Chapitre 4 Calcul Vectoriel
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Chapitre 4 Calcul Vectoriel
Chapitre 4 Calcul Vectoriel Pour représenter la réalité physique, les scientifiques ont élaboré des objets mathématiques de différents types : les longueurs, masses, températures, charges électriques sont décrites par des nombres appelés scalaires ; les vitesses, forces, couples, champs électriques ou magnétiques sont décrits par la donnée simultanée de plusieurs nombres appelés vecteurs qui se composent suivant certaines règles. Un espace vectoriel sur R est un ensemble E de vecteurs muni de deux opérations : − → → − − → – l’addition satisfait pour tout U , V , W ∈ E − → − → − → − → U +V =V +U (commutativité) − → − → − → − → − → − → (U + V ) + W = U + (V + W) (associativité) − → − → − → − → → − − → U + 0 = U (vecteur nul) U + (− U ) = 0 (vecteur opposé) − → → − – la multiplication par un scalaire vérifie pour tout U , V ∈ E et λ, µ ∈ R − → − → − → − → λ( U + V ) = λ U + λ V − → − → − → (λ + µ) U ) = λ U + µ U − → − → λ(µ U ) = (λµ) U − → − → 1. U = U − → L’exemple fondamental, noté E3 est l’ensemble R3 = { U = (x, y, z); x, y, z ∈ R} muni de l’addition composante par composante : (x, y, z) + (x0 , y 0 , z 0 ) = (x + x0 , y + y 0, z + z 0 ) et de la loi externe λ(x, y, z) = (λx, λy, λz) λ ∈ R (x, y, z) ∈ R3 − → Si l’on pose ~i = (1, 0, 0) ~j = (0, 1, 0) ~k = (0, 0, 1) alors tout U = (x, y, z) ∈ E3 s’écrit de façon unique − → U = x~i + y~j + z~k On dit que (~i, ~j, ~k) est une base de E3 et les nombres x, y et z sont les composantes − → de U dans cette base. 26 L’espace E3 de la physique est constitué de points ; à tout couple (A, B) de points −→ qu’on appelle bipoint de E3 , on associe un vecteur unique AB de E3 représenté par une flèche d’origine A et d’extrémité B. Quels que soient A, B, C, D ∈ E3 , on a : −→ −−→ −→ AB + BC = AC −→ −−→ AB = CD ⇐⇒ ⇐⇒ (relation de Chasles) (AD et BC ont même milieu) (ABDC est un parallélogramme) C A D B 4.1 Barycentre Soient M1 , ..., Mn n points de E3 et α1 , ..., αn ∈ R. On appelle barycentre des points Mk pondérés par les αk l’unique point G ∈ E3 tel que pour tout P ∈ E3 n n X −−−→ −→ X αk P Mk αk = PG 1 avec 1 n X En particulier pour P = G : n X 1 αk 6= 0 −−−→ − → αk GMk = 0 1 4.2 Produit scalaire On suppose que l’on sait mesurer les angles et les longueurs. − → − → Le produit scalaire de deux vecteurs U et V est le nombre réel − →− → − → → − U . V = U V cos( U , V ) − → − → où U et V sont les longueurs respectives des vecteurs U et V . − → − → En particulier, si V = U , p− →− → − → − → U .U cos( U , V ) = 1 et U = H − → On écrira maintenant U = k U k B On notera aussi les relations : A K O −→ −−→ −→ −−→ −→ −−→ OA.OB = kOAk kOBk cos(OA, OB) −→ −−→ −−→ −−→ = OA · OK = OB · OH 27 Exemple. En mécanique, le − → travail d’une force F pour un − → déplacement élémentaire ∆l → − →− s’écrit ∆W = F .∆l ; on a alors : Z → − →− F dl WAB = A AB Z xB → − → − = F (x) cos( F , ∆l) dx F ∆l B xA 4.3 Propriétés du produit scalaire − →− → − →− → − → − → U .V = V .U ∀ U , V ∈ E3 → → − → − → − − →− → − →− U .( V + V 0 ) = U . V + U .V 0 − → − → − →− → (λ U ). V = λ( U . V ) ∀λ ∈ R − → − → k U k = 0 ⇐⇒ U = ~0 4.4 Base orthonormée − → − → − − →− → → − → Etant donnés U 6= 0 et V 6= 0 tels que U . V = 0, alors − → − → π − → − → ( U , V ) = [π] : on dit que U et V sont orthogonaux. 2 Une base (~i, ~j, ~k) est orthonormée si et seulement si : k~ik = k~jk = k~kk = 1 et si ~i.~j = ~j.~k = ~k.~i = 0 Dans les bases orthonormées le produit scalaire se calcule simplement en fonction des composantes des vecteurs : − → − → Si V = x~i + y~j + z~k et V 0 = x0~i + y 0~j + z 0~k on obtient en développant : p → − → − →− V .V 0 = xx0 + yy 0 + zz 0 et en particulier k V k = x2 + y 2 + z 2 4.5 Produit vectoriel − → −→ − → −−→ Soient U = OA et V = OB deux vecteurs de E3 . − → − → − → − → − → Par définition, le produit vectoriel W = U ∧ V des deux vecteurs U et V est le − → vecteur W dont le module est 28 − → − → − → − → − → kW k = k U kk V k |sin( U , V )| W B H O C θ A sa direction est celle de la nor− → male au plan déterminé par U et − → V , son sens est tel que le trièdre − → → − − → ( U , V , W ) soit direct, c’est-àdire orienté comme le trièdre − − → − → → de référence ( i , j , k ) de sorte − → − → que l’angle ( U , V ) est à valeurs dans [0, π] et son sinus positif. On pourra donc écrire : − → − → − → − → − → kW k = k U k k V k sin( U , V ) = OB.HA = aire du parallélogramme (O, A, C, B) = 2.aire du triangle (O, A, B) 4.6 Propriétés du produit vectoriel − → − → − → − → (α V ) ∧ W = α( V ∧ W ) − → − → U ∧U =0 − → − → − → − → ∀α ∈ R U ∧ V = −V ∧ U − → − → − → − → − → − → − → U ∧ (V + W) = U ∧ V + U ∧ W − → − → Calculons les composantes du produit vectoriel V ∧ V 0 en fonction des composantes de ces vecteurs : − → − → V = (x, y, z) V 0 = (x0 , y 0 , z 0 ) écrits dans la base orthonormée (~i, ~j, ~k) ; on a d’abord : ~i ∧ ~j = ~k ; ~j ∧ ~k = ~i ; ~k ∧ ~i = ~j et ~i ∧ ~i = ~j ∧ ~j = ~k ∧ ~k = 0 et : ~j ∧ ~i = −~k ; ~k ∧ ~j = −~i ; ~i ∧ ~k = −~j puisque le produit est anticommutatif. On obtient alors en développant (x~i + y~j + z~k) ∧ (x0~i + y 0~j + z 0~k) : → − → − V ∧ V 0 = (yz 0 − zy 0 )~i + (zx0 − xz 0 )~j + (xy 0 − yx0 )~k que l’on écrit aussi : →0 y y 0 − → − V ∧ V = z z0 x x0 ~i − z z0 x x0 ~j + y y0 ~k = ~i x x0 ~j y y 0 ~k z z 0 29 4.7 Exemples de produit vectoriel : − → −→ − → −→ −→ Le moment d’une force F = AB par rapport au point 0 : M0 ( F ) = OA ∧ AB − → −→ − → Le moment cinétique : L = OA ∧ m V d’une masse m par rapport à O − → − → − → La force de Lorentz : F = q V ∧ B sur une charge q − → − − → → La force de Laplace : F = i l ∧ B sur un fil parcouru par le courant i. 4.8 Produit mixte − → → − − → − → − → − → Par définition, le produit mixte ( U , V , W ) des vecteurs U , V et W est le produit − → − → − → − → − → − → − → − → − → scalaire de U ∧ V et de W ; on le note : ( U , V , W ) = ( U ∧ V ).W − → − → − → − → Posons S = U ∧ V : k S k mesure l’aire du parallélogramme − → → − construit sur ( U , V ) et W − → → − − → − →− → ( U , V , W ) = S .W = OS.OH S V O U La valeur absolue du produit mixte mesure donc le volume du parallélépipède construit sur − → − → − → U , V et W . Par permutations circulaires, on obtient les relations : − → − → − → − → − → − → − → − → − → ( U ∧ V ).W = ( V ∧ W ). U = (W ∧ U ). V On peut calculer le produit mixte en fonction des composantes des vecteurs : − → − → − → V = (x, y, z) V 0 = (x0 , y 0 , z 0 ) et V 00 = (x00 , y 00, z 00 ) écrits dans la base orthonormée (~i, ~j, ~k) ; on obtient directement : → − → − → − ( V , V 0 , V 00 ) = x(y 0z 00 − z 0 y 00 ) + y(z 0 x00 − x0 z 00 ) + z(x0 y 00 − y 0x00 ) On note aussi le produit mixte : x x0 x00 →0 − →00 − → − ( V , V , V ) = y y 0 y 00 z z 0 z 00 et on a les propriétés d’anticommutativité et de linéarité : − → − → − → − → − → − → ( U , V , W ) = −( V , U , W ) − → − → − → − → − → − → ( U , V , λW ) = λ( U , V , W ) (λ ∈ R) − → → − − → − → − → −→ − → − → − → −→ ( U , V , W + W 0) = ( U , V , W ) + ( U , V , W 0) 30 4.9 Exemple de produit mixte f u O M Le moment d’une force f~ par rapport à un axe de vecteur unitaire ~u s’écrit : −−→ ~ u Γ∆ = (OM ∧ f).~ ∆ 31 Exercices − → − → 4.1. Soit deux vecteurs de E3 U = ~i + 2~j − ~k et V = 4~i − 3~k. − →− → − → − → − → − → Calculer U . V , k U k, k V k et ϕ = ( U , V ) . 4.2. Soit un triangle ABC quelconque. Démontrer que b a2 = b2 + c2 − 2bc cos A. 4.3. Par rapport au repère (O,~i, ~j, ~k) orthonormé direct, soit − → − → U = (0, 3, 1) et V = (0, 1, 2) . − →− → − → → − a) Calculer U . V et l’angle ϕ = ( U , V ). − → − → b) Déterminer les cosinus directeurs de U et V . − → − → − → − → c) Calculer les composantes de W = U ∧ V ; puis kW k par 2 méthodes différentes. − → − → − → d) Calculer le produit mixte ( U , V , W ) . − → − → − → − → − → − → − → − → − → 4.4. Montrer que si V1 + V2 + V3 = 0 on a V1 ∧ V3 = V2 ∧ V1 = V3 ∧ V2 et − → − → − → k V2 k k V3 k k V1 k − → → − = − → → − = − → − → . |sin(V2 , V3 )| |sin(V3 , V1 )| |sin(V1 , V2 )| 4.5. Trouver la distance du point P (4, −1, 5) à la droite passant par les points P1 (−1, 2, 0) et P2 (1, 1, 4) . −→ −−→ 4.6. Calculer la distance Paris New-York en explicitant le produit OP .ON (voir chap.1) − → 4.7. Montrer qu’un vecteur V = (x, y, z) de E3 est orthogonal au vecteur − → N = (a, b, c), si et seulement si ses composantes vérifient l’équation ax + by + cz = 0. Quelle est l’équation d’un plan de E3 ? Calculer la distance du point P (4, −1, 5) au plan contenant P1 = (−1, 2, 0), P2 = (1, 1, 4) et P3 = (0, 0, 1) dont on déterminera l’ équation. 4.8. A. (Extrait SVL1 P2-05) A. Dans l’espace vectoriel R3 rapporté à la base orthonormée (~i, ~j, ~k), on considère ~ = (1, 2, 1) et V ~ = (1, 0, c) où c ∈ R. les vecteurs U ~ .V ~ , kUk ~ et kV ~ k en fonction de c. A.1 Calculer le produit scalaire U ~ V ~ ) est égal à π . A.2. Déterminer les valeurs de c pour lesquelles l’angle (U, 3 B. Chacune des expressions suivantes a-t-elle un sens ? Si oui préciser s’il s’agit d’un vecteur ou d’un réel. Si non dire pourquoi : a) ~u.(~v ∧ w) ~ b) ~u ∧ (~v .w) ~ c) ~u ∧ (~v ∧ w) ~ d) ~u.(~v.w) ~ e) (~u ∧ ~v ) ∧ (w ~ ∧ ~v ) f) (~u ∧ ~v).(w ~ ∧ w). ~ C. Soit les points A(3, 5, 4) , B(2, 1, 3), C(8, 5, 5) et P(1,2,3) de l’espace E3 . −→ − −→ −→ Calculer le produit mixte (P A, P B, P C). Que peut-on dire des points A, B, C et P ? On justifiera la réponse donnée. 32 B. (Extrait SVL1 P2-06) On considère dans l’espace E3 rapporté au repère orthonormé direct (O, ~i, ~j, ~k), les points A(2, 0, 0), B(2, −2, 0) et C(2, 3, −1). −→ −−→ a. Calculer le produit vectoriel OA ∧ OB. b. Calculer l’aire du triangle OAB. −→ −−→ −→ c. Calculer le produit mixte (OA, OB, OC). −→ −−→ −→ En déduire le volume du parallélépipède construit sur les vecteurs OA, OB, OC. −−→ −−→ d. Déterminer un point D de E3 tel que OD soit orthogonal à la fois à OB et −→ à OC. C. (Extrait SVL1 T2-06) Dans l’espace affine E3 rapporté à la base orthonormée (O, ~i, ~j, ~k), on considère les points A(3, 5, 4) , B(2, 1, 3) et C(8, 5, 5) . −→ −→ a. Calculer le produit vectoriel AB ∧ AC. En déduire l’aire du triangle A B C −→ −→ et la mesure de l’angle (AB, AC) en radians. b. Démontrer à l’aide du produit mixte que les points P (1, 2, 3) , A(3, 5, 4) , B(2, 1, 3) et C(8, 5, 5) sont coplanaires. D. (Extrait SVL1 P2-07) Soient a, b, c ∈ R+ . Dans l’espace E3 rapporté au repère orthonormé direct (O, ~i, ~j, ~k), représenter les points A(0, 0, a), B(b, 0, 0) et C(0, c, 0) ainsi que le triangle ABC. −−→ −→ −→ −−→ −→ −→ a. Calculer ~u = OB ∧ OA, ~v = OC ∧ OB, w ~ = OA ∧ OC. ~ et donner leur interprétation géométrique. b. Calculer les nombres 21 k~uk, 21 k~vk, 12 kwk c. Calculer en fonction de a, b et c l’aire SO du triangle ABC. d. On considère le tétraèdre OABC avec ses trois ”faces triangles rectangles” OAB, OAC, OBC et sa ”face hypothénuse” ABC, d’aires respectives SC , SB , SA et SO . Déduire la valeur du réel λ telle que : SA2 + SB2 + SC2 = λSO2 . [ e. Calculer en fonction de a, b et c le cosinus de l’angle (non orienté) BAC. Vérifier pour a = b = c. −→ −−→ −→ f. Calculer le produit mixte (OA, OB, OC). On admettra que le volume du tétraèdre est égal au sixième de celui du parallèlépipède construit sur ses sommets, ici O, A, B et C. Déduire des calculs précédents le volume du tétraèdre OABC. 4.9. Déterminer le barycentre G du système Soleil-Jupiter. En déduire comment un observateur extérieur au système solaire pourrait mettre en évidence l’exitence de planètes autour du Soleil. On donne : distance Soleil-Jupiter 778.106 km ; rayon du Soleil 690000km ; rapport des masses 1/1000. ◦ • ◦ • ◦ • ◦ 33