Horticulture et paysage

Transcription

Horticulture et paysage
&
Pépinières Travers :
Technique
Production
les grimpantes de A à Z !
A Saint-Cyr-en-Val, à quelques kilomètres au Sud d’Orléans, les pépinières Travers, créées
en 1902, ont mis leur expertise horticole au service des plantes grimpantes et des petits fruits.
Avec le potentiel ornemental qui les caractérise, les grimpantes ne tardent pas à devenir
un succès et l’entreprise évolue, développant des techniques de production de plus en plus
modernes. Aujourd’hui, la passion de la plante prime toujours et conduit à une évolution
permanente des gammes proposées, pour répondre à des usages de plus en plus variés.
A
la fin du 19ème siècle, dans
les faubourgs d’Orléans,
les pépinières sont lé gion. C’est sur ces terres fertiles
qu’après avoir fait son apprentissage, Alexandre Travers, jardinier,
s’installe à son compte en 1895.
Dans le jardin poussent quelques
clématites qu’Alexandre bouture et vend de manière encore
confidentielle. En 1902, Aristide,
son fils, reprend l’entreprise et
développe la pépinière en portant ses efforts d’abord sur la
clématite puis les autres grimpantes. La moitié de la surface
de l’exploitation se transforme en
pépinière et la greffe se fait alors
sous des cloches de verre. Il faudra
attendre 1909 pour construire
une première serre en bois de 48
mètres carrés, surface doublée
dès l’année suivante. De 1930 à
1987 se succèderont la troisième
et la quatrième génération représentées par Raymond et Bernard.
Après différentes extensions,
l’entreprise compte, au début
des années 70, 40 employés pour
23 hectares de culture. Dans le
même temps commence l’exportation de la production vers l’Angleterre, l’Allemagne ou encore la
Suisse. C’est en 1987 qu’Arnaud
Travers, l’actuel responsable rejoint l’entreprise et constitue une
collection unique de clématites
grâce à des contacts avec d’autres
pépiniéristes étrangers.
Multiplication et élevage
Possédant leur propre parc de
pieds-mères, les Pépinières Travers
réalisent en interne l’ensemble
du processus de production de
la plante : de la multiplication à
la commercialisation. La majeure
partie des grimpantes et petits
fruits (90 %) sont issues de boutures, tandis que d’autres comme
les Campsis et les Wisteria, sont
greffées. “La phase de multiplication dure entre 1 et 2 ans, correspondant au temps qui s’écoule
avant la première mise en pot”
explique Arnaud Travers. “Puis,
nous élevons les grimpantes en
conteneurs pendant 8 à 18 mois”.
En ce qui concerne les différents
calibres lors de la commercialisation, les normes de pépinières se
révèlent peu adaptées aux grimpantes. “Les normes européennes
imposent de définir le calibre
d’une plante commercialisée en
fonction du litrage du conteneur
et de sa hauteur. Toutefois, en ce
qui concerne les grimpantes, c’est
• Création en 1902
• Site de production de 50 ha dont :
- 11 ha de culture hors-sol
- 3 ha de jeunes plantes en racines nues
- 1,5 ha de pieds mères
- 6 800 m2 de serres de multiplication
• 350 variétés et taxons de clématites
• Production annuelle : 1 800 000 grimpantes
• 48 salariés
Février 2014
la ramification qui doit être déterminante à l’achat. Il vaut mieux
préférer une plante d’un mètre
de haut, présentant une dizaine
de branches, qu’une plante de
deux mètres de haut, pas ramifiée. Pour cela, nous réalisons des
pincements successifs dès la première année de multiplication”.
Démarche développement
durable
En bref
18
Le bouturage représente près de 90 % des opérations
de multiplication sur les grimpantes.
Horticulture & PAYSAGE
En 2011, le déménagement des
pépinières a été l’occasion de
remettre à plat la démarche développement durable. “Nous avons
trouvé plus “facile” de repartir
de zéro plutôt que de réadapter
un outil de production” explique
Arnaud Travers. “Désormais,
toutes nos zones de production
sont étanches, ce qui évite les
rejets. Les cultures ne sont pas
chauffées pendant la période
d’élevage, et nous avons mis en
place la PBI dans toute la pépinière”. L’ensemble des mesures a
permis l’obtention du label MPS
A, puis Plante Bleue niveau 2 (en
juillet 2012). “Nous avons totalement réorganisé l’entreprise, en
mettant par exemple en place une
équipe de 3 personnes chargées
du suivi de culture et notamment
de la PBI”.
Pépiniériste
et Collectionneur
Au-delà de la production, c’est
bien une véritable passion pour
les clématites, des grimpantes
et petits fruits, et du végétal en
général, qui a animé l’histoire des
pépinières Travers, permettant de
&
Technique
Production
L’obtention,
un travail d’orfèvre
Sur près de 50 ha, les pépinières Travers cultivent des plantes
grimpantes, grâce à l’expérience acquise pendant
cinq générations.
Mettre au point une nouvelle variété végétale s’apparente à la création d’un bijou. “Hormis la multiplication, nous coordonnons nos
propres programmes d’obtention par hybridation de variétés déjà
existantes, en déposant manuellement le pollen d’une variété sur
les étamines d’une autre” explique Arnaud Travers. Dans un premier temps, l’obtenteur établit les caractéristiques qu’il recherche
sur le produit fini et sélectionne les variétés qui présentent déjà une
ou plusieurs de ces caractéristiques avant de les hybrider. “Ensuite,
il nous faut trouver le bon sujet puis le multiplier à plusieurs milliers
d’exemplaires. Or, des échecs peuvent intervenir tout au long de
ces étapes”. Une fois la variété “stabilisée”, le lancement commercial peut être organisé. “Nous menons en permanence des
programmes d’hybridation, mais échelonnons ensuite les sorties
pour créer une dynamique sur le marché” explique Arnaud Travers.
Plus qu’un processus systématique, l’obtention nécessite toutefois
d’avoir toujours un temps d’avance. “Le processus d’obtention
de notre dernière variété a duré 11 ans. Pour cela, il faut anticiper
sur les tendances à venir, sur l’évolution du fleurissement et des
attentes”.
Deux ans s’écoulent en moyenne entre la multiplication
des grimpantes et leur commercialisation.
constituer une collection reconnue. La plantation de la collection de clématites a commencé en
2002. La collection devient alors
collection nationale du CCVS
(Conservatoire des Collections
Végétales Spécialisées). “En 2011,
nous avons engagé un partenariat
avec l’arboretum des Prés Culands
à Meung-sur-Loire pour mettre en
place un conservatoire” explique
Arnaud Travers. “De nombreuses
variétés ont été perdues et, même
si de nouvelles obtentions présentent des qualités supérieures,
il serait dommage de perdre définitivement la trace des variétés
d’origine, comme c’est, malheu-
reusement le cas pour beaucoup
de plantes”. La collection de clématites comprend désormais plus
de 350 variétés et taxons. Une
passion florissante !
Horticulture & PAYSAGE
Février 2014
19

Documents pareils

télécharger - Jardins de France

télécharger - Jardins de France présents depuis six générations dans cette culture, j’ai l’impression d’être au début de ce que l’on est capable de faire avec les grimpantes ! »

Plus en détail