Jean-Claude Milner vs Alain Badiou : un débat intense ! (info
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Jean-Claude Milner vs Alain Badiou : un débat intense ! (info
21/12/12 menapress ‑ Jean‑Claude Milner vs Alain Badiou : un débat intense ! (info # 012112/12) Rechercher dans Ména Page principale S'abonner/Se mettre à jour vendredi, 21 décembre 2012 Votre abonnement Finances/pub A propos de la Ména Login/Logout Jean-Claude Milner vs Alain Badiou : un débat intense ! (info # 012112/12) Contacts vendredi, 21 décembre 2012 Forum Par Llewellyn Brown Un livre-événement Jean-Claude Milner et Alain Badiou sont deux penseurs de grande envergure – assurément parmi les plus remarquables en France aujourd’hui – que la querelle intellectuelle a tenus séparés pendant de longues années. C’est donc un événement que de les voir enfin réunis dans les dialogues qui composent le livre intitulé Controverse, à l’occasion d’un débat mené par Philippe Petit1 . Leurs idées revêtent la plus grande importance pour notre réflexion sur la question de la place des Juifs et d’Israël aujourd’hui. Dans son introduction, Philippe Petit précise, qu’à la suite de leur rencontre dans les milieux d’extrême gauche en 1967, le parcours commun de Milner et de Badiou prit fin en 2000 : ils cessèrent alors de confronter leurs points de vue. De plus, ils ne jouissent pas de la même renommée auprès du public : Alain Badiou enseigne aux États-Unis, et sa réflexion connaît un retentissement à l’échelle mondiale. En revanche, bien qu’il ait marqué la pensée en France – en dehors de la rigueur et de l’originalité de ses écrits, on songe notamment à la linguistique, où il a fait connaître les théories de Noam Chomsky –, Jean-Claude Milner paraît davantage en retrait. Dans les lignes qui suivent, nous aurons l’occasion de comprendre pourquoi. Le commentaire Merci par le Prof. A. Marzouki à Gabès, L'article de M. Juffa sur la Tunisie a fait grand bruit ici, et il a circulé abondamment dans tous les cercles et sur Facebook. La Ména nous a informés, nous, les Tunisiens, de l'essentiel des événements que nous traversions bien avant que nous ne les comprenions nousmêmes. Il fallait saisir qu'il ne s'agissait pas d'un renversement du régime, mais de l'éviction de Ben Ali, récupérée par ses anciens élèves-ministres pour leur compte. Depuis, tout le monde ici a compris. Les manifestations se multiplient mais elles sont de plus en plus petites et les forces de l'ordre sont de plus en plus présentes. Bien sûr les anciens ministres ont promis de "s'en aller après la transitions" mais on n'a encore jamais vu un politicien, jouissant de privilèges extrêmes, quitter les affaires de son plein gré. Et puis, s'ils entendaient partir, pourquoi auraient-ils maintenu le parti de Ben Ali après l'avoir épuré de son chef ? Avantages abonnement Système préférentiel de paiement de l'abonnement : par carte bancaire, auprès de la Royal Bank of Scotland, hautement sécurisé, en français, pour accéder presser [ici] Nouveau: Controverse offre un moment privilégié, durant lequel nous voyons s’affronter deux intellectuels de premier ordre, qui soutiennent des positions radicalement incompatibles. Il est à souligner qu’ils le font avec une profonde honnêteté : chacun est prêt à reconnaître les points où les idées de l’un et de l’autre se rencontrent, tout en suivant sans concession la logique de sa propre élaboration. Il ne nous sera pas possible de restituer l’ensemble des points abordés – d’autant que, dans un débat aussi riche, www.menapress.org/jean‑claude‑milner‑vs‑alain‑badiou‑un‑d‑bat‑intense‑info‑012112‑12.html En envoyant un email à [email protected] indiquant s'il s'agit d'un nouvel abonnement ou d'un renouvellement, en mentionnant impérativement tous les détails 1/4 21/12/12 menapress ‑ Jean‑Claude Milner vs Alain Badiou : un débat intense ! (info # 012112/12) Il ne nous sera pas possible de restituer l’ensemble des points abordés – d’autant que, dans un débat aussi riche, certaines formulations peuvent nous sembler insuffisamment développées pour le profane –, mais il nous paraît tout à fait utile de rendre compte de quelques points de clivage. En effet, Milner cerne un point de divergence quand il signale que, pour Thucydide, la peste d’Athènes (430-426 avant notre ère) – avec les débordements de sauvagerie qu’elle occasionna – fut un événement crucial, alors que, pour Platon, ce ne fut qu’un « détail » (mot que nous connaissons bien, pour le sort que Jean-Marie Le Pen lui a réservé…) sans véritable importance. On y voit s’opposer, d’un côté, la prise en compte du réel des rapports humains hostiles et de l’impossibilité de les régler de manière permanente et satisfaisante ; de l’autre, la philosophie, qui observe les catastrophes depuis un point de vue surplombant. L’antiphilosophie de Milner Pour Milner, se définissant à partir d’une construction radicalement minimaliste, la politique concerne l’homme en tant qu’être parlant, et son enjeu essentiel est la « survie des corps ». Elle se laisse décliner en trois temps logiques distincts. En premier lieu, vient la perception, propre à chacun, de se trouver en présence de la « multiplicité des êtres parlants », dont la parole peut faire entendre une discordance radicale avec la sienne. Une parole qui se révèle incontrôlable, voire insupportable. Deuxièmement, « n’importe quel corps parlant » peut imposer le silence à un autre, quitte à l’éliminer ; mais par le même principe, chacun peut se trouver empêché de parler. Troisième et dernier temps, un système de régulation est nécessaire afin d’éviter cette impasse létale – d’ordre illimité –, pour que les corps puissent continuer à parler. impérativement tous les détails suivants : A. Le type d'abonnement choisi (consulter la liste des différentes options à la page http://www.menapress.com/paiements.php). B. Votre type de carte (Visa, Diners, Master Card etc.) C. Le numéro de votre carte. D. Le nom du détenteur de la carte tel que figurant sur celle-ci. E. La date d'échéance de la carte (mois, année). F. Le numéro de sécurité : les 3 derniers chiffres apparaissant au dos de la carte. G. Votre adresse physique. Nous vous enverrons une confirmation de la transaction et détruirons consciencieusement C’est ainsi que ce que Milner nomme « la politique » commence seulement quand on s’interdit l’assassinat et qu’on laisse la parole régler les relations entre humains. En revanche, l’État – en tant qu’entité englobante ou instance tierce – ne relève pas, par essence, de cette dimension de politique : elle concerne bien souvent la simple « gestion des choses ». L’Etat recherche la stabilité, aspirant à un fonctionnement dénué de heurts. Pour Milner, la politique ne concerne pas la réflexion sur la meilleure manière de gouverner. les informations que vous nous aurez transmises immédiatement En tant qu’« antiphilosophe », Milner développe une pensée qui vise, avant tout, non pas la synthèse, mais la distinction, la séparation et la division. Par conséquent, on ne saurait résumer sa pensée dans quelques phrases simples, productrices d’un consensus. Il en va ainsi pour la question de ce qu’il appelle le « nom juif ». Vous pouvez également Milner note, qu’en général, les noms politiques appartiennent au domaine de l’objectivité, puisqu’ils se prononcent à la troisième personne, leur sens universel étant assuré par cette instance tierce qu’est l’État : par exemple, on peut aisément définir qui est français. par transfert bancaire, à : ensuite. adresser le montant net de vos abonnements, Metula News Agency S.A Compte no. LU91 0019 Certains noms relèvent essentiellement de la deuxième personne : ce sont les insultes, telle « sale Juif ». Ainsi, pour Sartre, l’identité juive était entièrement définie par les autres : par les antisémites. 1555 7289 3000 Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat Luxembourg (BCEE) Enfin – le point le plus âpre –, Milner pose l’existence de noms qui trouvent leur véritable origine en la première personne : c’est le « nom juif », dont on a pu déjà remarquer le pouvoir de semer la division à l’époque de l’Affaire Dreyfus, et qui occupe la même place depuis le XXème siècle. 1, place de Metz Ce « je suis Juif » constitue un sujet qui n’est pas le moi conscient – « maître de moi, comme de l’univers », pour reprendre les mots prêtés à Auguste par Corneille –, mais le sujet de l’inconscient, définie par Lacan, et que l’on ne peut réduire à une série d’attributs objectifs. Les avantages de L-2954 Luxembourg Code Swift BCEELULL l'abonnement : Recevoir les dépêches par E- Dans cette conception, le sujet est absolument singulier : il est irréductible à un nom d’espèce (on connaît la formule « espèce de… », comme une marque d’injure). Le sujet est seul, non assimilable à une unité supérieure (race, classe sociale…). Il représente, par conséquent, un universel « en intensité », pour Milner : non un universel englobant, mais un universel entendu dans le sens où un énoncé comme « tout homme est mortel » dit « l’accomplissement le plus intense en l’homme de ce qui le fait homme ». mail dès qu'elles sont publiées Pour Milner, il s’agit donc d’un sujet dans la mesure même où il est profondément divisé « contre lui-même ». Lire l'article tel que son auteur l'a Ainsi, ceux qui sont appelés à répondre du nom juif se trouvent face à une absence de définition rassurante, donnée une fois pour toutes : ils voient leur vie marquée par une opacité et une dimension insupportables. Obtenir le droit d'envoyer les On peut illustrer ce point à l’aide d’une phrase d’Edmond Jabès, qui formule la question sur un ton interrogateur et poétique : « J’ai fait un rêve, Seigneur, que j’ai trouvé, à l’instant, où je le vivais, merveilleux : je n’étais plus Juif. » (Le Livre de Yukel). d'impression Dans le domaine de l’actualité, ce conflit subjectif éclate chez ceux que Milner appelle les « Juifs de la négation ». Ce sont ceux qui rejettent vigoureusement cette part qui les interpelle, et qui prennent le public à témoin de leur conflit intérieur : les Amira Hass, Gideon Levy, Michel Warshavsky, Ilan Pappé et autres Charles Enderlin… 30 jours gratuits, sans Or, pour Milner, un nom est politique dans l’exacte mesure où il divise, où il crée la discorde, non en tant qu’élément rassembleur. En revanche, les discours politiques et journalistiques – où tout et n’importe quoi paraît recevable – vise, de la manière la plus insistante, à noyer dans l’indifférenciation la singularité pointée par le nom juif. www.menapress.org/jean‑claude‑milner‑vs‑alain‑badiou‑un‑d‑bat‑intense‑info‑012112‑12.html par la Ména Accéder à toutes les rubriques de ce site Accéder à tous les articles Accéder au forum écrit articles à ses amis Accéder à la fonction Accéder à la Ména lors de ses déplacements Accéder aux articles anciens engagement Participer à l'essor de la Ména Participer à l'effort de réinformation Nouvelles archives novembre, 2012 octobre, 2012 2/4 21/12/12 menapress ‑ Jean‑Claude Milner vs Alain Badiou : un débat intense ! (info # 012112/12) octobre, 2012 La philosophie apaisée de Badiou septembre, 2012 août, 2012 A prendre le parti d’une pensée de la division, Milner s’engage sur un chemin qui est rude et qui ne laisse aucune place à des accommodements faciles. La pensée de Badiou, tout en étant d’une grande rigueur, est aux antipodes de celle de son adversaire intellectuel : à l’antiphilosophe répond donc le philosophe platonicien. juillet, 2012 juin, 2012 mai, 2012 avril, 2012 Pour Badiou, la question fondamentale est : « Qu’est-ce qu’une vie collective au régime de l’Idée ? ». Il ne s’interroge pas sur le sujet constitué par sa division, mais sur les hommes réunis dans la collectivité, et transcendés par un idéal. Si le monde réel est loin d’être parfait, la philosophie permet de formuler « l’hypothèse communiste » comme horizon idéal de communion entre les hommes : « l’histoire du communisme commence à peine ! », s’exclame Badiou. mars, 2012 février, 2012 janvier, 2012 décembre, 2011 Archives jusqu'au : Contrairement à l’élaboration de Milner (à ce que celui-ci définit comme son premier temps logique), il n’existe pas ici de moment où le « corps parlant » serait en dehors de tout lieu avec ses semblables : pour Badiou, l’homme est depuis toujours en relation avec d’autres hommes, et la prise de parole ne peut jamais entraîner la possibilité d’empêcher les autres de parler. C’est dire que les relations entre les hommes sont depuis toujours soumises à une régulation : « […] partout où il y a parole, il y a déjà une législation relationnelle de cette parole ». 10.2.2010 Pour Badiou, il existe déjà – de tout temps – un législateur de la parole. Par conséquent, on ne demandera pas à Badiou de considérer les exterminations autrement que comme des écarts par rapport à une norme dont la pérennité demeure assurée. Moyennant quelques ajustements, on le verrait bien reprendre – au sujet de la parole – le mot de Georges Marchais, évoquant le « bilan globalement positif » de l’URSS. En tant que philosophe, Badiou croit à la prééminence de la pensée comme système : certes, ce dernier contiendra en lui des éléments d’ouverture – les complexités de la « multiplicité », de l’« infini » –, mais ce fait ne l’empêchera pas d’assurer sa cohérence et son harmonie internes. Toutes ses composantes sont coprésentes et ordonnées depuis les origines du monde et pour toujours, en sorte que Badiou ne peut imaginer les temps logiques hétérogènes élaborés par Milner. Or, si le système est impuissant à reconnaître la division radicale, qui introduit la discorde dans l’humain, il ne peut traiter de la sauvagerie autrement que comme la conséquence d’un processus rationnel, et dont l’importance demeure secondaire. La pensée de Badiou revêt donc un aspect rassurant : elle résorbe les écarts et les heurts. Plus : l’imperfection de l’état présent de l’existence est toujours destinée à être dépassée, grâce à « l’hypothèse communiste », qui dessine les contours d’un monde idéal. Badiou n’accepte pas que l’empêchement de la parole ou les rapports dominant/dominé soient inhérents à la parole même. Sa vision est foncièrement apaisante, comme celle des « altermondialistes », avec lesquels il exprime une affinité lorsqu’il déclare que toute opposition aux massacres doit être « nourrie par l’Idée d’une politique absolument différente. ». Ceux qui se réclament de cette position peuvent entretenir leur sentiment de supériorité, dans l’exacte mesure où ils n’ont pas à traiter avec la réalité concrète. Le contentieux d’Israël Il n’est donc pas étonnant que les deux penseurs s’affrontent de la manière la plus marquée autour de la question d’Israël. Milner pose le « nom juif » comme facteur de division, et il suffit qu’il reprenne cette question – dans le postscriptum du livre – pour que Badiou lui réponde de la manière la plus virulente (tout en le déniant…), nous offrant une preuve tangible de la justesse des analyses élaborées par son adversaire. Badiou réclame « la seule solution juste », qui serait « un Etat moderne, c’est-à-dire un Etat dont la substructure n’est pas identitaire, mais historique. Un Etat qui solde cette guerre civile atroce en réunissant les deux parties ». Dans cet angélisme revendiqué, on ne peut qu’être saisi de lire ce qui s’entend comme la liquidation de l’autonomie juive, chèrement et légalement acquise, au profit d’un Etat dit « binational », où les populations arabes se retrouveraient dans la position de dominateurs qu’ils ont occupée pendant des siècles. On voit aussi se profiler les massacres qui en résulteraient inévitablement, et dont seuls les Juifs feraient les frais. Dans cette formulation, on discerne la dissolution de tout ce qui fait l’existence concrète des Juifs : ils s’y trouvent anéantis dans l’évocation mensongère d’une « guerre civile », non d’une lutte de survie de leur peuple. Pour Badiou donc, le « nom juif » est déjà aboli par la nécessité conceptuelle de rejoindre l’abstraction : « Aucune identité n’est universelle, seule l’est ce qui surmonte toute identité dans la direction d’une multiplicité générique ». Pourtant, l’Histoire nous donne de nombreux exemples de projets utopiques qui visaient à inscrire « la volonté d’une unité supérieure », selon les termes mêmes de Badiou : « l’internationale » communiste, la « race » fasciste, les « Übermenschen » (surhommes) nazis, et, aujourd’hui, la « oumma » (communauté) musulmane. Badiou a beau habiller sa pensée d’un idéal généreux – « l’Idée du Bien », ou « la multiplicité » –, les principes qui le guident n’en sont pas moins féroces. Ceux qui prétendent réaliser le Bien sur Terre préparent les exterminations. L’opposition des deux penseurs est donc totale, irréductible. On comprend pourquoi Badiou suscite l’enthousiasme des universitaires de par le monde : le philosophe élabore un système de pensée intellectuellement www.menapress.org/jean‑claude‑milner‑vs‑alain‑badiou‑un‑d‑bat‑intense‑info‑012112‑12.html 3/4 21/12/12 menapress ‑ Jean‑Claude Milner vs Alain Badiou : un débat intense ! (info # 012112/12) l’enthousiasme des universitaires de par le monde : le philosophe élabore un système de pensée intellectuellement complexe, qui offre un miroir dans lequel l’homme peut s’admirer. On se sent toujours mieux quand on croit œuvrer pour le « Bien ». Alors que Milner est matérialiste, Badiou est profondément croyant, un métaphysicien qui promet un avenir radieux. Milner est pessimiste : il ne croit pas à la possibilité d’une « solution » – il traduit le projet nazi par « solution définitive », expression qui trouve sa source dans la pensée intellectuelle européenne –, d’un règlement adéquat ou permanent des rapports humains. Il envisage seulement la possibilité de réponses provisoires, un « bricolage » ponctuel dans un monde qui demeure « voué au désordre indéfini ». Pour reprendre l’image bien connue de Platon : Badiou prétend pouvoir faire des sorties régulières de la grotte pour se nourrir de la lumière des Idées ; Milner s’affirme résolument « cavernicole », au plus près de ce qui existe et de ce qui se dit, de manière concrète. On en saisit l’enjeu : balayer les idéaux, la consolation des « autres mondes », c’est ouvrir l’espace d’une humanité, tout en reconnaissant que la paix ne sera jamais assurée. Au sujet d’Israël, Milner souligne : « Nulle part dans le monde on ne peut faire mieux que des bricolages ; dans cette zone du monde les bricolages ne peuvent pas aller au-delà de l’armistice […] ». A l’inverse : « Le plus sûr moyen de rater les armistices et de les abréger, c’est de se fixer un idéal de paix définitive. ». Les habitants d’Israël en savent quelque chose. Note : 1 Jean-Claude Milner, Alain Badiou, Controverse : dialogue sur la politique et la philosophie de notre temps, 194 pages, 18.50 euros, animé par Philippe Petit, Paris, Seuil, 2012. By YinonSys menapress 2012© All Rights Reserved. www.menapress.org/jean‑claude‑milner‑vs‑alain‑badiou‑un‑d‑bat‑intense‑info‑012112‑12.html 4/4