ACTIVITE : LA REPRISE SE DESSINE SUR LE DEBUT 2016

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ACTIVITE : LA REPRISE SE DESSINE SUR LE DEBUT 2016
Paris, le 30 mars 2016
Conférence de presse de la FFB
Après huit années de crise quasi-continue, l’amorce d’une reprise d’activité dans le Bâtiment,
que pronostiquait la FFB en décembre, semble se confirmer, même si elle ne bénéficie ni à
l’ensemble des territoires, ni à tous les segments de marché. De fait, seule la construction neuve
affiche une tendance à la hausse. Toutefois, l’appareil de production sort exsangue de la plus
longue et la plus dure des crises traversées depuis la Seconde guerre mondiale.
 ACTIVITE : LA REPRISE SE DESSINE SUR LE DEBUT 2016
Les informations disponibles sur les matériaux mis en œuvre dans le bâtiment, et notamment
dans le gros-œuvre, dessinent une reprise amorcée au tournant 2015-2016. Par exemple, en
glissement annuel sur trois mois à fin février, la consommation de ciment et la production de
béton prêt à l’emploi (non stockable) affichent des hausses respectives de 4 % et 3 %, alors que
la consommation apparente des produits plats en acier carbone ressort stable. De même, la
production de crédits immobiliers aux ménages affiche, hors renégociations, une nette hausse
sur 2015, avec +27 % pour l’ensemble et + 35 % pour le seul segment neuf, mais - 9 % pour les
travaux d’amélioration-entretien seuls.
Le logement neuf
Plus précisément, les ventes de logements neufs ont connu une vive accélération en 2015 et sur
le début 2016. Du côté des constructeurs de maisons individuelles, elle ressort à + 13 % en
glissement annuel sur 12 mois à fin janvier 2016 ; du côté des promoteurs, elle s’affiche à + 18 %.
Compte tenu des habituels délais de production, on lit aujourd’hui les conséquences de ces
accélérations dans les permis et mises en chantier, du moins pour ce qui concerne le collectif,
où les volumes de logements autorisés et commencés progressent respectivement de 31 % et
9 % en glissement annuel sur trois mois à fin février 2016. De manière assez étonnante,
l’individuel reste très en retrait dans les statistiques officielles, avec des hausses respectives
limitées à 3 % et 1 % sur la même période.
Le non résidentiel neuf
Le non résidentiel neuf affiche, pour sa part, une amélioration plus rapide qu’attendue. De fait,
selon les données officielles, toujours en glissement annuel sur trois mois à fin février 2016, on
relève une hausse de 9 % des surfaces autorisées alors que les mises en chantier semblent
avoir atteint leur point bas. De plus, tous les segments de marché participent de cette
amélioration, à l’exception des bâtiments administratifs qui alternent très bons et très mauvais
mois.
FEDERATION FRANCAISE DU BATIMENT
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L’amélioration-entretien
Quant au marché de l’amélioration-entretien, il reste atone, tant au regard de l’évolution du
marché des crédits pour travaux seuls, déjà citée, que de l’opinion des chefs d’entreprise du
bâtiment.
Des disparités territoriales
Cette photographie d’ensemble masque de fortes disparités territoriales. La césure reste forte
entre zones à forts besoins, où le dynamisme du neuf l’emporte, et zones moins tendues, où
l’étiage de l’activité amélioration-entretien constitue la tendance de fond. Il faut cependant noter
que cette opposition semble s’estomper un peu. Certes, l’analyse par zone confirme que les
permis de logement comme de non résidentiel progressent en Île-de-France, PACA et Aquitaine,
mais qu’ils reculent en Rhône-Alpes et Alsace. Par ailleurs, les régions Bretagne, Pays-de-laLoire ou Auvergne affichent elles aussi une amélioration.
Ces données témoignent au final d’une reprise du neuf qui se diffuse progressivement sur
l’ensemble du territoire, partant de très bas il est vrai.
 APPAREIL DE PRODUCTION : UNE FRAGILITE QUI PESE LOURD
Du côté de l’emploi, le bilan 2015 ressort un peu plus mauvais que prévu, avec 36 100 postes
de travail en moins (- 3 %) contre une perte de 30 000 attendue en décembre 2015. On note
toutefois un redressement rapide et durable de l’intérim, qui laisse espérer une amélioration de
la situation, néanmoins pas avant 2017 compte tenu du sur-dimensionnement de l’appareil de
production.
Quant aux entreprises, elles continuent d’afficher une belle résistance, avec une stabilisation des
défaillances en 2015. Cela se fait cependant au détriment des prix, qui restent très bas, et de
marges qui ont à nouveau reculé en 2015. De plus, alors que le décalage entre délais de
paiement fournisseurs et délais de règlement clients ne cesse de s’accroitre, les trésoreries des
entreprises s’étiolent, ce qui rend aléatoire la participation à la reprise de nombre d’entre elles.
 COMMENT ASSURER LA REPRISE ?
Plusieurs facteurs doivent alors être réunis pour conforter la reprise dans les mois qui viennent.
Ne pas casser ce qui marche
Tout d’abord, dans le champ institutionnel, il importe surtout de ne pas casser ce qui marche.
Qu’il s’agisse du dispositif « Pinel », du PTZ renouvelé de 2016, de l’éco-prêt à taux zéro ou du
Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), ainsi que la possibilité de les cumuler, ou
bien encore du programme « Habiter mieux », ces mesures participent toutes, et parfois
fortement pour le logement neuf, à l’amélioration relevée. Dans le champ de l’améliorationentretien, il importe aussi de résister à la tentation de l’obligation « sèche » de travaux qui ne
pourra, en aucune façon, remplacer l’incitation, d’autant moins d’ailleurs que les prix de l’énergie
restent bas.
Il convient ensuite d’écarter les nouvelles menaces que font peser les récentes propositions du
Comité de Bâle sur le marché du crédit, qui a pourtant fait preuve d’une exceptionnelle solidité
sans risque associé en France.
Il faudra enfin s’assurer que la reprise d’activité ne soit pas détournée par une concurrence
déloyale, voire illégale.
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Un partage des risques
Par ailleurs, compte tenu des trésoreries souvent exsangues des entreprises de bâtiment et du
cycle habituel de production, il n’y aura pas de véritable reprise sans partage concomitant du
risque. Il s’avère donc indispensable que toute la filière en prenne sa part : les entreprises,
certes, mais aussi les banques, les assureurs-crédit et les fournisseurs.
Le logement, un accélérateur de croissance
Sous ces conditions, il faut rappeler la conséquence macro-économique forte d’une reprise de
l’activité bâtiment dès 2016. L’actuel consensus de place table sur une croissance du PIB de
1,2 % pour le France. Ce chiffre repose notamment sur une baisse de 0,4 % des flux
d’investissement des ménages. En retenant notre prévision de + 5,5 % pour le logement neuf,
de + 1,0 % pour le gros entretien et une baisse de 0,4 % pour le solde, l’investissement des
ménages flux progresserait alors de 2,5 %. Toutes choses égales par ailleurs, la croissance du
PIB s’établirait alors à 1,4 %, soit 0,2 point de pourcentage en plus que le consensus de place.
En d’autres termes, pour la première fois depuis 2008, l’investissement dans le logement
s’avèrerait un accélérateur de croissance.
La fracture territoriale
Pour conclure, au-delà de cet aspect macro-économique, la prise de conscience de la fracture
ou des fractures territoriales qui traversent notre pays implique d’ouvrir les yeux et de veiller à
répondre aux besoins sur l’ensemble du territoire, en zone tendue mais aussi en zone moins
tendue. Pour ce qui concerne le bâtiment, tel sera l’objet du 5ème Sommet de la construction
organisé par la FFB, salle Wagram, le 19 mai au matin.
 OBJECTIF EMPLOI
L’emploi, sujet de préoccupation
L’emploi reste pour notre secteur un point majeur de préoccupation. Nous l’avons partagé avec
les organisations syndicales dans le cadre de l’accord de méthode pour un dialogue économique
et de l’emploi, signé avec quatre organisations en janvier. Outre les objectifs globaux de 240 000
recrutements que nous nous sommes fixés sur les trois prochaines années, nous souhaitons
pouvoir recruter 5 000 apprentis supplémentaires dès la rentrée prochaine.
Les apprentis
Mais l’abandon des mesures concernant la durée du travail des apprentis mineurs, qui figuraient
dans l’avant-projet de loi « Travail », constitue un bien mauvais signal. Concernant les apprentis
mineurs, les recrutements sont passés depuis 2008, de 31 000 à 18 000 jeunes à la rentrée
2015. Dans notre secteur, où le travail est organisé par équipe, il est essentiel d’aménager et de
simplifier la procédure permettant à ces jeunes de suivre le même rythme de travail que celui de
l’équipe dans laquelle ils se forment. Tout doit être fait pour faciliter leur intégration
professionnelle, dans l’équipe et dans l’entreprise.
Sécurisation des licenciements
Dans un monde complexe et ouvert, marqué par le chômage, on retiendra de ce projet de loi la
louable intention de bâtir un marché du travail plus efficace. Chercher à sécuriser les
licenciements, pour les employeurs comme pour les salariés, procède pourtant d’une approche
pragmatique et protectrice, bien loin des « toujours plus et jamais moins ». Mais les mesures
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récemment annoncées ignorent cette recherche d’équilibre et font fi de la situation des
entreprises artisanales et des PME, qui sont majoritaires dans notre secteur. Comment de plus
se satisfaire d’un texte qui privilégie les accords d’entreprise plutôt que les accords de branche ?
En assurant les mêmes règles pour tous, l’accord de branche garantit une concurrence égale
dans un environnement concurrentiel déjà très chahuté.
Le compte pénibilité
Nous ne pouvons non plus nous satisfaire d’un texte, qui par le biais du « compte personnel
d’activité», entérine le « compte pénibilité », et ce alors même que la mise en œuvre de ce dernier
dispositif reste d’une grande complexité et d’un coût réel pour toutes les entreprises de notre
secteur. C’est pourquoi nous avons récemment demandé le report d’un an d’un dispositif mal
conçu dès l’origine.
Les seuils
Face aux sirènes du travail détaché, combattre la complexité d’un droit du travail surabondant et
pointilleux, prendre en compte la situation des entreprises de toutes tailles, en lissant enfin les
effets de seuils, devient chaque jour plus qu’une absolue nécessité.
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