ?) et calculez la hauteur de l'amande de deux cercles de diamètre 3/2 quand leurs centres sont distants de √5/2. Ça fait exactement 1. Les carrés centraux de √5/2 et √5 distribuent ainsi en croix les cercles de 3/2, et leur premier croisement souligne le chemin en croix de largeur 1 qui est le point de départ à toute cette étude, mais aussi à tout le discours architectural de cet oratoire. Cette structure est la plus homogène et au final la plus simple de l'étude. L'édifice semble entièrement couvert de ce maillage céleste (3) “dans la mesure de” l'inspiration (2), et cette fois les deux valeurs dépendent de l'homme qui conçoit, qui construit et qui consacre l'édifice à la prière. La √5, mystère humain (au sens littéral), est soumise elle aussi à la mesure de l'inspiration. Ce mystère trouve en cette croix de neuf cercles une merveilleuse illustration. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 19 sur 22 Les cercles dorés Les cercles de diamètre φ démontrent une aptitude à ‘parler’ des seuils, des zones de passage entre les différents espaces de l'oratoire. En outre, toutes les colonnes de marbre sont sur leur bord. Comme souvent à propos de φ, les placements sont à l'image de la caresse, en contact sans être collé. Une FIGURE DE CONCLUSION Cette image est purement abstraite, puisque débarrassée du plan. Pourtant on y sent le bâtiment de l'oratoire tout entier, comme si cette géométrie dessinait son aura. Il y a dans cette contemplation l'occasion de comprendre les arguments les plus nobles des musulmans. Ils ont abandonné la représentation mais pas pour autant la géométrie sacrée : les mosaïques d'Ispahan sont des livres ouverts. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 20 sur 22 ANNEXES - Les approches écartées -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La racine de trois - cette proposition reste intéressante Un rectangle de base 3 carreaux et de hauteur 3√3 rend compte de la largeur Est-Ouest de l'oratoire. Dans ces conditions, son carré inscrit placé au centre du rectangle s'aligne au trait ouest des murs de l'édifice. À cette occasion, on se rend compte que son corps central n'est pas carré. 3√3 ≈ 5,196 152. C'est la largeur Est-Ouest théorique du bâtiment. Le 3 céleste et la racine qui exprime son mystère se trouvent ici unis pour rendre compte d'une grandeur. L'architecture se met à parler selon les nombres. Au centre de la figure, l'horizontale se pose au bord se l'ouverture au sud. Les diagonales nous font remarquer que l'air circule entre les piliers. Le pentagramme - première proposition Continuons à préciser les murs extérieurs du bâtiment. Dans cette première proposition, les jambes du pentagramme trouvent les lignes extérieures des murs nord et sud, et la branche horizontale celle du bras sud du transept. Si l'ouverture de l'abside s'inspire de la pointe du pentagramme, il en va de même pour le pentagramme inversé, en symétrie. Cette exposition de l'ouverture à la lumière mérite réflexion. Cette première proposition est “presque juste”. On pourrait la supprimer et ne garder que la bonne, mais l'occasion nous est donnée de comprendre les liens entre les différents calques de la composition : c'est par cette comparaison que le pentagramme va trouver sa juste place. Commençons par replacer le cercle au centre. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 21 sur 22 QUESTIONS --------------------------------------------------------------- Pourquoi n'y a-t-il pas d'écrits sur la géométrie sacrée ? Les religions sont multiples, comme les langues. Le sacré est un, comme la géométrie. Et suite à l'expérience de l'Iconoclasme, les géomètres du sacré ont caché leur savoir pour ne plus revivre cet anéantissement. Tout porte à croire qu'entre les théologiens et les géomètres du sacré, les relations ont toujours été “tendues”. Pour autant, cela ne signifie pas que les peintres et les architectes aient jamais cherché à être en dehors de l'église et de la foi "classique". J'ai dû défendre l'idée que Dürer n'a jamais cessé d'être catholique, faisant confiance en cela aux historiens qui l'ont étudié et me l'ont assuré. Notamment Dr Olga Kotkova, de la Narodni Galerie, et Thomas Schauerte, responsable du musée Dürer à Nürenberg. Vous imaginez Rublev adepte de la Gnose ? Ou Botticelli se livrant à des danses paganisées ? La rupture ne concerne pas l'église, l'appartenance à l'église, mais le vocabulaire : les concepts théologiques et les valeurs de la géométrie sacrée peuvent se rejoindre sur des points précis, mais ils ne se recoupent pas entièrement. Le Sacré a quelque chose d'intemporel et d'universel. Et comme la géométrie, il est indéformable. Il y a manifestement eu des erreurs chez les Égyptiens, mais Pythagore les a remises en ordre. La théologie est au contraire, en dépit des efforts de continuité des exégètes, cruellement temporelle, voire bio-dégradante ! On peut prôner les saintes écritures, leur interprétation n'atteindra jamais l'objectivité des mathématiques. Le langage humain reste précaire. C'est tout son charme quand on parle à Dieu, mais quand on parle de lui, il faut se rappeler qu'il n'est pas ‘ergonomique’ ! Pour les anciens, les mathématiques étaient la langue de(s) Dieu(x), et la géométrie était en place bien avant que naisse l'écriture. Pour les géomètres du sacré, la tradition ne pouvait en conséquence pas venir de l'écrit. La notion de l'écriture en tant que référence est une invention des théologiens. Ils voulaient tout simplement le pouvoir... On peut comprendre alors la méfiance qu'ils ont inspiré aux peintres et aux architectes, et le “silence de plume” qui s'en est suivi. Les mots ont trop été sous les ordres de théologiens tyranniques, prêts à sévir à la première occasion. Alors que les géomètres du sacré n'ont jamais allumé que des feux de joie. Cela compte beaucoup à mes yeux. Yvo Jacquier © Géométrie comparée | L'Oratoire de Germigny | IXème siècle 22 sur 22