Fiche d`information - Le Musée d`Art Moderne et d`Art Contemporain

La Surface et le Support
Rencontre avec les œuvres – CE2 - CM1-CM2 – Collège –
Lycée – Université - Durée 1h
Dès lors, la toile et le châssis acquièrent une certaine liberté.
Claude Viallat et Patrick Saytour privilégient une toile non
tendue sur châssis et non apprêtée. La toile est rapidement
remplacée par des tissus ordinaires (bâches, drap, stores,
parasols, tentes), souvent de grands formats, présentés au
sol ou en suspension, se déployant dans l’espace. La
surface peut être travaillée sur les deux faces par un
processus d’imprégnation de couleur, de solarisation ou de
pliage…
Daniel Dezeuze s’attaque dès 1967 à la structure du
tableau : le châssis est libéré de la toile, présenté de
manière indépendante. Dès lors, le châssis est présent à
part entière, visible, il ne garantit plus la planéité, la
verticalité et le cadre de la peinture ; il se déploie dans
l’espace ou s’enroule sur lui-même. La toile et le châssis
sont utilisés pour leurs qualités propres : pour leur texture,
leur matérialité et leur rapport à l’espace, ils ne sont plus
considérés seulement comme support de l’œuvre, mais
comme œuvre elle-même. Dès le début des années 70, la
toile et le châssis sont évincés au profit d’objets triviaux :
bois flottés, cordes, filets, objets de bazar ou de
décoration…
Groupe Support-Surface
Le MAMAC consacre une salle du musée à ce que l’on
considère comme le dernier mouvement d’avant-garde dans
l’histoire de l’art en France : Supports/Surfaces et propose
de mettre en évidence les enjeux qui sous-tendent ce
mouvement artistique
. Objectifs
-
faire découvrir les enjeux et les caractéristiques du
mouvement artistique Supports/Surfaces
Explorer l’univers des différents artistes
Montrer une démarche artistique originale
constituant une volonté commune de faire de l’art
autrement en explorant de nouveaux moyens
picturaux
. Etape de la visite
Le groupe Supports / Surfaces
À la fin des années 60, ce n’est plus seulement le sujet de la
peinture qui est remis en cause mais également les
éléments constitutifs de la peinture (supports, méthodes et
techniques de réalisation). C’est dans cette mouvance de
revendications que se développent en France, de nouveaux
questionnements sur le statut même de la peinture.Le but
est ainsi d’essayer de faire de la peinture autrement en
utilisant de nouveaux moyens picturaux.
Les artistes tels Claude Viallat, Daniel Dezeuze et Patrick
Saytour qui résident essentiellement dans le sud de la
France, organisent des manifestations dès 1966, le plus
souvent en plein air. Le groupe Supports/Surfaces est
officiellement fondé en 1970, autour d’une exposition à Paris
où Marc Devade, Patrick Saytour, Vincent Bioulès,
Daniel Dezeuze, André Valensi et Claude Viallat sont
présents. Se joindront rapidement par la suite, André-Pierre
Arnal, Louis Cane, Noël Dolla, Toni Grand, Bernard
Pagès et Jean-Pierre Pincemin. Le mouvement, très
politisé et traversé par différentes mouvances, finit par
diviser les acteurs.
Le geste
En adéquation avec la dissolution de la surface et du
support, le pinceau (indissociable du statut du peintre) est à
son tour écarté au profit de gestes élémentaires :
imprégnation, pliage, découpage, assemblage, collage,
solarisation…
Le sujet
Chez les acteurs du mouvement Supports/Surfaces, on
constate une éviction du sujet de la peinture.
L’enjeu ne réside plus dans une simple représentation
expressive ou sentimentale, mais devant une représentation
du travail, du « fait-main » : seul le processus de fabrication
est mis en avant, l’action sur un matériau, la réaction d’une
matière.
Les œuvres de Supports/Surfaces ne véhiculent aucun
symbolisme, aucun message, elles ne renvoient qu’à ellesmêmes.
Le titre
Ainsi le groupe commence à se dissoudre dès 1971, laissant
une empreinte qui a contribuée à de nouvelles approches
artistiques que les nouvelles générations continuent
d’explorer.
Le titre explicite la démarche artistique pour la rendre
compréhensible et permet une lecture immédiate de l’œuvre.
Chez Daniel Dezeuze, le titre fait référence à ce que l’on
voit, tandis que chez Patrick Saytour le titre donne à
l’œuvre une valeur académique, parfois avec l’aide de jeux
de mots. Claude Viallat se restreint au « sans titre » et
annule tout commentaire.
Le processus de déconstruction
Caractérisés par une démarche commune, les artistes du
mouvement Supports/Surfaces revisitent les composantes
du tableau : châssis, toile, sujet, titre, geste, mode de
représentation.
Présentation et conservation
Le mode d’accrochage chez ces artistes est sans cesse
revisité. Présentées simplement suspendues au mur, dans
l’espace ou au sol. Les présentations proposées sortent des
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circuits conventionnels, les œuvres sont disposées en plein
air, dans l’espace, posant ainsi un nouveau regard sur la
production artistique, sans volonté de glorification. Dans les
méthodes de conservation, le cadre et le verre protecteur
sont bannis. Chez Claude Viallat, les œuvres sont le plus
couramment pliées et rangées dans de simples cantines.
Les artistes :
Contexte
André-Pierre ARNAL
Né à Nîmes en 1939, vit et travaille à Paris
La radicalité de ces systèmes et de cette idéologie culturelle
prend ses sources dans un contexte historique particulier qui
constitue une période et une césure marquantes de l’histoire
contemporaine française. Cette période se caractérise par
une imposante révolte, à l’initiative de la jeunesse étudiante
parisienne de la fin des années 60, de nature culturelle, mais
aussi sociale et politique. Cette révolte sera largement suivie
par toutes les catégories de population sur l’ensemble du
territoire.
C’est au sein de cet important mouvement social de l’histoire
de France que se constitue ce mouvement artistique qui
lutte contre une conception romantique de l’artiste et de sa
fonction. Les artistes ne visent pas la production d’un chef
d’œuvre, évite la virtuosité, recherche une lecture
immédiate, visant une économie de moyens par la simplicité
des techniques et des matériaux mis en jeu. Volonté
pérenne de démystification de l’œuvre sans projection
sentimentale, sans réflexion méditative ou intellectuelle de la
part du spectateur.
Vincent BIOULES
Né en 1938 à Montpellier, où il vit et travaille
Louis CANE
Né en 1943 à Beaulieu-sur-Mer, vit et travaille à Paris
Marc DEVADE
Né en 1943 et décédé en 1983 à Paris
Daniel DEZEUZE
Né en 1942 à Alès, vit et travaille à Sète.
Noel DOLLA
Né en 1945 à Nice, où il vit et travaille
Toni GRAND
Né en 1935 à Gallargues-le-Montueux, décédé en 2005 à
Mouriès
Ancrage dans le primitivisme
Bernard PAGES
Né en 1940 à Cahors, vit et travaille à la Pointe de Contes
Les œuvres des artistes de Supports/Surfaces puisent dans
une esthétique « pauvre », où les usages les plus simples
sont préconisés. En évitant la virtuosité de l’artiste peintre,
ces artistes privilégient les démarches les plus simples en
mimant les pratiques artisanales. Ce type de « primitivisme »
est en adéquation avec l’émergence d’un anti-académisme.
Tel que le revendiquaient Gauguin, Matisse ou encore
Picasso, les support-surfaciens favorisent un renouvellement
artistique par un retour aux gestes primaires en symbiose
avec une époque favorisant un certain engouement pour le
primitif (recherches ethnologiques et préhistoriques), ils
abolissent les oppositions identitaires et culturelles par une
série de questionnements sur ce qu’est l’art en regard de
toute l’histoire et de toutes les cultures. Derrière un esprit
ludique et léger, ces artistes dénoncent le caractère
illusionniste et sacralisateur de l’art.
Jean-Pierre PINCEMIN
Né en 1944 à Paris et décédé en 2005 à Arcueil
Patrick SAYTOUR
Né en 1935 à Nice, vit et travaille à Aubais.
André VALENSI
Né en 1947 à Paris et décédé en 1999 au Togo
Claude VIALLAT
Né en 1936 à Nîmes, où il vit et travaille.
. Durée
La visite dure entre 1h et 1h30 selon le niveau de classe.
 Bibliographie
. Questions/Peinture - Daniel Dezeuze, Patrick Saytour,
Claude Viallat. - Paris : Somogy, 2005. (cat.)
. Le moment Supports/Surfaces. - Saint-Etienne : Ceysson,
2010.
.Catalogue d’exposition supports/surfaces. Paris : Jeu
. Ressources
 Site internet
. MAMAC Nice
http://www.mamac-nice.org. Galerie Bernard Ceysson
http://www.bernardceysson.com/
de Paume, 2000.
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.
Daniel Dezeuze
Sans titre, 1975
Échelle de bois souple teintée, 590 x 135 cm
Photo Muriel Anssens - © ADAGP, Paris, 2016
Claude viallat, Sans titre, 1966-1967
Gélatine et colorant sur toile, 180 x 234 cm
© Adagp, Paris
Louis Cane, Sol/mur (bleu), 1973
Huile sur toile, 397 x 244 et 240 x 191 cm
Crédit photographique : Muriel Anssens/Ville de Nice
© Adagp, Paris
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