Analyse de l`image- Séance 2

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Analyse de l`image- Séance 2
IUT Montreuil-­‐ S3 TEC Analyse de l’image-­‐ Gaétan Darquié 2012 Analyse de l’image-­‐ Séance 2 •
Faire l’appel-­‐ si pas de feuille de présence, faire passer une feuille blanche Rappels sur la notion d’image Définition de l’image message visuel (voir pour la séance suivante) Les Mythologies : (Première partie-­‐ 45 minutes max) Publié en 1957 chez Seuil, textes écrits entre 1954 et 1956. 53 textes. Situer les Mythologies dans notre cours : Les mythes sont des signes. Ils sont articulé par un langage qui leur donne sens en les intégrant dans son système : un signe particulier dans le système peut devenir un mythe. Les sens qu’ils produisent favorisent la doxa. A travers ce livre, on voit la naissance de la sémiotique avant qu’elle ne soit une discipline scientifique établie clairement codifiée par des règles. Lire le texte de Barthes et penser des mythologies est une manière de s’initier à la sémiotique. Une initiation qui nous permettra au long des séances suivantes d’aller plus en détail dans l’analyse d’image. Analyse des textes de R. Barthes •
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Les jouets Le steak frites La nouvelle Citroën Les jouets : 1) synthèse du texte « l’adulte français voit l’Enfant comme un autre lui-­‐même » A travers les jouets, on voit qu’on le considère comme un adulte modèle réduit. Les jouets qui lui sont faits correspondent à des éléments de la société. Ils sont 1 IUT Montreuil-­‐ S3 TEC Analyse de l’image-­‐ Gaétan Darquié 2012 littéralement des copies de ces éléments. Ils servent à préparer l’enfant aux fonctions qu’il devra remplir en tant qu’adulte. Le rapport qu’il entretient avec ces objets est celui d’un propriétaire. Une critique contre le bourgeois « pantouflard » qui possède et n’invente rien car il ne fait que se conformer. « le jouet français signifie toujours quelque chose » : un autre point important pour Barthes, il n’y a pas beaucoup de place pour l’invention avec le jouet français, c’est un jouet de l’imitation littérale (dans la réalité qu’il reproduit par ses formes et qu’il rappelle dans les usages pour lesquels il est prévu), sans créativité. Le jouet permettant de construire est un jouet qui permettrait par contre d’échapper à l’embourgeoisement. La nostalgie et la matière : le bois est remplacé par le plastique ce qui fait du jouet un bien consommable comme les autres qu’on jette une fois cassé avant d’en racheter un autre. Le jouet plastique est artificiel alors que celui en bois serait plus naturel. 2) La création d’un « objet-­‐mythe » Barthes s’intéresse à l’objet jouet qu’il décrit à partir de plusieurs caractéristiques à des niveaux différents. Le jouet renvoie comme image de l’enfant celle d’un adulte en miniature. Le jouet est important car il montre comment le social et la doxa touchent dès le plus jeune âge. En observant le jouet, on comprend comment on conçoit l’adulte. Barthes évoquent plusieurs caractéristiques du jouet : • « Affordance » ou « ontologie » de l’objet : un objet qui imite trop littéralement plutôt qu’il ne permet d’inventer-­‐ critique de la vision du jeu que l’objet porte en lui. o Ce que le jouet imite o Les fonctions vers lesquelles il conditionne/ ce qu’il ne permet pas  Seulement deux types de jouet : ceux qui favorisent la création, ceux qui l’annulent. • Matière de l’objet (bois/plastique) o Plaisir lié à la matière o Usage variant selon la matière o Nostalgie o Rapport à la mort 2 IUT Montreuil-­‐ S3 TEC Analyse de l’image-­‐ Gaétan Darquié 2012 Le bifteck et les frites : Le bifteck est un aliment qui fait l’unité non seulement sociale mais aussi nationale. Force et sang: Derrière, il y a l’idée du sang et de la chair fraîche qui donne la force. Manger le bifteck donne la puissance. Le rapport au sang et à la puissance se retrouve dans les expressions liés à la cuisson. Santé : Cette idée de force et liée à l’idée de santé, qu’elle soit mentale ou physique, le bifteck guérit ou préserve. C’est un élément favorable au bien être. Formes et cohérence sociale: « il figure dans tous les décors de la vie alimentaire » : le texte s’inscrit de manière transversale dans l’échelle sociale, il prend seulement des formes différentes. Sa forme correspond au niveau social. Conclusion : Ainsi, parce qu’il donne la force et fait la bonne santé de tous, le bifteck permet de concilier les différentes populations (niveaux sociaux et fonctions) et de les réunir sous le même drapeau (évocation patriotique : la figure du soldat, les films). Il permet de voir indirectement l’image qu’on se donne du français : puissant et en bonne santé, qui aime manger une nourriture dont la simplicité est délicate. On peut questionner ce goût du sang. Remarque : Intéressant de noter que le bifteck entretient des liens particuliers avec d’autres signes : le vin (lien paradigmatique ?) qui est au même niveau et les frites (lien syntagmatique ?) qui lui sont proches et complémentaires. Il y a une ébauche d’élaboration d’un système de signes. 3 IUT Montreuil-­‐ S3 TEC Analyse de l’image-­‐ Gaétan Darquié 2012 La nouvelle Citroën : http://fr.wikipedia.org/wiki/Citro%C3%ABn_DS (septembre 2012) « objet superlatif » : rapport au langage (DS/déesse) Surface lisse : la recherche des interstices Evocation d’un sous-­‐système : la mythologie automobile (une sémiotique plus restreinte que la sémiotique de la doxa). Conclusion intermédiaire : Voir texte de l’intro à l’analyse d’image  possible de chercher à partir d’un signifié des signifiants « l’italienneté », mais aussi à l’inverse de chercher le signifié qu’on veut communiquer à partir des signifiants. Chaque « mythologie » est un ensemble de signes regroupés et fabriqués par la société. Ils sont les témoins du sens qu’elle véhicule. Permet de voir la fabrique de sens sociale. Conclusion générale sur les trois textes : 4 IUT Montreuil-­‐ S3 TEC Analyse de l’image-­‐ Gaétan Darquié 2012 Contre la bourgeoisie : Dans ces trois textes, Barthes cherche à montrer à quel point la société est bourgeoise et comment cet embourgeoisement est observable à travers des objets sémiotique qu’il discrimine en signes et dont il étudie les implications dans un système de représentation plus globale qu’il qualifie de doxa ou de culture de masse. La société comme système : La société est perçu comme un système avec des signes et un langage. Ces signes et leurs usages peuvent être analysés par la sémiotique. La sémiotique ici permet à la fois de repérer certains de ces signes particuliers qui sont qualifiés de « mythes » et en même temps de voir comment ils peuvent produire du sens. Conclusion-­‐ Préface du livre « On trouvera ici deux déterminations : d’une part une critique idéologique portant sur le langage de la culture dite de masse : d’autre part un premier démontage sémiologique de ce langage ». Donc comme vu plus haut : • Une critique de la bourgeoisie • Le moyen de mettre en œuvre une analyse sémiotique Et ensuite : « je venais de lire Saussure et j’en retirai la conviction qu’en traitant les représentations collectives comme des systèmes de signes on pouvait espérer sortir de la dénonciation pieuse et rendre compte en détail de la mystification qui transforme la culture bourgeoise en nature universelle » Barthes rend compte d’un phénomène social complexe grâce à une étude sémiotique qui fait des représentations collectives un système général (la doxa) régi par un langage (les rapports entre les représentations) et composé de signes que la sémiotique peut étudier (les mythes). Récapitulatif-­‐ Questions autour des mythologies: Quels éléments Barthes choisit-­‐il pour ses mythologies ? Quels sont ses critères de sélection ? Pourquoi choisit-­‐il ces signes particuliers ? • Barthes choisit les éléments qui lui paraissent les plus représentatifs de son époque. Il construit des objets comme dans la programmation objet et se demande ensuite quelles variables peuvent leur être associés, quels sont leurs caractéristiques… Comment Barthes parle de ces objets ? 5 IUT Montreuil-­‐ S3 TEC Analyse de l’image-­‐ Gaétan Darquié 2012 •
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Il commence par les façonner, les définir, ce qui n’est pas dur dans le sens où ils sont « évidents » puisqu’ils sont des mythes mais en même temps avec la difficulté de dépasser l’évidence et de rappeler des caractéristiques particulières qui justement ne leur paraissent plus. Une fois l’objet cerné, il s’agit de s’interroger sur ces caractéristiques : la manière dont on en parle, comment il est utilisé… et de voir comment elles sont des éléments de signification, comment elles témoignent d’une visée (d’un métalangage ?) Que cherche Barthes à dire à partir de ces signes ? • Il cherche à montrer comment la doxa se construit et fonctionne en tant que discours produit par un langage dont les signes particuliers « mythes » sont particulièrement significatifs. • Il cherche à montrer et à attaquer ce qu’il considère comme l’embourgeoisement de la société. Ouverture, Flaubert et son dictionnaire des idées reçues : Flaubert, Le dictionnaire des idées reçues. Flaubert s’était déjà lui aussi à sa manière attaqué à la bourgeoisie et s’est intéressé à la bêtise en essayant de trouver plusieurs de ses motifs récurrents, il est allé chercher du côté des idées, des phrases toutes faites associées aux mots ou a des concepts. Ce projet comptait beaucoup pour lui. Il en parle plusieurs fois [si je me souviens bien] dans sa correspondance. http://www.ebooksgratuits.com/pdf/flaubert_dictionnaire_des_idees_recues.pdf Quelques extraits : « ACADÉMIE FRANCAISE : La dénigrer, mais tâcher d’en faire partie si on peut. ACCIDENT : Toujours déplorable ou fâcheux (comme si on devait jamais trouver un malheur une chose réjouissante...). BÊTES : Ah ! si les bêtes pouvaient parler ! Il y en a qui sont plus intelligentes que des hommes. ÉPINARDS : Sont le balai de l’estomac. Ne jamais rater la phrase célèbre de Prudhomme : « Je ne les aime pas, j’en suis bien aise, car si je les aimais, j’en mangerai et je ne puis pas les souffrir. » (Il y en a qui trouveront cela parfaitement logique et qui ne riront pas). » Exercice : constitution des mythes modernes (45 minutes+ 30 minutes pour les présentations) Par petits groupes de 3-­‐4 étudiants. Chaque groupe doit imaginer un mythe et le rédiger à la manière de Barthes une description. Le groupe intervient ensuite l’oral et fait un compte rendu de son travail. Le mythe doit être défini : de quoi parle-­‐t-­‐on ? De quel objet ? 6 IUT Montreuil-­‐ S3 TEC Analyse de l’image-­‐ Gaétan Darquié 2012 Quelles caractéristiques lui sont associées ? Entretient-­‐ils des rapports privilégiés avec d’autres objets, d’autres mythes ? Est-­‐
il ressemblant ? Différent ? Comment parle-­‐t-­‐on de ce mythe ? Des expressions particulière lui sont-­‐elles associées ? Quelles est le but de ce mythe ? Quelle(s) fonction(s) remplit-­‐il ? Que cherche-­‐t-­‐il à nous faire faire ? Pourquoi parler de ce mythe ? Qu’est-­‐ce que mon observation me fait dire du système plus complexe dans lequel il s’intègre ? Etc. 7