Grazia – page 1 - Juliette Méadel
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Grazia – page 1 - Juliette Méadel
DE LA SEMAINE NEWS Juliette Méadel, à Paris, le 7 mars. 04 L’EXERCICE DU POUVOIR A 41 ans, Juliette Méadel a été nommée en février secrétaire d’Etat chargée de l’Aide aux victimes. Une femme politique (presque) sans langue de bois. Rencontre. Par Anne SEFTEN Photo Fred STUCIN 60 GR AZIA• 18.03.2016 J uliette Méadel est agaçante. Parce que d’entrée de jeu, on ne lui trouve aucun défaut. Ce 7 mars, celle qui attend son quatrième garçon pour la mi-avril (après Alexandre, 7 ans, Maxime, 3 ans et demi et Romain 2 ans, ndlr) sans montrer la moindre trace de fatigue se laisse photographier aisément et répond à toutes les questions sans langue de bois. Bien sûr, elle se serait arrêtée si son état l’avait nécessité. Comme en 2009, lorsqu’elle avait été immobilisée au quatrième mois de sa première grossesse. Hyperactive, elle en avait profité pour préparer l’ENA, dont elle est sortie diplômée il y a seulement cinq ans. La nouvelle ministre aurait pu devenir une virtuose du piano – elle a passé sa première audition à l’âge de 11 ans –, mais avoue n’avoir plus le temps de faire ses gammes : « Avant ma nomination, j’avais repris le piano et je travaillais sur La Tempête de Beethoven. Je jouais également une étude de Chopin que j’adore, mais j’ai beaucoup perdu, parce que j’ai moins le temps pour travailler. J’aime bien aussi la New Jack, la soul, le funk, Jamiroquai, Maxwell, les Daft Punk que je trouve extraordinaires, surtout dans leur dernier album. J’écoute également beaucoup de jazz. » Mais la politique a pris le pas sur la mélomane. Celle qui, à 7 ans, était sur les épaules de sa mère rue de Solférino lors de l’élection de François Mitterrand en mai 1981, avant de prendre sa carte au parti socialiste onze ans plus tard, avoue : « J’ai toujours eu envie de faire de la politique et j’ai consacré mes études de philosophie à la désaffection du citoyen pour la politique. » Devenue dans un premier temps avocate d’affaires, la jeune femme est aussi titulaire d’un DEA de philosophie et a fait une thèse sur les marchés financiers. En 2007, Ségolène Royal la remarque, faisant d’elle sa conseillère lors de sa campagne présidentielle. Ce qui la révolte ? Le machisme en politique, dont elle confie avoir fait les frais à chaque grossesse. Sauf cette fois-ci. Quand le président de la République et le Premier ministre lui ont proposé d’être secrétaire d’Etat alors qu’elle était enceinte, elle leur a dit spontanément qu’elle ne pouvait pas : « Ils m’ont répondu : “Mais au contraire, ce n’est pas un empêchement !” J’ai trouvé que cette réponse renvoyait un message politique fort. C’est une façon de dire à tous les chefs d’entreprise qu’il est possible aujourd’hui d’avoir une vie de femme. Une femme qui souhaite avoir des enfants, les élever et en même temps continuer son travail. » Depuis le 11 février, Juliette Méadel a PHOTO: FRED STUCIN/PASCO LES