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Année LVI – Mensuel
no 5-6 Mai-Juin 2009
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Ouvertes à l’Esprit
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
4
Éditorial : Femmes passionnées
Revue des Filles de Marie Auxiliatrice
de Giuseppina Teruggi
Via Ateneo Salesiino, 81
00139 Ronii RM
(tél:06/87.274.1 – Fax 06/87.1.23.06
e-mail [email protected]
www.cgfmanet.org
5
-------------
Directrice Responsable
Mariagrazia Curti
Rédacteurs
Giuseppina Teruggi
Anna Rita Cristiano
Collaboratrices
Tonny Aldana * Julia Arciniegas – Mara Borsi Piera Cavaglià - Maria Antonia Chinello Emilia Di Massimo - Dora Eylenstein Laura Gaeta - Bruna Grassini Maria Pia Giudici –Palma Lionetti Anna Mariani–Maria Helena –
Concepcíon Muñoz Adriana Nepi Louise Passero -Maria Perentaler –
Loli Ruiz Perez –Rossella Raspanti Lucia M; Roces - Maria Rossi -
Traductrices
Cénacle ouvert,
au vent de l’Esprit
------------13
France : Anne-Marie Baud
Japon : ispettoria giapponese
Grande Bretagne : Louise Passero
Pologne : Janina Stankiewicz
Portugal : Maria Aparecida Nunes
Espagne :Amparo Contreras Alvarez
Allemagne:Provinces Autrichienne et Allemande
EDITION EXTRACOMMERCIALE
Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice –
00139 Roma,Via Ateneo Salesiano, 81 –
C.C.P.47272000
Reg. Trib. Di Roma n° 13125 del 16-1-1970
Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c, Legge
662/96 – Filiale di Roma
N° ¾ Mai-Juin 2009
Tipographia Istituto Salésiano Pio XI
Via Umbertide 11,00181 Roma
Maria Rossi -
14
Les femmes et la parole :
L’école de l’amour
16
Vie consacrée :
Mutations culturelles
2
ANNEE LVI
18
Oecuménisme: Le don de l’unité
MENSUEL / MAI-JUIN 2009
35
20
Fil d’Ariane : les langages du corps
------------27
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Jeunes.com :
De quelle tribu es-tu ?
39
Sites :
28
Recension des sites web
Coopération et développement :
Petites ressources pour vivre
30
Pastorale :
La mort : un jeu
32
40
Vidéo : On peut le faire
42
Livre :
Le temps de l’exil
Polis :
Nous et la
crise économique
44
Camille :
---------
A quelle époque
sommes-nous ?
------------3
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
éditorial
Défis et opportunité
Giuseppina Teruggi
Une grande opportunité de l’entretien a été
précisée par Mère Yvonne au dernier Chapitre
Général. Une rencontre avec des personnes
témoins de l’amour est sûrement une rencontre
profonde avec Marie, «la première croyante,
celle qui nous accompagne pendant l’itinéraire
choisi pour réaliser de vraies rencontres, capables de provoquer de réels chemins de conversion». La femme ouverte à la nouveauté de
l’Esprit, unie à l’inattendu peut surprendre et
bouleverser la vie d’un groupe de croyants,
effrayés et perplexes, rassemblés au cénacle,
pour les lancer avec audace jusqu’aux
frontières de la planète.
La rencontre avec Marie nous provoque à
regarder la situation du monde aujourd’hui avec
ses yeux de femme et de mère ; à prendre
conscience des graves problèmes de l’humanité ; à ne pas nous ten,ir à l’écart des défis qui
tourmentent les gens. Défis de tous genres, à la
fois inédits et imprévisibles qui ont eux-mêmes
des origines communes : une anthropologie
individualiste et consommatrice qui tend à
étouffer ce qui est faible ; le monde complexe
des nouvelles technologies, perverses et aux
mille possibilités ; la discrimination liée à
l’appartenance ethnique, à la condition sociale,
à la foi, le déséquilibre produit sur la nature ; le
commerce du corps surtout des femmes et des
enfants.
Aujourd’hui, avec une force particulière, nous
sommes affrontés à la crise économique
mondiale, jointe au manque d’éthique dans le
commerce financier avec une vision néolibérale. C’est une urgence qui ne touche pas
seulement les banques avec les grandes
entreprises mais surtout la vie des gens qui en
supportent les conséquences.
à assumer de plus grandes respon-sabilités
personnelles et sociales.
«Ne prétendons pas que la réalité change si
nous continuons à répéter toujours les mêmes
choses. La crise est la meilleure chose qui
puisse arriver aux personnes et aux pays
parce que la crise incite au progrès. La
créativité naît dans l’angoisse comme la
lumière naît dans l’obscurité de la nuit. C’est
de la crise que naîtront les découvertes, les
ouvertures et les grandes stratégies… Le vrai
problème des personnes et des pays est la
paresse qui empêche de trouver une voie de
sortie et des solutions. Sans la crise, il n’y a
pas de défis, sans défis, la vie est routine, est
lente agonie…Mettons-nous plutôt à travailler
dur. Finissons-en une fois pour toutes avec
l’unique crise qui nous menace et qui est la
tragédie de savoir lutter pour la surmonter».
Paroles de grande actualité, écrites vers la
moitié du XVIIIème siècle par Albert Einstein.
Dans la période de grande récession des
années 30, Mère Louise Vaschetti soulignait
l’opportunité de la transition critique en acte.
Dans la circulaire du 24 octobre 1931, elle
écrivait : «Prenons courage, mes sœurs,
confions-nous au Seigneur. Que la crise
actuelle soit pour nous comme une mission,
aux frais de notre égoïsme». Elle suggérait
des actes concrets pour orienter les choix de
responsabilité, de solidarité, d’espérance.
Peut-être aujourd’hui encore, revoyant nos
habitudes, nous pourrons renouveler la
créativité, l’audace, l’essentiel et contribuer à
humaniser la vie et l’environnement.
[email protected]
Nous sommes toutes atteintes et encouragées
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Cénacle ouvert
au vent
de l’Esprit
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Cénacle ouvert
au vent de l’Esprit
Emilia Di Massimo
Giuseppina Teruggi
Après les derniers événements de
Jérusalem, alors que les disciples sont
enfermés dans la chambre haute de la
maison, l’Esprit les envahit.
Il y avait aussi Marie, la mère de Jésus,
et quelques personnes amies. Tous
ensemble dans le même lieu, témoigne Luc
dans les Actes des Apôtres, et il poursuit :
“Tout à coup un bruit vint du ciel, comme si
un vent violent se mettait à souffler, et il
remplit toute la maison où ils étaient assis”
(Act. 2,2). Depuis ce moment le cours de
l’histoire ne fut plus comme avant.
Ouverts à la nouveauté de l’Esprit
Il y avait une fille dans un village inconnu et
insignifiant. Comme tant d’autres, elle habitait
une maison en partie creusée dans le rocher,
selon la coutume des habitants de la
Palestine à cette époque. Elle vivait avec ses
parents et se préparait à la vie, qui pour elle,
comme pour toutes les jeunes femmes de
son pays, suivait un parcours précis : le
mariage avec un homme de la même classe
sociale, les maternités, en somme une vie de
fidélité au sein de sa maison, procurant à son
époux et à sa famille tout le nécessaire à une
vie habitée par Dieu qui la rend heureuse,
même dans l’ordinaire, pas toujours facile du
quotidien.
Mais voilà, à l’improviste, elle participe à un
événement extraordinaire qui va totalement
changer sa vie. Et qui va aussi changer le
cours de l’histoire. Marie de Nazareth vit
l’expérience de la rencontre avec le mystère
quand Dieu entre à l’improviste dans sa vie :
par l’annonce d’une maternité imprévue, l’ex-
périence d’événements incompréhensibles,
depuis le départ de son Fils pour une mission
spéciale et difficile à comprendre, jusqu’à sa
mort sur la croix, librement acceptée et
donnée. Puis voici l’irruption à l’improviste de
l’Esprit dans la chambre haute d’une maison
de Jérusalem, où elle se trouvait avec les
amis de Jésus.
Le vent de l’Esprit a conduit les disciples à
ouvrir tout grand les portes et Marie a été la
première à se mettre en route et à faire
l’expérience de l’exode. “La première évangélisée est devenue la première évangélisatrice.” L’Esprit a rendu Marie témoin, capable
d’entrer et de vivre ce nouveau quotidien avec
courage et audace, et avec la certitude que là,
Dieu construit et soutient ses projets d’amour.
Depuis toujours, l’Esprit a opéré des transformations dans sa vie : elle a été “l’espace
humain, petit mais docile, dans lequel Dieu a
accompli de grandes choses”, souligne les
Actes du CG XXII (n. 20).
La présence de Marie au cénacle signifie
qu’elle veut partager les préoccupations et les
espérances du groupe des disciples et les
aider à affronter le quotidien avec courage. Il
en est ainsi aujourd’hui, dans notre histoire,
faite d’espérances et de peurs, d’incertitudes
et de rêves. Les Actes du Chapitre relèvent
aussi que “Marie nous enseigne à ne pas fuir
les défis, mais à les accueillir comme des
occasions pour renouveler notre passion
éducative et missionnaire, en vivant dans nos
communautés, avec un cœur grand ouvert,
des moments de partages profonds entre
nous mais aussi avec les jeunes, recréant
avec eux un esprit de famille, riche en valeurs
humaines et chrétiennes” (Actes n. 23).
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ANNEE LVI
Femme modelée par l’Esprit, Marie est pour
nous, maîtresse et guide dans l’accompagnement, les choix proposés par le Chapitre.
Mère et disciple de Jésus, elle “l’a accompagné
avec grand dévouement tout au long de sa vie”
et en tant qu’auxiliatrice, “elle accompagne
l’Eglise à ses débuts, au cours de son développement, sa propagation dans le monde, et elle
continue à être présente, surtout dans les
moments difficiles de son histoire.”
Le courage d’accueillir… “À l’improviste…”
Le jour de Pentecôte fut décisif pour les disciples suite aux événements qui arrivèrent soit
dans le cénacle soit au-dehors : "Tout à coup un
bruit vint du ciel, comme un vent violent…”. Une
sorte de tremblement de terre qui s’entendit
dans tout Jérusalem, si bien que beaucoup de
gens arrivèrent devant la maison pour voir ce
qui s’était passé. Assurément il ne s’agissait pas
d’un tremblement de terre normal. Il y a eu une
forte secousse, mais rien ne s’est écroulé. Du
dehors on ne voyait pas les bouleversements
MENSUEL / MAI-JUIN 2009
qui ont eu lieu au-dedans, là où les
disciples ont vraiment fait l’expérience d’un
tremblement de terre, même s’il a été
essentiellement intérieur, il les a tous impliqués. Et ils vécurent tous une expérience
qui les a transformés profondément et qui a
même eu des répercussions au-dehors.
L’Esprit du Seigneur est passé au-dessus de
frontières qui semblaient infranchissables : il a
inauguré des temps nouveaux, le temps de
la communion et de la fraternité, le temps
de l’infini, car sa grandeur, tout en nous
dominant, ne nous écrase pas, mais instille
dans nos cœurs la fascination pour les
étoiles. Les Actes des Apôtres affirment
que l’Esprit "est venu à l'improviste”: c’est
un détail sur lequel il faut être attentif parce
qu’il peut nous rappeler des souvenirs
relatifs à notre propre histoire. Chacun de
nous garde en son coeur des souvenirs qui
sont comme des pierres milliaires qui ont
secoué notre existence, ils ont impliqué un
exode et souvent imposé un renoncement à
nos projets pour nous ouvrir à l’inconnu, au
mystère.
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Le croyant accueille tout bouleversement
existentiel dans la mesure où Celui qui guide
notre histoire, tisse une tapisserie merveilleuse dont nous ne voyons que l’envers. Mais
cela n’est pas automatique. Comment reconnaître que ce qui nous arrive “à l’improviste”
est irruption de l’Esprit et non le résultat du
hasard ou de conjectures humaines ?
Du ciel un bruit sourd : apologie du silence
Il nous plaît d’imaginer les apôtres, réunis au
cénacle avec Marie, dans une atmosphère de
silence. Un silence adorant, habité, comblé
par Dieu, qui leur a permis d’accueillir la
venue de l’Esprit et leur a enlevé tout esprit
de peur et d’hésitation. Silence qui leur a
permis de comprendre l’Amour et ses exigences, silence exprimé à travers ce bruit sourd
qui semble s’imposer pour prendre la défense
de cet espace de solitude féconde et
intérieure.
Nous avons la nostalgie d’un silence profond,
d’“oasis vertes” dans lesquelles se réfugier au
cours de nos journées ; nous sommes conscients que le monde, est envahi chaque jour
et de plus en plus par le "bruit" mais aussi par
un murmure persuasif, qui tente d’étouffer la
Parole. Il est nécessaire de retourner chercher le silence auprès de Dieu, pour Lui seul ;
ainsi son Esprit descendra sur nous, comme
autrefois au cénacle et il demeurera en nous ;
par ce silence plein et fécond, toute chose
sera renouvelée.
Ecoutons un témoignage encourageant à ce
sujet, il invite à aller “boire l’eau à notre
propre source”. La célèbre sculpture de
Thérèse d’Avila, du Bernin, appelée L’extase
de sainte Thérèse est célèbre au niveau
mondial. Est-ce seulement une sculpture de
marbre et de bronze ?
Sur le plan iconographique, l'extase de la
Sainte est directement inspirée d’un célèbre
passage de ses écrits, dans lesquels elle
décrit une de ses nombreuses expériences
de ravissement : «Un jour, un ange magnifique
m’apparut. Je vis dans sa main une longue
lance dont l’extrémité semblait être une
pointe enflammée. Celle-ci parvint à me
frapper plusieurs fois au coeur, jusqu’à
pénétrer en moi. La douleur était si réelle
que je gémis plusieurs fois à voix haute,
cependant c’était si doux que je ne pouvais
désirer en être libérée. Aucune joie terrestre ne peut apporter un tel bonheur. Quand
l'ange retira sa lance, je restais immobile,
ressentant un grand amour pour Dieu».
(Sainte Thérèse d'Avila, Autobiographie XXIX, 13).
En lisant ce passage, un sourire peut nous
venir aux lèvres : voici un fait exceptionnel
et rare, “un vent qui souffle à l’improviste”,
une expérience concédée à peu de personnes. Mais mettons en relation l’extase avec
d’autres écrits biographiques relatifs à
Thérèse, décrite par des personnes qui l’ont
connue, et par ses propres écrits, comme
intelligente, subtile, dotée de don d’observation, éclectique, versatile, rebelle, ambitieuse, violente, autoritaire, arrogante, indécise et têtue, curieuse, toujours insatisfaite,
attachée aveuglément à ses idées, formaliste, dotée du sens de la justice, exubérante,
hypocondriaque et masochiste, toujours à la
recherche du bonheur.
“Voilà Thérèse d'Avila : une grande femme
qui, avant, n’aurait jamais accepté de
marcher derrière un homme mortel, et une
grande sainte, après”. Tout commentaire à
son égard ferait perdre la fascination pour
cette sainte que don Bosco a choisi comme
patronne de notre l’Institut.
Cette icône proposée comme exemple est à
contempler dans notre prière et dans notre
histoire quotidienne : là où Dieu fait irruption,
il accepte notre pauvreté et il nous transforme par des extases intérieures qui se
manifestent même dans les événements
ordinaires du quotidien, ceux qui nous
semblent être subis et insignifiants. C’est le
le vent de l’Esprit
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dma damihianimas
ANNEE LVI
MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Interview de Soeur Vilma Tallone
Conseillère générale pour l’Administration
Comment cette période de crise
économique mondiale touche la vie religieuse ?
Si la vie consacrée est vraiment vécue comme une
passion “pour le Christ et pour l’humanité”, les épreuves
qui touchent les hommes et les femmes de notre temps
deviennent nos “épreuves”. Une crise vécue non de l’extérieur,
comme par réflexe, mais personnellement, en lien très fort avec ceux que nous aimons : familles,
jeunes, anciens, anciennes élèves, amis qui nous confient leur situation de pauvreté.
Et puis une crise vécue dans la solidarité avec le monde des pauvres qui, s’ils sont habitués à
supporter depuis toujours leurs conditions de vie, souffrent encore plus en ce moment, à cause de la
diminution des aides dues à la crise des structures.
Quel est le rapport entre pauvreté et mission éducative ?
Comme FMA, les destinataires privilégiés de notre mission éducative sont les jeunes qui ont le plus de
difficultés : précarité économique, fragilité familiale, pauvreté culturelle. La mission charismatique
structure donc le rapport éducation/pauvreté et le rend inaliénable.
Comment repenser aujourd’hui notre choix de la pauvreté pour le Royaume ?
Notre manière de vivre la pauvreté est assurément liée au contexte temporel et spatial. Quelques
éléments peuvent caractériser la prophétie de la pauvreté aujourd’hui : le fait de partir des ”derniers”
dans les critères de référence en ce qui concerne les choix à faire, soit au niveau idéologique ou
concret. Et puis privilégier une vie humble, simple, recherchant l’essentiel et la cohérence évangélique.
Mais aussi s’engager, se battre avec et pour les pauvres et les catégories de personnes les plus
fragiles : les enfants, les femmes, les handicapés, les immigrés, pour que leurs droits soient reconnus.
Soutenir les pauvres, même au moyen d’aides modestes, pour qu’ils puissent construire leur propre
avenir.
Au niveau de la vie communautaire, que vois-tu de prioritaire face à la pauvreté ?
La communauté est appelée plus que jamais à faire des choix courageux et concrets d’austérité, dans
la conviction que le superflu ne nous appartient pas. La frontière entre le superflu et le nécessaire est
très fragile, glissante et personnelle : seule une vérification communautaire fréquente de la pauvreté
peut mieux nous aider à identifier les limites de cette frontière. Vivre dans l’espérance que le “petit” –
fragilité financière, pauvreté des moyens– s’il est assumé avec courage et foi, porte en soi la force de
transformation du grain, du levain. Gestion rigoureuse des ressources, sans hésiter à trouver de
nouveaux chemins, même au niveau économique, pour pouvoir être fidèles à notre mission éducative,
et annoncer Jésus aux jeunes les plus pauvres.
Arbre solidement fixé grâce à ses racines
Le ‘vent’ de l’Esprit ne souffle pas toujours
comme un ouragan qui vient secouer les
énergies endormies ; souvent il est un souffle,
une brise printanière qui fleurit la vie et ouvre nos
cœurs à l’amour. Nous le reconnaîtrons comme
une force quand sa touche légère sera quotidien-
nement dans notre regard et nous portera vers
des horizons plus lointains et plus vastes.
Quand jusqu’à l’aurore nous accepterons de
vivre avec Lui, toute notre journée, dans un
élan de joie et de générosité. Ainsi, l’Esprit sera
présent à toute notre vie pour la renouveler et
lui donner une dimension plus profonde, il nous
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Pour le partage
communautaire
De la parole de Dieu :“L’Esprit du Seigneur
descendra aussi sur toi et tu deviendras un
autre homme, tu seras prophète. Quand ces
signes se seront accomplis, tu agiras pour le
mieux car Dieu est avec toi.” (1 Sam 10,6-7).
Ce passage peut devenir objet de réflexion
personnelle et de dialogue communautaire, il
trace bien le cheminement post-capitulaire.
-
L’Esprit t’investira : L’Esprit est plus souvent
aigle que colombe, qui nous enlève et
nous emmène avec lui sur les sommets.
Grondement de turbine…. Vent qui remplit
la maison…. Feu … L’Esprit nous empêche
de nous taire !
-
Tu seras prophète : Le prophète est celui
qui vit de la Parole, pour laquelle il parle et
agit comme envoyé par Dieu et il ne fait
qu’annoncer son message, son dessein.
-
Tu seras transformé en un autre homme :
L’Esprit crée continuellement, rend neuve
toute réalité, surtout le coeur de celui qui
s’ouvre à Lui. Sa force fait en sorte que ce
n’est plus toi qui vis, parce que c’est le
Christ vit en toi.
-
Dieu sera avec toi : Etre avec, c’est
supprimer le sens d’un Dieu étranger à
l’homme, c’est se sentir vitalement greffer
sur Lui. Dieu non seulement fait quelque
chose pour toi, mais il agit avec toi et en
toi.
-
Tu feras comme tu voudras : Dieu n’est
pas celui qui donne des ordres à suivre,
mais celui qui appelle à la liberté. La liberté
même d’aimer sans mesure : aime et fais
ce que tu veux !(Cf Ermes Ronchi, La
maison de Marie, Ed Paoline, 2006)
aidera à comprendre le sens réel de nos inévitables
crises
qui
deviendront
des
“opportunités”, “arbre qui s’élève, solidement
planté en terre grâce à ses racines”.
Souvent nos racines se perdent dans des
questions récurrentes : “Au fond, qu’est ce
qui me donne envie de vivre ? Pourquoi cela
en vaut-il la peine ? Qui suis-je ? Quelqu’un
m’aime au point de m’assurer que cette envie
de vivre ne s’estompera pas face au néant ni
face à la mort ?”. Des questions comme cellesci, durant toute la période de la modernité
jusqu’à la moitié du siècle précédent, étaient
présentes dans la littérature ou étaient tout à
fait considérées comme non problèmatiques
par les sciences philosophiques. (Auguste Comte).
Dans les dernières décennies, après l’effondrement des idéologies, de telles questions ont
surgi dans la vie personnelle et sociale de
manière fulgurante, occasionnant une recherche intense de bonheur et réveillant des
énergies de liberté inexplorées et inimaginables. Les personnes de cette période postmoderne n’entendent pas renoncer au désir de
bonheur et à l’usage de leur entière liberté
pour le réaliser. Mais Jésus n’encourage-t-il pas
notre désir d’infini ? L’annonce de la bonne
nouvelle et l’aspiration actuelle de l’humanité
coïncident, mais sont sujets aux mêmes peines.
Les contractions et les douleurs sont violentes,
cependant elles sont adoucies à la pensée de
l’enfant qui va naître et apporter beaucoup de
joie.
Ce nouveau phénomène nous place chacune,
en tant éducatrices en face d’une très grande
responsabilité. La première est celle de la
Parole. La Parole écoutée, cherchée, désirée,
méditée et vécue, la Parole que le croyant,
comme Marie, garde dans son cœur et qui
transforme sa vie. L’exégèse priante devient à
la fois praxis divine et humaine, événement
décisif qui permet à la force de l’Esprit de jaillir,
de redevenir chair et de manifester, comme le
chante le Magnificat, les merveilles que le Tout
Puissant peut réaliser à travers la petitesse et
l’humilité de ses “pauvres”.
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ANNEE LVI
Seulement celui qui est pauvre sait aimer
Le vent de l’Esprit pénètre avec force où il trouve
de la place, où il n’y a pas d’encombrements,
quand le coeur est libre. Et quand la personne est
consciente d’être pauvre. Ancrée dans la logique
de Dieu, la pauvreté de coeur se transforme en
valeur et le pauvre devient témoin de la valeur et
de la capacité transformante de l’Evangile. Dans
une telle optique la pauvreté devient un oui, et le
pauvre se définit au moyen du verbe “être” et non
du verbe “avoir”, parce que positivement, il est
“celui qui attend, celui qui accepte, celui qui prie,
celui qui sait aimer”. Ne serait-ce pas de cette
manière qu’il faudrait se situer face à la crise
économique mondiale ?
Le moment historique que nous vivons, dans tous
les coins de la planète, est un des plus délicats et
problématiques. Les journaux, les communiqués
des chaînes télévisées et Internet le répètent
continuellement. Nous l’expérimentons aussi de
près dans nos communautés. De nombreuses
personnes voient en cette période de pauvreté,
une bonne opportunité pour un renouvellement
profond, même dans la vie religieuse. Un temps
de transformation, si nous sommes ouverts au
passage de l’Esprit.
Pendant le Chapitre, nous en avons parlé
plusieurs fois et les capitulaires ont même eu une
rencontre avec l’économiste Antonio Ceñas. Les
interpellations ont été nombreuses et le dialogue
qui a suivi intéressant. En voici quelques extraits :
“Dans la théologie de l’Eglise, la plus sérieuse et
reconnue, il est affirmé que Dieu a besoin des
hommes. Et dans de nombreuses prières modernes on dit : ‘Seigneur, je veux être ta main, ton
visage, ton intelligence pour les mettre au service
de ceux qui en ont le plus besoin. Je veux être
signe de ta créativité, reflet de la grâce multiforme
de l’Esprit, accueil de ses nombreux dons pour
participer au grand défi de la construc tion de
MENSUEL / MAI-JUIN 2009
l’Eglise, avec tous ceux qui veulent donner le
meilleur d’eux-mêmes’.
Une Congrégation est un ensemble conséquent
de personnes appelées une après l’autre,
personnellement par Jésus. Je crois que l’effort
important que nous avons à faire est de mettre
toute notre bonne volonté et notre amour au
service de cette cause, en ayant confiance en
Jésus qui nous appelle et qui nous pourvoit des
dons et qualités nécessaires. Et dire : ‘J’ai
confiance en ce qu’il m’a donné, je compte sur
la confiance qu’il a mis en moi… Voyons comment
je vais faire pour que ce capital que tu as placé
en moi comme un don, se multiplie au service
des autres’… Alors, avec ce panorama devant
les yeux, je crois qu’une communauté de
croyantes consacrées ou laïques, qui a à faire
avec l’argent, doit faire un examen de conscience sérieux face à l’argent lui-même. Vivre
l’administration des biens avec ces sentiments
pourrait être une façon de se convertir, et
devenir aussi une alternative à la gestion folle
et absurde qui existe dans le monde d’aujourd’hui. L’Eglise pourrait offrir une alternative
diverse face à l’usage de l’argent. Mais ceci
supposerait de sa part et aussi de la vie
religieuse, une grande créativité ”.
Les disciples sont sortis du cénacle pour
annoncer Jésus au monde, pauvres de coeur et
forts de la Parole et de la présence de l’Esprit.
Avec cette passion dévorante, ils ont transformé l’histoire.
Emilia Di Massimo
Giuseppina Teruggi
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
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ANNEE LVI
MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Approfondissements bibliques
éducatifs et formatifs
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
les femmes
dans la parole
L’Ecole de l’Amour
Elena Bosetti
Le récit de la femme qui parfume Jésus,
apparaît dans les quatre évangiles, même si
chacun raconte l’histoire à sa manière :
Matthieu (26,6-13) et Marc (14,3-9) parlent
d’une femme anonyme, qui dans
l’imminence de la passion verse tout un
vase de parfum sur la tête du Maître, tandis
que Luc (7,36-50) parle d’une pécheresse
dans le contexte du ministère de Jésus en
Galilée, et plus précisément au cours d’un
repas, dans la maison d’un certain Simon,
pharisien, où elle verse son parfum sur les
pieds du Maître. De son côté, Jean (12,1-11)
semble mélanger les différents éléments : il
est en accord avec les deux premiers
évangélistes en situant la scène à Béthanie,
mais il sort la femme de l’anonymat, elle
s’appelle Marie et c’est la soeur de Marthe et
de Lazare.
.
Aux pieds du Maître
Je m’arrête brièvement sur le récit de Luc et
aussi sur celui de Jean.
La scène de la femme pécheresse qui
accomplit son geste d’amour aux pieds de
Jésus, indifférente aux convives, à leurs
regards torves et à leurs jugements perfides,
est parmi les pages de l’Evangile, celle la
plus touchante.
Certes, cette histoire ne manque pas
d’aspects étranges : comment une pécheresse (prostituée) a-t-elle pu se retrouver
aux pieds de Jésus, hôte d’un pharisien ?
Luc décrit cette scène par touches
successives et rapides, laissant parler le
langage du corps. La femme, en fait ne
prononce aucunes paroles mais elle ne
pouvait utiliser un langage plus éloquent
et embarrassant. Elle parle avec toute sa
personne, corps et âme. Accroupie aux
pieds du Maître, elle s’abandonne subitement dans un déluge de larmes. Elles ne
font pas partie de son travail, ces larmes,
elles sont au contraire la confession de sa
vraie situation, de sa profonde misère, de
son besoin de salut. Jésus lui laisse
verser toutes ses larmes qui s’écoulent
sur ses pieds. Ensuite, elle les essuie
avec ses longs cheveux ; elles les embrassent, les caresse et verse du parfum
dessus. Et Jésus ne dit rien, il la regarde
et la laisse faire. La scène est vraiment
embarrassante. Dans la salle du banquet,
règne un silence de plomb. Simon n’ose
pas dire ouvertement ce qu’il pense ; ce
n’est pas ce que fait la femme qui le
choque mais plutôt l’attitude du Maître :
«S’il était vraiment un prophète, il serait
qui est cette femme qui la touche.»
«Simon, j’ai quelque chose à te dire.»
Finalement Jésus rompt la glace. Il se
tourne justement vers Simon, il l’appelle
affectueusement par son nom : Il lui
raconte l’histoire des deux débiteurs, celui
qui doit une somme énorme (cinq cent
pièces d’argent), l’autre une somme dérisoire (cinquante pièces d’argent). N’ayant
pas de quoi payer, l’un comme l’autre sont
gratifiés d’une remise de leur dette de la
part de leur créditeur. Jésus pose alors
une question bien intrigante : «Qui des
deux aimera le plus son créditeur ?» «Je
suppose que sera celui à qui on a remis le
plus», répond Simon, sans se rendre
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dma damihianimas
ANNEE LVI
MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Et la maison se remplit de parfum
Dans le quatrième Evangile, le symbole
éminent de la femme ‘’des agapes ‘’ est Marie
de Béthanie. L’onction a lieu six jours avant la
Pâque, dans le contexte d’un banquet :
Marthe servait et Lazare était parmi les invités
«Alors Marie, prit une livre d’huile parfumée,
de grande valeur, en oint les pieds de Jésus
et les essuie avec ses cheveux. Et la maison
se remplit de la bonne odeur du parfum.»
(Jn12,3).
Immédiatement Juda crie au gaspillage :
«Pourquoi n’a-t-on pas vendu cette huile pour
trois cent deniers que l’on aurait donnés aux
pauvres ?» (Jn 12,5). Juda est décrit comme
en opposition à Marie : si elle, est une figure
‘’des agapes’’, lui est exactement le contraire,
il est incapable de comprendre le pauvre
Christ qu’il « vendra » pour dix fois moins,
trente deniers. Mais voici que Jésus intervient
et prend la défense de Marie : «laisse-la
faire…les pauvres vous en aurez toujours
autour de vous, mais moi, vous ne m’aurez
pas toujours avec vous.» (Jn12, 7-8).
compte qu’il prenait un bâton pour se faire battre,
parce que Jésus conclut en mettant en évidence
le contraste criant entre ce que lui n’a pas fait et
ce qu’elle, au contraire a fait : «Tu ne m’as pas
lavé les pieds ; elle, au contraire m’a baigné les
pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses
cheveux. Tu ne m’a pas embrassé ; elle, au
contraire depuis que je suis arrivé, n’a pas cessé
de m’embrasser les pieds. Tu n’as pas versé
d’huile parfumée sur ma tête ; elle, au contraire a
versé du parfum sur mes pieds.» (Luc 7,44-46).
Jésus apprécie le gaspillage de tout ce
parfum et on comprend pourquoi : il nous
parle de la grandeur de l’amour. Celui qui
aime, ne joue pas avec l’épargne, il donne
tout. Comment ne pas penser au lien avec le
geste de Jésus durant le dernier repas ?
«Ayant aimé les siens qui étaient dans le
monde, il les aima jusqu’au bout.» (Jn13,1).
Le Maître aux pieds de ses disciples, un bain
d’amour, un exemple qui doit continuer, se
perpétuer : «Vous aussi faites ainsi.»
Une prostituée contre un pharisien ! Le langage Elena Bosetti
du calcul, du risque mesuré, contre le langage
simple de l’amour. Mais c’est cela qui touche le
coeur du Christ et ouvre la porte au pardon.
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
vie
consacrée et…
Mutations culturesses
Martha Seide
Notre époque, marquée par de grands
progrès et changements politiques, socioéconomiques, religieux et culturels présente
de nombreux défis stimulants et tout autant
dangereux pour le développement des
personnes. On parle souvent de la société
actuelle comme une société en crises. Il ne
s’agit pas seulement de la crise économique
mondiale, mais de la crise des valeurs, qui
est surtout présente dans les sociétés
riches et développées, amplifiée par les
médias qui mettent en avant subjectivisme,
relativisme moral et nihilisme. On assiste à
des célébrations humanistes et
anthropologiques : l’homme et la qualité de
sa vie sont au centre des discussions et des
projets. Ou bien paradoxalement, une des
causes de la crise actuelle concerne la
vision inadéquate que l’on a de l’homme, de
son identité et de son destin.
Les congrégations religieuses et leurs membres
ne sont pas indifférents à cette situation et se
demandent comment affronter ce défi, comment
se situer face à la culture qui apparaît
aujourd’hui et quel dialogue il est possible de
mettre en place. Bruno Secondin affirme :
«Depuis toujours, les religieux ont beaucoup
appris à vivre, avec leurs racines, leurs racines
et c’est un grand bien. Mais notre situation exige
aussi de savoir vivre avec des antennes, au
milieu des flux ouverts des nouveaux moyens de
communication, pour que nous sachions nous
situer dans cette nouvelle polis, et vivre les
transformations actuelles en acteurs solidaires,
pour retrouver ensemble les chemins de
l’espérance et de la communion, du langage
prophétique et de la solidarité courageuse.»
Quelles sont les implications
de ces deux aspects ?
Vivre avec nos racines est une invitation claire à
retourner à l’essentiel, au premier amour, au
primat de Dieu, à l’inspiration première des
fondateurs et fondatrices. Il s’agit de repartir du
Christ dans l’espérance. Cela sous-tend que la
VC en ce troisième millénaire de l’ère chrétienne
devra être mystique ou ne sera pas. Je pense
que c’est cela que nous, les consacré(e)
pouvons apporter à la société actuelle et c’est ce
qu’elle attend de nous : une vie vraiment orientée
vers le Christ, au service de son Règne qui
devient - selon le document “Vie Consacrée” une thérapie spirituelle pour les maux de notre
temps. Elle représente donc une bénédiction, un
style alternatif de vie et un motif d’espérance pour
l’humanité et pour la vie ecclésiale même (VC 87).
Face à la fragmentation des grands récits, les
personnes consacrées sont appelées à
proclamer par leur vie, la pérennité de la
Bonne Nouvelle de l’Evangile. Immergées dans
les cultures de mort qui semblent dominer, elles
doivent témoigner du choix prioritaire pour la vie
humaine, particulièrement dans les moments
cruciaux de son commencement et de sa fin,
pour l’harmonie de la création, pour l'existence
des peuples et pour la paix.
L’image des antennes allumées nous rappelle
la nécessité de travailler notre intériorité et
notre attention pour accueillir les semences
du Verbe présentes dans les réalités de
l’aujourd’hui. Il s’agit d’un travail exigeant et
délicat. Enzo Bianchi, moine italien et prieur
actuel de la communauté de Bose écrit :
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dma damihianimas
ANNEE LVI
Psaume de la "traversée"
Je te bénis, o Père,
pour la soif que tu as mis en nous,
Pour les plans audacieux que tu nous
inspires,
Pour la flamme que tu es Toi-même
Et fais brûler en nous...
Qu’importe si la soif
Reste à moitié assouvie ?
Malheur aux rassasiés ! (D. HELDER)
Je te bénis, Jésus, pour le désir
que tu as mis en nous d’emprunter
la voie de la Vie Consacrée.
Je te remercie pour les Sinaï déjà
expérimentés : la mystique, la vie fraternelle,
la mission prophétique, la conscience
planétaire, la diversité des états de vie.
Avec joie nous nous tenons devant Toi,
renouvelant notre consécration :
Me voici, je suis là, Seigneur,
pour faire ta volonté et vivre en ton amour !
Esprit Saint, révèle-nous les voies de Jésus
pour notre temps.
Console-nous dans les moments de
souffrance.
Soutiens-nous dans les moments de
découragement.
Donne-nous tes sept dons, en particulier la
sagesse et la force,
Afin de bien vivre la traversée.
Trinité Sainte, Dieu-communauté,
Nous te louons et te bénissons
Comme tes filles et fils, serviteurs et
pèlerins,
sur un chemin toujours nouveau. Amen
(Tiré de la relation de Sr. Maria José
Mendes dos Santos sur la planification
2006-2009 de la CLAR à l’occasion du
Conseil des déléguées de la UISG, à
Bangalore le 7-13 décembre 2008)
MENSUEL / MAI-JUIN 2009
«Aujourd’hui, la vie religieuse a besoin d’un esprit
qui lui évitera de tomber dans la répétition et la
monotonie, mais qui la poussera à s’aventurer
avec confiance sur de nouveaux chemins que les
signes des temps lui indiquent, qui l’incitera à
affronter
les vrais problèmes. Et ces vrais
problèmes
sont principalement -et avant tout– d’ordre spirituel,
ascétique, culturel et non d’ordre économique et
institutionnel. Les nouveaux chemins que les
signes des temps nous montrent, nous stimulent
à accepter les nouvelles réalités, à les comprendre, à nous orienter, par conséquent, dans les
directions qui apparaissent. Le nouveau cadre
culturel et pastoral devient le lieu de mission
obligatoire que les éventuels regrets du passé ne
changeront certainement pas. Il est plutôt l’aiguillon
qui fera surgir les qualités que nous avons, en
premier cette espérance et ce dynamisme que
l’Esprit ne cesse pas de nous envoyer. Il s’agit de
lire les signes des temps, d’être des consacré(e)s
conscient(e)s de la potentialité de leur charisme
et de savoir accueillir les dons de l’Esprit, pour
être réellement présents à notre temps et
bâtisseurs des temps futurs.»
En outre, vivre avec des antennes demande à la
VC, la capacité de dialoguer avec la culture de
manière à participer à l’élaboration d’un nouvel
humanisme, où la personne elle-même, est
pleinement actrice. Comme l’affirme le document
“Les personnes consacrées et leur mission dans
l’Eglise”, il s’agit d’arriver à manifester la valeur
anthropologique même de la consécration à
travers les conseils évangéliques, qui laissent
apparaître les valeurs et désirs authentiquement
humains, mais aussi qui relativisent l’humain
«présentant Dieu, comme le bien absolu» (cf. n.12).
Pour réaliser un tel dialogue de manière fécond,
les personnes consacrées doivent faire preuve
d’un “grand intérêt pour l’engagement culturel,
pour l’étude comme moyen de formation intégrale et comme parcours ascétique, extraordinairement actuel, face à la diversité des cultures.
Nous devons avoir le courage d’habiter notre
monde en tant que prophètes et pèlerins en
quête de vérité pour assurer une heureuse
traversée.
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
œcuménisme
Le don de l’unité
Bruna Grassini
Le Concile exhorte tous les fidèles
catholiques à reconnaître les signes des
temps et à prendre une part active à l’effort
œcuménique. Il désire vivement que les
fidèles de l’Eglise Catholique prennent des
initiatives pour promouvoir l’unité des
chrétiens en lien avec celles de nos frères
séparés, de manière qu’il n’y ait aucun
obstacle contre les voies de la Providence.
Il est nécessaire que les catholiques
reconnaissent avec joie et apprécient les
valeurs réellement chrétiennes qui se
trouvent chez nos frères séparés et qui ont
leur source dans le patrimoine commun.
Il est juste et salutaire de reconnaître les
richesse du Christ et sa puissance agissante
dans la vie de ceux qui témoignent pour le
Christ parfois jusqu’à l’effusion du sang.”
(“Unitatis Redintegratio”, 1,4)
Est-ce qu’un corps peut-être divisé? Est-ce que
l’Eglise, corps du Christ, peut-elle être divisée ?
Cette question cruciale a jailli du coeur de Benoît
XVI, lors de l’ouverture solennelle de l’Année St
Paul, dans la Basilique de St Paul hors les Murs.
St Paul s’est écrié de la même manière, en
constatant les divisions dans la communauté des
Corinthiens : « Est-ce que Christ était divisé ?»
“Père, qu’ils soient un, afin que le monde croie”.
Aujourd’hui la nécessité d’une “unité visible”se
fait sentir, surtout dans les régions où les
chrétiens sont en minorité.
Le témoignage de l’Evangile est fortement
affaibli par nos divisions.
Beaucoup de jeunes, dans le monde cherchent à surmonter les murs de l’indifférence,
de l’hostilité. Ils souhaitent que l’engagement
des chrétiens pour la réconciliation dans le
monde soit crédible.
Comment être témoins d’un Dieu d’amour et
continuer à être divisé ?
Tout ce qui est vraiment chrétien n’est jamais
contraire aux valeurs de la foi, il faudrait
même que le mystère du Christ et de l’Eglise
soit vécu de manière toujours plus cohérente.
L’oecuménisme n’est pas un choix optionnel,
mais une “obligation sacrée” décidée par le
Concile Vatican II : “La recherche oecuménique”, affirme Jean Paul II, est une voie
irréversible”. Et Benoît XVI, depuis le premier
jour de son Pontificat, a pris comme engagement prioritaire celui de travailler sans
cesse à la reconstruction de la pleine visibilité
de “tous” les fidèles du Christ.
La “Porte Royale”
Il y a une année, Benoît XVI accueillait une
Délégation de l’Eglise Luthérienne de Finlande,
en pèlerinage à Rome, il a encouragé les
fidèles catholiques et les luthériens à
persévérer dans le partage humble et fidèle
de la prière de Jésus : “Que tous soient Un”.
Elle représente la “Porte Royale” de
l’Oecuménisme, renforce les liens fraternels
et aide les communautés à “dépasser avec
courage” les souvenirs douloureux, les difficultés sociales et les faiblesses humaines
18
dma damihianimas
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
un seul corps dans Ta Main” (Ez.37, 15-28).
C’est une invitation à mieux comprendre le drame
de la séparation entre les chrétiens, et cependant
elle fait entrevoir une vérité pleine d’espérance :
“La nouvelle unité…qu’elle soit signe et instrument de réconciliation et de paix pour toutes les
nations”.
Là où les paroles humaines sont impuissantes, a
affirmé Benoît XVI, “la force prophétique de la
Parole de Dieu nous redit que la paix est possible
et que nous devons être nous-mêmes, des
instruments de réconciliation et de paix.”
Les “Gestes” de l’Unité
qui sont les causes de nos divisions.
A cette occasion, le pape a exprimé un jugement
positif sur le dialogue catholico-luthérien en
Scandinavie, souhaitant que “ce dialogue
permanent édifie notre unité en Christ et renforce
donc les rapports entre tous les chrétiens”.
Certes, l’Eglise est consciente que cette sainte
proposition de réconciliation dans l’unité d’une
seule et unique Eglise du Christ, dépasse les
seules forces et qualités humaines. Pour cela
“elle met toute son espérance dans la prière du
Christ, dans l’amour du Père pour nous, et dans
la puissance de l’Esprit Saint”. (U.R.5).
Cela demande des gestes courageux de
réconciliation, surtout dans les différentes
situations de conflit qui “pèsent” sur l’humanité.
C’est ainsi que s’est exprimé le Pape, accueillant
la proposition de la Corée, avec comme thème
oecuménique d‘année : “Que tous nous formions
Le14 mars 2009, en même temps, à Rome et à
Istanbul, s’est déroulée une célébration solennelle
en mémoire de Chiara Lubich, fondatrice du
“Mouvement des “Focolari”, un an après sa mort.
Dans le monde entier, de l’Egypte aux Etats-Unis,
de l’Afrique à la Pologne et au Brésil, des
rencontres de prière, congrès et moments de
réflexion ont porté l’écho d’une vie toute donnée
pour défendre l’idéal œcuménique de la fraternité
universelle.
Il y a quarante, le Patriarche Orthodoxe
Athénagoras confia à Chiara Lubich une mission
inédite, très difficile : “Etre l’intermédiaire
officielle”du dialogue œcuménique avec le pape
Paul VI, presque huit fois de suite.
Une personnalité ouverte au Dialogue crée des
relations constructives; dépasse l’idée de
confrontation impossible entre des différences
apparemment insurmontables, fait cas aussi de
tout ce qui est juste et vrai et qui construit
l’“UNITE”.
C’est la condition essentielle. Il n’y a pas d’idées
nouvelles, mais des réflexions tirées directement
des textes conciliaires sur l’oecuménisme. Malgré
tout le chemin reste difficile, il sera peut-être
encore long, mais l’espérance nous anime, et
surtout la certitude d’être guidés par l’Esprit, seul
capable de nous faire des surprises, toujours
nouvelles. (U.R. 50).
[email protected]
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
le fil d’ariane
Les langages du corps
Maria Rossi
Le corps humains dans sa merveilleuse
complexité, avec l’harmonie de ses formes et les
interférences de l’esprit qui l’anime, a toujours
suscité et continue de susciter beaucoup de
fascination et d’intérêt. Pour en percer le
mystère, découvrir le fonctionnement et aussi
pour l’aider à dépasser les maladies et les
difficultés qu’il rencontre, de nombreuses
sciences sont venues au jour. Il suffit de penser
aux nombreux secteurs d’étude liés à la
Médecine, à la Biologie et à la Psychologie.
L’apport de ces sciences et les progrès
technologiques actuels ont allongé la vie des
hommes et en ont amélioré la qualité, mais
aucunes d’entre elles n’a réussi à saisir
complètement sa réalité et même si les
recherches avancent, son mystère demeure et
se déplace toujours plus en avant..
La beauté du corps humain, dans sa double
présentation, masculin et féminin, son harmonie,
son fonctionnement, a fasciné toutes les générations, mais en particulier et avec des modalités différentes de celles des scientifiques, les
poètes, les artistes, les philosophes. Les artistes,
spécialement les sculpteurs et les peintres
(Phidias, Michel Ange, Canova etc.), ont laissé
parlé dans leurs œuvres, les fruits de leur
contemplation de la beauté et de l’harmonie des
corps dans leur jeunesse, dans la plénitude de la
vie et aussi dans la vieillesse. Nicodème de la
Pietà Bandini de Michel Ange, considéré comme
l’autoportrait de l’artiste, laisse transparaître
l’intensité et l’harmonie d’une beauté qui sait ce
qu’est vivre et mourir et qui, avec le Christ mort
et sa Mère, est présent par l’amour à la
souffrance du monde.
Le corps humain est beau, habillé mais aussi nu.
La Bible parle de la beauté des hommes, mais
surtout des femmes, comme Esther et Judith,
qui ont utilisé leur beauté fascinante pour sauver
le peuple d’Israël de situations dramatiques. Et
elle nous présente aussi Marie, comme “une
femme revêtue de lumière”. La démesure de la
beauté humaine, comme celle de la beauté de la
création, renvoie au Créateur, à la Beauté
suprême. Dieu n’est pas seulement la Vérité et
le Bien, mais il est aussi la Beauté. Et dans la
création, “à son image il les créa, homme et
femme”. La beauté n’est pas pour l’utile. Elle va
au-delà. Elle est de l’ordre de la gratuité, de la
pure perte, comme l’amour. Elle porte à la
contemplation, à la reconnaissance, à la
communication. C’est la beauté qui sauvera le
monde, écrit Dostoïevski.
Langages du corps et culture actuelle
Le corps a un langage encore peu connu. Il se
fait comprendre quand quelque chose fonctionne mal ou quand il tombe malade. Alors on se
souvient qu’il existe et on se préoccupe de lui.
Cependant, il peut aussi arriver qu’une
préoccupation obsessive de son fonctionnement et face aux maladies possibles, le rende
malade.
Le corps nous parle par sa beauté et son
harmonie, avec son bien-être et sa maladie,
avec ses potentialités et ses limites, en totalité
et par chacune de ses parties et enfin par ses
rythmes. Son langage demande attention,
respect, admiration, contemplation, gratitude.
20
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Dans la culture actuelle, on exalte beaucoup le
corps, mais on lui manque aussi beaucoup de
respect. Les spécialistes des sciences médicales et biologiques, de la génétique et des
biotechnologies, ont le grand mérite d’avoir
prolongé et amélioré la qualité de la vie.
Cependant, dernièrement, fiers des succès
obtenus et poussés par le désir de toute puissance, avec la manipulation génétique aux
conséquences imprévisibles, certains spécialistes ont pris la direction de l’exploitation et
non du respect du corps. Dans une récente
recommandation, le Pape parle vraiment de la
nécessité d’une écologie du corps humain.
Les médias, aussi, en favorisant le goût d’une
culture érotique et en tendant à mettre en
évidence les parties du corps qui rappellent la
sexualité, ne respectent pas l’extraordinaire
beauté qui nous est donnée, comme le
démontrent les chefs d’oeuvre de l’humanité
et le miracle de chaque enfant qui naît, de
l’harmonie de l’ensemble. Mettre en avant de
manière obsessionnelle certaines parties du
corps (bouche, jambes, yeux, seins), en plus
d’en gâter la beauté, cela peut être un
symptôme de déséquilibres et de pathologies
psychiques latentes.
La culture actuelle, aussi avec les modèles
qu’elle propose, montre qu’elle ne veut pas
être à l’écoute du langage du corps. Le corps
demande d’être accepté comme il est, avec
ses limites et ses points forts. Le contraindre à
devenir une baguette anorexique pour correspondre aux modèles proposés, c’est le refuser.
Accepter pleinement sa propre corporéité est
une chose difficile pour tous, mais surtout pour
les adolescents qui, ayant un physique non
conforme avec les critères de la mode,
peuvent réagir de manière dangereuse et
pathologique. Le recours toujours plus facile et
fréquent à des régimes non suivis par un
médecin et peu sûrs, à des crèmes, à des
opérations de chirurgie plastique, pour cacher,
changer certains aspects du corps non
conformes aux règles en vigueur, est tout
autre chose que son acceptation, son respect,
son admiration du corps.
Le recours à ces expédients et aussi l’utilisation
excessive de cosmétiques, de parfums et de
vêtements étrange, est un symptôme de la
difficulté à accepter sa corporéité. Un peu de
parfum, une touche de fond de teint, un
vêtement sur mesure, voilà qui est correct, mais
vouloir cacher ou masquer tout ce qui n’est pas
conforme aux règles de la mode, est un manque
de respect, un refus de sa corporéité. A
l’adolescence et à la vieillesse, ce comportement
est généralement un trouble évolutif, mais à
l’âge adulte, se pourrait être un trouble
pathologique.
Les langages du corps
et la gestion personnelle
Le corps est dans l’ordre de la nature, mais il
s’adapte à toutes les cultures. S’il est bien
éduqué, il peut prétendre à des prestations
inspirées et extraordinaires, soit dans le
domaine sportif ou dans le domaine spirituel.
Il est flexible, mais aussi régulier. Les
habitudes apprises en famille et cultivées
ensuite dans la vie sont relatives à ce que
l’on retient comme important. Qui retient que
l’hygiène du corps est une valeur personnelle
et aussi sociale, apprendra et cultivera de
saines habitudes hygiéniques, autrement il
les négligera.
Les habitudes saines sont respectueuses du
corps. Elles l’aident à se conduire sans faire
de grands efforts, comme avoir un comportement digne et sobre à table, la capacité
d’affronter les intempéries sans en faire une
maladie, la capacité de soutenir un effort, la
possibilité d’être bien sans devoir trop dormir
et sans avaler médicaments et somnifères.
Les habitudes négatives, comme l’absorption
de drogues, porte le corps à ne plus pouvoir
s’en passer et les crises d’abstinence sont
très pénibles.
On voudrait un corps parfait, dynamique,
sans prétentions et sans limites. Avec son
langage, il nous avertit et nous demande de
respecter ses limites et son rythme. Il n’aime
pas les exagérations. Elles le mettent en
21
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
crise. On peut lui demander, dans certaines
circonstances, de travailler 24 heures sur 24,
mais pas systématiquement. Ce n’est pas
respectueux de le nourrir trop un jour et de le
faire jeûner un autre, de le faire courir un jour
et un autre de rester assis à récupérer la
fatigue. Le sommeil est lié au rythme du jour et
de la nuit. Eduquer le corps à avoir des nuits
de sommeil de 6 à 8 heures, c’est lui donner
une habitude qui lui permet de se réveiller et
de se lever sans fatigue excessive. Et ceci
sans rigidité, dans le sens que dormir même
10 heures, quelquefois, cela peut être plus
utile à sa santé que l’utilisation de médicaments.
Durant l’hiver, même si les journées sont
courtes, les moyens mis à notre disposition par
le progrès, comme la lumière et le chauffage,
nous permettent et nous obligent à avoir le
même rythme que pendant les autres saisons.
En cette saison, il arrive souvent d’attraper la
grippe. Selon la médecine psychosomatique la
grippe serait une demande du corps pour ralentir
les activités et suivre le rythme de la saison. Qui
écoute son langage,
diminue un peu ses
rendez-vous et engagements et ralentit son
rythme de travail. Qui n’écoute pas son corps et
se croit indispensable se gave de médicaments
et continue son travail. La possibilité de mieux
connaître les différentes cultures et aussi la
difficulté de guérir certaines maladies par la
médecine officielle, ont donné, dernièrement un
peu de place et de crédibilité à la médecine
alternative, à la médecine psychosomatique,
dérivée de certains savoirs et certaines pratiques des religions antiques, philosophies et
cultures orientales. Elles interprètent les
maladies du corps comme un réflexe face à des
problèmes existentiels non dépassés, non
acceptés ou mal résolus. Avec les maladies du
foie, le corps exprimerait l’insuffisante démonstration de la colère due à la non acceptation du
comportement de personnes particulières. La
colère contenue et presque complètement
cachée s’épancherait à l’intérieur du corps et
serait la cause de certaines formes d’hépatite.
Les maladies des voies respiratoires exprimeraient des difficultés liées au climat du milieu
de vie. Le syndrome prémenstruel serait le signe
d’un conflit avec sa propre féminité. L’urticaire
serait le symbole de la colère et de l’éros qui
affleureraient à la surface et ainsi de suite…
Certaines personnes croient trop en ces
théories et pratiques ; d’autres très critiques les
rejettent totalement ; d’autres encore les
observent et, avec prudence, accueillent tout
ce qui leur paraît utile. Ecouter le langage
symbolique du corps est très prenant. Pour ce
qui concerne la guérison, il est nécessaire
d’engager une réflexion et d’avoir la capacité de
faire un retour sur soi et sur son vécu pour
trouver et élaborer les conflits non résolus. Ce
travail n’est pas toujours possible sans l’aide
d’un guide expérimenté. C’est pourquoi, beaucoup de personnes préfèrent faire confiance à
la médecine officielle, pour approfondir le
symptôme et prendre le médicament adéquat.
C’est plus rapide et aussi plus sûr. Qui utilise la
médecine alternative, ne peut pas non plus le
faire trop ouvertement.
Notre corps est un grand ami. Il nous suit
depuis toujours. Son évolution par phases
successives suit notre vie. Il subit nos conflits et
nos angoisses et s’exalte pour nos joies et nos
succès. Il cherche à ce que nous soyons bien
même s’il ne répond pas toujours à nos désirs
et ne tolère pas nos exagérations. Si nous
écoutons son langage, nous ne cesserions pas
de louer Dieu pour sa beauté, nous serions
respectueux de ses rythmes et de ses limites,
nous n’ingurgiterions pas tant de médicaments
et psychotropes, nous lui donnerions de bonnes
habitudes et une saine rigueur. Mais nous ne
ferions pas de difficultés à lui concéder
quelques transgressions dignes et agréables.
Ce qui peut-être aussi pour lui, une bonne thérapie.
[email protected]
Pour en savoir plus, voir sur internet les articles Médecine
alternative et Psychosomatique dans les revues
spécialisées
n
22
dans le monde
dans lequel nous voudrions
vivre…
23
NE PAS SE PERDRE SUR LA ROUTE
Je fréquente la sixième de collège. J’ai un rêve, celui de devenir
ballerine et de danser dans les plus grandes salles du monde, en
apportant partout le symbole de ma légèreté et de mon art, affiné par
beaucoup de travail et de préparation.… Mais pour le réaliser, je dois
encore beaucoup travailler avec courage, régularité et souvent grande
difficulté...
J’apprends chaque jour en dansant, je sans cesse améliorer ce que
j’ai appris la veille parce qu’il est facile de l’oublier, je dois serrer les
dents et aller de l’avant, même quand je n’en ai pas envie.
La chose la plus importante est d’avancer dans la bonne direction,
ne pas renoncer quand le chemin commence à monter…
La pauvreté dans le monde est un problème qui me touche
beaucoup... J’aimerais contribuer à résoudre ce problème mais je
ne sais pas ce qu’il faudrait inventer.
Le bonheur est pour moi un ensemble de petites joies qui arrivent
l’une après l’autre, une joie rend plus resplendissante ou plus
joyeuse une autre. Comme les perles d’un collier. Il suffit de s’en
contenter.
Martine, 11 ans
24
Le monde dans lequel je voudrais vivre,
est un monde où il n’arrive aucun malheur, où
les enfants comme moi sont écoutés et ne sont
pas traités comme des valises qui voyagent d’une
maison à une autre, d’un pays à un autre.
Il m’est arrivée d’être traitée comme un paquet, comme
ces valises qui, dans les aéroports tournent, tournent sur
le tapis et que personne ne vient chercher.
Quand mon papa a décidé de retourner vivre dans son pays
et a quitté ma maman avec laquelle il se disputait sans arrêt,
ma vie est devenue bien difficile et triste. Ma maman a
commencé à cacher les bouteilles sous le lit et elle les buvait
l’une après l’autre puis elle devenait très nerveuse. Ma famille
s’est éparpillée et pour moi ont commencé les voyages
comme pour un paquet. En premier j’ai été accueillie chez
une tante, puis chez ma grand-mère, puis au bord de la mer
chez une autre tante. Aujourd’hui ma vie a encore changé.
Après quelques séjours à l’hôpital, ma maman va mieux et je
suis retournée vivre avec elle. Elle cherche à faire tout son
possible pour combler le vide de ces années, mais je sais
que ce vide demeurera toujours…
Alors mon monde parfait est celui dans lequel les
familles peuvent vivre plus heureuses ensemble.
Nous, les enfants nous devrions être plus
écoutés et suivis, dans un monde meilleur.
Romina F. 11 ans
25
ENCORE
MARGINALISEES
L’agence de l’Onu, Unfpa, confirme encore cette année la
situation de marginalisation des femmes dans de
nombreux endroits du monde. Des données recueillies
nous constatons qu’une femme sur cinq a subi une forme
de violence. Des vexations affligées de différentes
manières, qui s’accentuent dans les cas de conflits armés
ou en cas de migration quand elles se retrouvent prisonnières
des réseaux d’exploitation des être humains.
D’autres données précisent que les deux tiers des 960
millions d’alphabètes sont des femmes, des filles et
fillettes et que 61 pour cent des personnes touchées par le
SIDA en Afrique subsaharienne sont des femmes ; dans la
région des caraïbes il y en a 43 pour cent et le nombre est
aussi en augmentation en Amérique latine, en Asie et en
Europe de l’Est.
Pour les femmes la durée de vie est inférieure à celle de
l’homme et les taux de mortalité à l’accouchement ainsi
que les pathologies en rapport avec la maternité sont très
élevés.
Des pratiques traditionnelles et culturelles qui ont des
incidences sur la santé en général touchent beaucoup plus
les femmes pauvres.
Sources : Rapport sur l’état de la population 2008
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ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Lecture évangélique
des faits contemporains
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
coopération
développement
Petites ressources
pour la vie
Mara Borsi
Dans différentes parties du monde,
nous sommes, nous, FMA, engagées
spécifiquement dans la promotion
des populations les plus en difficulté.
Le microcrédit est la petite ressource
qui nous permet de redonner
espoir et avenir.
Cet article présente de petits projets, de
petites réalisations pour démontrer
qu’avec peu l’on peut faire beaucoup..
Une opportunité pour les jeunes :
Le Mindoro oriental est la partie orientale de la
grande île de Mindoro (province des Philippines). Elle
confine avec l’île Verte au nord, le détroit de
Tablas à l’est et les îles de Semirara et Panay au
sud. Le nom de l’île est dérivé de “Mine d’or”. Les
Espagnols lui ont donné ce nom en se fondant sur
la légende de l’existence d’une mine d’or.
Sur ce territoire, les FMA des Philippines ont créé
en 2001 une école d’agro-technologie pour
améliorer l’avenir des jeunes indigènes de l’ethnie
Mangyans, en particulier l’avenir des jeunes filles
et des jeunes femmes.
Avec la migration des habitants depuis d’autres
îles, cette douce peuplade a abandonné sa terre
et s’est retirée dans les montagnes. Actuellement,
les Mangyans sont des citoyens de seconde
catégorie et c’est un fait qu’ils sont exploités,
marginalisés et discriminés. On les considère
comme des analphabètes et des sauvages. Ils
vivent en plantant des tubercules et des fruits,
uniques moyens pour eux de se nourrir. Par
manque de connaissance technique, ils ne
parviennent pas à exploiter correctement leurs
terres ni à élever leur bétail. Face à une telle
pauvreté, les FMA ont lancé un projet de
développement en faveur des jeunes qui, pour
des raisons diverses, ont abandonné l’école,
pour les rendre responsables, productifs et
compétents.
Le programme se nomme FAITH, (avoir Toujours
de la Nourriture à la Maison, ce qui signifie une
sécurité alimentaire pour la famille, -rappelons
que “faith” signifie “foi” en anglais- ndt). Les
jeunes apprennent la culture des terres et
l’élevage systématique des poulets et des porcs.
C’est surtout pendant la saison des pluies,-de juin
à décembre-, que l’élevage représente une
opportunité.
Pendant la première partie de l’année, on
encourage la gestion et la produciton du sol.
L’activité est délicate, mais elle représente une
source appréciable de gain du fait que la région
ne dispose d’aucune fourniture de produits
agricoles.
Une fois que les élèves sont devenus autonomes,
le projet les encourage à leur tour à sponsoriser
d’autres élèves pauvres et méritants. Le travail
28
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
est dur aussi à cause des ouragans fréquents qui
frappent l’île., mais le courage n’en est pas
moindre. Celles qui manifestent le plus
d’enthousiasme pour le projet sont les jeunes filles
parce qu’elles perçoivent clairement qu’il s’agit pour
elles d’un moyen de combattre la pauvreté et de
vivre dignement.
responsable qui a pour fonction de remettre
l’argent et de recevoir les remboursements.
Le tout réglementé par des reçus.Au bout de
12 mois, on estime que chaque famille a
remboursé tout l’argent. Après environ une
année, il y aura une nouvelle portée de
porcelets que la famille pourra vendre en
gardant tout l’argent.
Microcrédit de type familial à Kim Son
C’est ainsi que l’activité a été lancée et qu’à
chaque famille on a prêté 3 millions de piastres,
-soit environ 150 euros- pour l’achat d’une truie.
A l‘échéance du cinquième mois, on peut
envisager la vente des premiers porcelets.
C’est alors que chaque famille restituera la
moitié de la somme reçue en prêt : 1 500 000
piastres, l’équivalent de 75 euros. L’autre moitié
sert à poursuivre l’élevage et à servir aux
dépenses de la famille.
Kim Son est un territoire au coeur de la province
de Nin Binh (Vietnam), d’une surface de 163 km².
La situation économique est encore précaire, la
zone fait partie des territoires démunis de la
province. La population est de 171 000 habitants,
avec 39 000 familles.
2098 d’entre elles sont des familles pauvres
qui se procurent la nourriture quotidienne et
le minimum vital en cultivant les champs.
Comme les familles sont nombreuses, la
terre ne produit pas suffisamment pour tous.
Depuis 3 ans, Soeur Madeleine Ngo Thi
Minh Chau avec l’aide d’autres soeurs de
sa communauté rend visite aux familles
pauvres et les soutient par des adoptions à
distance, qui permettent aux enfants de
fréquenter l’école.
Si l’on examine la situation, les FMA ont
récemment cherché et obtenu un financement
de 5000 euros pour promouvoir l’élevage de
porcs (la viande de porc est l’aliment de
base pour la population vietnamienne).
Soeur Magdalena a identifié quelles étaient
les familles disposées à entreprendre l’activité à l’aide du microcrédit.
Plusieurs groupes se sont ainsi constitués,
chacun d’eux composé de 5 familles
pauvres. Chaque famille a formulé une
demande écrite pour obtenir une aide et
s’est engagée à rembourser la dette dans
les 10 mois. Dans chaque groupe on élit un
[email protected]
n
La conscience de plus en plus vive de la
souffrance des personnes et des peuples
contraints à vivre dans la misère, malgré
les grands progrès de la science et de la
technique, nous incite à coordonner avec
transparence notre service et le
développement intégral et solidaire de la
vie humaine.
Avec l’élaboration du document
“Coopération au développement,
Orientations pour l’institut FMA”, nous
réaffirmons que l’éducation est la clé du
développement de la personne et des
peuples, nous renouvellons ce service
dans les rencontres avec les plus
pauvres et l’engagement pour la justice
et la valorisation des cultures
29
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
pastoralement
La mort : un jeu !
Anna Mariani
Les jeunes tiennent à changer les règles du
monde : cette force est depuis toujours
porteuse d’inquiétude mais également de
nouveauté. Quelles demandes s’expriment derrière cette volonté des nouvelles générations,
de rompre avec quelques règles établies ?
Volonté des extrêmes
La tendance chez les jeunes est toujours plus
forte de transgresser toutes les limites, à l’affût
d’émotions sensationnelles et d’expériences
dangereuses. Ils sont nombreux, les jeunes qui
ne distinguent plus la réalité du virtuel. Dans les
jeux vidéo, l’objectif à atteindre est l’élimination
de l’ennemi.
Pourquoi cette volonté des extrêmes ? Qu’est
ce donc qui les pousse à rechercher l’excessif ?
Où certains modes de vie dangereux trouvent-tils leur origine ? Cela va des sports les plus
violents, de l’habillement, des films, à la
musique, aux jeux vidéo, aux sites internet
organisant des suicides collectifs, aux actes de
violence et de harcèlements individuels et
collectifs…
On est passé d’une «société de la discipline» où
l’on se débattait dans les conflits entre ce qui était
permis et ce qui était défendu, à la «société de
l’efficacité et de la performance à tout prix», où
l’on se débat entre le possible et l’impossible,
peut être sans aucune idée de la notion de
«limites» et ce passage esquisse le scénario de
vie des jeunes toujours plus incités à se mesurer
avec plus grand qu’eux, à risquer, à goûter le
frisson de l’imprévu. Il n’y a pas de règles… sinon
raconter et surprendre, frapper à tous les coups,
dépasser toutes les limites, sortir de l’anonymat…
Des faits inquiétants
Des faits d’actualité inquiétants -qui voient des
jeunes comme protagonistes- tourmentent notre
conscience. Il s’agit de jeunes considérés comme
normaux, jusqu’à ce qu’ils commettent un acte
terrible ou qu’ils se livrent à des expériences
extrêmes. Ils vont à l’école, ils ont une famille, ils
sortent et se distraient comme n’importe qui
d’autre, auparavant, ils n’ont pas manifesté de
signes laissant prévoir le danger. Des jeunes
normaux mais «chargés» d’agressivité et d’impulsivité, auteurs de brimades et de violences
fréquentes contre les plus faibles.
Il y a fort peu de considération pour la valeur de
l’homme et l’inviolabilité de la personne, à la base de
ce phénomène. Le psycho-philosophe Galimberti,
essayiste de renom, affirme que «le mot d’ordre
est «tout est possible» en termes d’initiative, de
performance poussée, d’efficacité, de résultat audelà de toute limite, la notion de limite se trouvant
au contraire repoussée à l’infini. Quelle est la
limite entre un acte de folie passagère et une
agression, entre un acte d’insubordination et la
méconnaissance de toute hiérarchie, entre des
stratégies de séduction poussée et l’abus sexuel ?
Transgressez les frontières de la personne et
celles qui existent entre les personnes donneront
lieu à une situation alarmante où l’on ne saura
plus qui est qui ».
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dma damihianimas
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Les jeunes ne sont jamais assez eux-mêmes,
jamais assez comblés d’identité, jamais assez
actifs sauf quand ils se surpassent sans jamais y
parvenir réellement mais en donnant seulement
une réponse aux modèles ou aux performances
impérieuses de la culture d’aujourd’hui, avec pour
corollaire l’appauvrissement de la vie
intérieure, la désertification de la
vie affective, l’insubordination face
aux règles sociales.
L’émancipation a affranchi nos
jeunes des drames du sens de
la faute et de l’esprit d’obéissance, mais les a indéniablement condamnés à l’excès et à
la transgression des limites.
Ecouter et comprendre
Parents, enseignants et éducateurs sont
impuissants face à l’indolence de ces jeunes,
au processus de démotivation qui les isole dans
leurs chambres, pour s’étourdir les oreilles de
musique, face à l’escalade de la violence. Faits
symptoma-tiques comme l’écrit le philosophe
français Benasayag : «d’un avenir dont la
promesse est assombrie et qu’ils affrontent
comme une menace».
L’absence d’un avenir-promesse limite le désir
au présent immédiat. « mieux vaut agir en
s’agitant que perdu dans un océan de tristesse
méditative, parce que si la vie est seulement
une stupide plaisanterie, nous devrions au
moins pouvoir en rire». (Falko Brask,
sociologue allemand).
Des jeunes qui ont cessé de dire «nous», et se
réfugient derrière le pseudonyme d’eux-mêmes
en répétant «je» de manière obsessionnelle.
C’est uniquement avec les copains de la bande
qu’ils ont l’impression de pouvoir dire «nous» et
de le réaffirmer au cours de quelques pratiques
extrêmes qui caractérisent leur comportement
sur un fond marqué par la violence sur les
plus faibles, la pratique de la sexualité
précoce et exhibée sur les téléphones
mobiles et sur internet.
Les jeunes qui mettent en garde contre la
peur des limites préfèrent les transgresser
plutôt que les intégrer ; ils
expérimentent l’incertitude de
l’avenir et s’attar-dent dans une
sorte d’ado-lescence éternelle ;
des jeunes qui semblent crier «où
êtes vous ?»
Ils demandent aux parents et
aux éducateurs de leur promettre
de ne ne jamais interrompre la
communication avec eux, qu’elle
soit bonne ou mauvaise, quoiqu’ils puissent faire.
Il y a urgence pour les éducateurs qui
transmettent les valeurs, mêmes minimes, de
l’éthique quotidienne. Des éducateurs qui
fassent expérimenter aux jeunes ce qu’est le
sérieux et la responsabilité morale dans une
action. Deviner, imaginer à temps leurs
actions, c’est ce qu’ils demandent, ne jamais
omettre de les observer, en particulier lors de
l’adolescence tardive, quand ils sont attirés
par des moments de faiblesse et de
complaisance dans la confrontation avec des
amis plus mûrs.
Quelqu’un qui les «épie» pour les aider à lire
dans leur quotidien, quelqu’un qui réduit leur
sens du risque parce qu’ils savent s’arrêter
face au danger et à la tricherie, quelqu’un qui
les aide à ne pas consumer leurs sentiments
et reconstruit leur perception du sacré. Dans
le désir de transgresser les limites,… il y a un
grand besoin de sacré.
[email protected]
n
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
polis
Nous et la crise économique
Graziella Curti
Le système financier mondial s’écroule à une
vitesse accélérée. Cela survient en même temps
que les autres crises, la crise alimentaire, la crise
climatique, la crise de l’énergie.
Et tout cela n’est pas éloigné de nos existences
personnelles, mais comme chrétiens et comme
religieux, nous sommes appelés à vivre, en
solidarité, ces temps difficiles de notre histoire.
Nous pénétrons sur un terrain inexploré du fait de
cette conjoncture due à la crise profonde - les
conséquences de la crise financière seront
sévères : les personnes se voient plongées dans
une insécurité profonde, la misère et les
privations augmenteront partout, pour la majorité
des plus pauvres. Jusqu’à présent on retenait
que les “très pauvres” étaient au nombre d’un
peu moins d’un milliard. La Banque mondiale
revoit désormais ses estimations et compte 1,4
milliard de pauvres dans le monde.
Le coût de la nourriture a plongé dans l’insécurité
alimentaire des millions de personnes et la
qualité et la quantité de nourriture mise à leur
disposition ont dramatiquement diminué.
Guerre au gâchis
Dans son discours d’investiture comme Président
des Etats Unis, Barak Obama a fait appel à la
solidarité de tous par ces mots : “Nous ne devons
pas tout attendre du gouvenement. Chaque
citoyen est également responsable du moindre
dollar de notre pays”. Il nous faut écouter cette
recommandation et la mettre, chacun de nous,
en pratique.
En réalité sur le terrain, la consommation est
nettement exagérée : par exemple le téléphone,
le nombre de voitures par famille, les longues
communications téléphoniques interurbaines,
l’achat absurde d’eau minérale, la suralimentation par les sucreries et les produits qui ne
correspondent pas à une alimentation correcte,
sans compter une consommation de viande
excessive. En revoyant quelques habitudes,
nous pourrions améliorer la qualité de la vie de
même que celle de l’environnement.
Souvenons-nous que l’eau du robinet est plus
écologique, qu’elle n’a pas besoin de transports
ni de bouteilles qui se transforment en déchets.
De même, dans le domaine de l’alimentation
nous pourrions veiller à sélectionner davantage
nos achats en fonction de critères donnant la
préférence aux produits plus locaux. Cela coûte
moins cher et dans le même temps nous
pourrons acheter des fruits et des légumes de
saison.
Proposons-nous également de mettre en route
les machines à laver seulement quand elles
sont pleines. Moins d’eau, moins d’énergie,
moins de détergents polluants. De même nous
pourrions renoncer à un peu d’énergie en
chauffage et en climatisation.
Cela procèderait d’un bon choix que de
renoncer à un trajet une fois par mois, pour
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dma damihianimas
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
économiser l’essence, une petite contribution
pour remédier à la crise. On pourrait poursuivre
longtemps sur cette question des choix plus
appropriés dans notre vie quotidienne, qui sont
seulement de petites gouttes dans le système
économique mondial : mais l’océan est justement fait de petites gouttes
La crise en marche ne concerne pas uniquement les banques et les gros groupes. Elle
nous frappe tous, nous qui en subissons les
conséquences.
La crise comme mission ?
la réponse de la FMA
En novembre dernier, sur le site web de notre
institut, est paru un document très intéressant,
qui a été mis en ligne pour servir de support à
un forum : ce document a fait l’objet de
réflexions et de discusisons.
Il s’agit de la lettre circulaire écvrite par Mère
Luisa Vaschetti le 24 octobre 1931, pendant la
récession économique des années trente. Nous
rapportons le texte ci dessous, en particulier
pour les soeurs qui n’ont pas accès à internet.
“La crise financière et l’absence d’emploi
nous font entrevoir un avenir qui n’a jamais
été aussi sombre. Maintenant je vous le dis :
même notre propre maison appauvrie, .en
tenant compte des petites réserves alimentaires préparées pour la communauté, ne
pourrait-t-elle disposer quotidiennement d’une
assiette de soupe pour un enfant de l’hébergement ou une pauvre fillette de l’école ou de
l’atelier ? Ce serait déjà une créature en
moins qui souffrirait... avec une économie
bien pensée, une épargne sur la poste, sur le
tramway, la privation d’un livre plus distrayant
qu’utile, ou d’un voyage,.on pourrait peut être
fournir une paire de chaussures ou un vêtement pour une petite fille ?....Courage, mes
soeurs, confions-nous au Seigneur qui sera
toujours notre bon Père si nous sommes
fidèles à nos promesses. Que la crise actuelle
soit pour nous comme une mission, aux frais
de notre égoïsme...”
C’est un texte à commenter en communauté,
en soulignant son fort caractère dactualité.
Aujourd’hui comme à l’époque, nous devons
nous engager à mener une vie sobre, moins
assurée. Parfois, au sein de nos communautés, nous n’avons pas conscience que des
familles ne. peuvent joindre les deux bouts,
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dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Elles ont dit
’La crise alimentaire naît non pas tant du
manque de nourriture que des phénomènes
spéculatifs et de l’absence d’institutions politiques et économiques capables d’affronter
les nécessités et les urgences (Benoît XVI).
Notre société doit devenir une société qui
soutienne la vie et la Planète. La Terre doit
être conçue comme un “super-organisme
vivant”. Deux visions différentes de la Planète
se font face : l’une qui voit la Terre comme
une réserve que l’on peut indéfiniment
exploiter.
dans l’angoisse de ceux qui demeurent
sans travail et dans certains contextes,
de ceux qui n’ont rien à manger. En fait,
nous trouvons toujours notre repas
préparé, nous réussissons aussi, même
avec de grandes difficultés, à avoir
toujours le nécessaire pour vivre et
même parfois du surplus
Le message d’Adèle
Toujours sur le Forum de l’Institut, le 3
février dernier, est apparu le message
d’Adèle, une enseignante laïque de l’une de
nos écoles, qui, avec un regard extérieur, a
fait certaines remarques sur notre style de
vie. Ces remarques ont été comme “un
coup de poing dans l’estomac” et ont incité
bon nombre de nos soeurs à faire leur
examen de conscience sur la manière dont
se vit concrètement la pauvreté.
A ce propos, cela nous parait utile de rapporter
en partie un tel témoignage parce qu’il peut
nous amener à réfléchir sur son contenu.
La seconde vision remonte aux peuples indigènes, ce qui signifie que la terre est comme
Gaïa, “un super-organisme vivant” hautement
complexe et dont l’équibre est fragile. “Elle est
respectée dans son altérité et défendue dans
sa vulnérabilité” (Leonardo Boff, l’un des
pères de la théologie de la Libération).
C
ette crise est aussi une opportunité, parce
elle met l’accent sur un style de vie qui n’est
pas durable sur les cinquante années à venir,
contrairement à ce que l’on a pu en dire. Il
s’agit d’une crise sérieuse, importante, de
type culturel et anthropologique, la première
à être seulement financière ou économique.
Elle peut aussi par conséquent inciter à une
réflexion profonde en vue du changement
(L.Bruni, docteur en économie et finances).
J’ai lu le message si actuel de Mère Vaschetti et
je ne parviens pas à taire une chose qui m’a
beaucoup frappée. Je fais partie d’une
communauté éducative FMA et j’observe la vie
des soeurs. Elles ont fait voeu de pauvreté et
elles se sont généreusement consacrées à la
mission éducative par l’évangélisation. Mais je
ne pourrais pas dire qu’elles vivent dans la
pauvreté. Elles s’intéressent aux pauvres, elles
prient pour eux, elles les aident avec l’argent
qu’elles peuvent avoir en caisse, mais leur vie
personnelle et communautaire me paraît plus
embourgeoisée que la mienne, alors que je suis
enseignante laïque. La pauvreté me fait peur,
rester sans travail serait tragique, mais je n’ai
pas la sécurité de ceux qui ont fait voeu de
pauvreté.... J’aime Don Bosco, je me sens
membre à part entière de la Famille salésienne,
et je voudrais trouver plus d’authenticité dans le
fait que l’on choisisse la pauvreté comme style
de vie consacrée.”
Un partage en communauté sur ces textes
pourrait nous servir à prendre les décisions
ustes pour un style de vie plus sobre au nom de
la solidarité avec les plus pauvres.
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ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
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du monde des médias
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
jeunes.com
“De quelle tribu fais-tu partie ?”
Maria Antonia Chinello et Lucy Roces
«Emo» ou Emotions,
est une nouvelle mode des jeunes,
un phénomène de l’adolescence
né aux Etats Unis et en Angleterre,
mais désormais répandu dans le monde entier.
Certains préfèrent parler de
“nouvelle bande urbaine”.
Le définir n’est pas facile :
Il trouve son origine dans un genre musical
et dans certaines communités sur Internet.
Sous culture ? Peut-être.
A l’origine «emo» est un phénomène musical. Par
ce mot, on nomme en fait une sorte de musique
hardcore punk. Au début il est utilisé pour décrire
la musique de Washington DC, de la moitié des
années 80, et les groupes qui lui sont associés.
Dans les années successives, apparaît le terme
emocore (abbréviation de “emotional hardcore"),
qui fédère d’autres mouvements musicaux influencés par celui de Washington. La dénomination
“emo” veut aussi préciser la volonté du groupe :
“émouvoir” les auditeurs durant leurs exhibitions.
Musique, donc. Mais pas seulement, parce que le
terme “emo” fait encore allusion à des comportements, des convergences virtuelles, une manière de
s’habiller. Le site Whatsemo.com en donne une
définition succincte : «emo» est un «genre musical
qui a influencé la mode». De cette manière, la
musique a déterminé un certain style, un comportement social qui apparaît dans les emo-kids et
emo-girls.
La manière de s’habiller évoquée par la culture
punk, avec les goûts musicaux des jeunes «emo»
semblent trouver dans MySpace un centre virtuel,
un «emo-monde» bien configuré, grâce aux
modalités par lesquelles la musique est
diffusée, mais aussi parce que la place est
laissée à la parole et à la liberté d’exprimer
ses émotions, pour cela, les emo-kids se
connectent à d’autres «emo» du monde
entier. Facebook, Bebo et les autres social
network mettent en marche un vrai “cherche
et trouve” d’amis de la même tribu.
Les emo-kids ne se situent pas en opposition
avec “ceux qui sont en dehors de leur monde”.
Bien au contraire les membres «emo»
prennent une part active à la constitution de
la «emo-identité». Cette manière d’agir des
jeunes qui contribue à définir un nouveau
style, rend le tout fascinant et facilement
accessible. Des vêtements sombres, les yeux
excessivement maquillés, les cheveux raides
avec de longues mèches qui tombent sur le
visage… Voilà les caractéristiques des emokids, ce qui les identifient et permet de les
reconnaître au sein de la société.
Tout cela pour partager des “émo-tions”
fortes, mais aussi controversées. Pour de
nombreux jeunes, en fait, le style «emo»
semble être vu comme une mode pour
«enfants gâtés» qui ont tout et qui s’inventent
des problèmes à partir de rien, pour se faire
plaindre ; mais selon une étude de l’Université du Michigan, «les emo-boys» seraient au
contraire considérés comme des garçons
fidèles, affables et compréhensifs, dont les
filles raffolent. En somme, ces garçons sont
aussi capables d’écrire des poésies, de les
envoyer par la poste (et non par internet) et
d’anticiper les désirs de leur partenaire.
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ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
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dans la mesure où les sujets émotifs et
affectivement plus fragiles pourraient être
réellement attirés, parce que mieux compris
dans leur difficulté à “se dévoiler” et à affronter
leurs problèmes de croissance et de relation
aux autres.
Dans un groupe de discussion online,
EmoCorner.com, une question a rebondi : «Le
suicide en vaut-il la peine ? » La réponse
générale de la communauté virtuelle a été : «Il
ne faut pas le faire. Cherche de l’aide.»
Tout n’est pas perdu
Fiers d’être«emo»
Comprendre les raisons de ce phénomène
culturel qui mobilise les adolescents n’est pas
une chose facile. Surtout parce que les jeunes
concernés semblent fuir tout dialogue vis à vis de
ce qui les touchent dans leur fort intérieur.
Toutefois, il est important de chercher à les
individualiser et à les reconnaître, car si «emo»
veut dire «émotion», on y trouve aussi la racine
grecque du mot «sang», et même si ces jeunes
font attention et privilégient les airs mélancoliques, ils n’apparaissent pas comme des
personnes qui veulent s’autodétruire. Bien qu’il y
ait eu quelques alertes émises par certaines
tendances culturelles stéréotypées, qui affirment
que la culture “emo” serait responsable des
comportements anorexiques et suicidaires des
jeunes.
Une chose étonnante est la présence
chrétienne au sein du monde «emo». Dans le
forum d’ Ultimate-Guitar.com, une communauté
musicale online, quelqu’un a écrit : «Est-ce que
quelqu’un connaît de bons groupes chrétiens
pop-punk ou emo-bands?». Il y a eu 48
réponses.
Le blog Emo365.com a fait récemment une
publicité sur Relient K. Christian Emo Bands
Have Rocked Our Ears, un groupe qui est en
train de se faire connaître par sa musique
chorale, qui utilise les évènements quotidiens et
Un artiste «emo» affirme : «Par définition «emo»
se réfère à quelque chose de pur et de raffinées
dans l’expression des émotions. Le suicide n’est
pas l’aboutissement, comme peut l’être, au
contraire la musique».
Certains chercheurs individualisent réellement
dans l’extême sensibilité un facteur de risque,
37
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
Un projet,
Tous
ensemble
phonétique de la parole swahili jumla qui
signifie “tous ensemble” ou “comme une
unique entité”. Ce terme a été choisi parce
qu’il reflète les propositions de l’équipe de
travail responsable avec la communauté de
la réalisation du projet.
Joomla ! a gagné de nombreux premiers prix
internationaux depuis 2005 :
Joomla ! N’est pas un produit mais un projet.
Né en 2005 d’un groupe de volontaires,
provenant de différents pays et aidés par une
importante
communauté
mondiale
OpenSource.
·
2005: Best Linux / Open
Project
·
2006:
Open
Source
Management System Award
·
2006: Best Linux / Open
Project
·
2007: Best PHP Open Source
Managment System
Joomla ! Est un projet de collaboration CMS
(Content
Management
System)
qui,
littéralement, signifie "Système de gestion des
contenus", c’est une catégorie de software qui
sert à organiser et à faciliter la création
collective de sites Internet.
Source
Content
Source
Content
Voici le site officiel de Joomla ! en anglais :
http://www.joomla.org/
De ce site, il est possible de télécharger la
dernière version en anglais ou dans 48
autres langues et avec l’aide d’un technicien
de procéder à l’installation et à la création de
sites web en deux click !
Avec Joomla ! Il est donc possible de réaliser
des sites Internet dynamiques, c’est gratuit,
pour son utilisation, il n’est pas nécessaire de
connaître des langages de programmation et il
peut être utiliser aussi à des fins commerciales.
Le software est continuellement mis à jour,
comme aussi toutes les autres applications :
les template pour immaginer les contenus;
les composantes, c’est à dire les éléments
ajoutés à partir desquels il est possible
d’ajouter d’autres fonctions pour répondre à
des exigences spécifiques, par exemple, une
galerie de photos, un guestbook, les
fonctions de wiki, des newsletter, etc.
Pour commencer à utiliser Joomla ! Il est
nécessaire de disposer du matériel web
adapté, c’est à dire un nom de dénomination
associé à un espace serveur ayant les
caractéristiques nécessaires au fonctionnement
correct de Joomla !
Le nom Joomla ! est une interprétation
demande pressante faite au monde des
adultes pour qu’il les écoute et ne s’éloigne
pas d’eux.
qui «t’en met plein la tête tout au long de la
journée».
Nos réactions à cette culture «emo»
dépendent de nos précompréhensions :
nous pouvons la trouver lointaine, incompréhensible ou nous pouvons découvrir en
elle, tonalités et paroles qui expriment la
recherche identitaire des jeunes, une
Et ce pourrait être aussi, pourquoi pas, une
chance pour l’évangélisation.
[email protected]
[email protected]
n
38
dma damihianimas
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Liste WWW sites
n
Aux bons soins d’Anna Mariani
[email protected]
Signalisation
de sites intéressants
http://www.icye.org/
Site en anglais, de l’organisation internationale
d’échanges pour les jeunes. Il s’agit d’une
organisation qui encourage la mobilité des jeunes,
l’apprentissage et le service volontaire à l’échelon
international. Informations sur la procédure à
suivre pour y participer et les informations
spécifiques sur les pays adhérents. Le bulletin est
chargeable au format pdf
organisatrices capables de diffuser la culture de
la légalité. La loi sur l’utilisation sociale des
biens confisqués aux maffias, l’éducation à la
légalité démo-cratique, l’engagement contre la
corruption, les domaines de formation anti
maffia, les projets sur le travail et le développement, les activités anti usure sont quelquesuns des engagements concrets de Libera.
Echange de connaissances et d’expériences,
solidarité vers les réalités les plus vulnérables et
une plus grande efficacité dans la pression
politique sont les objectifs essentiels des
engagements concrets d’un réseau international
tourné vers l’affirmation de la légalité.
http://www.who.int/home/i d
ht l
Le site Libera est en 4 langues, italien, anglais,
français et allemand. Libera est un site
coordonnant 1500 associations, groupes, écoles,
réalité de base, engagées sur le terrain dans la
construction de synergies politico-culturelles et
39
http://www.libera.it
Site internazional du WHO - World Health Organisation
Il s’agit d’une organisation soutenue par les Nations
Unies, qui se préoccupe de définir les grandes
lignes d’action en matière de santé et de qualité
de la vie, en les reliant à des stratégies de
développement durable, et dans le contexte de
l’Agenda 21. La Who coordonne le Projet Ville
Saine, qui a pour but d’encourager les interventions sanitaires au sein de la réalité urbaine.
n
40
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
vidéo
Mariolina Perentaler
Oui nous pouvons...
de Giulio Manfredonia
Italie – 2008
Hors concours au festival international du film de Rome 2008 avec le prix L.A.R.A, et une
mention spéciale du jury pour le casting tout entier, il a été accueilli avec des applaudissements
sans fin et désigné comme le “vainqueur moral” du Festival.
Son scénariste, Fabio Bonifacci, avait lu il y a un grand nombre d’années, un article qui racontait
l’expérience d’un syndicaliste et d’une coopérative dans la province de Pordenone. Ce n’était ni
une fable ni une utopie, mais la preuve que si on veut, “on peut le faire”. Le générique même à la
suite du film le réaffirme avec clarté, en expliquant l’origine de l’oeuvre.
“Ce film est inspiré de tant d’histoires vraies : celles des coopératives sociales nées dans les
années 1980 pour donner du travail aux personnes résignées des asiles psychiatriques. Parmi
elles on comptait également la coopérative Noncello di Pordenone, où l’on faisait réellement des
parquets et où les dirigeants disaient “Oui nous pouvons” à leurs employés. Aujourd’hui en
Italie il existe plus de 2500 coopératives sociales qui donnent du travail à près de 30 000
employés diversement capables. Ce film est dédié à tous. “Il nous fait réfléchir, il nous émeut, il
nous divertit. Il est un exemple de ce que peut faire et que sait faire de mieux une belle comédie”.
Certes selon la loi 180, la réalité du malaise est différente de ce que montre le cinéma. “Oui nous
pouvons” est peut être le récit d’une utopie si désespérément optimiste qu’il frise la fable. Il peut
même être considéré comme réducteur face à la complexité du thème, mais son réalisateur
Giulio Manfredonia ne triche pas. Il se meut sur un terrain miné, celui qui sépare la pitié du
respect mais il donne au final un résultat plein et entier. Photographie, costumes, montage,
musique, tout cela mérite des éloges. Par-dessus tout, ce petit groupe d’acteurs inconnus, qui
donne toute son ossature au film. Le film nous confie la perspective d’un rêve et d'un espoir
basés sur des sentiments et sur des valeurs solides. Aujourd'hui il est plus que jamais
constructif Nécessaire
L’événement : Milan 1983
Nello est un syndicaliste gênant et anticonformiste et,
comme tel, il a été invité à diriger la “Coopérative
180”. Il s’est tout d’un coup rendu compte qu’il
s’agissait d’une coopérative de malades mentaux
dont la seule fonction semblait consister à mettre
sous enveloppe et coller des timbres pour le compte
de tiers.
Le professeur del Vecchio, le psychiatre chargé
également de la gestion de l’établissement, lui
explique que tout cela est le résultat de la loi Basaglia : “fermer les asiles et libérer les fous”. Les
familles les reprennent et se mettent en quatre pour
eux, mais si elles ne les reprennent pas, que
deviennent-t-ils ? Personne ne le sait.
Il a créé la coopérative pour en occuper quelques-
uns, mais il n’a pas le temps de les encadrer ; dans
l’asile, il y en a 150 autres”. La fonction de Nello
consiste donc à chercher de nouvelles activités et à
organiser le travail. Il apprend ensuite que les
malades sont sous anti dépresseurs, parce que
comme l’affirme le professeur, “Malheureusement,
la folie ne guérit pas par la loi”. Animé de l’esprit
syndical et d’une grande force d’âme, il cherche à
établir des liens d’amitié avec “ses nouveaux
associés”, qui n’en sont pas moins des malades, et
il s’efforce de connaître leurs capacités et de les
mettre en valeur. Ils se mettent à poser des parquets et après quelques difficultés, cela semble
bien se poursuivre : les offres de travaux augmentent au point de rendre indispensable une gestion
d’entreprise.
Alors il faut définir d’autres postes : on a besoin
41
dma damihianimas
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
Pour faire penser
Pour
faire penser
· Les efforts vers ceux qui se trouvent en
situation de détresse, produisent à plus ou
moins long terme des résultats positifs en
termes de rédemption et d’autonomie de la
personne humaine malgré les problèmes, les
erreurs et les échecs..
Une idée qui naît de la juxtaposition de la
première partie du film avec la seconde : après
un résultat initial; l’expérimentation de Nello
semble définitivement vouée à l’échec, mais
juste au moment où tout semble redevenir
comme
avant,
les
patients
font
une
démonstration inattendue de leur maturité et de
l’expression de leur reconnaissance pour leur
dirigeant.
Il est compris dans le titre même : “Si puo fare” fait
clairement allusion à un fait reconnu difficile sinon impossible - mais qui, grâce à l’engagement
et à la passion, peut se réaliser. Quelque chose
d’utopique, qui n’existe pas mais qui peut devenir
réel si quelqu’un y croit.
Nello ne sait rien de la psychiatrie, mais se laisser
conduire par l’instinct et par une idée simple : “ce que
l’on fait de bien, est mieux même avec eux”, et avec
toutes les difficultés il transforme des malades mentaux
en parquettistes très recherchés. Et cela nous montre ce
qu’est la pédagogie salésienne. Don Bosco l’a résumé
d’une standardiste, d’un président représentatif,
etc. Quelques problèmes se font jour également.
Les associés se plaignent, parce que les anti
dépres-seurs qu’ils sont obligés de prendre les
limitent tant sur le plan du travail que sur le plan
humain. Après bien des discussions, on décide de
changer de médicaments et de thérapie. On se fie
au docteur Furlan qui manifeste des opinions
beaucoup plus libérales. Si la diminution des
remèdes rend les associés plus dynamiques et
plus autonomes, elle réveille aussi leurs désirs et
leurs instincts les moins contrôlables. Le pire arrive :
un certain Gigio, tombé amoureux d’une jolie jeune
fille, ne peut surmonter son humiliation et il se
suicide.
Tout le beau rêve semble disparu et la vie risque
de reprendre comme avant. Nello, démoralisé et
en proie à un sentiment de culpabilité à cause de
cet échec, change de travail. C’est avec tristesse
qu’il prend congé de ses amis et qu’il plonge dans
un monde que tout compte fait, il méprise. De
manière imprévue, les “employés” réagissent : ils
“Oui nous pouvons” ressort donc comme un fil qui
raconte volontairement une trop belle histoire,
presque une fable. Il montre une capacité
d’optimisme tellement obstiné qu’il en paraît
aveugle, et pourtant c’est nécessaire comme le
pain, pour permettre en chacun de nous une
évolution positive, aujourd’hui en particulier. C’est
un film qui veut faire naître en chaque spectateur
l’impression que “Oui nous pouvons...” est une
histoire qui en dit bien au delà de la trame explicite
: la maladie mentale et dans quelle mesure elle est
reliée à l’histoire. L’histoire implique en outre
pleinement la conviction que quoiqu’il arrive,
l’espoir et la confiance sont toujours vainqueurs.
dans son expression célèbre : “faire confiance,
leur redonner confiance en eux - et créer des
possibilités”. On peut le répéter à notre manière
et le démontrer. Le “désastre” vécu par les
acteurs de l’histoire au début de leur travail est
transformé en une ouverture nouvelle : vers
l’originalité et la créativité. Cette ouverture
nouvelle les encourage, en devenant possibilité
et évolution. Il en est ainsi tout le long du film. On
avance par la chute, la crise, l’échec, le retour en
arrière et les rattrapages. Mais à la fin l’efficacité
de la méthode est formatrice, rédemptrice et
fructueuse. En outre, les fruits se multiplient et la
méthode devient contagieuse !!
envisagent et tentent une solution. Ils organisent une
réunion au cours de laquelle ils décident de partir à la
recherche de leur ami et directeur qui, du coup, ne
peut refuser de “retrousser les manches” et de finir le
travail commencé.
Cette fin heureuse - épilogue de l’évènement - a un rôle
générateur comme l’indique la légende : “au bout de
6 mois, survient un groupe d’autres associés en
provenance d’autres hôpitaux psychiatriques, et qui
se joignent aux premiers. Ils sont accueillis par un
“discours” complètement dépourvu de paroles, du
“président associé”. Tous s’embrassent et se solidarisent, prêts à se souder ensemble pour d’autres
propositions de travaux et d’autres aventures.
L’expérience est réussie et l’idée de la coopérative
devient contagieuse. Il ne s’agit pas d’un cas isolé ni
exceptionnel mais d’une méthode qui marche et
porte des fruits”.
[email protected]
n
42
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
le
livre
aux bons soins d’Adriana Nepi
Le temps de l’exil
Giovanni Kirschner
EMI 2008
Contrairement à ce que peut évoquer son nom,
l’auteur est un jeune prêtre italien. Après son
service civil vécu dans le cadre de Caritas et son
Ordination reçue en 1993, et après ses études à la
faculté de Théologie Fondamentale de Milan, il est
actuellement prêtre de paroisse, de deux petites
communes de la province de Trévise et il suit
quelques familles de roms et de gitans résidant
dans le diocèse.
Si l’on se réfère aux sondages, un fort pourcentage
d’Italiens se déclarent catholiques. Mais où sont-tils, dans la grande masse de nos compatriotes,
ceux qui vivent dans la fidélité aux racines
chrétiennes ? Peu d’entre eux se rendent encore
chaque dimanche à la messe, mais également,
parmi ce petit nombre, combien ont le sentiment
d’appartenir à une communauté fraternelle où l’on
s’engage à traduire dans la vie quotidienne les
valeurs de l’Evangile. Au coeur d’un monde qui
élabore à sa manière et à sa mesure ses propres
codes de comportement et son style de vie
délibérément subjectif, les chrétiens se retrouvent
isolés comme des gens vivant hors du temps et
des modes, sans la fierté d’être porteurs d’un
message de salut. Eux mêmes, du moins pour une
partie d’entre eux, ne parviennent plus à entreprendre des actions qui leur permettraient de
s’intégrer à une religion dont ils ne suivent plus que
les seuls rites
Comment contempler cette réalité désormais incontournable, sans être désorienté ou découragé ?
Tout en nous alertant contre le risque de sombrer
dans un pessimisme larmoyant et stérile, l’auteur
nous accompagne dans une lecture rayonnante de
foi des mouvements de l’histoire d’Israël, au
temps de la tragique déportation de Babylone.
Le peuple est devenu un peuple d’idolâtres, et
la main de Dieu s’abat sur lui par le biais de
l’expérience terrible de la destruction et de l’exil.
“Il n'y a plus en ce temps pour nous ni prince, ni
chef, ni prophète, ni holocauste, ni sacrifice, ni
oblation, ni encens ni endroit pour apporter
devant vous les prémices et trouver grâce.”
(ndt : livre de Daniel).
Le temple est détruit, les chants de louanges se
sont tus, tout semble perdu, nous sommes
étrangers au milieu d’étrangers. Mais Dieu abat
pour recréer, Il blesse pour guérir.
De longues années de lente mortification
spirituelle purifiront et affineront graduellement
la foi d’Israël. Ceux ci apprendront que la loi de
Dieu ne se situe pas en dehors de l’homme
mais qu’elle est gravée dans son coeur. Il y
aura une alliance renouvelée, au sein de
laquelle “ils ne devront plus s’instruire les uns
les autres...parce que tous me connaîtront, du
plus petit au plus grand...”
Cette histoire n’est-t-elle pas la nôtre ? fait observer
l’auteur. Aujourd’hui, les chrétiens d’Italie, d’Europe,
vivent leur exil : une minorité interne au sein d’un
monde qui l’assaille des subtiles suggestions de la
culture dominante et risque de l’assimiler à lui. De
notre côté cependant, nous commettons même
l’erreur d’attribuer à ce monde en mutation la
responsabilité de notre difficulté : mode de pensée
affaibli, relativisme, fragilité des relations,
dégradation morale nous ont conduits -disons
nous- à cette situation d’insécurité et d’égarement.
43
dma
damihianimas
ANNEE LVI l MENSUEL / MAI-JUIN 2009
C’est un peu la nuit obscure de la foi que nous
devons tous traverser aujourd’hui.
Si cependant nous ouvrons la Bible, nous
découvrons que la lamentation et l’affliction
d’Israël n’est pas une révolte contre les peuples
oppresseurs mais contre leur propre péché
d’infidélité.
Dieu, personne ne peut le dérober si nous n’en
sommes pas à attiédir les relations avec Lui,
jusqu’à rendre un culte aux idoles que nous
avons fabriquées. Avant de faire un examen
critique des erreurs du monde, il faut nous
demander où nous nous sommes trompés.
Appelés à être la lumière et le sel du monde,
nous sommes parfois devenus un rideau de
fumée qui a obscurci la beauté et la vérité de
l’Evangile.
Sans pessimisme mais avec franchise, le lecteur
nous porte à réfléchir sur la responsabilité
commune, dont aucune catégorie sociale ou
ecclésiale ne peut se sentir exempt. La force de
cette réflexion réside dans le fait qu’elle est
conduite dans la confrontation avec la Parole, sur
le modèle des textes bibliques et surtout des
textes évangéliques. L’Eglise du Christ est
aujourd’hui appelée à parcourir de nouveau la
voie même du Seigneur :
“Rester sur la croix, rester dans l’abandon, sans
pouvoir hâter le temps de la gloire”.
La parole que nous adressons à l’homme d’aujourd’hui pourra lui toucher le coeur plus que par des
certitudes proclamées, en lui faisant comprendre
que nous sommes proches de ses interrogations,
de ses doutes, de la fatigue de la recherche et de
l’attente : plus frères que maîtres. Un Seul, du
reste, est le Maître et Il a voulu se faire notre ami.
Il faut avoir le courage de rester devant le silence
de Dieu, sans fuir : “le silence de Dieu qui parfois
est dans notre coeur, le silence de Dieu qui souvent
nous entoure, dans la cité et dans les pays où nous
vivons... Nous restons devant ce silence sans
résignation ni colère. Nous ne sommes pas
angoissés par l’impossibilité où nous sommes de
retrouver une présence, mais nous sommes dans
l’attente confiante et brûlante que le Seigneur va
venir, qu’il va se faire proche de nous, qu’Il viendra
quand Il voudra et qu’Il sera toujours plus grand et
plus surprenant que tout ce que nous pouvons
imaginer”.
Aujourd’hui, le monde met certainement notre foi à
l’épreuve, mais ce n’est pas seulement un danger à
combattre, un ennemi dont il faut se défendre. Avec
le mot “monde”, l’Evangile identifie parfois une
mentalité, une façon d’être et d’agir qui est l’antithèse du message du Christ, mais voit cependant le
monde comme un objet d’amour infini. “Dieu a tant
aimé le monde qu’Il nous a envoyé son Fils unique”.
Le monde, notre monde, est la réalité dans laquelle
nous vivons, l’histoire parfois joyeuse parfois
douloureuse de notre vie, le réseau de relations
multiples qui nous lient aux créatures que nous
aimons, c’est la grande famille humaine dont nous
faisons partie et dont les multiples diversités ne
peuvent que nous enrichir. “N’ayez pas peur, j’ai
vaincu le monde” a dit Jésus. Avec la force
désarmée de l’amour, non pour vaincre un ennemi
mais comme si on redonnait vie à un fils.
Livre optimiste dans le sens le plus noble du mot,
qui semble pensé et écrit pour insuffler courage et
espérance.
n
44
dma damihianimas
REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE
camille
n
En quel temps
sommes-nous ?
Temps de crise. On en entend parler de partout. Le soir nous nous retrouvons dans la salle
de communauté pour regarder la télévision régionale et alors nous voyons de grands
hommes d’état et de l’économie mondiale qui cherchent à expliquer les événements qui se
succèdent. Ils nous remplissent de sigles et de pourcentages. A la fin nous nous regardons et
aucune n’a le courage de dire qu’elle n’a pas compris grand chose.
Souvent le matin, quand je reste un peu à la conciergerie, je rencontre quelques mamans ou
papas tandis que les enfants entrent dans l’école. Pour moi c’est un beau moment, ils sont
heureux, et à mon âge je ne peux plus me permettre un apostolat actif, alors il me reste le
sourire, parfois le regard étonné parce qu’ils s’habillent d’une façon étrange, et ils sont
contents, me répondant par un sourire et quelques-uns m’expliquent le sens de ce qu’ils
portent, je comprends plus ou moins mais ils me démontrent leur affection et ils apprécient
quand même mon désir de les écouter, car il n’est pas nécessaire de comprendre toujours
tout, l’important est de leur vouloir du bien. A vrai dire souvent je ne sais même pas répéter
les paroles qu’ils utilisent pour indiquer tous les objets qu’ils portent. De mon temps tout était
plus simple, même les jeunes avaient besoin de moins de choses.
Le matin, disais-je plus haut, je m’arrête aussi pour bavarder encore avec quelques parents.
Et finalement les discours ont quelque chose de commun : «Nous ne réussissons plus à faire
face aux dépenses comme avant, j’ai perdu mon travail et je cherche d’autres solutions, mon
mari est préoccupé parce que son entreprise affronte un moment difficile, le paiement des
assurances nous asphyxie».
Là, je comprends ce que signifie la crise. Sans pourcentage, sans statistique, on lit sur les
visages préoccupés de ces parents qu’ils doivent faire attention avec leur budget pour arriver
à la fin du mois.
Ici, je me rends compte qu’il n’est pas possible que dans nos communautés, nous continuions
à vivre comme avant. En effet, même si je me plains et rouspète pour un bien, je dois dire
que même dans ma communauté, nous avons choisi de faire de petits renoncements en
essayant de nous identifier avec ceux qui risquent de se trouver un moment ou l’autre sans
travail et sans maison.
C’est l’heure de la solidarité. Mais nous devons être attentives à ne pas être comme ces
pharisiens qui jettent dans le tronc des offrandes, beaucoup d’argent avec fracas mais qui
n’en font pas plus qu’il ne faut.
Peut-être oublions-nous ce qu’a fait la vieille femme. Elle a donné tout ce qu’elle avait en
mettant toute sa confiance en la Providence qui ne l’abandonnera.
45
DOSSIER :
Cénacle ouvert l’amour plus grand que tout
PREMIER PLAN : Vie consacrée et Mobilité humaine
EN RECHERCHE : Pastoralement La précarité
COMMUNIQUER : Jeunes.com TED - Technologie, Entertainment, Design
La joie est le signe
d’un coeur
qui aime beaucoup le Seigneur
(M. Mazzarello)
casa des dubbi e dei sogni casa
46
LA MAISON
EGLISE
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