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› 2011
communiqué de presse
DODESKADEN
série A B Z et VHS
13.04.11 > 30.04.11
Dodeskaden est un collectif de programmateurs indépendants
formés en 2010 à Lyon. Dans la continuité du travail mené par les
ciné-clubs, et sans nostalgie aucune, cette initiative entend privilégier la rencontre entre les œuvres et les spectateurs de façon
régulière et ouverte.
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Commissaire X et Marco Z.
Avec humour et sincérité, Dodeskaden présente chez
Néon une collection impressionnante et relativement dérisoire de quelques 3000 films VHS, comprenant des
séries A, B et Z (selon un critère subjectif de classification mais composée aussi bien de succès commerciaux
éphémères que de bijoux rares de la médiocrité). Ce
décalage ironique de la programmation, invite le spectateur à s’imprégner d’un matériau déjà historique, de part
l’obsolescence du support. Outre une invitation à méditer sur une économie de travail réduite et inventive, cette
collection met aussi en évidence un bestiaire contemporain, une imagerie pop inépuisable qui influença notamment le lexique d’artistes majeures de la côte ouest des
États Unis comme Jim Shaw, Paul McCarty, ou Mike Kelley, géographiquement et culturellement imprégnés des
productions foisonnantes et inégales de l’industrie Hollywoodienne et télévisuelle.
Le support VHS, dès 1976, a décuplé l’influence de la
Télévision dans le quotidien, rendant accessibles à loisir des contenus populaires au consommateur lambda.
Cette démocratisation de l’audio visuel permit l’émergence d’un art vidéo riche et contrasté, qui aujourd’hui
encore, resurgit comme inconscient collectif dans
nombre d’œuvres contemporaines.
La dernière Zéanze
Si ces films de série A, B et Z, pour la plupart directement
distribués en VHS, sont parfois réédités et distribués en
DVD à prix dérisoire (voir même inférieur au prix original),
certains lieux, aux travers d’évènements ponctuels, parviennent à les anoblir en les projetant en salle, comme
récemment lors de l’Étrange Festival. Le cinéma Comédia (Lyon) accueillait à cette occasion pour la deuxième
année consécutive, l’association ZONE(bis), et dédiait
même une soirée au site culte des films pathétiquement
cultes : Nanarland.com
La proposition de Dodeskaden chez Néon diffère par le
fait de privilégier la présentation physique d’une collection à un cycle de programmation.
Par ailleurs, outre sa collection de VHS, Marco XXX pré-
sente une sélection d’affiches de films, qu’il collecte avec
la même démesure. Celle-ci sera mise en regard avec
le travail de Madame Lapin, membre actif de Dodeskaden et directrice de la librairie expérimentale «Le Cri de
l’Encre» (Lyon). Cette jeune artiste s’approprie des affiches de films en tant que support pour y sérigraphier
son propre bestiaire. Entre transversalité et variation opportune, son travail graphique souligne, par la récurrence
d’une figure, l’éclectisme de ces supports ; les couleurs,
les typographies, la direction de la photographie…
Madame Lapin appartient à cette catégorie d’artistes
dont les influences musicales et cinématographiques
sont indissociables de leurs engagements passés ou
actuels dans les milieux qui les diffusent. Dans la lignée
d’artistes d’horizons divers, comme Jutta Koether, Raymond Petitbon ou encore Daniel Johnston, Madame Lapin développe son style à travers des pratiques d’illustration et sa participation active à des réseaux musicaux et
d’éditions indépendants.
Honoré d’Urfé One VS. Chuck Mirabilia Norris
Les collections particulières qui circulent dans les musées n’ont pas seulement vocations à compléter les collections publiques lors de vastes rétrospectives, ou leurs
fonds à l’occasion de dons. De plus en plus souvent,
un espace d’exposition leur est maintenant dédié, parfois
concentré sur un mur comme la cartographie d’une lente
aquisitition, ou sous la formte d’une scénographie élaborée comme un paysage mental ; de la pure muséographie
à la reconstitution domestique.
Si toute collection est unique et peut aussi bien caractériser une institution qu’un individu, de plus en plus d’initiatives privées et publiques posent un regard avisé sur
le sujet en déplaçant la problématique : au lieu de réunir
des éléments disparates en vue d’une exposition temporaire, il s’agit d’accueillir une réunion, une collection
déjà existante, et de la contextualiser. Dans le domaine de
l’art contemporain, la Maison Rouge (créée en 2004 par
Antoine de Galberg) est sans doute le meilleur exemple
de cet engagement ; cette fondation a su alterner ou
confronter des collections hétéroclites d’art contemporain (collection Augustin et Isabel Copel, 2009 / collec-
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tion Sylvio Perlstein, ‘Busy going crazy’, 2007…) mais
aussi d’art tribal (‘Voyage dans ma tête’, la collection de
coiffes d’Antoine de Galbert, 2010), d’art brut (Arnulf rainer et sa collection d’art brut, 2004) ou discographique
(‘Vinyls’, disques et pochettes d’artistes, la collection
Guy Schraenen, 2010). Cette approche hétéroclite de la
collection s’inscrit dans l’héritage des cabinets de curiosités, ancêtres des musées. A l’initiative de princes et
de notables, des collectes singulières apparurent dès le
XVIème siècle en Europe. Au goût pour l’accumulation,
l’hétéroclisme et l’empirisme succéderont la théorisation
de la collection et la création de structures spécialisées
(Musées d’Histoire Naturelle, des Beaux-Arts, d’Histoire,…).
Cette impulsion n’a à ce jour cessé de prospérer ; le Musée International des Arts Modestes de Sète, Le Centre
National de Photographie à Paris, les artothèques dédiées aux « multiples » sont, à titre d’exemples, assez
significatifs du droit de mémoire et de visibilité de pratiques longtemps considérées comme mineures dans le
domaine des arts plastiques.
En 2010, le Victoria et Albert Museum présenta plus
d’une centaine d’œuvres de contrefaçon détenues et
conservées par Scotland yard (The Metropolitan Police
Service’s Investigation of Fakes and Forgeries). Le Musée de la Fausse Monnaie et des Faux Monnayeurs a été
récemment inauguré dans les alentours d’Annecy.
Dans ce climat d’anoblissement de genres mineurs aussi
bien que des copies, des faux et des ersatz, il apparaît
comme nécessaire de repenser ce qui est digne de mémoire. Les chambres des Merveilles, à distinguer selon
Patricia Falguières* de la chambre des curiosités, ont,
sous forme de recueil ou de lieu, vocation à rassembler
des choses, des éléments ou des objets à mémoriser,
des memoria ou mirabilia. C’est à travers ce prisme de bouleversements des valeurs et de genre, que Dodeskaden souhaite introduire
chez Néon la collection de VHS de M. Marco XXX,
comme relecture de l’histoire du cinéma de la deuxième
moitié du XXème siècle et composante majeure de la
culture contemporaine de l’image et des médias.
* ‘Les chambres des merveilles’, Patricia Falguières, éd. Bayard 2003.
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Néon est un espace de production et de diffusion d’art
contemporain.
L’exposition comme outil de recherche et d’exploration, Néon propose depuis mars 2000, une programmation
éclectique, favorisant la multiplicité des débats que génèrent des projets d’artistes pour la plupart émergents.
www.chezneon.fr
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diffuseur d’art comptemporain
41, rue Burdeau 69001 F-Lyon
+33 (0)4 78 39 55 15
[email protected]
www.chezneon.fr
Ouvert du mercredi au samedi,
de 15h à 19h.
Néon est soutenu par le Ministère de la culture – DRAC
Rhône-Alpes, la Région Rhône-Alpes et la Ville de Lyon.
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