Bulletin de l`Andeva n°48
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Bulletin de l`Andeva n°48
Le bulletin de l’ANDEVa Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante N°48 avril 2015 L’incroyable cynisme des empoisonneurs Responsables de milliers de morts de l’amiante... Condamnés des centaines de fois par la Justice... Eternit et Latty veulent faire payer leurs « fautes inexcusables » par les contribuables ! ANDEVA 8, rue Charles Pathé 94300 VINCENNES Tel : 01 49 57 90 95 Mail : [email protected] Fax : 01 49 57 97 71 Site Internet : andeva.fr SOMMAIRE 01 : La Une 02 : Témoignage 03 : Editorial Faute inexcusable 04: Latty, Eternit Divers 07: Débat avec une pneumologue, Dunkerque 08 : AG de l’Ardeva CHSCT 10: Touche pas à notre Comité ! Pénal 12: Pénal : Condé, Normed, Amisol, Jussieu Acaata 13 : Renault Trucks, Arc international Anxiété 14 : Cassation, Courtaulds, mineurs, Latty, Arkema, Everite, Babcock, Alstom, Veralia, Maladies professionnelles 18 : Fonction publique : Médical 20 : Prévisions INVS 21: Cancer et hasard (position du CIRC) 22: cancers de l’estomac et du côlon Formations de l’Andeva 25 : Centre, Eure Drome-Ardèche, Suivi médical 26 Où en est-on ? Prévention 28 : Tour Montparnasse, 29 : Navires à détruire 30 : Valeo à Caligny 32 : Addeva 44 : contre un « serial pollueur » 34 : de 100 à 10 fibres, Capital contre la réglementation amiante 33 : Non aux dérogations en Europe 36: Convention de Rotterdam 38: Italie : projet de loi du Sénat, procès Eternit 40: Ecoles en Belgique 42: Congrès de l’IMIG Associations 44: Les coordonnées La Der 48 : Bon anniversaire, Romana ! 2 Courrier, témoignages JEAN VIT DEPUIS 7 ANS SOUS OXYGène « Le FIVA m’a convoqué pour une expertise ... à 450 kilomètres de chez moi ! » « Je suis resté 26 ans chez Villeroy et Bosch à la fabrication de carreaux de faïence, explique Jean. On travaillait en 3 x 8. Les carreaux cuisaient dans un four dont le dessus était recouvert de plaques d’amiante pour garder la chaleur. Les carreaux arrivaient jusqu’au four par wagons. Le four faisait près de 300 mètres de long (j’en faisais le tour en vélo !). Quand la cuisson était terminée, un gars rentrait dans le four pour nettoyer. Il y avait de la poussière partout. En 1996, j’ai commencé à avoir des problèmes pulmonaires. J’ai été en longue maladie pendant deux ans. Puis on m’a proposé un départ en retraite... Aujourd’hui, pour m’aider à respirer, j’ai un tuyau d’oxygène dans le nez. La nuit pour dormir avec l’oxygène, je porte un masque. Si je veux quitter la maison, je dois emporter une bouteille d’oxygène. Je tousse beaucoup. Je marche avec difficulté. Je me fatigue très vite. » Jean perd le souffle. Il interrompt son récit et c’est Sidonie, son épouse, qui prend le relai : « Mon mari a deux maladies professionnelles : une silicose reconnue à 5% et une asbestose reconnue à 35%. Il a déposé un dossier au FIVA. Le 23 SI L’ANDEVA PEUT VIVRE c’est grâce aux cotisations et aux dons de ses adhérents et sympathisants. COTISATION 2015 Individuelle : 42 euros Membre associé : 120 Prenez contact avec l’Andeva ou avec une association locale Certains jours, il m’arrive de pleurer toute seule en pensant à l’avenir. Limoges Béziers janvier 2015, il a reçu une lettre lui annonçant une expertise médicale pour évaluer son état de santé. Trois jours plus tard, il était convoqué par un pneumologue de la clinique Chenieux... à Limoges ! Nous habitons Béziers à 450 kilomètres de là ! En voiture, pour aller de Béziers à Limoges, il y a plus de 4 heures de route, avec une bouteille d’oxygène qui n’a que 4 heures d’autonomie... Sans compter la fatigue. Quand j’ai lu ce courrier, j’ai pensé qu’ils se moquaient du monde. J’ai alerté Christine Preschner à l’Andeva. Elle est intervenue aussitôt. Le Fiva a annulé l’expertise, en disant qu’elle n’était en fait pas nécessaire, car la maladie avait été reconnue et les pièces médicales jugées suffisantes par le service médical. L’expertise n’aura pas lieu, mais cette maladie nous fait vivre dans une inquiétude permanente. Pierre PLUTA est le directeur de publication. La réalisation de ce bulletin a été coordonnée par Alain BOBBIO, avec l’aide des associations locales de l’Andeva, de Patrice RAVENEAU, pour les photos, et du docteur Lucien PRIVET. Quand une maladie grave vous tombe dessus, on se sent abandonné. Il est important d’être aidé et réconforté. Plusieurs collègues de mon mari sont décédés sans être accompagnés ni informés sur leurs droits. Il y a 7 ans, nous avons eu la chance de tomber sur un pneumologue formidable qui a dit à mon mari qu’il ne pouvait pas rester comme ça : il l’a mis sous oxygène et lui a expliqué les démarches pour être indemnisé de ses dommages. Les administrations ne se rendent pas compte de la situation que nous vivons. Nous allons être obligés de vendre notre maison pour nous rapprocher de notre fils, car nous ne pourrons plus rester seuls. Mais quand mon mari a demandé l’APL, on lui a répondu qu’il gagnait trop... Il a travaillé toute sa vie comme un forçat. Nous pensions qu’à la retraite nous allions pouvoir vivre tranquilles dans notre maison. Et cela ne sera pas possible. » [Les représentants de l’Andeva au CA du Fiva ont fait part de ce problème à la directrice. C’est un cas extrême, mais d’autres victimes ont aussi été convoquées loin de leur domicile. Nous espérons que ce problème sera rapidement résolu. Les délais de traitement des dossiers se sont améliorés, mais pour les expertises, il est impératif que le Fiva tienne compte des distances et de l’état de santé du demandeur] Editorial Marcher contre le vent Les victimes de l’amiante et les Un mauvais vent souffle aussi sur la prévention. personnes exposées ont du souci à se faire. Le vent tourne. Après deux décennies d’avancées jurisprudentielles et réglementaires, se précise une dangereuse offensive du MEDEF sur le terrain de l’indemnisation des victimes et de la prévention des risques. Une partie des professionnels fourbit déjà ses armes pour torpiller l’abaissement de la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) de 100 à 10 fibres d’amiante par litre d’air, prévue au 1er juillet 2015. Il y a vingt ans, pour indemniser Un journaliste de Capital reproche vertement à la France de « s’imposer les règles anti-amiante les plus sévères du monde », ce qui « risque de conduire à la catastrophe » ! leurs préjudices, les victimes de l’amiante recevaient fort peu, les victimes environnementales ne recevaient rien. Le raz-de-marée des actions en faute inexcusable, la création du Fiva et le succès des divers contentieux ont tiré les indemnisations vers le haut. *** Aujourd’hui le niveau des indemnisations des cours d’appel connaît une tendance quasi-générale à la baisse. D evant les tribunaux des Affaires de la Sécurité sociale et en appel, les employeurs condamnés ont longtemps invoqué des vices de forme pour rendre le jugement « inopposable » et ne rien payer. Ils tentent aujourd’hui de nouvelles stratégies : en contestant toute maladie professionnelle dès le stade de sa déclaration, en rétribuant des médecins pour porter le débat sur le terrain médical ou en présentant carrément la facture de leur « faute inexcusable » à l’Etat, comme l’ont fait Latty et Eternit, pour tenter d’obtenir un partage des frais à « 50-50 » ! *** Une évolution défavorable analogue se fait jour pour la réparation des préjudices des personnes exposées à l’amiante. P our l’allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (Acaata), A l’inscription de nouveaux établissements sur les listes se fait maintenant au compte-gouttes, au terme de longues batailles judiciaires. La ministre de la Fonction publique a annoncé l’extension de l’Acaata aux fonctionnaire malades qui en étaient exclus. C’est une avancée saluée par l’Andeva. Mais l’ouverture d’une voie d’accès individuelle à ce dispositif, maintes fois promise, est aujourd’hui renvoyée aux calendes grecques par le gouvernement. P our la reconnaissance du préjudice d’anxiété, des milliers de procédures judiciaires ont été engagées. Dans un premier temps, la Cour de cassation a confirmé l’existence de ce préjudice ; elle a allégé ses conditions de reconnaissance et reconnu la compétence de l’AGS en cas de défaillance de l’employeur. Mais elle a donné un coup d’arrêt par deux décisions récentes traduisant sa volonté de limiter la reconnaissance de ce préjudice aux bénéficiaires de l’Acaata et de réduire le nombre de personnes indemnisées par l’AGS. u nom de la « compétitivité » des entreprises le gouvernement a laissé se mettre en marche une redoutable mécanique de « détricotage » des institutions protectrices de la santé des salariés. Le MEDEF réclame la suppression du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de travail (CHSCT) et sa dilution dans un conseil d’entreprise touche-à-tout où les conditions de travail seront la « 25ème roue du carrosse ». L’inspection et la médecine du travail, démunies et dévitalisées, sont dans le collimateur... C ette offensive pour « réduire les coûts » de la réparation des préjudices et ceux de la prévention des risques doit être fermement combattue. Nous n’acceptons pas de voir bradé le prix d’une santé perdue ou d’une vie brisée par l’amiante. Nous n’acceptons pas que, sous prétexte « d’alléger les contraintes des entreprises » aujourd’hui, on nous prépare une nouvelle flambée de cancers dans 30 ans. Alain BOBBIO Pierre PLUTA 3 LATTY - ETERNIT le cynisme DES EMPOISONNEURS Leurs victimes se comptent par milliers. Ils sont condamnés pour « faute inexcusable de l’employeur ». Et ils présentent la facture aux contribuables ! LA Stratégie DU « 50-50 » Latty-Eternit : deux noms sinistrement emblématiques dans l’histoire de l’amiante. Dans leurs usines, ils ont fait travailler des ouvriers sans information ni protection, dans d’épais nuages de fibres cancérogènes. Aujourd’hui les maladies et les morts se comptent par milliers. Ils ont été condamnés des centaines de fois pour « faute inexcusable de l’employeur », sans exprimer l’ombre d’un regret. Leur seul souci est de payer le moins possible. Hier ils empoussiéraient leur ateliers au mépris de la loi et menaçaient de fermer leurs usines si une réglementation trop stricte était adoptée. Aujourd’hui ils dénoncent les « insuffisances » d’une réglementation passée qu’ils disent avoir respectée et réclament que la moitié des indemnisations dues aux victimes soit payée par les contribuables ! Il y a quelque chose de sordide et d’indécent dans ce refus d’assumer les conséquences financières des fautes qu’ils ont commises. 4 Suite au décès d’un de ses salariés, tué par l’amiante, la société Latty a été condamnée pour faute inexcusable de l’employeur par le Tass de Chartres puis par la cour d’appel de Versailles. Le 27 mai 2014, le tribunal administratif d’Orléans a « coupé la poire en deux » en demandant à l’Etat de rembourser à l’employeur fautif la moitié des indemnités versées à la famille ! Elle a demandé à l’Etat de payer à sa place la totalité de l’indemnisation due aux ayants droit ainsi que 50 000 euros de « préjudice moral » dû à la « dégradation de son image ». De son côté, Eternit avait lancé avant Latty devant le tribunal administratif de Versailles, deux procédures qui furent jugées ensuite. Elles ont obtenu des résultats analogues. L’Andeva s’est portée en intervention volontaire contre Latty La décision du tribunal administratif d’Orléans n’est pas à prendre à la légère. L’Andeva s’est portée en intervention volontaire contre Latty devant la cour d’appel administrative de Nantes. Sur quoi se fonde Latty ? Sa demande, comme celle d’Eternit, se fonde sur des arrêts du Conseil d’Etat de 2004. Une avocate, Maryse Joissans, avait saisi les tribunaux administratifs pour faire indemniser des victimes par l’Etat au lieu de faire condamner leur employeur en faute inexcusable. Le Conseil d’Etat avait reconnu la responsabilité de l’Etat. Les mensonges de Latty sur la situation à Brou La société Latty prétend qu’elle a toujours scrupuleusement respecté la réglementation de l’époque. La cour d’appel de Versailles démolit cette affirmation en évoquant « un empoussièrement majeur des ateliers », une « absence d’information » des salariés « dépourvus de tout matériel de protection individuelle », en contradiction flagrante avec la loi du 12 juin 1893. Un tel constat devrait suffire à faire tomber ses prétentions. En fait ce recours de Latty ne concerne pas seulement une victime particulière d’une entreprise particulière. Il est en effet demandé à la Cour administrative d’appel de « préciser pour la première fois les conditions de mise en oeuvre du partage de responsabilité entre l’Etat et les entreprises du secteur de l’amiante » Un enjeu pour toutes les maladies professionnelles « Cette demande concerne a minima toutes les maladies professionnelles liées à l’amiante et implicitement l’ensemble des accident du travail et des maladies professionnelle (AT-MP), note Michel Parigot, viceprésident de l’Andeva. Elle introduit un bouleversement complet dans le système de réparation des AT-MP. Leur indemnisation de base n’est en effet pas à la charge de l’employeur concerné. Elle est mutualisée. Mais cette mutualisation ne s’applique pas à l’auteur d’une faute inexcusable qui doit indemniser les dommages qu’il a causés. Or, ce que demande Latty, c’est une exonération de moitié de cette petite contribution, en contradiction flagrante avec la volonté du législateur. » Un recul pour la prévention Eternit et Latty font cause commune. Si cette jurisprudence était confirmée en appel et en cassation, des milliers d’employeurs condamnés demanderaient aussitôt une ristourne de 50% sur les conséquences financières de leurs fautes. Cela réduirait fortement l’incitation à la prévention que constitue la reconnaissance d’une faute inexcusable de l’employeur. L’indignation de Michel, ancien d’Eternit Caronte « Je m’essouffle au moindre effort, je manque de respiration et cela va en s’accentuant », dit Michel Salard, un ancien d’Eternit Caronte. Il avait déjà des plaques pleurales reconnues en maladie professionnelle, il a déclaré une seconde maladie liée à l’amiante : l’asbestose. Eternit est prêt à tout pour ne pas payer ce qu’il doit Eternit a, lui aussi, obtenu cinq jugements devant le tribunal administratif de Versailles qui mettent à la charge de l’Etat 50% du montant des indemnités qu’il doit verser après avoir été condamné pour « faute inexcusable de l’employeur. » Le tribunal a considéré que l’Etat et Eternit « ont également et directement concouru pour moitié au développement de la maladie professionnelle » et qu’étant « co-auteurs » des dommages subis par les victimes et leurs familles, ils devront se partager la charge de l’indemnisation. La sanction financière de l’employeur fautif est réduite de moitié. Aux contribuables de payer le reste. DES MORTS QUI RAPPORTENT « Chez Eternit, les victimes de l’amiante se comptent par milliers. Des centaines d’actions en faute inexcusable de l’employeur ont été gagnées par des salariés contaminés à Thiant, Albi, Eternit Caronte ou dans la mine de Canari… Malgré ces condamnations répétées, Eternit a longtemps pu échapper à toute sanction financière en invoquant des vices de procédure des caisses primaires. pour obtenir que ces maladies professionnelles lui soient « inopposables ». Il a même réussi à gagner de l’argent, en se faisant rembourser une grande partie des cotisations que l’entreprise avait versées à la Sécurité sociale : - 1.538.000 euros en 2003, - 130.000 euros en 2004, - 235.000 euros en 2005.... » (article du Bulletin de l’Andeva N° 30, septembre 2009) En consultant son dossier à la caisse primaire, il a trouvé une lettre d’ECCF (successeur d’Eternit) à la CPAM : « Nous formulons des réserves expresses sur le caractère professionnel de cette maladie (…) Nous vous informons que nous considérons que la responsabilité de l’Etat est engagée. » Michel a travaillé 21 ans et 8 mois chez Eternit dont l’amiante était la matière première. Indigné, il leur écrit : « Vous ne pouvez ignorer que des centaines et des centaines de salariés qui œuvrèrent au sein de la société Eternit, votre prédécesseur, sont décédés, tous dans d’horribles souffrances. Je suis un des derniers survivants (…) Mon épouse est décédée voilà trois ans d’un mésothéliome, à cause du refus d’ Eternit de prendre en charge le lavage des vêtements de travail. Pendant des décennies, les patrons d’Eternit refusèrent de mettre des douches en nombre suffisant (…) Je suis révolté par le contenu de votre lettre où vous formulez les plus extrêmes réserves sur ma demande de maladie professionnelle tableau 30 A et vous avez tendance à rejeter sur l’Etat des responsabilités qui vous incombent (…) Les responsables sont connus, ce sont les administrateurs de la société Eternit qui ont été mis en examen pour avoir mis en danger la vie d’autrui. » La stratégie d’ECCF est limpide : 1) Contester a priori l’origine professionnelle de la maladie, quitte à nier l’évidence. 2) Annoncer d’emblée qu’il se réserve la possibilité de mettre en cause la responsabilité de l’Etat, pour mettre à sa charge une part des indemnisations qu’il pourrait avoir à verser au titre de la maladie professionnelle ou de la faute inexcusable de l’employeur. Quel cynisme ! 5 Maladies professionnelles FAUTE INEXCUSABLE DE L’EMPLOYEUR LE GROUPE DÉMARRE... Henri, « vétéran de l’amiante », contre Cegelec-Alstom Le groupe de travail « Maladies professionnelles » de l’Andeva s’est réuni le 3 mars 2015 à Vincennes. Il s’est fixé pour buts : - de faire le point sur les dossiers de reconnaissance : pratiques des caisses, stratégies du patronat, pratiques du corps médical et des médecins conseils, - d’échanger des expériences sur les avancées et les blocages, - d’alimenter les demandes de l’Andeva en vue des rencontres avec la Caisse nationale et du prochain projet de loi de financement de sécurité sociale pour 2016 (PLFSS). - de constituer et d’alimenter une base documentaire où les associations locales iront piocher des informations, - d’avoir dans l’Andeva des « personnes ressources » capable de renseigner les associations sur les particularités des régimes spéciaux. Etaient présentes l’Advarm 72, l’Adeva Centre, l’Addeva 08, l’Addeva 44, l’Adeva 76, l’Addeva 93, l’Addeva 88 et une adhérente directe de l’Andeva. Le groupe est animé par Serge Moulinneuf, Claude Huet et Carine Toutain. Un plan de travail est en cours d’élaboration. 6 S’il était permis de plaisanter sur des sujets touchant à la santé et à la vie humaine, on dirait sans hésiter qu’Henri Boumandil devrait figurer dans le Guiness des records. Atteint de deux maladies liées à l’amiante, des plaques pleurales et une asbestose, il a dû engager depuis 1987 un incroyable marathon judiciaire. Il était encore le 19 février devant la Cour d’appel de Paris. « C’est la véridique histoire d’un incroyable parcours du combattant » « J’ai travaillé pendant 16 ans chez CEGELEC – Alstom, explique Henri, le secrétaire de l’Addeva 93. En 1987 j’ai eu des plaques pleurales liées à l’amiante. La Caisse primaire a refusé deux fois de reconnaître la maladie professionnelle. En 1997, j’ai contesté ces refus devant le Tass qui m’a débouté. En 2002, quinze ans après la première déclaration, à l’issue de onze audiences, la Cour d’appel de Paris m’a enfin donné gain de cause. La cour de cassation a rejeté le pourvoi d’Alstom. En 2005 j’ai fait condamner Cegelec pour faute inexcusable de l’employeur ». L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais, la même année, Henri a découvert qu’il avait une seconde maladie : après les plaques qui rigidifiaient la plèvre, est arrivée une asbestose, une fibrose du poumon proprement dit. « Cette fois-ci, la caisse primaire a reconnu sans difficulté la maladie en 2006. On pouvait espérer que le tribunal, qui avait déjà prononcé une condamnation, allait la confirmer pour cette seconde maladie. En fait, après avoir saisi le tribunal, j’ai attendu encore trois ans que l’affaire soit audiencée devant la Cour d’appel de Paris ! » Le 19 février 2015, escorté d’une délégation de l’Addeva, Henri s’est rendu au Palais de Justice. Une véritable partie de ping pong Quatre avocats représentant chacun une entité industrielle née des restructrurations successives de Cegelec sont intervenus. « Ils se sont livrés à une véritable partie de pingpong, explique Henri. Chacun à son tour, ils ont tous juré que leur société n’avait aucune responsabilité dans cette affaire » « Les avocats de la partie adverse ont soutenu que je n’avais qu’une seule maladie dont l’aggravation avait déjà été payée. L’asbestose et les plaques pleurales sont pourtant deux pathologies bien distinctes, l’une affectant le poumon, l’autre la plèvre qui l’enveloppe». La Cour d’appel rendra sa décision le 16 avril. Henri a cessé de compter les radios, les scanners, EFR, lavages broncho-alvéolaires qu’il a subis depuis le début de l’aventure. Il a 83 ans. Il est plus déterminé que jamais, mais il commence à trouver le temps long…. Qui d’autre qu’un militant associatif et syndical chevronné comme lui aurait pu suivre un tel parcours du combattant sans jamais se décourager ? Comment vivre normalement avec ce cauchemar de maladie ? Il y a 12 ans, Ahmed**, un ouvrier du bâtiment, témoignait de sa vie gâchée et de son amertume d’avoir respiré l’amiante sans connaître ses dangers. Il était notamment intervenu à l’usine d’amiante CMMP d’Aulnay. Ahmed nous a quittés peu après avoir écrit ce témoignage que nous lisons avec la même émotion qu’il y a 12 ans. LA COURNEUVE Un débat animé avec une pneumologue invitée venue de Dunkerque Une réflexion sur l’éthique médicale et les rapports médecin-malade-famille. Le 21 mars, Eveline Lelieur, ex-chef du service pneumologie de l’hôpital de Dunkerque, ville sinistrée par l’amiante, était invitée à l’assemblée générale de l’Addeva 93. Elle présenta avec simplicité son parcours professionnel et les raisons de son engagement aux côtés des victimes de l’amiante avec l’Ardeva Dunkerque. Très vite le débat s’engagea avec la salle, nourri par l’expérience de deux « grands témoins » présents à la tribune : Daniel Margerie et Claude Aufort. Tous deux atteints d’un mésothéliome, Daniel depuis deux ans, Claude depuis dix ans. Plusieurs interventions ont questionné la pratique et l’éthique médicale : Comment un médecin peutil annoncer à un patient qu’il a un cancer ? Comment peut-il être à ses côtés tout au long de sa maladie ? Comment être attentif à sa qualité de vie et à sa parole sur son ressenti ? Quels rapports nouer avec sa famille et comment prendre en compte le stress et l’épuisement des aidants familiaux ? D’autres interventions ont porté sur les droits du patient et de sa famille : le droit à une information médicale de qualité, le droit au respect de la personne humaine, le droit d’avoir une attitude consciente et active face à sa propre maladie. Comment faire évoluer les mentalités du corps médical ? Où en est la recherche sur le mésothéliome ? Quel apport d’un groupe de parole ? Comment échanger entre patients qui suivent le même essai clinique ? Quels rapports entre une association locale et des responsables hospitaliers ? La discussion fut passionnante. Elle dura une heure et demie et se prolongea lors d’un repas convivial qui réunit une cinquantaine de personnes. « Je suis d’origine marocaine, arrivé en France à l’âge de 31 ans avec la ferme volonté de travailler pour vivre mieux. Si j’ai laissé mon pays loin, c’est pour fuir la misère et assurer un avenir digne à ma famille. Donc, je suis venu en France pour travailler et non pour me sacrifier. J’ai travaillé dans le secteur du bâtiment entre 1970 et 1990, comme maçon dans différentes entreprises, dont Bâtiment Assainissement en 1970 à Aulnay-sous-Bois, au Comptoir des minéraux et matières premières. Depuis 1990, je suis sans emploi. Aujourd’hui je suis atteint d’un mésothéliome et je sais ce qu’il représente comme fardeau, avec des douleurs qui ont entraîné mon hospitalisation en 2003. Aujourd’hui, je vis avec cette maladie, après avoir donné le meilleur de moi-même au travail, sans protection et sans information sur les risques professionnels. J’ai des douleurs, des essoufflements sans le moindre effort, des vertiges même en marchant sans forcer, des maux de tête, une sensibilité aux odeurs, aux bruits et à la vie en groupe, ce qui réduit la vie sociale et mon entourage. Je ne peux plus voir des amis et des gens de la famille comme et quand je veux. Pour les loisirs, là encore, rien à faire, faire du bricolage relève de l’exploit puisque ça devient une corvée. Au moindre effort j’ai les jambes qui tremblent. Le plus délicat pour ma famille, c’est le changement de mon caractère, moi qui étais calme, je suis devenu facilement irritable, je m’emporte pour rien, ce qui est insupportable d’une part et d’autre part, c’est la difficulté pour tous les enfants de se faire à l’idée que cette maladie peut m’emporter à n’importe quel moment. C’est une épée de Damoclès qui pèse sur ma tête et que toute la famille appréhende gravement. Comment vivre normalement avec ce cauchemar de maladie. Le pire, c’est que même après mon départ ma famille souffrira encore à cause du mésothéliome. Aujourd’hui je suis très amer, je croyais être venu en France pour travailler et vivre, or je découvre que le travail va finir par me tuer à cause de l’amiante. » ** Le prénom a été changé 7 Dunkerque mars 2015 L’Ardeva 59-62 a tenu son assemblée générale « Nous irons jusqu’au bout » 700 personnes étaient à l’assemblée générale de l’Ardeva Dunkerque. De nombreuses personnalités ainsi que l’Abeva belge et l’Afeva italienne. Comme chaque année un hommage a été rendu au courage des veuves de l’amiante. Le combat pour l’installation d’un 8 PET-scan à l’hôpital de Dunkerque fut largement évoqué. Après l’intervention de Jean-Pierre Decodts, le Directeur de l’Hôpital annonça sa mise en service fin 2016. Après l’AG, Christian Hutin a transmis la demande à l’Assemblée Nationale à Marisol Touraine. « Nous voulons un TEP-scan en 2016 pour l’hôpital de Dunkerque! » Jean Pierre Decoots est membre du conseil d’administration de l’Ardeva 59-62 et membre du conseil de surveillance de l’hôpital de Dunkerque : « Le TEP-scan a été annoncé par Xavier Bertrand depuis 2005. Michel Delabarre à l’Assemblée nationale l’avait annoncé pour 2007 dans le cadre de la coopération transfrontalière. Nous avions dit à Roselyne Bachelot, alors ministre, que c’était urgent... C’était en 2007. Nous sommes en 2015 et nous n’avons toujours rien ! Il est plus facile de mourir que d’avoir un TEP-scan. C’est cette réalité tragique que nous vivons. Le TEP-scan La tomoscintigraphie par émission de positons (TEP), dénommée PET ou PET-scan pour « positron emission tomography » en anglais, est une méthode d’imagerie médicale. Elle permet de mesurer en trois dimensions une activité métabolique ou moléculaire d’un organe grâce aux émissions produites par les positons (positrons en anglais) issus d’un produit radioactif injecté au préalable. Elle est très utile pour repérer un cancer primitif et ses éventuelles métastases. Nous disons : Stop ! Il n’est pas possible de continuer ça. Le TEP-scan devait fonctionner en 2013, et il n’y a toujours rien... Nous avons donné un carton rouge au directeur de l’Agence régionale de Santé (l’ARS) pour son inaction fautive vis-à-vis la Générale de Santé. Les choses ont bougé, avec l’Ardeva, avec les élus (députés, sénateurs, conseillers municipaux). La ministre, Marisol Touraine, s’est impliquée. C’était en avril 2013... Depuis on nous a annoncé le Tepscan au rez-de-chaussée, puis au premier étage. On nous a dit qu’il serait à l’Est, puis à l’Ouest. On nous a dit qu’il serait dans la quatrième tour de l’hôpital et aujourdhui, en 2015, on nous dit que la quatrième tour ne se fera pas ! Fin 2014, l’hôpital de Valenciennes qui à la même taille que celui de Dunkerque a inauguré son deuxième à CHACUN SA BRIQUE ! « Nous offrons à chaque élu présent, député, sénateur ou conseiller... une brique, une vraie brique. symbole notre volonté que les travaux du TEP-scan commencent dès 2015 ». TEP-scan. Il faut deux jours pour avoir un rendez vous. Et nous, nous en sommes à 1894 jours d’attente ! Tous les jours, des victimes atteintes de cancers graves viennent à l’Ardeva. Quand elles doivent passer des examens, c’est le parcours du combattant. Et on leur demande des dépassements d’honoraires : 300 euros pour le chirurgien, 150 pour l’anesthésiste… Nous avons été reçus par le directeur général de l’hôpital, en février 2015. Il interviendra tout à l’heure. Nous l’écouterons. Mais nous avons déjà fixé des échéances : ce TEP- scan doit fonctionner en 2016 et pas en 2017. Nous demandons une aide technique du ministère, pas pour résoudre les problèmes administratifs. Le temps administratif doit s’inscrire dans le temps de l’urgence. Toutes les interventions concrètes des députés et des sénateurs seront utiles, L’urgence il faut que cela soit concret. Nous prendrons des initiatives pour maintenir la pression. » 99 Touche pas à notre comité ! Le MEDEF veut supprimer les Comités d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de travail (CHSCT) dans de nombreuses entreprises. La perte de cet outil de défense de la santé au travail serait un recul social LES PLANS DU MEDEF Lors des négociations sur le « dialogue social », le MEDEF a proposé de créer un « instance unique de représentation du personnel » dans les entreprises de plus de 50 salariés. Ce conseil d’entreprise remplacerait les délégués du personnel, le comité d’entreprise et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Le CHSCT sous sa forme actuelle disparaîtrait, mais pourrait, le cas échéant, être remplacé par une « commission » du conseil d’entreprise pour l’assister dans ce domaine. Comité, commission ? Les termes peuvent sembler proches. En fait, la différence est énorme. Le CHSCT est une instance spécialisée, autonome, dotée de prérogatives étendues. La mission première de ses élus est de préserver la sécurité et la santé des salariés. Face à des situations ou des projets dangereux, il peut jouer le rôle d’un véritable contre-pouvoir. Le conseil d’entreprise au contraire serait une instance touche-à-tout. Dans ce conseil qui s’occuperait des salaires et de l’emploi, une commission pourraît le cas échéant se préoccuper de la santé au travail, une autre de la cantine, une autre des loisirs... La santé serait inévitablement marginalisée. Les négociations ont capoté. Le gouvernement osera-t-il supprimer les CHSCT par décret pour donner des gages au patronat ? Ce recul serait catastrophique. 10 majeur et un mauvais coup pour les victimes de l’amiante. Serge Franceschina, administrateur de l’Addeva 93 et membre du syndicat CGT des retraités du Centre de production Sanofi à Vitry (94), nous dit pourquoi. « Pour une victime de l’amiante ou la veuve d’un salarié décédé, avoir l’aide d’un CHSCT, ça change tout. » Quelle est selon toi, la place du CHSCT dans le combat contre l’amiante ? Sa mission première, c’est la prévention : protéger la santé et la sécurité des salariés, pour éviter qu’ils ne soient victimes d’une maladie liée à l’amiante dans 30 ou 40 ans. La loi donne au CHSCT des moyens étendus : les visites de secteurs, le droit d’alerte, l’enquête sur un accident ou une maladie professionnelle, l’expertise, la saisine de l’inspection du travail qui peut arrêter un chantier de désamiantage, les plans de prévention pour les travaux réalisés par une entreprise extérieure...** Il doit se préoccuper de la santé des salariés en CDI, mais aussi des précaires et des sous-traitants. Quelle aide peut apporter un CHSCT pour l’indemnisation des victimes et des ayants droit ? S’occuper des maladies professionnelles n’est pas une démarche spontanée pour un syndicaliste. Il a fallu attendre 2005 pour que nous prenions conscience de nos responsabilités et de l’aide que nous pouvions apporter aux malades et aux veuves. A Vitry, le déclic s’est produit lorsque le médecin du travail, sur demande du CHSCT, a communiqué une liste de 46 maladies professionnelles liées à l’amiante. Un chiffre énorme ! ça nous a fait un choc. ** Voir la note ED 896 (le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) téléchargeable sur le site de l’INRS : www.inrs.fr/ Nous avons alors réalisé que notre connaissance du terrain nous permettait de leur apporter une aide efficace. Aujourd’hui le CHSCT a obtenu d’être informé en temps réel des déclaration en maladie professionnelle et pas seulement une fois par an par le rapport du médecin du travail. Nous avons aussi mesuré l’importance de garder une trace des expositions professionnelles passées. La loi prévoit la délivrance par l’employeur d’une attestation d’exposition LES PETITS CARNETS En consultant les archives du CHSCT pour la demande d’inscription du Centre de production Sanofi de Vitry sur les listes « amiante », Serge a retrouvé non sans émotion les petits carnets où un ancien secrétaire du CHSCT notait tous les événements au jour le jour, avant l’apparition de l’informatique. Une mine d’informations, un véritable trésor... Une action qui vient de loin En 1975, trois salariés sont atteints de maladies liées à l’amiante. Le CHS demande que le personnel exposé bénéficie d’un suivi médical et que soit engagé un désamiantage sur l’ensemble du site. « L’action du syndicat et de l’association de victimes sont complémentaires. » à l’amiante (et à d’autres cancérogènes) aux salariés qui quittent l’établissement. Elle ouvre droit à un suivi médical gratuit pour les retraités. Pour que l’employeur ne soit pas seul juge, le CHSCT a obtenu la création d’une commission avec le médecin du travail et les élus pour retrouver les expositions des salariés qui partent. Le CHSCT peut-il aider des victimes et des familles engagées dans une action judiciaire ? Au contact de l’Andeva nous avons mesuré l’impact des actions en « faute inexcusable de l’employeur » et compris l’importance des attestations de collègues de travail et des PV de CHSCT dans ce type de procédure. Sanofi a déjà été condamné sept fois par un tribunal des affaires de Sécurité sociale ! Soraya Berkane, la fille d’un salarié du Centre de production décédé d’un cancer bronchopulmonaire est d’ailleurs à l’origine d’un amendement à la loi de financement de la Sécurité Une hécatombe Sur moins de 100 personnes ayant travaillé en chaufferie depuis les années 60, on dénombre 8 maladies liée à l’amiante, dont 7 décès. En 2008, le CHSCT a demandé une cessation anticipée d’activité pour les salariés de ce secteur. La direction, qui s’est dite « surprise » par ces chiffres, a « compati avec les familles » mais « s’en tiendra à l’application de la réglementation. » sociale qui restreint la possibilité pour un employeur condamné d’invoquer « l’inopposabilité » pour ne pas payer l’indemnisation des préjudices. Si le CHSCT et les délégués peuvent aider à faire reconnaître une maladie ou une faute inexcusable, c’est parce qu’ils sont porteurs d’une mémoire collective des situations de travail passées. Une veuve a rarement une idée précise du poste de travail de son mari. Si le dossier est vide, un avocat même excellent, peut échouer. Les élus au CHSCT peuvent recueillir des témoignages, consulter la collection des PV du CHSCT dont les archives sont une véritable mine. Comment conçois-tu les rapports entre l’activité d’un syndicat et celle d’une association ? Les deux sont absolument complémentaires : les syndicalistes ont la connaissance du terrain et la mémoire des expositions, l’association apporte une certaine expertise dans la connaissance des maladies ; elle a l’expérience des rapports avec les caisses primaires et le Fiva et connaît les obstacles et des pièges qu’on peut rencontrer dans le suivi d’un dossier d’indemnisation. Notre syndicat CGT des retraités des Centres de production et de recherche a adhéré à l’Addeva 93 comme personne morale. Les Comités d’établissements des Centres de production et de recherche ont apporté une aide financière à la réédition du « Guide amiante » de l’association qui a été envoyé à 1500 médecins de Seine-Saint Denis. » En 1977, la CGT s’adresse à la caisse régionale et à l’inspecteur du travail. Les années suivantes, l’amiante est régulièrement à l’ordre du jour du CHSCT. En 1986, le CHSCT conteste la qualité des radios petit format passées à l’usine, Sur des chantiers de désamiantage, le CHSCT signale des anomalies et demande que la réglementation soit respectée. En 1997, le CHSCT demande le changement des garnitures de freins en amiante sur des essoreuses. En 2005, le CHSCT demande au médecin du travail une liste des maladies professionnelles depuis 30 ans. Le médecin compte 46 pathologies liées à l’amiante pour le site de Vitry dont 8 décès reconnus. En 2006, le CHSCT demande un recensement complet de l’amiante sur le site. En 2008, le CHSCT demande une cessation anticipée d’activité pour les salariés de la chaufferie. La direction refuse. En 2009, le CHSCT compte 62 maladies liées à l’amiante dont 25 décès sur le site. Tous les secteurs sont touchés : fluides, maintenance, chaufferie, laboratoires, fabrications. En 2009, le CHSCT demande la cessation anticipée d’activité «amiante» pour tout le site sur la base d’un dossier de 367 pages avec de nombreux documents et témoignages. En 2015, le CHSCT dénombre 84 maladies liées à l’amiante sur le site. 11 PROcès pénal l’interminable attente de la justice Au moment de déposer ce numéro du Bulletin de l’Andeva chez l’imprimeur, nous ne connaissons pas encore les arrêts que rendra la cour de cassation dans les dossiers emblématiques de Condé-sur-Noireau, Jussieu, Normed ou Amisol. Ce que nous savons très bien par contre, c’est que les victimes et les familles qui réclament depuis bientôt deux décennies que tous les responsables soient jugés, n’en peuvent plus d’attendre. Appuyée par le parquet, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris continue son formidable tir de barrage contre la mise en examen des principaux responsables de cette tragédie. La « vallée de la mort» à Condé-sur-Noireau A ce stade, il ne s’agit pas encore de juger sur le fond mais seulement de vérifier si les mises en examen prononcées par les juges d’instruction reposent sur des « indices graves et concordants » de l’existence de fautes pénales. Dans les volumineux dossiers de ce procès, des milliers de documents, de témoignages, de procès-verbaux confirment l’existence de tels indices : pour les employeurs qui n’ont ni informé ni protégé leurs salariés, pour les industriels de l’amiante qui ont sciemment dissimulé les effets de ce matériau mortel et fait pression sur les pouvoirs publics pour retarder son interdiction ou pour les lobbyistes qui chantaient les vertus de l’amiante « fibre de la terre » au sein du Comité permanent amiante. Les arguments spécieux utilisés pour justifier l’annulation des mises en examen ou le non lieu méritent attention. Non seulement parce qu’ils reflètent une ignorance crasse de la genèse des pathologies liées à l’amiante, mais aussi parce qu’ils pourraient - s’ils étaient retenus - conduire, au-delà de l’affaire de l’amiante, à l’impunité des responsables de tous les crimes industriels passés et à venir. La faculté de Jussieu à Paris Amisol, l’usine-cercueil de Clermont-Ferrand Pour les victimes et les familles éprouvées par la maladie ou le deuil, la fonction première d’un procès pénal de l’amiante n’est pas la vengeance. Elle est de tirer tous les enseignements d’un désastre sanitaire pour éviter que les générations futures n’en connaissent de semblables. En sanctionnant les fautes commises, la Justice peut et doit envoyer à l’ensemble du corps social un message fort rappelant au respect de la santé et de la vie humaine. 12 Les chantiers navals de la Normed à Dunkerque CEssation anticipée d’activité « amiante » RENAULT TRUCKS (VENISSIEUX) L’espoir de gagner enfin la bataille pour le classement en « site amiante » « Le rapporteur public a dit que cette demande était légitime » Le 31 mars, une soixantaine de salariés des sites de Vénissieux et SaintPriest se sont rassemblés devant le Palais des juridictions administratives. La bataille pour l’inscription de l’établissement sur la liste ouvrant droit à la « pré-retraite amiante » dure depuis 2001. Elle est portée trois ouvriers adhérents de l’association APER. La présence massive des salariés de Renault Trucks dans la salle d’audience témoignait de leur détermination à arracher l’inscription de l’établissement sur les listes « amiante ». Le fait marquant de cette audience a été la prise de position du rapporteur public, Madame MardineauFaure. La magistrate a en effet clairement indiqué que la demande des salariés était légitime. Elle a considéré que deux des trois plaignants étaient « fondés à demander l’annulation de la décision du ministre du Travail », [Michel Sapin, le ministre du travail de l’époque, avait refusé la demande d’inscription de l’établissement]. Elle a aussi pris soin de rappeler que les ouvriers ont découpé des plaques d’amiante « sans protection, plusieurs fois par semaine » de 1968 à 1996. Elle a estimé que « les activités relevant du calorifugeage représentaient une part significative de l’activité de RVI ». L’arrêt du tribunal est attendu avec l’espoir qu’il donnera une issue positive à cette longue bataille.. ARC INTERNATIONAL (Arques - Pas-de-Calais) Le chantage nauséabond du nouveau PDG Timothy Gollin, PDG de PHP, le fonds d’investiments américain qui reprend la verrerie Arc International, a fêté son arrivée en mettant la baïonnette dans le dos des syndicats. Ils demandaient le classement de l’établissement en site « amiante ». Il leur a fait savoir qu’il ne reprendrait l’usine que s’ils renonçaient à cette demande. Engagez-vous à renoncer ! « On a demandé aux syndicats de renoncer à faire un recours en cas de décision négative de la part de l’État », explique-t-il sans état d’âme dans une interview à la Voix du Nord. Proposer à des salariés exposés à l’amiante, sous la double menace du chômage et de la maladie, de troquer le maintien d’une partie des emplois contre l’abandon du droit à réparation de leurs préjudices, il fallait oser ! Le PDG explique que le classement de l’établissement « ne se justifiait pas sur un plan sanitaire » car il n’a pas « un taux significatif d’exposition à l’amiante.» « Tout le personnel aurait pu demander le préjudice d’anxiété » Mais il ne tarde pas à avouer la vraie raison de sa demande : « Il y avait aussi un très gros risque financier. Tout le personnel aurait pu demander un préjudice d’anxiété. Potentiellement, dix mille personnes auraient pu obtenir entre 10 000 euros et 15 000 euros. Cent millions d’euros à débourser, pour une société en difficulté, ce n’était clairement pas envisageable. » « On autorise les syndicats à assister les malades » Timothy Gollin est confiant : « Il est extrêmement probable que l’État statue de manière négative, selon nous. » Un pronostic qui permet de penser qu’il a déjà pris des garanties à ce sujet auprès des pouvoirs publics... Grand seigneur, il ajoute : « On autorise bien évidemment les syndicats à assister les gens qui sont réellement malades, car chaque année il y a effectivement quelques cas de maladies déclarées qui relèvent de l’amiante. » On croit rêver ! Dans cette entreprise qui - selon lui « n’a pas un taux d’exposition significatif à l’amiante », il y a « chaque année » de nouvelles victimes. Heureusement, son PDG, dans son infinie bonté, « autorise » les syndicats à leur porter assistance. Sans doute ignoraient-ils qu’il fallait lui demander l’autorisation.... 13 LE COUP D’arrêt Le 10 mai 2010 , la Cour de cassation a reconnu, pour la première fois le préjudice d’anxiété. Le 4 décembre 2012, elle a jugé que ce préjudice existait qu’il y ait ou non un suivi médical. Le 25 septembre 2013, elle a reconnu la compétence de l’AGS en cas de défaillance de l’employeur. Le même jour, elle a jugé que le bouleversement des conditions d’existence est inclus dans ce préjudice. Le 2 juillet 2014, elle a jugé qu’avoir travaillé dans un établissement inscrit sur les listes prouve ce préjudice. Mais, la Cour de cassation a rendu récemment deux arrêts défavorables : Le 2 juillet 2014, elle a jugé que l’AGS n’a pas à indemniser ce préjudice, si l’établissement a été inscrit sur les listes après sa liquidation. Le 3 mars 2015, elle a jugé que ce préjudice ne pouvait être reconnu que pour les salariés ayant travaillé dans un établissement inscrit sur les listes. Sa volonté de restreindre le champ d’application de ce préjudice est manifeste. 14 La Cour de cassation veut limiter le nombre de personnes indemnisées pour le préjudice d’anxiété Dans un arrêt du 3 mars 2015, elle ne reconnaît ce préjudice que pour les salariés dont l’établissement est inscrit sur les listes officielles ouvrant droit à la cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (Acaata). Cette décision arbitraire crèe des inégalités entre salariés exposés Les faits Un plombier qui avait été exposé à l’amiante chez ERDF et GRDF avait demandé l’indemnisation du préjudice d’anxiété devant la juridiction prud’homale. Le 12 septembre 2013, la Cour d’appel d’Aix avait jugé cette demande légitime et lui avait accordé 7000 euros, considérant que « peu importe que les deux sociétés ne soient pas mentionnées » sur les listes ouvrant droit à l’Acaata « dès lors que le salarié a été directement exposé à l’amiante » durant neuf années. La Cour d’appel d’Aix désavouée La Cour de cassation a cassé son arrêt au motif que « la réparation du préjudice d’anxiété n’est admise, pour les salariés exposés à l’amiante qu’au profit de ceux remplissant les conditions prévues par l’article 41 de la loi du 23 décembre 1998 et l’arrêté ministériel ». Autrement dit, ne pourront désormais faire reconnaître leur préjudice d’anxiété que les salariés des établissements qui sont inscrits sur les listes ouvrant droit à l’allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante. Exposés, anxieux, mais exclus ? La Cour de cassation avait déjà reconnu l’existence de ce préjudice et la légitimité de son indemnisation. Elle aurait dû considérer qu’il incombait aux juges du fond d’apprécier souverainement la réalité de ce préjudice. Elle a préféré limiter arbitrairement son champ d’application aux salariés des établissements inscrits sur « les listes Acaata ». Cette décision arbitraire crèe une inégalité flagrante entre ces salariés et les « exclus » : les salariés ayant inhalé massivement des fibres d’’amiante dans des entreprises ne bénéficiant pas du régime de « pré-retraite amiante » ou les salariés qui ont été exposés à d’autres produits cancérogènes. Ils connaissent pourtant, eux aussi, l’anxiété d’avoir une maladie grave et d’en mourir. Les pressions du patronat Les patrons ont mené campagne contre le préjudice d’anxiété, dont ils nient même l’existence. La veille de l’arrêt, Le Figaro titrait « Préjudice d’anxiété : un gouffre financier potentiel ». L’article présentait ce préjudice comme « une épine dans le pied du patronat qui souhaite que la Cour de cassation examine vite le sujet et précise les contours de ce préjudice d’anxiété. Il y a urgence : d’autres dossiers, concernant le charbon et un millier de plaignants, arrivent devant les tribunaux mi-mai.» Le lendemain de l’arrêt, dans le même quotidien on pouvait lire : « Les organisations patronales peuvent pousser un ouf de soulagement après l’arrêt de la Cour de cassation sur le préjudice d’anxiété ». Au-delà des questions de droit, il est permis de penser que l’argument économique a pesé lourd. CALAIS Victoire pour 153 salariés de Courtaulds Quelles retombées sur les procédures en cours devant les prud’hommes ? Après l’arrêt de la cour de cassation, existent trois situations différentes. Pour les salariés des établissements inscrits sur les « listes Acaata » le préjudice est reconnu d’office, la Cour de cassation a déjà considéré que le simple fait d’avoir travaillé dans un établissement figurant sur les listes suffit à prouver l’existence de ce préjudice, qu’il y ait ou non un suivi médical et sans qu’il soit nécessaire de documenter l’exposition ni d’apporter des preuves médicales de l’anxiété. La grande majorité des exsalariés qui ont engagé une action prud’homale sont dans cette situation.. Pour des salariés fortement exposés à l’amiante, mais dont l’établissement n’est pas inscrit, Le nombre de procédures est limité. Certaines ont obtenu des décisions favorables en première instance ou en appel. D’autres sont en cours. Pour ces dossiers, on peut comprendre L’avis des mineurs lorrains 770 mineurs de Lorraine ayant été exposés à divers cancérogènes ont engagé avec leur syndicat CFDT une action sur le préjudice d’anxiété. Le syndicat note que l’arrêt du 3 mars traite de l’amiante mais « n’évoque pas les autres cancérogènes ». Il estime que la Cour de cassation n’a pas remis en cause ce qu’elle écrivait dans son rapport de 2011 sur « le préjudice résultant pour une victime de la connaissance de sa contamination par un agent exogène, quelle que soit sa nature (biologique, physique ou chimique), qui comporte le risque d’apparition à plus ou moins brève échéance, d’une pathologie mettant en jeu le pronostic vital ». Il considère que les anciens mineurs des HBL remplissent ces conditions et garde espoir. Les prochaines audiences auront lieu le 13 mai. que les magistrats, aient le souci de ne pas banaliser le préjudice d’anxiété et demandent que l’exposition et le préjudice soient démontrés. Mais on ne peut admettre que ce préjudice soit nié a priori sans examen, comme semble le faire la Cour de cassation. Reste à savoir si les cours d’appel suivront. Pour des salariés exposés à d’autres cancérogènes que l’amiante, Le patronat qui avait brandit le spectre de la banqueroute, se félicite. Mais l’arrêt du 3 mars exclut-ilvraiment les autres produits cancérogènes ? Le magazine Riskassur note que « la Cour de cassation dit le droit mais pour ce qui est du préjudice d’anxiété elle a été au-delà » « On peut se demander, si le fait d’accorder l’indemnisation au risque d’anxiété aux travailleurs de l’amiante permet de le refuser à des ouvriers, dont les risques liés aux produits qu’ils manipulent sont aussi connus » « La Cour de cassation risque d’avoir à revenir sur sa jurisprudence, le jour où elle s’avérera inadaptée aux circonstances. » La cour d’appel de Douai a donné gain de cause à 153 salariés de l’entreprise Courtaulds à Coquelle, une usine de fabrication de fibres synthétiques qui a fonctionné de 1970 à 1990. Chaque salarié sera indemnisé à hauteur de 7500 euros pour son préjudice d’anxiété. 120 de ces 153 dossiers sont suivis par l’Ardeva Nord Pas-de-Calais. LORRAINE Victoire pour 10 anciens mineurs de fer multi-exposés Le préjudice d’anxiété de dix anciens mineurs de fer lorrains exposés à plusieurs substances cancérogènes par la faute de l’employeur a été reconnu le 6 février par le conseil des prud’hommes de Longwy. Il a condamné le liquidateur de la société Lormines, l’ancien exploitant des mines de fer aujourd’hui fermées, à verser 4 500 euros de dommages et intérêts à chacun des dix demandeurs. Ce jugement a été rendu un mois avant l’arrêt de la cour de cassation. 15 CHATEAU-ARNOUD / SAINT-AUBAN Préjudice d‘anxiété CHATEAUDUN 69 anciens de Latty indemnisés De 1965 à 1999, Latty International à Brou (Eure et Loir) a fabriqué des isolants à base d’amiante (bagues, tresses et joints) pour l’industrie automobile et la pétrochimie. Le conseil de prud’hommes de Châteaudun (Eureet-Loir) a accordé le 30 janvier 2015 au titre du préjudice d’anxiété 15 000 euros de dommages et intérêts à chacun des 69 requérants. Ex-responsable de l’Association française de l’amiante (AFA) et de l’Association internationale de l’amiante (AIA), Cyrill X. Latty connaissait bien la dangerosité du produit. C’est donc en pleine conscience du danger qu’il a exposé ses salariés à ces fibres cancérogènes. sans les informer ni les protéger. On dénombre aujourd’hui dans cette usine une vingtaine de salariés décédés, sans compter les malades. 16 Les anciens d’Arkema bloquent l’entrée de l’usine Le 28 novembre 2014, la Cour d’appel d’Aix a baissé les sommes accordées l’année précédente par le Conseil des prud’hommes à 90 anciens d’Arkema au titre du préjudice d’anxiété, et qui leur avaient Les premières lettres d’Arkema demandant le remboursement du « trop perçu » ont mis les destinataires en colère. Ils refusent la division et l’injustice. A l’appel du Caper 04, près de 350 ex-salariés ont bloqué l’entrée de l’usine. Dès 2010, la direction d’Arkema avait déjà budgétisé des sommes importantes pour le préjudice d’anxiété sur tous les sites d’Arkema France. Elle a de quoi payer, et pourrait se dispenser de faire appel mais elle a choisi l’affrontement. Elle essaie de diviser actifs et retraités en accusant ces derniers de mettre en danger l’outil de travail. Les maladies professionnelles pullulent chez Arkema. « L’entreprise a déjà été condamnée plus de 100 fois pour faute inexcusable de l’employeur, explique René Villard, le président du Caper 04. Elle essaie été versées. Alors que d’autres cours d’appel accordent des indemnités uniformes pour tous, elle a fait du « cas par cas », en accordant à chacun une somme différente. de nous présenter comme des voyous. Mais qui sont les voyous ? Ceux qui demandent justice ou les dirigeants qui n’ont pas pris de ARKEMA : Charité et grosses ficelles La direction d’Arkema ne recule devant rien. Soucieuse de redorer son blason terni par ces demandes de remboursement, elle a annoncé que les sommes récupérées sur le dos des ex-salariés de l’usine seraient données « à des oeuvres caritatives » ! Une annonce ressentie comme une provocation par les personnes concernées. La ficelle est un peu grosse... mesure de sécurité alors qu’ils connaissaient les dangers de l’amiante ? » Le Caper a rencontré des parlementaires pour leur expliquer le problème. L’un d’eux a interpellé la ministre de la Justice. L’association a vu le Président du Conseil général. Elle a rencontré De Warren, le « numéro 4 » d’Arkema, qui s’est contenté de répéter « il faut rendre l’argent ». Les anciens d’Arkema n’en ont aucune envie. Ils demandent que les 750 dossiers concernant le préjudice d’anxiété soient tous traités de la même manière. Le syndicat CGT les soutient. Une rencontre a eu lieu en préfecture le 10 mars 2015. Finalement, un délai d’attente à été obtenu jusqu’en 15 septembre 2015, ce qui laisse davantage de temps pour trouver des solutions. EVERITE (Descartes) Anxiété reconnue, Saint-Gobain condamné Le 19 mars, la cour d’appel d’Orléans a condamné Saint-Gobain à verser 12 000 euros à 21 ex-salariés au titre du préjudice d’anxiété. Créée en 1964, l’usine Everite de Descartes a produit de l’amiante-ciment jusqu’en 1997. Elle a eu jusqu’à 500 salariés pour une capacité de production de 20 000 tonnes par an. On y compte à ce jour 22 décès et plusieurs dizaines de maladies professionnelles. Le 19 mars, la Cour d’appel d’Orléans a condamné SaintGobain en accordant 12 000 euros pour chacun des 21 plaignants. Gustave Brion est l’un d’eux. Responsable de l’amicale des anciens salariés d’Everite et adhérent de l’Adeva Centre, il est très satisfait. De l’anxiété à la colère Gustave Brion La cour d’appel statuera le 2 avril sur des plaintes analogues déposées par 14 autres ex-salariés d’Everite. ARJO WILGINS et LARDET BABCOCK Victoire aux prud’hommes pour 56 ex-salariés vosgiens Cette entreprise est inscrite sur les listes pour la cessation anticipée d’activité. Elle fabriquait des chaudières. « Les chaudronniers manipulaient l’amiante en cordelettes, en tresses ou en plaques. Nous en avions plein les mains et plein nos bleus de travail », se souvient Bernard Aubry. Les maçons fumistes étaient plus exposés encore que les chaudronniers. Pour fabriquer le béton réfractaire du foyer des chaudières, ils « déversaient la poudre d’amiante par terre avant de la mettre dans la bétonnière. Ils découpaient aussi les plaques d’amiante à la scie à ruban. » Toutes ces opérations, réalisées sans protection, soulevaient des nuages de poussières d’amiante dans les ateliers. Certains ouvriers saignaient du nez quand ils se mouchaient... A l’époque, personne ne connaissait le danger. La prise de conscience a été tardive. Après l’interdiction en 1997, on n’a plus utilisé l’amiante, Alstom-AREVA (TSO) mais les locaux n’ont pas été dépollués. Aujourd’hui, presque tous les maçons fumistes sont morts. La faute inexcusable de l’employeur a été reconnue pour des salariés atteints de maladies liées à l’amiante aidés par l’Addeva 88. En février dernier, c’est l’anxiété d’exsalariés redoutant d’être atteints comme leurs collègues que les prud’hommes d’Epinal ont indemnisée, avec des montants allant jusqu’à 18 000 euros. Le 17 février les dossiers de 58 ex- salariés de l’usine Alstom-Areva Transformateurs de Saint-Ouen ont été plaidés devant les prud’hommes de Bobigny pour le préjudice d’anxiété. L’usine a fermé il y a 8 ans. Elle est inscrite sur les listes ouvrant droit à l’Acaata. En 2013, quand ils avaient engagé cette procédure, 18 de leurs collègues avaient une maladie liée à l’amiante. Trois étaient décédés. Depuis, cette liste noire s’est allongée avec trois nouveaux décès par cancer reconnus, dont l’un des 58 plaignants (un autre décès est en cours d’instruction). Une cinquantaine de personnes ont assisté à l’audience, à l’appel de l’association des anciens salariés de l’usine. L’événement a été bien couvert par les medias qui ont passé des témoignages d’ex-salariés exprimant leur colère contre « les salauds qui savaient et n’ont rien dit » et disant la difficulté de vivre sous une épée de Damoclès. VERALIA Aux prud’hommes d’Angoulème 24 salariés de Veralia (ex-Saint-Gobain emballage) de Chateaubernard ont réclamé l’indemnisation du préjudice d’anxiété devant le conseil des prud’hommes d’Angoulème en février. Ils n’ont rien oublié. Ni l’usinage de pièces dans des plaques d’amiante. Ni les maladies et les décès des collègues de travail. Ils ont le soutien du Collectif interprofessionnel pour la défense des victimes de l’amiante et du travail (Cidvat). Verdict le 29 mai. 17 MALADIES PROFESSIONNELLES DES FONCTIONNAIRES Des dysfonctionnements évidents et des améliorations nécessaires Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique, a annoncé que les fonctionnaires atteints d’une maladie liée à l’amiante reconnue pourraient bénéficier d’une cessation anticipée d’activité dans des conditions analogues à celle des malades relevant du régime général de Sécurité sociale. On attend que ces engagements se matérialisent par un décret. C’est le moment de faire le point sur les maladies professionnelles des fonctionnaires et les améliorations qu’il est nécessaire d’apporter aux conditions de leur reconnaissance. Marie-José Voisin, membre du bureau de l’Andeva et vice-présidente du Comité anti-amiante Jussieu a suivi de nombreux dossiers de fonctionnaires victimes de l’amiante. Elle tire ici quelques leçons issues de son expérience. « L’employeur est le décideur et le payeur. Il est anormal qu’il soit à la fois juge et partie. » Tu as suivi beaucoup de dossiers de maladies professionnelles pour le personnel de Jussieu et d’autres établissements scolaires. Quelles difficultés as-tu rencontrées ? Marie-José Voisin : Dans les trois fonctions publiques, c’est l’employeur qui décide de reconnaître et de prendre ou non en charge une maladie. La première difficulté c’est d’identifier le bon interlocuteur. Des personnes qui font ces démarches seules ne savent pas à qui envoyer la déclaration et le certificat médical initial. J’ai rencontré un enseignant qui n’avait jamais réussi à déclarer sa maladie. Il avait d’abord envoyé sa déclaration à la MGEN, puis à la caisse primaire de son département. La MGEN avait renvoyé le dossier à l’inspection académique qui a dit plus tard qu’elle avait perdu le dossier ! 18 Une fois que la personne a compris qu’il fallait s’adresser à son employeur, il lui reste encore à trouver le bon. Dans les municipalités, c’est le maire, dans les universités c’est le président, dans le secondaire c’est le directeur académique des services de l’éducation nationale… N’est-il pas anormal que ce soit l’employeur qui reconnaisse la maladie ? Dans les Fonctions publiques, l’employeur est juge et partie : c’est lui qui indemnise et c’est lui qui décide si cette maladie doit ou non être imputée au service ! C’est effectivement anormal. Quand le dossier est arrivé à bon port, y a-t-il d’autres difficultés ? Oui, le principal problème est l’absence d’encadrement des délais d’instruction. EN FINIR AVEC LES DISCRIMINATIONS envers les couples non mariés Pour le régime général de Sécurité sociale et pour le Fiva, lorsque dans un couple, l’un des deux décède d’une maladie professionnelle, le survivant est considéré comme un ayant droit à part entière, qu’il soit conjoint, pacsé ou concubin. Chez les fonctionnaires, les pacsés et les concubins ne sont pas des ayants droit. Quant aux couples mariés, la durée de vie commune exigée pour être considéré comme tels est deux fois plus longue. La société évolue. Il serait temps d’en tenir compte. Dans le régime général, une caisse primaire a six mois maximum pour instruire le dossier et notifier sa décision. Dans la Fonction publique d’Etat aucun délai n’est fixé. Les procédures de reconnaissance en maladie professionnelle peuvent s’éterniser, voire ne jamais aboutir. Il est fréquent que des malades ayant un cancer lié à l’amiante décèdent avant de savoir si leur maladie sera reconnue. Les délais d’instruction devraient être encadrés pour les fonctionnaires, comme pour les salariés du régime général. RÉGIME GÉNÉRAL Menaces sur le barème des AT-MP Ce préfabriqué était resté 32 ans dans la cour d’une école élémentaire de Livernon (56) Il y avait de l’amiante dans les murs. Il a été déconstruit en 2012 suite à l’action de l’association « Enfants et santé à l’école » qui avait déposé une plainte pour mise en danger d’autrui. « C’est la commission de réforme qui devrait statuer. » Quel est le rôle des commissions de réforme ? La commission de réforme rend un avis, mais il n’est que consultatif. En dernier ressort, c’est l’employeur qui décide. Et sa décision peut être contraire à l’avis de la commission de réforme ! Ce fonctionnement est, lui aussi, tout à fait anormal. Il serait plus logique que ce soit la commission de réforme qui décide. Cette décision pourrait alors être contestée par l’employeur ou par l’assuré. Cela permettrait d’écourter la procédure, d’éviter que l’employeur ne soit juge et partie et de respecter la confidentialité du dossier médical (l’employeur y a aujourd’hui accès). Comment ces commissions fonctionnent-elles aujourd’hui ? Dans une commission de réforme, il y a des médecins, des syndicalistes, des membres de l’admi- nistration. Le salarié ou ses ayants droit peuvent y assister ou se faire représenter. Ces commissions ne fonctionnent pas très bien. En particulier les représentants du personnel ne sont pas toujours présents. J’ai suivi le dossier d’une prof d’anglais, adhérente de l’Addeva 93, atteinte d’un mésothéliome. L’inspecteur d’académie n’a jamais voulu réunir la commission de réforme pour ne pas avoir à rendre d’avis négatif ! L’absence de décision bloquait l’indemnisation du préjudice fonctionnel par le Fiva. Il a fallu obtenir de l’inspection académique qu’elle envoie une lettre au Fiva. Vu l’importance du temps de latence entre l’exposition à l’amiante et la survenue d’une maladie liée à l’amiante, il faut retrouver des preuves d’exposition en remontant loin dans le passé. Cette mémoire des expositions a-t-elle été conservée ? Avant 1996, il n’y avait pas d’obligation de repérage des matériaux amiantés. Dans l’éducation nationale, on a construit puis démoli des préfabriqués qui étaient bourrés d’amiante. Mais la mémoire de ces locaux a été souvent perdue. Où en est l’extension de l’Acaata aux fonctionnaires dont la maladie a été reconnue ? Des décrets devraient paraître dans le courant de l’année. A priori les trois fonctions publiques sont concernées. Il faut profiter de l’occasion pour améliorer la reconnaissance des maladies professionnelles pour les fonctionnaires. Aujourd’hui le nombre de maladies déclarées dans la Fonction publique reste assez faible et cela est sans doute dû à la complexité des procédures. La création d’une commission chargée de réviser les barèmes des accidents du travail et des maladies professionnelles a été annoncée. Elle serait composée uniquement de médecins, de représentants de l’administration et des CPAM. Les représentants syndicaux qui siègent à la Commission AT-MP n’ont été ni consultés ni informés. Le choix de Paul Frimat pour présider cette commission inquiète. Ce médecin du CHRU de Lille a présidé le groupe chargé de réviser le tableau N° 57 de maladies professionnelles. Les critères de reconnaissance des TMS ont été durcis et le nombre de prises en charge a dégringolé ! Cette révision a pour but officiel de « tenir compte de l’évolution des techniques médicales ». En fait, comme le dit Arnaud de Broca, secrétaire général de la Fnath, elle vise à « réduire les taux d’incapacité afin que l’indemnisation soit moindre ». Vigilance ! 19 CONTRAIREMENT à ses PRévisions antérieures L’INVS annonce une hausse du nombre des mésothéliomes Un numéro « spécial amiante » du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (INVS) fait le point sur les cancers liés à l’amiante. Il révise à la hausse les prévisions pour le mésothéliome. Il donne les premières 18 ans après l’interdiction les cancers de l’amiante tuent encore L’étude parue dans le BEH évalue entre 2200 et 5400 le nombre de nouveaux cas des cancers liés à l’amiante pour quatre sites (poumon, plèvre, larynx et ovaire) en 2012. [Les cancers digestifs ne sont pas pris en compte dans cette évaluation] Les cancers liés à l’amiante tueraient entre 1700 et 3800 personnes par an. Mésothéliomes : le pic n’est peut-être pas atteint Contrairement aux prévisions antérieures, le nombre de mésothéliomes continue de progresser. Cette progression est très nette quand on compare les données du programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM) pour la fin des années 90 et pour la fin des années 2010. Elle est particulièrement forte chez les femmes. « Le pic d’incidence n’est peut-être pas encore atteint chez l’homme, contraire- 20 estimations pour les cancers du larynx et de l’ovaire. Il met en évidence une connaissance non exhaustive des maladies et des expositions, ainsi qu’une sous-déclaration et une sous-indemnisation des victimes et des ayants droit. Répartition des mésothéliomes ayant fait l’objet d’une déclaration obligatoire en 2012-2013 Simple localisation Plèvre 1134 85 % 103 8% Péricarde 1 <1% Vaginale testiculaire 1 <1% 10 1% Sans précision 1 <1% Données manquantes 7 Péritoine Autre Double localisation Plèvre et péritoine 6 <1% Plèvre et péricarde 4 <1% Plèvre et autre 12 1% 1 <1% Péritoine et autre ment à ce qui avait pu être avancé précédemment.» L’InVS n’exclut plus désormais que l’épidémie continue à se développer « pendant une ou deux décennies dans notre pays ». Cancers du larynx et de l’ovaire : les premières estimations Les cancers du larynx et de l’ovaire liés à une exposition professionnelle à l’amiante sont évalués pour la première fois dans ce type d’étude : - de 129 à 731 nouveaux cas par an pour le cancers du larynx (dont de 35 à 201 décès) - de 46 à 55 nouveaux cas par an pour le cancer de l’ovaire (dont de 31 à 37 décès) Aucune de ces deux pathologies n’est à ce jour inscrite dans un tableau alors que leur lien avec l’amiante est confirmé par le Centre international de recherche sur le cancer. Moins d’une dizaine de cas de cancers du larynx par an sont reconnus par un Comité régional de reconnaissance des maladies professionnnelles (CRRMP) pour toute la France. La connaissance des maladies et des expositions n’est pas exhaustive. Depuis janvier 2012 le mésothéliome est une maladie à déclaration obligatoire (DO) comme la tuberculose, mais seul un cas sur deux a été déclaré la première année. Le PNSM ne prend en compte que le mésothéliome pleural (86% des cas), mais n’inclut pas le mésothéliome du péritoine, du péricarde ou de la vaginale testiculaire. Les expositions professionnelles et paraprofessionnelles des femmes sont plus difficiles à retrouver : « Un nombre élevé de femmes n’ont aucune exposition à l’amiante identifiée » (il s’agit souvent d’exposition réelles mais non retrouvées). Trop de cancers ne sont ni déclarés ni indemnisés « 5% à 66% des cas de cancers du poumon et 30% à 48% des cas de mésothéliomes relevant du régime général de Sécurité sociale ne feraient pas l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle ». Seuls 62% des mésothéliomes validés dans le PNSM entre 1999 et 2011 ont été déclarés en maladie professionnelle. Seuls 58% des mésothéliomes enregistrés entre 2005 et 2011 ont fait l’objet d’une demande d’indemnisation auprès du Fiva. Malgré la déclaration obligatoire du mésothéliome, malgré l’existence d’un fonds qui indemnise cette maladie spécifique sans avoir à apporter de preuve d’exposition, des victimes et des familles ne font toujours pas valoir leurs droits, parce qu’elles ne sont pas informées ni aidées. Le programme ESPri montre que les hommes artisans retraités ont été exposés beaucoup plus souvent, plus longtemps et plus intensément que la population générale de même âge. Ils n’ont pourtant pas droit à la reconnaissance en maladie professionnelle dans leur régime de base, ni à la « pré-retraite amiante ». L’amiante est un problème majeur de santé publique Ces études confirment que l’amiante est et restera encore longtemps un problème majeur de santé publique. Elles confirment le bien fondé des demandes de l’Andeva, sur : - l’information des victimes et des familles sur leurs droits, - l’élargissement du PNSM à tous les types de mésothéliomes, - l’inscription des cancers du larynx et de l’ovaire dans le tableau 30 de maladies professionnelles - le renforcement de la prévention pour éviter de nouvelles victimes, en particulier chez les PME soustraitantes et les artisans intervenant au contact de l’amiante en place. Une mise au point du CIRC Non, la plupart des cancers ne sont pas dus à la “malchance” Le Centre international de recherche sur le Cancer (CIRC), exprime « de profonds désaccords » avec une étude scientifique selon laquelle les facteurs environnementaux et de mode de vie ne seraient à l’origine que de moins d’un tiers des cancers. Les médias ont donné un large écho à l’étude de Cristian Tomasetti et Bert Vogelstein, un professeur d’oncologie de l’université John Hopkins et un biomathématicien, parue dans la revue Science en février. Elle compare le nombre de divisions des cellules souches sur la vie entière dans un grand nombre de tissus différents avec le risque de cancer sur la vie entière et suggère que des mutations aléatoires (en d’autres termes, la “malchance”) seraient “les principaux contributeurs à l’ensemble des cancers, souvent plus importants que les facteurs héréditaires ou les facteurs environnementaux extérieurs”. Dans un communiqué paru le 20 janvier (1), le CIRC reproche aux auteurs de « mettre plus l’accent sur la détection précoce de la maladie que sur la prévention de sa survenue. Si cette position était mal interprétée, elle pourrait avoir de sérieuses conséquences négatives, à la fois pour la recherche sur le cancer et pour la santé publique. » “Nous savions déjà que pour un individu, il existe une part de hasard dans le risque de développer tel ou tel cancer, mais cela a peu à voir avec le niveau de risque de cancer dans une population”, explique le Dr Christopher Wild, Directeur du CIRC. “Conclure que la malchance est la principale cause des cancers serait trompeur et peut gravement obérer les efforts entrepris pour identifier les causes de la maladie et la prévenir efficacement”. Si les conclusions de cette étude étaient valides, la répartition des cancers devrait être identique sur tous les continents. Or les études épidémiologiques montrent qu’elles varient dans l’espace et dans le temps : ainsi « le cancer de l’œsophage est fréquent chez les hommes en Afrique de l’Est, mais rare en Afrique de l’Ouest. Le cancer colorectal, qui était rare autrefois au Japon, a vu son incidence quadrupler en seulement vingt ans. » Ces observations montrent que les facteurs liés à l’activité industrielle, à l’environnement et aux modes de vie « ont un rôle majeur dans l’apparition des cancers, par opposition à la variation génétique ou au hasard (la “malchance”). » Les experts du CIRC pointent des « limites méthodologiques » et des « biais dans l’analyse ». Ainsi ce rapport met l’accent sur des cancers très rares qui « ne représentent qu’une petite part du fardeau de l’ensemble des cancers » et exclut faute de données - des cancers fréquents tels que « ceux de l’estomac, du col de l’utérus et du sein, pour lesquels l’incidence diffère sensiblement entre populations et dans le temps. » (1) Le texte intégral du communiqué est en ligne sur le site du CIRC : http://www.iarc.fr/fr/media-centre/ pr/2015/pdfs/pr231_F.pdf 21 UNE QUESTION AU DOCTEUR PRIVET Quelle est la responsabilité de l’amiante dans le cancer de l’estomac et le cancer colo-rectal ? LES DONNÉES DU CIRC Cet article s’appuie sur les données du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), émanation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le CIRC fait régulièrement des synthèses sur les données concernant les cancérogènes. Ces synthèses font l’objet de monographies dont certaines sont accessibles sur Internet, mais en anglais. A partir de ces données est construite une classification régulièrement revue qui fait autorité et qui distingue notamment : - les cancérogènes avérés pour l’homme (groupe 1), - les cancérogènes probables (groupe 2A ), - Les cancérogènes possibles (groupe 2B). L’amiante est naturellement classée en groupe 1 (cancérogène avéré) et cela depuis 1973, sachant que le CIRC a été créé en 1965. En 2009 le CIRC a fait le point sur le rapport entre l’exposition à l’amiante et les cancers ayant des sites autres que le poumon et la plèvre (monographie 100C). Le CIRC a conclu qu’un lien causal entre cancer du larynx et amiante est clairement établi, ainsi qu’un lien entre cancer de l’ovaire et amiante. Nous allons voir quelles sont ses conclusions pour le cancer de l’estomac et le cancer colorectal, sachant que la communauté médicale en France n’a - semble-t-il - pas pris la mesure de ces données. La frilosité du corps médical nettoyeuses, les macrophages, qui ont capté et englobé des fibres parvenues jusqu’au niveau des alvéoles pulmonaires. Le cancer de l’estomac et le cancer colo-rectal ne figurent dans aucun des tableaux de maladies professionnelles. Arrivées au carrefour aéro-digestif, dans une région appelée hypopharynx, les particules piégées se déversent dans le tube digestif. Les demandes sont donc examinées par des Comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) qui doivent statuer sur le lien direct et essentiel entre la maladie et le travail effectué. Pourquoi certaines localisations pour les cancers ? Pour ces deux cancers, la réponse - à quelques exceptions près - est presque toujours un refus. Pourquoi des fibres d’amiante dans les voies digestives ? Les fibres d’amiante pénètrent dans l’organisme par les voies respiratoires. Elles descendent dans les bronches et peuvent aller jusqu’aux alvéoles pulmonaires. Pour se débarrasser des particules étrangères, l’organisme a des mécanismes d’épuration : la paroi des bronches est couverte de mucus et tapissée de cils. Les particules sont piégées dans le mucus, puis remontées vers le haut par le flux que crèe le battement des cils vibratiles. Cet « escalator » fait remonter des fibres d’amiante qui ont pénétré dans les bronches, mais aussi des cellules 22 Le tube dfigestif traite les apports alimentaires (voir schéma) avec un passage rapide dans certains endroits (comme l’œsophage ou l’intestin grêle) et un certain temps de séjour dans d’autres (comme l’estomac, le côlon et le rectum). C’est dans ces régions où les aliments séjournent un certain temps que les fibres d’amiante vont pénétrer dans les cellules du revêtement des structures, appelé épithélium, et provoquer à la longue des dégâts. Au départ du tube digestif, l’œsophage ne semble pas concerné par les fibres d’amiante (il n’y a pas de données probantes). Par contre la zone du carrefour aérodigestif, l’hypopharynx, est particulièrement impactée. Le CIRC estime qu’il existe une association forte entre l’exposition à l’amiante et le cancer de l’hypopharynx. LE CANCER DE L’ESTOMAC Un cancer peu fréquent, en nette diminution Le cancer de l’estomac n’est pas très fréquent en France. Selon les derniers chiffres disponibles (année 2012), de l’ordre de 6500 nouveaux cas sont détectés par an. Il se situe au 10ème rang des cancers chez l’homme (2,2 %) et au 13ème rang chez la femme (1,5 %). CHIMIE DIGESTIVE Suc salivaire mécanismes DIGESTIfs Mastication Passage actif des aliments (oesophage) Environ 4400 personnes meurent chaque année de cette maladie. Les hommes sont 2 fois plus touchés que les femmes et l’âge médian de survenue est de l’ordre de 75 ans (la moitié avant 75 ans et l’autre moitié après 75 ans). Sucs gastriques La fréquence de ce cancer a nettement diminué dans les pays développés ces dernières décennies, mais il reste fréquent dans les pays en voie de développement et certains pays comme la Japon, l’Islande. Sucs pancréatiques Vésicule biliaire Sucs intestinaux La disparité géographique est illustrée par exemple par la comparaison entre l’Inde (0,8 nouveaux cas pour 100000 habitants) et le Japon (95,5 nouveaux cas pour 100000 habitants). Brassage du bol alimentaire (estomac) Duodenum : un carrefour digestif majeur Mobilité intestinale Les habitudes alimentaires : un facteur important L’explication de la diminution tient dans les habitudes alimentaires avec la conservation des aliments par salage et fumage, remplacée par la réfrigération et la consommation importante de fruits et légumes. Plus de 90 % des cancers de l’estomac sont des adénocarcinomes. L’ulcère de l’estomac était connu depuis de nombreuses années comme faisant le lit du cancer. La découverte d’un microbe associé à cette pathologie, Helicobacter pylori, a changé la donne, permettant un traitement efficace contre ce microbe. Mais sa présence augmente fortement le risque de faire un cancer de l’estomac. Les facteurs professionnels : amiante, HAP, huiles, graisses Quelques cas de cancers de l’estomac liés à l’amiante ou liés à l’exposition aux huiles et graisses, ont donné lieu à des avis favorables de CRRMP qui ont intégré les données du CIRC. Il existe des facteurs professionnels, au premier rang desquels l’amiante. Le CIRC estime qu’il existe une association positive entre l’exposition à l’amiante et le cancer de l’estomac. D’autres CRRMP font de la résistance en dénaturant les conclusions du CIRC. Mais sont aussi identifiés d’autres facteurs professionnels, tels que les poussières de charbon et de silice (mines), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) émanant des goudrons chauffés, les huiles et graisses. En pareil cas, il faut combattre une telle interprétation erronée et porter le débat devant les tribunaux en ne négligeant aucun facteur de risque professionnel, si l’exposition est avérée, et en faisant valoir que, pour une multi-exposition, les effets des différents toxiques s’additionnent et peuvent même se multiplier. 23 LE CANCER COLO-RECTAL Un cancer fréquent et meurtrier Le cancer du côlon-rectum est fréquent et meurtrier. Avec environ 42 100 nouveaux cas par an (données 2012), il est au troisième rang des cancers chez l’homme (11,6 %) et au deuxième rang chez la femme (12,2 %). Environ 17 700 personnes meurent chaque année de ce cancer. Il est un peu plus fréquent chez l’homme que chez la femme, avec un âge médian de survenue chez l’homme de 71 ans contre 75 ans chez la femme. Le nombre de nouveaux cas a augmenté ces dernières décennies. Dans 90 % des cas, il s’agit d’un adénocarcinome et sa survenue est précédée par l’existence d’un adénome (ou polype) dont la présence peut se signaler par des saignements dans les selles qui permettant un dépistage précoce. L’impact des habitudes alimentaires S’il existe des prédispositions génétiques dans certains cas (syndrome de Lynch, polypose adénomateuse familiale), la majorité des cas surviennent sans prédisposition génétique, souvent dans un contexte d’habitudes alimentaires faites d’aliments riches en graisses et en protéines animales et pauvres en fruits et légumes. La disparité géographique confirme l’impact de l’alimentation.Il y a par exemple 3,3 nouveaux cas pour 100 000 habitants en Inde contre 49,9 nouveaux cas pour 100 000 habitants dans le Bas-Rhin. Les facteurs professionnels Il n’en demeure pas moins qu’ont été identifiés des facteurs de risques professionnels, même si la communauté médicale reste hermétique aux données de la littérature, notamment les membres des CRRMP. Le CIRC est formel concernant l’amiante et estime qu’il existe une association positive entre 24 Vue du cancer à la coloscopie l’exposition à l’amiante et le cancer colo-rectal, retrouvée constamment dans les différentes études, avec mise évidence fréquemment d’une relation dose-effet. La notion de relation dose-effet signifie que le risque de survenue du cancer colo-rectal augmente en fonction de l’importance et de la durée de l’exposition à l’amiante, cette augmentation étant constatée aussi bien chez les individus que dans une population de salariés exposés. Une étude parue il y a plus d’une vingtaine d’années, basée sur une analyse fine des tissus a démontré que l’on re- trouvait des fibres d’amiante dans les parois du colon, notamment au niveau de la tumeur. Cette constatation aurait pu déboucher sur une recherche systématique de fibres d’amiante sur la pièce opératoire chez les salariés atteints de cancer colo-rectal, mais les services spécialisés dans ce type de recherche ont déclaré forfait. Malgré les difficultés, il est important de ne pas renoncer à déclarer le cancer colorectal en maladie professionnelle, chaque fois que l’on dispose d’éléments susceptibles de valider une origine professionnelle, tels que : - l’exposition importante aux fibres d’amiante sur le lieu de travail, - des collègues ayant la même pathologie, - la présence d’une pathologie pulmonaire ou pleurale associée (notamment de plaques pleurales). - l’existence d’autres facteurs de risque professionnels (notamment l’exposition aux huiles et graisses) pour faire valoir une multi-exposition, - l’absence d’antécédents familiaux, Pour cette pathologie, le nombre de cas reconnus est très faible, mais il n’est pas nul. Il faut donc persévérer. Docteur Lucien PRIVET Comité anti-amiante Jussieu Deux cancers extra-thoraciques Le 5 février 2009, la Cour d’Appel de Paris a reconnu le cancer du côlon d’un souffleur de verre de 78 ans. « Il utilisait des boules d’amiante qu’il mâchait pour colmater des orifices de verre en fusion, se souvient Marc Hindry. Il a d’abord eu des plaques pleurales, puis un cancer du côlon. Sur les conseils du Comité anti-amiante, il a fait une demande au Fiva, qui a refusé. La cour d’appel a reconnu le cancer avec une rente de 17 355 euros et 115 000 euros pour les préjudices moral, physique et d’agrément. » La même année, la Cour d’appel de Paris a reconnu un cancer de l’estomac chez un autre souffleur de verre : « Il avait fait ce métier pendant 43 ans. Durant 16 ans, il avait travaillé à Jussieu dans des locaux floqués et très empoussiérés. Il a eu d’abord des plaques pleurales, puis un cancer de l’estomac dont il est décédé à 58 ans. La maladie professionnelle a été reconnue. Quand le Fiva s’est créé (après son décès), l’association a conseillé à son épouse et ses filles de faire une demande. Le fonds a indemnisé les plaques pleurales mais refusé le cancer. L’expert auprès de la Cour d’appel a considéré le lien entre l’amiante et ce cancer digestif - fréquent chez les souffleurs de verre - comme « hautement probable ». Les ayants droit ont obtenu 117 000 euros au titre de l’action successorale, 60 000 euros pour le préjudice moral de la veuve et 20 000 pour chacune des filles. FORMATIONS SUR LE FIVA ALDEVA DROME-ARDèCHE SUCCÈS DE LA FORMATION SUR LA PRÉVENTION Le 18 mars 2015 une journée de formation sur la prévention du risque amiante a été animée par l’Aldeva Drome-Ardèche pour des élus CGT de divers CHSCT. addeva CENTRE une salle attentive et studieuse Christine Preschner a animé deux journées de formation sur la gestion des dossiers Fiva les 7 et 8 janvier. Sept participants de l’Adeva Centre, très motivés, ont travaillé dans une excellente ambiance. La présidente de l’Adevar- tois a suivi aussi ces deux journées. Au cours de cette formation FIVA, chacun a pu approfondir les questions suivantes : Comment analyser et vérifier une offre du Fiva en utilisant les barèmes ? Comment calculer la rente d’incapacité fonctionnelle ? Quels préjudices indemnisables, quelles pièces envoyer au Fiva ? Quand et comment contester une offre du Fiva ? ADEVA 27 (Eure) Deux journées bien remplies Une formation Fiva a été faite les 18 et 19 février pour les bénévoles de l’Adeva 27 (Eure), eux aussi, très motivés. Ils avaient déjà suivi un stage sur les maladies professionnelles les 8 et 9 janvier 2014. Une nouvelle présidente et une nouvelle équipe se sont mises en place.L’association se fait connaître dans la région. Le nombre d’adhérents augmente. La présidente a rencontré les responsables des hôpitaux voisins qui redirigent les malades de l’amiante et les familles vers l’association. Un nouveau site Internet a été créé, Les bénévoles apportent une écoute et une aide que les malades et leurs familles apprécient. Il faut de l’énergie pour les démarches, une énergie bien entamée par les souffrances physiques et morales. Sans le soutien des bénévoles, beaucoup auraient déjà « baissé les bras ». Cette formation a été utile à ceux qui gèrent les dossiers. Elle a aussi permis à des veuves de dire leur ressenti vis-à-vis des indemnisations reçues qui permettent de s’en sortir financièrement mais ne réduisent pas l’immense peine causée par la perte de son conjoint. L’argent ne comble pas le vide. Il peut même provoquer une gêne, aggravée par des réflexions blessantes de la famille ou du voisinage. Les veuves ont souvent besoin de rappeler que « ça ne remplace pas » et qu’elles « auraient préféré qu’il soit là ». Il faut du temps pour commencer à « sortir du trou ». Il y avait une quinzaine de participants et notamment des représentants des CHSCT de l’Hôpital d’Annonay, d’Iveco bus, la Poste, Trigano (caravanes, camping-cars), Polyrim (thermoplastiques), Ebenoid (éclairages). Au programme de cette journée : – Un historique de l’amiante, – Les pathologies – Le repérage – Dans le logement social – La réglementation – La collecte des déchets – L’élimination définitive de l’amiante – Le droit d’alerte et de retrait – La mise en danger d’autrui – Les valeurs limites d’exposition – Le rôle des inspecteurs du travail Geneviève Savy a fait les présentations, appuyées sur des diapositives. Michel Dorel et Guy Rousset ont apporté les compléments d’informations nécessaires à la bonne compréhension des divers sujets abordés . Les échanges ont été très intéressants. Certains participants ont réalisé qu’ils manquaient d’informations sur le risque amiante, sur leurs droits et devoirs dans l’exercice de leur mandat au sein de leur entreprise. Un document récapitulatif a été remis à chaque participant en fin de journée. Divers documents administratifs étaient mis à disposition pour lecture et des adresses internet étaient communiquées pour que chacun puisse avoir accès aux informations utiles. Les associations qui le souhaitent peuvent organiser ce type de stage dans leur région en bénéficiant des supports réalisés par le groupe Prévention de l’Andeva. Il sera utile et apprécié.. 25 Où en est le suivi médical des personnes qui ont été exposées à l’amiante ? Cinq ans ont passé depuis l’audition publique de la Haute autorité de santé (HAS) sur le suivi postprofessionnel (SPP). Le scanner est aujourd’hui l’examen de référence. Il est gratuit. Mais combien de retraités le savent ? Combien de recommandations de la HAS sont à ce jour restées lettre morte ? Que faudrait-il changer pour améliorer ce suivi ? Un bilan et une mise à jour du protocole de suivi sont devenus nécessaires Seule une infime partie des personnes concernées demande à bénéficier du suivi médical post-professionnel. - des structures régionales pour coordonner ce suivi avec participation des associations de victimes. Comment débloquer la situation ? Pendant 5 ans, rien de cela n’a été fait. Début 2015, des bénéficiaires de l’Acaata ont été sollicités par des caisses régionales (page suivante). En avril 2010, la commission d’audition de la Haute Autorité de Santé (HAS), à laquelle participaient des représentants de l’Andeva, a fait des propositions et notamment : - une visite médicale de départ par le médecin du travail avec réalisation d’un relevé d’expositions sur la carrière et une information sur le droit à un suivi médical gratuit pour les retraités et chômeurs ayant été exposés, - une info de l’assurance maladie dans les médias sur l’intérêt de ce suivi, - l’envoi par la CPAM d’un questionnaire à tous les néo-retraités sur leurs expositions à l’amiante et la proposition d’un suivi aux personnes exposées, La finalité et le protocole du suivi médical sont à repenser Une étude américaine sur les cancers bronchopulmonaires dans une population de gros fumeurs suivis par scanners montre une réduction de la mortalité chez les personnes suivies. Une étude française révèle un surrisque de cancer chez les porteurs de plaques pleurales. Il y a une nouvelle génération de scanners moins irradiants et plus rapides. La réglementation sur le suivi post-professionnel Les bénéficiaires : les retraités, chômeurs ou inactifs qui ont été exposés à l’amiante et/ou à certains autres cancérogènes dans leur activité professionnelles ont droit sous certaines conditions à un suivi médical gratuit. L’attestation d’exposition : cosignée par le médecin du travail et l’employeur, elle doit être remise au salarié à son départ de l’établissement. Les démarches : l’assuré envoie une demande à la caisse primaire en y joignant l’attestation. Si cette attestation fait défaut, la caisse primaire doit diligenter une enquête pour vérifier l’exposition. Les examens : un examen clinique et un examen TDM (=un scanner) Leur périodicité : tous les 5 ans pour les exposition fortes, tous les 10 ans pour les expositions intermédiaires. Pas de suivi pour les expositions faibles (arrêté du 6 décembre 2011). 26 Ces éléments devraient relancer la discussion sur le bénéfice médical du suivi, sa périodicité et ses modalités. L’arrêté du 6 décembre 2011 prévoit « une consultation médicale et un examen tomodensitométrique (TDM) thoracique » tous les 5 ans pour les expositions fortes et tous les 10 ans pour les expositions intermédiaires. Dans l’intervalle, le consultant n’a plus aucun contact avec un médecin pour ce suivi. La HAS préconisait que les recommandations de 2010 soient réévaluées « dans un délai maximal de 5 ans pour tenir compte de l’évolution des connaissances et de l’expérience acquise par leur mise en oeuvre». Le moment est donc venu d’engager une réflexion notamment sur : - le bénéfice médical du repérage des cancers bronchopulmonaires, - une périodicité plus rapprochée des examens pour les expositions fortes, - des examens cliniques pris en charge entre deux scanners, - un suivi médical particulier pour les porteurs de plaques pleurales, - une réévaluation de la place des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) dans le suivi (elles sont un outil de dépistage médiocre, mais un bon outil pour le suivi de la fonction respiratoire). Enfin la HAS avait annoncé que des recommandations seraient élaborées en 2011 pour les pathologies extrapulmonaires liées à l’amiante. On les attend toujours. Un questionnaire est envoyé par les caisses régionales aux «pré-retraités amiante» Dans plusieurs régions, les bénéficiaires de l’allocation « amiante » ont reçu une lettre de la Carsat : « Vous êtes bénéficiaire ou avez été bénéficiaire d’une allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante. A ce titre, vous pouvez demander à bénéficier d’une surveillance médicale post-professionnelle intégralement prise en charge par votre caisse d’assurance maladie, sans avance de frais et sans remise en cause de votre allocation amiante. » Dans une lettre à Pierre Pluta, la Carsat de Picardie précise qu’il s’agit d’un programme national qui se fera « par vagues successives » et « tout au long de l’année 2015 » Avant ce courrier, les retraités et les bénéficiaires de l’Acaata n’avaient - sauf exception - jamais reçu aucune information de l’Assurance maladie sur leur droit à un suivi médical gratuit. Dans son principe, cette information est donc bienvenue. Pourtant l’envoi aux « pré-retraités amiante » d’un questionnaire sur leurs expositions à l’amiante a suscité des incompréhensions et des méfiances : « Si tous les salariés de mon établissement ont droit à une cessation anticipée d’activité « amiante », c’est bien parce qu’ils ont été exposés. A quoi bon toutes ces questions ? » En fait, un questionnaire peut être très utile si la caisse s’adresse à des néoretraités qui n’ont pas tous été exposés. S’agissant d’allocataires amiante, son uttilité se discute. Plusieurs associations à qui a des adhérents ont demandé conseil les ont aidés à remplir ce questionnaire et à expliquer pourquoi leurs expositions à l’amiante avaient été fortes. Pour un programme national de ce type avec plusieurs dizaines de milliers d’envois, l’Andeva aurait dû être consultée ; ses associations locales devraient être associées à l’organisation régionale de ce suivi. Il nous semble important que les Carsat délivrent d’emblée une information plus claire et plus complète sur l’intérêt de ce suivi médical et ses modalités pratiques (examen clinique, scanner) et que soit inclus dans la lettre un numéro vert que les personnes qui se posent des questions puissent appeler. Il faudrait aussi s’assurer que toutes les caisses primaires disposent d’un outil informatique permettant de reconvoquer périodiquement les personnes concernées par ces examens, ce qui n’est pas le cas partout. Ce qui avait été fait en Seine-Saint-Denis « En 2007, explique Alain Bobbio, la Caisse primaire du 93 avait envoyé un courrier aux bénéficiaires de l’Acaata suite à une demande de l’Addeva. La Caisse régionale a fourni une liste de tous les allocataires depuis l’origine. La caisse primaire a fait un tri : les doublons, les personnes ayant déménagé ou les malades déjà suivis ont été écartés. 441 « pré-retraités amiante » ou « expréretraités » sur 663 ont été retenus. La CPAM leur a envoyé une lettre expliquant l’utilité d’un suivi médical et leur proposant de passer un scanner. Dans cette lettre figurait un numéro de téléphone pour ceux qui auraient des questions à poser. Il y eut beaucoup d’appels avec assez peu de stress chez les appelants, qui étaient plutôt satisfaits de l’initiative et posaient surtout des questions sur la finalité du suivi et leurs droits. La CPAM n’a pas voulu déléguer cet accueil téléphonique : il a été assuré par une responsable expérimentée et motivée. Suite à cette initiative, le nombre total de demandeurs d’un suivi post-professionnel en Seine-Saint-Denis, a quadruplé, passant de 50 en 2007 à 217 en 2008. La CPAM s’est dotée d’une base de données qui permet une reconvocation à chaque échéance. Cet outil a été mis à disposition des autres caisses primaires d’Ile-de-France. Cela dit, le suivi médical doit s’inscrire dans la durée. Il ne se limite pas à une action ponctuelle. Après ce premier travail, l’information aux nouveaux bénéficiaires de l’Acaata doit se poursuivre, année après année. » DUNKERQUE « 75% des dockers retraités examinés avaient une maladie liée à l’amiante » « A la fin des années 90, se souvient Evelyne Lelieur, pneumologue, un suivi médical a été proposé aux dockers retraités de Dunkerque, en lien avec la médecine du travail. Beaucoup de ceux qui ont accepté étaient dans la tranche d’âge des 75-80 ans. Les volontaires passaient un interrogatoire santé et un interrogatoire professionnel dressant la liste des postes de travail occupés. Ils passaient des explorations fonctionnelles respiratoires, des radios et des scanners. Deux ans plus tard, nous avons fait un bilan : 75% des examens ont révélé une pathologie liée à l’amiante (essentiellement des plaques pleurales et quelques cas d’asbestose). Nous ne nous attendions pas à un nombre aussi important. Cette expérience ne s’est malheureusement pas prolongée, le Nord n’ayant pas été retenu comme « région pilote » pour le suivi post-professionnel. VICTIMES ENVIRONNEMENTALES Il n’existe aucun cadre réglementaire Si le suivi des actifs, pré-retraités et retraités ayant eu une exposition professionnelle est prévu par la réglementation, ce n’est pas le cas pour les victimes environnementales. Une action de santé publique est en cours avec l’envoi de 13 000 lettres à des anciens élèves de trois écoles proches de l’usine d’amiante CMMP d’Aulnaysous-Bois (Bulletin de l’Andeva N° 47, pages 12 à 15). Ce type d’action devrait être étendu à d’autres sites tels que Condé-sur-Noireau et à des zones où affleurent des roches amiantifères comme la Corse ou la Nouvelle-Calédonie. 27 TOUR MONTPARNASSE La responsabilité du préfet est engagée L’Andeva lui demande de faire évacuer la Tour pour un désamiantage complet. Il répond que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. ce que nous dit le D.T.A. Le dossier technique amiante (DTA) remis au préfet le 24 février révèle, en divers endroits, la présence d’amiante qui n’avait pas été repérés auparavant (matériaux et pollution résiduelle après des désamiantages incomplets). Les copropriétaires mentent, en prétendant que ce DTA n’apporte « aucun élément nouveau ». C’est faux ! La présence d’enduit projeté amianté dans les gaines de désenfumage n’était pas dans les versions précédentes du DTA. Or elle rend impossible un désamiantage, de ces gaines, sans évacuation des usagers de la Tour. La sécurité incendie est compromise. Le DTA signale « un risque de libération de fibres d’amiante en cas de déclenchement des volets coupe-feu des gaines de soufflage et de désenfumage ». Les essais mensuels du système ne sont plus faits. Les moteurs de soufflage du désenfumage sont arrêtés, ce qui compromet la sécurité incendie de la Tour. 28 « Une gestion cahotique du problème de l’amiante » Les travaux réglementaires de désamiantage auraient dû s’achever en 2006. Ils ont été deux fois prorogés de trois ans par des arrêtés préfectoraux et ne sont toujours pas terminés. Depuis dix ans, sous l’œil bienveillant du préfet, les copropriétaires font une gestion chaotique du problème de l’amiante mettant en péril les occupants et les intervenants. Plutôt que d'évacuer la Tour et de la désamianter totalement, ils ont choisi de faire les travaux par petits bouts, pour réduire les pertes de loyers liées à l'immobilisation des locaux lors des et ne permettrait qu'un « désamiantage partiel ». Les résultats de ce choix étaient prévisibles : - des pollutions en série : 72 dépassements du seuil réglementaire de 5 fibres par litre entre 2009 et 2013 ! travaux. Dès 2006, un rapport de SETEC / Technip les avait pourtant mis en garde, soulignant que ce scénario créerait « un risque sanitaire certain » - un désamiantage incomplet des zones traitées : le DTA note que des « résidus de projections anciennes amiantées (flocage, Progypsol) ont été constatés » sur les parties difficilement accessibles. D’où un risque persistant pour les travaux d'entretien ou de maintenance … « Le Préfet de Paris n’a jamais pris de sanction » Le préfet s’est contenté de noter les multiples infractions à la réglementation sans jamais prendre de sanction dissuasive. Son arrêté du 13 août 2013 demandait aux copropriétaires de prendre des « mesures de prévention adaptées ». Qu’a-t-il fait pour faire respecter cette belle préconisation ? L’Andeva lui a écrit le 12 mars pour lui demander d’ordonner l’évacuation de la Tour et son désamiantage complet. Il a répondu le jour même par un communiqué disant que la situation était « sous contrôle ».... C’est évidemment faux ! Les délais d’application des mesures d’urgence de l’arrêté de mai 2014 ne sont pas respectés : - Les matériaux amiantés dégradés devaient être traités en 6 mois. 10 mois plus tard, le travail n’est pas terminé. - Les gaines polluées par l’amiante devaient être assainies en 9 mois. Et 10 mois après, le travail n‘a pas été fait et n’est pas prêt de l’être. Quelles sanctions le préfet a-t-il pris ? A ce jour aucune. Il dit avoir demandé que « les résidus amiantés repérés par le DTA dans les gaines de désenfumage […] soient retirés sous un mois ». Mais personne ne sait comment réaliser tech- niquement un tel nettoyage en site occupé ! Le préfet ne peut ignorer que l’« expert » au service des copropriétaires a diffusé de fausses informations en écrivant dans son rapport que les gaines de désenfumage ne contenaient pas d’amiante. Mais il continue de se reposer sur ses recommandations, au lieu d’exiger la nomination d’un expert indépendant, prévue par le code de santé publique. Sa responsabilité est donc engagée. L’Andeva maintient ses demandes : évacuation totale de la Tour, désamiantage complet, nomination d’un expert indépendant. MONTATAIRE L’Advasum écrit au préfet Démantèlement des navires sur une plage du Pakistan. NAVIRES EN FIN DE VIE Démantèlement à risque De vieux navires pourris d’amiante sont désossés sur des plages d’Asie sans aucune précaution. Un séminaire sur l’amiante à bord des navires a eu lieu les 19 et 20 mars à Brest. Les vieux navires destinés à la démolition contiennent des tonnages importants d’amiante. La plupart sont démantelés en Asie, sans repérage préalable des matériaux amiantés, par des ouvriers qui ne sont ni informés ni protégés. Un grand nombre d’entre eux sont victimes de maladies liées à l’amiante. Cette situation est inacceptable. La commission européenne devrait publier fin 2015 une liste de chantiers qui respectent au moins les normes de sécurité europoéennes sur la protection des travailleurs et de l’environnement. En Europe même, la mise en place de filières de démantèlement sécurisées est à l’ordre du jour. Mais le respect de la réglementa- tion est loin d’être général. Des dérives peuvent même exister, si l’on accepte de « baisser la barre » sur la santé et la sécurité au travail, pour « résister à la concurrence » des chantiers d’Asie. Les organisations syndicales et les associations doivent faire preuve de la plus grande vigilance dans ce domaine. [voir à la page suivante l’interview de Patrick Hamon sur le démantèlement du « Zortürk » à Saint-Nazaire]. Des rapports et des chiffres Selon le rapport de la mission parlementaire sur le démantèlement des navires publié en juin 2010, il y aurait en France 76 navires de guerre (hors sous-marins) à déconstruire pour un tonnage proche de 100.000 tonnes, un nombre « relativement conséquent » de bateaux de pêche (près de 5.000 ayant plus de 20 ans) et suffisamment de navires marchands pour assurer du travail aux sites spécialisés sur plusieurs années. Quant aux bateaux de plai- sance, il y aurait en France 374.000 navires inactifs, sur un total de 924.000 immatriculations. Combien de ces bateaux devraient être démantelés ? Il est difficile de le dire. car on sait que certains ont été détruits de façon incontrôlée. 1.700 bateaux seraient abandonnés dans les ports. Le flux annuel des bateaux en fin de vie serait de l’ordre de 20.000. Jean-Claude Boulanger, qui préside l’association, a envoyé une lettre au préfet de l’Oise s’inquiétant des conditions du désamiantage des locaux de Still-Saxby, les représentants du personnel n’ayant pas reçu les documents réglementaires. BIARRITZ De l’amiante au garage du commissariat En 2006, de l’amiante a été détecté dans les garages du commissariat de Biarritz. Il y est toujours. Dès cette époque le dossier technique amiante (DTA) préconisait de faire des travaux de désamiantage. Rien n’a été fait. L’information a n’a pas été donnée au CHSCT. Un « oubli » sans doute dicté par les restrictions budgétaires de l’époque qui a mis des personnes en danger. Car l’espace du rez- de - chaussée qui fait office de garage sert aussi de vestiaires, de salle de rangement et de lieu de passage pour les gardes à vue ! Le désamiantage de cette salle n’est donc ni une fantaisie ni un luxe. 29 Le 30 avril à Rennes Un « sérial pollueur » passe en correctionnelle L’Addeva 44 et l’Andeva sont partie civile. Un rassemblement régional aura lieu devant le Palais de Justice le jour de l’audience. Daniel Couet, patron de la CDEC, une entreprise « spécialisée » dans la démolition et le désamiantage cassait les prix pour les appels d’offre. Le directeur de la SDEC facturait à ses clients le transport de déchets amiantés et leur dépôt en décharge agréée, où ils n’arrivaient jamais… Mais que devenaient tous ces déchets ? Certains étaient enfouis sur le site même de son entreprise, d’autres balancés dans un étang voisin ou abandonnés en pleine forêt, d’autres tapissaient le chemin pédestre de Coutances. Il a stocké 4000 mètres cubes de déchets, issus de la démolition d’un hôpital, dans une carrière appartenant à sa tante ! Des ouvriers sans protection ni formation Les déchets étaient manipulés par des ouvriers sans formation ni protections adéquates (dont plusieurs intérimaires). L’inspection du travail a dû intervenir à plusieurs reprises pour faire arrêter ses chantiers de désamiantage où elle a relevé de multiples infractions. Les gendarmes ont recueilli des plaintes des 30 Il avait réalisé des dépôts illégaux de déchets amiantés dans de multiples décharges sauvages disséminées sur l’ensemble du territoire. salariés sur les douches hors d’usage. Devant cette situation, la Caisse régionale — fait peu courant — a infligé à l’entreprise une majoration de 200% de son taux de cotisation. Un patron multi-récidiviste Daniel Couet est un habitué : il déjà été condamné deux fois pour des infractions à l’hygiène et à la sécurité du travail par les tribunaux correctionnels de Rennes et de Laval. Cette fois-ci 14 salariés et intérimaires ont porté plainte. L’Addeva 44 et l’Andeva sont partie civile. Munie d’une commission rogatoire, la section recherche de Rennes a découvert encore d’autres enfouissements et d’autres transports de déchets amiantés en camions non bâchés. La liste des délits - abandon ou dépôt illégal de déchets industriels, - exposition de salariés sans protection à l’inhalation de poussières d’amiante, - transport de déchets dangereux sans bordereau, - récidive d’infraction à la réglementation générale sur l’hygiène et la sécurité au travail, - escroquerie, - mise en danger d’autrui (risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence. Condamner un employeur irresponsable En mai dernier, Roland Hottelard déclarait dans le Bulletin de l’Andeva : « Nous approchons lentement mais sûrement d’un procès qui devrait condamner un employeur irresponsable qui n’a pensé qu’à lui et pas une seconde à ses salariés ni à la population exposée aux déchets amiante répandus partout sauf là où il aurait dû les mettre. Nous serons présents avec nos adhérents ce jour-là. » L’engagement sera tenu. L’Addeva 44 prépare une mobilisation à Rennes le jour de l’audience. Les inscriptions pour le voyage en car sont commencées. PATRICK HAMON (président de l’Addeva 44) « Une sanction exemplaire pourrait avoir un effet dissuasif » Ceux qui seraient tentés d’imiter ce « patronvoyou » y réfléchiront à deux fois. Patrick Hamon est le nouveau président de l’Addeva 44, l’association de l’Andeva qui compte le plus grand nombre d’adhérents. Il évoque ses combats pour la prévention Comment cette histoire a-t-elle commencé ? Des ouvriers de l’entreprise CDEC sont venus à la permanence de Châteaubriant. Ils ont dit qu’ils travaillaient sans protection et ont raconté les magouilles de leur patron. Nous les avons aidés. L’affaire a pris de l’ampleur. Leur patron a été placé en garde à vue. Pourquoi l’Addeva 44 et l’Andeva se sont-elles portées partie civile ? C’est une affaire emblématique. L’enjeu est important pour les déchets amiante. Dans le Sud-Ouest, beaucoup de bâtiments agricoles ont une toiture en fibrociment. Une sanction exemplaire aurait un effet dissuasif : ceux qui seraient tentés d’imiter ce « patron-voyou » y réfléchiront à deux fois s’il est lourdement condamné. Une peine symbolique au contraire les encouragerait à multiplier les décharges sauvages. Il y a aussi un enjeu pour les chantiers de désamiantage. La CDEC emportait des appels d’offre en cassant les prix. Cette affaire invitera les propriétaires à davantage de discernement. du risque amiante sous tous ses aspects : la sécurité des chantiers de désamiantage, la gestion des déchets amiantés, ou le démantèlement des navires en fin de vie. sion régionale. Que va-t-il se passer le 30 avril ? La prévention tient une place plus importante dans l’activité de votre association. L’affaire passera devant le tribunal correctionnel de Rennes. Nous avons prévu de nous rassembler devant le Palais de Justice. L’Addeva 44 enverra plusieurs cars. Nous souhaitons donner à cette manifestation une dimen- Oui, nous avons engagé une réflexion sur ce sujet. Nous avons participé aux deux journées de formation de l’Andeva. Des groupes de travail sur la prévention sont créés. Les chantiers de désamiantage dans les écoles, les Amarré au port depuis 2009 suite à une avarie, le « Zortürk » n’a jamais été réparé. Le Port est devenu propriétaire de ce cargo bourré d’amiante qu’il devra démanteler. HLM, les hôpitaux ou les navires sont l’objet de batailles médiatiques. En novembre dernier, nous avons été informés par la presse qu’une filière de démantèlement de bateaux pourrait voir le jour sur le Port autonome de NantesSaint-Nazaire. Roland Hottelard, notre vice-président a transmis à l’inspection du travail nos trois exigences : la protection des salariés et de l’environnement, le stockage protégé des déchets, la transformation des déchets en matériau inerte par vitrification. Il a aussi a aussi écrit au Président du Port autonome au sujet du « Zortürk », un bateau turc bourré d’amiante, en cale à Penhoët-Saint-Nazaire : « L’enfouissement est la solution la moins chère, mais ce ne serait pas l’idéal pour la protection des générations futures. Nous renouvelons notre demande que les déchets de ce bateau soient éliminés par incinération et vitrification qui les rendront inoffensifs et broyés en granulats pour une autre vie... » Un rendez-vous en urgence a été demandé au souspréfet. 31 PREMIER juillet 2015 De 100 fibres à 10 fibres par litre Le premier juillet, la valeur limite d’exposition professionnelle en France (VLEP) devrait passer de 100 fibres à 10 fibres d’amiante par litre d’air. Les professionnels avaient trois ans pour se préparer à cette échéance annoncée par le décret du 4 mai 2012. Cette mesure se heurte déjà à l’hostilité de certains secteurs du patronat, particulièrement chez les PME et les artisans qui en réclament le report, voire l’annulation pure et simple. Un article de l’hebdomadaire Capital reprend leurs arguments en tirant à boulets rouges sur la réglementation amiante. C’est une chanson bien connue : Trop de réglementation tuerait la réglementation, trop de désamiantage tuerait la construction de HLM. Trop de sécurité tuerait le business. Une seule question oubliée dans cette litanie des « trop » : n’y auraitil pas trop de cancers, trop de souffrances et trop de dépenses de santé évitables ? 32 La réglementation amiante dans le collimateur Un article provocateur de l’hebdo Capital dénonce les préconisations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire qui - selon son auteur - relèveraient de la « pure démence » et conduiraient le pays à la catastrophe. «... le gouvernement a décidé d’imposer de nouvelles normes de désamiantage incroyablement contraignantes, écrit l’auteur de l’article. Désormais, il faut prendre des précautions drastiques, non plus seulement quand on touche les flocages qui partent en poussière, mais aussi avec les matériaux contenant de l’amiante non friable, fût-ce en quantité infime... » « Faut-il interdire les bains de mer et le ski ? » L’article qualifie de « pure démence » les préconisations de l’Anses (ex-Afsset) en 2009; Il ironise même : « Si l’on appliquait la même règle aux autres activités humaines, il faudrait interdire illico les anesthésies générales, les voyages en avion, les bains de mer, le ski, mille autres choses encore, et imposer sans délai le port du masque à gaz à tous les habitants des grandes villes. » « Tout cela va coûter des fortunes à la France ! » « La France peut se vanter de posséder la législation la plus protectrice du monde. Et de loin ! ... Le problème, c’est que cette magnifique réglementation est en train d’aboutir à une catastrophe (...) Son application va coûter des fortunes à la France ».. Quel est le coût social et humain d’une épidémie de cancers qui s’étend plus d’un demi-siècle ? C’est une question qu’il ne semble pas se poser. Les « obsédés » du principe de précaution L’auteur s’indigne des « 23 milliards d’euros » qu’il faudra dépenser pour désamianter les HLM : « Résultat : plusieurs centaines de milliers d’appartements qui auraient dû sortir de terre ne verront jamais le jour. » Il dénonce la « gabegie imposée par les obsédés, du principe de précaution » et les règles si contraignantes « que les gens ont tendance à ne plus rien respecter du tout. » ignorance et / ou démagogie ? La clé de ce discours provocateur c’est l’ignorance ou le déni des risques liés à la présence en France de 20 millions de tonnes d’amiante dans des centaines de milliers de bâtiments publics et privés. L’éradication de l’amiante en place est une nécessité. S’agissant d’un cancérogène actif à faibles doses, elle impose des mesures de prévention très strictes. On ne peut pas les réviser à la baisse, sous peine de prolonger l’épidémie de cancers. La sécurité a un coût que la société doit assumer. C’est une tâche de longue haleine, où les pouvoirs publics doivent jouer un rôle moteur, fixer des priorités, et inscrire leur action dans la durée. Il n’y a pas d’autre voie pour protéger les générations futures. Le nier relève de l’ignorance et / ou de la démagogie. union européenne Refuser des dérogations inacceptables Des industriels du chlore demandent une prolongation dérogation « amiante» qui leur avait été accordée... en 1999 ! L’industrie du chlore avait déjà bénéficié pendant 15 ans d’une dérogation autorisant l’utilisation de diaphragmes en amiante pour les cellules d’électrolyse. Alors que des techniques alternatives existent, de la ils osent réclamer une prolongation de 10 ans de cette dérogation obtenue en 1999 ! L’Andeva dénonce une mesure nuisible pour la santé qui discréditerait la demande européenne d’une interdiction mondiale de l’amiante. « Des substituts aux diaphragmes en amiante existent depuis 20 ans » « Nous sommes en total désaccord avec la proposition d’accorder encore une autre dérogation d’utilisation de l’amiante à deux sociétés (AAK en Suède et Dow Chemicals en Allemagne), écrit Pierre Pluta, président de l’Andeva, à la Commission en réponse à la consultation publique. « Des produits fiables de substitution pour l’amiante dans les membranes d’électrolyse sont disponibles depuis plus d’une vingtaine d’années. » « Affirmer que cette utilisation spécifique de l’amiante n’est pas dangereuse est un mensonge », car elle présente des risques pour les travailleurs concernés mais aussi pour les mineurs Trois pays ont continué à accorder ces dérogations (Allemagne, Suède et Pologne) pour la fabrication de diaphragmes d’électrolyse du chlore. La machine bureaucratique de L’Union Européenne est tentée de laisser faire. L’Andeva est intervenue contre auprès de l’Agence des produits chimiques (ECHA) en réponse à une consultation publique. qui extraient l’amiante en Russie, au Brésil ou au Kazakhstan, pour les chauffeurs qui le transportent et pour la population résidant le long du parcours de ce commerce mortel. Affirmer que cette technologie sans amiante coûterait trop cher n’est pas plus sérieux. « La technologie sans amiante n’est pas vraiment plus coûteuse, seul l’’investissement initial dans une nouvelle technologie a un impact financier. Toutes les usines en France utilisent les technologies sans amiante, y compris Solvay, qui a demandé et obtenu, jusqu’à très récemment, des dérogations en Allemagne. » Dow Chemical elle-même « utilise la technologie sans amiante aux États-Unis, ce qui indique un certain niveau de duplicité... » L’Union européenne se ridiculise en acceptant de tels arguments. » « Dow est le propriétaire de l’ancienne Union Carbide, un ex-géant de l’amiante aux Etats-Unis, qui a extrait, traité et fabriqué l’amiante pendant des décennies. » Elle « est poursuivie pour des milliards de dommages dus à l’amiante aux EtatsUnis. ». Si la dérogation était prolongée en Europe, elle en tirerait argument devant les tribunaux américains : « Puisque L’Union Européenne n’a pas entièrement interdit l’amiante, pourquoi devrions-nous cesser de l’utiliser ? ». LES réponses de l’Andeva à la consultation publique Proposition N°1 : « Prolonger la dérogation sur l’importation d’amiante chrysotile pour les diaphragmes jusqu’en 2017 et autoriser la mise sur le marché des diaphragmes contenant de l’amiante jusqu’en 2025. » NON ! Dow pourrait cesser ses importations d’amiante en 2015, puisqu’elle utilise des diaphragmes sans amiante dans ses usines américaines. Proposition N° 2 : « Si une entreprise estime qu’elle a besoin d’une extension de la dérogation parce que ses installations ne sont pas périmées et des substituts économiquement viables ne sont pas disponibles, elle devra fournir un rapport au plus tard le 31 décembre 2020, rapport incluant une évaluation des risques et de l’impact socio-économique.» NON ! Proposition ridicule, offensante pour les milliers de victimes de l’amiante en Europe. Les substituts existent depuis plus de 20 ans. Demander une évaluation des risques en 2015, 16 ans après l’interdiction de l’amiante par la CE, n’est pas sérieux. 33 FERODO-VALEO La « verrue » de Caligny disparaîtra en 2015 L’usine d’amiante du Pont à Caligny a été en activité de 1955 à 1957. Quand l’usine a fermé, Valeo qui en était propriétaire n’a pas désamianté le site. L’usine Valéo du Pont, à Caligny (dans l’Orne), va enfin être déconstruite. Valéo l’avait fermée sans la désamianter en 1957. Portées par le vent, les fibres d’amiante s’échappant de ce site à l’abandon étaient une menace pour la santé des riverains. Cette déconstruction est une victoire de l’Aldeva et l’association « Pour une vie sans amiante à Caligny » qui la réclamaient depuis des années. En 2009, Valeo et le ministère de l’écologie avaient passé un accord pour enfouir les déchets sur le site (en zone inondable !), sans les envoyer en décharge. La mobilisation des associations a fait échouer ce projet . Face à l’inertie et aux tergiversations des pouvoirs publics, elles ont maintenu la pression. Les travaux commencent. L’heure est à la vigilance pour que ce chantier à hauts risques n’expose ni les salariés ni les riverains. 34 34 JEAN-CLAUDE BARBÉ (Aldeva Condé-sur-Noireau) « Les habitants du Pont vivaient un véritable calvaire ; c’était une mise en danger de la vie d’autrui. » Jean-Claude est viceprésident de l’Aldeva et responsable de la commission de l’environnement, Il fait le point sur ce dossier qu’il suit depuis 2006. « 2014 aura été une année d’espoirs et de doute. En avril le chantier s’est mis en place, puis arrêté sans explication. En juin, j’ai contacté le sous-préfet d’Argentan qui m’a informé que de nouvelles discussions étaient en cours entre Valeo et le ministère de L’Ecologie . En juillet, nous avons appris avec surprise que l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, étudiait un éventuel détournement du cours du Noireau, une rivière proche de l’usine. En novembre 2014, j’ai écrit pour l’Aldeva à Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, en lui indiquant que nous étions toujours dans l’attente des travaux ; que les habitants du « Pont » vivaient un calvaire quotidien et qu’il y avait une mise en danger de la vie d’autrui pour toute la population vivant à proximité de cette ruine industrielle. Nous avons été reçus au ministère de L’Ecologie le 2 février 2015 avec Jocelyne Guillemin, habitante du Pont, fondatrice de l’association « Pour une vie sans amiante à Caligny » et Guy Cantimpre, de l’Aldeva. Madame Patricia Blanc, directrice générale de la prévention des risques, nous a confirmé les informations données à une réunion publique le 16 janvier 2015 : cette fois le dossier était bien finalisé. » LE FINANCEMENT DES TRAVAUX Pour la 1ère phase : La démolition des bâtiments et le conditionnement des déchets seront financés par Valéo pour un montant de 575 000 € HT. Le transport et l’élimination des déchets amiantés seront financés par l’ADEME. (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) pour un montant de 600 000 € HT. Pour la 2ème phase : Le coût des études et des travaux pour le détournement du Noireau sera pris en charge à hauteur de 20% par Valeo. Les 80% restant seront à la charge de l’Agence de l’eau Seine-Normandie. Cette friche industrielle s’est délabrée. Ouverte à tous vents, elle a répandu durant des décennies ses fibres mortelles sur le voisinage. Protéger salariés et riverains « Nous serons très vigilants pendant toute la durée des travaux. » « Les travaux ont commencé début mars. Pour l’Aldeva, c’est une grande satisfaction d’avoir obtenu ce que nous exigions : le désamiantage et la déconstruction de tous les bâtiments, l’évacuation des déchets amiantés et des gravats. Il faut se souvenir qu’en 2009 le protocole signé par Nathalie Kosciusko-Morizet autorisait Valeo à les laisser sur place ! grand pollueur petit payeur L’amiante de Valeo a causé des centaines de victimes. Du point de vue de la morale, tous les travaux auraient dû être à la charge du pollueur responsable. Mais l’usine a fermé en 1957. Du point de vue du droit, les faits sont prescrits après 30 ans. Valeo finance une partie des travaux, mais souligne que la Loi ne l’y oblige pas... Avec nos amis de « Pour une vie sans amiante à Caligny » Jocelyne Guillemin et Odette Goulet, nous nous sommes opposés à cette décision L’Aldeva sera très vigilante pendant toute la durée des travaux. Si les membres de la commission de l’environnement constatent des carences pour la sécurité des travailleurs et des habitants du « Pont » ou un autre problème, ils prendront directement contact avec Mme Blanc au ministère de l’écologie. Je ne peux pas évoquer l’usine de Caligny sans avoir une pensée pour Maurice Leroux, Michel Davy et Rémi Goulet, qui nous ont malheureusement quittés. En 2006 nous étions cinq personnes avec nos trois amis disparus, Bernard Brodin et moi-même, nous avons alerté les pouvoirs publics sur la présence d’amiante sur le site de cette ancienne usine. » La maison la plus proche est à 2,50 mètres de l’usine ! Des mesures de sécurité draconiennes s’imposent pour les travaux. - JOCELYNE GUILLEMIN fondatrice de l’association « Pour une vie sans amiante à Caligny » Enfin ! « Depuis plusieurs dizaines d’années, la vision de cette friche industrielle meurtrière a été notre quotidien. Certains proches, à l’initiative de ce combat, nous ont quittés durant ces années. Mais aujourd’hui encore difficile d’y croire, et c’est à eux que l’on pense. Enfin les travaux ont débuté, les grilles interdisant l’accès au chantier sont posées, le panneau « danger amiante » est posé. Enfin le « gros mot » est dit. Pendant plusieurs mois, notre vie va être chamboulée et difficile, le prix à payer est élevé pour nous. Nous qui avons fait le mauvais choix pour maintes raisons, l’ignorance de ce qui se cachait ici, la jeunesse, le manque d’information … C’est avec l’ombre des maladies liées à l’amiante et leurs conséquences que nous devrons vivre jusqu’à la fin de nos jours. Sans un maire fraîchement élu en 2008 dans la commune et l’Aldeva, notre combat serait probablement resté vain. Fondatrice de l’association « Pour une vie sans amiante à Caligny », j’ai continué l’action que Rémy Goulet avait débuté, aidé par Jean-Claude Barbé de la branche environnement de l’Aldeva et son équipe, nous avons travaillé main dans la main. Je n’oublierai jamais le jour où j’ai reçu l’appel pour me dire : « C’est gagné ! ». Encore aujourd’hui, difficile d’y croire. Jocelyne GUILLEMIN 35 CONVENTION DE ROTTERDAM La Russie osera-t-elle bloquer à nouveau l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux ? Avec d’autres associations et organisations de toute la planète regroupées dans la coalition ROCA, l’Andeva sera à Genève en mai prochain à l’occasion de la Convention de Rotterdam. ROCA fera entendre la voix des défenseurs de la santé et de l’environnement du monde entier, en dénonçant l’action malfaisante du lobby des grands pays producteurs et consommateurs d’amiante qui ont déjà réussi à bloquer depuis 10 ans l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux. « On accorde un droit de veto aux états qui veulent exporter la maladie et la mort sans en informer les pays importateurs » Qu’est-ce que la Convention de Rotterdam ? Créée en 1998 sous l’égide de l’ONU, cette convention est entrée en vigueur en 2004. Son champ d’action est le commerce international de certains produits chimiques dangereux. Sa mission officielle est de contribuer à la protection de la santé des personnes et de l’environnement par un échange d’informations sur certains produits dangereux. Les pays de l’Union européenne, le Canada, l’Inde, le Mexique et le Brésil ont adhéré par exemple à la Convention de Rotterdam, la Russie tout récemment. Les Etats-Unis ne sont pas membres. mais impose une « procédure de consentement préalable en connaissance de cause ». Le pays exportateur est tenu d’informer l’importateur sur le danger. Le pays importateur est tenu de faire connaître officiellement sa décision. La Convention prévoit aussi l’échange d’informations entre les pays sur les produits chimiques potentiellement dangereux qui pourraient être exportés et importés. La liste des produits dangereux La liste officielle des produits dangereux comprend aujourd’hui 29 pesticides et 11 produits chimiques industriels dont les amiantes amphibole (crocidolite, actinolite, amosite, anthophyllite et trémolite). Mais l’amiante chrysotile - qui représente 95% de l’amiante commercialisé dans le monde - ne figure pas sur cette liste ! Les principes de la Convention Elle établit une liste des produits dangereux. Elle n’oblige pas les états membres à les interdire, 36 Asbest (Russie) : mine d’amiante à ciel ouvert. Cette aberration est le fruit des règles de fonctionnement de la Convention. La règle d’unanimité est paralysante Un produit dangereux ne peut être inscrit sur la liste que s’il y a unanimité des états pour procéder à cette inscription. Cette règle revient en pratique à donner un droit de veto aux états qui veulent faire du business en exportant la maladie et la mort sans en informer les pays clients. Ainsi le gouvernement canadien sans vergogne s’est opposé par quatre fois (en 2004, 2006, 2008, 2011) à l’inscription de l’amiante chrysotile sur cette liste. En 2013, c’est la Russie qui s’est opposée. L’Andeva a envoyé une lettre aux ambassadeurs d’Inde et de Russie (sur le site de l’Andeva, rubrique « International »). En 2013, une délégation de l’Andeva était à Genève. Nous y retournerons en 2015. 5 vetoS en 10 ans ! A cinq reprises, des pays se sont opposés à l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux : 2004 : Canada 2006 : Canada, Inde, Iran, Kirghizstan, Pérou, 2008 :Canada, Inde, Kirghizstan, Mexique, Pakistan, Philippines, Ukraine, Vietnam 2011 : Canada 2013 : Russie, Inde, Kazakhstan, Kirghizstan, Ukraine, Vietnam, Zimbabwe Qui sont les saboteurs de la convention ? Les objectifs de ROCA La position de l’OMS L’Alliance pour la Conven tion de Rotterdam (ROCA) a été créée en 2008. C’est un groupement d’organisations non gouvernementales, associations intéressées par la santé publique, la santé au travail et l’environnement. Leur but commun est de promouvoir une réelle et complète application de la Convention de Rotterdam. Elles défendent une vision du monde où les habitants seront protégés de substances chimiques dangereuses, auront accès à une information scientifique fiable et où le commerce de produits dangereux ne pourra pas s’effectuer sans un consentement éclairé préalable. ROCA collabore avec les gouvernements, les scientifiques et les organisations qui défendent cet objectif. ROCA a participé aux conférences des Parties de la Convention de Rotterdam en 2008, 2011 et 2013. Elle est intervenue notamment sur la question de l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux. Le dernier rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur l’amiante chrysotile confirment des données déjà connues : - Au moins 107 000 personnes par an meurent d’amiante dans le monde. - L’ensemble des variétés d’amiante sont cancérogènes. - Il n’existe aucun d’un seuil pour l’effet cancérogène de l’amiante ; des excès de risque de cancer ont été observés à de très faible niveau d’exposition. - Le moyen le plus efficace d’éliminer les maladies liées à l’amiante est donc de cesser d’utiliser l’amiante. - Continuer à utiliser l’amiante-ciment dans la construction est dangereux, vu le nombre de travailleurs exposés, la difficulté à contrôler les expositions, la dégradation des matériaux qui accroît le risque pour les interventions de maintenance, de rénovation ou de démolition. L’OMS préconise pour ces utilisations le remplacement de l’amiante par des matériaux fibreux. La Russie (premier producteur et exportateur mondial d’amiante). Produit un million de tonnes par an, dont les trois quarts sont exportés vers l’Asie et les pays de l’ex-URSS. A pris le relai du Canada, adhérant en 2013 à la Convention de Rotterdam pour mieux la saboter de l’intérieur. Le Kazakhstan (quatrième producteur mondial d’amiante). S’aligne en général sur la Russie. L’Inde (premier importateur mondial d’amiante). S’est opposée en 2013 à l’information de sa population et de celle des autres pays importateurs sur le risque amiante. Son gouvernement se soucie davantage des profits des industriels importateurs d’amiante que des effets sur la santé des 400 000 tonnes d’amiante importées chaque année. Le Zimbabwe (ancien gros producteur-exportateur d’amiante). N’exploite plus ses mines d’amiante. Refusera d’inscrire le chrysotile, pour ne pas faire de mauvaise publicité au produit (au cas où ses mines rouvriraient). Les deux autres producteurs (Brésil et Chine) devraient s’abstenir, tout comme le Canada. [La Chine, deuxième producteur mondial et premier consommateur, exporte assez peu ; le Brésil exporte la moitié de sa production et poursuit la discussion sur l’arrêt ou non de l’amiante] Une incertitude plane sur la position de l’Ukraine, gros consommateur d’amiante russe, qui avait soutenu le Canada (en 2008) et la Russie (en 2013). Mars 2015 : début des grandes manoeuvres Un « atelier technique sur l’amiante chrysotile » est convoqué fin mars sous les auspices des Nations Unies et du secrétariat de la Convention de Rotterdam. On y trouve - comme par hasard - des industriels de l’amiante d’Inde, d’Ukraine, du Zimbabwe ainsi que le docteur Kovalevsky, membre de l’Académie de Médecine russe et grand défenseur de l’industrie de l’amiante... 37 santé - environnement ITALIE Un projet de loi du Sénat dépoussière le Code pénal comment juger les catastrophes ? Deux scandales de Santé publique ont marqué l’opinion publique italienne : - le déversement illégal et le brûlage de 10 millions de tonnes déchets toxiques organisé par la Mafia dans les « terres de feu » du Sud de l’Italie, causant une épidémie de cancers et une contamination durable du milieu naturel, - La production d’amiante-ciment dans quatre usines Eternit, causant la mort de plusieurs milliers d’ouvriers et d’habitants et saccageant leur cadre de vie. DE nouveaux outilS juridiques POUR JUGER « L’éco-criminalité » Ces deux grandes catastrophes - qui continueront à tuer pendant plusieurs décennies - ont révélé un immense décalage entre la gravité de ces crimes industriels et l’archaïsme du Code pénal censé les sanctionner. Le projet de loi sur les délits environnementaux a été voté à une majorité plus large que la majorité gouvernementale (165 voix contre 49 et 8 abstentions). La Cour d’appel de Turin avait infligé 18 ans de prison au PDG d’Eternit, jugé responsable d’une « catastrophe environnementale permanente avec intention frauduleuse ». Mais la Cour de cassation, jugeant les faits prescrits, a rendu un nonlieu qui a provoqué une vague d’indignation dans tout le pays. Le projet introduit cinq nouveaux délits dans le code pénal italien : Un procès Eternit-bis pour « homicide volontaire » va bientôt commencer. Cette qualification permettra de lever l’obstacle de la prescription pour une partie des victimes. Le projet de loi du Sénat vise à répondre à cette difficulté en introduisant de nouveaux délits environnementaux et en modifiant les règles de prescription. Souhaitons maintenant qu’il soit adopté par les députés. 38 Quatre nouveaux délits - pollution environnementale, - catastrophe environnementale, - atteinte volontaire à l’environnement, - trafic de substances radioactives - empêchement des contrôles Un durcissement des peines encourues Les peines prévues ont été aggravées. Il n’y aura plus d’impunité, si des mesures de dépollution ont été prises, mais seulement la possibilité d’une réduction de peine. Une peine de prison de un à quatre ans et une amende de 20 000 à 80 000 euros est prévue pour quiconque ne remet pas en état les lieux, alors que la justice ou l’administration lui a ordonné de le faire. Les profits ou les instruments du délit seront confisqués, sauf s’ils appar- tiennent à une personne qui n’est pas l’auteur du délit. Un allongement du délai de prescription pour les délits environnementaux Dans le dossier Eternit, le verdict de la Cour de cassation avait considéré que les faits étaient prescrits avant même le début de l’instruction ! Les sénateurs ont allongé les délais de prescription pour les délits environnementaux. Ils ont aussi voté la suspension du délai de prescription, dès lors que le juge, sur demande de l’accusé, suspend le procès. Le ministre de la justice Andrea Orlando a salué ce texte, en disant que - s’il avait existé plus tôt - les choses se seraient passées autrement dans le procès Eternit. La balle est dans le camp des députés Le texte doit maintenant être examiné par la chambre des députés. Le président du Sénat, Pietro Grasso, a demandé que ce projet de loi soit adopté par les députés sans aucune modification. après le choc du NON LIEU Les « Eternit » continuent leur lutte pour la Justice désamiantage, assainissement Un procès « Eternit-bis » va bientôt commencer à turin « Il y aura 258 plaignants dans le procès « Eternit-bis» , explique Bruno Pesce, coordonnateur de l’Afeva. La majorité sont des victimes environnementales. Les audiences préliminaires devraient commencer avant les vacances d’été et les audiences sur le fond avant la fin de l’année. « L’état doit être aux côtés des victimes » Nous demandons à l’état italien de jouer un rôle actif pour coordonner toutes les institutions qui réclament des indemnités, dans les procédures civiles et pénales. Stephan Schmidheiny, même s’il est condamné, fera tout pour ne rien payer. Or les victimes n’ont pas les moyens d’engager de longues et coûteuses procédures internationales de recouvrement des sommes dues. L’état italien a le devoir de les aider à faire appliquer des décisions de justice prises au nom du peuple italien. Il ne peut laisser les victimes abandonnées à elles-mêmes. Après l’arrêt de la Cour de cassation du 19 novembre, nous devons reprendre notre combat judiciaire à zéro. C’est très dur pour nous tous. Mais nous n’avons pas d’autre choix. Nous ne pouvons pas accepter que les responsables de tant de morts échappent à la justice. « Notre lutte entre dans une nouvelle phase. » Nous devons nous organiser pour une lutte de longue haleine dans des conditions difficiles. L’Afeva et les organisations syndicales se porteront partie civile dans le procès Eternit bis. Nous étudierons avec nos avocats les recours possibles contre l’arrêt de la Cour de cassation, dont nous venons d’avoir les attendus. Nous demandons que le délai de prescription soit revu. La Cour soutient que la catastrophe était prescrite avant le début de l’instruction ! C’est inacceptable. Un projet de loi du Sénat étend le délai de prescription. Nous continuons à demander des moyens pour dépolluer notre ville. Casale Monferrato a obtenu de l’Etat 65 millions d’euros pour trois ans afin de poursuivre les travaux. Il faut continuer la lutte, quelles que soient les difficultés. Merci à l’Andeva et aux associations de victimes du monde entier pour leur soutien. L’Etat débloque 65 millions d’euros pour Casale L’état a accordé 65 millions d’euros à la ville de Casale Monferrato, 10 millions à celle de Bagnoli et une vingtaine de millions pour d’autres sites classés comme nationalement prioritaires. Cette subvention a été débloquée dans le cadre d’un plan de lutte national contre le risque amiante afin d’accélérer les travaux de retrait et d’assainissement. Gian Luca Galletti, le ministre de l’environnement, a indiqué que ces subventions étaient « le signe d’une solidarité concrète à des communes qui ont vécu et continuent à vivre les conséquences d’une pollution importante et dangereuse ». Il a indiqué que l’Etat entendait prendre toutes ses responsabilités dans ce domaine. Il a conclut que « l’éradication complète de l’amiante en Italie sera un travail long et minutieux étant donnée la dissémination des matériaux amiantés, mais nous avons commencé et nous entendons sérieusement continuer.» 39 l’amiante dans les écoles EN BELGIQUE Gros plan sur une cloison dégradée dans une salle de classe Un reportage télévisé de la RTBF diffusé en février 2015 a jeté le pavé dans la mare. En octobre dernier, alertée sur un problème d’amiante dans une école technique d’Arlon, une journaliste interroge les autorités. « Tout est sous contrôle », leur répond l’administration qui les autorise même à filmer... Mais ce discours lénifiant est cruellement démenti par les images filmées qui révèlent une importante dégradation de panneaux en Pical (pouvant contenir jusqu’à 70% d’amiante). Après ce reportage, la journaliste étend ses investigations à d’autres établissements scolaires et recueille l’avis de professionnels du diagnostic et du désamiantage. Son enquête dure plusieurs mois. Elle demande d’abord aux responsables s’il existe une liste des écoles à désamianter. Le constat est inquiétant : « Pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, il existe certains listings classés par province. Pour le réseau libre, l’amiante est de la responsabilité de chaque direction d’école. Pour le reste c’est le silence radio. Pas facile de connaitre le nombre d’écoles à problèmes, ni où elles se situent exactement.» Des diagnostiqueurs estiment que 70% des écoles belges en contiendraient 40 encore. L’un d’eux précise même que « 300 écoles ont demandé un diagnostic » et que parmi elles « il y en aurait une trentaine où il y aurait des actions urgentes à prendre ». Autre question : où est situé cet amiante et quel est le risque pour les enfants et les enseignants ? En fait, on peut en trouver dans une multitude d’endroits : dans des faux plafonds, des joints de fenêtres, des murs, des tableaux, des dalles de sol... Sur un campus, ils repèrent des matériaux amiantés dans des endroits très fréquentés, tels que les couloirs menant aux salles de cours. Une inspectrice du travail réclame des mesures d’urgence. A chaque fois, les autorités minimisent le danger, en expliquant que les matériaux sont compacts et peu susceptibles de libérer des fibres. Or, dans une école, les enfants jouent, lancent leurs cartables contre les murs ou font des graffitis. En classe, on peut aussi LE PROFESSEUR Paul DE VUYST : Les enfants sont plus vulnérables que les adultes Interrogé pour cette enquête, Paul de Vuyst, pneumologue spécialiste des maladies de l’amiante à l’hôpital Erasme, répond : « Il est plausible qu’un jeune enfant n’ait pas les mécanismes de défense ou mécanismes d’épuration de défense pulmonaire aussi développés qu’à l’âge adulte. Un enfant qui aurait été exposé dans les premières années de sa vie a malheureusement le risque, à long terme, de développer la maladie ». punaiser ou clouer. Autant d’agressions de ces matériaux pouvant libérer dans l’air des fibres cancérogènes. Vient alors une troisième question : quand un problème est détecté, les travaux sont-ils bien effectués ? Un diagnostiqueur répond : « Nous ne faisons pas d’actions de police. On ne peut pas savoir si l’école a pris les mesures que nous avons préconisées. C’est au donneur d’ordre de décider s’il agit ou s’il n’agit pas. » Or les travaux coûtent cher... La question des moyens pour mettre les écoles en sécurité est posée. Une syndicaliste enseignante explique que le problème ne peut être réglé au cas par cas par les collectivités locales. Elle réclame une subvention fédérale. Pour définir le choix des priorités, elle avance un critère simple : « intervenir en priorité là où évoluent nos enfants ». Au terme de cette enquête, beaucoup de questions restent sans réponse. Une chose est sûre : il y a de l’amiante dans toutes les écoles construites dans les années 60-70. Au moins une trentaine d’entre elles nécessiteraient des travaux d’urgence. Eric Jonckheere co-président de l’Abeva « Ne pas se mettre la tête dans le sable » L’Association belge des victimes de l’amiante a alerté la ministre de l’enseignement sur la gravité de la situation et lui a fait des propositions concrètes. Comment a réagi l’Abeva après les deux reportages de la RTBF ? Nous nous sommes adressés à la ministre de l’enseignement pour l’alerter sur la gravité de la situation. Il reste dans notre environnement et dans le bâti public ou privé des quantités importantes d’amiante : flocage, amiante-ciment, Glasal, Pical, portes coupe-feu, calorifugeage... Il faut empêcher l’apparition de nouvelles victimes. Les établissements d’enseignement, les élèves, les étudiants et le personnel qui les fréquentent doivent être une priorité. Le risque est encore accru pour les plus jeunes. Oui, les organismes jeunes, en croissance rapide, sont plus vulnérables à la contamination par l’amiante. Ses effets néfastes peuvent se manifester plus tôt dans leur vie. On sait aussi que, dans une population jeune, insouciante et turbulente, des mesures de prudence sont plus difficiles à faire respecter en cas de découverte d’amiante dégradé. Le problème est maintenant posé publiquement La presse a montré que la réglementation n’était pas partout appliquée. Les questions ont été posées : la protection des lanceurs d’alerte, le droit à l’information, le coût financier du désamiantage... La loi doit protéger les lanceurs d’alertes L’Abeva a été à plusieurs reprises avertie d’un risque amiante sur un lieu de travail ou de vie par des lanceurs d’alerte. Elle demande qu’ils soient enfin écoutés et protégés. Soumis à d’énormes pressions Eric Jonckheere Tu évoques une sorte de « loi du silence »... Tout le monde a peur d’effrayer les parents. Nous pensons qu’ils ont droit, comme le personnel des écoles, à une information précise pour être des citoyens actifs et intervenir dans le débat sur les urgences et les priorités. L’Abeva a remis une série de propositions à la ministre de l’enseignement. Elle demande un panorama complet de la situation dans toutes les écoles, publiques et privées, un état des travaux faits et à faire, un recensement des maladies et des décès. Il est plus que temps d’y voir clair. Il faut définir des priorités, évaluer les coûts, trouver des financements... Ces questions devraient être débattues dans une table ronde. Un comité d’accompagnement devrait être mis en place. Il y va de la santé des élèves et des personnels. Se mettre la tête dans le sable pour ne pas voir l’ampleur et la complexité du problème est contre-productif. Dénoncer la présence de cette fibre mortelle devrait être perçu comme un acte civique, nécessaire, simple, solidaire et responsable, fait par des personnes de bonne foi dans le but de protéger la santé. Or les lanceurs d’alerte sont souvent stigmatisés, ridiculisés et subissent d’énormes pressions, perdant parfois leur emploi ou subissant des mises à l’écart. Sortir de la culture du secret Les enjeux financiers liés au désamiantage sont énormes. Lorsque le problème se pose dans une école, on brandit la menace d’une relance de la guerre entre les réseaux scolaire pour étouffer l’affaire, sous prétexte que les parents risqueraient d’envoyer leurs enfants ailleurs. En présence d’une situation à risque, la tentation de « balayer la poussière d’amiante sous le tapis » est grande. On reste dans une culture du secret et de la confidentialité, alors que la règle devrait être la transparence. C’est inacceptable. Lorsque la santé des enfants et leur propre santé sont en jeu, le personnel des écoles et les parents ont droit à une information claire et précise sur la situation et doivent pouvoir donner leur avis sur les mesures à prendre. Sortir les indignés de l’ombre Dans les cas sur lesquels l’Abeva a été alertée, l’histoire est souvent la même : le lanceur d’alerte se tourne d’abord vers sa hiérarchie directe, puis sa direction générale. Face à l’inertie et aux menaces de sanctions, il se tourne vers l’administration et se heurte à une porte fermée. Le risque de représailles demeure. Ils se tourne alors vers les journalistes et vers l’association des victimes... L’Abeva demande que les « lanceurs d’alerte » puissent bénéficier d’un statut juridique, afin d’éviter que la mise l’écart ou même le renvoi ne soit leur seule récompense. Il faut que sortent de l’ombre ces indignés qui osent parler. 41 COngrès de L’IMIG EN AFRIQUE DU SUD Où en est la recherche sur le mésothéliome ? Du 21 au 24 octobre, le 12ème congrès de l’IMIG (International Mesothelioma Interest Group « Groupe international d’étude sur le mésothéliome ») s’est déroulé dans la ville du Cap en Afrique du Sud. Des progrès encore limités mais réels, un renforcement de la collaboration internationale Ce congrès a lieu plus ou moins tous les deux ans. Il est l’occasion de faire le point sur les protocoles de thérapies, les essais thérapeutiques, les progrès et les axes de recherche. L’Andeva s’intéresse bien sûr de près à cette question et a démarré une collaboration avec l’équipe du professeur Scherpereel (Lille). Depuis quelques temps les espoirs se tournent vers une collaboration internationale. Parmi les présentations remarquables, on citera les travaux australiens, européens et américains ; parmi celles présentées par des français, les conférences de A. Scherpereel et M-C. Jaurand. Il y a deux façons de résumer l’apport de ces travaux : une pessimiste - on ne sait toujours pas guérir le mésothéliome - et une optimiste - les progrès sont réels même s’ils sont modestes et la conjugaison des efforts LES CONGRÈS DE L’IMIG 1991 Paris, 1993, San Francisco (USA), 1995 Paris (Créteil), 1997 Philadelphia (USA), 1999 Grantham (Angleterre), 2002 Perth (Australie), 2004 Brescia (Italie), 2006 Chicago (USA), 2008 Amsterdam (Pays-Bas), 2010 Kyoto (Japon), 2012 Boston (USA), 2014 Le Cap (Afrique du Sud). Le prochain congrès aura lieu en 2016 à Birmingham. et la collaboration très actives entre trois continents commencent à porter leurs fruits. L’IMIG comportait également une importante session d’épidémiologie et une partie dédiée aux problèmes sociaux. De nombreux exposés passionnants ont été faits sur la situation en Afrique du Sud, notamment la présentation de Sophia Kisting. DU CÔTÉ DES FABRICANTS DE MÉSOTHÉLIOMES On remarquera que les principaux producteurs d’amiante et donc fabricants de mésothéliomes – la Russie, la Chine, le Kazakhstan et le Brésil – sont quasiment absents : on a pu recenser seulement une communication concernant une trentaine de cas de mésothéliomes féminins en Chine. LES PARTICIPANTS Le Canada est également peu présent au niveau de la recherche. Parmi le bureau de l’IMIG, citons Jim te WaterNaude (organisateur principal, Afrique du Sud), Bruce Robinson (Australie), Marie-Claude Jaurand (France), Takashi Nakano (Japon), Walter Weder (Suisse), Rabab Gaafar (Egypte), Steve Albelda (USA). Parmi les gros consommateurs d’amiante, on a pu remarquer une présentation sur un centre de soins palliatifs en Inde et une étude épidémiologique sur les mésothéliomes au Vietnam, coordonnée par des chercheurs australiens. 42 L’AMIANTE EN AFRIQUE DU SUD L’Afrique du Sud a été jadis le troisième producteur mondial d’amiante, environ 10 % de l’amiante en France a été importé d’Afrique du Sud. L’Afrique du Sud présente la particularité d’avoir produit les trois variétés d’amiante : chrysotile (amiante blanc), amosite (amiante brun) et crocidolite (amiante bleu). Après avoir entamé en 2004 une sortie de l’amiante, l’Afrique du Sud a interdit l’amiante en 2008, devenant, après l’Italie, le second gros producteur à interdire la fibre mortelle. L’Afrique du Sud tente aujourd’hui de faire face au lourd tribut de maladies, elle doit aussi affronter une effroyable pollution environnementale autour des anciennes mines. PRÉVENTION, THÉRAPIES ET RECHERCHE MÉDICALE Comme l’a opportunément martelé et rappelé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la manière la plus efficace d’éliminer les maladies dues à l’amiante est de cesser d’utiliser l’amiante et prendre des mesures de protection efficaces pour protéger les populations vis-à-vis de l’amiante en place, notamment dans le bâtiments. Il est frappant de voir que ce sont les pays ayant adopté de telles mesures qui sont également à la pointe de la recherche médicale (pays européens dont la France, Etats-Unis et Australie) CORRUPTION, AMIANTE ET SCIENCE, DEUX EXEMPLES DIFFÉRENTS Un singulier participant au congrès IMIG a présenté discrètement un poster : Daniel Bernstein, grand manipulateur de rats et de données scientifiques, jadis « expert » préféré de l’Institut du chrysotile canadien. Aujourd’hui il gagne (beaucoup) grâce aux clones brésilien et russe de l’Institut du chrysotile et aux compagnies américaines ayant utilisé de l’amiante et noyées dans des procès en indemnisation. Bernstein présentait un article où il avait exposé des rats à de la poussière de freins en amiante et concluait que les freins en amiante chrysotile ne déclenchait pas de réponse pathologique [N.B. chez le rat !]. J.C. Wagner est un médecin britannique, surtout connu pour son travail célèbre, publié en 1960, révélant un nombre très élevé d’un cancer rare – le mésothéliome – parmi les mineurs d’Afrique du Sud et leur entourage. L’étude est souvent citée comme la découverte du lien amiante-mésothéliome et du risque environnemental. Effectivement Wagner a consacré une bonne partie de sa vie à produire des recherches très importantes sur le mésothéliome et l’amiante. Mais Jock McCulloch, historien co-auteur de Defending the Indefensible (« défendre l’indéfendable») , un historique des stratégies des industriels de l’amiante, a révélé lors du congrès au Cap un dernier épisode dramatique et moins glorieux : à la fin de sa carrière, Wagner a tenu en deux occasions des positions contredisant l’ensemble de ses travaux en déclarant que le chrysotile ne causait pas de mésothéliome. Explication : McCulloch a montré des copies des chèques que Wagner avait reçu de l’industrie ! POUR SE CONNECTER SUR LE SITE DE L’IMIG http://imig2014.org/ (les pages sont en anglais) ECHOS DU MONDE NEPAL Décision d’interdiction Le Népal a décidé d’interdire l’amiante, en décembre 2014, en se basant sur sa loi de protection de l’environnement de 1999. Le Népal a peu importé d’amiante dans le passé et n’utilisait pratiquement plus d’amiante, mais cette décision a une grande importance symbolique. Le Népal est un petit pays dans l’Himalaya, coincé (quel symbole) entre les les deux pays les plus peuplés de la planète et les plus gros consommateurs d’amiante : l’Inde et la Chine (1 million de tonnes par an à eux deux !). SUISSE Table ronde sur l’indemnisation des victimes de l’amiante Une table ronde nationale (associations, industriels, syndicats et assureurs) a été créée sur l’indemnisation des victimes de l’amiante. Les syndicats et les associations réclament un fonds national d’indemnisation. En octobre dernier, le Conseil fédéral avait refusé de créer un Selon les chiffres fonds public, jugeant officiels - sans doute que l’État ne doit pas sous-estimés - il y assumer une responaurait en Suisse, 120 sabilité relevant du nouveaux cas de can- privé. cers liés à l’amiante Le Parlement débat du par an. Seules les vicdélai de prescription times professionnelles de 10 ans qui interdit à sont indemnisées. Les des victimes de pathotravailleurs indépenlogies dont le temps de dants et les victimes latence est de 30 ou environnementales ne 40 ans de faire valoir le sont pas. leurs droits. L’initiative a été saluée La Suisse a été par l’Union syndicale condamnée pour ce suisse (USS). motif en 2014 par la « Il est trop tôt pour es- Cour européenne des quisser les solutions à droits de l’homme. ce stade, nous ferons Le Conseil national un bilan dans un an », était favorable à une a déclaré le président extension de 10 à 20 de cette table ronde ans. Le Conseil fédéral qui évoque cependant avait proposé 30 ans. l’éventualité d’une fondation « avec des fonds privés ». 43 AMIANTE : La carte de France des associations NORD PAS-DECALAIS - Chauny : espace Services publics, 160 Bd de Bad Kostritz, 02300 Chauny 3e mercredi 14h-16h ADVASUM ARDEVA 59-62 (Sollac, Usinor, Arcelor Mittal Montataire et entreprises de l’Oise) (Nord - Pas-de-Calais) Pierre PLUTA, 19, rue du Jeu de Paume, BP 80078 59942 DUNKERQUE Cedex 2 [email protected] Jean-Claude BOULANGER, Mairie de Montataire 60160 MONTATAIRE 06 79 82 38 31 [email protected] Permanences : - Dunkerque : au secrétariat Lundi, mardi, jeudi : 9h-12h30 et 14h-16h30 (17h30 jeudi). Vendredi : 9h-12h30 Tél-Fax : 03 28 51 16 87 [email protected] - Auberchicourt : 03 27 90 31 52 - Calais : Maison des associations, rue Hagueneau : 2e samedi du mois : 9h-12h - Gravelines : Maison des associations : 1er samedi : 9h-11h - Mazingarbe : ancienne mairie, rue Lefèbvre : dernier samedi : 9h-12h - Grand Fort Philippe : CCAS, salle de la Vannerie, rue des Alouettes : 1er mardi du mois : 13h30-17h30. - Hazebrouck : Maison des associations, 21 rue Donckèle, dernier mercredi du mois 14h-17h ARDEVArtois Lydie JABLONSKI 03, rue de la Murène, 62110 Hénin-Beaumont Tél. 03 61 93 14 36. 44 44 Permanences : ADEVA 59 ADEVA Cherbourg Alain CLINCKEMAILLIE, Maison des services publics 5, rue Henri Barbusse BP 103, 59580 ANICHE 06 67 45 70 84 [email protected] Permanence : tous les jours uniquement sur rendez-vous Pascal CANU, 12, rue Pasteur 50130 CHERBOURG-OCTEVILLE Tél : 02 33 54 12 20 Fax : 02 33 54 12 66 [email protected] Site : www.adeva50.fr NORMANDIE Secrétariat : lundi et mercredi : de14h30 à 17h30. mardi et jeudi : de 10h à12h et de 14h30 à 17h30. Samedi : 10h-12h les semaines impaires, sur RDV semaines paires. Permanence Acaata : lundi de 14h30 à 17h30. ADEVA 76 (Seine maritime) Gaston MORISSE, 119, cours de la République 76600 LE HAVRE Tél (accueil) : 02 35 25 02 02 [email protected] http://adeva.76.free.fr Permanences : - Pour Fécamp, Montivilliers, Bolbec, Le Havre, Dieppe : 02 35 25 02 02 - Pour Sotteville-lès-Rouen, Le Trait, Saint-Etienne du Rouvray, Grand Couronne, Tourville-la-Rivière : 02 35 72 88 83 Permanences sur RDV. ALDEVA Condé- Flers (14-61) François MARTIN, BP 27 14110 CONDÉ-SUR-NOIREAU Tél : 02 31 84 68 28 06 80 43 44 71 Fax : 02 31 83 00 92 ADEVA 27 (Eure) Elisabeth DELAPORTE Maison des associations, Adeva 27, 6, rue Gadenvilliers 27930 AVIRON 06 58 68 21 69 [email protected] Permanences : Maison des associations, à côté de la cour de l’école, face à la salle polyvalente uniquement sur rendez-vous (du lundi au vendredi) au 06 58 68 21 69. PICARDIE ARDEVA Picardie Marcel LAGANT, 33, rue Marcel Poulin 60400 CRISOLLES Tél/Fax : 03 44 93 08 24 Départements : 60, 02, 80 Permanences : - Beauvais : Espace Pré Martinet, 17, rue du Pré Martinet,4e jeudi du mois sur rendez-vous, 14h-16h - Sempigny : salle des fêtes de Sempigny; 1er jeudi du mois de 14h à 16h30 2e et 4e lundi du mois, 9h30-11h30, ss-sol Eglise BRETAGNE ADDEVA 29 (Finistère et Côtes d’Armor) Gérard FRÉCHOU 6, rue Traverse / BP 71019 29210 BREST Cedex 1 Tél : 02 98 46 91 51 Fax : 02 98 80 45 18 [email protected] Permanence : téléphonique, du mardi au vendredi et sur place, le lundi et le jeudi de 14h à 17h. - Correspondant Quimper : M. Goubil : 02 98 52 33 00 Permanence : 2e mercredi du mois Maison des associations, 53, impasse de l’Odet à Quimper - Côtes d’Armor ( 22) : dernier vendredi du mois, locaux de la Ligue contre le Cancer, 1, rue Alain Colas 22950 TREGUEUX 9h-12h, 14h-17h. ADDEVA 56 (Morbihan) Julien LE CALVAR, Centre Alpha 2e étage, 44, avenue Billoux 56600 LANESTER 02 97 81 64 41 [email protected] Permanence : lundi 14 h -17 h PAYS DE LOIRE ADDEVA 44 (Loire Atlantique) Patrick HAMON Siège social : Maison Henri PEZERAT, 6, rue Louis Bourdaloue 44600 SAINT-NAZAIRE addeva44president@ orange.fr Site : www.addeva44.fr Couvre les départements : 44, 85, 49, 35 Permanences : - Châteaubriant : 1er jeudi, 14h-17h, CCAS, 9 esplanade des terrasses. Renseignements : du lundi au vendredi : 02 40 28 04 41 06 47 39 30 64 - Derval : 3e mercredi, 14h-17h, Pôle social, 14 rue de la Garlais, 44590 DERVAL. Renseignements du lundi au vendredi : 06 47 39 30 64 - La Chapelle des Marais: 1er et 3e mardi, 14h-16h, mairie (salle de l’assistance sociale). Renseignements et RDV du lundi au vendredi : 06 78 60 72 01 02 40 01 - Le Croisic : mardi, 9h-12h, 4 bis rue du Lin. Renseignements et rendez-vous du lundi au vendredi : 02 40 01 67 74 07 86 78 80 45 [email protected], représentant l’Andeva au Fcaata - St Herblain : 1er-3e jeudi, 14h-16h30, Carré des services publics, 15, rue d’Arras, 44800 Saint-Herblain. Tram 1, arrêt Romanet Renseignements du lundi au vendredi 16h30 : 06 75 45 07 31 - St-Nazaire : chaque lundi et vendredi 14h-16h, Maison des associations, 2 bis av. Albert de Mun. Renseignements et rendezvous du lundi au vendredi : 06 76 57 75 07 - St Nicolas de Redon : 2e et 4e jeudi, 14h-17h, bureau des permanences, Mairie, 26 rue de Nantes. Renseignements du lundi au vendredi. Cité sanitaire 14h-17h, le 4ème mercredi du mois 06 81 60 86 54. - St-Viaud : 1er et 3e mardi, 14h-17h, salle annexe mairie, rue Aimé Bigeard. Renseignements et RDV du lundi au vendredi : 06 52 61 70 73 - Trignac : Permanence tous les jours sur rendez-vous au 1, rue de la Paix à Trignac, et sans RDV 2e-4e jeudi, 8h30-11h30. Renseignements et RDV de lundi à vendredi 14h-17h : 02 40 91 33 46 [email protected] ADVARM 72 (Renault Le Mans et Sarthe) Michel BOUVET, 15 rue de Contrexeville 72100 Le Mans 06 83 87 55 29 06 70 02 10 03 [email protected] [email protected] CENTRE ADEVA Centre (Dépts 18, 45, 58, 36, 03, 28, 41) Serge MOULINNEUF 50, avenue de l’Europe 18150 LA GUERCHE SUR L’AUBOIS 02 48 74 02 62 ou 06 76 19 32 28 Permanences : - La Guerche sur l’Aubois : Serge MOULINNEUF, 3 rue Georges Carpentier, 2ème et dernier mardi du mois 10 h-12 h et sur rendezvous. - Eure et Loir : Claude MAROLLES, La Bletterie 28480 LUIGNY 02 36 35 91 52 06 22 45 61 84 - Indre-et-Loir /Loir-et-Cher / Loiret : André LETOUZÉ, 02 54 32 17 28, 06 21 36 18 34 - Tours : sur rendez-vous - La Ferté-Saint-Aubin : sur rendez-vous - AASED (amicale des anciens salariés d’Everite Descartes) : Gustave BRION, correspondant Adeva Centre (37), 9, place Bérégovoy, 37160 DESCARTES Tél : 06 30 32 33 88 Permanence : 2e mardi et sur rendez-vous ILE-DEFRANCE ADDEVA 93 (Seine St-Denis) Alain BOBBIO, Henri BOUMANDIL Bourse du Travail, 26, avenue Gabriel Péri 93120 LA COURNEUVE Tél 01 48 37 34 64 Fax 01 48 36 01 56 [email protected] Permanence : sur rendez-vous. Autre Permanence : St-Pierre lès Nemours (Seine-et-Marne) Bernard CANIPEL 1er et 3e jeudi 10h-12h et 15h-18h, 7 rue Fleuret Charpentier 77140 St-Pierre lès Nemours Tel/fax : 01 64 28 76 25, Courrier : Mairie de Saint Pierre les Nemours, 7 chemin de la messe Comité antiamiante Jussieu (association co-fondatrice de l’Andeva) Michel PARIGOT Adresse postale : c/o MJ Voisin 1 square Léon Guillot 75015 Paris Tél : 01 44 27 83 28 Fax : 01 44 27 83 29 [email protected] Permanence : jeudi après-midi LORRAINE ADEVAT-MP (Moselle Est) Marcel NICOLAUS, 7, rue des Anges, Résidence Vaudémont 1er étage 57500 SAINT-AVOLD Tél 03 87 81 68 59 Permanences : - Saint Avold : du lundi au jeudi 8h30-11h30 et l’après-midi sur rendez-vous - Bouzonville : lundi matin, mairie - Creutzwald : lundi après-midi, mairie - Forbach : vendredi matin, mairie - Folschviller : Mardi après-midi, centre culturel Marcel Martin ADDEVA 88 (Vosges) Robert LATRIVE, 14, allée des peupliers 88380 ARCHES (adresse postale) 07 81 46 15 14 [email protected] Site : addeva88.fr Permanence : 41 rue de la tranchée de Docelles 88000 Epinal, Lieu dit : La folie Finot, jeudi 9H30- 11H30 Permanences maladies professionnelles (syndicats sidérurgie, mines de Lorraine) François DOSSO 13 rue de la Rosselle BP 40116 57 803 FREYMING-MERLEBACH Cedex 03 87 04 71 75 03 87 81 54 27 (fax) [email protected] permanences : mines : Merlebach lundi 03 87 04 71 75 sidérurgie : Hagondange 1er et 3è jeudi 03 87 71 43 30 LIMOUSIN CERADER 87 (Haute-Vienne) Patrick EUSTACHE Espace associatif Charles Sylvestre 87100 LIMOGES 06 82 37 40 76 [email protected] 45 45 AUVERGNE CAPER Auvergne (Section des Combrailles) Bernard GRAND , 39, route de Montjoie 63700 YOUX Tél : 06 07 42 12 56 Fax : 04 73 83 45 41 caper.combrailles@orange. fr CAPER Auvergne Section Issoire AQUITAINE ADPA CMCAS BOURGOGNE Section MP de la CMCAS (EDF) Gironde Christian GALVEZ, 15, boulevard Paccatianus CS 60 228 38217 VIENNE Cedex Tél. : 04 74 31 37 79 Fax : 04 74 31 37 85 CAPER Bourgogne Pierre NOZERES, Domaine de la Jacquotte, 8 rue Aristide Berges BP 34, 33270 FLOUARAC 05 57 01 89 41 Permanence : lundi CMCAS Gironde. 05 57 01 89 74, lundi matin RHÔNEALPES ALDEVA Drôme Ardèche (Loire-sur-Rhône) Permanence : 1er lundi du mois (non férié), de 13h30 à 16h30 CAPER Haute- Savoie Mont Blanc Jean Pierre BATTISTEL, 489 Grande Rue Salvador Allende 74190 PASSY 04 50 93 52 72 CAPER du Giffre Michel DOREL, Mairie d’Andancette 17 rue de la Mairie 26140 ANDANCETTE 04 75 03 10 27 [email protected] Roland GLIERE, 71 chemin du Martinet 74130 VOUGY 04 50 34 59 69 [email protected] Permanence : lundi de 9h à 12h 1er vendredi du mois 9h-11h30, salle des fêtes de St Jeoire, 1er étage CAPER 07 (Ardèche) Jean-François MAURIN 17, boulevard Stalingrad 07400 LE TEIL 06 19 31 05 05 04 75 49 59 65 Permanence : jeudi 9h-12h et 14h-17h [email protected] 46 46 Permanence : APER (Rhône-Ain) Renault RVI/Irisbus Cité Berliet 4-5 place Steven Spielberg 69800 SAINT-PRIEST Georges THEVENARD, 06 32 17 94 05 Jean-Paul CARRET 06 22 66 85 00 Tél : 04 78 77 17 08 Fax : 04 78 76 58 33 Entretien sur rendez-vous Permanence le 2è mercredi du mois de 14h à 16h au siège [email protected] Jean-François BORDE, 8, rue Denis Papin 71600 PARAY-LE-MONIAL Tél : 06 86 21 06 50 Fax : 03 85 81 60 19 caperbourgogne01@ orange.fr caperbourgogne02@ orange.fr Permanences : - Paray-le-Monial : lundi 9h-12h et 14h-17h30, mardi 9h-12h, mercredi 14h-17h30, 8, rue Denis Papin. Tél : 03 85 81 54 42 Fax : 03 85 81 60 19 - Chalon-sur- Saône : 1er-3e mardi du mois, 9h-12h, Espace associatif Jean Zay rue Jules Ferry. M. Leroy : 06 88 95 48 52 - Nevers : Mme Jacqueline Cachoir, sur rendez-vous 03 85 81 54 42 06 78 35 76 63 - Le Creusot : (voir presse locale), 14h-17h, M. Tetard 19, rue Jules Guesde 06 33 68 30 22 - Gueugnon : M. Depinet, 2è mardi du mois, 16h30-17h30, 21 rue des Potiers (près des bureaux des transports RSL) - Dijon : sur RDV, Paul Gueth 06 83 49 98 20 - Autun : M. Janiaud, 2è mardi du mois 9h-12h, Fonderie d’Autun, 11 Bd Giberstein 06 76 35 17 82 - Macon : sur rendez-vous à prendre au 03 85 81 54 42, Mutuelles Santé Plus, 278 rue Carnot ADDEVA 89 (Yonne) Patrick THOURIGNY Ezzine KHALFAOUI , 22, rue de Sainte Colombe 89100 ST-DENIS-LèS-SENS Tél / Fax : 03.86.83 27 96 06 48 13 39 84 (P.T.) 06 16 58 74 07 (E.K.) Permanence : St-Denis-lès-Sens (mairie) 2e mercredi 17h-18h30 St-Florentin (à la MAIP) 1er mercredi 15h30-17h FRANCHECOMTÉ ARDEVA Franche-Comté Permanence tous les mardi à Montbéliard (25200) De 9h à 11h30 Centre des Hexagones La petite Hollande (Rez de Chaussée, salle 2) Pour tout contact, appeler le siège de l’Andeva à Vincennes : 01 49 57 90 95 Marie-Reine CHALVIGNAC, 14, Chemin de la Plaigne 63500 ISSOIRE 04 73 55 98 64 caper.comiteamiante. [email protected] Permanence : 1er et 3è mardi du mois, 14, Chemin de la Plaigne à Issoire 16h-19h (Urgences : 04 73 89 17 65) LANGUEDOCROUSSILLON ADEVA Gard rhodanien (30) André BERTHELIER Centre Pépin 30130 PONT SAINT ESPRIT 06 33 65 85 34 secrétariat : secretariat.adeva@gmail. com [email protected] Permanence : Pont St-Esprit : 2e samedi 9h30-11h30 salle des permanences 06 33 65 85 34 Alès : 3e mercredi 9h-12h, La Maison du Peuple de Tamaris, Place Danielle Casanova 30100 ALES 04 66 83 70 17 06 81 62 63 27 Nîmes : dernier mercredi 9h-11h, « Mas Verdier », 222 rue Guy Maupassant (parking Caisse d’Epargne) 30000 NIMES 06 83 27 48 51 06 32 34 23 53 06 85 38 33 94 06 72 82 54 85 ANDEVA-FT (Fonctionnaires territoriaux Montpellier) 6 impasse du Mas d’Armand 34790 GRABELS 06 99 07 18 69 PROVENCE, ALPES, CÔTE D’AZUR SOS Amiante cheminots Claude TRESSAUD, Mutuelle ENTRAIN 5, bd Camille Flammarion 13001 MARSEILLE 04 91 50 71 92 [email protected] Site : http://sos.amiante.free.fr/ Permanence : jeudi 14 h-17 h ADEVIMAP (Ouest de l’étang de Berre / Fos) Christiane DE FELICE, 14 cours Aristide Briand 13500 MARTIGUES 06 30 33 74 93 (si urgence) [email protected] [email protected] [email protected] http://www.adevimap.net Permanence : 1er-3e mardi 14h-16h30, Maison de la Justice, place Paradis St-Roch (Sur RDV : 04 42 41 32 20) AVAPA (Pays d’Arles) Jacques Fray, Mas Saint-Antoine, route de Port Saint-Louis, 13200 ARLES 04 90 96 85 60 CAPER Eternit Caronte-Martigues Nicolas CRISTOFIS, 22, rue de la République, 13110 PORT-DE-BOUC Tél/Fax : 04 42 43 18 02 [email protected] Permanence : mercredi 17h-19h CAPER 04 (Alpes de Haute Provence) René VILLARD, Immeuble Communal 04160 CHÂTEAU-ARNOUX 04 92 64 07 47 Permanence : mercredi 16h-18h CAPS 84 (Collectif amiante Pays des Sorgues) Christian ARENA, Union locale CGT, 14 rue Combe 84700 SORGUES 06 83 39 71 43 [email protected] Permanences : mardi de 9h à 12h MIDIPYRÉNÉES ADDEVA 65 (Hautes-Pyrénées) Francis CAYRET 14, rue du colonel Fabien 65390 ANDREST Permanence : 25 avenue du Maréchal Joffre, mardi 14h-16h30 Bibliothèque du CE SNCF Tél permanence : 05 62 51 99 93 05 62 44 52 37 [email protected] POITOU CHARENTES ADDEVA 17 (Charente maritime) Claude FABIEN, 6, rue Albert 1er 17000 LA ROCHELLE 05 46 45 00 72 [email protected] [email protected] Permanence : mardi 14h-17h 05 46 41 85 34 CRIDEVIT (Energie Poitou-Charentes) Jacques SOURIE 27, rue des Chevreuils 17139 DOMPIERRE-SURMER 06 10 97 34 19 (Jacques Sourie) 06 82 67 90 94 (JM Desbois) 06 36 64 01 50 (Roger Expert) [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] CERADER 16 (Charente) Jacqueline GERVAIS 16, rue des Oiseaux « Les Barrets » 16400 LA COURONNE 05 45 67 71 91 cerader16-amiante@ orange.fr Permanence : 2e et 4e mardi du mois 14h-17h, 6 place de l’Hôtel de Ville (en face de la mairie) 16400 LA COURONNE AFPA 86 (Vienne) Eric LEMER 10, chemin La Trompaudière 86270 COUSSAY-LES-BOIS Permanence : 3è lundi du mois 11h-14h au CE Fonderie du Poitou Fonte Boite vocale : 06 46 29 96 72 [email protected] CHAMPAGNEARDENNES (parking obligatoire : place de l’église Saint-Paul) 09 80 44 56 52 06 14 46 75 53 addeva08ardennes@ wanadoo.fr [email protected] Permanence sans rendezvous : lundi et mercredi 14h-17h le reste de la semaine sur RDV (sauf vendredi) NOUVELLECALÉDONIE ADEVA NC André FABRE, 128, rue Georges Lèques, Tina-sur-Mer BP 1681 98845 NOUMEA Cedex NOUVELLE CALEDONIE Tél/Fax : 00 687 41 98 38 Site : http://adeva-nc.com ADDEVA 08 (Ardennes) Claude HUET, Permanence - siège social : 46 Bd Lucien Pierquin 08000 WARCQ Mail : [email protected] Là où il n’existe pas d’association locale, les dossiers sont gérés par ANDEVA 8, rue Charles Pathé 94300 VINCENNES 01 49 57 90 95 [email protected] 47 47 Bon anniversaire, Romana ! Romana Blasotti Pavesi a fêté ses 86 ans le 3 mars dernier. Elle a perdu cinq membres de sa famille, tous emportés par un mésothéliome : Mario, son mari, puis Libera, sa soeur, puis Anna, sa cousine, puis Giorgio, le fils de Libera, et enfin Maria Rosa, sa fille. Présidente de l’Afeva, elle a été durant trois décennies le symbole de la lutte contre Eternit menée par les ouvriers et la population de Casale Monferrato, ville martyre de l’amiante. Eprouvée par le non-lieu rendu en novembre dernier par la Cour de cassation, elle a souhaité quitter la présidence de l’AFeVA, tout en continuant à participer à ses actions. Son anniversaire a donné lieu à un formidable déferlement de messages de sympathie et d’admiration arrivés de toute l’Italie et du monde entier. « Il n’y en a pas deux comme toi ! » Tous ceux qui ont vu le film « Poussière mortelle, le grand procès de l’amiante » ont été marqués par la force extraordinaire du témoignage poignant de Romana devant les juges de Turin. Elle a très durement vécu l’arrêt de la cour de cassation qui reconnaît les fautes pénales du PDG d’Eternit mais les déclare prescrites. Le lendemain, lors d’une conférence de presse, elle a dit son amertume et sa colère : « Il n’est pas possible que des personnes qui font mourir d’autres personnes pour gagner de l’argent ne soient pas punies. Ce verdict est une injure à nos souffrance et une honte pour l’Italie ». « Schmidheiny échappe cette fois-ci à la justice... Je peux me regarder dans la glace et vivre en paix avec moi-même. Pas lui. Nous ne lui laisserons pas de répit. » Le 12 février, à l’assemblée générale de l’AFeVA, elle a dit qu’elle souhaitait quitter la présidence : « Si j’ai pris cette décision, c’est que j’ai mesuré mes forces et que j’ai compris que je ne pou- 48 vais plus continuer à avancer. J’ai donné beaucoup. Merci aux habitants de Casale Monferrato, merci à tous ceux qui m’ont suivie. Ce sont eux, et c’est vous qui m’avez donné la force de le faire. Je n’ai pas avancé seule. C’est tous ensemble que nous avons avancé.» Au premier rang, face à elle, une banderole portait ces simples mots : « Merci Romana, il n’y en a pas deux comme toi ! » Plusieurs fois grand-mère et même arrière-grand-mère, Romana adore les enfants. Elle a vu avec émotion les écoliers de Casale assister aux audiences. « J’ai une grande confiance en eux. Je sais qu’ils reprendront le flambeau et qu’ils réussiront à obtenir justice. » Son anniversaire a été un moment d’émotion et de tendresse. Avec les fleurs qui remplissaient la maison, l’évocation des souvenirs de sa jeunesse, les photos, le téléphone qui sonnait sans arrêt et les messages qui arrivaient du monde entier. Merci et Bravo, Romana ! L’histoire de Romana, de ses deuils et de ses combats est relatée dans le très beau livre Eternit, la fibre tueuse de Giampiero Rossi.», aux éditions de la Découverte. (en librairie ou auprès des associations de l’Andeva).