guillaume greff 16

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guillaume greff 16
NÝIDALUR / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
guillaume greff 16
Né en 1977. Vit et travaille à Strasbourg (Fr).
FORMATION
MASTER Art, Université Marc Bloch Strasbourg.
EXPOSITIONS
2016
Institut français de Milan, Italie.
Pavillon Carré de Baudouin, Paris.
Villa Perochon, Niort.
2015
Centre National de l’Audiovisuel, Luxembourg.
Triennale Photographie et Architecture, La Cambre, Bruxelles, Belgique.
2014
Galerie Robert Doisneau, CCAM, Nancy-Vandoeuvre.
Saarländisches Künstlerhaus, Saarbrücken, Allemagne.
Galerie Robert Doisneau, CCAM, Nancy-Vandoeuvre.
Düo, Paris.
2013
Triennale Jeune Création, Luxembourg.
Le Maillon - La chambre, Strasbourg.
Künstlerforum, Bonn, Allemagne.
2012
Galerie Schumm-Braunstein, Paris.
Bloo Galerie, Lyon.
Galerie NaMiMa, ENSA, Nancy.
2011
Galerie du Castel Coucou, Forbach.
Kuba, Saarbrücken, Allemagne.
2010
Les Instants Chavirés, Montreuil, France.
2009
Citée Radieuse, Le Corbusier, Briey, France.
Exil, Berlin, Allemagne.
2008
L’Ososphère, Strasbourg.
Galerie OFR, Paris, France.
COLLECTIONS
Centre National de l’Audiovisuel, Luxembourg.
Privées.
BOURSES & AIDES
Aide individuelle à l’aménagement, DRAC Alsace, 2014.
Bourse d’aide à la création Regards Sans Limites / Blicke ohne
Grenzen 2012.
Aide à la création photographique documentaire contemporaine,
CNAP, 2011.
Bourse regards d’artistes (avec François Génot), PNR des Vosges
du Nord, 2010.
PUBLICATIONS
Der Greif #08, 2015.
Villissima, éditions Parenthèses, 2015.
France(s) Territoire Liquide, Seuil, Paris, 2014.
Les cahiers de l’école de Blois, Editions de La Vilette, Paris, 2013.
Dead Cities, éditions Kaiserin, Paris, 2013.
Kaiserin magazine, Paris, 2008.
RÉSIDENCE
Valokuvataiteilijoiden Liitto, Helsinki, Finlande, 2015.
Lupina 15-16
Lupina est un récit non linéaire qui s’appuie sur des événements
ayant réellement eu lieu et des images dont la banalité évoque un
danger imminent. L’association d’images d’archives provenant du
fonds photographique de la guerre d’hiver, et de photographies
réalisées dans le cadre de la résidence Valokuvataiteilijoiden Liitto
créent ainsi une nouvelle fiction dont les limites temporelles et géographiques restent floues. Ces images peuvent être vues comme
des indices comportants des éléments d’inconscient optique, car
elles ne sont ni transparentes ni immédiatement lisibles.
Réalisé avec l’aide du Northern Photographic Centre d’Oulu de la
Photographic Gallery Hippolyte à Helsinki, de l’ Institut français de
Finlande et du pôle image Haute-Normandie.
MAP01 / 2015 / LUPINA / 61 X 84 cm.
Lupinus nootkatensis was introduced to Europe from North America late in the 18th century. It was grown as an ornamental plant in
England in 1795 where it became a popular garden plant. England is
probably the original source of seeds of the species in Scandinavia.
The first introduction to Sweden is not known but it may have been
as early as in the 1840s, where it also became a popular garden plant
in the late 19th and early 20th century with some spread into natural
habitats. At that time it was probably introduced into Norway, where
it was sown along roads and railways to stabilize soil and later naturalized. According to Fremstad and Elven the label of the oldest herbarium specimen from south-western Norway shows that the species
was found in large quantities along railroad shoulders. The first records of L. nootkatensis in Iceland are from 1885, when it was sown
with several other lupin species in plant trials. The seeds were probably provided from growers in Norway or Sweden. In 1945 seeds of
L. nootkatensis were collected on the shores of College fjord, Prince
William Sound, Alaska and brought to Iceland, leading to the introduction of the plant to several afforestation sites and subsequent
naturalization of the species in the mid 1950s. L. nootkatensiswas
introduced to Greenland from Iceland around 1970 andhas become
naturalized in several localities in SW Greenland. From Iceland the
species was also introduced to the Faroe Islands shortly after 1970.
A study of lupin colonization and expansion on a river plain has shown
an exponential population increase of lupin patches from 17.000 m2
in 1988 to 230.000 m2 in 2000.
In some areas the lupin has started to degenerate and die back
in the centre of patches after 15 – 25 years, while in others it still
maintains high density after 30 years of growth. As most other lupin
species Lupinus nootkatensis is light-demanding, adapted to open
habitats where natural disturbance is frequent such as sand and gravel bars along the coastline or rivers and mountain slopes. In its new
range, the species is therefore primarily found, or has the potential to
invade, the same habitats and similar habitats of human disturbance,
such as road shoulders and open areas with scattered vegetation in
towns.
UNTITLED - SA KUVA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
On 16 August 1944 when the Soviets entered Treblinka, the extermination zone had been leveled, ploughed over, and planted with lupins
to conceal the mass murders that had taken place there.
PITÄNÄ / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
UNTITLED - SA KUVA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
LAAJASALON / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE.
LAUGARDALUR / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
UNTITLED - SA KUVA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
TAIVALALANEN / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE.
UNTITLED - SA KUVA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
KERLINGARFJÖLL / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
UNTITLED - SA KUVA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
LINNAUNLAULU / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
UNTITLED - SA KUVA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
SALLA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
LINNAUNLAULU / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
VIIKINNMÄKI / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
ÄMMÄ / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
KERLINGARFJÖLL / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
ÖLFUSÁ / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
RUKA / 2015 / LUPINA / VARIABLE SIZE
Rhin 13
C’est une expérience étrange que de parcourir un fleuve sur sa totalité sans jamais vraiment
prendre le temps de le regarder couler. J’ai pourtant entendu le grondement des galets à
Talins juste avant la jonction des deux Rhin quelques kilomètres en amont de Chur et je l’ai
cherché dans les eaux du lac de Constance, en Autriche non loin de Bregenz. Ce fleuve, je
l’ai longé sur environ 1300 km, de sa source dans les Grisons jusqu’à son embouchure en
Mer du Nord. Je n’ai pas cherché dans mon projet l’accumulation ou l’épuisement comme
a pu le faire d’une façon magistrale Claudio Magris dans son «Danube». Sans manquer de
respect ni sans aucune arrogance j’ai choisi de lui tourner le dos et j’ai préféré parlé de ses
affluents, des champs qui le bordent, des villes qui s’y sont agglutinées, de la façon dont
on le traverse et de l’Histoire qui le hante. J’ai photographié des traces et des empreintes
laissées dans le paysage et dans le temps afin d’essayer de comprendre et de montrer les
éventuelles influences du fleuve.
La communauté esthétique qui ressort de ce projet montre inévitablement la segmentation
que fait la géographie du fleuve en plusieurs parties. Mais malgré ce morcellement le Rhin
draine quelque chose de commun ; comme un murmure permanent perceptible tout au
long de son parcours, aussi bien dans sa partie alpine que jusque dans ses méandres nordiques. Mais ce murmure est-il le son de l’âme rhénane ou l’écho de la Mitteleuropa? Et
doit-on le chercher encore aujourd’hui dans le dépouillement des formes et la sobriété de
l’esthétique du calvinisme qui baignent le fleuve tout au long de son parcours ?
----------In 2013, I walked along the Rhine from its source in the Alps to its mouth in Holland. I chose
to turn my back to the river. I rather spoke about its tributaries, about fields which line it,
cities which agglutinated there. I photographed tracks left in the landscape and in time.
The community of style of this project shows the geographical segmentation of the river in
several parts. But in spite of this division, the Rhine drains something common. Is this rustle
the sound of the Rhine’s Soul or the echo of Mitteleuropa? Or must we look in the sobriety
of Calvinism’s aesthetics drained along the river?
AALBURG, NOORD-BRABANT / NETHERLANDS / 2013.
RIJKSWEG, OOSTERLANDl / NETHERLANDS / 2013.
SÄGAWEIER / LIECHTENSTEIN / 2013.
OSSENBERG, NORDRHEIN-WESTFALEN / GERMANY / 2013.
TRIN MULIN / SWITZERLAND / 2013.
TRIN MULIN / SWITZERLAND / 2013.
ZUIDELIJKE RANDWEG, MOERDIJK, NOORD-BRABANT / NETHERLANDS / 2013.
ST. MARGRETHEN / LANDESKARTE DER SCHWEIZ / 750X565 MM / CARTE GOMMÉE / 2014.
© ROMAIN GIRTGEN / CNA / LUXEMBOURG
Dead Cities 11 13
« (…) Personnes ne prendra jamais le train à la gare de Jeoffrécourt. Cette gare fantôme,
située dans le camp de Sissonne en France, fait partie du centre d’entraînement aux actions en zones urbaines que Guillaume Greff a photographié dans le cadre de son projet
Dead Cities. Construites pour simuler une révolte venant de l’intérieur, plus que d’une
invasion, ces maisons Bouygues et ces façades aveugles aux dimensions d’HLM forment
un décor étrange où les tombes factices du cimetière local ne portent pas de nom. Ce
travail documentaire est le résultat d’une démarche photographiques neutre et inaltérée, et
pourtant on dirait qu’elle est le résultat de retouches infographiques importantes. Mais le
travail photographique de Guillaume Greff associés à ses sculptures en Bétonplex se situe
bien plus dans une filiation du Land art et de l’art conceptuel, que dans une démarche plus
simplement esthétisante sur le sujet du paysage urbain d’aujourd’hui».
Christian Mosar
d’Lëtzebuerger Land
Avril 2013
------------
Nobody will never take the train at the station of Jeoffrécourt. This station is located in the
training center in urban actions of Sissonne (France). Built to feign a revolt coming from
the inside more than an invasion, these tract houses and blind facades form a strange set
where the artificial graves do not bear a name. An ideal city, but from the point of view of
the army and the police.
UNTITLED / DEAD CITIES / 80x100 CM / C-PRINT / 2011.
UNTITLED / DEAD CITIES / 80x100 CM / C-PRINT / 2011.
UNTITLED / DEAD CITIES / 80x100 CM / C-PRINT / 2011.
UNTITLED / DEAD CITIES / 80x100 CM / C-PRINT / 2011.
UNTITLED / DEAD CITIES / 80x100 CM / C-PRINT / 2011.
UNTITLED / DEAD CITIES / 80x100 CM / C-PRINT / 2011.
UNTITLED / DEAD CITIES / 80x100 CM / C-PRINT / 2011.
La ville neutralisée
Jean-Christophe Bailly, août 2012
« Neutraliser », telle est l’expression utilisée régulièrement pour décrire l’action des forces armées venant à bout de leur adversaire au cours
d’un conflit, or cette action – qu’il s’agisse de guerre proprement dite ou
d’actes de répression peut s’exercer n’importe où : son principe même est
celui d’un théâtre des opérations polymorphe et changeant, illimité en droit
comme en fait. Pourtant, l’idée est venue que ce théâtre avait des formes
récurrentes et qu’il existait donc une sorte de scène idéale de la neutralisation et de l’exercice de la force et que, par conséquent, il était possible de
construire, pour l’entraînement, un modèle spatial susceptible de produire
de façon efficace les cadres ou le décor des actions les plus fréquemment
menées. Alors que jadis on pouvait pour l’essentiel se contenter des campagnes ou de zones sauvages, l’omniprésence du fait urbain (y compris
dans la réalité des conflits modernes) a conduit à créer des villes ou des
fragments de ville qui seraient comme une maquette grandeur nature du
théâtre des opérations, une cité idéale en somme, mais du point de vue
de la police ou de l’armée.
De telles villes ou pseudo-villes existent à peu près partout où
l’on a les moyens de les construire, mais elles sont, à l’évidence, peu visibles et peu montrées. Or voici que nous en avons soudain des images et
que celles-ci sont saisissantes. Guillaume Greff a eu en effet l’opportunité
de photographier (pour lui-même et hors de toute commande officielle) le
Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (cenzub) qui occupe
une petite partie de l’immense camp militaire de Sissonne, lequel déploie
ses 55 000 hectares à l’est du département de l’Aisne, sur des terres qui
font partie de la Champagne pouilleuse. Divers dispositifs existent et le
plus important, la ville artificielle de Jeoffrecourt, est en cours de construction. Les images que propose Guillaume Greff documentent ce projet, et
elles le font de façon remarquable – j’y reviendrai. Deux évidences sautent
aux yeux si l’on observe ces images. La première, c’est que la typologie
même du décor désigne tout autant sinon davantage un ennemi intérieur (l’émeute) qu’un ennemi venu de l’étranger et que le paysage produit
est plutôt celui de la répression que celui de la guerre proprement dite.
La seconde, c’est que le décor induit, avec son extraordinaire pauvreté, et avec l’annulation en lui de tout style et de tout accent, ressemble parfois à s’y méprendre à certains fragments péri-urbains. La
cité idéale de la police et de l’armée est une réduction, une opération générique qui ne conserve que des traits de morphologie et de
situation et elle n’a pas, comme telle, à pousser le réalisme plus loin,
jusqu’à cet étoilement de petits traits signifiants par lesquels la vie se
recompose. Mais il est d’autant plus effrayant alors de constater que de
nombreux secteurs de l’actuelle banlieue, à commencer par les zones
de lotissement clonés, ressemblent à la ville neutralisée du théâtre
de la neutralisation. Ce qui revient à dire que l’absence de marques
et de prises de la ville désaffectée se mue en principe de composition, et que la ville au rabais devient la norme de la vie rabaissée.
Ce que permettent de voir les photos de Guillaume Greff, c’est donc
que le décor de la neutralisation, en tant qu’il est lui-même neutre et
privé de tout vecteur d’affects, échappe à sa simple fonction pour devenir une sorte de forme symbolique de notre temps. Il suffit de se
promener un peu pour le vérifier, la ville-fantôme du camp de Sissonne,
avec ses rues aspirées par le vide, ses façades blêmes, son édifice religieux composite (où l’église le dispute à la mosquée et à la synagogue),
ses murs de parpaings, ses blocs d’habitation bunkerisés et même ses
herbes folles, n’est ni une copie de l’existant ni une projection imaginaire,
elle est un modèle et, comme telle, un gisement idéologique sidérant.
Mais encore fallait-il le montrer. Le piège était grand ouvert, ici, d’une surenchère et toute dramatisation ou toute esthétisation d’un tel décor eût
été une erreur ou un masque. Il fallait que la photographie se contente
de sa vertu passive et qu’elle atteigne à la pure effectivité de sa tâche
de présentation. Montrer ce qui n’est pas fait pour l’être, c’est entrouvrir
la porte du sensationnel. Mais justement, c’est par cet intervalle étroit
qu’il s’engouffre. Les images lisses obtenues par Guillaume Greff sont
presque comme des cartes postales, mais ce sont celles d’un lieu dont
la puissance d’écrasement de l’imaginaire laisse sans voix. Nous les regardons fascinés, y découvrant l’espace d’une vie qui longe la nôtre. Le
décor est planté et si de l’action qui va s’y jouer les photos ne disent rien,
c’est parce que le photographe est resté sur le seuil – mais c’est là justement qu’il fallait se tenir, sans dire mot, dans la stupeur d’une effraction.
The neutralized city
Jean-Christophe Bailly, august 2012
“Neutralize” is a word regularly used to describe the action
of armed forces overcoming their adversary in a conflict. Yet this action
– whether in an actual war or in the context of some form of repression – can occur anywhere: its very principle involves a polymorphous
and changing theatre of operations, unlimited both de jure and de facto.
However, the idea emerged that this theatre had recurring forms and that
there therefore must be a kind of ideal scene of neutralization and of the
exercise of force. It ensues that one could build, for training purposes, a
spatial model able to effectively reproduce the setting or the décor of the
most frequently conducted actions. While the countryside and undeveloped
areas used to – for the most part – do the job, the omnipresence of urban
reality (including in modern-day conflict) has led to the creation of cities or
fragments of cities that are like real-size models of the theatre of operations:
the ideal city, one may say, from the perspective of the police or the army.
Such cities or pseudo-cities exist just about everywhere
where there are the resources to build them – though they are not very
visible and rarely shown. But suddenly we have photos, amazing photos.
Guillaume Greff had the opportunity to photograph – not for any official
client, for himself – the Training Centre for Actions in Urban Areas (CENZUB), which takes up a small part of the huge Sissonne military camp
(136,000 acres on the border of the Picardy and Champagne regions). Of
the existing sites, the largest is still under construction: the artificial town
of Jeoffrecourt. Guillaume Greff’s images document this project. And they
do it remarkably well, as I’ll explain in a minute. Two obvious facts come
immediately to mind when you look at these photos. The first is that the
typology of the décor indicates as much an internal enemy (a riot) as an
enemy from abroad and that the artificial landscape points more towards
repression than towards an actual war. The second is that the produced décor – so extremely poor and devoid of any style or accent –
is startlingly similar to some of France’s suburban housing projects
To the police and the army, the ideal city is a reduction, a generic operation
that only maintains the morphology and the situation and need not, there-.
fore, be any more realistic or reproduce the network of little significant traits
through which life is recomposed. This makes it all the scarier to realise
that many of our existing suburbs, particularly the cloned subdivisions,
resemble the neutralized city of this neutralization theatre. In other words,
that the absence of traits and holds in this disused city is a rule of composition – and that the cheap city becomes the standard of a cheapened life.
Guillaume Greff’s photos therefore show that the décor of neutralization, itself
neutral and devoid of any source of emotion, goes beyond its simple
function to become a kind of symbolic shape of our times. A little walk
around the ghost town of Sissonne is enough to demonstrate this: its
streets enveloped in emptiness, its pallid façades, its composite religious building (an apparent cross between a church, a mosque and a
synagogue), its concrete block walls, its bunkerized housing and even
its weeds are not a copy of the existing or an imaginary projection. Sissonne is a model and – as such – an astounding ideological deposit. But
it still needed showing. And here the trap of visual overkill lay wide open.
Any dramatization or aestheticization of this décor would have been a
mistake or a mask. What was required was for the photography to stick
to its passive virtue and achieve pure effectiveness in its task of presentation. Showing what’s not intended to be shown cracks the door
open to the sensational. And it’s precisely through this narrow interval
that sensationalism rushes in. The plain images obtained by Guillaume
Greff are almost like postcards, but they portray a place with such power
to crush the imaginary that they leave us speechless. We watch them,
fascinated, finding in them the space of a life parallel to ours. The stage
is set and the reason the photos say nothing of the action that will unfold
here is that the photographer stayed on the threshold – exactly where
he needed to be, not saying a word, in the amazement of a trespass.
HYSSOP / 24X30 CM / IMPRESSION JET D’ENCRE PIGMENTAIRE / 2013.
LES RÉFORMÉS / SUDWALL / CANNES / 45X110X60 CM / BÉTONPLEX / 2013.
HYSSOP / 24X30 CM / IMPRESSION JET D’ENCRE PIGMENTAIRE / 2013.
HYSSOP / 24X30 CM / IMPRESSION JET D’ENCRE PIGMENTAIRE / 2013.
LES RÉFORMÉS / SIEGFRIED LINE / SAARLAND / 90X90X90 CM / BÉTONPLEX / 2013.
HYSSOP / 24X30 CM / IMPRESSION JET D’ENCRE PIGMENTAIRE / 2013.
HYSSOP / 24X30 CM / IMPRESSION JET D’ENCRE PIGMENTAIRE / 2013.
Dead Cities
Texte de Jean-Christophe Bailly
Français, allemand et anglais
ISBN 978-2-9539867-2-3
Hardcover, 160 x 220 mm
2 Volumes | 76 + 44 pages
Images 24 color + 34 b/w
Edition (1st printing): 500 copies
Kaiserin Editions 2013.
© KÜNSTLERHAUS / BONN / GERMANY.
La petite lice 11
«Pendant l’automne 2010, j’ai marché plusieurs jours autour de Forbach. Lors de la première marche, j’ai suivi le tracé de la frontière entre l’Allemagne et le France de la Brême
d’Or jusqu’à Freyming-Merlebach. Lors de la deuxième marche, j’ai abordé la ville en
venant du sud-est depuis Bousbach jusqu’en bas de la côte de Spicheren à l’entrée de
Saarbrücken via Behren. Le troisième jour, je me suis perdu dans la forêt du Warndt avant
d’arriver en fin de journée sur les bords de Sarre à l’entrée de Volklingen. Pour parler de
cette ville, j’ai choisi de l’aborder en la contournant. Equipé d’une chambre grand format
et d’un enregistreur audio, je l’ai vue de loin, je l’ai entendue à travers les bois. «
SÉRIE BLEUE 3612 O / 600X880 MM / 2011.
VÖLKLINGEN 28.10.10 (SOUND & VISION) / 300X560MM / TUBES JALONNETTES / 2011.
UNTITLED / FORBACH / 100X120 CM / C-PRINT /DIASEC / 2011.
LES RÉFORMÉS / FORMER PSP / DIFFERTEN / SAARLAND / GERMANY / 80X110X140 CM / 2011.
guillaumegreff.com
[email protected]
+33650432547

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