LE QUOTIDIEN DE L`IPRAUS

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LE QUOTIDIEN DE L`IPRAUS
LA LETTRE DE L'IPRAUS
BULLETIN DE L'INSTITUT PARISIEN DE RECHERCHE : ARCHITECTURE, URBANISTIQUE, SOCIETE
L AB O R AT O I R E D E R E C H E R C H E D E L ' E C O L E D ' AR C H I T E C T U R E D E P AR I S - B E L L E V I L L E
ET DE L ' U N I V . P AR I S X - N AN T E R R E — D E P AR T E M E N T D E L ' U M R 7 5 4 3 / F R E 2 4 0 8 C.N.R.S.
JANVIER 2002
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Mise en perspective
Au moment où l’IPRAUS déplore la disparition de son fondateur, Bernard HUET (voir hommage p. 47), avant le remplacement
de son directeur, une nouvelle période s’ouvre précisément devant nous, au seuil de projets nouveaux et prometteurs. Ce sont ces
projets que nous voulons mettre en perspective aujourd’hui, dans cette douzième lettre, afin de pouvoir échanger et discuter avec
les nombreux partenaires que compte l’IPRAUS tant en France qu’à l’étranger.
La première de ces perspectives est évidemment celle de l’installation de l’IPRAUS et de l’Ecole d’Architecture de ParisBelleville, pour la rentrée 2005, dans les locaux rénovés et vastes de l’ancien lycée Diderot, sur le Boulevard de Belleville. La
proximité de la place du Colonel Fabien, l’ancienne “ Barrière de Combat ”, est symbolique de celui que nous voulons mener
pour qu’un pôle majeur de la recherche sur l’architecture et la ville y trouve place. En même temps, cette architecture marquée par
les débuts de l’industrialisation et de la croissance urbaine —et qui devra impérativement être préservée, réhabilitée, remise en
valeur—, montrera comment les savoirs architecturaux, constructifs, urbanistiques, ne sauraient se développer sans une solide
prise en compte des histoires qui l’ont constituée.
L’association de l’IPRAUS avec d’autres équipes de recherche sur l’architecture et la ville, dont nous venons de vivre une première phase expérimentale, doit aujourd’hui évoluer, donner naissance à un processus pérenne d’échanges entre établissements de
recherche et d’enseignement supérieur de Paris et de la Région Ile-de-France, dans une structure toujours affiliée au CNRS et aux
Universités qui lui ont donné naissance, afin de maintenir la dimension européenne, et plus largement internationale, d’un pôle de
recherche fort, multi-site, dont la capitale et sa région ont impérativement besoin.
Si l’IPRAUS ne saurait prétendre à couvrir l’intégralité des questions de la recherche architecturale, il a pourtant la caractéristique
d’avoir associé et confronté dès sa création les disciplines des Sciences de l’Homme et de la Société à celles du projet architectural et urbain. Y sont travaillées autant la dimension temporelle du fait architectural et urbain —son ou ses histoires, sa courte et sa
longue durée—, sa dimension géo-culturelle —la diversité et la comparaison des formes construites selon les aires culturelles—,
autant que sa dimension qu’on pourrait dire interne ou spécifique, spatiale et projectuelle —à savoir comment l’espace est produit
et vécu, pratiqué, représenté, rêvé, projeté, construit, approprié, détourné—, et comment ce processus de bouclage de l’espace sur
lui-même est plus ou moins bien ou mal maîtrisé et enseigné au sein de nos sociétés.
La recherche architecturale et urbaine, initiée il y a une trentaine d’années par quelques passionnés dont nous étions, s’est ainsi
considérablement développée et diversifiée, appuyée par les créations institutionnelles qui progressivement l’encadraient et la
soutenaient, puis par le CNRS qui la prenait en compte. Arrivée au seuil de la maturité, elle n’en garde pas moins de grandes
fragilités, et demande attention, exigence aussi. L’érudition et le travail solitaire, pour respectables et nécessaires qu’ils sont, n’y
suffisent plus ; à nous d’imaginer, de promouvoir, de renforcer aujourd’hui les modes de confrontation, d’échange, de diffusion,
d’initiative et d’invention qui lui sont indispensables ; et, ultime perspective, de transmettre ces savoirs aux étudiants, aux doctorants, aux jeunes enseignants-chercheurs qui assureront l’avenir de nos laboratoires et de nos Ecoles.
Pierre Clément et Philippe Bonnin
Sommaire
• Villes et architectures aux XVIIIe,
XIXe et XXe siècles.
Histoire des transformations
architecturales et urbaines
• Transport et architecture du territoire
• Construction sociale et architecturale
des limites : territoires, seuils,
articulations entre privé et public
• Sciences sociales et architecture
• Architecture de la ville asiatique :
patrimoine et développement urbain
• Villes, Architectures, Patrimoines :
Maghreb et Proche-Orient
• L’Enseignement de recherche
• Derniers ouvrages parus
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Villes et architectures
aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles
Histoire des transformations
architecturales et urbaines
Responsables : Michèle Lambert-Bresson, Annie Térade.
Participants IPRAUS : chercheurs : Karen Bowie, Liliane Dufour, Marie-Jeanne Dumont, François Laisney
doctorants : Frédéric Bertrand, Maria-Christina Costanzo, Ritra Covello, Nathalie Delclaux, Marilyne Doutre, Bogdan
Fezi, Florence Humbert-Dubuet, Valérie Nègre, Amina Sellali, Zeila Tesoriere, Anne Vallières, Antonella Versaci.
Chercheurs associés : Marilù Cantelli (chercheur honoraire), Pierre Pinon (Professeur à l'E.A.P.B. détaché en qualité de Directeur de recherche
à l'Institut d'Art et d'Archéologie).
Partenaires institutionnels : Bureau de la Recherche Architecturale, Ecole d'Architecture de Versailles, Institut d'Art et d'Archéologie, Association pour l'Histoire des Chemins de fer en France (A.H.I.C.F.), Association Française des Historiens de l'Architecture (AFHA), Région Sicilienne Direction de la Culture et du Patrimoine.
La spécificité de ce programme réside dans une approche à la fois historique et morphologique visant à éclairer : les rapports
entre formes urbaines et architecturales, composantes des villes anciennes, de leurs extensions ou de grands projets urbains ou
infrastructurels ; les principes théoriques et pratiques de la conception et les modalités de réalisation de ces formes ; le jeu des
intervenants concourant à les produire ; l'élaboration des règles tendant à les régir.
Prenant en compte au cas par cas les contraintes dictées par le contexte général (démographique, social, économique, politique…)
ou par un programme particulier, cette double approche se fonde sur l'idée que toute forme architecturale ou urbaine répercute en
elle-même une culture commune à la société et à l'époque où elle se concrétise, voire spécifique à certains acteurs de cette société
(culture des maîtres d'œuvre, des maîtres d'ouvrage, des professionnels du bâtiment, des agents des pouvoirs publics…) ; retour,
l'analyse morphologique est apte à éclairer certains de ces aspects, éventuellement mal connus ou mal documentés.
Ainsi, à travers la période considérée, les recherches regroupées dans ce programme visent à permettre de replacer la ville actuelle
et les questions d'aménagement et de projet qu'elle peut susciter dans la continuité des évolutions urbaines enregistrées depuis les
débuts de l'industrialisation. Dans cette problématique, la cartographie urbaine, le dessin architectural constituent à la fois des
compléments indispensables aux données iconographiques ou textuelles disponibles, et des outils d'analyse de ces sources comme
de représentation des résultats. Outre des méthodes et objectifs analogues, ces recherches partagent un terrain semblable, portant
principalement sur Paris et les villes françaises. Chaque fois qu'il est utile et pertinent, elles s’autorisent des comparaisons avec
des exemples étrangers. Un nombre important de thèses (soutenues ou en cours, élaborées par des doctorants rattachés à
l'IPRAUS) s'inscrivent aussi directement dans ce programme.
Au-delà de la première opération ci-dessous présentée, l'un des résultats concrets attendus de ce programme et de la mise en
commun de ses résultats, est d'aboutir à des publications (telles que les “Cahiers de l'IPRAUS") centrées sur un thème transversal.
Chaque parution est prévue pour être accompagnée d'une initiative de communication ouverte sur l'extérieur du laboratoire (journée d'étude ou colloque).
• Les transformations et l'extension des villes françaises au XIXe siècle
Responsable : Michèle Lambert-Bresson
À la construction de la ville s'articulent les problèmes de tracés urbains, de procédures, de règlements et de typologies architecturales. Ce futur cahier (inscrit dans la collection des "Cahiers de l'IPRAUS") s'intéresse plus particulièrement au rôle des plans
d'alignement, des percées et des extensions (planifiées ou non) dans l'évolution des transformations des villes françaises. Le
sommaire prévu est le suivant :
• Introduction : Les villes en France au XIXe siècle : architecture et urbanisme.
• 1ère partie : Architecture.
- Les
équipements
de
la
première
moitié
du
XIXe siècle
dans
le
département
du Puy-de-Dôme (M. Doutre).
- Typologies architecturales d'un quartier neuf à Paris (A. Térade).
- Le premier “ embarcadère ” parisien (A. Térade).
• 2ème partie : Urbanisme.
- La loi de 1807 (F. Laisney).
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- Le Conseil des Bâtiments Civils a-t-il eu une politique urbaine ? Le contrôle des opérations d'urbanisme sous la Restauration et
la Monarchie de Juillet (P. Pinon).
- Les plans d'alignement : Nîmes et Avignon (M. Lambert-Bresson).
- Élaboration d'un plan de lotissement sous la Restauration : spéculation privée et aménagement urbain (A. Térade).
- Naissance d'une commune de banlieue : Batignolles-Monceaux, les lotisseurs font la ville (N. Delclaux).
- Les plans d'extension liés aux enceintes sous la Restauration : Saint-Quentin et Grenoble (P. Pinon).
- La rue Jeanne d'Arc à Orléans : une percée avant Haussmann (M. Lambert-Bresson).
- Paris pendant la Monarchie de Juillet : capitale et “ plaque tournante ” (K. Bowie).
- L'extension de Toulon au XIXe siècle. Histoire d'une transformation (M. Cantelli).
- Les faubourgs de Toulouse : l'extension d'une ville sur un siècle (M. Lambert-Bresson).
- Paris pendant la Monarchie de Juillet : capitale et “ plaque tournante ”.
- L'extension de Toulon au XIXe siècle. Histoire d'une transformation.
- Les faubourgs de Toulouse : l'extension d'une ville sur un siècle.
• La réglementation urbaine dans la formation des villes françaises
Responsable : François Laisney
Cette recherche propose de s'orienter sur le rapport entre les directions centrales, étatiques, et les applications locales, à Paris et en
province.
La réglementation constitue un facteur explicatif puissant des transformations urbaines. Il s'agit d'un thème transversal qui a des
conséquences sur les plans de ville et qui est examiné dans sa capacité à générer et transformer les formes bâties. Il est le reflet de
l'évolution des mentalités et des sensibilités esthétiques. Le travail a déjà été développé sur Paris.
Nous nous proposons, dans l'optique d'un atlas des villes françaises, de réexaminer les grandes directives nationales afin de mieux
observer leurs applications locales. Les exemples choisis suivront les opportunités liées à d'autres recherches localisées (Rouen
par exemple).
Sans volonté exhaustive, la recherche mettra l'accent sur les périodes-clefs pour éclairer les investigations faites dans le cadre de
l'équipe (loi napoléonienne de 1807 sur l'alignement des villes, rôle de la réglementation dans la reconstruction des villes après
1945,
plans d'urbanisme directeurs parisiens de 1957 et 1967, examinés sous l'angle de l'application des directives nationales).Enfin
l'application actuelle de la loi SRU fera l'objet d'une réflexion dans le cadre d'une observation contemporaine.
La coordination architecturale : du règlement urbain au projet de logement, François Laisney et Sibylle Chalet, Plan construction et architecture, 1996.
Règle et règlement : la question du règlement dans l'évolution de l'urbanisme parisien 1600-1902, François Laisney, Bureau de
la recherche architecturale, 1988.
• L'implantation du chemin de fer dans les villes
Responsables : Karen Bowie, Michèle Lambert-Bresson
Cette recherche a pour but d'étudier, du point de vue historique, urbanistique et architectural, l'implantation des gares au
XIXe siècle, et la relation qu'elles établissent avec le centre-ville, notamment au travers des percées que ces relations ont pu rendre
nécessaires.
Remonter à l'origine des transformations apportées par le chemin de fer nous semble indispensable pour comprendre quels ont été
les mécanismes et les problèmes posés par cette infrastructure lors de sa création. En effet, les problématiques d'implantation du
chemin de fer dans la ville posent dès l'origine la question du rapport du chemin de fer, et principalement de la gare, avec la ville.
L'analyse des premières implantations sert de révélateur pour comprendre les choix d'emplacement et leur raison d'être par rapport
au
degré
d'économie
des
villes
dans
la
gestion
urbanistique
de
leur
développement.
Il s'agit donc de définir les conditions qui préfigurent le choix d'urbanisation par rapport à la constitution de stratégies visant la
transformation de la ville à partir de ces implantations, car le chemin de fer apparaît comme support principal de transformation et
d'extension de la ville au XIXe siècle. Deux sites spécifiques d'étude sont actuellement privilégiés.
À Paris, les choix des sites d'implantation des gares étaient souvent liés à ceux des tracés des lignes arrivant dans la capitale. La
présente recherche vise à éclairer les processus décisionnels et les débats ayant présidé à ces choix, qui ont si fortement engagé la
future évolution de la ville et de ses environs. Afin de mieux comprendre l'interaction entre aménagements ferroviaire et urbain, il
s'agit aussi d'étudier l'articulation des gares avec leurs abords et les autres réseaux urbains. L'analyse des documents produits par
les divers acteurs en présence (l'Administration à ses niveaux national, territorial, municipal, les entreprises d'exploitation ferroviaire, les associations de propriétaires et de notables…) permet de mettre en lumière leurs modes d'interaction ainsi que leurs
logiques et priorités spécifiques.
Dans la prolongation d'une recherche achevée en 1999, ce travail prendra pour objet, dans un premier temps, les projets et études
pour une ligne entre Paris et Meaux – qui ont, paraît-il, servi de base à la réalisation du premier tronçon de la ligne ParisStrasbourg. En particulier, les enquêtes menées dans le cadre de ces études sont riches en renseignements sur les structures mises
en place par l'Administration de l'époque afin de prendre connaissance des préoccupations des propriétaires des terrains concernés
par les projets.
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À Avignon et à Nîmes, après avoir dans un premier temps retracé l'histoire de la création des lignes de chemins de fer et des gares
et étudié les transformations de la ville d'Avignon au XIXe siècle, nous envisageons :
- d'étudier les transformations et le développement de la ville de Nîmes au XIXe siècle, à la suite de l'implantation de la gare ;
- de comparer les villes d'Avignon et de Nîmes ;
- de synthétiser l'étude comparative de ces deux villes en l'inscrivant dans une histoire plus générale des transformations urbaines
au XIXe siècle.
Polarisation du territoire et développement urbain : les gares du Nord et de l'Est et la transformation du Paris au XIXe siècle,
Karen Bowie (dir .), Pauline Prévost-Marcilhacy, Pierre Pinon, Philippe Laurent, Plan urbain, AHICF, 1999.
Les formes urbaines liées à l'implantation d'équipement. 1ère partie : Avignon au XIXè siècle, Michèle Lambert, IPRAUS,
MELTM, 1991.
Les voies ferrées et les gares dans les villes. 1ère partie : Avignon. ; 2è partie : Nîmes, du canal au chemin de fer, Michèle
Lambert, AHICF, 1992, 1994.
La ville d'Avignon au XIXè siècle : 1ère partie : Avignon, des projets et des villes ; 2ème partie : la rue et le cours Bonaparte,
Michèle Lambert, IPRAUS, MELT, 1992.
• Aménagement public et privé à Paris dans la première moitié du XIXe siècle : alignements, lotissements et infrastructures
Responsable : Annie Térade
Cette recherche entend prolonger et élargir la problématique de notre thèse (dont la publication est en préparation) : à partir de
l'étude d'évolutions concrètes de Paris, de projets et de réalisations qui s'y sont inscrits durant la première moitié du XIXe siècle,
de l'évolution de la nature et des principes de conception de ceux-ci, des champs et modes d'intervention des acteurs engagés dans
la fabrication continue de la ville, elle tend à mettre en lumière les éléments préparant les conditions de l'haussmannisation.
Dans cette perspective, on s'attachera :
1° à analyser les modalités d'élaboration et de révision du plan d'alignement de Paris sous la Restauration et la Monarchie de
Juillet, ses relations avec les politiques et projets urbains an-técédents, ses objectifs et contenus ;
2° à compléter parallèlement l'inventaire des lotissements (opérations traditionnelles et récurrentes dans la formation et de l'évolution des villes), et à en dégager certains cas marquants (notamment par leur liaison avec des projets ou réalisations ferroviaires
ou infrastructurelles) ;
3° à analyser spécifiquement ces cas sous les aspects des principes de conception des projets, des solutions urbaines et architecturales adoptées, de leurs modalités de réalisation, des catégories d'intervenants participant à celle-ci, des rôles de chacun et des
relations de coopération ou de dépendance éta blies entre eux
Les principales hypothèses de cette recherche sont :
Que le plan d'alignement a pu constituer, outre un moyen d'embellir, d'assainir la ville et d'y améliorer la circulation, un outil
visant à contrôler l'activité spéculative, et qu'en même temps la réalisation de projets publics a pu passer par des lotissements
privés ;
- que lotissements spéculatifs et projets ferroviaires ont non seulement pu être attirés par des disponibilités foncières identiques,
mais encore engager des catégories d'acteurs similaires.
• Les recompositions métropolitaines et le patrimoine territorial des périphéries industrielles
Responsable : Nicole Eleb-Harlé
Participants : Frédéric Bertrand, Amina Sellali, doctorants
Aujourd'hui les cadres territoriaux de l'aménagement se recomposent. Les communes de banlieues tentent de se fédérer en communautés d’agglomération, afin de trouver des échelles de territoire adaptées à des stratégies cohérentes de développement économique et social et de mieux maîtriser les effets de la métropolisation en cours sur leur espace.
Nous interrogerons les projets dont se dotent les agglomérations nouvellement constituées en périphérie de Paris pour affronter ce
nouveau cycle de redéploiement urbain. Nous proposons d’analyser plus particulièrement les contenus et les attendus de ces projets d’une part dans leur rapport à ce que nous avons appris de l’histoire de la formation de ces territoires (logiques de surimposition des trames structurelles, géographie des polarisations, paysages et formes urbaines, patrimoine architectural) et d’autre part
aux outils, cadres de références et compétences mobilisés par les collectivités territoriales et leur partenaires.
Nous chercherons donc :
1) à comprendre comment sont produits, appréhendés, traduits et instrumentés les savoirs relatif aux aspects patrimoniaux et culturels des territoires au sein des démarches de projet urbain des villes de banlieue
2) à développer les questions scientifique et historique liées à l’histoire des cycles de recomposition territoriale en nous appuyant
sur les Atlas réalisés à l’IPRAUS et dans le CEA Architecture Urbaine
3) à débattre, à propos de projets précis, des critères et des outils mis en œuvre, avec les élus, les professionnels et les partenaires
des projets en cours.
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Ainsi il s’agit autant d’interroger la culture, les savoirs faire des architectes-urbanistes que les processus de projet dans lesquels ils
s’excercent. Confrontés à des projets en terme urbanistiques plus qu’architecturaux, quelles sont les problématiques de qualité
spatiale qui émergent ? Quelles sont les compétences requises des concepteurs pour l’élaboration des nouveaux documents
d’urbanisme ? Quelles sont les nouvelles questions que ce contexte pose à l’enseignement du projet urbain et architectural ?
•
Projet d'ouvrage multimedia et de manuel d'analyse morphologique :
Un Atlas des formes urbaines de la périphérie Nord-Est de Paris : formations, transformations et projets urbains. (avec A.
Sellali Architecte doctorante IPRAUS et C.Hanen Architecte urbaniste )
Partenaires institutionnels : Conseil Général de la Seine Saint Denis, Conseil Régional de l’Ile de France, Conseil de Paris, Plaine
Commune .
Les approches morphologiques et typologiques appliquées aux tissus historiques représentent un acquis méthodologique et culturel qui a permis une avancée certaine dans le traitement des centres historiques et du patrimoine urbain des tissus mineurs. Son
extension aux périphéries et confins urbains, aux territoires marqués par l’inachèvement et la fragmentation, doit conduire à un
renouvellement de leur appréhension. Il s'agit d'élaborer des méthodes visant à mieux articuler les échelles et les domaines patrimoniaux incluant les infrastructures, les espaces géographiques et les paysages.
Aussi notre travail consiste à rassembler aujourd’hui les différents documents de cartographie et d’interprétations graphiques,
ainsi que les recherches historiques et les réflexions méthodologiques produits sur ce thème. Leur mise en forme au sein d’un
Atlas est susceptible de valoriser cette approche auprès des collectivités territoriales intéressées. Une première maquette sous
forme d’inventaire cartographique a été réalisée et un CD Rom devrait être mis prochainement au point. Il associera des lectures
diachroniques et des interprétations de l’évolution et des transformations des espaces et des lieux. Ce projet repose sur une approche analytique et didactique qui permet de voyager entre l'univers signifié des cartes et plans et la morphologie des lieux auxquels
ils réfèrent.
•
Périphéries et banlieues : Formes urbaines et architecturales
avec Amina Sellali
Ce projet d’un cahier Ipraus est à l’étude pour la publication d’un recueil d’article des chercheurs de l’IPRAUS constituant un
bilan des travaux de recherches non publiées effectuées à l’Ipraus dans ce domaine.
Des contributions extérieures seront sollicitées, notamment pour des présentations de cas étrangers. Les thèmes retenus sont :
- les modalités de formations et de transformations des périphéries urbaines
- le rôle des infrastructures dans la recomposition des territoires
-les analyses de projets de recomposition d’échelle métropolitaine.
“Les conditions du projet urbain dans la ville de la périphérie : une archéologie des territoires de la banlieue nord-est”,
Nicole Eleb-Harlé, in L'architecture et la ville, mélanges offerts à Bernard Huet, Editions du Linteau, 2000, pp. 89-95.
“Infrastructures et recompositions urbaines. Le Plateau de Romainville, Bagnolet et Montreuil», Nicole Eleb-Harlé,.in Les
Cahiers de l’IAURIF : Trois siècles de cartographies en Ile-de-France N°120 Janvier 1998
De la conception : Les processus de conception urbanistiques et architecturaux à la grande échelle. Coordination et iconographie des projets urbains : Objets, cultures et outils. Nicole Eleb-Harlé,. dir, avec la collaboration de F. Bertrand, I.Grudet, D.
Marcillon doctorant et stagiaires DEA , PIR -Ville CNRS/ IPRAUS.
Conception et coordination des projets urbains, Nicole Eleb-Harlé, Paris, Editions Recherches, 01 / 2000, 180 p.
• Paris, abécédaire d’architecture urbaine
Responsable : Marie-Jeanne Dumont
L’architecture urbaine à Paris, permanences et changements durant les deux derniers siècles, vus à travers le prisme du vocabulaire technique et des intervenants : Il s’agit de mettre en évidence les différentes logiques à l’œuvre dans la conception et la
construction des immeubles d’habitation banalisés qui forment le plus gros de l’architecture urbaine à Paris : logique spéculative
des propriétaires (maîtres d’ouvrage occasionnels ou professionnels), logique édilitaire de la voirie qui réglemente les relations de
la parcelle privée au domaine public de la voie, logique juridique de la mitoyenneté qui régit les relations de contiguïté et de voisinage entre parcelles, logique technique des matériaux et des systèmes constructifs, logiques de l’usage qui ordonnent les plans et
l’introduction des éléments de confort, logique esthétique des modes architecturales. Ces différentes contraintes agissant en des
sens et avec des rythmes assez variables et décalés pour que les cycles de la construction urbaines ne puissent se superposer à
aucun en particulier.
À côté de ces données concrètes, on a fait une place importante aux acteurs : hommes d’État ou hommes de l’art, préfets, administrateurs, édiles, architectes, décorateurs, historiens, critiques, qui à un moment ou un autre ont influé sur la théorie architecturale concernant les immeubles d’habitation à Paris.
C’est donc toute l’économie architecturale de la ville qu’on tente ainsi d’analyser, sous la forme d’un abécédaire comprenant des
essais ou de simples définitions, des aperçus historiques ou des citations, des planches comparatives ou des vues photographiques.
Ce nouveau Tableau de Paris doit paraître à la fin de l’année 2002, aux éditions Gallimard.
« Du vieux Paris au Paris nouveau, abécédaire d’architecture urbaine », Marie-Jeanne DUMONT, Le Débat, nº 80, mai-août
1994.
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• La pensée architecturale de Le Corbusier
Responsable : Marie-Jeanne Dumont
Alors que foisonnent les analyses de l’œuvre de Le Corbusier, les études centrées sur sa pensée architecturale sont extrêmement
rares : phénomène plutôt paradoxal s’agissant d’un architecte ayant tellement insisté sur le statut intellectuel de sa profession et
sur l’importance des concepts et de la culture architecturale dans le processus de création. Cette recherche a commencé par une
enquête sur un thème plastique et architectural qui a obsédé Le Corbusier dans les vingt dernières années de sa vie : la Main ouverte. À la fois projet de monument pour Chandigarh, symbole politique, thème graphique récurrent et signature de l’artiste, la
main ouverte est ici envisagée, comme Le Corbusier le voulait, comme « une pensée politique ». Ce thème a été traité lors d’une
conférence au Musée national d’art moderne, en 1999, et doit faire l’objet d’une publication. Le deuxième axe de recherche est
situé à l’opposé sur l’arc. de la vie de Le Corbusier, puisqu’il s’agit de mettre en lumière très précisément la genèse et les premiers développements de sa pensée architecturale à travers la correspondance échangée avec ses maîtres. Premier volet : la
correspondance avec Auguste Perret ; quelque cinquante lettres échelonnées de 1910 à 1943, et dont on a préparé l’édition critique. Suivront les correspondances avec ses autres maîtres, notamment Charles L’Eplattenier et William Ritter.
•
Architecture, équipements et urbanisme en Sicile pendant le fascisme (1922-1942)
Responsable : Liliane Dufour
Au cours de ces dernières années, la Sicile connaît un développement considérable de la politique patrimoniale qui suppose la
prise en compte des productions architecturales les plus récentes, et en particulier celles de la période fasciste. En vue d'une réévaluation, voire d'une réhabilitation "politique" de cette même production, nous avons entrepris un inventaire des grands équipements et des monuments construits pendant les vingt années du régime fasciste. En tenant compte du fait que ces équipements
ont déterminé très souvent des projets d'aménagement partiels, ou de plus grande envergure, nous avons intégré dans la recherche
tous les éléments d'analyse urbaine qui mettraient en évidence l'émergence d'une pensée de la ville propre à cette période.
On peut reconnaître dans la politique urbaine qui se met en place en Sicile après 1922 cinq grandes phases, qui correspondent
d'ailleurs à des étapes de l'évolution politique du Régime :
1. La politique de l'hygiène publique (eau courante, égouts, électricité, viabilité).
2. La politique des alignements et des embellissements (percées, places nouvelles, axes monumentaux, concours pour les plans
d'aménagement).
3. La politique de l'assainissement, par démolitions ponctuelles ou radicales.
4. La politique de l'habitat social et la création des quartiers "semi-ruraux".
5. La politique "ruraliste" ou le retour à la terre du prolétariat agricole habitant les villes ou leur périphérie ; c'est le début d'une
réflexion sur l'urbanistique "rurale", ultime préoccupation d'un régime confronté aux problèmes de la production agricole et à la
guerre.
Embellir, assainir, démolir et agrandir la ville sont autant d'instruments nécessaires à la politique urbaine et à un développement
contrôlé politiquement et non socialement de l'espace urbain ; c'est également pour le Régime un instrument considérable de propagande, qui se concrétise dans la politique des grands travaux, dans la visibilité et la lisibilité de la production architecturale et
de sa mise en scène dans l'urbain.
• DEA «Le projet architectural et urbain : théories et dispositifs »
L'organisation et l'orientation du DEA sont présentées page 44.
Plusieurs membres de ce programme participent à l'enseignement et à l'encadrement des étudiants, stagiaires et doctorants issus de
ce DEA.
Mémoires de DEA soutenus de 1998 à 2001 sous la direction de Pierre Pinon
• Anne BONDON
L'impact de la création des jardins publics sur l'extension des villes moyennes françaises au XXe siècle, 2001
• Paola CURDO
La bibliothèque publique à la fin du XXe siècle. Disparition de la salle de lecture unique et monumentalisation de la séquence
vers le savoir, 2001.
• Mathilde MOUCHEL
La conversion institutionnalisée. Considérations du Conseil des Bâtiments pour les monuments, 2001.
• Antonio BELVEDERE
Voyage en Sicile : le regard des architectes européens sur la "modernité" (1757-1835), 2000.
• Pierre-Alexandre LAMY
Utilisation des ordres dans la composition des façades des hôtels parisiens aux XVIIe et XVIIIe siècles, 2000.
• Clara SANDRINI
Du rapport du patrimoine des politiques urbaines parisiennes depuis la libération, 1998.
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• Claire JUILLARD
Florence (1864-1877), de l'influence haussmannienne en Italie, 1999.
• Etienne LENA
Le rôle du parcellaire dans la production de la Société des Plans Régulateurs, 1999.
• Antonella VERSACI
L'origine de la loi sur les secteurs sauvegardés : intentions et objectifs dans la pratique des îlots opérationnels, le cas Lyon,
Rouen et Paris (Le Marais), 1999.
• Rita COVELLO
Le projet pour le nouvel Hôtel-Dieu : analyse des changements de l'île de la Cité au milieu du XIXe siècle, 1998.
• Nathalie DELCLAUX
Régularité délibérée et régularité progressive des "Villes nouvelles" de la périphérie parisienne sous la Restauration (18151830) : le cas de Beaugrenelle et des Batignolles, 1998.
• Florence HUMBERT-DUBUET
La banlieue parisienne au XIXe siècle, acteurs et processus de formation : le cas de Boulogne-Billancourt, 1998.
Mémoires de DEA soutenus sous la direction de Nicole Eleb
• David MARCILLON
Détours cartographiques en architecture. Outils cartographiques et culture architecturale. Objets et enjeux chez Venturi, Fortier et
Koolhaas, 1997.
• François NOIR
Constitution et spécificité du réseau autoroutier français. La question des origines et les conditions du démarrage 1955-1975,
1998.
• Vo VIET-SON
Les projets d’habitat dans les transformations urbaines de la périphérie de Saigon-Cholon, 2001.
• Thèses en cours sous la direction de Pierre Pinon
• Nathalie DELCLAUX
Fabrication et transformation des paysages urbains de Beaugrenelle et des Batignolles - Processus contrastés de lotissements
dans la première banlieue parisienne au début du XIXe siècle
Cette thèse a pour ambition la compréhension des modes de fabrication de la ville et de leur évolution. Elle a pour cadre la banlieue naissante de l'ancien Paris dans la première moitié du XIXe siècle et intéresse une étape décisive de la croissance de Paris,
celle qui précède et préfigure les transformations d'Haussmann. Elle établit un parallèle entre les nouveaux villages de Grenelle et
des Batignolles, tous deux nés en bordure de Paris par lotissements privés de vastes territoires en culture devenus Biens Nationaux à la suite de leur confiscation sous la Révolution. Ces deux exemples sont le terrain d'une réflexion sur la coexistence dans
une unité de temps et de lieu de processus de lotissements opposés, et sur les formes urbaines qu'ils produisent.
En effet, si les quartiers de Paris qu'ils sont devenus présentent aujourd'hui des similitudes dans le caractère de leur paysage urbain (géométrie orthogonale de leur plan, typologies de bâti, éléments de composition urbaine tels que la mise en perspective
d'édifices singuliers), les processus qui ont présidé à ces figures sont totalement opposés. Le quartier des Batignolles dont on
pourrait croire qu'il a été projeté en tant que tel s'est réalisé par juxtapositions de multiples fragments au gré des opportunités
foncières, répondant au fur et à mesure à des demandes réelles. A l'inverse, le projet du "Nouveau village de Beaugrenelle" est
programmé dès le départ dans sa globalité par son initiateur. Le plan régulier originel, au maillage extrêmement large, évolue par
densification sans extension de territoire et subit des transformations pour s'adapter aux nécessités économiques et sociologiques,
rejoignant en quelque sorte les Batignolles.
La réflexion se place principalement d'un point de vue morphologique et porte sur les notions de régularité (régularité progressive
et régularité programmée), ainsi que sur les mécanismes de croissance, de transformation et d'adaptation, et sur les échelles de
planification.
• Marilyne DOUTRE
Modalités de transformation de la ville au début du XIXe siècle en Auvergne : l'édifice public et son espace urbain - pouvoirs et
conflits.
Entre la persistance des formes urbaines médiévales et les transformations amorcées au XVIIIe siècle, les édiles et les architectes
parviennent, au sortir de la Révolution, à composer un nouveau cadre architectural et urbain dont ce travail se propose de circonscrire l'origine, le développement et les limites, jusqu'aux années 1850. Les bâtiments publics - essentiellement départementaux - et
les travaux d'urbanisme dans les chefs-lieux d'arrondissement et de département forment le corpus.
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Le terrain d'étude, qui comprend les quatre départements de la région Auvergne, permet d'établir des comparaisons et aussi de
définir des aires correspondant à certains programmes dont la portée dépasse les bornes administratives déterminées par l'entité
départementale. Il pre nd également la mesure de l'influence des anciennes juridictions et délimite de nouveaux territoires, enjeux
de pouvoirs urbains.
La première partie, préalable à l'analyse des transformations architecturales et urbaines, est consacrée à l'étude du cadre institutionnel et de ses acteurs : Ministre de l'intérieur, Conseil des bâtiments civils, préfets, architectes. L'aspect réglementaire est largement prédominant : présent tant dans les aspects architecturaux qu'urbains, depuis la conception jusqu'à la réalisation du projet,
il façonne la manière de concevoir et d'intervenir.
Dans une seconde partie, l'analyse urbaine présente les modalités d'implantation des édifices publics dans les villes : il s'agit, à
partir des avis émis par différents acteurs responsables de la production architecturale, de comprendre ce qui motive le choix d'un
site et d'un parti, et d'en évaluer les retentissements urbains en s'appuyant sur l'étude du cadastre napoléonien, reflet de l'état des
villes au début du XIXe siècle, support des plans d'alignement et d'extension.
Enfin, la période choisie est suffisamment longue pour permettre d'apprécier l'évolution de la production architecturale en termes
d'influence et de style, en faisant la part de ce qui relève de la formation des architectes (écoles de J.N.L. Durand, de Percier et
Fontaine) et du processus de contrôle du projet par le Conseil des bâtiments civils.
• Valérie NEGRE
Matériaux et techniques de construction du bâtiment dans la région toulousaine : le rôle de l'industrialisation de la terre cuite.
Ce travail étudie le développement des matériaux et des techniques de construction, et plus particulièrement des produits standardisés pour le bâtiment (éléments moulés en terre cuite, menuiseries, ferronneries…). Il tend à montrer comment les nouvelles
techniques de production mises en place au tout début du XIXe siècle, qui ne coïncident pas encore avec une mécanisation complète du travail et une production industrielle de grande série, conduisent néanmoins à la production d'éléments normalisés (de
dimensions et de formes prédéterminées) qui font évoluer la pratique des professions du bâtiment, et notamment celle des entrepreneurs, architectes et ingénieurs.
Considérant l'émergence de la publicité sous forme de catalogues, de brochures, de séries de prix…, l'étude de la forme et de la
structure de ces documents fait apparaître les liens étroits qu'ils entretiennent avec les manuels techniques ou les recueils d'ornements ou de collections. On peut donc montrer leur rôle actif dans la circulation et la diffusion des savoirs et dans l'évolution des
pratiques des métiers.
Enfin, le développement des techniques et des matériaux de moulage, amorcé au XVIIIe siècle en de nombreux domaines (médecine, botanique, art, collections…), est un fait marquant du XIXe, dont on interroge les effets en termes de déplacements entre les
notions d'imitation et de reproduction technique.
• Amina SELLALI-BOUKHALFA
Sous la ville, jadis la campagne : le rôle prépondérant des intérêts privés dans l'urbanisation du XXe arrondissement (18201902).
Face aux bouleversements du paysage parisien consécutifs à l'entreprise haussmannienne, le “ caractère banal ” de la constitution
de certains arrondissements périphériques de Paris, notamment ceux de l'est, n'a pas retenu l'attention des chercheurs. Des transformations profondes ont pourtant radicalement bouleversé la physionomie de ces territoires puisqu'en l'espace d'un siècle, on est
passé de la campagne à la ville, sans intervention majeure des pouvoirs publics.
L'objectif de la recherche est de comprendre les mécanismes de fabrication de ce type de tissu ordinaire où la puissance privée
prend l'initiative. Il s'agira de comprendre comment les lotissements privés, qui se sont multipliés tout au long du XIXe siècle
dans le XXe arrondissement, ont concouru à son urbanisation.
Un questionnement sur l'appartenance socioprofessionnelle des lotisseurs et des acquéreurs, sur leur origine géographique, l'examen des diverses formes que les lotissements ont prises… sont quelques-uns des axes de recherche développés. Les cahiers des
charges qui accompagnent les mutations successives sont étudiés car les conditions qu'ils contiennent, soit par leur réduction à la
plus simple expression, soit par des prescriptions plus rigoureuses, ont fortement marqué l'espace urbain jusqu'à nos jours. Ils
illustrent en outre le paradoxe qui anime les lotisseurs : d'une part, la volonté de créer la ville, donc d'œuvrer pour la collectivité ;
et d'autre part, l'espoir de tirer un profit personnel des transactions foncières.
Le lotissement apparaît comme le lieu où se cristallise le contraste entre in-térêt privé et intérêt public, sa carac-téristique première et essentielle est l'ambivalence. Les lotissements en tant que premières formes urbaines présentent un double intérêt : ils
apportent un éclairage sur un type de transformations morphologiques de l'espace (voirie, parcellaire et bâtis nouveaux), et sur les
procédures foncières qui sous-tendent une phase du passage du rural à l'urbain.
• Antonella VERSACI
L'origine des secteurs sauvegardés
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La loi française du 4 août 1962 a posé pour la première fois la question de la sauvegarde des quartiers historiques, avec trois buts
essentiels : sauvegarder les cœurs de villes présentant un intérêt historique, artistique et culturel ; rendre habitables des logements
anciens insalubres ; créer des dispositifs financiers incitatifs. Mais l'application a donné des résultats sinon insignifiants, du moins
lents et contradictoires.
A travers l'analyse historique des secteurs sauvegardés de première génération et de la prise de conscience du patrimoine urbain,
l'objectif de cette thèse est de dégager l'état des conceptions patrimoniales de l'époque, leur mise en pratique, leurs erreurs et leurs
réussites. Cela est utile pour cerner les politiques à suivre aujourd'hui dans le cadre de la sauvegarde et de la mise en valeur des
centres historiques, ainsi que pour aborder les relations entre les aspects juridiques, historiques, financiers dans leurs rapports
avec l'architecture et l'urbanisme.
Ce travail s'appuie essentiellement sur trois hypothèses :
1° Pour la loi Malraux, “ l'ensemble urbain ” est encore une addition, car elle se fonde sur un élargissement de la notion de monument historique à l'architecture plutôt qu'à l'urbain ; isolant arbitrairement des parties de ville, elle s'est de fait intégrée dans la
politique moderniste du zonage, avec les mêmes effets de ségrégation.
2° Les architectes en chef des Monuments historiques, chargés des premiers secteurs sauvegardés, n'avaient pas les compétences
pour la gestion du patrimoine urbain ; l'histoire de l'architecture en France était encore héritière de la tradition académique des
Beaux Arts, rares étaient les études théoriques et historiques sur la ville.
3° Les enjeux économiques semblent avoir été plus forts que la conception patrimoniale : les orientations des ministères de la
Construction ou des Finances ont dominé celles des Affaires culturelles ; avec les “ îlots opérationnels ” et les curetages, l'image
de “ quartier historique ” a été moteur d'une reconquête des centres-villes par les classes favorisées.
• Frédéric BERTRAND
Architecture et formes urbaines des nécropoles métropolitaines. Approche comparative de territoires en mutation.
• Maria-Cristina COSTANZO
L'aménagement du territoire français par les interventions des ingénieurs des Ponts et Chaussées.
• Rita COVELLO
Architecture et espaces publics sur l'île de la Cité : le rôle de E.-J. Gilbert.
• Bogdan FEZI
Bucarest et l'influence française : entre modèle et paradigme urbain (1831-1921).
• Florence HUMBERT-DUBUET
Limites et extension du Paris d'Haussmann : les bois de Boulogne et de Vincennes, prémices d'une métropole ?
• Zeila TESORIERE
Le rôle du projet de logement dans les modifications de la ville contemporaine. Exemples en France et en Italie (1970-2000).
sous la direction de Pierre Pinon et de Cesare Ajroldi.
• Anne VALLIERES
Protection et réappropriation de la ville héritée : analyse comparative du cadre d'intervention dans les centres historiques.
• Thèses soutenues sous la direction de Pierre Pinon
• Didier LAROQUE
Les idées de Piranèse. Nouvelle traduction, présentation et discussion de Ragiomento apologetico in difesa dell'archittetura Egiza e Toscana (1769), thèse soutenue le 22 octobre 1997 (Mention : Très honorable, avec félicitations à la majorité du jury).
Slawomir SWIECIOCHOWSKI
Fortifications napoléoniennes des villes portuaires; leurs stratégie, tracé, architecture et conséquences urbaines à Gdansk et en
Europe, thèse soutenue le 6 juin 1998 (Mention : Très honorable).
• Annie TERADE
La formation du quartier de l'Europe à Paris : lotissement et haussmanisation (1820-1870)
10 janvier 2001 (Mention : Très honorable, avec félicitations à l'unanimité du jury)
Une ombre relative recouvre souvent les évolutions antérieures à l'œuvre du Second Empire. Pourtant, si l'haussmannisation de
Paris est le “ moment où change la ville ” (M. Roncayolo), celle-ci a-t-elle pu créer au-delà des outils législatifs, réglementaires,
institutionnels… les formes urbaines, les acteurs et les coopérations fondant sa mise en œuvre ? Au processus de formation du
Quartier de l'Europe, grand lotissement parisien de la Restauration modifié en 1837 par le premier chemin de fer parisien puis par
de grandes percées sous le Second Empire, on a confronté l'hypothèse que l'haussmannisation, sans faire table rase des formes
urbaines et architecturales et des modes d'urbanisation antérieurs, a pu les réorienter à ses fins.
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Partant de documents d'archives, on a visé à reconstituer les principaux projets et réalisations, leurs principes de conception, les
objectifs, conflits ou collaborations de leurs acteurs. L'analyse des tissus s'est fondée sur les notions de la morphologie urbaine.
Opération d'initiative privée, mais aussi pour la Ville champ d'affirmation d'objectifs urbains généraux, le grand lotissement, simple spéculation foncière pour l'un de ses promoteurs, s'inscrit pour le second et pour le successeur du premier en parallèle de projets liés au développement des échanges (entrepôts, chemin de fer) - ce qui préfigure les interventions combinées ul-térieures des
Pereire. Spéculative aussi pour une majorité d'acquéreurs de lots à bâtir, la construction y repose sur un “schéma promotionnel”,
où le bâtiment est marchandise avant d'être bien d'usage. Cette construction spéculative favorise ici l'édification d'un habitat "haut
de gamme", et dominera encore avec le même effet dans la construction des rives des voies haussmanniennes.
Obéissant à de grands buts de l'haussmannisation (dégagement et liaison des gares, “assainissement” des faubourgs
“défectueux”), les voies nouvelles créées, réalisées selon diverses procédures déjà connues (lotissement, concession, régie, marché à l'entreprise), réorientent les axes de croissance du quartier et de Paris. Cependant, les héritiers des premiers lotisseurs une
fois évincés au profit d'intervenants proches du régime, la construction dans le quartier repose toujours sur le principe du lotissement, que celui-ci soit conduit par la Ville, un concessionnaire ou un sous-acquéreur de l'une ou de l'autre.
Transport et architecture du territoire
Responsables : Pierre Clément, André Peny
Coordination : Sabine Guth , Anne Grillet-Aubert
Comité scientifique : Karen Bowie, Pierre Clément, Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth, Antoine Grumbach, Isaac Joseph, François Laisney,
David Mangin, André Peny, Philippe Villien
Participants IPRAUS : Karen Bowie, Nicole Eleb, Isaac Joseph, François Laisney, Michèle Lambert, Eliane Nicolino, Philippe Revault, Annie
Térade
Participants extérieurs : Thierry Bloch (E. A. Nancy), Nicolas Bonvalet (AREP), Michèle Collin (TMU), Gabriel Dupuy (Université Paris X),
Vincent Fouchier, Joseph Jonkhof, Yo Kaminagaï (RATP), Anne-Sophie Lebreton (RATP), Yan Le Gal, David Mangin (ENPC, E.A. Marne la
Vallée), Bert McClure (EDF), David Mangin (ENPC, E.A. Marne la Vallée), Béatrice Mariolle (E. A. Paris La Défense), Jean Ollivro (Université de Haute Bretagne Rennes II), Aleth Picard (E. A. Normandie - GEVR ), Corinne Tiry (AVH, E.A. Lille), Philippe Villien (E. A. ParisBelleville), Marc Wiel (ADEUP).
Partenaires institutionnels : PREDIT, DRAST, MELT, Bureau de la Recherche Architecturale, Ecole d’Architecture de Rennes, Ecole
d’Architecture de Versailles
Partant du constat des dysfonctionnements engendrés par la disjonction entre aménagement de l'espace et développement des
transports, ce programme propose de constituer un cadre pour une réflexion concertée sur les interactions entre transports et architecture du territoire. Pour cela, nous considérons l'espace du transport comme élément d'une morphogenèse du territoire, composante du paysage et moyen d'une reconquête de l'espace public.
• Etat des lieux et perspectives de recherche : 2000-2001
En octobre 2000, l’IPRAUS a été chargé par la DRAST d’une recherche portant sur les transports et l’architecture du territoire,
ayant pour objet une synthèse d'études réalisées dans le cadre du programme de recherche du PREDIT 1996-2000 et le cadrage de
nouveaux axes de recherches, spécifiques d’une approche architecturale des transports. La synthèse portait sur des études concernant principalement trois axes thématiques : les lieux de transport, les phénomènes de métropolisation, de péri-urbanisation et de
transformation de la grande distribution, et enfin l’évaluation des effets externes des transports.
Transport et architecture du territoire. Etat des lieux et perspectives de recherche, Pierre Clément, Anne Grillet-Aubert, Sabine
Guth, PREDIT, DRAST, MELT, IPRAUS, oct. 2001.
• Séminaire Transport et architecture du territoire. Etat des lieux et perspectives de recherche.
Pierre Clément, André Peny, Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth
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Programme et contributions (par ordre de prise de parole)
7 février 2001 - L’INTERFACE TRANSPORT / VILLE. Insertion paysagère des espaces de la mobilité.
Isaac JOSEPH: Insertion paysagère des espaces de la mobilité
Nicolas BONVALET: Insertion paysagère et urbaine des lieux de mobilité
Béatrice MARIOLLE: Le minimum construit à Gières
Yan LE GAL: Circulation et paysage
Yo KAMINAGAI: Espaces d’accompagnement
21 mars 2001 - VOIRIE, RESEAUX ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE.
Réseaux de transport et organisation des territoires
Gabriel DUPUY: Le système automobile
David MANGIN: Infrastructures, formes urbaines et architecture
François LAISNEY: L'espace public comme culture de résistance à l'automobile
Aleth PICARD: Conception de la voie publique et tramway
4 avril 2001 – GRANDS EQUIPEMENTS DE TRANSPORT ET RESEAUX DE VILLE
L’impact des réseaux de transport à dif-férentes échelles
Karen BOWIE: Choix d’implantation des lignes et des gares de chemin de fer
Jean OLLIVRO Les enjeux du nouveau maillage territorial
André PENY Marchandises, ports et aéroports : une introduction
Michèle COLLIN Aéroports et villes portuaires
2 mai 2001 – DENSITES URBAINES, TRANSPORTS ET MOBILITES
Réseaux de transport et étalement urbain
Vincent FOUCHIER: La densité urbaine en Ile-de-France. Politiques de maîtrise des densités: une comparaison internationale
Joseph JONKHOF: La politique d’aménagement du territoire aux Pays-Bas
Bert MC CLURE: Du développement durable au Smart Growth aux Etats-Unis
Marc WIEL: Formes et intensité de la péri-urbanisation et rapports avec la mobilité
Philippe REVAULT: Pôles d’échanges et développement de quartiers environnants
• Transport et architecture du territoire : 2000-2003
L’objet du nouveau programme est de constituer un cadre de réflexion concertée sur les interactions entre transport et architecture
du territoire, dans l’idée d’améliorer la connaissance de ces rapports et ainsi d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la planification de la ville et des territoires. Une première étape consistant à élaborer le programme et à définir les conditions de sa mise en
œuvre (actions, acteurs, problématiques de recherche, méthodes…) est actuellement en cours. L’IPRAUS sera ensuite chargé de
coordonner et de mener les travaux de recherche prévus dans le cadre de ce programme.
L’équipe chargée de mener ce projet de recherche concertée se compose de chercheurs de l’IPRAUS et de chercheurs associés au
laboratoire. Elle est complétée par une série de consultants extérieurs: chercheurs et enseignants d’autres écoles, mais également
acteurs évoluant au sein de divers organismes institutionnels ou privés concernés par la question des transports ou l’aménagement
de l’espace, tels que EDF, l’AREP, l’ADEUP’a de Brest ou la RATP. La participation de la plupart de ces acteurs au séminaire
“Transports et architecture du territoire. Etat des lieux et perspectives de recherche” (février-mai 2001) a favorisé le développement d’une culture commune au sein d’un réseau de recherche interdisciplinaire et soucieux de faire évoluer la compréhension
des relations à diverses échelles entre espaces et transports.
Trois grands axes de recherche ont été définis et regroupent des chercheurs qui seront amenés à travailler en équipes selon des
modalités diverses qu’il reste à préciser. On privilégiera le développement de problématiques liées à des enjeux contemporains
plutôt qu’à des approches historiques. Chaque fois que cela sera possible, on rapprochera les champs d’investigation de la ville,
de l’architecture et de la mobilité.
Densités et transport : Les nouveaux outils du renouvellement urbain. Formes et territoires
S. Guth (resp.), K. Bowie, N. Eleb, M. Lambert, B. Mc Clure (EDF-DOPS), D. Mangin ENPC, E. A. Marne-la-Vallée), A. Térade, M. Wiel (ADEUP’a Brest).
• Espace public et mobilité : Impact du tramway. Confort, ambiance, design
A. Grillet-Aubert (resp.), T. Bloch (E. A. Nancy), F. Laisney, A. Picard (GEVR), A.-S. Lebreton (RATP), Ecoles de Design.
• Grands équipements de transport et lieux de la mobilité : “Mégastructures” urbaines: de l’architecture à
l’articulation avec le territoire
C. Tiry (resp.), N. Bonvalet (AREP), M. Collin (CNRS), I. Joseph, P. Villien (E.A.P.B.).
Ce travail de recherche prendra appui sur deux séries de séminaires, l’un étant accessible au public, le second étant réservé aux
chercheurs directement concernés par le projet. Il s’articulera par ailleurs avec l’enseignement à l’Ecole d’Architecture de ParisBelleville.
Les différentes sessions composant le séminaire ouvert au public seront réparties dans le temps d’une année. Elles contribueront à
alimenter le travail de recherche et à favoriser les échanges et les débats entre les chercheurs et aussi avec l’ensemble des acteurs
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concernés par le sujet. Trois journées thématiques sont prévues. Chacune d’elles sera organisée de façon interdisciplinaire autour
de l’un des trois grands axes de recherche prédéfinis.
Chaque fois que cela sera possible, on cherchera à élargir le champ des ex-périences en faisant appel à desintervenants étrangers.
Le séminaire fera l’objet d’une publicité qui sera diffusée par voie de presse et par mailing.
Un second séminaire de recherche permettra environ quatre fois par an de réunir les chercheurs, les consultants ainsi que des
observateurs éventuels autour d’un problème spécifique et d’un ou plusieurs contextes d’analyse. L’objectif de ces rencontres est
de renforcer la concertation entre les chercheurs et donc de garantir la cohérence du projet d’ensemble.
Les travaux de recherche ainsi que les séminaires seront mis en relation avec l’enseignement à l’EAPB. Cette articulation
s’effectuera en particulier avec le troisième cycle qui offre depuis la rentrée 2001/2002 des enseignements spécifiques à la mobilité et aux transports : d’une part sous la forme d’un atelier de projet urbain sur le thème de l'installation du tramway en banlieue
parisienne articulée sur des gares et des pôles d'échange existants, le projet portant sur la transformation de l'espace public et la
requalification des tissus urbains adjacents ; et également dans le cadre d’un séminaire qui s’insert dans le champ "Architectures
des territoires" et propose une initiation sur les rapports entre architecture et mobilité, permettant d’aborder les différentes dimensions soulevées par cette problématique (la marche à pied comme règle de la dimension architecturale, les transports collectifs
comme légitimateurs de l'urbanisme, l’automobilisme comme modèle dominant…).
• Les travaux préliminaires de l’équipe
La question des liens entre transports et architecture du territoire croise plusieurs axes thématiques de l’IPRAUS.
Notre questionnement s’inscrit notamment dans une réflexion sur le thème “Espaces publics et urbanité” et poursuit les travaux
sur les lieux mouvements de la ville que sont les gares et les complexes d’échanges (cf. “Gares et quartiers de gare” Programme
de recherches concertées lancé à l’initiative du Plan Urbain, de la SNCF et de la RATP, avec le soutien du PREDIT et du Ministère de la Culture, et dont l’IPRAUS a assuré la responsabilité scientifique.
C’est dans le cadre de ce programme qu’a été organisé un séminaire de recherche clôturé par une journée de colloque sur le thème
“Des gares et des quartiers”). Il concerne aussi les travaux portant sur les genèses des formes architecturales et urbaines, en particulier les études sur la structuration des territoires à travers la conception, l’impact et les modes de réalisation des grands projets
et des infrastructures. Ce rôle des infrastructures dans la structuration des territoires a été approché de façons diverses, par exemple à partir de la comparaison de politiques d’aménagements et de leurs effets sur l’environnement, ou en partant de la question
des interventions contemporaines sur l’espace public hérité de la culture architecturale du mouvement moderne (en particulier les
grands ensembles de logements sociaux des années 50-60 ).
Les gares et surtout les logiques d’implantation des gares par rapport aux villes ont fait l’objet, là aussi, de divers travaux;
d’autres recherches, plus historiques, se sont in-téressés aux liens entre lotissements spéculatifs et implantations ferroviaires au
XIXe siècle. Un ensemble de travaux portant sur la densité urbaine a par ailleurs montré l’intérêt de l’utilisation de ce concept
pour analyser les formes urbaines -leurs modes de régulation, leurs “qualités”-, particulièrement en combinant cet indicateur mesurable avec d’autres indicateurs plus qualitatifs tels que le traitement des espaces publics ou encore l’accessibilité (localisation
par rapport aux réseaux viaires, aux réseaux de TC, choix entre plusieurs modes de déplacement …).
Ainsi, cette recherche bénéficie et prolonge les acquis de travaux menés précédemment ou actuellement en cours au sein du laboratoire et aussi en partenariat avec d’autres organismes.
Pôles d'échanges : formes urbaines et urbanité - Gare Saint-Lazare, Cour de Rome et Cour du Havre, Pierre Clément (dir.),
Michèle Lambert, Sophie Allard, Anne-Sophie Lebreton, Annie Térade, Plan urbain (programme “Lieux-mouvements de la
ville”), 1995.
L'architecture des espaces publics modernes. La rapport au patrimoine architectural et urbain dans les projets lauréats d'Europan 3, Nicole Eleb-Harlé ”, Anne d'Orazio, Catherine Hannen, Plan construction et architecture (programme Cité-projet), 1997.
Zones urbaines et espaces naturels. Essai comparatif de effets sur l'environnement des politiques d'aménagement de part et
d'autre de la frontière Genève-Annemasse et leurs environs, François Laisney, Cédric Lambert, MELT, 1999.
“Espace public et culture de résistance à l'automobile”, Geocarrefour, revue de géographie de Lyon, François Laisney,
oct. 2001.
La formation du quartier de l'Europe à Paris : lotissement et haussmannisation (1820-1870), Doctorat nouveau régime, Université de Paris 8, dir. Pierre Pinon, janv. 2001.
• La densité dans tous ses états
L’objectif de cette recherche est de définir quelles qualités urbaines une densité élevée peut engendrer. Ce projet doit aussi permettre de renouveler la problématique de la ville dense en l’inscrivant dans une réflexion comparative à partir de confrontations
euro-péennes et extra-européennes. Une première phase de travail a consisté, d’une part à développer une réflexion théorique sur
le sujet et à élaborer des concepts d’analyse et de comparaison et, d’autre part, à effectuer un travail de validation expérimentale
de la méthodologie à travers deux cas: Hong-Kong et les Pays-Bas. Notre connaissance des sites testés nous a permis de vérifier
la pertinence des critères d’évaluation des qualités urbaines choisies et leur aptitude à expliquer les rapports entre densités et qualités urbaines. Ce travail devrait être poursuivi dans le cadre d’une nouvelle décision d’aide qui nous permettra d’élargir cette
recherche à d’autres situations.
La densité dans tous ses états, Pierre Clément, Sabine Guth, Elisabeth Pacot Ministère de l’Education Nationale de la Recherche
et de la Technologie, IPRAUS, juillet 2000.
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Construction sociale et architecturale des limites :
territoires, seuils, articulations
entre privé et public
Responsable : Philippe Bonnin
Participants : Philippe Bonnin, Maïté Clavel, Agnès Deboulet, Jean-Pierre Garnier, Rainier Hoddé, Isaac Joseph, François Laisney, MarieAntoinette Lalliat, Nathalie Lancret, Jean-Michel Léger, Eliane Nicolino, Martine Segalen, Roselyne de Villanova
Chercheurs associés : Jérôme Boissonade (EAPB-Paris-X), Matsumoto Yutaka, Yoriko Inada (doctorante), Jean-Yves Petiteau (LAUA, Nantes), Daniel Pinson (IAR-Aix-en-Provence)
Partenaires institutionnels : PUCA (Plan Urbain Construction Architecture), DAPA (Direction de l’architecture et du patrimoine architectural ; Mission du patrimoine ethnologique), BRAU (Bureau de la recherche architecturale et urbaine), GIS Socio-économie de l’habitat, ICCTI
Portugal (Instituto de cooperação cientifica e tecnológica internacional) - Universités de Fukuyama et d’Osaka Sangyo.
La question des liens entre formes spatiales et rapports sociaux est à la fois une question relativement récurrente dans le champ
des sciences de la société et une question d'actualité brûlante. Les échecs dans la production de l’espace urbain, dans la programmation, la conception ou la réalisation de l’espace de la ville ou du logement dénoncent l’écart entre les connaissances, peut-être
obsolètes pour partie, et la réalité sociale. Mais l'idée, largement admise aujourd’hui, selon laquelle il n'y a pas de lien mécanique
entre morphologie spatiale et morphologie sociale, nous invite non pas à récuser l'existence de liens entre ces deux registres, mais
au contraire à interroger la nature plurielle de ces liens, à remettre en question la clôture des objets qu’on y travaille, à réexaminer
leurs limites et leurs articulations.
L'autonomie relative du spatial, comme on la reconnaît aujourd'hui, nécessite de s'interroger sur la pertinence des objets manipulés par la sociologie urbaine (par rapport aux objets triviaux : logement, immeuble, quartier, cité), et sur les concepts qui permettent de rendre compte de la structuration réelle de l'espace habité, en particulier de ces grands domaines du privé et du public que
définit la légalité. L’espace vécu et représenté ne s'arrête en rien aux limites de l'appartement, du pavillon, du quartier ou de la
cité. C'est dire par exemple qu'il faudrait étendre au-delà du seul logement l'analyse en termes de relations/oppositions d'entités et
d'identités (spatiales et sociales), qui y a montré une certaine pertinence, et prendre conscience que l'on ne peut travailler que sur
des entités relatives, les formes spatiales n’étant ni absolues, ni définitives. De plus, il faut s’interroger sur l’articulation des
échelles et les durées de validité des concepts, d’extension des phénomènes observés. Enfin, après quelques décennies de course à
l’abstraction, il est indispensable de s’interroger sur la réalité matérielle et spatiale des objets décrits.
Ces interrogations ont émergé de la confrontation de recherches différentes menées au sein de l’IPRAUS, mais qui toutes gravitent autour de ces points d’articulation des domaines du privé et du public, où l’un et l’autre semblent s’entre-produire. En particulier, les recherches portant sur l’analyse des pratiques de l’espace public, de l’espace familial, d’espaces intermédiaires, espaces
désormais marqués du sceau multiculturel ; les travaux portant sur la production de l’architecture contemporaine du logement en
France ou sur les terrains orientaux, sur l’interface entre les domaines, les espaces de médiation, les dispositifs et rituels de seuil.
La construction architecturale et sociale des limites
La question pourrait être prise dans une généralisation de la construction architecturale et sociale des limites. En effet, face aux
processus de dématérialisation, de délocalisation, de mise en réseaux et en mobilité permanente, on note une tendance accrue à
faire reposer la culture spatiale non sur l'intériorisation d'un apprentissage des codes et des pratiques sociales adéquates, mais sur
les dispositifs matériels, architecturaux ou techniques. C'est à proprement parler une réification.
En nous confrontant aux observations effectuées sur chaque terrain, il s'agit d'analyser les transformations actuelles du système
spatial urbain, à différentes échelles : espace personnel, espace de l'habitation, espace de la ville. Le mode d'habiter urbain restreint les territoires dévolus à chacun, les rapproche à l'extrême, les superpose, et nécessite que les délimitations en soient plus
explicitement marquées, en termes d'espace (espace individuel/collectif, espace privé/public, espace piétonnier/stationnable/carrossable, espace sous contrôle institutionnel...), comme en termes de temps (horaires d'ouverture, d'usage,
d'accès, de péage, horaires de silence et même d'ensoleillement...), voire en termes de catégories d’usage.
Ce questionnement a émergé simultanément des analyses des transformations affectant les structures de l’espace de l’habitation,
et de celles de l’accessibilité aux espaces publics, mais les déborde toutes deux en ce qu’il met en question leur interdépendance,
et fait apparaître de nouvelles interrogations quant à la capacité des sciences sociales à observer et analyser les transformations à
l’œuvre.
L’espace public : accessibilité et débat, dimension spatiale et dimension esthétique
Si l’espace public peut être appréhendé simultanément au sens d’un espace de débat et d’échange accessible en principe à tout
acteur (en régime démocratique), et dans sa dimension spatiale physique d’une forme urbaine produite (rue, place, etc.), c’est-àdire au double sens du terme d’urbanité, il ne peut plus être question d’en réduire l’approche à celle de la réception d’une forme,
d’une conformation des acteurs à un rôle de consommation d’un programme préétabli. Les acteurs y manifestent une compétence
autant qu’une sensibilité à la dimension esthétique de la ville.
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Enfin, ni l’accessibilité ni les pratiques de l’espace public ne sont anomiques. L’usage de l’espace public est régulé par les réglementations, par des acteurs instrumentés, des rôles de passeurs et de médiateurs, des métiers qui agissent, régulent les pratiques,
gèrent les micro-conflits, autorisent les accès ou les limitent, les interdisent en s’appuyant sur des dispositifs de seuils.
L’analyse des fonctionnements et dysfonctionnements de l’espace public suppose celle d’espaces non-publics et d’espaces mixtes, en particulier d’espaces privés ou d’espaces de groupes, de communautés, d’institutions, et donc celle de la production de
l’urbanité. Ce n’est pas la qualité d’un espace en soi, jamais donnée, que l’on observe et analyse, mais la relation/opposition de
celui-ci à un autre. Cet espace est formé par des limites, qui le séparent d’un autre espace aux qualités différentes, visent à le protéger de la contagion de celles-ci, limites qui rompent des relations, qui éloignent, qui tendent à rendre étranger le voisinage objectif. Les qualités matérielles et symboliques de ces limites, les dispositifs autant que les rituels mis en place et accomplis aux
seuils paraissent tout à la fois produire ab initio les qualités différentielles de ces espaces, conforter la compétence de l’usager, la
rappeler au quotidien.
Les actions :
1. Un atelier
Cette problématique, issue de la rencontre de plusieurs directions de recherches menées en parallèle dans le laboratoire, fédère
maintenant un groupe de chercheurs plus large. S’appuyant sur des opérations de recherche menées actuellement par chacun, par
équipe ou isolément, de manière centrale ou apparemment plus périphérique, le programme prendra la forme, au moins dans un
premier temps, d’un atelier où ces recherches se verront interrogées dans ce qu’elles apportent à cette interrogation commune, et
se verront confrontées à des approches voisines, conduites extérieurement au laboratoire. Un premier atelier, sur invitation, centré
sur la question méthodologique de l’observation des pratiques de l’espace public, s’est tenu le 25 septembre 2001 à l’IPRAUS,
mobilisant les équipes de l’IPRAUS concernées, ainsi que d’autres chercheurs et équipes. On pense développer ensuite des formes différentes, entre autres une école d’été de doctorants. Arrivé à maturité, cet atelier devra envisager non seulement une publication commune sur la base de ces apports, mais surtout une action de recherches coordonnées.
2. Des recherches
Dans l’état actuel d’avancement du programme, nous exposons simplement le résumé des problématiques de ces différentes approches, couvrant un large champ d’observations, enrichissant l’extension de cette question. En effet, ce programme met en rapport des approches habituellement opposées sur les usages sociaux et sur la conception de l’espace (du logement à la ville) d’une
part et, d’autre part, de façon plus prospective, des recherches sur un déplacement décontextualisé vers le sujet ou le politique. Le
premier sous-programme s’ancre dans l’histoire de l’IPRAUS, dont les fondateurs (B. Huet, H. Raymond) ont compté parmi les
inventeurs des notions d’usage, de compétence, de convention. La tradition des recherches en cours sur les usages de l’espace
domestique s’ouvre aujourd’hui vers trois directions : la dimension urbaine, dans sa relation avec l’échelle domestique, la comparaison internationale afin d’éclairer des implicites institutionnels et culturels, et enfin la réinterrogation des processus de conception.
•
Usages sociaux et conception de l’espace
La dialectique de la transition et des limites, qui permet de dépasser les territoires établis du logement, des espaces collectifs de
proximité ou des espaces publics, est posée dans un double décentrement : d’une part en comparant le rapport que des cultures
aussi différentes que la nôtre et celle du Japon entretiennent avec le seuil ; et d’autre part à travers un dispositif à la fois familier
et inconnu : les loges de concierge.
La coopération franco-portugaise continuée par R. de Villanova et J.-M. Léger est par ailleurs à l’origine du projet de R. Hoddé et
J.-M. Léger sur l’œuvre de l’architecte portugais A. Siza, dont la pratique à l’étranger a fondé à son tour le projet de recherche sur
“ l’import-export ” d’architecture. Dans ces deux cas, le regard formé par l’interrogation sur les usages sociaux arme pour poser
d’autres questions que celles aujourd’hui reconnues dans la recherche sur la conception (Ph. Boudon, M. Conan, R. Prost).
Le projet de J.-P. Garnier sur l’Odysseum de Montpellier étudie la culture urbaine des périphéries dans leur rapport avec la centralité (y a-t-il des cultures ubaines non centrales ? y a-t-il un nouveau modèle de centralité urbaine ?). Le corpus des lieux publics
observés dans ce programme sont les espaces intermédiaires entre le logement et la rue, les jardins et les nouveaux centres commerciaux. M. Clavel étudie l’ambivalence d’un jardin public tel que les Buttes-Chaumont, à la fois banalisé par son accessibilité
et “ privatisé ” par certaines pratiques d’appropriation.
•
Interrogations à partir du sujet et du politique
Mais une tradition de recherche, voire une culture de laboratoire solidement établie risqueraient de rencontrer quelques difficultés
à conserver une posture critique : l’espace vécu ou conçu s’impose à tous. Toutefois, pour M. Segalen, Internet réinterroge
l’espace en saisissant les nouvelles dimensions déterritorialisées des relations familiales. A ce souci de l’empirique répondent les
questions proprement théoriques d’I. Joseph sur le sujet et le politique dans et avant l’espace.
• Dispositifs et rituels de seuil : grammaire des lieux et transformations des pratiques
de l'espace
Participants : Philippe Bonnin, Adachi Fujio, Matsumoto Yutaka
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Partenaires : Univ. de Fukuyama, Univ. d’Osaka Sangyo, MDRI dans le cadre des accords d'échanges CNRS-JSPS, Direction générale des
relations culturelles, scientifiques et techniques du Ministère des affaires étrangères - AFAA
A la suite de la première coopération développée avec le professeur Adachi Fujio (Univ. de Sapporo puis de Fukuyama) – une
recherche comparative concernant les transformations de l’habitation rurale au Hokkaïdô et en France qui avait fait émerger la
nécessité d’une analyse en termes de topologie sociale –, un nouveau programme s’appuyant sur les résultats précédents a été
proposé auprès de la MDRI, dans le cadre des accords d'échanges CNRS-JSPS, portant désormais sur les pratiques, les dispositifs
et les rituels de seuil dans l'espace domestique Français et Japonais, et dans l'espace public urbain des mégapoles parisienne et
tokyoïte.
La première partie de cette recherche, l’observation sur le terrain Japonais, a pu se réaliser au rythme des missions effectuées au
Japon. L’essentiel des matériaux étant réunis, l’effort se concentrera maintenant d’une part sur les observations en France, d’autre
part sur l’analyse et la synthèse.
Le projet d'ouvrage repose sur une enquête par observation directe, ethnographique, centrée sur les interfaces spatiaux, les dispositifs, les pratiques et les rituels de seuils, en tant que s'y concentrent les éléments de définition et de distinction des entités spatiales, que peuvent s'y lire les pratiques en émergence. Le seuil condense l'ambiguïté intrinsèque de la limite, de la frontière qui
sépare chaque espace, l'intérieur de l'extérieur pour commencer : sans séparation, ils ne se distin-gueraient pas. Sans passage, ils
sont hors d'accès, ils deviennent non-lieux. En restreignant les flux et l'accès, la frontière confère une qualité spécifique à un espace. Mais ce n'est qu'en permettant l'accès, par un seuil, que ces qualités s'actualisent. La topologie sociale tient que la frontière
entre espaces condense et produit leurs qualités spécifiques, les pratiques qui s'y développeront, les identités qui s'y construiront.
S'y résolvent les conflits latents inhérents à la densification et à la restriction des territoires, à leur usage intensif, corrélatifs de
l'expansion de la ville. Le fonctionnement des seuils, lieux de franchissement des frontières, nécessite la production, l'apprentissage et la mise en œuvre de codes partagés. Les conflits en multiplication dans les grandes villes laissent penser que les codes
perdent de leur sens, ou qu'ils sont en état de profonde recomposition.
« Dispositifs et rituels du seuil : une topologie sociale. Détour japonais », Philippe Bonnin, Communications, n° 70, mai 2000,
p. 65-92.
« De la maison à l’immeuble : la question des seuils », Philippe Bonnin, in Tatsumi Kazuo (dir.), Adachi Fujio, Matsumoto
Shizuo, Uetani Yoshiaki, Takada Mitsuo, La recherche sur l’habitat collectif de type japonais, Fukuyama Daigaku / Monbushô,
Kyoto, 2001.
• Concierges et loges (Paris, Oslo, Londres, Barcelone) Les frontières des sociabilités :
médiation sociale et espace d’articulation
Coordination : Philippe Bonnin et Roselyne de Villanova
Chercheurs : Martine Segalen, Jean-Marc Stebe (LASTES), Marie-Antoinette Lalliat (EAPB), Marianne Gullestag (Oslo), Joan Bestard et
Nadja Monnet (Barcelone), Barbara Reid (Londres).
Documentation et extractions statistiques : Eliane Nicolino.
Partenaires : PUCA, DAPA
Le programme fait suite à une précédente recherche collective sous le titre “ D’une maison l’autre ”, où furent mis en évidence les
systèmes d'habitat à l’œuvre au sein d’un espace résidentiel plus vaste que celui qu’aborde la sociologie du logement habituellement. Il s'agissait de revoir les frontières qui définissent l'espace résidentiel par rapport à celles que recouvre habituellement la
catégorie logement, de reconsidérer la hiérarchie entre principal et secondaire et de comprendre par exemple où et comment se
produisent les investissements préférentiels, les attaches, les identités, les solidarités, les retournements.
Une nouvelle équipe se penche sur la question des concierges, gardiens et loges. La recherche aborde d’un côté l’analyse spatiale
et architecturale des immeubles qui abritent une loge. On opère une analyse ethno-architecturale des loges, comme espace
d’articulation entre le domaine privé et le domaine public, leur permettant de s’inter-générer (rapports entre intérieur/extérieur,
privé/public et résidents/non résidents). D’autre part, on analyse les itinéraires socio-résidentiels de la population des concierges
et gardiens, l’évolution de leur fonction de médiation. Ce sont en effet les acteurs postés à l’articulation du résidentiel et de
l’urbain, du privé et du public, de l’individuel et du collectif, ainsi que les acteurs et dispositifs spatiaux qui assurent la gestion de
ces liens et limites.
Enfin cette recherche comporte un important volet de comparaison internationale sur les villes de Paris, Oslo, Londres, Barcelone.
Ce travail s'intéresse à un phénomène très peu abordé dans l'espace résidentiel comme dans la recherche architecturale autant que
sociologique : les statistiques en parlent peu, l’observation directe encore moins. La fonction et le métier sont souvent présentés
comme étant appelés à disparaître, hormis dans les quartiers d'habitat social où des populations défavorisées réclament au
contraire leur présence comme un service de proximité réparateur. Maillons faibles ou personnages-clés de la vie de l'immeuble et
de la cité, concierge et gardien sont aussi et simultanément des habitants, souvent migrants nationaux ou transnationaux ; entrés
dans la ville par la porte de la loge, marchepied de l’accession à la propriété, ils franchissent les frontières régionales et nationales, pratiquent la double résidence, analysée en terme de système d’habitat. Ils remplissent dans la loge un office qui, au-delà des
stéréotypes véhiculés, n’a cessé de changer depuis son apparition, et semble toujours une clef des sociabilités urbaines.
L’exemple de la loge de concierge montre comment ce seuil, dûment instrumenté, architecturé, muni d’un acteur spécifique, produit simultanément la protection caractéristique de l’espace privé, et certaines des qualités de l’espace public, par rejets, réten
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tions, renvois. La circulation du propre et du sale, du pur et de l’impur, et du déchet à travers ce seuil, le dépôt momentané de
l’ordure sur la voie publique (selon des dispositifs et rituels dûment encadrés : les monstres et encombrants, l’ordure désormais
catégorisée, etc), montrent comment la production continue de l’espace privé informe l’existence et les respirations de l’espace
public. C’est donc plus à cette relation/opposition qu’il faut s’attacher, qu’à des approches substantialistes de l’un ou de l’autre.
D’une maison l’autre : parcours et mobilités résidentielles, Philippe Bonnin, Roselyne de Villanova (dir.), Grâne, Créaphis,
1999.
« De refuge en refuge. De la multiplicité de l'espace habité », Philippe Bonnin, Informations Sociales, juillet 1999.
« L'incomplétude de la résidence unique », Roselyne de Villanova et « D’autres maisons pour d’autres temporalités »,
Jean-Michel Léger, colloque Habiter autrement, des architectes et des loisirs, Ecole d’architecture et Université Blaise-Pascal,
Clermont-Ferrand, 24-25 mai 2000.
• Modes de vie en périphérie : Paris, Lisbonne et Porto
Coordonnatrice française du projet de PICS-CNRS : Roselyne de Villanova
Participants français : Jean-Michel Léger, Maïté Clavel, Jacques Brun (LADYSS UMR CNRS).
Coordonnatrice pour le Portugal : Isabel Guerra
Participants portugais : Vitor Matias Ferreira, Alexandra Castro, Teresa Costa Pinto, Carolina Leite.
Partenaires : CET (Centro de Estudos Territoriais, Université ISCTE), Lisbonne, Instituto de Ciencias Sociais, Universidade do Minho, Braga.
Comment évaluer les modes de vie en périphérie dans le rapport du logement à son environnement et, plus particulièrement, à
l’espace public, sans dépendre d’une relation, bien établie, qu’est cet échange inégal entre centre et périphérie ? C’est par une
démarche anthropologique, appliquée à des terrains dans les périphéries de Lisbonne, Porto et Paris, que l’on étudie du dedans
l’espace public en reprenant la notion de qualité de vie qui a fait l’objet d’une première recherche du CET (Lisbonne). On cherche
à constituer des critères d’analyse qui ne s’appuient pas exclusivement sur les caractéristiques de la centralité mais se focalisent
sur les processus de transformation, avec l’hypothèse qu’il pourrait y avoir une culture urbaine non centrale.
Cette opération s’intéresse aux différentes échelles déclinées entre le chez-soi et la ville, aux espaces générateurs de transition
entre le logement et le centre-ville, espaces collectifs, de voisinage etc. Ces différents lieux se caractérisent par des différences de
statuts, selon qu’ils sont gérés par la commune, un organisme de logements ou une copropriété. Ils sont tout à la fois frontière
entre le public et le privé, et mise en relation de dispositifs architecturaux, administratifs, d’usages, relevant de codifications
d’usage social pas toujours explicites ni inscrites dans la culture urbaine.
On s’interroge sur l’intensité des relations dans l’espace public à la lumière d’une analyse de la différenciation des échelles et
fonctions des espaces, mais également des modes de vie et pratiques culturelles, en faisant l’hypothèse que les liens faibles dans
les espaces caractérisés ne sont que l’un des modes relationnels d’une échelle de variation étendue. Il s’agit donc de travailler à la
fois sur les formes construites et les relations sociales, en confrontant les notions d’appropriation, de mixité et d’interculturalité.
Les rencontres successives en France et au Portugal donneront lieu à une publication collective.
Construire l’interculturel ? De la notion aux pratiques, Roselyne de Villanova, Marie-Antoinette Hily ; Gabrielle Varro (dir.),
Paris, L’Harmattan, 2001.
« Nouvelles sociabilités et mixités de l'urbain » Roselyne de Villanova, Arquivos do Centro Cultural C. Gulbenkian, Vol.XLI,
Lisbonne Paris, novembre 2001.
• La leçon de l'étranger : Aalto, Siza et la maison de masse
Responsables : Jean-Michel Léger et Rainier Hoddé
Partenaires : Plan Urbanisme Construction Architecture, CET (Centro de Estudos Territoriais) Lisbonne, Université de Braga, Faculté d'architecture de l'Université technologique d'Helsinki.
A la coopération franco-portugaise se rattache la recherche sur les quartiers de logements conçus par Alvaro Siza à Porto et Evora
(Portugal) réalisée en 2000-2002 par R. Hoddé et J.-M. Léger avec l’aide des collègues portugaises partenaires du PICS. L’étude
de la conception et de la réception de l’architecture des maisons du quartier Malagueira, à Evora, fait en effet partie du projet de
recherche “ La leçon de l’étranger. Aalto, Siza et la maison de masse ”, soutenu par le PUCA dans la cadre de sa consultation de
recherche sur la maison individuelle (1999). L’objet de la recherche est la mise à jour des conditions de mutation des maisons
d'architecte en maisons d'habitants, opération symbolique d'incorporation et de dépassement des intentions de l'architecte, mais
aussi opération pratique de modification, de transformation ou de sacralisation de l'espace. Derrière l'évaluation sociologique de
leurs usages aujourd'hui, nous visons une compréhension, voire une réévaluation des maisons en bandes.
Malagueira est un quartier de 1 200 maisons en bandes dont la densité interroge les questions de la typologie résidentielle, du
rapport privé/public et du statut des espaces publics urbains. La grande diffusion (à la différence de la situation française), des
maisons en bandes dans les proches périphéries des villes portugaises, n’assure pas pour autant la pertinence de cette typologie
considérée par les commentateurs comme trop basse pour de l’habitat collectif, trop élevée pour de l’habitat individuel. Mais pour
les habitants ? C’est bien dans le rapport de mitoyenneté et dans la relation à l’espace public (rues, commerces, parc) que ceux-ci
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construisent les limites de ce qui tient de la vie privée, exprimée dans la maison, autour de son patio et derrière ses murs, et de ce
qui relève du partage ou du conflit dans les espaces publics.
A l'Européen du Sud qu'est A. Siza, nous associons l'Européen du Nord que fut A. Aalto un demi-siècle plus tôt. Par-delà
l'“ humanisme ” qui leur est reconnu et l'affinité d'écriture architecturale qui les réunit – Siza se réclamant d'ailleurs de son aîné
finlandais –, c'est dans sa différence que ce dernier nous intéresse ici. Aalto a en effet su développer tout au long de sa carrière
une triple expérience de construction de maisons en bandes maçonnées, de maisons industrialisées en bois et de maisons évolutives.
Alvar Aalto, Rainier Hoddé, Paris, Hazan, 1998.
« Architectes hors l’architecture. Les métiers du troisième cercle », Rainier Hoddé, Les cahiers de la recherche architecturale
et urbaine, n° 2-3, 1999, pp.135-145.
« Architectures singulières, qualités plurielles », Rainier Hoddé et Jean-Michel Léger in Qualité et innovation architecturale,
t. II, Études de cas, Paris, PUCA, 1999, pp. 99-119.
« Habiter le logement, habiter la ville », Jean-Michel Léger, in M. Segaud, C. Bonvalet, J. Brun (dir.) Logement et habitat,
l'état des savoirs, Paris, La Découverte, 1998, pp. 365-373.
• Import-export d'architecture du logement
Responsable : Jean-Michel Léger
Participant : Sophie Rousseau
Partenaires : PUCA, Technische Universiteit Eindhoven
Le premier travail sur une partie de l’œuvre d’A. Siza a ouvert une seconde recherche, réalisée en 2001-2002 par J.-M. Léger,
avec la collaboration de S. Rousseau, enseignante et chercheur à la Technische Universiteit Eindhoven, et retenue en 2000 par le
PUCA dans le cadre de sa consultation sur les “ qualités architecturales ”.
La source de ce projet est la construction, par Siza, de deux importants quartiers de logement à La Haye, qui a fondé
l’interrogation sur la commande et sur les pratiques professionnelles des architectes travaillant à l’étranger. Si la confiance réciproque entre maître d'ouvrage et architecte est un gage de qualité de la conception et de l'exécution du projet, la distance géographique et culturelle (dont l'appareil réglementaire n'est qu'une dimension) n'est-elle pas un obstacle ? Comment la confrontation
avec l'autre pays (c'est-à-dire avec d'autres cultures de l'habitat, avec d'autres cultures du projet, avec d'autres types de missions)
modifie-t-elle l'écriture du projet ? La déclinaison des thèmes architecturaux propres à l'architecte passe-t-elle les frontières ou se
soumet-elle au contexte ?
La recherche devrait déterminer la part d'identité régionale, nationale et internationale dont les architectes sont porteurs et exportateurs, avec l'hypothèse que le projet réalisé hors de ses frontières représente, dans le parcours professionnel, autant une rupture
qu'un bénéfice assuré. L'analyse de la pratique et de la réception de cette “ export-import ” d'architecture est réalisée au moyen de
l'examen des projets et de l'interview de maîtres d'ouvrage, d'architectes français (Ciriani, É. Girard), suisses (Diener & Diener,
Herzog & de Meuron, Vacchini) et portugais (Siza).
L’étude des projets d’habitations individuelles et collectives de Siza à travers ces deux projets de recherche pourront conduire R.
Hoddé et J.-M. Léger à un approfondissement de l’œuvre de Siza, du côté de ses réalisations en architecture publique (musées,
écoles, faculté, reconstruction du Chiado, bâtiment de l’Expo 1998, etc.). Le projet d’une telle monographie a été déposé aux
Editions Parenthèses.
« Le rythme et la raison. Innovation typologique et modes d'habiter », Jean-Michel Léger, in O. Söderström, E. Cogato Lanza, R. J. Lawrence, G. Barbey (dir.), L'usage du projet, Lausanne, Payot, 2000, pp. 133-145.
•
Urbanité programmée, urbanité spontanée : l’Odysseum de Montpellier
Responsable : Jean-Pierre Garnier
Alors que certains chercheurs, fascinés par les charmes de la “ville émergente” résultant du libre jeu des lois du marché et des
initiatives non coordonnées des acteurs privés, en viennent à discerner dans le succès populaire de certaines zones commerciales
périphériques les lieux par excellence d’une urbanité renouvelée, il a paru intéressant de s’intéresser à la gestation d’une autre
forme de centralité urbaine, programmée, cette fois-ci, par les décideurs publics.
“Complément naturel au XXIe siècle du vieil Écusson ” [le centre historique], selon le maire, Georges Frêche, à l’initiative de ce
nouveau projet urbain montpellierain, l’Odysseum a été défini comme un vaste espace public à vocation ludique et marchande.
Des équipements consacrés à la détente et à la distraction serviront de “ locomotives ” à l’ensemble (aquarium “ océanique ”,
patinoire “ nordique ”, planétarium, etc.), auxquels s’ajouteront des boutiques, des grandes surfaces et des “ lieux de restauration
à thème ”. Le tout sera “ ordonné selon une composition scénographique ”. Au regard des visées de ses promoteurs et concepteurs, et de la façon dont elles se configurent sur le terrain, comment l’Odysseum, qui sort à peine de terre, est-il déjà perçu et
vécu par ceux qui le fréquentent... ou refusent de s’y rendre ? En quoi se différencie-t-il, à leurs yeux, des autres zones commerciales périphériques de Montpellier ? L’image qu’ils en ont coïncide t-elle avec celle qu’il est censé offrir, celle d’un nouveau
modèle de centralité urbaine? Qui le pratique, pourquoi et comment ? C’est-à-dire quelles sont les catégories concernées, pour
quels usages et avec quels comportements ? Assiste-t-on à l’apparition d’une sociabilité urbaine spécifique ?
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Ces questions et quelques autres s’articulent autour d’une interrogation centrale : quelles peuvent être la portée et les limites
d’une politique urbaine volontariste en matière d’espace public au moment où l’on mise sur celui-ci pour (re)créer de la solidarité
et de l’identité voire de la civilité.
L’analyse s’effectue in situ sur la base d’une présence fréquente sur les lieux et méthodiquement programmée dans l’espace et le
temps pour observer ce qui s’y déroule. Elle s’appuie aussi sur des contacts directs avec les différents types d’acteurs impliqués à
un titre ou à un autre dans la vie de l’Odysseum : décideurs, concep-teurs, gestionnaires, employés et clients, i.e. consommateurs
spectateurs promeneurs.
Des Barbares dans la Cité, Jean-Pierre Garnier, Flammarion, 1996.
La bourse ou la ville, Jean-Pierre Garnier, Ed. Paris-Méditerranée, 1997.
Le Nouvel ordre local. Gouverner la violence, Jean-Pierre Garnier, Paris, L’Harmattan, 2000.
• Ambivalences du jardin public : les Buttes-Chaumont, jardin urbain
Responsable : Maïté Clavel
Participant : Jean-Michel Léger
L’objectif est de mener une observation systématique du parc des Buttes-Chaumont afin de montrer l’ambivalence du jardin public dans une ville, espace d’objets naturels, vaste espace clos et cependant bordé d’immeubles, inséré dans un quartier de la ville.
A ce contraste s’ajoutent la variété des citadins présents selon les moments, les jours de la semaine, qui alternent mobilité et séjour, vitesses de circulation variées et occupations multiples, habituellement difficiles à mener sans conflits, ou interdits, sur les
trottoirs.
Par ailleurs l’extension du jardin permet de fabriquer un véritable territoire avec ses zones distinctes : les jeux des enfants, les
pelouses, les cafés, etc., ce qui privilégie certains regroupements, sans toutefois en déterminer aucun.
Certaines zones du jardin semblent en effet “ appartenir ” à certains moments, à des groupes que rien ne semble avoir prédisposé
à se retrouver à cet endroit.
A quoi correspondent ces partitions implicites -ou explicites- dans le jardin? Elles ne semblent pas répondre aux mêmes déterminismes que les partitions dans le reste de la ville où les regroupements, essentiellement sociaux sont, le plus souvent, en adéquation avec le prix du sol (et donc, des logements, des commerces, des services). Les espaces évités, les espaces particulièrement
prisés le sont-ils en fonction de ces habitudes ? Et qu’en est-il des zones tampons, des passages d’une zone à une autre ?
Les diverses formes d’ambivalence du jardin public par l’observation des espaces et des comportements de ses utilisateurs devrait
élargir le discours récent sur l’espace public en diversifiant les terrains d’observation, en accordant une place aux habitudes, aux
séjours, aux formes d’appropriation éphémères ou réglées et aux comportements négociés qui les accompagnent.
Un autre aspect de la recherche s’appuie sur les projets de rénovation des Buttes-Chaumont, qui insistent sur l’ambivalence du
jardin comme espace paisible dans le quartier considéré “ sinistré par la violence et l’insécurité ” (Paris. Le journal, oct.dec.
1999). Entre lieu préservé et lieu public, accessible à tous, quel rôle serait alors assigné au jardin et qu’il ne remplirait pas aujourd’hui ? Valoriser le quartier, la ville, par des lieux publics prévus pour la flânerie de la promenade et le plaisir sensuel et esthétique s’oppose-t-il à l’intérêt des propriétaires fonciers locaux ? Ou bien veut-on accentuer l’autre face du jardin, son caractère
partiel d’enclave, de lieu à l’écart, voire pacificateur ? Un droit d’entrée supprimerait le jardin “ public ”, une codification des
comportements, en la supposant possible, supprimerait le “ jardin”, ses ambivalences et ses espaces de liberté.
Sociologie de l’urbain, Maïté Clavel, Paris, Anthropos, à paraître, 2002.
• Les relations familiales dé-territorialisées : Familoo.com
Responsable : Martine Segalen
Participants : Aurélia Mardon, Julie Deville
Partenaire : France-Télécom Recherches et développement
Dans le cadre d’un contrat qui associe l’IPRAUS, le département de sociologie de Paris X-Nanterre, et France-Télécom Recherches et développement, une enquête, conduite sous la direction de Martine Segalen, concerne les pratiques et les représentations
de l’usage des sites internet destinés aux familles.
Deux doctorantes, Aurélia Mardon et Julie Deville ont pris en charge l’élaboration d’un questionnaire qui a été mis en ligne par le
site Familoo.com destinés aux administrateurs du site. 250 réponses ont pu être exploitées, soutenues par une vingtaine
d’entretiens qualitatifs. Un rapport est en cours de rédaction. Il apparaît d’ores et déjà que les usages de ces sites sont fort différents : soit ils servent de vitrine de relations familiales magnifiées dans le cadre de fêtes (avec l’utilisation d’images de groupes
familiaux iréniques) et dans ce cas, ils sont ouverts au plus grand nombre possible de parents ; soit au contraire ils servent de lieu
de “ chat ” très intime entre des parents éloignés dans l’espace et qui souhaitent maintenir un contact intime. Le site est alors
strictement réservé à peu de personnes.
La collaboration entre IPRAUS, Nanterre et France-Télécom Recherches et développement doit se poursuivre à travers des travaux d’étudiants concernant les usages sociaux de l’habitat en liaison avec les crises familiales ; de plus un séminaire collectif,
envisagé dès 2003, s’articulerait autour des thèmes “ espaces privés/espaces publics/espaces de communication ”.
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Rites et rituels contemporains, Martine Segalen, Nathan, 1998.
Grands-parents. La famille à travers les générations Marine Segalen, Claudine Attias-Donfut, Odile Jacob, 1998.
« Family and kinship in Europe », Martine Segalen, in MESS, Mediterranean Ethnological Summer School, vol. II, Piran/Pirano, Slovenia, 1996. Edited by Bojan Baskar and Borut Brumen, 1998, p. 21-32.
« Familles et générations. Grandes tendances », Martine Segalen, in L’Etat de la France 1999-2000, La Découverte, 1999,
p. 81-88.
« Les nouvelles familles », Martine Segalen, Sciences humaines, hors série n° 26, 1999 : La France en mutation, pp. 25-27.
• La construction de l'expérience urbaine et l'élaboration de la notion de public
Responsable : Isaac Joseph
Participant : Daniel Cefaï
Du paysage et du milieu urbain, le vocabulaire contemporain des politiques de la ville dit qu'ils sont choses publiques. En tête de
ce vocabulaire, les civilités ordinaires de la condition citadine et la question de leur rapport au civisme : quelles sont les qualités
communes constitutives du droit de cité ? Comment décrire cette matière publique nouvelle qui naît du devoir d'exposition et des
épreuves de réciprocité dans les sociétés urbaines ? On se propose de faire quelques pas de plus dans la ville contemporaine pour
découvrir la chose publique comme société et comme “administration”. Le paysage urbain s'y découvre comme théâtre de l'action,
pour le politique et pour le citadin, l'espace de dispute par excellence sur le civil et l'incivil, aussi bien pour les différents acteurs
du “projet urbain” que pour les citadins qui en ont l'usage.
La formulation du projet sur « la construction de l’expérience urbaine et l’élaboration de la notion de public au tournant du siècle
des deux côtés de l’Atlantique » s'inscrit dans une trajectoire de recherche partie de ce qui n'était qu'une intuition - la dispersion
des espaces publics dans l'expérience urbaine du passant (Joseph, 1984) - pour découvrir d'abord le double cadrage spatial et
délibératif de la notion d'espace public et ensuite explorer empiriquement les compétences de gestion et les "métiers du public"
que mettent en œuvre les sociétés urbaines comme sociétés de services.
Une première orientation de recherche, inscrite dans la filiation des travaux de sociologie et d'anthropologie urbaine de l'Ecole de
Chicago, a consisté à aborder la ville comme espace de socialisation et à considérer les espaces publics comme des univers de
mobilité et d'accessibilité. C'est une notion qui qualifie à la fois des espaces et des services urbains et que l’on peut opposer à
l'idéal d'appropriation mis en avant dans les études sur les quartiers et les territoires résidentiels. Produire de la ville, c'est donc
produire de l'accessibilité, c'est-à-dire une forme de lien social et de mode de vie capable de concilier proximité et distance, de
combiner centralité et excentricité, de corriger les ségrégations par la mobilité. Les espaces publics de transport - stations de métro, gares, pôles d'échange - traditionnellement considérés comme des hauts-lieux d'une culture urbaine de l'accessibilité, sont des
terrains tout à la fois "dans" la ville et "de" la ville, pour reprendre une opposition classique de l'anthropologie urbaine depuis U.
Hannerz. Ce sont des terrains de recherche majeurs où coo-pèrent inévitablement sciences de l'ingé-nieur, sciences sociales et
sciences de l'espace, à partir des savoirs de la microsociologie (E. Goffman), de l'ethnographie de la communication (J. Gumperz), de l'ergonomie cognitive et de la cognition sociale (A. Cicourel, L. Suchman, P. Falzon), mais aussi de la scénographie des
espaces et, plus récemment, de l'écologie de la perception (J.J. Gibson, D. Norman). Loin de se limiter au domaine du transport,
cette orientation peut s'avérer féconde pour décrire et analyser les métiers de la ville : services d'urgence et d'assistance à la personne, îlotage policier, assistance téléphonique. Le fonctionnement de ces services urbains, la coordination de leurs activités, le
"plan de travail commun" qu'ils parviennent à se donner, les modes d'emploi qu'ils proposent aux usagers, sont des domaines
aujourd'hui explorés avec les méthodes éprouvées de l'observation anthropologique et de l'analyse du travail.
La deuxième orientation, liée à la précédente par la place qu'y occupent le modèle de la conversation et les figures de l'étranger
(G. Simmel, A. Schutz), a porté sur les troubles des civilités ordinaires - hésitations et malentendus, incidents mineurs, petites
altercations qui interrogent l'espace commun sur ses frontières (Qui est témoin? Quelle est la nature de l'audience? Qu'est-ce qu'un
ayant droit? Qu'est-ce qu'un participant ratifié?), ainsi que sur les dispositions interactionnelles et les régimes de disponibilité évitements, arrangements et réparations, formes de justification et d'accord - qui concèdent que l'autre ou l'étranger est un
"contemporain" ou décident momentanément de son incompétence sociale. Les recherches engagées dans cette direction ont
conduit à travailler sur quelques axes théoriques de la microsociologie : les ressources de l'approche dramaturgique de la vie sociale et les notions de performance, d'engagement et de cadre (E. Goffman), les travaux d'inspiration pragmatique tentant de formaliser les rituels de politesse dans une pragmatique transculturelle (P. Brown et S. Levinson), les travaux de la socio-linguistique
interactionnelle sur les compétences communicatives ou sur les formes situées de construction de l'altérité (W. Labov, A. Kendon,
J. Gumperz).
Enfin, conçu en collaboration avec Daniel Cefaï, le projet d'un colloque intitulé "Cultures civiques et démocraties urbaines" (Cerisy, Juin 99) a interrogé le politique depuis la ville, mais aussi exploré le tournant pragmatique des sciences sociales dans le débat qu'il occasionne au début du siècle en Europe et aux Etats-Unis pour comprendre comment "il en vient à la ville", notamment
à l'Université de Chicago. Il s'agissait d'étayer conceptuellement l'axe de recherches sur les espaces publics à l'IPRAUS, en travaillant la question des jugements d'urbanité.
Erving Goffman et la microsociologie, Isaac Joseph, Paris, PUF, 1998.
La ville sans qualités, Isaac Joseph, Paris, Ed. de l'Aube, 1998.
Villes en gares. Isaac Joseph (dir.), Paris, Ed. de l'Aube, 1999.
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« Mixité et ségrégation » et « Villes en gares, gares intelligentes », Isaac Joseph, in A. Obadia (ed.) Entreprendre la ville,
Paris, Ed. de l'Aube, 1998, pp. 271-279 et pp. 206-215.
« Paysage urbain, chose publique », Isaac Joseph, Les Carnets du paysage, n° 1, Actes Sud, n° 1, 1998, pp. 70-90.
« Activité située et régimes de disponibilité », Isaac Joseph, Raisons Pratiques, n° 10, 1999.
• Le rôle dominant de l'automobile comme vecteur de transformation des villes
Responsable: François Laisney
Chercheur associé: Anne Grillet-Aubert
L'opposition au rôle dominant de l'automobile comme vecteur de transformation des villes et des typologies architecturales
1950/2000.
L'extension et la génération de l'usage de l'automobile industrielle et des transports routiers constituent le plus puissant facteur
explicatif des transformations urbaines et architecturales depuis un demi-siècle. Après une phase ouvertement destructrice sur les
centres-villes pour adapter la ville à l'automobile, les changements se sont fait plus insidieusement et ont dû composer avec des
mouvements d'opposition (luttes urbaines des années 70). Les centres-villes européens ont démontré une capacité de résistance au
modèle nord-américain par la puissance de leur historicité et leur inertie propre au domaine bâti. L'espace public a fait lui l'objet
de profondes transformations dans sa forme comme dans son usage. La "reconquête" de l'espace public figure parmi les emblèmes
positifs d'une activité de projet architectural et urbain et une histoire "héroïque" s'est constituée à partir d'exemples emblématiques.
Une culture de résistance à l'automobile sur la chaussée urbaine se constitue mais derrière ces hauts faits, l'automobile progresse
de manière plus insidieuse par exemple à travers la politique de stationnement souterrain (public et privé). On restaure les espaces
privilégiés en reportant plus loin les nuisances dans des lieux banalisés et mono-fonctionnalisés.
La recherche s'appliquera à montrer la face cachée des "bons exemples" de reconquête de l'espace urbain. Simultanément la périphérie est devenue le support privilégié d'adaptation de l'environnement au modèle distributif automobile, soit au travers des
adaptations violentes (autoroutes, élargissements), soit à travers l'élaboration de divers modèles d'organisation (grands ensembles,
lotissements et autres types d'extension). Pour leur part les typologies architecturales ont été profondément affectées par la généralisation de l'accessibilité automobile.
Si la dimension et la logique de l'objet architectural restent marquées par une appréhension spatiale liée au développement physique du piéton, sa morphologie globale et sa relation à l'environnement, sa disposition au sol et sur la parcelle, son interdépendance au stationnement des véhicules est entièrement générée sans restriction par le vecteur automobile.
La complainte des architectes relative à la "solitude des édifices" pourrait trouver ici facteurs d'explications rationnelles.
La recherche devrait à ce niveau permettre de trouver des lois d'organisation propres aux nouvelles typologies architecturales
indépendamment des contenus fonctionnels et symboliques qu'elles supportent. Une contestation plus globale de l'hégémonie
automobile se fait jour dans les années 90 au vu notamment des méfaits sur l'environnement. Des réflexions plus globales sur la
planification sont portées par des lois et le mouvement écologique. La revendication de l'assujettissement de toute urbanisation à
la proximité d'un système intégré de transport collectif génère en Allemagne, en Suisse et dans les pays nordiques des modélisations pour la viabilité d'une "ville compacte" ou du redéploiement d'une ville sur la ville capable de rivaliser avec l'attrait du suburbain.
La recherche tentera d'examiner à travers l'examen des composants, d'exemples ou de projets issus de cette culture alternative
restrictive vis-à-vis de l'automobile:
-quels sont les paramètres sur lesquels peut jouer l’architecte ?
-quelle est la part de la forme architecturale et urbaine, quelle est la part de l'organisation juridique et réglementaire au niveau des
usages?
-dans quelle mesure sont remis en cause les normes et les ratios habituels d'utilisation du sol (quantité de sol "servant" consacré à
l'automobile par rapport à la quantité de sol "servi")?
-à quel niveau d'organisation urbaine peut-on jouer (agglomération, quartier, espace de proximité)?
Bien que la multi-polarité au sein des grandes conurbations soit la nouvelle échelle de réflexion pour les grandes régions urbaines
allemandes ou suisses, l'échelle de l'agglomération reste encore prédominante pour une grande partie du territoire français. Ainsi
la recherche serait conduite à partir du cas d'une agglomération en utilisant des cartes depuis 1950 et des cadastres-IGN pour la
période contemporaine.
• Les cités-jardins en Ile-de-France : lieux, identités, enjeux
Responsable : Ginette Baty-Tornikian
Participant IPRAUS : Amina Sellali-Boukhalfa
Participant extérieur: Valérie Dufoix-Foucher (doctorante Institut Sciences Politiques, enseignante EAPB)
Les cités-jardins françaises, alternative développée dans le tissu urbain, notamment des banlieues, ont fait partie d’un parc de
logements longtemps délaissé et menacé de destruction, alors qu’elles constituent un archétype urbanistique incontournable tant
en France qu’en Europe. La recherche porte sur le rôle des acteurs du secteur politique, technocratique et architectural et sur celui
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des acteurs de l’économique dans la gestion du patrimoine concret et mental qu’elles représentent. Les représentations de ces
acteurs sont ici confrontées à celles des habitants ; les pratiques sociales des uns et des autres sont analysées.
Une phase de recensement systématique a été conduite lors de travaux précédents. Dans ce projet, deux types de réalisations ont
été retenus, à la fois pour un travail d’archives et pour des enquêtes par entretiens : les cités-jardins patronales du nord et celles de
la région de Reims (SA d’HBM).
Cités-jardins. Genèse et actualité d'une utopie, sous la direction de Ginette Baty-Tornikian, avec la collaboration d'Amina Sellali, Paris, Editions Recherches/IPRAUS, 2001.
• L'architecture des musées
L'équipe est en cours de formation autour de Jean-Paul Midant, chercheur à l'IPRAUS, enseignant à l'Ecole d'architecture de ParisBelleville et à l'Ecole du Louvre.
Le musée est le lieu de conservation et d'exposition des "produits de la nature, des sciences et des arts" et s'est imposé au cours du
XIXe siècle comme une des institutions culturelles majeures inscrites encore dans notre paysage urbain. Depuis la fin des années
1980 et notamment la célébration du bicentenaire de la Révolution française, de nombreuses recherches sont menées tant sur le
plan de l'histoire de ces institutions, du contexte politique et culturel dans lesquels elles se sont développées, que de l'étude des
publics et des moyens de médiation qui y sont mis en œuvre.
Nous nous proposons ici de rejoindre cette préoccupation et de travailler en liaison avec les chercheurs déjà engagés dans ce domaine, mais de considérer avant tout le musée sous l'angle d'une promenade architecturale organisée par un architecte seul ou
conjointement avec un conservateur, où le discours historique sur l'œuvre ou sur le document à un moment donné est confronté à
la pratique de l'architecture, à son histoire propre; où une conception du passé organisée dans le musée par le conservateur rencontre une conception du présent mis en forme - et parfois en spectacle - par l'architecte. Nous observerons ce phénomène à plusieurs époques. Après avoir dégagé la problématique dans un bilan de l'architecture des musées français inaugurés dans les années
1990, publié à la suite d'une étude commandée par la Direction des Musées de France au ministère de la Culture, nous nous
concentrerons en 2002 sur l'architecture des musées et de la scénographie d'expositions à Paris dans les années 1930, dans un
autre temps et un autre territoire où la réflexion sur l'architecture du musée a été très riche.
France musées récents, AMC, Le moniteur architecture, hors série, 1999.
• DEA « Mutations des sociétés contemporaines »
L'organisation et l'orientation du DEA sont présentées page 44.
Mémoires de DEA soutenus en 1998-2001 sous la direction d’Isaac Joseph
• Frédérique CHAVE
Le policier et le reste du monde, le paradigme relationnel du policier de voie publique et les paramètres de l'interaction, 2000.
• Arnaud HEDOUIN
Faire avec la dépendance dans les institutions pour personnes âgées, 2000.
• Claire MAGIMEL
Les étudiants handicapés, à l'université l'accueil d'une population hétérogène, 1999.
• Thèses en cours
• Jérôme BOISSONADE
L'espace des rassemblements Approche descriptive des pratiques de stationnement dans les lieux publics en périphérie urbaine.
Thèse de doctorat de sociologie sous la direction d'Isaac Joseph, Université Paris X-Nanterre
Les représentations des rassemblements, notamment ceux des jeunes qui "rouillent" en bas d'immeubles, se caractérisent souvent
par leur substantialisme. La prise en compte des exigences pragmatiques qui pèsent sur les situations (troubles, incivilités…),
masque ici le fonctionnement des sociabilités internes aux "mondes" des rassemblements, considérés comme autant de boites
noires.
Une approche plus situationnelle montre des rassemblements cadrant mal avec ces notions d'appropriation, d'intentionnalité ou
d'assignation. Dans ce cadre, la visibilité "persistante" (Bayart, 2000) de ces agrégations implique pour les acteurs une gestion
permanente du conflit potentiel dans une perspective de coordination publique.
Notre travail s'appuie sur des observations directes ou participantes, effectuées dans trois villes de la proche banlieue parisienne:
Bobigny, Créteil et Nanterre.
Au travers de la diversité des activités et des lieux étudiés (espaces urbains, collèges, activités ludiques, socio-éducatives…), nous
voudrions ici enrichir des travaux portant sur le rapport entre espaces de fixation et espaces de mobilité (Kokoreff, 1993) ou entre
centres et périphéries (Bavoux et Foret, 1990), pour montrer des rassemblements relevant d'une certaine pratique du proche en
relation incessante avec l'ailleurs (spatial, événementiel…), pas forcement lointain.
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Dans cet espace de négociation qu'est l'espace public, les pratiques rencontrées paraissent tiraillées entre deux conceptions du
social:
Celle d'une vulnérabilité inquiète reposant notamment sur des liens faibles (contacts stigmatisés, en réseau, à projet pauvre, tension entre l'ajustement simultané des pratiques dans des conventions et au sein de l'environnement, socialisation différentielle
propre aux personnes rassemblées…)
Et celle d'une pragmatique confiante dans des liens confirmés avec le milieu (cadres, habitudes, collègues…).
Suivant les espaces, les moments ou les situations; les pratiques relèvent plutôt de l'une ou de l'autre mais restent semble-t-il,
toujours un composé incertain.
D'où la nécessité pour le chercheur, d'adopter un "situationnisme méthodologique" (Joseph, 1998 : 10) s'intéressant aux différents
moments de rassemblement, pour les catégoriser lors de la troisième année de recherche, à travers l'usage (opportunités, coutume,
consommation, utilisation, retraite…) (Breviglieri, 1999) et y faire rentrer ultérieurement une catégorisation spatiale (lieux routiniers, d'occasion…).
Le but est de requalifier les rassemblements comme nœuds d'urbanité dont les effets territoriaux dépassent les limites physiques
dans lesquels ils s'inscrivent. Prise au sérieux, cette “élaboration destinée à gérer selon une forme de coordination générale des
relations qui prennent appui sur un rapport de familiarité” (Thévenot, 1994), pourrait voir se renforcer son rôle d'espace intermédiaire en captant ces nouvelles ressources urbaines et ainsi articuler proximité, familiarité et disponibilité.
•
Julie DEVILLE
Espaces masculins, espaces féminins : différences de comportement chez les jeunes de banlieue
Thèse de doctorat de sociologie sous la direction de Martine Segalen
Cette thèse s’appuie sur un travail de terrain à Nanterre, dans le quartier du Chemin de l’Ile, à travers l’observation de la vie locale et la participation à diverses activités, notamment l’accompagnement scolaire au sein d’une association et la pratique régulière du karaté à la salle de sport du quartier.
Ce quartier est doté d’une certaine “réputation ”, négative, et ceci de longue date puisqu’on le retrouve mentionné dans la littérature sur les bidonvilles et les cités de transit comme dans celle qui concerne la délinquance ou la montée de formes radicales de
l’islam.
La population d’origine étrangère est très importante. Beaucoup de familles sont originaires de la même région de l’Ouest algérien, mais les racines tunisiennes ou marocaines sont aussi nombreuses ; en plus des Maghrébins, de nombreuses origines sont
représentées : Indiens ou Sri Lankais, Turcs et Kurdes, Africains, Portugais ou Asiatiques coexistent avec les personnes considérées comme françaises “de souche ”, qui restent majoritaires. L’espace est cependant marqué par l’islam, avec une mosquée excentrée mais très visible et surtout sur les cent premiers mètres de la rue principale pas moins de trois boucheries hallal. Les jeunes filles portant le voile ne sont pas rares, tout en portant parfois des vêtements de sport et presque toujours des Nike à la dernière mode. On peut aussi croiser des hommes portant une longue tunique et une calotte, mais plutôt le vendredi, jour de la grande
prière. Par contre les autocollants et affiches relatifs à la religion sont nettement moins visibles que ceux des partis d’extrême
gauche, de la LCR en particulier.
Les adolescents et les jeunes hommes sont assez présents dans les espaces publics du quartier, parfois installés sur un muret ou
autour d’une voiture, parfois circulant d’un groupe à l’autre en scooter et transportant à l’occasion un passager, ou utilisant une
gamme de moyen de transport allant de la trottinette à la voiture.
Les jeunes filles sont aussi présentes dans les rues, mais ne stationnent pas, contrairement aux femmes plus âgées. Comme les
garçons, elles sont le plus souvent deux ou trois ensemble. Certaines jeunes filles maghrébines subissent un contrôle de la part de
leur famille, mais peuvent aussi se limiter elles-mêmes.
Les activités et les goûts masculins et féminins sont différenciées selon un mode habituel mais qui semble parfois accentué. Du
point de vue scolaire, les garçons accordent une grande importance aux mathématiques, en y montrant des aptitudes très variables,
les filles se concentrent sur les disciplines littéraires. Elles manifestent souvent un grand manque de confiance en leurs capacités
alors que les garçons camouflent le même problème sous des attitudes souvent provocatrices.
La foi musulmane, enracinée chez beaucoup de jeunes, ne semble pas toujours devoir déterminer le statut des femmes. Quand une
jeune fille dit que l’islam est en réalité favorable à l’égalité entre l’homme et la femme, et qu’on rapporte que le Prophète contribuait aux tâches ménagères, les garçons ne la contredisent pas. On peut noter que ces jeunes s’opposent aussi par le regard qu’ils
portent sur les Juifs, les garçons insistant sur leur “différence ” (mais mentionnant rarement directement les conflits actuels au
Proche Orient) tandis que certaines filles, par ailleurs plutôt bonnes élèves, ont du mal à supporter cette attitude et sont plus conscientes du sens d’événements historiques, en particulier du génocide.
• Frédérique CHAVE
Les systèmes d’urgences : analyse comparée des dispositifs et des pratiques
Thèse de doctorat de sociologie sous la direction d’Isaac Joseph, Université Paris X-Nanterre
Il est en France, comme dans de nombreux autres pays, des urgences médicales, policières et matérielles (Police–secours, les
pompiers, le SAMU/urgences hospitalières) qui sont définies et traitées dans le cadre du service public de secours, de façon théoriquement immédiate, organisée, gratuite, et égale pour tous.
On constate au niveau international un ensemble de structures et de dispositifs qui se ressemblent et entre ces services un lien
manifeste, qui s’apparente à une division du travail d’urgence, articulé autour des deux mêmes pivots : “ le déplacement (et) la
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rupture d’un ordre existant ”, pour reprendre la formulation de D. Boullier et S. Chevrier. Une comparaison internationale avec au
moins un pays voisin dont le système serait à la fois proche et singulier, le Royaume-Uni, prend toute son importance pour révéler
les caractéristiques générales, et nationales. Elle permet d’envisager dans le détail les voies que des systèmes différents empruntent face aux situations qu’ils qualifient d’urgences et pour lesquelles un service public est prévu.
La tripartition entre Sapeurs-pompiers, SAMU et Police-secours, se décline de facto en une multitude d’interventions aux motifs
variés, qui souvent dépassent les cadres policiers, matériels ou médicaux, et qui ne présentent leurs caractéristiques que sur place
en temps réel. Entre routines, protocoles d’intervention, et adaptations à la particularité de la situation ou de l’interlocuteur, le
travail des professionnels des urgences est soumis à une double contrainte, protocolaire et réactionnelle.
Définir l’urgence c’est donc d’une part prendre en compte l’organisation et les dispositifs mis en place par différents systèmes
sous ce label, isoler ce que les services prévoient comme situations justifiant une intervention et analyser les manières dont les
professionnels et les requérants interagissent et évaluent une situation à l’aune de leurs propres conceptions du risque ou du danger.
On peut organiser l’ensemble des questions que pose la recherche sociologique sur les systèmes d’urgences selon deux thématiques, l’une qui demande, de façon épistémologique, ce qui fait urgence, l’autre qui interroge les manières de la pratiquer, d’y
recourir et d’en définir les dispositifs.
L’enquête consiste alors à comparer les différents services, au plan administratif, pratique et interactionnel, par une approche
qualitative des modes du travail et de la relation et par la constitution d’un corpus tout à la fois bibliographique, administratif et
législatif, politique et de documentation, interne aux services, permettant d’en cerner les cadres formels.
• Arnaud HEDOUIN
La prise en charge des personnes âgées dépendantes. sociabilité, mobilité, corporéité
thèse de doctorat sous la direction d'Isaac Joseph, Université Paris X-Nanterre
Le recours à des formes sociales de prise en charge pour les personnes âgées dépendantes est un phénomène dont l’acuité ne cesse
de croître au sein des sociétés occidentales contemporaines, jusqu’à paraître comme une donnée consubstantielle de la modernité.
Celle-ci est en effet corrélée à une effervescence de formes institutionnelles venant encadrer des franges toujours plus nombreuses
de la population. En ce qui concerne les personnes âgées, divers dispositifs sociaux participent de cette économie de la prise en
charge : maisons de retraite, logements-foyers, soutien à domicile, etc. Tous se présentent comme des supplétifs à l’aide traditionnellement apportée par les familles. Parfois, ils s’imposent comme les seuls expédients envisageables pour des vieillards esseulés.
De la rencontre des professionnels du monde gériatrique, des personnes âgées et de leurs familles émerge alors un univers particulier permettant leur entente et leur participation conjointe dans une commune entreprise de prise en charge. Pourtant aujourd’hui encore, les limites institutionnelles de cet univers restent mouvantes, et donc un peu floues. Divers débats éthiques,
médicaux, démographiques, politiques et économiques ne cessent de l’agiter. Tous soulèvent néanmoins un même enjeu : le problème de la prise en charge des personnes âgées comme un phénomène social total, au sens entendu par Mauss. Car, c’est la société elle-même qui se trouve interpellée par un questionnement fondamental visant le lien intergénérationnel. Cependant, la gravité de ces débats caractérisés par la récurrence du thème de la mort, et par les risques d’aliénation que les vieillards encourent à
être mobilisés (dans un dispositif foucaldien ou une institution totale de type goffmanien), brouillent la compréhension attendue
de ce champ de l’intervention sociale. Loin d’éclaircir le défi que pose à la société la présence de plus en plus nombreuse de
vieillards dépendants, cette conjecture ne parvient qu’à le rendre plus tragique. D’où la nécessité d’entreprendre une reconnaissance stricto sensu de l’univers de la prise en charge des personnes âgées.
Par reconnaissance stricto sensu, nous entendons une reconnaissance dont l’objectif premier serait de restituer l’originalité de
l’expérience sociale issue de l’engagement différencié des acteurs qu’elle implique. Il s’agit ainsi d’ancrer l’analyse sociologique
dans le quotidien et les pratiques de tous ceux qui ont à faire avec lui. Ceci se joint à l’exigence de ne pas renvoyer a priori les
vieillards à n’être que le point d’application de l’opération de prise en charge afin de comprendre comment ils demeurent quoiqu’on en dise d’authentiques acteurs sociaux. Il s’agit alors de reconnaître l’ensemble des activités qui se déploient autour de la
prise en charge, ou plutôt de part et d’autre de celle-ci, de considérer leur épaisseur et leur contenu, de saisir leur dynamique et
leur variabilité.
Deux axes d’observation empirique seront alors privilégiés. Premièrement, le thème de la mobilité en tant que faculté de
l’engagement individuel dans l’espace et dans l’action, déterminant la socialisation et la capacité de multiplier et de sélectionner
ses engagements. Deuxièmement, le thème de la corporéité qui nous conduira à percevoir le corps dans son épaisseur historique
pour éclairer les interventions qu’il reçoit et les efforts qu’il consent pour se rendre disponible à l’interaction. Enfin, puisque le
corps se donne à voir à autrui, les questions de l’identité et de la dignité des personnes âgées reflétées par cette perspective corporelle trouveront un nouvel éclairage dans ce travail.
Partant, nous envisageons enfin de débrouiller les liens existant entre la notion de dépendance et celle d’autonomie dans les théories sociologiques de l’agir humain. Puisque la dépendance est une relation qui permet à des personnes de conserver un monde
sous la main et les autorise à y mener des actions, il va de soi que se pose la question de la nature de cette situation pacifiée, celle,
par exemple, du vieillard se déplaçant en fauteuil roulant. Comment concevoir son autonomie et ses limites ? L’autonomie est-elle
antagonique de la dépendance ? Comment appréhender et restituer sociologiquement leurs rapports ? Réfléchir à ces questions
supposera alors de s’interroger sur le processus de vieillissement, et de concevoir les outils analytiques qui permettraient
d’introduire les répercussions sociales de ce processus dans le raisonnement sociologique, en ce démarquant d’une problématique
surdéterminée par une sociologie de la déviance ou de la maladie.
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• Claire MAGIMEL
Les étudiants handicapés à l'université. Accessibilités et usages
Thèse de doctorat sous la direction d'Isaac Joseph, Université Paris X-Nanterre.
Dans la suite des travaux concernant l'accessibilité des transports en commun et des espaces de loisirs, cette thèse propose de
poser cette même question à l'université. Le terme d'accessibilité est à prendre dans son sens le plus large. C'est à la fois le respect
des normes architecturales et les usages des espaces par une population particulière. Mais l'université étant un lieu de formation,
c'est aussi l'accès aux savoirs et leur acquisition, tant sur le plan concret de l'accès aux outils pédagogiques que sur le plan cognitif.
Pour réaliser cette thèse, on peut envisager plusieurs approches. La première, comparatiste, vise à analyser la population référante
par rapport à d'autres populations étudiantes dans leurs usages de l'institution universitaire, mais également plusieurs universités
entre elles ainsi que ces dernières avec celles d'autres pays réputés pour leur accessibilité (Europe du Nord et Amérique du Nord).
La seconde, historique, cherche à comprendre comment le facteur handicap a été reconnu par les universités. A quelle date et avec
quelles conséquences . La troisième est sociologique et plus particulièrement interactioniste. L'observation des interactions, entre
étudiants dits handicapés, avec des initiés, dans des contacts mixtes ou avec les espaces et les objets, permettrait l'analyse du facteur handicap sur les usages et le vécu d'un public particulier au sein de l'université. Enfin, la dernière approche s'inspire des travaux sur l'écologie de la perception posant comme postulat l'intelligence des espaces et leur mise à disposition de ressources activées par la perception d'un ou plusieurs sens de l'homme. Tout individu ayant au moins un des cinq sens développé, poser la
question de l'accessibilité et du handicap, c'est s'interroger sur l'impact d'un élément perturbateur sur une activité ordinaire.
• Yann RENAUD
Les associations de défense de quartier dans l'urbanisme parisien, sous la direction d'Isaac joseph, Université Paris X-Nanterre.
• Thèse soutenue
• Nassima DRISS
Espaces publics et centralités à Alger : entre logiques urbanistiques et mémoire urbaine
Thèse de doctorat de sociologie soutenue le 25 novembre 1999, sous la direction
d’Isaac Joseph, Université Paris X-Nanterre
Quelle est la signification sociologique de l’émergence des centralités urbaines ? Dans quelle mesure expriment-elles des caractéristiques socio-anthropologiques d’une société donnée ? Les interrogations de cette recherche portent sur les raisons qui fondent
les projets urbanistiques, leurs logiques propres et les temps forts de l’histoire urbaine à Alger.
Elles permettent de spécifier la rencontre des processus d’urbanisation avec les usages sociaux, de saisir les formes de sociabilité
et les compétences des usagers dans la production de leur propre langage.
L’articulation du centre-ville avec d’autres types d’espaces sous-tend précisément la notion de centralité signifiant par là même
l’intégration du lieu dans le système des valeurs. Les centralités sont, en effet, déterminées par les usages multiples et contrastés
de l’espace public. Il s’agit surtout d’un processus à l’œuvre qui renseigne sur les représentations diverses des acteurs. Par ailleurs, les implications des réminiscences du passé dans le vécu présent relèvent non pas d’une simple transposition des pratiques
mais de la mise en scène des formes sociales spécifiques où le temps présent et le temps passé s’entremêlent, se croisent, se tolèrent ou s’opposent. C’est en ce sens que les temporalités esquissent les spécificités sociales.
Les centralités urbaines à Alger s’inscrivent, aujourd’hui, dans des enjeux sociaux et politiques violemment contradictoires : la
restauration du public d’un côté et la consécration des normes de l’autre. L’ambiguïté des formes matérielles et immatérielles
(superposition de modèles, pluralité de références, ambivalence sociale et politique) peut constituer une des explications possibles
à l’origine du malaise qui affecte la société dans son ensemble.
Sciences sociales et architecture
Depuis trois ans, l’IPRAUS a entrepris de réinterroger ce qui peut être vu comme les fondements de son objet propre, à savoir la
spatialité des sociétés contemporaines, en travaillant au lieu-même où il se construit, à l’interface entre le savoir architectural et la
recherche scientifique des sciences sociales. Décréter un regard épistémologique n’aurait pas grand sens, sans la constitution des
lieux et des outils qui permettent cette élaboration longue et difficile. Aussi nous sommes nous attachés avant tout à construire
ceux-ci.
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D’abord sous la forme d’un séminaire, ouvert, auquel sont conviés non seulement l’ensemble des doctorants de l’IPRAUS mais
tous ceux de l’UMR 7543 ainsi que la communauté des chercheurs et professeurs de l’unité. Il est piloté par un comité scientifique qui s’implique simultanément à la réalisation de son programme, exposé ci-dessous. Ensuite sous la forme d’un atelier de
réflexion sur les méthodes qui caractérisent ce champ de connaissances, atelier qui est développé à l’échelle Européenne. En effet,
il nous était apparu lors de nos contributions aux activités du réseau “ socio-économie de l’habitat ”, devenu GIS du CNRS, que
l’apport spécifique de notre champ de recherches était méconnu au point d’être invisibilisé par la sociologie urbaine quantitative
et les sciences politiques de l’urbain, appauvrissant ainsi le regard que l’on peut porter sur cet objet hypercomplexe de la ville.
Peut-on sérieusement s’interroger sur l’espace urbain en méconnaissant ces acteurs centraux que sont d’une part l’architecte,
d’autre part l’habitant saisi au plus près de son parcours quotidien ?
Partenaires : Bureau de la recherche architecturale (DAPAU), PUCA, GIS réseau Socio-économie de l’Habitat du CNRS.
• Séminaire “ Architectures et Sociétés : Raison spatiale, Logique sociale ”
Equipe organisatrice : Philippe Bonnin (CNRS), Maïté Clavel (M.C. Paris X), Rainier Hoddé (Maître assistant Ecole d’architecture ParisVillemin), Nathalie Lancret (CNRS), Jean-Michel Léger (CNRS), Eliane Nicolino (CNRS), Daniel Pinson (Professeur Université Aix-enProvence), Cristelle Robin (Maître assistant Ecole d’architecture Paris-la-Villette), Roselyne de Villanova (Paris X)
Tant au sein des laboratoires fréquentés que du milieu de la recherche architecturale, nous a semblé émerger le sentiment du manque d’un lieu d’exposition et de confrontation de la recherche, à l’interface de l’architecture et des sciences de l’homme et de la
société, de la socio-anthropologie de l’espace particulièrement. Nous avons donc élaboré ce séminaire collectif de recherche, qui
vient remplir un espace vacant dans la confrontation publique des recherches et dans leur transmission aux jeunes chercheurs. Le
séminaire est une action prioritaire du laboratoire. La publication d'une synthèse des discussions théoriques centrales du séminaire, ainsi que des principales contributions est en cours de préparation, et devrait donner lieu à la parution d'un Cahier de
l'IPRAUS à échéance de deux années.
Un champ de questionnement
Il nous faut aujourd’hui comprendre comment, au probable tournant d’une ère, nos sociétés produisent leurs lieux, en créent de
nouveaux et réinterprètent ceux dont elles héritent, les agencent et les distribuent en des configurations signifiantes, leur donnent
forme d’usage et esthétique architecturale, à toutes les échelles où s’exerce la pratique sociale. Comment elles enjoignent aux
acteurs de les concevoir et de les réaliser, d’en user et de les occuper, de les habiter et d’en jouir. Parmi d’autres objets,
l’habitation, le quartier, le village ou les villes nous renvoient sans cesse les questions qu’on avait trop vite cru résolues : celles de
leur identité même, de leur forme, de leur structure, de leur fonctionnement, de leur usage, de leur poétique, de leur esthétique.
Les approches “ massives ”, celles qui tentent d’aborder les grands nombres et qui paraissent congruentes à l’énormité des mégapoles, nous donnent une image certes précieuse, mais lointaine, aux échelles vastes. Visions de Sirius, elles fascinent et impressionnent. Mais elles manquent alors parfois de capacité critique sur leur propre artefact. Elles sont souvent aveugles sur l’échelle
modeste, sur le mode mineur de la réalité dans lequel citoyens, habitants et usagers appréhendent quotidiennement l’espace qui
est le leur. Les patientes et minutieuses observations de l’ethnologie ou de l’anthropologie sociale, comme disciplines ou comme
méthodes, y remédient heureusement, mais à échelle “ micro ”.
Ces sciences de l’Homme et de la Société se sont efforcées depuis quelques décennies d’apporter leurs éclairages aux faits topologiques, aux faits d’espace, de territoire, de forme. La connaissance des modes d’habiter est aujourd’hui un peu moins lacunaire.
Ce n’est pourtant pas dire que ces connaissances se retranscrivent ou s’intègrent aisément au savoir-faire de la conception, qui
fusionne d’autres logiques. Quoique l’époque des “ utopistes démiurges ” soit aujourd’hui révolue, en principe, le discours de la
critique architecturale et celui des habitants paraissent encore s’ignorer, évoluer dans des mondes parallèles. La société juge
pourtant l’architecture à sa capacité de répondre à la demande habitante, à respecter ses usages, les modes d’habiter conventionnels, quand bien même ils sont complexes, divers, et en perpétuelle évolution. Mais l’architecture est simultanément la production
d’un bien culturel, dans ses dimensions esthétiques et émotionnelles.
Valeur esthétique et valeur d’usage, logique habitante et logique d’action, raison pratique et raisons politique, économique, technique ou artistique doivent être confrontées, de manière approfondie. C’est à cette articulation que nous voulons consacrer les
travaux de ce séminaire.
Année 2000
Séance inaugurale : 14 mars 2000.
“ La recherche face à l’architecture et à la socio-anthropologie de l’espace ”
Philippe BOUDON, architecte, professeur à l'École d'architecture de Paris-La Villette, et Jean-Charles DEPAULE, philosophe,
sociologue, D.R. au CNRS
18 avril 2000.
“ Compétences habitantes, compétences savantes ”
Agnès DEBOULET, sociologue, M.A. à l'École d'architecture de Nantes, et Colette VALLAT, géographe, professeur à l'Université
de Paris XIII
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16 mai 2000.
“ Logiques spatiales, raisons sociales ”
Christian MOLEY, professeur à l'École d'architecture de Paris-la-Villette, et Daniel PINSON, Professeur à l'Institut d'aménagement
régional, Université d'Aix-en-Provence
13 juin 2000
“ L’architecture rurale est-elle toujours le laboratoire de l’habitat populaire ? ”
Isabel RAPOSO, architecte (Lisbonne) et Michel RAUTENBERG, ethnologue, professeur à l’université de Lille
Année 2000-2001
21 novembre 2000
Architecture et anthropologie : problématique de la culture spatiale
Christelle ROBIN, socioanthropologue, maître assistant à l'Ecole d'architecture de Paris-la Villette et Pierre CLEMENT, architecte, ethnologue, professeur à l'Ecole d'architecture de Paris-Belleville
19 décembre 2000
La ville mise en scène
Claudie BALAVOINE, historienne, chargée de recherches au CNRS, Centre d'études sup. de la Renaissance, Tours et Henri
RAYMOND, sociologue, professeur émérite de l'Université Paris X-Nanterre
16 janvier 2001
Métissages : Architectures et urbanismes en Asie
Yong-Hak SHIN, architecte, enseignant à l'Ecole d'architecture de Paris-la-Villette et Christian PEDELAHORE, architecte, enseignant à l'Ecole d'architecture de Paris-la-Villette
27 février 2001
Le projet architectural entre le projet de l'architecteet le projet de l'usager
Pierre RIBOULET, architecte, docteur es Lettres et Jean-Pierre BOUTINET, psycho-sociologue, maître de conféren ces, université catholique de l'ouest, Angers
20 mars 2001
Métissages : Architectures des pays lusophones
Peter MARK, historien de l'art, professeur à l'université Wesleyan, USA et Helder CARITA, architecte, historien, directeur Ecole
spéciale des arts décoratifs, Lisbonne
4 avril 2001
Architecture et Utopie
Jean-Louis VIOLEAU, sociologue, doctorant et Jean–Paul JUNGMANN architecte, professeur à l’Ecole d’Archi. de Paris-laVillette
15 mai 2001
Japon : le voyage / le mirage
Fiona MEADOWS, architecte, responsable du Salon Actualité de l'IFA et Nicolas FIEVE, architecte, chargé de recherches au
CNRS
Année 2001-2002 :
mardi 16 octobre 2001
Espace et temps du savoir architectural : Histoire de l’Architecture et Anthropologie de l’Espace
Intervenants : Marion SEGAUD anthropologue, professeur à l'Université du littoral à Dunkerque et David BIGELMAN architecte
et historien, professeur à l’Ecole d’architecture de Paris-Belleville
Modérateur : Philippe BONNIN
Il nous semble aujourd’hui que l'histoire et l'anthropologie de l'espace sont les deux points solides, les deux noyaux de symbiose
entre les sciences de l’homme et de la société avec l’architecture, de par la convergence des regards, des questions, des objets.
Prendre la mesure de la question de l’architecture dans son extension temporelle (histoire récente et ancienne, archéologique
même), autant que spatiale (géographique et culturelle), n’est-elle pas la condition première à la construction solide d’un savoir ?
Comment cette aventure s'est-elle déroulée durant les précédentes décennies ? Dans quelles directions entrevoit-on les développements ultérieurs ?
mardi 20 novembre 2001 (ou 21 mai 2002)
Décrire l’architecture : le film
Intervenants : Richard COPPANS réalisateur et Stan NEUMANN réalisateur
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Modérateurs : Jean-Michel LEGER et Rainier HODDE
Comment décrire l’architecture ? Comment à la fois convoquer un bâtiment et évoquer une expérience ? Comment donner à voir
et à comprendre jusqu’à rendre intelligible et familier ? A ces questions, les uns répondent par les mots, certains livrent leurs
dessins et d’autres filment. Richard Coppans et Stan Neumann sont de ces derniers. Derrière les images que nous verrons parce
qu’ils les ont retenues, quelles questions se posent-ils face à un bâtiment qui se dérobe, quelles histoires inventent-ils avant et
pendant le tournage, quelles maquettes font-ils réaliser pour retrouver les chemins de la conception, quels choix font-ils à leur
table de montage ? En quoi le cinéma impose-t-il une dramaturgie qui lui est propre ?
Finalement, Richard Coppans et Stan Neumann nous montrent que décrire l’architecture, c’est aussi construire.
mardi 18 décembre 2001
L’humanité des productions techniques
Intervenants : Michel CALLON professeur à l’Ecole des Mines de Paris et Jean-Yves TOUSSAINT maître de conférences à
l’INSA de Lyon
Modérateur : Daniel PINSON
La conception et la production des objets techniques, comme la formation des ingénieurs, souvent des architectes, a été dominée
par des objectifs de performances qui s'attachaient à des finalités étroites, pas toujours attentives à l'ensemble de leurs implications externes. D'une certaine manière le mythe de pureté couvrant la science et la technique modernes mettait cette production
d'objets, qui servait pourtant des attentes humaines, et dès le moment où elle appliquait les découvertes scientifiques, hors de
portée de la critique, sous l'emprise de la fascination. C'était sans doute oublier la part d'humanité que porte toute construction de
savoir y compris dans le champ des sciences de la nature et des produits techniques qui en dérivent. De quelle manière repense-ton les productions techniques aujourd'hui ? La prise de conscience plus aiguë de la part humaine de leur production aide-t-elle à
les rendre techniquement plus humaines ?
mardi 15 janvier 2002
La production de la ville du XIXe : public et privé, forme et hygiène
Intervenants : Annie TERADE docteur en urbanisme et aménagement, IPRAUS et Roger-Henri GUERRAND historien, professeur émerite
Modérateur : Philippe BONNIN
L’image qui domine notre idée de ville, image prégnante d’une ville “ durable ”, vivable, agréable au piéton, au passant, au voyageur autant qu’à l’homme actif, s’est en fait forgée sur notre expérience de Paris. Or le visage qu’elle nous présente aujourd’hui a
été peint pour l’essentiel au XIX e siècle, le passé plus ancien n’y demeurant qu’à l’état de traces, et les égratignures de la modernité n’effaçant pas les traits de l’ensemble.
Mais une ville, c’est à la fois une forme qu’on a volontairement construite (tracé de voies et d’îlots, de lotissements et de passages), selon des règles où dialoguent l’architecture et l’urbanisme. C’est aussi une manière de vivre ensemble dans un espace restreint, civil et urbain, pourvu des commodités dont nous ne saurions nous passer aujourd’hui. La conquête de l’hygiène, qui en est
le centre de gravité, avec la création de nos manières de toilette autant que des réseaux d’égouts, est sous-jacente à cette ville.
mercredi 13 février 2002
Le jardin, dans la ville, de la ville ou “ ailleurs ” ?
Intervenants : Isabelle AURICOSTE paysagiste et Françoise DUBOST sociologue, Directeur de recherches au CNRS
Modérateur : Maïté CLAVEL
Le jardin urbain, espace public, ouvert, est pensé, composé, comme tout autre lieu urbain. Le choix et la mise en place des objets,
des végétaux, des circulations, des différents équipements, sont le travail de professionnels de l’organisation de l’espace. Dans le
même temps, le jardin s’oppose à la minéralité de la ville, à ses lignes simples, à sa fonctionnalité. Les plantes sont choisies et
assemblées en fonction du sol, du climat, de leurs qualités propres, les volumes, les couleurs, les formes sont juxtaposés en vue de
créer un décor et une ambiance, un plaisir esthétique.
Dans la ville d’aujourd’hui, dans les pays riches, le jardin relève-t-il de la panoplie de l’urbaniste (l’espace vert hygiénique, reposant, voire pacificateur) ? Et quelle est alors la part du paysagiste ? Ou bien le jardin, comme le bâtiment, est-il quelque chose
comme une œuvre, un travail de l’imagination ? Et en ce cas, comment est-il pensé en relation avec la ville, le quartier, les citadins ?
Qu’est-ce qu’un jardin urbain aujourd’hui pour les spécialistes de l’espace, pour ceux qui le créent ?
mardi 19 mars 2002
Métissages III : Métissages et Architecture
Intervenants : François LAPLANTINE anthropologue, professeur et Arnaud LE BRUSQ, docteur en histoire de l’art
Modérateur : Roselyne de VILLANOVA
Faisant suite aux deux séances consacrées l’an passé à la question des métissages dans l’architecture, à partir des terrains vietnamiens, coréens, et des pays lusophones, nous interrogerons simultanément cette fois-ci les concepts et le terrain : l’architecture
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hybride de Hanoi, sur laquelle Arnaud Le Brusq a publié un ouvrage récent, et la notion même de métissage à laquelle François
Laplantine et Alexis Nouss ont consacré un dictionnaire.
Nous reprendrons donc les questions posées l’an passé, qui ont suscité une vive discussion, et que nous formulions ainsi : la circulation des influences entre architecture académique et architecture populaire, comme entre dominant (colonial par exemple) et
minorisé, est généralement considérée dans un seul sens, celle du savant vers le mineur, sans réciprocité. Les historiens de
l’architecture ont montré la réalité du va et vient pour certaines époques de l’architecture, de la culture, des œuvres artistiques ou
littéraire, comme ils ont montré que la création d’une œuvre pouvait être issue de l’influence d’un modèle mineur sur un modèle
dominant et de l’imbrication entre les deux, selon un processus d’allers retours et d’itérations.
mardi 9 avril 2002
L’architecture et la ville chinoise
Intervenants : Harald HØYEM architecte, professeur à l’Université de Trondheim (Norvège) et Jean–Paul LOUBES, architecte,
professeur à l’Ecole d’Architecture de Bordeaux
Modérateur : Nathalie LANCRET
La ville de Xi’an (l’ancienne Chang’an) a servi de modèle idéal à de nombreuses villes de par le monde chinois et extérieur à
l’empire, entre autres aux capitales Japonaises successives, Heyan Kyô, Fujiwara Kyô, et Kyôto.
Ce modèle organise non seulement l’espace de la cité comme une cosmologie et une structuration sociale et politique, comme
l’ont bien montré les nombreuses études qui ont suivi Granet. Tout autres aussi les rapports entre ses différentes composantes, en
particulier celles manifestées par les limites et articulations public/privé.
Enfin, Xi’an constitue l’avancée extrême de l’Islam vers l’orient. Le quartier de la mosquée y représente un cas particulier
d’évolution, de transformations, de rénovations.
Alors que les bulldozers gomment allègrement les quartiers chinois traditionnels l’un après l’autre, ils s’arrêtent à la limite du
quartier musulman, lequel se rénove et évolue selon son propre processus.
• Atelier de réflexion européen : socio-anthropologie de l’habitat et architecture
Equipe organisatrice : Philippe Bonnin, Rainier Hoddé, Jean-Michel Léger, Daniel Pinson, Roselyne de Villanova
Recherche bibliographique : Eliane Nicolino
Pays représentés : Espagne, Italie, Portugal, Grande-Bretagne
Partenaire : Réseau socio-économie de l’habitat
Cet atelier se concentre sur les outils de l’observation et de l’analyse, adaptés ou spécifiques à ce champ de recherches, et à leurs
développements pour la recherche et l’enseignement. Le groupe de travail, composé d’architectes, de sociologues,
d’anthropologues, s’ap-puie sur les travaux en cours et sur les expériences d’enseignement dans les écoles d’architecture.
Il s’agit en effet de fédérer et de confronter des chercheurs qui développent une réflexion interdisciplinaire sur l’autoproduction
de l’espace domestique, sur les circulations entre savoir-faire ordinaires et logiques d’experts dans la conception (saisie comme
ensemble d’actions sur les formes bâties et non dans un sens passif comme le terme réception le laisse entendre), l’esthétique,
l’évaluation des architectures innovantes, les techniques constructives et les représentations. La démarche vise à croiser l’analyse
des formes avec une approche anthropologique des usages de l’espace et de sa production. C’est dans ce sens qu’ont été abordés
les recherches autour de la production continue de l’habitation, l’autoconstruction, de l’autoréhabilitation, ou de la circulation
des influences culturelles dans l’architecture du logement contemporain. D’autres thèmes, comme l’épaisseur des limites et les
modes de franchissement des frontières du logement, ses territoires réels, articulent les formes construites aux usages, réfléchissent sur un vocabulaire approprié tel que les espaces de transition, les seuils et les médiations sociales. Dans cette réflexion ont
pris place les recherches sur la notion de mobilité résidentielle, face à la multirésidentialité, puis les projets sur les formes de
l’habitat périphérique entre l’individuel et le collectif, entre l’urbain et le péri-rural.
Les ouvrages Anthropologie de l’espace (Segaud et Paul-Lévy 1982) et Histoire urbaine, anthropologie de l’espace (Depaule,
Castex et Cohen 1996) situent l’émergence de ce champ de recherche et, pour le second, les principales publications qui l’ont fait
reconnaître.
Ce champ de recherche mobilise principalement les méthodes qualitatives de la microsociologie urbaine, de l’observation ethnologique, de l’ethno-architecture. Il a pour socle fédérateur la dimension matérielle de l’architecture, saisie par les pratiques. En
regard de la sociologie classique “ qui est macrosociologique ” (F.Laplantine), une grande attention est ici portée en priorité aux
aspects les plus fins des faits sociaux, aux “modes mineurs” dans lesquels la société se réalise.
I-Méthodes qualitatives et renouvellement du matériel d’observation dans l’approche interdisciplinaire
a) l’évolution des méthodes concernant le recueil de données notamment dans l’utilisation du matériel audio-visuel qui fait
l’objet de très peu de systématisation à la différence, par exemple, des méthodes d’enquête sociologiques pour lesquelles on peut
se référer à divers manuels.
b) que deviennent les méthodes d’observation : lorsqu’on aborde des objets urbains qui ne sont plus délimités par les termes en
usage mais d’autres ensembles concrets constitués sur les relations, la circulation, l’articulation, aux différentes échelles entre le
logement et le tissu urbain ?.
c) les méthodes d’observation dans le cadre de l’enseignement en situation interdisciplinaire. Quelles notions, quels objets permettent d’inventorier l’espace dans une démarche de transversalité ?
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II- L’enseignement de la sociologie et de l’anthropologie dans les écoles d’architecture
Ces questionnements ont des répercussions sur l’enseignement dans les écoles d’architecture qui, en retour, nous renvoient des
attentes de précisions méthodologiques, un besoin d’actualisation des outils et des notions. L’atelier a permis que soient présentées des expérimentations réussies pouvant apporter une réponse.
L’objectif final sera de rassembler, à l’occasion d’une rencontre internationale, d’ici trois ans :
1) Un état des lieux bibliographique des équipes de chercheurs, en France et dans les pays concernés
2) On devrait aboutir à la formalisation d’un champ où se croisent plusieurs disciplines, qui propose des outils d’observation et
d’analyse de la société urbaine et alimentera par ailleurs l’enseignement dans les écoles d’architecture, et le fonctionnement interdisciplinaire dans ces écoles.
Architecture de la ville asiatique :
Patrimoine et développement urbain
Depuis la fondation de l’IPRAUS en 1986, des programmes de recherche et d’enseignement sont développés sur l’architecture et
la ville en Asie. Ils s’inscrivent dans le prolongement de travaux menés depuis de nombreuses années par des chercheurs et enseignants-chercheurs qui ont fait de ces espaces urbains, un objet d’observation suivie.
La perspective de ces programmes est double. Il s’agit, d’une part, de saisir les spécificités de ces territoires qui, depuis le milieu
du siècle dernier, connaissent une croissance spatiale et démographique accélérée. Les villes de la région considérée sont alors
entrées dans un cycle de transformations profondes dont témoigne une multitude de chantiers, tant au centre qu’en périphérie, qui
ne sont pas sans effets sur les formes architecturales et urbaines, et sur les pratiques de l’espace. Il s’agit, d’autre part, de mettre
en perspective les fondements théoriques d’une approche disciplinaire « d’architecture et d’urbanisme comparés ».
Dans ce cadre, un intérêt particulier est porté sur les formes d’habitat, considérées à la fois dans leurs spécificités, comme révélatrices d’originalités et d’exceptions culturelles, et dans leurs rapports à la forme urbaine. Nous privilégions les approches ethnoarchitecturales de terrain étudié sur la longue durée : l’habitation lao, la maison balinaise, la maison japonaise de l’Hokkaïdo, etc.
Sont également développées des recherches comparatives sur les formes urbaines qui s’appuient, singulièrement, sur les travaux
menés sur la cartographie des villes d’Asie. Ces différents programmes ont été engagés avec des partenaires scientifiques, universitaires ou parfois opérationnels, français et étrangers.
Outre les actions collectives qui sont présentées brièvement dans cette lettre, les autres programmes de recherche ont fait l’objet
d’une lettre de l’IPRAUS relative à l’Asie.
• Réseau de la recherche architecturale “ Métropoles d’Asie-Pacifique : architecture et
urbanisme comparés”
Responsables : Nathalie Lancret, Pierre Clément, Christian Pedelahore
Partenaires institutionnels en France - UMR 7543 du CNRS (IPRAUS et TMU); Institut Français d’Urbanisme, université Paris VIII; CNRS;
Ecole Française d’Extrême-Orient; Ecole d’architecture de Paris-Belleville, de Paris-La Villette, de Paris-Villemin, de Bordeaux.
Partenaires institutionnels à l’étranger - Norwegian University of Science and Technology, Departement of Building Design; Ecole
d’architecture de l’université de Genève; Université catholique de Louvain; Chinese University of Hong Kong, Departement of Architecture;
University of Tongji (Shanghai), Department of Architecture; Graduate Institute of Building and Planning, National Taïwan University; Udayana University, Department of Architecture (Indonésie); Institute of Urban Planning, RDP Lao; Département de l’habitat et de l’urbanisme au
ministère des Communications, des Transports, des Postes et de la Construction (MCTPC), RDP Lao; Faculty of Architecture of Chulalongkorn
(FAC) à Bangkok; Hanoi Architectural University; Association des architectes vietnamiens.
L’objectif de ce réseau est de structurer, d’intensifier et d’institutionnaliser les échanges scientifiques déjà engagés entre les différentes équipes françaises et étrangères. Le thème d’étude retenu pour les trois années à venir porte sur le thème du plan et, plus
largement la représentation graphique, appréhendés comme des objets autonomes, à la fois outils d’analyse et de projet, prenant
sens dans des contextes de production et de réception déterminés qui participent aux transformations des formes architecturales et
urbaines dans l’aire d’Asie-Pacifique.
La réflexion que nous proposons d’approfondir, lors des séminaires semestriels du réseau et du colloque devant se tenir à l’issue
de ce projet sur trois ans, participe d’une démarche comparative dans le temps, dans l’espace, et aux différentes échelles de représentation graphique :
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- dans le temps, des documents extraits des sources les plus récentes aux plus anciennes, afin de déterminer les stratifications, de
déceler les continuités et les ruptures, les permanences et les adaptations, les effacements et les innovations des modèles architecturaux et urbains ;
- dans l’espace, en appréhendant des villes qui s’inscrivent dans des contextes culturels diversifiés, afin de mettre en évidence les
singularités des espaces étudiés et de formuler des hypothèses sur les mécanismes d’hybridation et d’emprunt entre les différents
modèles qui entrent en jeu dans leur composition et leurs transformations ;
- aux différentes échelles de représentation graphique, de la métropole au bâti, en intégrant les échelles intermédiaires du “ village
urbain ”, du quartier et de l’îlot, dans la mesure où les transformations architecturales et urbaines sont étroitement corrélées.
Les enjeux du développement du réseau sont triples :
- les séminaires réuniront des chercheurs, des enseignants et des étudiants français et étrangers dans le but de mettre en commun,
de confronter et d’analyser les travaux engagés par les différentes équipes et leurs développements méthodologiques et scientifiques récents. Les débats devront permettre d’enrichir les problématiques de chacun et de s’interroger sur de nouveaux axes de
recherche. En outre, la dimension internationale du réseau ne sera pas sans effets sur l’ouverture à d’autres approches et d’autres
méthodologies ; la mise en réseau devrait renforcer les partenariats déjà créés avec des institutions étrangères et faciliter la mise
en place de conventions avec d’autres organismes étrangers (unités de recherche, universités, administrations compétentes dans le
domaine architectural et urbain) ; de plus, l’enseignement qui constitue un axe majeur de nos activités devrait bénéficier directement de l’existence d’un réseau : les étudiants y seront intégrés et seront associés aux différents programmes de recherche ; enfin,
les échanges internationaux déjà existants d’étudiants et de jeunes chercheurs seront favorisés.
Ces représentations graphiques, qui s’emboîtent aux différentes échelles de la ville, devront être considérées comme des éléments
de lecture de l’histoire et des dynamiques urbaines ; elles renseignent également sur les grands projets urbains et leurs mécanismes d’insertion dans la ville. Les rapports observables entre les formes architecturales et les formes urbaines seront étudiés à
travers l’analyse des différents indicateurs contenus dans les plans : découpages territoriaux, tracés, densités, éléments structurants, relations entre infrastructures et bâti, etc.
Dans ce cadre, sept opérations majeures ont été organisées par des membres de l’IPRAUS et leurs partenaires du réseau au cours
de l’année 2000.
• Colloque international Patrimoine architectural, urbain, paysager de Vientiane et politiques de planification urbaine qui
s’est tenu à Vientiane du 28 février au 1 mars 2000.
Secrétariat scientifique : Karine Peyronnie et Nathalie Lancret.
Exposition
le cycle des métamorphoses
2001
Le colloque s’inscrivait dans la perspective des
projets« Hanoï
franco-laotiens
: Inventaire ».duIFA,
patrimoine
architectural, urbain et paysager de Vientiane dans le contexte de la révision du schéma directeur (IPRAUS - UMR 7543 du CNRS/ Institut des Recherches
Urbaines - IRU – de Vientiane) et Vientiane : structures et dynamiques de l'urbanisation (LASEMA - UPR 297 du CNRS/Institut
Français d’Urbanisme/ ministère de la Construction, des Transports, des Postes et des Communications - MCTPC). Il s’est tenu à
l’occasion de l’atelier Vientiane de la formation de 3eme cycle en architecture et aménagement urbain “ Métropoles d’AsiePacifique : architecture comparée - projets urbains ” (MAP) et de l’exposition 1900 - 2000, Vientiane à travers une lecture cartographique présentant les travaux de l’atelier MAP de l’année précédente et une analyse critique du corpus cartographique de
Vientiane.
• Réunion fondatrice du réseau en France à l’IPRAUS le mercredi 21 juin 2000 sur le thème de la représentation cartographique.
A partir de différentes études de cas, les sources cartographiques ont été appréhendées comme des objets autonomes, à la fois
outils d’analyse et de projet, prenant sens dans des contextes de production et de réception déterminés, qui participent aux transformations des formes architecturales et urbaines.
• Séminaire à l’IPRAUS le vendredi 17 novembre 2000 sur les formes architecturales et urbaines de la ville de Hanoï, et
leurs représentations.
Les interventions s’inscrivaient dans le cadre des projets développés par l’IPRAUS en collaboration avec l’Institut français
d’architecture et le Centre des archives d’outre-mer : exposition Hanoï. Le cycle des métamorphoses, publication Hanoï. Le cycle
des métamorphoses. Formes architecturales et urbaines, colloque Hanoï au miroir des métropoles asiatiques.
L’esprit de la réunion était celui d’un séminaire de réflexion théorique et de travail sur les recherches en cours dans ce domaine.
Ont été abordées les problématiques inhérentes aux représentations graphiques de la ville et à leur exploitation scientifique.
• Publication Hanoï. Le cycle des métamorphoses. Formes architecturales et urbaines, éditions Recherches/Ipraus, Paris,
2001, 351 p.
Sous la direction de Pierre Clément et Nathalie Lancret avec la collaboration d’Emmanuel Cerise, Dominique Delaunay, Inès
Gaulis et Lisa Ros. L’ouvrage, qui tient lieu de catalogue de l’exposition, a été présenté lors du vernissage de celle-ci le 12 juin
2001.
• Exposition Hanoï. Le cycle des métamorphoses présentée à l’Institut français d’architecture du 12 juin au 15 septembre
2001 puis à Hanoï, au temple de la Littérature, à partir du mois de novembre 2001
Commissariat : Christian Pédelahore de Loddis, Emmanuel Cerise et Nguyen Quoc Thong avec Dominique Delaunay, Nathalie
Lancret, Inès Gaulis et Lisa Ros.
• Colloque Hanoï au miroir des métropoles asiatiques au Sénat le jeudi 13 septembre 2001.
Coordination scientifique : Pierre Clément, Inès Gaulis, Charles Goldblum, Nathalie Lancret.
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• Préparation d’un atlas urbain de la ville de Xi’an en partenariat avec l’Ecole d’architecture de Bordeaux et la faculté
d’architecture de l’université de Trondheim (Norvège).
Pour l'année 2001
• Réunion du réseau MAP 14 septembre 2001
Elle a permis de s’interroger sur la nature et les effets des interventions coloniales qui ont marqué durablement l’histoire des villes
de la région, notamment en ce qui concerne les tracés viaires.
• Une autre réunion du réseau sera organisée à Hanoï au mois de novembre 2001 à l’occasion de l’inauguration de
l’exposition “ Hanoï, le cycle des métamorphoses ” au temple de la Littérature.
• Cartographie des villes d’Asie-Pacifique
Responsables : Nathalie Lancret, Pierre Clément, Emmanuel Cerise
Le projet d’inventaire de la cartographie des villes d’Asie- Pacifique– métropoles et villes moyennes – est né d’un double constat : celui de l’importance des documents cartographiques et, plus largement, des témoignages iconographiques comme sources
pour l’étude de l’espace urbain, d’une part, et celui des faiblesses documentaires – rareté, dispersion et caractère tardif des plans –
d’autre part. Ce programme coordonné par Nathalie Lancret et Pierre Clément est mené depuis plusieurs années à l’Institut Parisien de Recherche Architecture Urbanistique Société. Il vise à répertorier les plans conservés dans les centres d’archives, de documentation et de recherche français et étrangers, dans les fonds privés, mais également les documents dressés par les administrations et les services locaux en charge de l’aménagement du territoire et des villes, ainsi que des éléments découverts au gré des
recherches. L'objectif est de créer un outil pertinent pour les étudiants et les chercheurs qui travaillent sur les formes urbaines de
l'aire asiatique considérée.
Le projet est conçu sur le long terme, l'inventaire étant progressivement complété et périodiquement actualisé. Il repose sur des
partenariats scientifiques avec des institutions françaises et étrangères, notamment avec le Centre des archives d’outre-mer pour
les villes de l’ex-Indochine. Concrètement le projet poursuit un triple objectif : recenser les documents sur une base de données
informatique, établir un inventaire et constituer un fonds propre à l’IPRAUS. L’élaboration des fiches d’inventaire pour la base de
données informatique et la rédaction des notices posent de multiples questions sur le statut même du programme et ses finalités.
S’agit-il exclusivement d’informer sur les caractéristiques physiques du document, le contexte de sa commande et de sa production ? Convient-il d’aller plus loin dans l’analyse, de s’intéresser au contenu du plan et d’établir un inventaire raisonné des fonds
cartographiques ? Il s’agirait alors d’informer sur le statut du document, la validité des informations cartographiées et de proposer
une première lecture. Ces interrogations en introduisent une autre sur la validité même de la description de l’image qui, largement
marquée par les hypothèses du chercheur, est d’abord le choix d’un point de vue de connaissance.
Le programme se situe à l’articulation entre la recherche architecturale et urbaine, et les enseignements de l’architecture. Il
s’inscrit dans une réflexion sur la représentation cartographique comme image qui prend sens dans le contexte de sa production et
de sa réception et participe, directement ou non, aux transformations de l’espace urbain. L’interrogation porte sur le statut même
des documents – à la fois “ plans constats ” et “ plans projets ”, sources et outils de planification – et sur les problèmes méthodologiques de la lecture cartographique, notamment dans le contexte particulier des villes sud-est asiatiques – villes végétales, villages urbains, agglomérations en forte croissance. Au-delà de l’analyse de l’image proprement dite, la recherche s’intéresse aux
modes de représentation appréhendés dans leurs rapports aux conceptions de l’espace et du temps à l’œuvre dans les sociétés
étudiées.
• Inventaire préliminaire de la cartographie de Vientiane
Etabli par Nathalie Lancret et Pierre Clément, l’inventaire regroupe une centaine de plans, de la fin du XIXe siècle (1895) au
dernier schéma directeur, qui proviennent notamment d’un fonds d’archives conservé à l’Institut des recherches urbaines de
Vientiane. Certains documents sont inédits tels un plan parcellaire en quatre planches au 1/1 000 de 1912, une représentation de la
ville au 1/2 000 de 1930 ou encore un plan parcellaire en vingt planches de 1959-1962. Parallèlement à cet inventaire, les villes
secondaires de la république démocratique populaire Lao (Savannakhet, Luang Prabang, Pakse et Thakhek) ont fait l’objet d’un
recensement systématique. Un cédérom de la cartographie de Vientiane est en cours de réalisation.
• Inventaire des plans de Hanoï
Etabli par Nathalie Lancret et Emmanuel Cerise, l’inventaire compte plus de 200 pièces répertoriées, depuis le XVe siècle jusqu’au schéma directeur projeté pour 2020, qui proviennent principalement du Centre des archives de l’Institut français
d’architecture (fonds Louis-Georges Pineau) et du Centre des archives d’outre-mer. Quelques plans et reconstitutions représentent
la ville avant l’occupation coloniale française (notamment des plans de 1490, 1770 et 1873 puis des reconstitutions pour 10101400, 1470, 1831 et 1866-1873), mais la grande majorité du fonds couvre la période de 1873 à 1951. Les années de guerre sont
marquées par un vide cartographique ; des plans sont à nouveau dressés depuis quelques décennies.
Un inventaire préliminaire a été présenté dans la publication Hanoï. Le cycle des métamorphoses. Formes architecturales et urbaines, éditions Recherches/Ipraus, Paris, 2001. Un cédérom de la cartographie de Hanoï sera présenté à Hanoï, lors de
l’inauguration de l’exposition Hanoï dans le cycle des métamorphoses le 14 novembre 2001.
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• Inventaires en cours
Constitués au fur et à mesure de nos recherches et des travaux menés par les étudiants, les inventaires des villes suivantes sont en
cours : Hô Chi Minh-Ville (Saïgon - Cholon), Bangkok, Phnom Penh et Siem Reap, Jakarta et Denpasar (Bali). L’inventaire
s’intéresse également aux villes de Hong Kong, Xi’an, Taïpei et Séoul.
• L’Esthétique ordinaire de la ville
Participants : Philippe Bonnin, Adachi Fujio, Shinsuke Kaneyuki, Inada Yoriko (doctorante)
Partenaire : DAPA (Mission du patrimoine ethnologique)
• Etude ethno-architecturale de l’espace domestique balinais
Responssable : Nathalie Lancret
Ces deux recherches ont été exposées dans la précédente lettre de l’IPRAUS.
«Un aspect de la pensée japonaise sur le paysage urbain», Philippe Bonnin, Adachi Fujio, Géographie et cultures, 29/1999 :
La ville et ses images, pp. 25-38.
«Esthétique et urbanité : un aperçu japonais», Philippe Bonnin, Adachi Fujio, Espaces et Sociétés, n° 100, 2000.
La maison balinaise en secteur urbain : étude ethno-architecturale, Nathalie Lancret, Cahier d’Archipel n° 29, association
Archipel, Paris, 1997.
• CEAA Métropoles d'Asie-Pacifique
L'organisation et l'orientation du CEA sont exposées page 42.
• DEA « Projet architectural et urbain : théories et dispositifs »
L'organisation et l'orientation du DEA sont exposées page 44.
Mémoires de DEA soutenus sur l'Asie sous la direction de Pierre Clément
• Emmanuel CERISE
La densification des quartiers de logements collectifs à Hanoï, 2001.
• Lisa ROS
Phnom Penh, la forme d'une capitale moderne d’un nouvel Etat nation (1954-1970), 2001.
• Chayphet SAYARATH
L'apport des outils français de protection du patrimoine dans la gestion urbaine et foncière au Laos dans le cas de la coopération
internationale, 2001.
• Véronique SHEU
Rôles du Compartiment Chinois dans la fabrication urbaine d'une ville coloniale japonaise à partir de l'Ancienne Cité de Taipei,
2000.
• Jeong-Ah RYU-KIM
Structuration et déstructuration spatiales de l’habitation traditionnelle coréenne – ses transformations consécutives à
l’industrialisation, 1999.
• Seong-Tae SON
Permanences et changements d’une forme urbaine. La transformation du centre ancien de Séoul de 1910 à nos jours, 1999.
• Elisabeth PACOT
Evolution d'une forme urbaine : le podium ou la stratification urbaine dans les villes nouvelles de Hong Kong : exemples de Sha
Tin et Ma On Shan, 1998.
• Corinne NACINOVIC
Emergence des édifices publics sous influence coloniale française et leur impact sur la ville : le cas de Hanoï 1886-1924, 1997.
• Christian REITZ
La citadelle de Huê au Vietnam, 1997.
• Liang ZHANG
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Patrimoine et rénovation urbaine. Le cas de Chengdu (Chine), 1994.
• Françoise GERVOT
Nankin, capitale chinoise : de l'adaptation d'un modèle à la recherche d'un modèle adapté, 1993.
• Anne-Sophie LEBRETON
Transformation de l’espace urbain à Katmandou et Patan de 1846-1951, à partir d’un nouveau type architectural : le palais
Ran, 1993.
• Thèses en cours
• Elisabeth PACOT
De l'îlot à la tour ! Pékin, Shanghai, Canton.
• Christian REITZ
De la place forte à la cité-jardin : Hué au Vietnam.
• Jeong-Ah RYU-KIM
Etude comparée des modes de structuration spatiale des habitations chinoise, coréenne et japonaise.
• Véronique SHEU
Le compartiment chinois à Taïpei : transformations et limites.
• Seong-Tae SON
Le centre de Seoul entre histoire et métropolisation. Formations, formes, transformations.
• Pornthum THUMWIMOL
Permanences et transformations urbaines et paysagères. L'île de Rattanakosin - centre ancien de Bangkok 1782-1996.
• Hsueh-li YEN
L'espace-temps et le jardin chinois : le vide, le mouvement et l'évènement.
• Thèses soutenues
• ZHANG Liang
De la modernité à la modernisation : La genèse du patrimoine historique bâti et ses conceptualisations en Chine, 1900-1998
Thèse de doctorat soutenue le 21 décembre 2001, sous la direction de Pierre Clément, Charles Goldblum, Ecole doctorale “ Ville
et Environnement ”, Université Paris VIII, Discipline-spécialité doctorale : Projet architectural et urbain
La présente thèse a pour objet une réflexion sur les conceptualisations du patrimoine historique bâti en Chine (jianzhu yu chengshi lishi yichan). Pour repérer l’apparition du concept moderne du patrimoine bâti en Chine, l’appréhension de deux notions distinctives et dialectiques, soit le monument et le monument historique. Si le concept de monument historique est une invention de
l’Europe, qui s’est répandu avec son pouvoir dans le monde extra-européen depuis la deuxième moitié du 19e siècle, les conditions chinoises à la même époque méritent d’être examinées.
La période de cette recherche est délimitée par deux moments, l’un est désigné par “ modernité ” et l’autre par “ modernisation ”,
une durée d’à peu près cent ans qui a produit nombre d’“ événements ” liés aux faits patrimoniaux.
Ce travail, réalisé dans le cadre de la recherche architecturale et urbaine, a essayé d’intégrer l’étude des projets architecturaux et
urbains en tant que description et comme fil conducteur d’une narration des faits historiques pour en expliciter la problématique.
Fondées sur les “ évolutions ”, les “ durées ” et les “ événements ”, les quatre étapes de la prise en compte du patrimoine historique bâti en Chine sont distinguées en : l’éveil de la conscience dans la “ modernité ”, l’acceptation du monument historique, la
ville-musée et le patrimoine urbain à l’ère de la “ modernisation ”.
A partir de la modernité chinoise, les anciennes habitudes se sont transformées en une nouvelle conscience du patrimoine. Les
initiateurs, Zhu Qiqian qui a fondé la Société d’étude sur les constructions chinoises, et Liang Sicheng qui a apporté une contribution majeure au concept chinois du monument historique, ont ouvert une voie chinoise du patrimoine historique bâti. Cette
démarche a un double caractère : la conservation et la restauration témoignent de l’adoption de la notion d’authenticité, et la création du nouveau monument avait pour but d’assurer la continuité des compétences traditionnelles dans l’édification et l’identité
dans la planification et l’urbanisation. Mais ce double caractère est en même temps la cause de l’ambiguïté liée à
l’ “ historicisme ” qui a été réactualisée dans les contextes idéologiques du pragmatisme historique.
Cette recherche montre ensuite la transition vers la prise de conscience du patrimoine urbain, né tumultueusement au sein d’une
controverse urbanistique : ville ancienne et ville nouvelle, urbanisme protecteur et urbanisme destructeur. Sur cette dualité s’est
élaboré une solution qui consiste à conserver la ville ancienne d’un côté, et à développer la ville nouvelle de l’autre. Mais cette
idée, prolongement de celle du monument historique, n’a finalement pas réussi à défendre les patrimoines urbains.
Ce travail fournit des outils critiques, permet de penser l’avenir de la politique urbaine et du patrimoine historique bâti, de préparer les bases d’une réflexion sur le changement nécessaire de la politique d’urbanisme pour que la société chinoise ne perde pas
son identité culturelle. La conjoncture nouvelle décrite au terme de cette étude ne pose cependant pas de coupure nette. Les villes
historiques et les monuments anciens sont liés à une chaîne dont les maillons résident encore dans le relais du “ souvenir ”, tel que
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le posait la “ Préface au Pavillon des orchidées ” : “ Nos descendants nous regarderont comme nous regardons nos prédécesseurs ”, proposition qui est révélatrice de la complexité du concept du patrimoine historique bâti.
Davisi BOONTHARM
Lieux du commerce et évolution urbaine de Bangkok 1782-2000 : étude des transformations urbaines
et de leur qualification à travers l'évolution des fonctions et formes commerciales
Thèse de doctorat soutenue le 11 mai 2001, sous la direction de Charles Goldblum et Pierre Clément, Université Paris VIII.
Les grandes métropoles de l’Asie du Sud-Est se caractérisent fortement par l’importance, la diversité et la flexibilité de leurs
dispositifs physiques et spatiaux attachés à l’économie du commerce.
Bangkok, capitale de la Thaïlande, en est un exemple particulièrement significatif. Son histoire, sa situation géographique privilégiée de grand port fluvial, proche du littoral continental, ses activités d’échanges témoignent de cette prééminence de la fonction
commerciale. Ces différentes considérations ne pourraient manquer, par ailleurs, de marquer profondément son aspect architectural et urbain.
C’est de ce point de vue que nous avons construit notre démarche d’étude, privilégiant ainsi, pour un temps, les problèmes
d’identification et de hiérarchisation des types, formes, quartiers et territoires urbains, en y associant l’ensemble des autres données : politiques, économiques et sociales.Le développement du système commercial à Bangkok trouve son origine dans les
échanges considérés sous deux aspects : échange des produits agricoles par les paysans entre eux et avec les citadins et échange
extérieur par le réseau maritime inter- asiatique et avec les pays occidentaux. Après plus de deux siècles d’histoire urbaine, ce
développement a abouti, de nos jours, à des systèmes commerciaux complexes qui se développent à l’échelle mondiale et qui
s'expriment en ville sous des types et des formes particulièrement variés.
Ce travail détermine l’impact sur la ville de l’activité économique dite commerciale, du point de vue de la constitution, de la
transformation et de la qualification urbaines. Il présente l’évolution de la forme architecturale et urbaine commerciale depuis la
forme traditionnelle jusqu’à la forme contemporaine et le passage de l’activité commerciale d’une forme à une autre, ainsi que
son rôle dans le développement urbain. La délimitation de l’expression “ lieux du commerce ” telle que nous l’employons est
définie par la nature des interactions entre les acteurs de la consommation sur leurs lieux d'échange. Nous observons donc principalement l’espace des échanges des biens matériels et des services entre le marchand et le client (principalement le consommateur
final). Cette délimitation rend notre emploi de la notion d’“ espace commercial ” plus tangible et nous permet plus facilement
d'établir une typologie et de suivre son évolution.Nous essayons de décrire également comment les pôles du commerce se créent,
comment ils se sont déplacés et quelles formes ils adoptent dans la composition urbaine. Nous montrons aussi l’importance du
commerce dans l’édification des centres urbains et comment ils se sont développés dans le temps, avec une accélération particulière depuis la période du “ boom ” économique des années 80. Cette notion de “ lieux du commerce ” nous sert ainsi de fil
conducteur pour comprendre la ville dans sa complexité.
En associant plusieurs méthodes d’investigation, y compris le relevé architectural et les études de cas, pour aborder cette recherche, nous l’avons structurée en 3 parties:
1 - Etat des lieux du commerce à Bangkok.
Cette partie est en quelque sorte une longue introduction sur le commerce tel qu’il se présente aujourd’hui, sur ses différents aspects, surtout son aspect spatial, son rôle dans le développement urbain et son importance dans l’économie thaïlandaise contemporaine. Cette approche nous permet de constater l’importance et l'influence des formes traditionnelles du commerce, ce qui nous
renvoie à la deuxième partie consacrée à l'étude de leur histoire.
2- Approche historique de la formation urbaine commerciale
Nous consacrons cette partie à l’évolution des formes urbaines commerciales, à ce qui caractérise ces différentes formes, et au
rôle de chacune dans la structuration des quartiers urbains. Pour étudier cette évolution, nous remontons au-delà de la période de
Rattanakosin (le noyau historique de Bangkok), jusqu’à l’époque de l’ancienne capitale Ayuthaya, dont les “ modèles ” ont été
transposés à Bangkok, avant que Bangkok ne développe des modèles qui lui sont propres. Cette partie ne traite donc que des
formes “ traditionnelles ”, formes nées dans la période de la fondation de la ville, mais qui sont présentées chronologiquement
depuis leur origine jusqu’à leur développement contemporain. Nous apprenons à travers cette évolution que ces formes traditionnelles du commerce se sont affinées dans un processus d'adaptation au cours de l'histoire de la ville pour constituer les “ modèles
” appropriés à l'organisation urbaine de Bangkok. Cette réponse nous incite à vérifier par la suite, pour la période contemporaine,
les conséquences du développement accéléré des pratiques modernes du commerce sur l'évolution des formes urbaines.
3. Approche contemporaine de configurations urbaines et architecturales à travers le développement du groupe “ CENTRAL ”.
Le groupe CENTRAL étant la plus grande entreprise de distribution pour toute la Thaïlande, nous présentons dans cette partie
l'impact de ses stratégies de développement sur l'organisation du territoire de Bangkok. Nous prenons comme exemple l'évolution
des équipements commerciaux que ce groupe a réalisés. A travers ces réalisations, nous voyons comment ont évolué non seulement les types et les formes de commerce, mais également l’organisation du système au sein même du groupe et ses stratégies
urbaines. Nous constatons la rapidité du déploiement de ces formes modernes du commerce sur l’ensemble du territoire urbain.
Ce changement radical dans un délai très court s'exprime manifestement comme une ruptue. Il incite à s’interroger, sans porter de
jugement de valeur, sur la possibilité de voir ces formes modernes du commerce subir, comme les modèles traditionnels, un réajustement pour établir un nouvel équilibre urbain.
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Ce travail se conclut par différentes questions : une première question concerne la coexistence à Bangkok des formes architecturales et urbaines du commerce relevant tantôt de la tradition et tantôt de la modernité ; pour le moment, ces formes cohabitent,
mais quelles sont les perspectives d’une telle mixité ? Une seconde question se rapporte plus précisément au futur urbain et commercial : qu’en est-il des incidences de l’économie “ virtuelle ” sur les formes commerciales ? La dématérialisation du commerce
est envisagée par certains auteurs dans le sens de la disparition des espaces matériels de l’échange, autrement dit des “ lieux du
commerce ” ; comment rendre compte de l’emprise croissante et de la diversification typologique qui caractérise l’évolution récente des formes du commerce à Bangkok dans une telle perspective ?
Sans prétendre répondre à cette ultime question, notre étude démontre qu’il existe une relation étroite entre processus de croissance commerciale et formes induites d’urbanisation. En conséquence, il est permis de conclure que les politiques de développement urbain ne sauraient faire abstraction des paramètres de l’économie commerciale, y compris quant à leurs caractéristiques
physiques, urbaines et architecturales.
Villes, Architectures, Patrimoines :
Maghreb et Proche-Orient
Responsable : Serge Santelli
La recherche approfondie sur la typologie de la maison orientale est menée en partenariat étroit avec le Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées « Villes, Architectures et Patrimoines : Maghreb et Proche-Orient ». La recherche est axée de manière
continue sur la maison maghrébine en partenariat avec des chercheurs marocains (Saïd Mouline, entre autres). Ces quatre dernières années le travail s’est concentré sur les villes côtières du Maroc (Azemmour, Essaouira et Salé) qui possèdent toutes une
structure urbaine similaire et une typologie résidentielle similaire. Dans les années qui viennent il est prévu de travailler sur les
villes du Nord marocain, et en particulier sur la médina de Chefchaouen, petite ville de montagne influencée par la proximité
andalouse.
Ces études ont un intérêt patrimonial évident et ont pour objectif, non seulement de définir les spécificités architecturales et spatiales des maisons étudiées, mais aussi d’étudier leur niveau de pérennité patrimoniale. Ces études permettent ainsi de contribuer à
une meilleure connaissance de l’état du bâti et peuvent contribuer à la réalisation d’un plan de sauvegarde et de développement.
• Maisons orientales
Quatre projets ont été initiés en dehors du Maghreb : les maisons d’ Ispahan, projet actuellement en voie d’achèvement, les maisons de Mossoul, les maisons d’Harar et les maisons ottomanes.
• Les maisons d'Ispahan
Responsables : Philippe Revault et Serge Santelli.
Participants extérieurs : Pierre Pinon, historien, chercheur associé IPRAUS, Darab Diba, Simon Ayvazian, Ali Farzin (Iran).
Partenaires institutionnels : Ecoles d'architecture de Paris-Belleville et de Paris-La Villette, Département d'architecture de la faculté des beaux
arts de Téhéran, Service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France à Téhéran.
Ce programme, commencé en 1995, s'est déroulé autour de quatre séjours à Ispahan. La recherche vient de donner lieu à la publication d'un ouvrage. Il a été réalisé avec des enseignants architectes de la faculté des beaux arts de l'université de Téréran qui ont
participé à la rédaction d'un certain nombre d'articles.
Maisons d’Ispahan, Darab Diba, Philippe Revault, Serge Santelli (dir.), Paris, Maisonneuve et Larose, 2002.
• Les maisons de Mossoul.
Responsables : Philippe Revault et Serge Santelli.
Participants : Pierre Pinon, historien, chercheur associé IPRAUS
Partenaires institutionnels : Ecoles d'architecture de Paris-Belleville et de Paris-La Villette, Département d'architecture de l'université de
Bagdad, Département d'architecture de l'université de Mossoul.
Ce programme de recherche est en cours. Il a commencé en 1999 et s'est interrompu momentanément par manque de soutien
financier. Une deuxième mission serait nécessaire pour compléter le travail déjà réalisé. En recherche de financement complémentaire.
• Les maisons d'Harar
Responsables : Philippe Revault et Serge Santelli.
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Participants : Pierre Pinon, historien, chercheur associé IPRAUS, Karine Martin, architecte, attachée de recherche.
Partenaires institutionnels : Centre français des études éthiopiennes à Addis Abeba Ethiopie, Ecole d'architecture de Paris-Belleville, Bureau
des sports et de la culture d'Harar, Centre culturel "Maison Rimbaud".
Harar est une ville islamique fondée vers le XIIIe siècle par des Arabes venus du Yemen et d'Arabie. Pendant longtemps la ville,
qui est devenue un centre commercial et culturel important sur la route des caravanes reliant l'Afrique centrale à l'Arabie, a été un
Emirat indépendant. A la fin du XIXe siècle la ville a été conquise par l'empereur Menelik et est intégrée depuis cette époque à
l'Ethiopie. Harar est une ville dont l’histoire est très spécifique en Ethiopie et a gardé jusqu'à nos jours presque intacte sa structure urbaine et l'essentiel de son tissu architectural domestique.
La typologie des maisons harari est double. On trouve d'abord la maison harari traditionnelle, d'inspiration islamique, complètement introvertie et constituée d'unités volumétriques simples. On trouve également, à partir du début de ce siècle des maisons
indiennes, extraverties, construites sur les parties hautes de la ville, dont les galeries en bois extérieures s'ouvrent sur le paysage.
Enfin on trouve un type mixte, métissage de la typologie traditionnelle harari et d' éléments d'extension de tradition indienne.
Ce programme spécifique a commencé en juillet 2001 par un relevé d'architecture d'une vingtaine de maisons. La recherche est en
cours. Elle devrait être continuée en 2002 par un second séjour sur place pour envisager avec les autorités locales un partenariat
susceptible de déboucher sur la réalisation d'un plan de sauvegarde de la ville.
Ce travail de recherche est réalisé en partenariat avec le DESS "Villes, Architectures et Patrimoines : Maghreb et Proche-Orient".
L'objectif est de réaliser, sur le long terme, un ouvrage d'architecture intitulé "Maisons d'Harar", fin de l'année 2002, sur le modèle de ceux déjà réalisés ou en cours.
• La maison et la ville ottomane
Responsables : Alain Borie et Pierre Pinon
Si l’on s’en tient à une définition strictement historique, on peut appeler “ maisons ottomanes ” les habitations construites pendant
la période de l’empire ottoman dans toutes les régions gouvernées par l’administration de cet empire.
Existe-t-il un type d’architecture domestique spécifiquement ottoman, comme il existe un type de mosquée ottomane assez reconnaissable ? Existe-t-il un type de ville spécifiquement ottoman ? C’est ce dont on pourrait douter, devant l’extraordinaire variété
des architectures rencontrées dans l’ancien empire. A première vue, il n’existe aucune affinité entre des maisons d’Istanbul, de
Belgrade, de Sanaa ou d’Alger… L’immense extension de l’empire ottoman, aussi bien dans des régions européennes que dans
les pays arabes, n’a pas permis l’homogé-néisation de l’architecture domestique (ni même de l’architecture monumentale) sur une
aussi vaste étendue.
S’il existe un type traditionnel de maison très répandu dans toutes ces régions, ce sont les “ maisons à cour ”, type dominant dans
toutes les régions méditerranéennes depuis la période antique pratiquement jusqu’à la période contemporaine. Les types de maisons de la période ottomane, dans leur grande majorité sont effectivement des variantes de maison à cour, particulièrement dans
les pays arabes. Marginalement on rencontre aussi des “ maisons-tour ”, dans la péninsule arabique ou dans les régions du Pelion
ou de Thessalie.
En fonction du corpus d’exemples dont nous disposons, nous restreignons notre étude de la maison et de la ville ottomane aux
limites de l’actuelle république turque, ainsi qu’à la partie balkanique de l’ancien empire. Nous retrouvons là, fondamentalement,
la même diversité typologique dans les architectures, le même contraste dans les tissus urbains. Mais dans la partie nord-ouest de
la Turquie d’Asie, en Thrace et dans la Grèce du Nord, on peut observer l’émergence d’un type architectural tout à fait original,
spécifique de la fin de la période ottomane, “ la maison à sofa ” qui forme un tissu urbain plus ou moins dense suivant les villes
considérées.
• DESS « Villes, Architectures, Patrimoines : Maghreb et Proche Orient »
L'organisation et l'orientation du DESS sont exposées page 43.
• DEA « Le projet architectural et urbain : théories et dispositifs »
Mémoires de DEA soutenus sur le Maghreb et le Proche-Orient de 1998 à 2001
•
• Ramak BORZOOI
Le rôle de la cour dans l'architecture, dans la formation des quartiers et de la ville (Yazd - Iran), 2001, sous la direction de
Pierre Pinon.
• Tarik BELLAHSENE
De Tizi-Ouzou, village de création militaire, à la vallée du bas Sébaou/plaine de l'Isser : 1857-1877, le premier espace colonial
de Grande Kabylie,1999, sous la direction de Pierre Pinon.
• Thèses en cours
• Tarik BELLAHSENE
Formation de l'espace urbain colonial en Grande Kabylie : 1857-1890, de la plaine vers la montagne, sous la dir. de Pierre Pinon.
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• Ida KASDI
L’espace Ksourien : pérennité et mutation, sous la dir. de Pierre Clément et Serge Santelli.
• François KHARRAT
La formation des quartiers résidentiels de Beyrouth à l'époque du Mandat français, sous la dir. de Pierre Pinon.
• Sami MIMITA
Développement touristique et patrimoine : folklorisation ou mise en valeur ?, sous la dir. de Pierre Clément.
• Derin ONCEL
Formation d'un nouveau type d'habitat à Istanbul au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, sous la dir. de Pierre Pinon.
• Mohamed SLIMENE
Les promenades sur le bord de la mer, sous la dir. de Pierre Clément.
L’Enseignement de Recherche
• CEAA « Métropoles d'Asie-Pacifique »
Responsables scientifiques: Pierre Clément, Charles Goldblum, Yong-Hak Shin (coordinateur pédagogique)
Autres enseignants : Christian Pedelahore, Jean-Jacques Dupuy, Nathalie Lancret
Formation spécialisée de 3e cycle et post-diplôme en architecture et aménagement urbain sur les grandes villes de l'AsiePacifique, organisée par les Ecoles d'Architecture de Paris-La-Villette (gestionnaire du programmme), Paris-Belleville, ParisVillemin et l'Institut Français d'Urbanisme (IFU), Université de Paris VIII-Saint Denis.
Cette formation habilitée par la Direction de l'Architecture et du Patrimoine depuis 1984, répond à un double objectif :
- Développer l'analyse, les méthodes d'approches et l'instrumentation de connaissances spécifiques sur les phénomènes urbains
dans l'aire Asie-Pacifique
- Former des professionnels à l'intervention architecturale et urbanistique.
L'Asie-Pacifique, aire de très longues traditions urbaines, se caractérise aujourd'hui par les mutations rapides de ses villes, dans
un contexte marqué par deux décennies de forte croissance économique. Compte tenu de ces spécificités, la formation privilégie,
sur le principe d'un travail de terrain, trois démarches :
a/ l'analyse des formes urbaines et architecturales existantes dans une perspective d'intervention sur les villes, respectueuse de leur
histoire et de leur tradition.
b/ L'étude des processus de développement, des modes d'extension, des procédures de gestion, dans leur rapport aux pratiques de
conception et de mise en œuvre.
c/ la pratique du projet urbain sur les sites étudiés et choisis pour leur valeur démonstrative des mutations en cours.
Les précédents terrains ont principalement porté sur : Séoul, Bangkok, Phnom Penh, Hanoï, Ho Chi Minh-ville, Vientiane; avec
en perspective Djakarta, Manille, Shanghaï, Taipei, Kuala Lumpur, Singapour, Hong Kong. Les occcasions de mise en situation
par des stages de longue durée sur le terrain auprès d'agences d'architectes, de collectivités locales, d'institutions de recherche ou
d'entreprises du bâtiment sont systématiquement développées.
La formation est ouverte
- aux étudiants du 3ème cycle des Ecoles d'Architecture participantes et aux autres après acceptation de la demande de transfert
- aux titulaires d'un Diplôme d'Architecture français ou étranger, Diplôme d’ingénieur, Maîtrise d'urbanisme, Diplôme permettant
l'accès à un troisième cycle universitaire
- aux étudiants du DESS de l'IFU option "Ville et Développement" selon des modalités spécifiques.
- par décision individuelle du Directeur de l'Ecole d'Architecture gestionnaire, sur proposition des responsables de la formation,
aux candidats ne possédant pas les diplômes mentionnés ci dessus
Durée et validation des études
a) 1 an : post-diplôme Certificat d'Etudes Approfondie en Architecture- Métropoles d'Asie-Pacifique (DPEA MAP)
b) 2 ans : 3ème cycle DPLG des écoles participantes
c) 2 ans : au titre d'une convention avec l'IFU, possibilité de Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) d'Urbanisme et
Aménagement option "Ville et développement - expertise internationale"
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• CEAA «Architecture urbaine»
Diplôme d’enseignements approfondis inter-écoles EAPB, EAPV, EAPD, EAPS, EAN
Coordination : Nicole Eleb-Harlé, responsable de la formation
Enseignants : Frédéric Bertrand, Marc Breitman, Nicole Eleb-Harlé, Antoine Grumbach, François Laisney, Michèle Lambert,
Pierre Micheloni, Jean-Michel Milliex
Enseignants associés: Monique Eleb, Philippe Gresset, Philippe Panerai, Jérôme Treutel (E.A.Paris-Malaquais ), Yannis Tsiomis, Nicolas Soulier , Philippe Revault (E.A. Paris-La Villette), Aleth Picard (E.A. Normandie)
Formation à la composition urbaine : La Métropole Parisienne
Cette formation est issue des enseignements regroupés antérieurement au sein du C.E.A. Architecture Urbaine de l’EAPB. Les
terrains de réflexions qui rassemblent ses membres, enseignants-chercheurs ou praticiens des différentes Ecoles d’Architecture,
sont ceux de la métropole Parisienne. L’approche des formes urbaines et des projets se veut à la fois spécifique de ce territoire et
de son histoire, et comparatiste vis à vis d’autres grandes régions capitales Européennes. L'architecture Urbaine se situe au point
d'articulation entre l’échelle architecturale et celle de l'urbanisme. Son champ d'application est celui des conditions de transformations des paysages urbains. Son échelle intermédiaire désigne comme objets de travail privilégiés les modalités diverses selon
lesquelles se composent et s’articulent les rapports entre espaces publics, espaces privés et architecture dans la ville. Les contextes
conjugués de la métropolisation, de la nature sédimentaire des phénomènes urbains et territoriaux, la construction de la ville sur la
ville, constituent les enjeux actuels des recompositions urbanistiques. Patrimoines historiques et contemporains, centres denses et
périphéries disséminées, infrastructures polarisantes des richesses et enclaves exclues s’y côtoient.
Le contenu se focalise sur les savoirs théoriques et pratiques liés à la conception urbanistique, les méthodologies de l’analyse
urbaine et ses rapports au projet urbain. L’enseignement des séminaires et des cours dresse un bilan des théories de la composition urbaine et de l’évolution des formes urbaines. Les séminaires s’attachent à l’analyse des phénomènes urbains aux différentes
échelles ; ils forment à la lecture des échelles territoriales (périphéries et confins urbains) et aux logiques de formations et transformations des banlieues du XVIII° au XX° siècle, à la lecture des dispositifs urbanistiques constitutifs des tissus parisiens, (Paris : tracés et découpages, Archéologie de la voie publique, l’espace public) et explorent la question de l’habitation à Paris depuis
la fin du XIX°siècle. Les Studios de projets urbains visent à la mise en pratique des thèmes abordés dans les séminaires et offrent
la possibilité d’approfondir les cultures et les outils de la conception et de la composition urbaine aux diverses échelles. La recomposition des périphéries et des banlieues contemporaines, des grandes infrastructures de transports et de leur rapport à
l’espace public et au paysage urbain, l’aménagement de l’ espace public et son embellissement sont parmi les sujets abordés.
Ces enseignements se constituent désormais en réseau, afin de mutualiser des moyens et de provoquer des synergies entre les
écoles associées. Il s’agit de consolider les partenariats traditionnels pour affirmer le pôle urbain de la région parisienne. Ce réseau regroupe des enseignements dispensés par les écoles d’architecture de Paris-Belleville, Paris-Malaquais, Paris-la-Villette. et
de Normandie.
• DESS « Villes, Architectures, Patrimoines : Maghreb et Proche-Orient »
Responsables scientifiques : Jacques Birouste, Professeur à l’Université de Paris X-Nanterre, Vice-président chargé de la recherche et Serge
Santelli, Architecte, maître-assistant à l’Ecole d'Architecture de Paris-Belleville
Enseignants de la formation : Barbara Bonnefoy (psycho-sociologue, maître de conférences à l’Université de Paris X- Nanterre), Alain Borie
(architecte, professeur à l’Ecole d’Architecture de Paris-Malaquais), Christiane Blancot (architecte-urbaniste, Atelier Parisien d’Urbanisme de la
ville de Paris), Pierre Bouché (architecte, maître-assistant à l’Ecole d’Architecture de Strasbourg), Henri Bresc (professeur à l’Université de
Paris X-Nanterre), Tahar Bekri et Moktar Djebli (maîtres de conférences à l’Université de Paris X-Nanterre), Valérie Dufoix (chargée de cours),
Françoise Navez-Bouchanine (sociologue, professeur, détachée au CNRS), Ludovic Jonard (responsable de l’organisation des stages), Sawsan
Noweir (architecte, maître-assistant à l’Ecole d’Architecture de Versailles), Pierre Pinon (architecte, professeur, détaché au CNRS), Daniel
Pinson (professeur à l’institut d’Aménagemenr Rural -Université d’Aix-Marseille III), Philippe Revault (architecte, professeur à l’Ecole
d’Architecture de Paris-la-Villette), Christelle Robin (sociologue, maître-assistant à l’Ecole d'Architecture de Paris-la-Villette), Yves Roujon
(architecte, maître-assistant à l’Ecole d’Architecture de Versailles), Luc Vilan (architecte, maître-assistant à l’Ecole d’Architecture de Versailles), Dominique Vivier (sociologue, chercheur CNRS), Nathalie Wolberg (architecte, chargée de cours).
Enseignants associés : Saïd Mouline (architecte sociologue, Rabat), Catherine Weill-Rochant (architecte, Jérusalem), Mehmet Çubuk (architecte urbaniste, Istanbul).
Le Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées "Villes, Architectures et Patrimoines : Maghreb et Proche-Orient" est une formation post-diplôme qui s'adresse aux professionnels des métiers de la ville, tels architectes, géographes, sociologues, historiens, ou
urbanistes qui souhaitent approfondir et améliorer leurs connaissances et savoir-faire dans le domaine de l'architecture et de l'aménagement urbain dans les pays du Maghreb et du Proche Orient. Elle associe les écoles d'architecture de Paris-Belleville, de ParisLa-Villette, de Versailles et de Paris-Malaquais à l'Université de Paris X-Nanterre et est habilitée conjointement par le ministère
de l'éducation nationale et le ministère de la culture et de la communication. L'acquisition du diplôme nécessite une année de
travail universitaire.
La formation est organisée autour d'enseignements communs (cours fondamentaux et spécialisés) et d'enseignements optionnels
(ateliers). La majorité des enseignements communs a lieu durant le premier semestre pour que leurs apports théoriques puissent
alimenter et structurer la pratique développée dans les ateliers, et plus particulièrement durant le séjour d'étude sur le terrain que
chaque étudiant effectue lors du deuxième semestre.
39
Dans la mesure où la formation associe enseignants architectes et enseignants universitaires les enseignements abordent de manière paritaire et complémentaire d'une part, les approches architecturales et urbaines portant sur des analyses de tissus constitués
et des projets d'aménagement à visée opérationnelle et, d'autre part, les approches historiques et socio-ethnologiques des espaces
vécus et habités des villes étudiées. Les études portent la plupart du temps sur des ensembles urbains historiques, faubourgs ou
petites villes, pour lesquels l'approche typologique (études de l'habitat) et morphologique (analyses urbaines) est privilégiée pour
mieux comprendre la structure et le développement du tissu urbain traditionnel constitué pour l’essentiel d’architectures ordinaires.
Les ateliers permettent de mener des approches analytiques et projectuelles comparatives, sur la base d'analyses cumulées depuis
de nombreuses années sur des ensembles urbains et architecturaux de villes ou de régions du Maghreb et du Proche Orient tels
Damas, Le Caire, les médinas côtières du Maroc et les villes du sud est de la Turquie. Certains ateliers ont pu également se dérouler récemment dans les centres historiques des villes de Bethléem, d'Ispahan, de Naplouse et de Mossoul. Des études et analyses approfondies ont ainsi pu être réalisées, en partenariat avec les départements d'architecture des universités des villes concernées, sur leur riche patrimoine architectural, le plus souvent menacé. Ces études ont pu contribuer à mieux définir une politique
de réhabilitation et de revalorisation de certains centres anciens, en réalisant, par exemple, le plan de sauvegarde de la ville de
Bethléem.
Le séjour sur le terrain, d'une durée minimale de deux semaines, précédé de nombreux exercices d'application et de préparation
durant le premier semestre, forme les étudiants aux disciplines de l'enquête, du relevé architectural et urbain, et de l'analyse du
vécu. Il est prolongé par l'élaboration d'un projet d'aménagement dans lequel sont associés les savoir-faire des architectes et ceux
des disciplines qui leur sont associées dans l'élaboration du programme du projet.
Le stage, qui se déroule pendant les trois mois d'été (juillet, août et septembre) permet à l'étudiant, selon le thème du travail choisi
et l'organisme d'accueil, d'acquérir des outils de connaissance et d'analyses de caractère professionnel et opérationnel, mais aussi
de diversifier ses savoir-faire, voire de préparer le mémoire. Le stage est encadré par un tutorat de stage mis en place depuis deux
ans qui permet aux étudiants de mieux définir leur projet pédagogique et de mieux choisir leur organisme d'accueil en fonction de
leurs objectifs professionnels.
Le mémoire de fin d'étude est l'occasion pour l'étudiant d'approfondir une réflexion critique sur un thème spécifique et d'élaborer
un travail de synthèse sur un sujet librement choisi, en relation ou non avec le travail abordé durant le stage ou l’atelier. Le mémoire est dirigé par un enseignant universitaire et un enseignant architecte.
• DEA « Le projet architectural et urbain : théories et dispositifs »
Responsable scientifique : Yannis Tsiomis; Responsables adjoints : Jean-Louis Cohen et Monique Eleb; Professeurs habilités à diriger des
recherches : Jean Castex, Pierre Clément, Jean-Louis Cohen, Monique Eleb, Charles Goldblum, Christian Moley, Philippe Panerai, Pierre
Pinon, Yannis Tsiomis, Stéphane Yérasimos; Enseignants de la formation : Henri Bresler, Patrick Céleste, Nicole Eleb-Harlé, Bruno Fortier,
Philippe Gresset, François Laisney, André Lortie, Claude Prelorenzo.
Cette formation est rattachée à l’Ecole doctorale “Ville et Environnement” qui regroupe par ailleurs des DEA issus de l’Ecole
Nationale des Ponts et Chaussées, de l’Université de Paris-XII, de Paris-VIII, de Marne-la Vallée.
L’objectif de la formation de ce DEA est la préparation à la recherche dans le domaine de l’architecture, à des échelles allant de
l’habitation à la ville, et à partir d’approches diversifiées telles que l’analyse technique ou formelle des dispositifs bâtis, des propositions d’occupation, de la distribution.
Les thèmes abordés dans l’enseignement sont en particulier : 1) l’histoire de l’architecture et celle des villes et de leurs transformations physique, spatiale et architecturale; 2) les problèmes de la forme urbaine des villes contemporaines en Europe et des pays
développés; 3) la généalogie de l’habitation et la constitution des dispositifs de l’habitation contemporaine; 4) l’architecture de la
ville et de l’habitation au Proche-Orient et en Extrême-Orient.
L’obtention de ce DEA permet l’inscription à l’Université de Paris-VIII en doctorat “Projet architectural et urbain” sous la direction d’un enseignant de la formation habilité à diriger les thèses.
Mémoires de DEA soutenus sous la direction de Pierre Clément voir page 36.
Mémoires de DEA soutenus sous la direction de Pierre Pinon et Nicole Eleb voir page et page 8 et 41.
• DEA « Mutations des sociétés contemporaines : dynamiques familiales, professionnelles et territoriales »
Université Paris- X-Nanterre
Responsables : Georges Augustins et Maria Eugenia Cosio-Zavala
Enseignants IPRAUS : Maïté Clavel, Isaac Joseph, Martine Segalen
Le DEA repose sur une idée centrale, celle selon laquelle la compréhension de la plupart des phénomènes sociaux contemporains
suppose une analyse approfondie des mécanismes qui président tant à la mobilité sociale et géographique qu’au contrôle des espaces de vie, tant à la compréhension de l’organisation familiale et de ses variantes qu’aux mutations de l’organisation du travail.
40
Les différentes options du DEA sont autant de modes d’observation complémentaires des mutations comme des facteurs de continuité du monde contemporain : 1. Identités, familles, parenté ; 2. Territoires, sociétés et environnement ; 3. Mondes sociaux du
travail ; 4. Population, développement, sociétés.
Isaac Joseph
Professeur de sociologie à Paris X-Nanterre
En délégation au CNRS depuis le 1er Septembre 1999
Séminaire de 3ème cycle : "Sociétés et Cultures Urbaines"
Ce séminaire entend s'inscrire dans la continuité des enseignements délivrés au sein du département de sociologie de Nanterre sur
les pratiques de mobilité, les formes de sociabilité et les com-pétences du citadin. Il traite des formes contemporaines d'organisation des espaces et des services publics et introduit à l'analyse des langages de l'urbanité. L'étude des usages, de leur régularité et
de leur ritualité entend mettre en lumière l'ordre des civilités urbaines ou ses troubles, les contextes et les processus par lesquels
les espaces habités se transforment, se polarisent ou se recomposent, la vulnérabilité des territoires résidentiels et de l'univers des
rencontres.
L'analyse minutieuse de la vie quotidienne en milieu urbain, traditionnelle dans le département de sociologie de Nanterre, est la
condition d'une compréhension sérieuse des formes présentes ou à venir du lien social et de la citoyenneté. Elle est articulée à un
ensemble d'orientations de recherche qui portent sur les savoirs et les métiers de l'espace public et des services urbains et sur les
mobilités dans les sociétés contemporaines.
Derniers ouvrages parus
Philippe BONNIN, Rose-lyne de VILLANOVA (eds), D'une maison l'autre, parcours et mobilités résidentielles, Grâne, Créaphis, 1999, 371 p.
Alain BORIE, Xavier DOUSSON (présentation historique), Jean Bossu, architectures 1950-1979, La Réunion, Itinéraires du
Patrimoine, sept. 2000.
Karen BOWIE (dir.), La modernité avant Hauss-mann : formes de l'espace urbain à Paris 1801-1853, Paris, Editions Recherches, 2001, 407 p.
Nicole ELEB-HARLE, Conception et coordina-tion des projets urbains, Paris, Editions Recher-ches, 2000, 180 p.
Liliane DUFOUR, Antiche e nuove difese : Torri, Castelli et Forti del Siracusano, Syracuse, Ediprint, 2000, 95 p.
Liliane DUFOUR, Antonio LA GUMINA, Imago Siciliae. Carto-grafia storica della Sicilia, 1420-1860, Catane, 1998, 329 p.
Liliane DUFOUR, Henri RAYMOND, Siracusa tra due secoli : le metamorfo-si dello spazio 1600-1695, Siracusa, Arnaldo Lombardi editore, 1998, 163 p.
Anne GOTMAN, Le sens de l'hospitalité. Essai sur les fondements sociaux de l'accueil des autres, Paris, PUF, Le lien social,
2001.
Anne GOTMAN, Cathe-rine BONVALET, Yves GRAFMEYER (eds), La famille et ses proches : l'aménagement des territoires. Paris, PUF/INED, Travaux et documents n° 123, 1999, 291 p.
Isaac JOSEPH (dir.), Villes en gares, La Tour d’Aigues, Editions de l'aube, 1999, 309 p.
Isaac JOSEPH, Erving Goffman et la microsociologie. Paris, PUF, 1998, 126 p.
Isaac JOSEPH, La ville sans qualités, La Tour d’Aigues, Editions de l'aube, 1998, 209 p.
Rainier HODDE, Alvar Aalto, Paris, Hazan, 1998, 144 p.
Nathalie LANCRET, Catalogue de l'exposition “Vientiane à travers une lecture cartographique 1900-2000”. Vientiane, mars
2000.
Eliane NICOLINO, Eva-luation documentaire des études et recherches exis-tantes sur les critères d’u-sage du logement : relations familiales ; relations sociales ; ségrégation, exclusions ; prise en compte des usages et ex-périmentation architec-turale,
Plan construction et architecture, collection Recherches, n° 94, 1998.
Jean-Paul MIDANT, Au Moyen-Age, avec Viollet-le-Duc, Paris, éditions l’Aventurine, 2001, 192 p.
Jean-Paul MIDANT, France musées récents, AMC, Le moniteur architecture, hors série, 1999.
41
Pierre PINON, Paris, biographie d'une ville. Paris, Hazan, 1999, 367 p.
Pierre PINON, Places et parvis. Paris, Imprimerie nationale, 1999, 158 p.
Darab DIBA, Philippe REVAULT, Serge SAN-TELLI (dir.), Maisons d’Ispahan, Paris, Maison-neuve et Larose, 2002.
Martine SEGALEN, Claudine Attias-Donfut, Grands-parents. La famille à travers les générations, Paris, Odile Jacob, 1998.
Martine SEGALEN, Rites et rituels contemporains. Paris, Nathan, coll. 128, 1998, 127 p.
Roselyne de VILLANO-VA, Marie-Antoinette HILY ; Gabrielle VARRO (eds.), Construire l’inter-culturel ? De la notion aux
pratiques, Paris, L’Harmattan, 2001.
Roselyne de VILLANO-VA, Isabel GUERRA, Alexandra CASTRO (eds.), Habitar e habi-tantes : mudança social e formas de
habitar, Sociedade e Territorio, Porto, numéro spécial, févr. 1998
Quel enseignement pour l'architecture ? Continuités et ouvertures.
Neuf entretiens réunis par Jean-Louis Violeau, Paris, Editions Recherches/Ecole d’architecture de Paris-Belleville, 1999.
Plusieurs enseignants-chercheurs de l’IPRAUS ont participé aux entretiens qui constituent cet ouvrage de réflexion sur l’enseignement de
l’architecture. Ces entretiens sont aussi tournés vers le monde de l’architecture dans son ensemble à travers le positionnement de plusieurs protagonistes du grand débat qui depuis 68 alimente le renouveau théorique et formel de l’architecture française : Bernard Huet, Henri Ciriani,
Antoine Grumbach, Bruno Fortier, Pierre Clément, Daniel Bernstein, Claude Vié, Brian Taylor, Jacques Frédet. Ils se sont ainsi confrontés aux
grandes échéances à venir : application de la réforme, organisation des écoles d’architecture, rapport à l’Université, question de la licence
d’exercice, renouvellement de l’effectif enseignant …Ces échanges s’inscrivent au cœur de la réflexion menée actuellement autour de la notion
de projet, pivot de la réforme en cours.
L'architecture et la ville : mélanges offerts à Bernard Huet, Ecole d'architecture de Paris-Belleville/Editions du Linteau,
2000, 225 p.
Parmi les nombreux articles de cet ouvrage réalisé en Hommages à Bernard Huet, on peut citer les contributions des enseignants-chercheurs de
l’IPRAUS :
Détour par la Chine ou La Chine et l’architecture, Pierre Clément ; Les conditions du projet urbain dans la ville de la périphérie, Nicole ElebHarlé ; La maison d’habitation ordinaire comme fait urbain, Jacques Frédet ; Le conteur et la ville, François Laisney ; Impressions de voyage,
Michèle Lambert-Bresson ; De Paris à Richelieu, un voyage architectural de Léon Dufourny, Pierre Pinon ; Bernard Huet le Tunisien, Serge
Santelli ; Villes coloniales et de plaisance, Dalat, Bandung et les CIAM, Brian Brace Taylor.
Paris, formes urbaines et architectures
Coordination et préparation éditoriale : Annie Térade
Paris, Editions Recherches/IPRAUS, 1998, 200 p.
Ce recueil d'articles sur l'espace de Paris, sa formation, ses composantes sociales entend initier une série présentant les résultats de travaux
développés au sein de l'IPRAUS.
Si le contenu est le fruit d'une sélection de recherches achevées, des thèmes majeurs émergent, qui reflètent la cohérence de problématiques
partagées. La construction de la ville en est le fil conducteur : sur des exemples historiques ou contemporains (lotissements, percées, ZAC…),
l'ouvrage articule problèmes de tracés urbains, de composition et de typologies architecturales, de procédures et de règlements, de pratiques de
l'espace et de modes de vie.
Au-delà de la dimension "scientifique" du travail historique, se dégage un engagement discret des chercheurs en faveur d'un projet permettant la
maîtrise des formes architecturales et urbaines par une réflexion sur la composition, la typologie, la réglementation et les usages.
Préface de Bernard Huet. Présentation par Pierre Pinon. Articles de Pierre Pinon, Annie Térade, Michèle Lambert-Bresson, Jacques Frédet,
Marilù Cantelli, François Laisney, Pierre Clément et Sabine Guth, Nicole Éleb-Harlé et Frédéric Bertrand, Ginette Baty-Tornikian.
Hanoï. Le cycle des métamorphoses.
sous la direction de Pierre Clément et Nathalie Lancret, avec la collaboration d'Emmanuel Cerise, Dominique Delaunay,
Inès Gaulis et Lisa Ros
Paris, Editions Recherches/IPRAUS, 2001, 351 p.
Hanoï attire, émeut, charme et passionne. Elle donne lieu à de nombreuses investigations; nous avons à notre tour, collectivement, succombé à
la tentation.
Un thème général commun à ce Cahier a été celui de la compréhension de la ville à partir de l'étude des ses plans et des éléments qui les constituent aux différentes échelles, et qui reflète le travail entrepris par l'IPRAUS sur l'Inventaire des cartes et plans des villes asiatiques.
A la cartographie et la lecture des plans de Hanoï s'ajoute une démarche d'analyse architecturale développée sur les métropoles asiatiques
dans leur triple dimension physique : celle globale du territoire de la ville, de sa formation et de ses extensions; celles de situations urbaines particulières qui forment système et génèrent tel ou tel type de tissu, de quartier ou de développement; celle enfin plus fine des typologies de bâtiments, habitats, édifices publics, ou encore grands équipements.
Fruit d'approches croisées, cet ouvrage réunit les contributions d'auteurs vietnamiens et français, rassemblées par les laboratoires de
recherche IPRAUS et TMU au sein de l'UMR Cité-CNRS-7543, associant les Ecoles d'architecture de Paris-Belleville, de Paris-LaVillette et l'Institut français d'urbanisme, et qui se retrouvent dans le CEAA et le réseau de la recherche architecturale Métropoles d'AsiePacifique, ainsi que le DEA Projet architectural et urbain.
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Cités-jardins. Genèse et actualité d'une utopie
sous la direction de Ginette Baty-Tornikian, avec la collaboration d'Amina Sellali
Paris, Editions Recherches/IPRAUS, 2001, 157 p.
Projet fondateur de toute une lignée d'ex-périences concrètes dans le monde, la cité-jardin fait partie des concepts urbains dont le succès et
l'enjeu résident dans les réinterprétations et les réappropriations possibles. Letchworth, Hampstead Garden, Suresnes, La Butte rouge, les banlieues américaines, les villes nouvelles en Europe, autant d'exemples qui témoignent de la diffusion d'un modèle sous des formes différentes.
Les contributions ici rassemblées présentent une approche historique du concept des cités-jardins dans le contexte des événements, des personnes et des milieux idéologiques qui l'ont produit et développé à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Elles présentent en filigrane la vie sociale et l'art de vivre qui prévalent dans ces lieux.
L'analyse du projet de cités-jardins développé par Ebenezer Howard et propagé comme modèle et instrument critique de la science urbaine par
Sir Raymond Unwin dans le Royaume-Uni et aux Etats-Unis précède l'étude du passage d'une conception encore patronale de ces villes neuves
à la naissance de l'urbanisme social en France.
La dernière partie de l'ouvrage, consacrée aux cités-jardins de la région parisienne, présente le terrain sur lequel la vie locale, le patrimoine et
les politiques de la ville sont étudiés et comparés aujourd'hui.
Sommaire
Villes et architectures aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles Histoire des transformations architecturales et urbaines ......................... 1
•
Les transformations et l'extension des villes françaises au XIXe siècle.............................................................................. 3
•
La réglementation urbaine dans la formation des villes françaises ..................................................................................... 4
•
L'implantation du chemin de fer dans les villes .................................................................................................................. 4
•
Aménagement public et privé à Paris dans la première moitié du XIXe siècle : alignements, lotissements et
infrastructures ................................................................................................................................................................................. 5
•
Les recompositions métropolitaines et le patrimoine territorial des périphéries industrielles............................................. 5
Responsable : Nicole Eleb-Harlé .................................................................................................................................................... 5
•
Paris, abécédaire d’architecture urbaine.............................................................................................................................. 6
Responsable : Marie-Jeanne Dumont.............................................................................................................................................. 6
•
La pensée architecturale de Le Corbusier ........................................................................................................................... 7
Responsable : Marie-Jeanne Dumont.............................................................................................................................................. 7
•
Architecture, équipements et urbanisme en Sicile pendant le fascisme (1922-1942) ......................................................... 7
•
DEA «Le projet architectural et urbain : théories et dispositifs » ....................................................................................... 7
•
Thèses en cours sous la direction de Pierre Pinon .............................................................................................................. 8
•
Thèses soutenues sous la direction de Pierre Pinon .......................................................................................................... 10
Transport et architecture du territoire ............................................................................................................................................... 11
•
Etat des lieux et perspectives de recherche : 2000-2001................................................................................................... 11
•
Séminaire Transport et architecture du territoire. Etat des lieux et perspectives de recherche....................................... 11
•
Transport et architecture du territoire : 2000-2003 ........................................................................................................... 12
•
Les travaux préliminaires de l’équipe ............................................................................................................................... 13
Construction sociale et architecturale des limites : territoires, seuils, articulations entre privé et public ........................................ 14
•
Dispositifs et rituels de seuil : grammaire des lieux et transformations des pratiques de l'espace .................................... 15
•
Concierges et loges (Paris, Oslo, Londres, Barcelone) Les frontières des sociabilités : médiation sociale et espace
d’articulation ................................................................................................................................................................................. 16
•
Modes de vie en périphérie : Paris, Lisbonne et Porto...................................................................................................... 17
•
La leçon de l'étranger : Aalto, Siza et la maison de masse................................................................................................ 17
•
Import-export d'architecture du logement ......................................................................................................................... 18
•
Urbanité programmée, urbanité spontanée : l’Odysseum de Montpellier ......................................................................... 18
•
Ambivalences du jardin public : les Buttes-Chaumont, jardin urbain............................................................................... 19
•
Les relations familiales dé-territorialisées : Familoo.com................................................................................................. 19
•
La construction de l'expérience urbaine et l'élaboration de la notion de public................................................................ 20
•
Le rôle dominant de l'automobile comme vecteur de transformation des villes ............................................................... 21
•
Les cités-jardins en Ile-de-France : lieux, identités, enjeux .............................................................................................. 21
•
L'architecture des musées.................................................................................................................................................. 22
•
DEA « Mutations des sociétés contemporaines » ............................................................................................................. 22
•
Thèses en cours ................................................................................................................................................................. 22
•
Thèse soutenue.................................................................................................................................................................. 25
Sciences sociales et architecture ....................................................................................................................................................... 25
43
•
Séminaire “ Architectures et Sociétés : Raison spatiale, Logique sociale ”..................................................................... 26
•
Atelier de réflexion européen : socio-anthropologie de l’habitat et architecture .............................................................. 29
Architecture de la ville asiatique : Patrimoine et développement urbain .......................................................................................... 30
•
Réseau de la recherche architecturale “ Métropoles d’Asie-Pacifique : architecture et urbanisme comparés” ................ 30
•
Cartographie des villes d’Asie-Pacifique.......................................................................................................................... 32
•
L’Esthétique ordinaire de la ville ...................................................................................................................................... 33
•
Etude ethno-architecturale de l’espace domestique balinais ............................................................................................. 33
•
CEAA Métropoles d'Asie-Pacifique ................................................................................................................................. 33
•
DEA « Projet architectural et urbain : théories et dispositifs » ........................................................................................ 33
•
Thèses en cours ................................................................................................................................................................. 34
•
Thèses soutenues............................................................................................................................................................... 34
Villes, Architectures, Patrimoines : Maghreb et Proche-Orient....................................................................................................... 36
•
Maisons orientales............................................................................................................................................................. 36
•
DESS « Villes, Architectures, Patrimoines : Maghreb et Proche Orient » ....................................................................... 37
•
DEA « Le projet architectural et urbain : théories et dispositifs » .................................................................................... 37
•
Thèses en cours ................................................................................................................................................................. 37
L’Enseignement de Recherche.......................................................................................................................................................... 38
•
CEAA « Métropoles d'Asie-Pacifique » ........................................................................................................................... 38
•
CEAA «Architecture urbaine» .......................................................................................................................................... 39
•
DESS « Villes, Architectures, Patrimoines : Maghreb et Proche-Orient » ....................................................................... 39
•
DEA « Le projet architectural et urbain : théories et dispositifs » .................................................................................... 40
•
DEA « Mutations des sociétés contemporaines : dynamiques familiales, professionnelles et territoriales » ................... 40
Derniers ouvrages parus.................................................................................................................................................................... 41
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