EMPIRE-OF-SIGNS-sect.. - OUVRE TES YEUX, LE MEILLEUR DE L
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EMPIRE-OF-SIGNS-sect.. - OUVRE TES YEUX, LE MEILLEUR DE L
FRANK PERRIN EMPIRE OF SIGNS POSTCAPITALISM SECTION #15 EMPIRE OF SIGNS Une économie subliminale du signe J’ai arpenté longtemps les rues la nuit, de Paris, New York, Hong Kong ou Athènes, traquant les néons qui illuminent de leurs injonctions la nuit. Pigalle / Lower East Side / Central / Soho / autant de peintures électriques à ciel ouvert, où brille des mots simples avec des besoins simples qui s’accordent avec ceux du passant, ceux de la rue, en fait, toute la gamme des besoins courants et passagers de la consommation ; se nourrir, boire, se divertir, consommer, acheter… FOOD / CLEANER / CHANGE / DANCE / GOLD / MASSAGE …. Des disques, des diamants, des perruques, des pizzas, de l’or, des tatouages … Soudain se construit dans ce puzzle fragmentaire de mots simples un langage basique, et peu à peu se grave dans le néon un VERBE ELEMENTAIRE. Je collectais ainsi un dictionnaire des besoins, de l’offre et de la demande spécifique à ce torrent et ce berceau de la modernité qu’est la rue. Tous ces néons, bientôt demain remplacés par le led, plus froid et plus cheap aussi, participent de la texture de la ville, de son esthétique, de leur peau et de sa POÈTIQUE. Enfant des fifties, comme des étoiles, ils dressent a cosmologie des besoins courants de la deuxième moitié du XX° siècle. Walter Benjamin y aurait certainement détecté un type particulier d’AURA, l’avènement de quelque chose autant que son annonciation. Demain les villes des panneaux lumineux, des leds, des écrans plasma avec publicités et messages animés, n’auront plus la poétique de cette ellipse, de cette épure magnétique et nocturne, qui de façon MINIMALISTE désigne seulement le besoin, l’offre ou l’objet, rien que la chose. C’est la poétique visuelle de la nuit nouvellement consumériste d’ne ère nouvelle dont le néon accouche. Tous ces signaux sont autant le testament que la bible de la deuxième partie du XX° siècle, une sorte de tombeau poétique où sont gravés de façon lapidaire l’essence des échanges. Lux fiat. Le néon est détenteur d’une esthétique spécifique ; la lumière, les ténèbres, le message minimal, comme autant d’énigme fatale ... SMOKE / TATOO / OPEN / BEER / SHINE … exercèrent longtemps sur moi un fascination primale. Je les poursuivais la nuit comme des papillons que j’attrapais mécaniquement, systématiquement et mystiquement avec un appareil photographique, et souvent ensuite je les recomposais entre eux au sein d’une grammaire secrète. Je suivais la trace d’une méta-poétique du signe parmi les myriades de messages simples mystérieusement énoncés, édifiés au cœur de la nuit. Aussi le néon devient un matériau de prédilection élu par les artistes au même titre que le bronze ou la marbre en d’autres périodes. Au même titre que les affiches publicitaires des années 50 et les décollagistes qui se réapproprièrent l’espace urbain, le néon est une épidémie sublime se propageant dans la nuit de l’après guerre. Enfant du grand commerce et de la distribution, le néon fut très vite matière à toues les appropriations artistiques. Son existence, sa nature belle et cheap en fait une signature éminement « pop ». Dans tous ces mots lumineux sommeille le RÊVE de la 2ème moitié du XX° siècle. Mon travail, « Empire of Signs » a essayé de le réveiller, et de les RÉACTIVER. Frank Perrin, 18 août 2014 -1- -2- -3- -4- -5- Artiste Humour Absence 11 novembre, 12, 13, 14, 15, 16 novembre et toujours pas de nouvelles. Demain le 17. Ça passe et on ne voit rien venir. Que faire ? Envoyer encore des messages ? Rappeler ? Paniquer ? En rire ? Barbara Polla est sérieuse, Frank Perrin est ailleurs, la ville de Genève est méthodique. Nous ne plaisantons pas avec la catégorie du sérieux, avec les expositions d’art contemporain, le monde conceptuel, les marchands et les commentateurs. Chacun pense avoir droit à son exposition et son empire des signes. Mais la réalité est implacable : l’artiste s’est absenté. Le point de départ était pourtant facile. Une galeriste (Barbara) demande à un artiste (Frank) de réfléchir à une exposition. L’artiste réfléchit. Pendant ce temps, la galeriste fait autre chose. Elle réfléchit elle-même avec d’autres artistes, elle se rend à Sydney et à Istanbul, elle accumule un million de petites actions qui s’effacent à la nuit tombée. Le jour apparaît, c’est le moment de recommencer, jusqu’à la mort. C’est parfait. Une fois l’été derrière eux, l’artiste et la galeriste sont d’accord pour accrocher à Genève des photographies de néons. Ça s’appellera Empire of Signs. Nous avons beaucoup de chance, Genève se précipitera pour voir ces merveilles, comme toujours. Quelques détails à régler et la joie se lira un peu partout sur les corps, pas seulement les visages. Les signes vont réjouir une ville entière. Un événement de taille. Les néons sont bleus et rouges, parfois verts. Le fond est noir. Les mots lumineux fonctionnent par trois et disent que la consommation se porte très bien. Je tourne les pages du dossier que Frank m’a confié hier soir, samedi 15 novembre, au milieu d’une assemblée chaleureuse réunie au 20 rue de Saintonge. Mon rôle a été défini par l’artiste : amplifier le mouvement, faire grossir le torrent, de l’eau au moulin et parvenir à une exposition sans fin, une accélération comique tout en gardant notre sérieux. Page 1 : Video Gold Pizza. Trois mots à la verticale. Lettres majuscules. Fluo. Trinité cabossée. Le Père (vidéo), le Fils (Gold) et le Saint-Esprit (Pizza). La nuit, les villes occidentales sont irradiantes puisqu’il n’est plus nécessaire de penser. Il suffirait pour toucher le chiffre trois, pour atteindre l’économie subliminale, d’être voyeur, d’acheter et d’ingurgiter de la nourriture. Page 3 : Cleaners Pussy’s City. Encore plus abstraite et décervelée, la page 10 : 14K 24HR 7/7. Traduire : les quatorze carats de Monsieur/Madame sont au chaud dans un coffre pendant vingt-quatre heures, sept jours sur sept. Merci de contacter la sécurité pour plus de renseignements. Croire que l’on peut jouir en arpentant l’immense néon-hologramme qu’est le monde capitaliste, croire que l’espèce humaine n’a pas d’autre choix, en dépit du malheur que cela génère. Ce qui brille rend malheureux, rien de nouveau sous le soleil. Page 12 : Post Porno Pâtisserie. Page 14 : Photo Party Piercing. J’imagine une autre page 16 avec les trois P : Pier Paolo Pasolini. Illusion puisque la poésie sauvage est le contraire de la publicité et sa lumière n’a d’éclat que grâce à l’ombre qui la porte. Page 18 : Body Boots -6-Cinéma. Traduire : mon corps enfourche des bottes de sept lieues pour traverser le cinéma de la réalité. Ainsi, le trottoir devient le néon préféré de la nuit. A la fin du dossier, Frank a placé douze images de piscine, sous le titre : The swimming pool as anti-paradise. Les douze apôtres bleu javel à la poursuite de la trinité-néon. Dimanche. Je regarde l’heure, les signes ne trompent pas, il est 20h01 (2 + 0 + 0 + 1 = 3 = la Trinité). Où en est le sérieux de Barbara et Frank ? Leur exposition aurat-elle lieu à Genève ? Une émission de radio a déjà été diffusée au sujet du futur show hypothétique, les communiqués de presse ne manquent pas. Bientôt des journalistes rempliront des colonnes, les visiteurs visiteront et commenteront. L’artiste, appelé « homme de la rue Visconti », arbore des chaussures de cuir blanc pour fouler l’asphalte de l’empire des signes. Blanc sur noir, apôtre et trinité, l’aventure se poursuit en présence et en l’absence du premier concerné. Question tout à fait sérieuse : comment procède-t-on lorsque le temps de l’art ne correspond pas à celui de la vie ? Lorsque la vitesse éradique la pensée ? Lorsque l’urgence n’a aucun sens ? Réponse succincte de l’artiste : « Une exposition, tout le monde s’en fiche, alors amusons-nous. » Le décalage temporel me fait remonter au Japon de Roland Barthes qui écrit page 33 (chiffre de la Trinité redoublée) dans son essai L’Empire des signes, au chapitre ‘La nourriture décentrée’ : « Le sukiyaki est un ragoût dont on connaît et reconnaît tous les éléments, puisqu’il est fait devant vous, sur la table même, sans désemparer, pendant que vous le mangez. Les produits crus (mais pelés, lavés, revêtus déjà d’une nudité esthétique, brillante, colorée, harmonieuse comme un vêtement printanier : ‘La couleur, la finesse, la touche, l’effet, l’harmonie, le ragoût, tout s’y trouve’, dirait Diderot) sont rassemblés et apportés sur un plateau. » Le sukiyaki et la pizza, c’est-à-dire l’histoire d’un décentrement. Nous pourrions continuer sur cette voie. Le torrent de l’exposition infinie déborderait de son lit. Le Déluge ne s’arrêterait pas. Mardi 18 novembre, 10h du matin, le gong a sonné, le jour et l’heure où je dois donner mon texte. Un jour (estce bien certain ?), nous découvrirons cette exposition d’un genre nouveau à Genève. Un artiste est pris au sérieux quand il lutte contre l’absence d’humour et les signes qui annoncent le pire. Jean-Philippe Rossignol -6- -7- -8- -9- -10- -11- -12- -13- -14- Le Crépuscule des icônes Empire of Signs / Frank Perrin « Morceaux choisis » isolés dans le focus de l’appareil avant de côtoyer leurs semblables sur de sobres planches photographiques, les néons rassemblés par Frank Perrin font figure d’anthologie fluorescente. Descriptifs, suggestifs ou impérieux, souvent synecdotiques, ces appels de la nuit esquissent le lexique rudimentaire des désirs et besoins des pays riches tels qu’ils s’appréhendent depuis les Trente Glorieuses. Par une fabuleuse économie de mots, le néon synthétise les désirs d’une société marchande aux rêves et aux besoins standardisés. Les produits de consommation courante — la « pizza », les « salads » et même les « shoes »— jouxtent hyperboles et utopies, païennes ou libérales, nouvelles ou datées : on promet l’international, le non stop, le paradis, les étoiles… Le luxe contraste avec les besoins vitaux, le concret batifole avec la métaphysique. Ambigu, le néon aime se situer au carrefour de la suggestion et de l’injonction : « buy », run », « smoke », «party » ; l’hypnotisé doit se mettre au pas, et l’on se dit que chacun de ces signes pourrait titrer les prochaines sections du travail de Frank Perrin, « Postcapitalism ». L’accumulation induite par le procédé du triptyque doublée de la logique immanquablement sérielle de l’artiste donne vie à un micro-quartier rouge bidimensionnel où grouillent les signes empourprés des fantasmes triviaux du XXe siècle. Cette profusion de lettres joyeuses et pop coloriant les rues ignore le sordide. Jouant des allitérations et des décalages —le « porn » précède la « pâtisserie » —, les montages du photographe accroissent l’effet de nivellement des besoins entamé par l’acte d’indexation. Cette série ne représente en effet qu’un échantillon des quelques 500 néons bigarrés photographiés et répertoriés en amont. Dans un siècle obsédé par l’image, la plastique économe et évocatrice du néon possède un charme rétro qui peine à conserver sa place. L’exposition rend un dernier hommage à une esthétique commerciale moribonde qui séduisit nombre d’artistes, à ce matériau éphémère, à cette lumière si particulière que les LED seraient bien en peine de reproduire et qui appartient de plein droit à la poétique de la ville. Elise Le Corre -15- -16- -17- -18- -19- -20- INDEX 100% 110-220V 14k 300m2 40oz A all-in american ariel art artistes atlas B back bags bachelorette baked bakery house balloons band bar barbecue barbès bargain basement beads beer bel bella best berverly's bijoux binding bip birthday body books bookshop booths box blue boucherie brand brave brasserie breakfast burger buy C cafe cake call box cameras carbone carré cart catering center central change cigars city chocolat ciné X cinema city clairvoyant cleaners clockwork club cold collection collectors colors commerce computers conti constellation cooking copy copies coquillages corner cover croix rouge crystal D dance dancing day delice delices delights delivery diamonds digital diner diplomate diva downstairs dream E eighties electronics emergency energy enter entertainment entree erotique european evasion eve exchange exposition F factory face fantasy fashions féerie filled findings fold food foot frames free fresh G gallery gems gibier girl’s glass gold groove grill guest H hair hands happy harry’s hats head home hot hotel hours house indian I inn interiors international internet iron J jade jet d’eau jewellers jewelry juice K kabaret kashmir kodak L labor lady’s landmark largest lasagna lautrec light lighter liquors live location love lucky luna lunch lux M made madison magic mail main maison marché marly masks massage men milan moliere moon more moulin muraille music N nails néo nicolas night non stop nouvelle ny O objects oiseaux old navy olympia only open opera oro P paese pais palace palmier panini panorama paradise party patisserie pearls perfumes pharmacie pharmacy photo picture piemonte piercing pigalle pizza players porno post prescription press preview private production projection pub pussy’s quality R rated ravioli record regular relais repair replica restaurant roi rolls roses rouge royal rub run runners S saint salad sandwiches sans souci seating secrets service sex sexy sherwood shine shoes shop show sicilian silencio silver slice smile smiling smoke snack sold soup sous sol souvenirs spa spectacle spirits squeeze star stationery stereo still stone store string subway supermarché supermarket supplies sushi sweet T tabac table taco tailor tatoo tennessee theatre time top toys traiteur U univers uno upstairs V video vietnames village volaille W wash watch wedding weight wigs wild wine wines words world's wraps XYZ years