Bio - Interview 30 kb

Transcription

Bio - Interview 30 kb
Sebastian
Sebastian a déjà un tel parcours qu’il est difficile d’imaginer que son premier véritable album ne sorte finalement qu’aujourd’hui. Et pourtant il suffit de faire le compte : auteur de
plusieurs EP (H.A.L, Smoking Kills, Ross Ross Ross, Motor) et d’un premier disque réunissant
ses nombreux remix pour Daft Punk, Kelis ou The Kills (Sebastian Remixes), il a également co-produit la bande originale du film Steak avec Sebastien Tellier et Mr Oizo pour lequel il
n’a pas hésité pas à interpréter l’un des rôles phares. Insaisissable, il a également dévoilé une
tout autre facette de son travail en composant une partition philharmonique pour « Notre
Jour Viendra », le premier film de Romain Gavras. Créateur, au même titre que Justice, du son
« Ed Banger», il en est certainement son représentant le plus atypique. Franc tireur iconoclaste, il n’hésite pas à briser toutes les règles en vigueur pour délivrer une techno sale,
violente, qui tousse et crache, une musique à son image, humaine et viscérale. Ultra prolifique et en perpétuelle effervescence, le musicien a réussi en quelques années à redéfinir
l’électro et s’apprête à surprendre une fois de plus grâce à Total, premier album définitif et
fulgurant, qui risque d’en étonner plus d’un. Rencontre.
Quels ont été tes premiers pas dans la musique ?
Sebastian : J’ai toujours baigné dans la musique. Mon frère, Noël Akchoté (célèbre jazzman)
m’amenait très jeune un peu partout à l’écoute de choses très différentes. Je m’y suis donc
mis assez naturellement. À 14 ans, j’ai commencé à bidouiller tout et n’importe quoi sur mon
ordinateur. La culture home studio se démocratisait et, sans trop de moyen, j’ai pu facilement commencer à bosser.
Tu as commencé en faisant du rap, le hip-hop a t’il toujours été une référence?
Toujours, je ne penses pas, mais oui, entre autre. J’ai commencé par le biais d’un ami à bosser
avec un groupe du nom de Cercle Vicieux, un «crew» proche du collectif La Cliqua. J’ai fait
plusieurs instrumentaux pour eux, mais à part quelques rares compiles rien n’est vraiment jamais sorti. Le premier vrai disque sur lequel j’ai travaillé a été « Nik Ta Race » de Jean Louis
Costes. Mon frère et son associé avaient monté le label Rectangle et ont eu l’idée de faire un
disque rap avec Jean Louis, une idée plutôt drôle quand on connaît l’univers du monsieur. Ils
m’ont alors demandé de leurs donner un coup de main sachant que j’étais introduit dans le
milieu. Au final j’ai produit l’album avec Costes alors qu’un an auparavant je me contentais de
porter les cartons pour le label. C’était assez marrant de mixer les deux univers, d’un côté
un truc fort et très barré et de l’autre le rap, qui commençait déjà un peu à ronronner.
Tu as toujours eu un pied dans l’underground…
Bien que le terme « underground » soit un peu trop fourre tout, il est vrai que mon enfance
a été marquée par un désir boulimique de découverte artistique. Noël me trimbalait parfois
avec lui et j’ai croisé très jeune des figures emblématiques dont je ne réalise qu’aujourd’hui
l’importance. Des Straub à Alan Vega en passant par Topor ou John.B.Root, mon adolescence a
été rythmée par des rencontres incroyables et particulières. C’était une chance énorme de
croiser ces gens là, même si à mes yeux, ils étaient surtout des êtres profondément humains
avant d’être de grands artistes pour certains.
Comment s’est passée la rencontre avec Pedro Winter ?
En 2005, j’avais toujours un pied dans le rap mais j’étais en même temps très impressionné par
les Daft et la légéreté avec laquelle ils semblaient travailler. J’ai appris que Pedro (qui était
leur manager) venait de monter son propre label et je suis allé directement le voir avec une
maquette assez éclectique sous le bras. Il m’a rappellé quelques jours plus tard en me disant
que les morceaux rap ne l’intéressaient pas vraiment mais que mon travail en tant que producteur l’avait par contre beaucoup impressionné. Quelques jours plus tard je signais sur Ed
Banger.
Tu parais insaisissable, tu fais assez facilement le grand écart entre underground et
mainstream.
Pour moi il n’y a pas de grand écart justement. Les écarts ne viennent pas de moi, mais
très souvent des autres. Ce n’est pas moi qui voit ou qui créé ces étiquettes, je ne vois
pas ça de cette manière. Ca me semble normal de passer d’un truc à un autre, finalement il n’ y a que la taille de la salle qui change. J’ai grandi dans un univers où artistiquement, la notion de différence entre les «genres» ne se pose pas trop en fait. Pourquoi avoir choisi de faire cette pochette ?
On fait très rarement les choses pour une seule raison : Déja pour moi l’idée du
double qui s’embrasse, ça représente un peu ma vision de l’artiste, c’est une forme de
blague sérieuse sur le rapport qu’il peut avoir à son ego et j’ai voulu jouer là dessus.
Qui plus est, mes premières pochettes étaient un décalque de mon visage, j’ai voulu
suivre cette ligne mais en photo tout en y apportant quelque chose de neuf. Quand on
doit jouer le jeu, on le joue à fond, ou on ne le fait pas. donc par exemple, si on aime
pas sa tronche, on assume, voir on en remet une couche et on la double ! Le noir et
blanc est aussi une envie de briser les codes souvent très colorés de la sphère techno.
La pochette signée Mondino symbolise ce désir total du créateur, l’égo absolu de
l’artiste qui s’embrasse et se dévore lui-même. Même si on sent clairement ta patte, ton style, l’album peut sembler beaucoup plus pop
que tes travaux précédents…
J’avais surtout envie de sortir de la recette «turbine» que je fais depuis 4 ans. J’ai
voulu essayer autre chose comme la pop par exemple. Je ne vois pas les «albums» comme
l’aboutissement définitif d’un gros travail qui me définirait d’une traite, mais comme
un truc parmi d’autres projets encore à réaliser. En gros et comme pour beaucoup
d’artistes je peux assimiler ça à une « période ». je ferais certainement autre chose dans un an ou deux, j’essaierai d’autres genres. Je n’ai pas UNE ligne particulière de
conduite. J’ai aussi l’impression que les tracks actuels sont plus des morceaux fait en
fonction des logiciels disponibles avec une envie de reproduire les tendances ou les
modes du moment plus que d’une envie propre de la part d’un musicien. Alors, le choix
conscient d’aller vers quelque chose de plus doux je ne suis pas sur. Le processus
créatif est parfois complexe, je ne sais jamais vraiment pourquoi je ponds tel ou tel
morceau. J’ai peut-être eu envie de faire un disque qui ferait aussi danser les filles…
Total - track by track
01. Hudson River (Intro)
Un piano entétant et des cordes synthétiques enjouées. La définition de l’introduction par Mr. Akchoté.
02. Love in Motion feat. Mayer Hawthorne
Une version de Kiss sous héro et sous-pitchée avec en prime la divine voix d’une des
plus belles
révélations de l’année.
03. Tough Game (Interlude) Un interlude efficace et sévère. A remixer à l’envie pour le faire durer.
04. Embody
Quand Sebastian attaque le r’n’b, c’est forcément de biais.
Un morceau aux multiples lectures, entêtant et vicié.
05. Ross Ross Ross
« C’est tout simplement mon morceau préféré » S.
06. Fried
Un track down tempo destructuré, neurasthénique et déséquilibré.
Une façon de voir la funk dans une centaine d’années. 07. Kindercut
Une relecture de la disco filtrée et c’est toute la French Touch’ qui renaît.
08. Water games (Interlude)
En Porsche Carrera, sur la One’O’one tu cruiseras et le son de l’autoradio tu augmenteras.
09. Total
Le punk du nouveau millénaire. God Seb the queen.
10. Jack Wire
Un blues électronique survitaminé qui serait parfait pour Beyoncé. Une des plus
belles réussites de l’album.
11. C.T.F.O feat. M.I.A.
Un morceau M.I.A aux commandes, ça ne se refuse jamais.
12. Cartoon (Interlude)
Un vieux Mickey Mouse bourré sur un bateau en pleine tempête
13. Arabest
En Renault 5 tu te gareras et une crêpe au thon rue Montmartre, tu commanderas.
14. Prime
Le générique idéal pour l’arrivée d’une célébrité chez Michel Drucker.
15. Mean games
Quand Sebastian se prend pour DJ Premier, ça ne donne pas forcément ce à quoi on
s’attend.
16. Tetra
Du clavecin médieval qui prend aux tripes.
Une très bonne blague sérieuse racontée en duo avec Gaspard Augé.
17. Motor
Une course de voiture effrénée contre une armada de mutants pendant l’apocalypse
post-nucléaire en 2024. Ni plus ni moins.
18. Night (Interlude)
Un morceau onirique et beau comme une nuit d’été, entre Radiohead et François de
Roubaix.
19. Yes
« Alors c’est Prince, Jean-Michel Larqué et Michel Sardou qui sont dans un bateau…»
Kavinsky. 20. Bird Game (Interlude)
Un cut-up d’oiseaux métalliques façon Penderecki, noir et bruitiste mais finalement
touchant comme la vie.
21. Dog
Du métal «hurlant» au sens propre comme au figuré.
22. Frustra (Outro)
Eructation dadaïste. Allez on le remet !
Propos recueillis par Xavier Magot
[email protected]
www.edbangerrecords.com - www.because.tv