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exposition – Publication ¶
Points d’attache…
¶
« La poésie peut s’occulter pour une longue période, et dans ce cas il ne servirait à
rien de se révolter là-contre au nom des « droits du cœur » et des exigences de la
sensibilité. Ce qui est plus douteux, en tout cas, c’est le caractère résiduel de la grande
majorité des « plaquettes » de poèmes qui paraissent par le temps qui court. La poésie
les évacue, ce qui commence à poser une tout autre question qu’une question de
talent, et il n’y a pas lieu de récuser, sous des prétextes aujourd’hui très vieillis de
philistinisme, le refus global que leur oppose le public. La poésie, je le vois va ressurgir
ailleurs, très loin de là, ou elle ne ressurgira pas. […] Peut-être le « pourquoi », de
plus en plus sceptique en effet, qui s’attache pour nous aujourd’hui à beaucoup de
ses manifestations traditionnelles tient-il à ce que les points d’ignition de la poésie
– je veux dire les contradictions les plus brûlantes qu’elle a vocation de surmonter et
dans lesquelles elle vit vraiment – se déplace d’époque en époque. Peut-être conviendrait-il d’abord de rechercher aujourd’hui les manifestations neuves de la poésie là
où elles ont chance de se produire, à son vrai niveau d’insertion dans notre temps.
[…] Pour avoir chance de saisir la poésie là où elle risque maintenant de se dégager
[…] il faudrait peut-être changer complètement le champ d’observation traditionnel
où on guette son apparition. Il se peut que les points d’attache de la poésie soient
en train de se déplacer, tout comme elle se prépare sans doute à émigrer loin de ses
matériaux traditionnels en ruines. » Julien Gracq, 1978 (1).
à l’approche du 12e Printemps des poètes (du 8 au 21 mars) et au moment où Eulalie se
penche sur les poètes de l’oralité (p. 12), cette méditation de l’auteur du Rivage des Syrtes
nous est revenue en mémoire. Oui, que ce soit avec la nouvelle génération d’auteurscompositeurs-interprètes ou avec les artistes du slam, la poésie a trouvé ces dernières
années de nouveaux « points d’attache » et « d’ignition ». Et qu’elle l’ait fait par le biais
d’une réincarnation n’étonne guère. « Je ne saurais me passer longtemps du visage et de la
voix humaine », écrivait Georges Bernanos (2). La poésie sans doute moins que tout le reste.
Mais gardons-nous de remplacer un credo par un autre, l’école de Rochefort par celle de
« slam-lille.com ». Rien de plus éloigné de la poésie que l’idée de musée ou de conservatoire,
rien de plus étranger à elle que le prêche et l’esprit de système.
Ce qu’il en est de la poésie d’aujourd’hui, forme vivante ou « mouvante » comme le dit
Julien Delmaire, nous pouvons essayer d’en témoigner et d’en rendre compte dans Eulalie.
Ce fut à sa manière l’ambition de la revue Rétro-viseur qui cesse de paraître après 25 ans
d’activité. Question de cycle là encore ? Il convenait de saluer d’un coup de chapeau cette
belle aventure éditoriale autour de Pierre Vaast, Hervé Lesage, Jean-Pierre Nicol, JeanClaude Dubois et Bernard Desmaretz.
Demain viendront d’autres points d’attache, encore inconnus et imprévisibles à nos yeux.
Vie littérairE
3-13
Exposition / Publication – Psaumes : Chants
de l’humanité
Parutions – Benoît Caudoux, Jacques-Henri Michot,
Richard Couaillet, Barnabé Mons, Wali Mohammadi,
Julien Delmaire, Julien Martinière, Bruno Vouters,
Philippe Delepierre, Stéphane Audeguy, Jean le Boël,
Michel Meurdesoif, Sophie Deballe.
Rétro-viseur en position nuit
Les revues en revue
La Compagnie Générale
d’Imaginaire
¶ librairie 14-16
Librairies virtuelles
ça bouge en Nord - Pas-de-Calais
¶ édition
17-18
Les éditions Invenit
Paris 2010 – 14 éditeurs s’exposent
¶ supplément
Calendrier 2010
des fêtes et salons du livre
¶ Un territoire à lire
19-21
Le Val de Sambre
esther de climmer et léon azatkhanian
(1) In Baatsch Henri-Alexis / Bailly Jean-Christophe [Sous la direction de], « Wozu ? à quoi bon ? Why ? », Paris, Le Soleil Noir, 1978.
(2) Les Grands Cimetières sous la lune, Paris, Plon, 1938 ; rééd. Le Castor Astral, 2008.
¶ patrimoine écrit Un FRRAB en région
c’est possible
¶ Interprofession Directrice de la publication : Esther De Climmer – Directeur de la rédaction : Léon Azatkhanian – Secrétariat de
rédaction: Lucie Eple – Ont collaboré à ce numéro : Pascal Allard, François Annycke, Dominique Arot, Elisabeth Bérard,
Jean-Frédéric Carter, Clotilde Deparday, Lucie Eple, Gérard Farasse, Marie-Laure Frechet, Georges Guillain, Jacques Landrecies,
Robert Louis, Michel Paquot, Marie-Claude Pasquet, Sophie Pecquet, Paul Renard, Virginie Thailly, Valérie Tronet, Corinne
Vanmerris – Correctrice : Amélie Clément-Flet – Photos : Association de préfiguration du CRLL sauf mention contraire
– Diffusion : Elisabeth Bérard – Avec le soutien des médiathèques départementales du Nord et du Pas-de-Calais – Mise
en page : Aurélia Monnier et Lucie Eple - Conception graphique : TL3>Alexie Hiles/Sébastien Morel/Eric Rigollaud –
Imprimeur : Imprimerie Léonce Deprez, adhérent Imprim’vert, sur un papier certifié PEFC
(provient de forêt gérées durablement) – ISSN : 2101-5198 – Dépôt légal : février 2010.
La rédaction n’est pas responsable des articles qui lui sont envoyés spontanément.
Eulalie la revue est une publication de l’association de préfiguration du Centre régional des Lettres
et du Livre Nord – Pas-de-Calais, association loi 1901 – Conseil d’administration : Dominique
Arot, Andrzej Bilecki, Esther De Climmer (présidente), Henri Dudzinski, Môn Jugie (trésorière),
Philippe Massardier (secrétaire).
Léon Azatkhanian (directeur), Marie-Claude Pasquet (Chargée de mission), Lucie Eple (information-publications), Valérie
Tronet (documentaliste-webmestre), Elisabeth Bérard (assistante administrative) 44 place Georges Clémenceau 62400
Béthune – Tél. : 03 21 53 02 23 – Courriel : [email protected] – Internet : www.eulalie.fr
L’association de préfiguration du CRLL est subventionnée par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires
culturelles et le Conseil régional Nord – Pas-de-Calais.
Elle reçoit le soutien d’Artois Comm., communauté
d’agglomération de l’Artois.
Illustration de couverture : Histoire naturelle de la
Bible, Jean-Jacques Scheuchzer, Physique sacrée ou Histoire
naturelle de la Bible, Amsterdam, V. Schenk, 1732-1737
(Bibliothèque du Patrimoine, 6C 57)
22-23
24-31
Psaumes
Chants de l’humanité
On ne saura jamais exactement l’ordre
des choses et la causalité qui y préside :
fait-on des expositions pour avoir
le loisir de publier des catalogues ou
bien publie-t-on des catalogues pour y
trouver la raison décisive de réaliser des
expositions ?
L
e catalogue Psaumes : Chants de l’humanité n’échappe pas à cette stimulante
ambiguïté. Dans la mesure où le psaume
trouve ses racines dans une très longue
tradition religieuse, littéraire et artistique, le
catalogue de cette exposition, présentée de janvier à
avril 2010 à la médiathèque Jean Lévy de Lille, forme un
objet intellectuel et esthétique en soi. Son seul contenu
survivra aisément à l’exposition elle-même, même si,
dans un premier temps, il en constitue l’accompagnement
obligé. Il est à noter que cette exposition (et son catalogue) met à
contribution, pour la première fois, les collections patrimoniales
de trois institutions de mémoire : la Bibliothèque municipale
de Lille, la Réserve commune des trois universités publiques
lilloises et l’Institut catholique. Ce catalogue reflète la richesse
de ces divers apports puisqu’il fait se côtoyer universitaires et
bibliothécaires, exégètes, spécialistes de l’histoire des religions,
de l’histoire de l’art et musicologues. Il fait la part belle aux
figures locales de l’érudition littéraire, religieuse et exégétique
telles que Eugène Pannier, Jacques Sys, Léon de Rosny, Edmond
Agache ou Jean-Marie Delmaire.
Ce catalogue mise sur le dialogue entre articles courts et
iconographie extraite de l’exposition elle-même et constitue ainsi
une sorte de somme sur le sujet des psaumes. Il reprend le plan
même de l’exposition organisée autour de cinq grands thèmes.
D’abord, la forme littéraire même du psaume et sa dimension
lyrique, ensuite l’ensemble des psaumes comme livre biblique.
C’est l’occasion de présenter un riche panorama de Bibles à
travers l’histoire de l’écrit, du manuscrit au livre, dont la très
fameuse « Bible de Douai » et la Bible réalisée à l’instigation
du Cardinal Liénart. On voit donc bien comment exposition
et catalogue permettent un parcours passionnant au fil des
métamorphoses du livre. La troisième partie envisage le psaume
Nord-Compo,
l’autre géant du Nord
Lettres d’ailleurs – Les éditions Quadrature
Langue régionale – Portrait de Bernard Baralle
à suivre – René Pillot et les EAT au théâtre Massenet /
Découvreurs de poésie à Boulogne-sur-Mer / Les festivals
B.D. / Passions d’avril : le festival des libraires indépendants/
L’Âme des mots
Livre d’Heures manuscrit - Heures à l’usage de Rome avec calendrier brugeois, Flandre,
ca. 1470- 1475, Enluminures, Bibliothèque municipale de Lille, Ms A 92
comme un élément des différentes traditions religieuses. On y
apprend ainsi que le Coran mentionne l’ensemble des psaumes
sous le nom d’Al-Zabour. Traditions religieuses occidentales
et orientales sont évoquées, avec un accent particulier sur la
relation privilégiée de la Réforme avec le Psautier. Le quatrième
volet sera sans doute moins familier aux lecteurs, puisqu’il
s’agit de la dimension pédagogique des psaumes. Au Moyenâge, le psautier joue en effet le rôle de livre de lecture, dans
un univers culturel « psalmodique ». La dernière partie de
l’exposition et du catalogue envisage la dimension artistique
et esthétique des psaumes. Comme l’écrit magnifiquement l’un
des contributeurs de ce catalogue, Marc-Alain Ouaknin, « lire
et étudier les psaumes, c’est ouvrir la boîte aux oiseaux… » :
qu’il s’agisse du chant des poètes, au premier rang desquels
Paul Claudel et Patrice de La Tour du Pin pour la seule poésie
française, ou des très nombreuses mises en musique de psaumes
et de motets, de la « psalmodie » médiévale aux formes les plus
contemporaines de l’art musical. On ne saurait bien-sûr oublier
la place exceptionnelle de l’iconographie, par exemple à travers
les multiples représentations de David dans les manuscrits et les
livres.
Le catalogue, dans le prolongement de cette dimension musicale,
se fait l’écho du « mur sonore » des 150 psaumes proposés dans le
cadre de l’exposition.
Ce volume, à la fois érudit et abordable par un large public, qui
alterne harmonieusement articles, encadrés et illustrations,
s’enrichit d’une bibliographie substantielle et d’un index très
complet.
dominique arot
Actualités professionnelles – La fiche
juridique : Les obligations « Informatiques et Libertés » /
Rendez-vous professionnels / Mouvements
¶ Image(s) Jean-Jacques Tachdjian
32
Psaumes - Chants de l’humanité
Ouvrage collectif
presses universitaires du septentrion
28 €
isbn : 2757401351
janvier 2010
Exposition Psaumes : Chants de l’humanité
jusqu’au 3 avril 2010
médiathèque Jean Lévy / 32 Rue Edouard Delesalle / 59800 Lille
Tel : 03 20 15 97 20
Entrée gratuite
jours d’ouverture : mardi, jeudi et vendredi de 14h à 19h /
mercredi de 10h à 12h et de 14h à 19h / samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h
vie littéraire… parutions ¶
Poésie
Roman
Xylographies
Julien Delmaire
Le Cabaret des oubliés
Philippe Delepierre
Bruno Vouters
4
georges guillain
À lire aussi : p. 13, le portrait de Julien Delmaire
Julien Delmaire
Xylographies
livre CD
Gravures de Georgia Robin, musique de DJ Boulaone, avec les voix
de l’auteur, de Martine Salmon et de Thomas Suel.
éditions l’agitée
90 pages - 15 €
isbn : 978-2-9529084-3-6
janvier 2010
Album jeunesse
N’importe quoi !
Julien Martinière
Un petit air de folie souffle dès la couverture du nouvel album illustré par Julien
Martinière, N’importe quoi ! Ces animaux apparemment si tranquilles ne nous
cacheraient-ils pas quelque chose ? Que fait ce manchot dissimulé sous un napperon ?
Pourquoi le tigre porte-t-il un vase sur la tête et le chameau un abat-jour autour du cou ?
à la manière d’Anthony Browne, le livre s’ouvre sur un canapé, vide. Tout est calme. Un
père et sa fille s’y installent bientôt et entament la lecture d’un ouvrage qui ressemble
curieusement à celui que nous avons en main. Tiens, tiens. Le décor est planté pour cette
histoire loufoque à souhait dans laquelle les chameaux se nourrissent de moules, les
manchots de mangues et les éléphants d’éponges qui leur donnent des maux d’estomac.
Les crevettes quant à elles dévalent les pentes neigeuses du Kilimandjaro mais ce sont
les chimpanzés qui portent des moufles. N’importe quoi !!
À moins que… Quand l’imagination prend possession de notre petite planète, gare à
celui qui ne sait pas regarder derrière lui les traces laissées par ses rêves. Hasard ou
prédilection ? C’est également d’animaux qu’il est question dans l’autre album de Julien
Martinière paru cet automne. Les crevettes y font place aux requins. Après avoir exploré
les forêts et les déserts, c’est au fond de l’océan que l’on plonge avec Max le Requin
repenti. Pas facile pour un requin d’honorer son effroyable lignée lorsqu’on n’aime pas
chasser. Et puis comment faire pour se nourrir ? Quand le secret devient trop douloureux,
il est temps pour Max de se laisser porter par les
courants à la recherche de sa véritable identité. Et de
découvrir qu’il est un requin pèlerin, une espèce tout
ce qu’il y a de plus inoffensive. Richement documentée
ou au contraire gentiment délirante, chacune de ces
deux histoires est l’occasion pour l’illustrateur de
déployer en grandes planches multicolores un univers
foisonnant dans lequel on se régale à chercher la petite
— et la grosse — bête.
clotilde deparday
Béatrice Egémar, Julien Martinière
N’importe quoi
thierry magnier éditions
32 pages – 13,5 €
isbn : 2844207863
octobre 2009
À lire aussi,
Max le requin repenti, Orphie, 2009.
Son titre l’indique, le roman de Philippe
Delepierre et de Bruno Vouters est un
livre de mémoire. Mémoire collective,
d’abord, parce que son action commence
avec la catastrophe de Courrières pour
se poursuivre pendant les mutineries de
la Grande Guerre et se déploie, pour une
grande part, au lendemain de celle-ci. Aux
morts de la mine répondent, comme un
écho sinistre et amplifié, ceux de 14-18.
Mémoire personnelle, ensuite, parce que
le héros, Alfred Berthier, a vécu ces deux
désastres : c’est un survivant. Rescapé de
la catastrophe du 10 mars 1906 (on sait
que ce mot, « rescapé », est entré dans
la langue à cette date), il tente, après
s’être dressé à demi-nu devant l’ennemi
et avoir été blessé, d’échapper à l’enfer de
la seconde guerre en simulant la mutité et
l’amnésie. Homme hanté, on le retrouve
à Paris, collectant les petites annonces
pour le Journal des Réfugiés du Nord, dans
l’atmosphère désolée de la gare du Nord
où, cet « orphelin des gares » aime errer
à la recherche d’on ne sait quoi. De lui
même, sans nul doute.
Devenu fantôme, Alfred Berthier a perdu
jusqu’à son nom puisqu’il vit sous le
pseudonyme d’Adam Hurtebise : Adam,
qui évoque la boue des tranchées (ce nom
désigne la terre en hébreu) ; Hurtebise, qui
est le nom de la tristement célèbre ferme
du chemin des Dames où il a été retrouvé
parmi les morts. Le seul fil qui le relie à
la vie, c’est la recherche de sa marraine de
guerre qui se révèlera, cruelle déception,
être une cocotte. La petite vie de la gare
du Nord se détache sur le fond des Années
folles que reconstituent les auteurs : autre
atmosphère ! On y est friand du procès
de Landru, le bien prénommé (Henri
Désiré !) ; on nous suggère d’aller voir
Colette danser nue (quelle aubaine !)
ou d’écouter chanter Damia ; on croise
Philippe Delepierre
Modigliani, l’artiste maudit, dans le Bruno Vouters
quartier du Montparnasse.
Philippe Delepierre et Bruno Vouters
Ce n’est pas l’une des moindres réussites
Le Cabaret des oubliés
de ce roman que de se fonder sur une
éditions liana lévi
documentation précise, présente aussi
362 pages – 19 €
isbn : 978-2-86746-533-8
dans l’évocation du pays minier où
février 2010
retourne, pour tenter de se retrouver, notre
héros au double nom : qui se souvient de ce
des profiteurs de guerre, à dénaturer les
qu’est le « pain d’alouette » ? Qu’est-ce qu’un
monuments aux morts qui prolifèrent afin
« carreau » portatif de dentellière ? On
de donner bonne conscience aux nantis, ou à
l’apprendra, à supposer qu’on veuille bien
coiffer les christs des calvaires d’un casque
suivre Berthier-Hurtebise à l’estaminet
de poilu tout en recouvrant le visage de
« Chez Al’fonse » où il devient homme à
la Vierge d’un masque à gaz, sans oublier
tout faire.
la contre-cérémonie qu’ils organisent pour
Le roman adopte la langue simple, mais
faire pièce à la bénédiction par les autorités
truculente et expressive, du petit peuple
de l’Église et de l’État, poète officiel à l’appui,
(Malherbe ne nous invitait-il pas à consulter
de l’ossuaire de Notre-Dame de Lorette. à
les crocheteurs du Port-au-Foin pour
protester, en somme, et à faire retentir, à
savoir ce qu’est le français ?). Y passent les
leur façon, leur petite voix.
silhouettes de pittoresques personnages le
Ce roman, s’il permet de comprendre, de
plus souvent portraiturés avec tendresse,
l’intérieur, l’anéantissement psychique, la
l’ami Léonard qui ressemble, avec son
douleur et l’amertume d’une génération
chapeau australien, à un « baroudeur retour
meurtrie par cet embrasement de la
des colonies », le colosse Helmut, allemand
pulsion de mort qu’aura été la Grande
évadé, et ses tours de force, Lucie Lecat,
Guerre, exprime surtout la rébellion face
extralucide, et sa boule de cristal, ou encore
à la destruction : l’énergie indéfectible
La Tuile (nom prédestiné), amputé des deux
de la vie et la force du rire. Car il
jambes mais toujours bien vert. Ce livre,
s’achève en apothéose sur des moments
pourtant, n’est ni nostalgique ni morose :
d’effervescence carnavalesque. Bref, on le
c’est un roman politique dont l’ambition
lit avec intérêt et avec plaisir, sans jamais
est de mettre en gloire, une fois n’est
se lasser : le lecteur, entré par hasard au
pas coutume, « tous les hommes, comme
Cabaret des oubliés, écoute les conteurs,
l’écrivait Jean Follain, qui n’ont laissé qu’un
Philippe Delepierre et Bruno Vouters, et,
pauvre nom, les nommés un tel et un tel »,
pour rien au monde, ne souhaiterait quitter
les oubliés ou les écrasés de l’Histoire. Et
les lieux, tant il y règne un parfum de vraie
leurs tentatives pour conserver leur dignité,
humanité, à la fois souffrante et joyeuse.
comme celles qui consistent à ficher des
gérard farasse
croix de bois (ô Dorgelès !) dans les jardins
TÉMOIGNAGE
De Kaboul à Calais Wali Mohammadi
Le cinéaste anglais Michael Winterbottom raconte dans In This
world l’odyssée du jeune Jamal qui part d’un camp pakistanais
pour rejoindre Londres par l’Iran, la
Turquie, Trieste et Sangatte. Philippe Lioret
dans Welcome montre à l’écran les efforts
d’un adolescent afghan pour embarquer en
direction de Londres et l’aide qu’il reçoit de
la part de Calaisiens. Le cinéma, dans ces
deux cas, s’inspire de la réalité, comme le
montre ce récit véridique où le journaliste
Geoffroy Deffrennes prête sa plume à Wali
Mohammadi qui, après la mort de son père,
torturé par les talibans, et celle de sa mère,
victime d’un attentat collectif, suit presque
© Bertini
toute emphase de cette poésie fortement
a(e)ncrée dans laquelle « la houille et le
genièvre s’embrasent d’une même pluie »
pour accuser la face sombre d’un pays où
pour certains l’étranger demeure « une
peste dont on se prémunit d’un bulletin
dans l’urne ou d’une oreille sourde » et
faire à rebours flamboyer « les aubes
fraternelles », « les grèves conquérantes
où chacun reprenait son nom ». Le dernier
mot reste à la brûlure.
DR
C’est une image très personnelle du Nord
où s’entremêlent ressouvenirs d’enfance,
matières concassées d’Histoire, flashes
hallucinés de sables et de terrils, placenta
rutilant de plantes, de légumes, d’animal
dépiauté, écornures du temps sur la rude
mémoire populaire, que Julien Delmaire
donne avec ce livre CD entrepris à
l’occasion d’une résidence de deux mois à
l’automne 2008, à Houdain, en partenariat
avec la Compagnie Générale d’Imaginaire
et la Communauté d’agglomération de
l’Artois.
Ceux qui, de plus en plus nombreux, se
penchent avec intérêt sur le travail de
ce jeune poète et apprécient, pour l’avoir
éprouvé sur scène, la formidable capacité
d’entraînement de son verbe, s’étonneront
sans doute à la vue de cette série de
petites planches statiques dessinant en
creux l’image d’un territoire à l’identité
fuyante, complexe, fantasmatique où « les
arriérés de pomme de terre », « la parade
des canaux », « les flaques de pisse crépitée
dans les bocks », une « coquille d’enfant
mort », font comme ils peuvent ménage
avec « des épluchures de béton », « des
téléviseurs » agrippant des « antennes de
lierre », « des horizons lie-de-vin », « des
tracteur(s) hémophile(s) »… Tandis qu’au
long de la chaussée Brunehaut, d’Arras
jusqu’à Boulogne-sur-Mer, comme le
rappelle Lucien Suel dans la belle préface
qu’il a donnée au livre, la Reine Brunehaut
entraîne toujours sa bruyante mesnie
« sous l’éclat des gyrophares ».
Tout cela donne aujourd’hui une
poésie fortement écarquillée à laquelle
l’utilisation systématique de la parataxe,
figure homérique par excellence,
confère une raideur puissante qui n’est
pas sans rappeler effectivement celle
de la gravure sur bois, cette technique
d’avant l’invention de l’imprimerie,
que la première moitié du XXe siècle a
su entièrement renouveler grâce,
notablement, aux artistes du Nord. On en
finirait pas d’ailleurs de citer les superbes
figures expressionnistes en noir et blanc,
à la Masereel, qui éclatent tout au long
de ces Xylographies, où « le fourneau
crachotant sa chique de boulets noirs »,
nous laisse « à la merci d’une goutte de
lait », tandis qu’ « une ruche abandonnée
garde sa reine en mémoire » et que « des
resquilleurs de brouillard adressent du
bout de leurs moignons des bouquets
d’anarchie ».
Peut-être alors que cette façon qu’aura
choisie Julien Delmaire de « conjuguer »
sans chercher jamais à le recoller « le
verre brisé de la mémoire », en laissera
t-il certains perplexes. Possible. Mais il
faudra bien reconnaître la visionnaire
empathie, la générosité dépourvue de
DR
¶ vie littéraire… parutions
Avec la collaboration de Geoffroy Deffrennes
Wali Mohammadi
De Kaboul à Calais
robert lafont
250 pages - 19
décembre 2009
le même parcours que le Jamal de Winterbottom : Pakistan,
Iran, Turquie, Grèce, Italie, France, et vit les mêmes aventures
périlleuses, où il affronte des passeurs, véritables marchands
d’esclaves, et des policiers à la poursuite des clandestins. Wali
finit par renoncer à Londres, s’installe d’abord à Calais grâce à
une famille d’accueil, puis à Lille où il suit des études. Lire De
Kaboul à Calais, c’est s’informer à propos des guerres perpétuelles
de l’Afghanistan et des conséquences tragiques de celles-ci sur
l’état du monde (à la fin du récit, il y a onze pages d’annexes sur
l’Afghanistan) ; c’est aussi admirer l’obstination que met Wali à
retrouver la liberté et la dignité, ainsi que l’héroïsme discret que
manifestent ceux qui aident les clandestins.
€ - isbn : 9-78221-114131
paul renard
5
¶ vie littéraire… parutions
Roman
Chronique
Sur quatorze façons
d’aller dans le même café
Benoît Caudoux
DR
françois annycke­
Benoît Caudoux
Sur quatorze façons
d’aller dans le même café
léo scheer
17 €
isbn : 2756102237
février 2010
Photographie
© adele blackbush
Jacques-Henri Michot
Comme un fracas
al dante éditions
389 pages - 20 €
isbn : 978-2-84761-972-0
aôut 2009
François Annycke
Paysages miniers
Sophie Deballe
Auto-fiction, essai
Quelques secondes suffisent à voir frémir
ces gris, ces noirs, ces blancs comme des
éruptions singulières. Une nouvelle vie
s’éveille que l’œil plus attentif découvre.
Débarrassées de toute anecdote, les
images de Sophie Deballe racontent cette
mue des terrils ; des monts noirs colonisés
peu à peu par une coulée verte.
En 2008, dans Terre, traces et défilement, la
photographe lilloise Sophie Deballe avait
exposé ses clichés de terrils au Centre
historique minier de Lewarde. L’artiste a
poursuivi ses pérégrinations solitaires de
l’autre côté de la frontière sur les pentes
des terrils de Wallonie, photographiant
fouillis végétaux, fumerolles fugitives,
affais­sements, ramifications, frêles
bouleaux, sillons habités par une végé­
tation naissante… Un travail sur la dualité
consacré à la transformation des paysages
du bassin minier et remarqué par le
Conseil Régional du Nord - Pas-de-Calais
qui lui a accordé une bourse à des fins
d’édition. Le Centre historique minier, le
Bois du Cazier à Marcinelle et le Centre
régional de la photographie de Douchyles-Mines se sont associés pour réunir,
dans Paysages miniers, soixante-quatre
images en noir et blanc, prises entre 2006
et 2009, dans le bassin minier Nord - Pasde-Calais et dans les bassins de Charleroi
et du Borinage.
Livrer sur les terrils un point de vue
différent loin des images documentaires,
poser un regard contemporain, sur les
traces et mémoires liées à l’histoire
du territoire, voilà le sens du propos de
Sophie Deballe entamé en 2006. Une
démarche destinée à montrer le côté
mutant de ces montagnes de déchets de
l’industrie minière, si familières que
l’on ne les voit plus. L’auteur privilégie
ici le noir et blanc, l’usage des formats
carrés (6x6) avec une focale fixe, et fait le
choix de l’argentique pour l’intensité du
grain. D’un terril à l’autre, la succession
de paysages dramatisés est là pour
témoigner que le passé a passé et pour
affermir l’effacement de l’homme par
une inexorable colonisation végétale.
L’image interroge. Ses paysages miniers
vivent de profondes dichotomies, oscillant
entre lignes de force abstraites s’étirant,
jusqu’à l’épure, et foisonnements inex­
tri­cables. Ces oscillations entre des
états intermédiaires introduisent un
temps de suspension, une tendance à
l’éclaircie où le désir d’une préhension
se fraye un passage au sein d’un monde
étrange appréhendé à la manière d’un
Lee Friedlander, par fragments. Dans
cette perte d’identité du sujet, les choses
émergent à la surface, rendant le paysage
insaisissable. De là, naît le sentiment
d’une surréalité où se dissolvent ces états
d’apparence contradictoires que sont le
réel et l’indistinct.
On peut toutefois regretter que ce livre de
photos ne soit pas accompagné d’un bon
texte, qui permettrait pas de percevoir
comme une cristallisation entre les
images, les légendes, le papier... Paysages
miniers propose néanmoins une relecture
abstractionniste et unique de ces icônes
emblématiques de l’Histoire appelés,
via l’UNESCO, à intégrer le patrimoine
mondial de l’humanité.
Sophie Deballe
Paysages Miniers
Préface de François Robichon
édition du centre historique minier
ouvrage réalisé avec le soutien de la région nord – pas-de-calais
80 pages - 29 € - isbn : 978–2–915507–05–8 - novembre 2009
virginie thailly
Amantine Amandine Barnabé Mons
Le Retour du prince Roberto Scarpinato, Saverio Lodato
Créées l’an dernier par Elisa Bozzelli, les
éditions Elise Castel viennent de publier
leurs deux premiers titres, un roman aux
teintes autobiographiques, Amantine
Amandine, et la traduction d’un livre
d’entretiens avec le juge antimafia sicilien
Roberto Scarpinato, Le Retour du prince. La
criminalité des puissants d’Italie.
à l’origine de cette structure éditoriale, il y
a, en 1997, la découverte de Lille – grâce aux
échanges universitaires Erasmus – par une
étudiante italienne en philosophie qui s’y
installe deux ans plus tard. Au terme d’une
décennie, Elisa Bozzelli fonde avec une
poignée d’amis l’Association Sakina (mot
arabe signifiant « sérénité ») d’où sont nées,
il y a quelques mois, Elise Castel éditions.
Sous ce nouveau label installé dans une
artère commerçante d’Hellemmes viennent
de paraître deux ouvrages reflétant un
DR
6
du café, de l’appartement, du macadam
pour aller au-delà et en-deçà des lieux,
pour interroger notre rapport quotidien
au monde, qui n’est jamais acquis, et lui
donner le charme d’une marche rêveuse en
pays surréaliste.
« J’inscris mon sens profond (j’inscris
tout mon système et celui de toutes
choses) dans la lente et discrète mais
totale maîtrise d’un pas de calligraphe. »
Entre petites scènes ordinaires, pépites
absurdes et tranches de poésie, se déploie
l’univers d’un auteur en pleine maîtrise de
son foisonnement.
L’image de couverture représente bien le texte : une volute de fumée qui dessine
un chemin mais ne dédaigne pas les circonvolutions, les voies de traverse, les
transparences pointillées. Mais cette image presque veloutée se heurte au titre
tonitruant : Comme un fracas. Fracas du monde, chaos des armes, évidences de
logiques assassines, absurdités des haines… Au cœur de sa solitude, JacquesHenri Michot sonde les ombres des hommes et y mêle les bris de sa propre vie,
fracassée sur les rochers de faits divers abjectes, de réalités historiques intolérables, de politiques inhumaines, de
libéralisme outrancier. L’ensemble, écrit sous la forme d’un journal, crée un objet littéraire assez unique où ressortent
les figures de la résistance aux dominations et aux aliénations (que ne renierait pas Alain Badiou), tels Spartacus, Rosa
Luxembourg, les musiques de Haydn et de Sonny Rollins, les films de Chaplin, Godard, Truffaut.
Continuité des fracas, permanence des révoltes politiques et artistiques. Puis, au détour d’une ligne, en petit, l’auteur
avoue à une femme son amour, informe du temps qu’il fait, réfléchit sur sa consommation de whisky et de cigare, sur
sa pratique d’écriture : « quelque chose en moi de lourd de morne d’éteint / sentiment d’une écriture pour rien / ou
presque ». La mort émaille également le texte, celle de personnages illustres ou d’amis, la sienne aussi, en creux. Des
citations en français ou en d’autres langues font écho à ses pensées, ouvrent des perspectives, tracent de nouveaux
chemins. L’occasion de rappeler qu’il fut professeur de littérature comparée, d’histoire du jazz et de théâtre brechtien
à l’université de Lille III. D’ailleurs, ce kaléidoscope professionnel ne manque pas de cohérence avec ses livres qui
pourraient être qualifiés de cubistes, la réalité du monde y étant disséquée en multiples facettes, collages, brisures. Un
fracas bruyant, sonore, et en tête ce mot d’ordre, signé Paul Valéry : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! »
DR
Au départ, les choses semblent acquises,
stables, sûres. « Je sors de chez moi, je
traverse un peu de ville et je vais au
café ». C’est mathématique : soit un point
d’origine – chez lui –, un point d’arrivée –
le café –, et la ligne qui les relie. Mais si la
mathématique est imparable, la littérature
l’est moins.
Car, entre ces deux extrémités, qui
bornent le texte, se révèle toute l’épaisseur
de l’imaginaire, de la fantaisie et de la
réflexion. « C’est ce renouvellement de
l’espace, le café. Sans lui pas de dehors,
pas de rue, pas de ville ; pas de chez-moi
non plus. Voilà ce qui m’intéresse. Voilà
ce qui me sauve. » Les figures attachées
habituellement à ces lieux sont évoquées,
mais sans faire du texte un exercice de
style. Les clichés sont posés là, aux côtés
des clients avec qui le narrateur engage
parfois la conversation « dans les limites
de la presse quotidienne ». L’ordinaire est
constamment renouvelé, jamais acquis.
Le narrateur va au café tour à tour en
habitué, en étranger, en Claude, en gnou,
en écureuil, en philosophe, en arbre, en
maître, en idiot, en bonnet de laine, en
fossile trilobite russe, en slip bulgare…
Ces cheminements, qui rappellent les
livres précédents de Benoît Caudoux,
re­dessinent le monde en aventures bur­
lesques et géographie intérieure. On y
retrouve toute la difficulté du rapport à soi
et à l’autre, craint et désiré, cette distante
proximité sans cesse interrogée : « Je ne
dois pas les laisser trop s’éloigner de moi ni
trop m’éloigner d’eux ». Dans cette faille,
toutes les histoires sont envisageables.
« Je pars dans tous les sens mais j’irai
jusqu’au bout. Et je pourrais écrire
jusqu’aux bouts, au pluriel : mais non. Car
je sais qu’il n’y a qu’un bout à tous les sens.
Autant dire que j’irai au centre, dès lors…
et dire même ceci, pour être cohérent :
j’arrive de tous côtés ». Cet extrait de
Géographie s’applique également à ces
Quatorze façons d’aller dans le même café :
ça déborde largement et généreusement
Comme un fracas
Jacques-Henri Michot
désir de fonctionner par coups de cœur
tout en intervenant sur le terrain des idées.
Le manuscrit d’Amantine Amandine, par
exemple, le premier livre de Barnabé
Mons, 34 ans, chanteur et leader du
groupe rock psychédélique, Sheetah & Les
Weissmullers, Elisa avoue l’avoir lu dix
fois de suite, sans se lasser. Elle le publie
aujourd’hui sous une sobre couverture
noir et blanc ornée du logo très stylisé
de la maison qui représente un profil
mi-humain, mi-félin, au choix. Belle carte
de visite, au demeurant, puisque ce bref
texte de 35 pages – mais combien tendu
et dense – s’impose par la maîtrise de son
écriture sur un terrain hyper glissant où
des écrivains autrement chevronnés que
Mons se sont cassés la figure : celui du coup
de foudre amoureux et passionnel, mixte
d’excès et de déglingue relaté à la première
personne. Ce n’est qu’à leur troisième
rencontre – à plus de cinq années
d’intervalles – que le narrateur et
Amandine, « blonde décolorée en
santiags vertes, minirobe et
lunettes mouche » entament une
relation qui, vu leur personnalité,
sera évidemment borderline. Au
menu : cigarettes (surtout lui), alcool
(surtout elle), pétards et musique.
Un tel programme aurait pu
déboucher sur une déferlante trash
dans un parlé branchouille. Or il
n’en est rien, Amantine Amandine
est un vrai beau récit littéraire, plus
romantique que désespéré – ou que
désespérant – malgré le tragique qui
Barnabé Mons
pointe son nez au détour de chacune de
leurs étreintes.
Avec son deuxième livre, Le Retour du
prince. La criminalité des puissants d’Italie,
traduction d’un entretien entre Roberto
Scarpinato et Saverio Lodato, journaliste
au quotidien L’Unita, l’éditrice s’aventure
sur un tout autre terrain. Scarpinato est en
effet, avec Falcone et Borsellino, assassinés
respectivement en mars et juillet 1992,
l’un des plus célèbres et combatifs juges
antimafia d’Italie. Retraçant l’histoire
de la Cosa Nostra depuis la deuxième
moitié du XIXe siècle jusqu’à l’opération
« mains propres » lancée au début des
années 1990, le magistrat palermitain, qui
vit aujourd’hui sous protection policière,
revient sur certaines affaires récentes
comme les procès de Giulio Andreotti ou de
Marcello dell’Utri, un proche de Berlusconi,
jugés pour complicité mafieuse – l’un
est sénateur à vie, l’autre en prison. Et
il démonte un système reposant sur la
corruption et la violence, une criminalité
en cols blancs, faite d’élus, de notables et
d’entrepreneurs, en partie protégée par le
système médiatique.
michel paquot
Roberto Scarpinato et Saverio Lodato
Le Retour du prince. La criminalité des puissants d’Italie
Traduit de l’italien par E. Bozelli
elise castel éditions
février
2010
Barnabé Mons
Amantine Amandine
elise castel éditions
35 pages -10 € - isbn
octobre
2009
: 9782953468700
7
vie littéraire... Les dieux sont à cran ¶
Essai
DR
¶ vie littéraire... parutions
Poésie
L’Enfant
Le Paysage immobile
du carnaval Jean Le Boël
Stéphane
Audeguy
gallimard
136 pages - 19,30 €
Isbn : 978-2-07-012320-9
2009 Charles Pigault-Lebrun
(1753-1835), par ses romans
et pièces de théâtre, obtint un
grand succès de son vivant,
fut ensuite lu avec plaisir par
Balzac, Thackeray, Flaubert,
puis sombra dans l’oubli.
Le romancier Stéphane
Audeguy, auteur de La
Théorie des nuages (2005),
ressuscite, avec érudition et
distinction, ce « fantôme »,
dont il retrace la vie
picaresque et dont il analyse
les œuvres où s’exprime
un matérialisme roboratif,
dans une forme éclatée qui
reflète les « bigarrures de
l’esprit humain ». Stéphane
Audeguy attache une grande
importance à L’Enfant du
carnaval, roman dont il cite
de longs extraits et dont
certaines scènes se passent à
Calais, où naquit l’auteur. Il
nous apprend aussi que le frère
de Pigault-Lebrun, Gaspard,
qui mourut à Calais en 1838,
publia un roman gothique et
un roman épistolaire. Audeguy
ne se contente pas d’évoquer le
passé, mais il lance des pistes
de réflexion toujours actuelles,
sur les caprices de la mémoire
littéraire, sur l’engagement
des écrivains dans la vie de
la cité (Pigault-Lebrun prit
parti pour la Révolution
française). Après la lecture
de cet ouvrage, qui fait suite
à une résidence de Stéphane
Audeguy à la Villa Yourcenar
et qui bénéficia d’une bourse
du conseil général du Nord,
on peut dire comme l’auteur
à propos de Pigault-Lebrun :
« j’ai été ravi de faire sa
connaissance ».
paul renard
8
s’a p p a r e nte
aussi à un jeu,
fruit
d ’une
immense liberté
lexicale. Le Boël écrit d’ailleurs : « Le poème
donne voix/à ce que les mots étouffent/(...) il
ne connaît de loi que de fantaisie et de fugue/il
confond les genres et l’avant et l’après/il rit de
tout et tous rient de lui/mais il est main dans ta
main ». Ces poèmes souvent complexes, toujours
d’une scansion magnifique et puissante,
emportent le lecteur par leur rythme envoûtant,
et le renvoient à lui-même, à des choses vues,
vécues, ressenties. Ou à rien de tout cela, au
seul plaisir des mots, de leur combinaison,
juxtaposition, accointances pour en tirer un
sens nouveau.
michel paquot
Jean Le Boël
Le Paysage immobile
éditions henry/les écrits du nord
78 pages - 10 € / isbn : 978-2917698198 / janvier 2009
ROMAN JEUNESSE
Angèle, ma Babayaga de Kerménéven
Richard Couaillet
DR
Stéphane Audeguy
L’Enfant du carnaval
Les poèmes réunis dans ce recueil, Le Paysage
immobile, se déploient dans plusieurs directions,
couvrant l’éventail des passions, étonnements,
intérêts ou sujets de réflexion qui constituent
l’être humain. Dans le cas présent, Jean Le
Boël. Si l’entrée est résolument politique :
« et désormais/trop d’humains/la part moins
belle/à chaque matin », rapidement le poète se
recentre sur la nature et les paysages (véritable
fil conducteur de l’ensemble), sur notre chemin
dans l’existence et sur notre présence au monde.
Dépourvues de majuscule et de ponctuation,
les strophes en vers libres, parfois très brèves,
modèlent un autoportrait morcelé de leur auteur.
Un autoportrait pudique, car protégé par les mots
et leur agencement, et pourtant impudique car il
révèle les sentiments profonds du scripteur.
Mais si la forme poétique traduit une émotion,
une sensation, une pensée qui vient s’immiscer
dans l’âme du lecteur, toucher sa sensibilité
sans passer par sa raison raisonnante, elle
Une semaine de vacances
chez Mémère Angèle, c’est
« l’apocalypse de tous les
étés », pour Nathanaël, 11 ans.
Une semaine qu’il traverse
en apnée, en se plongeant
dans le sommeil et la lecture
pour éviter de rencontrer
son démon. Il faut dire que
Mémère Angèle n’a rien de la
douce grand-mère de conte
de fée. La sienne est une
force de la nature, avec une
grosse voix et des mains
comme des battoirs. Aussi,
depuis tout petit, Nathanaël
redoute le moment où il faut
rendre visite à la « mémoire
de la famille », comme le
dit sa mère. Pire, elle est
devenue l’objet de ses terreurs
nocturnes, sa Babayaga.
Figure de la mythologie slave,
cette vieille sorcière cruelle
a trouvé sa sœur jumelle
dans ce petit village breton.
Mais un jour, la terrible
Mémère Angèle s’écroule au
beau milieu d’une rangée de
carottes, alors que Nathanaël
l’aide au jardin. Tandis qu’on
la transporte à l’hôpital, le
jeune garçon est envahi par
la culpabilité : n’est-ce pas lui
finalement qui lui a jeté un
mauvais sort, en projetant sur
elle ses angoisses ? Le jeune
garçon sent que lui seul peut
la sortir du coma dans lequel
elle a sombré. D’autant qu’en
fouillant dans la grange, il a
découvert le secret de cette
grand-mère peu ordinaire…
Dans cet attachant petit
roman, Richard Couaillet
explore avec délicatesse les
peurs enfantines. Celle de
la mort, celle des monstres,
mais aussi, en filigrane celle
de la sexualité des parents,
que l’enfant surprend sans
comprendre un après-midi sous
les draps. Car pour l’auteur,
pas de tabou en littérature
jeunesse. « Raconter met de
la distance. Il y a une pudeur
de la fiction. Et du moment
que le personnage tient, on
à lire aussi, Angélique boxe, Actes Sud Junior, 2007.
peut explorer énormément
de choses ». C’est vrai qu’il a
du cran, ce petit bonhomme
qui, en un été, va devenir un
petit homme. à l’image de
son premier roman, Angélique
boxe, Richard Couaillet
accompagne ses personnages
dans leur découverte de la vie,
heureuse ou malheureuse, dans
une version contemporaine du
roman d’initiation.
Ce professeur de français
d’un lycée de Douai explore
aussi le statut de l’écriture.
L’histoire est en effet racontée
à la première personne, sous
la forme d’un journal intime,
mais les jeunes lecteurs
découvriront à la fin du livre
que c’est en fait Nathanaël
adulte qui retranscrit son
carnet, disparu dans un
déménagement. Un procédé qui
permet à l’auteur d’analyser
plus finement les sentiments
du personnage. « J’utilise
l’écriture comme un filtre. Cela
me paraît plus intéressant que
l’aspect tronqué d’une histoire
racontée par un enfant. Ça, cela
plaît surtout aux parents ! »
marie-laure fréchet
Richard Couaillet
Illustrations d’ Anne Laval
Angèle, ma Babayaga de Kerménéven
éditions actes sud junior
128 pages - 7 € - isbn : 9782742785490 / octobre
2009
Rétro-viseur
en position nuit
L’
an de grâce 84. Mille neuf cents après
J.-C. Extérieur nuit avec étoiles d’août.
Quelque part en Gohelle. Ils sont
quatre. Peut-être trois ou cinq, mais en
paraissent quatre, comme ceux de Milady. Il y
a là le seigneur Pierre Vaast-en-guerre, le noble
Hervé dit le sage, le preux Jean-Pierre Nicol. Le
Bernard des Marais n’est pas loin, pas plus que
le Jean-Claude du Bois d’absence… Ils ont en
commun d’avoir croisé le fer de la plume sur les
steppes glacées du papier.
Un soir, à l’ombre d’une antenne audomaroise,
ils ont parlé de ce qui les anime, la poésie !
Quelques lunes plus tard, ils se retrouvent et
scellent un pacte : s’engager à parler d’elle,
« mine de rien », dans un journal « mini, mini
qui n’aurait pas la grosse tête », un journal « un
peu râleur sur les bords » . Pour tout viatique,
chevaliers sans arme ni bagage, ils ont une
vieille Gestetner, le duplicateur des révolutions
d’hier.
Les voici lancés dans cette folle aventure sous la
bannière exotique du rétro-viseur, en deux mots
avec un tiret : « Rétro : pour le petit coup d’œil en
arrière, le passé récent [….]. Viseur : pour l’avenir
proche, quelques informations bien ciblées, pour
la mise en relief d’un poète digne de ce nom
(1) ». Il y a un sous-titre qui sent encore son
cheval vapeur : Rétro-viseur ou l’auto-censure…
Les 150 exemplaires du premier numéro format
10x15 sont encrés à la St Guillevic, expédiés à
la St Cadou. On y donne rendez-vous au Salon
Images et mots de Villeneuve d’Ascq ou sur Radio
Banquise à… Isbergues bien-sûr !
En 1984, Johnny n’a que 40 ans, Michaux s’éteint
et Orwell vogue sur un nuage. C’est loin, 84 ! Nos
mousquetaires, eux, sont partis à l’assaut de
leurs rêves de poésie, de leurs enthousiasmes,
de leurs coups de cœur. Ils ne savent pas que
leur voyage durera 25 ans, en 114 étapes. Les
voici revuistes maintenant. Ils jouent des
coudes dans le paysage, se glissent auprès
de Froissart, d’Horizon 21, se battent
pour obtenir quelques subsides ou des
tarifs postaux préférentiels : « Poètes,
poèteux, Rétro-viseur vit des heures
difficiles, tragiques, désespérées. »
Fausse alerte, RV va de l’avant. « On sollicite
mon avis. J’hésite. Les textes sont insipides et
maladroits. Le dilemme : dire aux gens ce que
valent leurs écrits au risque de les blesser ou bien
les induire en erreur. Tous espèrent en secret un
encensement en bonne et due forme. Je multiplie
les conseils comme à regret : l’intransigeance
irrite et l’exigence désespère. »(3) Dans la même
veine, Pierre Vaast distille quelques conseils à
un jeune revuiste et Jean-Claude Dubois livre
son service de stress.
Au n° 50, une petite annonce témoigne que la
revue est désormais bien établie : « A vendre la
dudu à manivelle, celle des temps héroïques ».
Pour le dixième anniversaire, on en est au n° 55,
le format évolue (28x18) et la périodicité passe de
bimestrielle à trimestrielle. Extrait de l’éditoto :
« Tout ce beau travail d’orfèvre, c’est quand
même l’Hervé la cheville ouvrière. Il a planché
des mois et des mois. La moindre illustration :
2 jours à batailler avec les logiciels…» Ils sont
loin d’imaginer, nos revuistes, que d’autres
combats les attendent, que sous leur étendard
le vent de la révolte soufflera bientôt pour
dénoncer certains prés carrés installés pour
l’éternité… Plus douloureux encore et à venir :
les trahisons, les séparations, les ruptures, les
deuils.
Nous voici à la cent quatorzième station. La
dernière. RV a mis un point final à ses aventures.
Il les retrace brillamment dans sa dernière
livraison. Inutile d’en ajouter. Simplement un
mot : chapeau les gars ! Vous avez gardé tout
au long de ces 25 ans la passion, l’humour, le
bonheur de faire partager ce qui comptait le
plus pour vous et qui avait pour nom Poésie.
Cadou disait de l’école de Rochefort qu’elle était
plutôt une cour de récréation. Nous, on reste
là sous le marronnier à regarder le silence, à
écouter vos rires dans notre tête. En attendant
la nuit « où le sommeil a beau mettre en tas
tous ses cailloux, on ne parvient à rien d’autre
qu’à s’asseoir dessus, et à attendre, puisque
c’est toujours sur un quai, que la mer est noire
à perte de vue, et qu’on ne peut pas lui tourner
le dos(4) ».
Grand dieu, il y a vraiment de quoi être à cran.
robert louis
Rien ne lui est épargné pour l’abattre, lui
faire mordre la poussière, les forces occultes
du mal se sont liguées contre lui : j’ai pas
obtenu le certificat d’inscription à la
Commission paritaire des publications de
presse… Pour sûr ils m’ont pris pour un
rigolo ! Interdiction de sortir de la norme !
Ben quoi alors comme si la Koultour elle
passait pas par ces centaines de revues
poétiques qui sillonnent la France(2) ! »
(1) n° 4, mars-avril 1985 (2) n° 9, janvier-février 1986. On s’abonne un
an contre dix timbres à 2,20 Frs. (3) Alain Lemoigne, n° 45, 1992 (4)
Jean Loup Fontaine (1947-1993)
9
¶ vie littéraire
Les revues en revue
Les Cahiers Robinson
n° 26, 2010, Imaginaire des anges et
des superhéros dans la bande dessinée
Expression du XXe siècle, la
bande dessinée s’affirme par
sa plasticité et sa digestion
des productions télévisuelles,
des arts photographique
et cinématographique. Les
illustrateurs jouent des codes
génériques ou de l’imagerie
populaire. Ils offrent un regard
quasi sociologique sur notre société
bureaucratique calquée sur celle
des dieux, ou l’inverse.
Les études proposées ici balaient
une centaine d’albums. Ces
derniers, s’inscrivant dans l’histoire
de la bande dessinée, de ses
genres et codes et dans l’histoire
du XXe siècle, relèvent des univers
d’auteurs tant par leur style
graphique, la structuration des
planches que par leur imaginaire
propre. Dans des styles fort
différents, ils interrogent la
rencontre, la monstruosité, les
traumas, la réalité, la religion,
les corps fantasmés et l’érotisme,
les représentations, la justice,
la création… Présenté de façon
pédagogique, ce catalogue
raconte l’origine des anges et
des superhéros, et explore les
multiples avatars, transfigurations,
métamorphoses d’anges masculins
ou féminins, de superhéros
puissants mais aussi vulnérables et
troublés.
Articles de Jean-Marc Vercruysse,
Jean-Paul Jennequin,
Fabienne Dorey, Isabelle RousselGillet, Anguéliki Garidis,
Georges A. Bertrand,
Danièle Henky, Harry Morgan,
Sébastien Hoët, Jean-Pierre
Thomas, Benoît Buquet,
Daniel Thurre.
Issn : 1253 6806 / 16 ¤€
http://www.univ-artois.fr/cahier_robinson/
écrit(s) du Nord
n° 15-16, janvier 2010
Ce numéro interroge, comme les
deux parutions précédentes, la
genèse du texte, de l’émotion
initiale aux différentes étapes de
l’écriture.
Une partie Poésie accueille les
contributions de Pierre Dhainaut,
Marie-Claire Bancquart et
Lionel Ray. Le chapitre Nouvelles
et récits, propose des textes de
Sandrine Berthe-Progredi,
10
Carole Dailly, Christophe Esnault,
Chantal Henkens, Thierry Lafaix,
Anne Noblot, Eva Nouri,
Catherine Saint-Honoré,
Christian Zimmermann.
Editions Henry
Isbn : 978-2-917698-46-4 / 12 ¤€
http://www.editionshenry.com
L’Estracelle
n°3-4 février 2010
La parole est donnée aux
adhérents. Tout est possible...
Leurs poètes préférés, leurs coups
de coeur, leurs billets d’humeur,
leurs indignations...
Suite au succès du précédent
numéro de l’Estracelle consacré aux
Mines du Louvre, La Maison de la
poésie a publié un livre éponyme
relatant le projet et compilant les
écrits produits dans ce cadre.
Maison de la Poésie Nord – Pas-de-Calais
Issn : 1166 1031 / Gratuit
http://www.maisondelapoesienpdc.fr/
Galaxies
Galaxies est une revue littéraire
consacrée à la science-fiction
publiée par « l’Association d’Aide
aux Auteurs ». Elle paraît quatre
fois par an. Elle publie des textes
inédits ou des traductions inédites
d’écrivains confirmés français et
étrangers, ainsi que des articles de
fond, des dossiers et des critiques
de livres.
n° 7, décembre 2009
L’Amérique latine n’est pas
seulement un autre continent,
c’est un peu aussi une autre
planète, ou pour mieux dire : le
meilleur des modèles jusqu’ici
rencontré de ce que pourrait être
l’étrangeté de la découverte d’une
autre planète. Comment écrire
de la science-fiction quand on vit
dans un archétype science-fictif ?
C’est la question que Galaxies
a posée à Jacques Fuentealba
qui a a confectionné le dossier
du trimestre sur la SF latino.
Second point fort de ce numéro
d’hiver, une interview de Martin
Winckler, ses quatre derniers livres
chroniqués, et une nouvelle écrite
spécialement pour Galaxies.
à découvrir également, Neil
Gaiman, Ian Watson, Roberto
Quaglia, Fabien Clavel... Et la
couverture réalisée par Guillermo
Romano, depuis Buenos-Aires.
Issn : 1270-2382 / 11 ¤€
www.galaxies-sf.com
Géante rouge
n° 16 / 17 janvier 2010, « Autre temps »
Géante rouge est une revue de
science-fiction consacrée à la SF
francophone actuelle. Fanzine au
départ, elle garde cet esprit tout
en cherchant à offrir à ses lecteurs
des textes et une impression de
qualité.
Le numéro double 16 / 17 rassemble
douze textes produits à l’issue
d’un atelier d’écriture virtuel : le
PUAT. Celui-ci est né au tournant
des années 90. L’acronyme vient
du premier des thèmes traités :
Pour une autre terre, manière
d’hommage à Van Vogt. Les
textes réunis ici viennent du
troisième PUAT. Ils constituent le
résultat d’une expérience, ils ont
permis à chacun de leurs auteurs
de se frotter aux autres. On y
reconnaîtra l’un ou l’autre nom
devenu depuis plus connu…
éditions répliques
Issn : 1778-011X / 10 ¤€
http://page-sf.monsite.orange.fr
Graphè
n° 19, mars 2010, Le Livre de Jonas
Le Livre de Jonas, que l’on range
traditionnellement parmi les
écrits prophétiques de l’Ancien
Testament, est un récit postexilique qui relève de plusieurs
genres littéraires. Il s’apparente
au conte et à la parodie tout en
mêlant des accents romanesques.
L’auteur, resté anonyme, use avec
bonheur d’humour et d’esprit
satirique au point de faire de
Jonas, le héros de la narration,
une caricature du prophète qui
conduira Bachelard à parler du
« complexe de Jonas » avec en
filigrane la question de la vocation
et de l’engagement. Jonas est-il un
homme responsable ?
Malgré sa brièveté, Le Livre de Jonas
a connu une grande postérité et
s’inscrit dans une longue histoire
de l’interprétation.
Dans une démarche intertextuelle
et pluridisciplinaire, cette nouvelle
livraison porte d’abord sur le livre
biblique lui-même et concerne
ensuite les relectures littéraires,
philosophiques et artistiques que
l’histoire de Jonas a pu susciter
au fil des siècles dans le monde
occidental.
Directeur de la rédaction :
Jean-Marc Vercruysse. Articles de
André Wénin, Claude Lichtert,
Brigitte Donnet-Guez, Régis
Courtray, Anne-Sophie Durozoy,
Jean-Michel Rietsch,
Natacha Salliot, Marie-Christine
Gomez-Géraud,
Marie-France Monge-Strauss,
Anne-Gaëlle Weber,
Linda Rasoamanana,
Gaëlle Guyot-Rouge, Lydie Laroque,
Serge Martin.
Isbn : 9 782917 550007 / 14 ¤€
http://www.univ-artois.fr/graphe/
Belgique
Le Carnet et les Instants
n°159 hiver 2009 2010, Petite
météorologie littéraire
C’est sur la météorologie
en littérature que se porte
naturellement le dossier de ce
numéro d’hiver. L’édito aborde
quant à lui la littérature des
vaincus : style, compassion,
authenticité. Côté rencontres,
Jean-Pierre Verhenggen livre ses
chemins de création, Laurent de
Sutter, parle de son travail au sein
de la collection de petits essais
« Travaux pratiques » aux Presses
universitaires de France, et
Liliane Wouters revient sur ses
livres.
Deux hommages sont rendus,
à René Henemout, décédé en
septembre, par son ami Bernard
Gheur, et à James Ensor, au travers
de l’exposition au Musée d’Orsay et
par la réédition de ses écrits. Sont
également racontés, les débuts
littéraires de Pierre Mertens,
réédités aujourd’hui, le texte
« sacré » Yossel Rakover s’adresse à
Dieu, la correspondance entre
Loup Mayrisch et Marie Delcourt...
Sans oublier une enquête
captivante sur le quotidien des
écrivains durant la période qui
sépare la publication de deux
livres.
Abonnement gratuit.
Communauté française de Belgique, Service
de la Promotion des Lettres
http://www.promotiondeslettres.cfwb.be/
La Nouvelle revue
moderne
n° 25, automne 2009, La Page poésie
Les contributions de ce numéro
semblent vouloir se répartir entre
une face solaire et souriante et une
autre plus sombre. Hervé Merlot
est sur la face souriante et rend
hommage à Gerry Locklin, écrivain
et poète californien traduit ici par
Eric Dejaeger. « Dites-le avec des
fleurs », nous dit Olivier Salon,
membre de l’Oulipo, et il nous
en offre à profusion. Reine BudPrintems est tentée de passer de
l’autre côté du miroir ; Flanjou,
Jacques Abeille et Annick Forshew,
nous livrent des textes hantés
par le fantastique, tandis que
Marie Groëtte évoque d’anciens
cauchemars, liés à des images de
violence portées par le cinéma.
Analyste ironique des « états
généreux de l’âme », Annie Wallois,
joue sa Daphné, s’imagine tel
un arbuste dissimulé au cœur d’un
bosquet et avoue finalement :
« Je préfère disparaître dans un
brin d’herbe ». Alfonso Jimenez
et Mimosa, enfin, jouent avec
nos repères et débordent les
cadres habituellement assignés à
l’écriture. Changer l’imaginaire,
ainsi que le voulait Borges,
n’est-ce pas l’enjeu à la fois
dérisoire et grandiose de La Page
poésie ?
Issn : 1632-1081 / 6 ¤€
http://nouvellerevuemoderne.free.fr/
Passages
n° 18 automne 2009, Prioritaire/
Priority
Sous une couverture d’Andrew
Topel, ce numéro démarre avec
la suite des évangiles BleuNuit de
Christian Edziré Déquesnes, de
longs textes inédits de
Jean-Luc Galus, Le Dernier mot de
D.Gest, Lucie ou le bel automne de
Victoire Perdrot, la suite de La
grande fille d’Ivar Ch’Vavar, Le Retour
du Petit théatre de Pascal Lenoir avec
la complicité d’Alan Turner,
la suite de Ivraie de Bernard Barbet
qui récidive aussi l’un de ses collages
La voix du mort, un nouveau venu
Stif Mouketinnet avec Je m’a rendu
ed mi même a chl’opital psch’tikiatric...,
et s’achève avec le n°2 de Francis
Bacon Célébration par S.O.D.A. 09.
Le supplément Ré-apparitions est
consacré cette fois-çi à l’ami du Cri,
Alain Marc, avec un long poème
Solitude.Le numéro 19 de janvier
2010 se nomme Chambre 1019 ;
il est consacré à la correspondance
de Christian Edziré Déquesnes, alors
qu’il était hospitalisé, avec Jennifer
Abell, Alain Marc,
Jean-Luc Galus, Ivar Ch’vavar,
Cécile Richard, Charles Pennequin,
Guy Niole. Le supplément
Ré-apparitions, confié à Philippe
Lemaire s’intitule Rue des FillesDieu.
Issn : 1955 8147 / 5 ¤€ / [email protected]
Roman 20-50
n° 48 décembre 2009, Pierre Michon,
La Grande Beune, Trois auteurs et
Abbés
Pierre Michon parcourt les siècles à
grandes enjambées.
S’il commence par explorer sa
mémoire familiale en mêlant au
fil de sa vie les rumeurs de sa
généalogie, il franchit vite les
frontières du siècle, en remontant
le cours des récits de sa grandmère. L’écrivain n’aura dès lors de
cesse d’arpenter les temps et de
déplier les durées au gré d’un souci
de l’archive, dont il ne se sépare
jamais. Pierre Michon n’élabore
cependant pas une écriture
historienne. C’est même l’envers
de l’Histoire qu’il traque. Et pour
fixer un socle aux atermoiements
des siècles et des saisons, pour
débarrasser les hommes de leurs
colifichets inessentiels, l’écrivain
arpente les géographies et
cartographie les territoires. Il sait
comme d’autres, que la géographie
est l’autre de l’Histoire. Fascination
de l’archaïque à travers la grotte
de La Grande Beune, désir de
modeler le paysage dans Les Abbés
ou inscription des écrivains dans
une géographie sociale dans Trois
auteurs : ces trois livres sont autant
de tentatives pour dire au détour
de la géographie les démêlés de
l’individu avec le temps, avec la
renommée future comme avec la
scène interdite de ses origines.
Études réunies et présentées par
Laurent Demanze. Articles d’Agnès
Castiglione, Alexandre Bleau,
Bruno Blanckeman, Ivan Farron,
François Berquin,
Dominique Viart, Aurélie Adler,
Françoise Lioure,
Jean-Michel Wittmann,
Sylvie Servoise,
Catherine Rabier-Darnaudet,
Jean Kaempfer.
Isbn : 978-2-908481-67-9 / 15 ¤€
www.septentrion.com
RSH, la Revue des sciences
humaines
n° 296, décembre 2009, Bestiaires des
lumières
Parmi les héritages qu’aménage
le XVIIIe siècle, le moindre n’est
pas celui de la question animale.
Les cartes métaphysiques sont
rebattues ; une sensibilité nouvelle
perce dans les discours, les mœurs
et les représentations : c’est pour
les bêtes un tournant dans leur
histoire avec les hommes. C’est
alors que s’estompe l’imaginaire
des fables pour ne laisser subsister
qu’un bestiaire débarrassé de sa
vieille symbolique, jugée gothique.
Si la littérature se nourrit
encore de ces figures perdues, la
rationalité des Lumières encourage
une approche naturaliste : les
savants révisent les assignations
et reconstruisent la chaîne des
êtres. Les peintres rendent compte
aussi, non sans ambivalence, de
ce regard nouveau : portraits de
chiens qui promeuvent l’animal au
rang d’individu, ou troubles scènes
de chasse donnant à voir l’odieux
et fascinant martyre des chairs.
Les philosophes s’efforcent, quant
à eux, tâtonnants, de refonder une
anthropologie par l’épreuve d’une
altérité inédite. Car quand vacillent
les certitudes sur les animaux,
tout le système humaniste est en
émoi. Que sont-ils, ces êtres : des
créatures inférieures exploitables
à merci, ou de quasi semblables ?
Des ornements du paysage,
des compagnons de vie, des
égaux peut-être ? La dimension
politique de la réflexion portée
sur les animaux n’est pas absente :
symboles de liberté à l’état
sauvage, ils sont l’incarnation de
la servitude, à son dernier degré,
dans une société humaine où
ils prennent place de force. Les
animaux sont neufs, en tout cas,
sous le regard d’un siècle décillé.
Textes réunis par Anne Richardot,
articles de Claude Habib,
Lydia Vàzquez, Juli Leal,
Marie-Agnès Thirard,
Anne Tomiche, Jacques Berchtold,
Anne Coudreuse, Sylvie Thorel,
René Démoris, Jean-Luc Guichet,
Annie Ibrahim, Sophie Lefay.
Isbn 978-2-913761-43-8 / 23 ¤€
www.septentrion.com
¶ vie littéraire... reportage
vie littéraire... reportage ¶
La Générale d’Imaginaire
« Je considère le slam comme
une forme mouvante »
Julien Delmaire
Les poètes de l’oralité en bonne Compagnie
Il le dit tout net : pour lui, la poésie est un outil de compréhension
du monde. D’ailleurs, bien avant de découvrir le slam, en 2000, au
Zem théâtre à Lille, il écrivait déjà de la poésie et du rap. Jeune
trentenaire, Julien Delmaire est l’un des slameurs les plus connus
dans la région. Après avoir passé son enfance à Roubaix et à Lille,
il a choisi de s’établir en Ardèche, ce qui ne l’empêche pas d’être
souvent dans la région, sur scène ou auprès du public. Il est l’un
des cinq fondateurs de la Compagnie Générale d’Imaginaire, dont
il est aujourd’hui salarié. Car en plus de ses activités créatrices,
Julien Delmaire anime depuis cinq ans des ateliers d’écriture, qui
connaissent un vrai engouement.
Son dernier livre-CD, Xylographie, préfacé par l’écrivain Lucien Suel,
est né d’une résidence d’artistes au Presbytère de Houdain fin
2008 (voir chronique en page parutions). Pour lui, le slam est une
passerelle vers des écritures plus complexes. « Le mouvement slam
est disparate, explique-t-il. De nombreux slameurs n’ont pas intégré
la poésie contemporaine et certains poètes pensent que le slameur
a une vision de la poésie très archaïque. » Pour Julien Delmaire, le
slam est un moyen de dialoguer et d’interpeller l’autre. Et il le dit
sur scène.
[Dukone], spectacle de Thomas Suel
©Emmanuel callec
Le mot est court et il claque : slam. Mais il présente tant de facettes qu’elles ont bien du mal à rester cachées
derrière la haute stature de ses deux figures médiatiques, Grand corps malade et Abd Al Malik. Cet art urbain,
né dans les années 1970 et 1980 aux états-Unis, n’en finit pas de prendre son envol en France et ce, depuis une dizaine
d’années. On en distinguerait d’ailleurs mal les subtilités en croyant qu’il se résume à l’énonciation de révoltes sur
le mode spontané, exclusivement.
D
epuis 2003, La Compagnie Générale d’Imaginaire multiplie les scènes ouvertes, les créations et les actions de
sensibilisation dans toute la région. Objectif : promouvoir
le slam, sans œillères et avec de nobles ambitions sociales,
des éléments récurrents dans les propos de Stéphane Gornikowski,
l’un des créateurs de la Compagnie, aujourd’hui directeur de la
structure (1). « Une des dimensions du slam, explique-t-il, est de
faciliter la prise de paroles pour tous, de faire en sorte que des personnes d’univers différents se rencontrent : certains sont proches
des cultures urbaines, d’autres de la poésie expérimentale. Il n’est
pas sûr que ce soit si fréquent. La scène lilloise, et plus généralement le Nord - Pas-de-Calais, est intéressante : il existe un vivier
d’amateurs de slam fonctionnant dans une vraie mixité, pas catégorisés. »
De la poésie expérimentale au beatbox
Natif du Pas-de-Calais, Stéphane Gornikowski a découvert le slam
en 1998 à Paris alors qu’il y finissait ses études de sciences politiques et de gestion du travail ; ça l’a réconcilié, se souvient-il, avec la
poésie. à l’époque il n’existe rien à Lille sur cette pratique artistique
et un appel à projets du Zem théâtre, dans le quartier de Wazemmes
à Lille, le fait monter sur scène. En 2003, avec un rappeur, un comédien, un prof de lettres et un travailleur social, il créé l’association.
La Compagnie Générale d’Imaginaire est née, ouvrant la voie à de
nombreuses expériences de créateurs qui n’en sont pas restés au
stade du rêve. « Au départ, il s’agissait pour nous de faire exploser
les frontières des arts de la parole et de l’écriture, poursuit-il. En
12
fait, on a fait beaucoup plus. » Quelques exemples, tels que le festival « Esprits du slam », qui a réuni à Lille début décembre des
groupes d’horizons assez différents : une zoo performance de la
poétesse belge Gwenaëlle Stubbe au Musée d’histoire naturelle
à Hénin-Beaumont
Le langage de la nourriture révélateur
d’un propos sur la ville
Pendant tout le premier semestre 2010, l’association organise un
atelier, « Le goût des autres », à Hénin-Beaumont (« On n’est pas
dans cette ville par hasard » indique Stéphane Gornikowski, faisant
référence aux récentes difficultés politiques et budgétaires de la
commune). Il s’agit de mettre en lien gastronomie, littérature et
arts de la parole et de faire travailler ensemble des gens qui ne se
connaissent pas : dans les structures de la ville qu’ils fréquentent
et hors les murs aussi, puisque l’idée de faire du porte-à-porte n’est
pas exclue pour toucher un maximum d’habitants.
Le projet, financé par l’ACSE, Agence pour la cohésion sociale et
l’égalité des chances, prendra la forme d’un atelier de cuisine et la
création d’une recette, pourquoi pas d’un gâteau, qui deviendrait la
spécialité de Hénin et qui refléterait la diversité de ses habitants.
Rendez-vous probable le 12 juin, lors de la Randonnée Culturelle,
organisée chaque année par l’Amicale laïque et l’Escapade.
©diego comer
ou la prestation remarquée du groupe Under Kontrol, champion
du monde 2009 de beatbox (imitation vocale d’instruments de
musique).
Les activités de la Compagnie d’Imaginaire comportent des enjeux
de professionnalisation, notamment lorsqu’elle organise de (nombreux) ateliers d’écriture et de mise en voix en direction de publics
différents : des scolaires, des jeunes en difficultés, des détenus,
des personnes âgées en maison de retraite, etc. En 2008 et 2009,
60 à 70 villes de la région ont été concernées par les activités de
la Compagnie, qui travaille en lien avec des structures culturelles
comme le Zem, l’Antre 2 et les Maisons folies de Wazemmes et de
Moulins, Culture Commune à Loos-en-Gohelle ou Artois Comm.
pour des résidences d’écriture (2).
Stéphane Gornikowski et ses collègues commencent l’année
2010, année charnière dit-il, avec de nouveaux objectifs. Après
une dizaine d’années de présence à Lille, notamment autour des
créations de Julien Delmaire et Thomas Suel (lire ci-dessus), la
Compagnie souhaite franchir le pas de la reconnaissance nationale. « C’est en cours, précise le directeur, mais nous souhaitons
faire connaître ces artistes en dehors de la région, en créant des
échanges inter-régionaux, avec le Sénégal et la Grande-Bretagne.
Mon souhait est que l’on augmente la portée de ce que l’on fait
dans deux directions : faire émerger et soutenir de nouvelles
plumes du Nord - Pas-de-Calais, ceux qui ont un potentiel littéraire
professionnel comme on l’a fait avec Julien et Thomas, et agir pour
que la mobilisation d’habitants autour de leurs territoires change
leur existence. Je pense à un de nos projets à Marles-les-Mines, où
il y a eu de nombreuses démolitions et où les enjeux urbains sont
importants ».
L’Agitée, maison d’édition associée à la Compagnie, devrait l’accompagner dans ces différents objectifs : elle a quatre titres au
catalogue, dont trois de Julien Delmaire, et prévoit la sortie en
mars du premier livre de Marie Ginet. Là encore, on avance une
volonté de monter d’un cran dans le professionnalisme, en améliorant la diffusion des ouvrages de L’Agitée.
La démocratie à l’épreuve du slam
Si, en trois ou quatre ans, les demandes d’interventions de la
Compagnie émanant du monde scolaire se sont multipliées, si
globalement les interventions autour des arts de la parole sont
sollicitées dans les territoires de la région, zones urbaines à Lille
ou plus rurales dans le Pas-de-Calais, il arrive, ici ou là, que le
discours engagé du slam indispose. « Parfois, témoigne Stéphane
Gornikowski, on décline nos propositions au prétexte qu’il est
trop politique de donner la parole aux habitants. » On peut pourtant constater le succès grandissant des scènes ouvertes et autres
manifestations proposées par la Compagnie. Le public – tous les
âges, de 20 à plus de 50 ans – est mixte, même si on constate que la
prise de parole est plus masculine, ce qui est loin d’être une exclusivité du slam. « Nous venons de recruter une personne, spécifiquement pour élaborer un projet autour du féminisme, indique-t-on à
la Compagnie. » L’inventivité de la langue à promouvoir, la petite
musique des mots pour atténuer les peines sociales et conserver
intacte l’énergie qu’il faut pour lutter, l’urgence à décloisonner
les genres poétiques et à faire travailler ensemble des gens qui
n’avaient pas à se croiser… Au slam, de grandes ambitions.
corinne vanmerris
(1) Basée à Lomme et dans le quartier de Lille-Sud, la Compagnie emploie cinq salariés et fonctionne avec une quinzaine d’artistes associés, intervenant dans tous les arts de la parole, intermittents du spectacle.
(2) Côté financements, essentiellement sur la base de projets, l’association est subventionnée
par la DRAC, la Région, le conseil général du Nord, la ville de Lille, Artois Comm., l’Agglo HéninCarvin, l’Agglo du Valenciennois, l’ACSE, Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité
des chances (état)…
La Compagnie Générale d’Imaginaire
34 rue Caventou / 59000 Lille / http://www.slam-lille.com/
Tél : 09 63 24 09 43 ou 06 78 06 64 16 en cas d’absence.
Propositions artistiques : [email protected] / Ateliers et sensibilisations : administration@
slam-lille.com / Diffusion des spectacles de la Générale d’Imaginaire : [email protected]
Myspace : http://www.myspace.com/lageneraledimaginaire
13
¶ librairie
Librairies virtuelles
code-barres, toutes les références utiles.
Il saisit et ajoute lui-même le texte de la
dernière de couverture. Si la conception
est exigeante, l’ambition reste modeste
quoique déterminée : « On veut conquérir
le Nord - Pas-de-Calais ! » Avec un objectif
de chiffre d’affaires la première année
de... 1 000 euros. Mieux vaut tenir que
courir pourrait être leur devise. Un
comble pour des globe-trotters ! Le
deuxième gros chantier sera d’optimiser
le référencement : fin 2009, une dizaine
de commandes seulement avaient été
passées. En attendant, la librairie en ligne
propose un service à la carte très pro.
Gérard imagine déjà, sur le modèle de son
site, un portail marchand où ses confrères
de Libr’Aire, l’association régionale des
libraires indépendants, auraient chacun
leur entrée, avec leur propre base de
données... à constituer. Si l’intérêt est
vif, le temps à y consacrer rebute. Mais la
réflexion est au moins engagée.
ça bouge
en Nord - Pas-de-Calais
La vente du livre sur Internet se porte bien. Selon le cabinet d’études marketing GfK, elle représentait même le seul
marché en progression en 2009, avec une croissance de 25 % par an en France. Une ouverture qui n’a pas échappé à
quelques libraires de la région qui, chacun à sa mesure, s’attaquent à la vente en ligne pour repousser les murs de
leur librairie, mieux fidéliser leurs clients et en gagner d’autres.
DR
DR
« Le duel web contre magasin,
c’est fini ! »
Pour Denis Labbe, 28 ans de Furet et
directeur du magasin de Maubeuge, le
site marchand est une évolution conforme
au souci de proximité de l’enseigne.
Sa genèse ? « La direction marketing a
échangé en direct avec les équipes des
magasins pendant six mois. Les vendeurs
se sont montrés beaucoup moins inquiets
qu’on aurait pu s’y attendre, les questions
posées ici étaient surtout d’ordre pratique,
par exemple sur la possibilité de retirer les
ouvrages en magasin. Et il existait une
attente de la clientèle. » Car si la vocation
du site est d’aller chercher ses propres
acheteurs sur le web, elle est aussi de
fidéliser les clients des magasins. « Le duel
web contre magasin, c’est fini ! » déclarait
Pierre Coursières lors du lancement. Le
premier se veut au service du deuxième.
Au journal Le Monde qui l’interrogeait sur
son ambition de cyberlibraire, Guillaume
Decitre répondait : « Nous voulons démontrer que l’internaute n’est pas obligé
de passer par Seattle pour acheter un livre
sur la Toile. » En effet, il peut passer par son
libraire ! Et en Nord - Pas-de-Calais, outre
le Furet, quelques libraires indépendants
ont eu la même réflexion. Ils ont créé leur
librairie virtuelle qui propose au même prix
(la réduction de 5 % est incontournable) le
même service que les grands.
La première à s’être lancée sur la Toile,
dès 2007, est Vortex, dirigée à Lens par
Laurent Decroix. Son univers : mangas,
BD, comics, science fiction... En centreville, la librairie propose 7 000 références,
livres et figurines. Sur le Net, Laurent
Decroix en offre « jusqu’à 30 000 ». Le
site est donc complémentaire du magasin.
Créé et développé par Livralog, il est géré
par le libraire lui-même. Celui-ci annonce
deux ventes en moyenne chaque jour
dans la France entière, « essentiellement
dans les petites villes », pour 5 % de son
chiffre d’affaires. La majorité de ses
clients, qu’ils se déplacent en magasin ou
commandent sur Mangabd.com, achètent
des mangas. « Les jeunes veulent lire vite
Denis Labbe, le Furet du Nord à Maubeuge
14
DR
À
la rentrée 2009, Decitre,
libraire lyonnais centenaire
et déjà très présent sur le web,
signait un partenariat avec
RueDuCommerce pour capter 10 % du
marché de la vente de livres en ligne et
devenir le 3e cyberlibraire français. à la
même période, le Furet du Nord lançait
son premier site marchand, avec le vœu de
figurer « dans le top 5 » derrière Amazon,
Fnac, Decitre et Chapitre. Les moyens sont
proportionnels à l’ambition : un million de
références proposées sur l’outil Magento,
soit, selon Pierre Coursières, PDG, la plus
grosse base installée en open source. Les
critiques des libraires (marquées par un
Post-It comme en librairie) apportent au
site sa touche personnelle. Autres atouts
de Furet.com : une marque connue, une
plate-forme logistique déjà opérationnelle
et une livraison gratuite possible dans
plus de 3 600 points relais en France. Un
espace Client Pro a par ailleurs l’ambition
de doubler, d’ici 2014, l’activité de vente à
distance vers les professionnels.
Laurent Decroix, librairie Vortex à Lens
et pas cher. Entre une BD de 48 pages à 13
euros et un manga de 200 pages moitié
moins cher, ils n’hésitent pas. » Le plus du
site : une sélection d’auteurs avec photo,
notice biographique et, quand ils sont
passés chez Vortex, dédicace. La petite
note singulière.
« On veut conquérir le Nord - Pas-de-Calais »
Autres libraires à tenter l’aventure de la
cyberlibrairie, Jean-Luc Destrée et Gérard
Valembois. Leur librairie à Lille s’appelle
Autour du monde, alors le world wide
web, ce n’était qu’un continent de plus à
aborder.
Sur leur site autourdumonde.biz, ils ont
remplacé l’habituel panier par un sac à
dos et annoncent : « Notre objectif est
de vous offrir un choix de qualité, où
chaque ouvrage aura été sélectionné avec
le plus grand soin. Tous nos produits ont
un résumé et une photo (sauf deux !) et
sont consultables à la librairie. » Le choix
est donc de ne proposer que ce qui est déjà
en rayon. Un choix de 5 666 références
quand même. Le site a été construit de
toute pièce par Gérard : « Ça représente six
mois de boulot... » Il a utilisé un logiciel de
collectionneur pour intégrer, grâce aux
« Une petite révolution »
Parmi les efforts notables pour vendre sur
le web, on trouve encore Culture Môme
à Valenciennes, librairie jeunesse dont
le site culturemome.com se veut « une
deuxième boutique ». Christophe Lalou
reconnaît y faire peu de ventes, mais il mise
sur les sélections thématiques – celle sur
les droits de l’enfant lui a permis d’écouler
dix titres – , et les produits locaux – une
vingtaine de Fabliaux valenciennois ont
été vendus partout en France. Le Marais
du livre à Hazebrouck fait aussi une
percée courageuse avec maraisdulivre.fr.
Tirloy à Lille est présent grâce à lalibrairie.
com. Les librairies Demey se lancent, elles,
via un partenariat avec un site de vente
d’articles de pêche en mer... Sur Majusculedemey.net, on accède depuis fin 2009 à
livreetmer.com, une sélection de quelque
150 ouvrages « iodés » vendus à distance,
tous en stock à Majuscule Dunkerque.
Une manière de tremper l’orteil pour
prendre la température... Mais déjà « une
petite révolution par rapport à la culture
de l’entreprise familiale » d’après Franck
Vanvelcenaher, en charge du projet.
D’autres libraires proposent sur leur site
la réservation d’ouvrages ou la commande
par mail. Un début d’intérêt donc, même si
plus de la moitié des libraires en Nord - Pasde-Calais n’ont pas même une vitrine sur la
Toile. Les organisations professionnelles
leur
rappellent
l’importance
de
« développer sur le web les compétences
mises au service des clients dans leurs
librairies ». Dans un hors-série de juin
2008 consacré au numérique, les Cahiers
de la librairie poursuivent : « Ne pas être
en capacité de développer sa présence sur
Internet condamnerait inévitablement
la librairie traditionnelle à un statut de
second choix affaiblissant son avenir
tandis que les librairies virtuelles se
verraient reconnaître leur viabilité
sur le marché. » Selon une étude TNS
Sofres réalisée début 2009, seuls 1 % des
lecteurs comptent sur les conseils d’un
libraire pour déterminer leurs achats. Les
spécialistes ne sont donc plus en position
de force face à la grande distribution et
notamment celle qui s’organise sur le web
et prendra d’ici 2012 12 à 14 % de part de
marché. La percée des livres électroniques
annonce d’autres mutations... Un vrai défi
est lancé aux professionnels de la vente
du livre.
sophie pecquet
DR
librairie ¶
Jean-Luc Destrée et Gérard Valembois, librairie
Autour du Monde à Lille
Autour du Monde
65 rue de Paris / 59000 Lille / 03 20 78 19 33
[email protected] / www.autourdumonde.biz
Culture Môme
48 rue de Lille / 59300 Valenciennes / 03 27 46 27 16
www.culturemome.com
Furet du Nord
18/20, avenue Jean Mabuse /59600 Maubeuge
Tél : 03 27 64 61 10 / Fax : 03 27 64 98 05
www.furet.com
Majuscule Dunkerque – SAS Demey
47 place Jean Bart / 59140 Dunkerque
03 28 59 26 83
www.majuscule-dk.lalibrairie.com
Le Marais du Livre
15 rue de l’Eglise / 59190 Hazebrouck
03 28 41 08 20
www.maraisdulivre.com
Librairie Tirloy
62 rue Esquermoise / 59000 Lille
03 20 55 37 09
www.tirloy.fr
Vortex
11 Rue de la Gare / 62300 Lens / 03 21 28 16 73
www.mangabd.com
Le portail de la librairie sur Internet
L’année 2009 aura vu d’importantes étapes d’avancement dans la création du portail du Syndicat de la librairie française, dont la période
de constitution semble avoir été fastidieuse. Création de la société d’actionnaires PL2l, (implication d’une quarantaine de libraires – dont la
librairie lilloise Le Bateau Livre – et de groupements de libraires, avec une ouverture à l’interprofession) et constitution de son capital (plus de
700 000 euros), nomination du directeur : André Imbaud, (Ancien PDG de la Sodis), recrutement de Nicolas Kazinsky, ancien directeur de la
SFL et accord cadre signé avec Electre en toute fin d’année, qui doit faire de la base de données interprofessionnelle le fournisseur de la base
de référencement de la future plate-forme. « Cet accord cadre constitue une étape majeure dans la mise en œuvre concrète de ce projet. Dès
son ouverture courant 2010, le portail offrira à l’ensemble des librairies françaises la possibilité de proposer à leurs clients la vente de livres
sur Internet, en format papier ou numérique » se félicite Gilles de la Porte, représentant de PL2l. Le portail devrait fonctionner comme une
plate-forme de sites internet de libraires. Base de données commune, adaptation des sites à la vente de livres numériques, apport éditorial,
actualités, vente en ligne, suivi des paniers, mise en ligne des appels d’offre… Et une offre de services au libraire allant de la simple recherche
de livres par l’internaute qui achète ensuite en librairie, à la prise en charge logistique par la plate-forme (un appel d’offres devrait être lancé
début 2010 pour trouver le partenaire logistique). Le portail a pour objectif de voir le C.A. des librairies membres atteindre 5 % en vente en
ligne, alors que la part de vente en ligne de livres dans le total des ventes de livres en France ne représente encore que 4 % (contre plus de
12 % en Allemagne). http://www.syndicat-librairie.fr/fr/accueil
Syndicat de la librairie française
Hôtel de Massa
38, rue du Fbg-St-Jacques 75014 Paris
Tél. 01 53 62 23 10 / Fax 01 53 62 10 45
[email protected]
Site de veille informationnelle sur le numérique http://www.netvibes.com/melico#Revue_de_presse_generale
15
¶ librairie
éDITION ¶
Libfly
la bibliothèque communautaire
Un réseau social de lecteurs sur Internet, ce n’est pas une idée nouvelle ; on connaissait Zazieweb qui
s’est éteint après 13 ans de fonctionnement et malgré ses 22 000 membres, Babelio, encore présent
sur le net. Place des libraires a, quant à lui, fonction principale de vendre des livres via les sites des
librairies. Quelle est donc la particularité de Libfly ?
L
e site est une émanation de
la société lilloise Archimed.
Il bénéficie de fait, pour ces
débuts, du soutien financier
dont le manque s’est hélas avéré
fatal à Zazieweb sur le long terme.
Composée de 70 collaborateurs,
l’entreprise effectue 50 % de son
chiffre d’affaires grâce à son
pôle « culture et savoir » dont
l’activité principale consiste à
mettre en place des systèmes
d’information documentaire
pour les médiathèques, musées,
centres d’archives, etc.… « Nous
étions bien placés pour savoir que
les bibliothèques investissent
beaucoup dans la mise en place
de contenus numériques et que
ces portails sont trop peu mis en
valeur et accessibles » explique
Olivier Walbecq, le directeur de
Libfly. Même constat pour les
sites de libraires, notamment
indépendantes. Pour pallier ces
carences, Archimed crée Libfly, en
janvier 2009 et l’équipe de quatre
personnes est progressivement
constituée. Gérard Tissier,
anciennement salarié de la
librairie Tirloy de Lille vient
de rejoindre l’équipe en tant
qu’ingénieur commercial.
Libfly, c’est d’abord un stock très
conséquent de critiques de livres
par les lecteurs. 16 000 internautes
y ont déjà créé leur bibliothèque.
C’est aussi un forum, des listes de
lectures, une géolocalisation des
« amis » et donc une possibilité
de prendre contact avec eux,
d’emprunter et de prêter ses livres.
Autre service pertinent du
site : il permet aux libraires
et bibliothécaires de mettre en
lien leurs sites internet et leur
système de gestion informatique
(c’est à dire leurs stocks) avec
le site Libfly. Ceci permet aux
professionnels d’améliorer le
référencement de leurs portails
pour accroître leur visibilité et par
conséquent les commandes ou les
emprunts et aux internautes de
savoir si le livre qu’ils recherchent
est disponible en librairie ou en
bibliothèque à proximité de chez
eux. En cliquant sur le livre, ils
sont automatiquement dirigés vers
la page correspondante sur le site
du professionnel.
Combien ça coûte ? Jusqu’ici c’est
gratuit. Les sans-sites ne sont
pas exclus de la base de données
Libfly : leurs coordonnées sont
communiquées aux lecteurs.
Pour compléter l’offre de
contenus, Libfly met également à
disposition des lectures d’extraits
de livre par des auteurs ou l’équipe
de comédiens partenaire, des
interviews d’auteurs, réalisé par
Jean Mordazec (l’animateur du
site lechoixdeslibraires.com,
réalisateur de l’émission « à Livre
ouvert » de France Info animée par
François Busnel). Si Geluck ne vous
convainc pas de dévorer D’autres
vies que la mienne d’Emmanuel
Carrère, la lecture d’extraits de
Cher Amour par Giraudeau luimême y parviendra peut-être. En
outre, les partenariats usuels
avec les éditeurs permettent
fréquemment de découvrir les
livres en avant-première.
Si vous souhaitez que du jour
au lendemain, votre site soit
densément nourri par Libfly de ces
contenus multimédias, vous devrez
payer un forfait annuel, légèrement
dégressif en fonction de votre
participation à l’activité du site
(rédaction de critiques). Pour les
bibliothèques, le tarif est indexé
sur le nombre d’habitants de leurs
territoires.
Les partenaires de Libfly sont
déjà nombreux : Tite-live,
Nonfiction.fr, Le choix des libraires,
Le choix des bibliothécaires.
Quant au Syndicat de la librairie
française, « nous portons à nos
activités et projets réciproques un
intérêt mutuel très fort » confie
Gérard Tissier. 210 librairies ont
déjà rejoint Libfly, les réseaux
de bibliothèques de Levallois,
Bourges, Evreux également,
l’île- de-France devrait suivre.
« Nous sommes aussi en
contact avec des bibliothèques
francophones de Belgique et de
Suisse. » Le Nord — Pas-de-Calais ?
Balbutiements : « Nul n’est
prophète en son pays ! » plaisante
Olivier Walbecq.
lucie eple
16
www.libfly.com
[email protected]
Archimed /49 boulevard de Strasbourg
59000 Lille
Les éditions Invenit
C’est à Ennetières-en-Weppes, un peu à l’écart du nœud autoroutier permettant de quitter la métropole lilloise pour
gagner la Flandre, que Dominique Tourte (ici au centre) a installé son cabinet de graphisme il y a près de vingt
ans. Autour de lui de gauche à droite : Valérie Dussart (maquettiste), Céline Telliez (chargée de développement et
coordination éditoriale), Candice Gras (graphiste), Simon André (graphiste).
«
La société est dès l’origine à orientation culturelle, explique
l’éditeur. Nous fabriquons tous les supports papier de
communication, brochures, affiches et catalogues. Invenit
(« à inventer » en latin) dit tout de suite l’importance de
l’idée sur la seule fabrication. » Il y a deux ans, partant de cet
objet spécifique qu’est le catalogue d’exposition, Dominique
Tourte a décidé d’investir le champ de l’édition. La structure
fonctionne désormais sur deux jambes, cinq salariés et des
convictions : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface »
disait Hugo, une idée à laquelle on souscrit largement chez ce
jeune éditeur.
à l’origine de ce développement, bien-sûr, le désir et l’envie d’un
professionnel, historien d’art venu au graphisme par goût du
livre et de la chose écrite. « Mais ce fut aussi plus prosaïque que
cela, poursuit Dominique Tourte. Je répondais fréquemment à des
appels d’offres pour la fabrication des catalogues, une tâche que
les musées ont tendance à déléguer aux éditeurs. Parallèlement à
cette activité, nous avons développé des projets plus personnels. »
En deux ans, les éditions Invenit ont inscrit dix titres à leur
catalogue et sont en contrat, depuis mai dernier, avec le Comptoir
des indépendants pour la diffusion et la distribution de leurs
ouvrages dans tout le pays. L’éditeur sera présent au Salon du
Livre de Paris, sur le stand de l’association des éditeurs du
Nord et du Pas-de-Calais dont il est membre. « L’association doit
être le maillon entre le Centre régional du livre et des lettres et
les éditeurs, propose-t-il. Il faut aussi penser aux éditeurs qui
souhaitent se développer, ceux qui sont entre les extrêmes, toutes
petites et grosses structures. De l’association, j’attends que
s’y dessine une dynamique et qu’elle développe une dimension
d’accompagnement et de conseil. »
Collaborations fréquentes avec La Piscine de Roubaix
Cinq livres ont été réalisés en collaboration avec le Musée de
la Piscine à Roubaix, dont le Van Hecke, les dessins d’Henri
Bouchard ou les photographies de Bruno Dewaele. Invenit a aussi
publié Parlures, de Gilles Defacque, comédien et directeur du
théâtre lillois Le Prato, Le Feu, d’après l’œuvre d’Henri Barbusse,
illustré par le dessinateur de BD François Boucq. Avec ce dernier
livre, à vocation pédagogique et sur le thème de la première
guerre mondiale, Dominique Tourte a pu vérifier tout l’intérêt
que confère, pour un petit éditeur, le fait d’être distribué dans
toute la France. « Nous avons, pour l’édition générale à 20 euros,
tiré à 3 000 exemplaires. On est présent dans les librairies de la
région, nous vendons en direct sur notre site ou dans les salons,
mais notre contrat avec le Comptoir des indépendants a donné
une certaine visibilité à nos activités. Et Le Feu s’est mieux vendu
à l’extérieur de la région. »
Avec Céline Telliez, jeune éditrice recrutée par Invenit pour
développer la partie édition de la structure, Dominique Tourte
lance en 2010 une nouvelle collection, Ekphrasis, qui devrait
à terme contenir vingt titres sur les musées du Nord Pasde-Calais. « L’idée est de proposer à un auteur une forme de
description littéraire et poétique d’un tableau, explique l’éditeur.
Au printemps, quatre titres seront en librairie : un texte de
Pierre Dhainaut sur un tableau de Manessier (Musée d’art de
Dunkerque) ; Dubuffet (Calais) par Gérard Farasse ; Tattegrain
(Boulogne-sur-Mer) par Jean Le Boël ; Jean-Pierre Spilmont écrit
lui sur une œuvre flamande du XVe siècle (Saint-Omer). à venir,
notamment, Eugène Leroy (Tourcoing) sous la plume de Ludovic
Degroote. « Je cherche et suis attentif, précise
Dominique Tourte, à l’extrême sensibilité et
l’intérêt des auteurs pour le projet. » Personne
n’a décliné l’offre. On comprend les poètes
sollicités. Car les ouvrages publiés par Invenit
sont de très beaux objets. Autre projet pour
cette année : le récit illustré de la conversation
entre Elise, 17 ans, et Yvonne Abbas, déportée le
jour de ses 20 ans en 1942. « Je voudrais montrer
comment une jeune fille d’aujourd’hui se frotte
à cette histoire-là. » Fond et forme en équilibre,
subtil arrangement.
Ce printemps paraîtront les premiers ouvrages de la nouvelle collection de la maison, Ekphrasis, avec un texte du poète Pierre Dhainaut
Invenit / www.invenit.fr / 19 Rue du Bourg / 59320 Ennetières-en-Weppes / 03 20 82 12 18
c.v
¶ éDITION
un territoire à lire ¶
Val de Sambre
Le Nord - Pas-de-Calais au Salon du livre
14 éditeurs s’exposent à Paris
L’agglomération de Maubeuge et du Val de Sambre, qui compte plus de 100 000 habitants, possède un paysage
contrasté en matière de lecture publique. à côté d’équipements dynamiques, parfois récents comme à Louvroil
ou totalement restructurés comme bientôt à Aulnoye-Aymeries, restent d’importants chantiers pour répondre
aux besoins d’une population encore peu familière des pratiques culturelles. La future médiathèque de Jeumont
marquera l’année 2010, en attendant la mise en œuvre d’un réseau qui simplifie et étoffe l’offre et les services
rendus sur l’ensemble de la vallée.
à l’occasion du Salon du livre de Paris (du 26 au 31 mars) nous avons interviewé Henri Dudzinski, directeur des
éditions La Voix du Nord et président de l’Association des éditeurs du Nord et du Pas-de-Calais, maître d’œuvre d’un
stand collectif au Salon du livre de Paris.
Quelles sont les principales activités de l’association ?
DR
Nous participons à de nombreux salons du livre, les grands
régionaux, Le Touquet, Loos ou Bondues, mais aussi Bruxelles
pour la première fois en 2009, et Paris bien sûr puisque c’est
pour participer à ce salon que l’association a été créée il y a neuf
ans. C’est essentiellement à ce déplacement qu’est consacré notre
budget (2). Cette année, il est prévu pour notre stand, que l’on
a dimensionné en fonction du nombre des éditeurs présents,
une visibilité aérienne. De plus, des
rencontres seront organisées par les
éditeurs sur le stand.
Vous avez organisé en novembre
2009 une journée d’information en
collaboration avec le CRLL Nord - Pasde-Calais. Quel en était l’objectif ?
AIRVEY (éditions)
Spécialités : Humour, Jeunesse,
Littérature de langue française, Livres
de poche, Pédagogie, Poésie, Policier,
Espionnage, Psychologie, Régionalisme
Hervé Mineur - Direction éditoriale
[email protected]
www.airvey-editions.com
Diffusion : G - Dil
Distribution : Comptoir du livre
Année de création : 2005
ATRIA (éditions)
Spécialités : Biographies, Romans,
Science-fiction
Laurence Crombêke - Directrice de
collection
[email protected]
www.editionsatria.com
Diffusion-Distribution : éditions
Atria
Année de création : 2005
CENTRE HISTORIQUE
MINIER
Spécialités : Architecture, Arts
graphiques, Bande dessinée, Beaux-arts,
Ethnologie, Histoire, Jeunesse, Mémoires,
Photographie...
Karine Sprimont - Directrice de la
communication
[email protected]
www.chm-lewarde.com
Diffusion : Centre Historique Minier
Distribution : Centre Historique
Minier, Ravet-Anceau, L’œil d’or
Année de création : 1984
LA CONTRE ALLéE
(éditions)
Spécialités : Témoignages, Tribunes,
Manifestes, Mots d’auteurs, Entretiens,
écritures visuelles et sonores,
Transmissions...
Benoît Verhille
[email protected]
www.lacontreallee.com
Diffusion : La Contre Allée et L&A
Distribution : Calibre et L&A
Année de création : 2008
DOUAYEUL
(éditions du)
Spécialités : Recueil, écrits courts
Denise Jardy-Ledoux - Présidente
[email protected]
www.cenacle-douayeul.com
Diffusion-Distribution : éditions du
Douayeul
Année de création : 1995
LES éCHOS DU PAS-DECALAIS
Spécialité : Régionalisme
Géraldine Falek - Directrice de la
collection
[email protected]
[email protected]
www.echo62.com
Diffusion-Distribution : Les Echos du
Pas-de-Calais
Année de création : 1976
LA FONTAINE
(Editions)
Spécialité : Théâtre - pièces pour la
jeunesse, pour les adultes et essais
Janine Pillot Masingue - Directrice
Nous avons travaillé sur la diffusion et la distribution, deux
secteurs dans lesquels on n’est pas très bon. C’est un gros
chantier qui s’ouvre pour nous car nous devons trouver un
process commun; pourquoi pas en nous adossant à une structure
existante. Les petits éditeurs, sur ce terrain de la diffusion et de
la distribution, ne peuvent pas rester seuls.
J’ai eu à cœur de faire de notre structure une petite association
sérieuse, avec 100 % d’efficacité. Il s’agit, pour nous éditeurs, de
mutualiser nos forces. Et n’oublions pas que chaque jour, un livre
sort dans le Nord - Pas-de-Calais.
propos recueillis par c.v.
(1) On compte une soixantaine d’éditeurs en région, de taille et de production très diverses
(BD, roman populaire, poésie ou régionalisme). 42 sont adhérents de l’Association des éditeurs.
(2) 30 000 € du conseil général du Nord et 40 000 € de la Direction régionale des affaires
culturelles (DRAC), plus les adhésions des éditeurs.
HENRY (éditions)
Spécialités : Beaux livres, Cuisine,
Documents, Témoignages, Jeunesse,
Littérature de langue française,
Nouvelles, Patrimoine, Peinture, Poésie,
Policier...
Jean Le Boël - Directeur de
publication d’écrit(s) du Nord
[email protected]
www.editionshenry.com
Diffusion : éditions Henry
Distribution : Gescom
Année de création : 2005
INVENIT
Spécialités : Architecture, Arts (courants
artistiques), Arts et spectacles,
Beaux-arts, Beaux livres, Histoire, Livres
d’artistes, Peinture, Poésie
Dominique Tourte - Responsable
[email protected]
www.invenit.fr
Diffusion et distribution : le
Comptoir des indépendants
Année de création : 2001
Spécialités : Architecture, Beaux livres,
Marine, Navigation, Photographie,
Régionalisme, Techniques et sciences,
Tourisme, Urbanisme
Eric Le Brun - Directeur
Michèle Guinet - Commerciale
[email protected]
[email protected]
www.lightmotiv.com
Diffusion et distribution : L&A
Année de création : 2005
PRESSES
UNIVERSITAIRES DU
SEPTENTRION
Spécialités : Archéologie, Arts (courants
artistiques), Critique littéraire,
Documents, économie, Histoire,
Littérature traduite d’une langue
étrangère, Pédagogie, Philosophie
Psychologie, Sciences politiques, Sciences
sociales, Universitaires…
Nicolas Delargillière - Directeur
administratif, financier et
commercial
Isabelle Dauchy - Service
communication presse
[email protected]
[email protected]
www.septentrion.com
Diffusion : AFPU Diffusion (pour la
France) CDE/Gallimard Export (pour
réseau export sauf Suisse et Canada)
Distribution : DPLU (pour le Canada)
Année de création : 1971
RAVET-ANCEAU
Spécialités : Annuaires, Cartographie,
Romans policiers, Régionalisme, Livres de
cuisine, Guides pratiques
Nathalie De Meulemeester Directrice
Gilles Guillon - Responsable d’édition
[email protected]
[email protected]
www.ravet-anceau.fr
Diffusion : Ravet-Anceau
Distribution : Calibre
Année de création : 1853
DR
LE RIFFLE (éditions du)
Spécialités : Littérature de langue
française, Poésie, Policier, Espionnage
Richard Albisser - Directeur
[email protected]
www.leriffle.com
Diffusion-Distribution : Le Riffle
Année de création : 2005
LA VOIX DU NORD
éditions
Spécialités : Patrimoine, Beaux livres
Henri Dudzinski - Directeur des
Editions
[email protected]
www.lavoixdunord.fr
Diffusion-Distribution : La Voix
du Nord
Année de création : 1944
Salon du livre 2010 : du 26 au 31 mars 2010 - Porte de Versailles / Pavillon 1 / www.salondulivreparis.com / dates et horaires d’ouverture : du vendredi 26 au mercredi 31 mars 2010
de 10h à 20h / nocturne le mardi 30 mars jusqu’à 22h.
18
Q
Quels sont vos projets pour 2010 ?
de publication
[email protected]
www.lafontaine-editions.com
Année de création : 1988
LIGHT MOTIV
à Feignies et Aulnoye-Aymeries
les bibliothèques rallient
ui sait qu’Aulnoye-Aymeries a connu il n’y a pas si
longtemps un rayonnement presque international ?
Ancien nœud ferroviaire qui reliait Lille et Paris avec
une correspondance bruxelloise, la cité des cheminots
avait aussi une bibliothèque qui faisait parler d’elle : modèle de
modernité tant par ses choix architecturaux d’avant-garde que de
lecture publique, elle était La bibliothèque de référence.
Au-delà des évolutions et stagnations politiques et sociales d’un
bassin qu’on décrit souvent comme « très éloigné de la culture »,
une immersion dans le quotidien de la directrice de médiathèque
Françoise Hannappe nous prouve qu’à Aulnoye, c’est la petite
histoire qui fait avancer la grande.
départementale du Nord. » Dans le bâtiment rénové, les deux
étages laisseront place à un rez-de-chaussée unique, avec des
espaces décloisonnés : « Nous aurons un plateau commun, et
les fonds adultes et enfants ne seront plus séparés comme
précédemment. Nous bénéficierons également d’un auditorium
de 70 places ainsi que d’un cyberespace avec une dizaine de
postes » explique F. Hannappe. L’étape du déménagement a
permis de se familiariser à un autre type de rangement et
d’étiquetage des rayons, évitant également la stigmatisation du
public en difficulté de lecture. « Nous en profitons aussi pour
faire connaître nos ressources au public du centre ville, public
que l’on touchait plus difficilement Place du 8 Mai. »
Dans une ville longtemps scindée en deux cités : celle des
cheminots et celle des ouvriers de Vallourec, la célébration de la
St éloi prend des allures sacrées en ce premier décembre. Du côté
de la médiathèque, Françoise Hannappe recevra le soir même une
médaille pour ses 20 ans de bons et loyaux services en faveur de
la lecture publique. Son premier poste, c’était en 89 à Hautmont,
puis à Maubeuge à partir de 1992, avant de rejoindre Aulnoye en
2005 : « Et puis, je suis née ici, je connais bien le secteur c’est
sûr ! » confie t-elle sur le parking des locaux temporaires de sa
bibliothèque.
Un maître mot : relier
La directrice fait quant à elle honneur à sa réputation de personne
ressource dans le domaine de la lecture publique sur le territoire :
elle a créé il y a 13 ans une association, « Et nos Livres » ; un
réseau de bibliothèques qui fonctionne surtout autour d’une
animation commune : le rallye des bibliothèques. « Durant un
dimanche, les gens sont invités à visiter les lieux de patrimoine :
châteaux, bibliothèques... Nous organisons également un jeu
autour du livre et de ces visites. Les résultats sont révélés le
soir, juste avant un spectacle. » Avec
le ralliement de Louvroil à l’action,
« Comme un temple moderne où la foi des hommes
c’est désormais une dizaine de
dirait que les livres peuvent changer le monde.
bibliothèques qui y participent chaque
Vaste et noble projet (1). »
année. Des réunions régulières ont
En effet, depuis quelques mois, les 30 000 documents
lieu pour organiser l’événement. Le
imprimés et 17 000 CD ont déménagé dans le local
réseau est aussi un moyen de se prêter
du festival des Nuits Secrètes (2), en attendant que
des expositions et des documents,
le bâtiment de la Place du 8 mai soit rénové, comme
pour des petites structures esseulées
le quartier dans son ensemble avec son école et son
avec peu de personnel. F. Hannappe
centre social. Projet global de réaménagement urbain
a également animé des émissions
qui devrait se terminer fin 2010. Ce déménagement
de radio consacrées aux livres sur
fut l’occasion d’organiser des ateliers d’écriture avec
Canal FM et radio Maubeuge. La
l’écrivain J.F. Pocentek, pendant un an, sur le vécu
bibliothèque, elle la déplace aussi hors
des habitants du quartier. Le désherbage des fonds
les murs : dans les écoles, dans les
de la médiathèque fut conséquent : « (...) les trop
centres pour jeunes, dans ses valises
abîmés, les oubliés, ceux qui ont la gueule de coin, les
« échantillons » de tout ce que l’on
mal embouchés, les “on-se-demande-pourquoi-on-l’apeut trouver en bibliothèques, et qui
acheté-celui-là” (...) cèdent leur place aux nouvelles
voyagent beaucoup.
gloires de l’heure et du moment (3). »
Sur la question de l’évolution de la
Si le public adepte du support CD se raréfie chez les
fréquentation des bibliothèques, le
adolescents, la sonothèque n’en reste pas moins le
bilan fait figure de relief aux arêtes
bijou de la médiathèque, avec à sa tête, un passionné Françoise Hannappe
coupantes : si F. Hannappe déplore une
organisateur de foires aux disques et de concerts.
baisse de fréquentation chez les jeunes,
Pas de sacrifice aux pin-ups de la pop, on ne nivelle pas pour
qui trouvent d’autres sources de documentation, encore faut-il ne
faire venir, même si tout est grand public : dans les rayons, les
pas oublier que le nombre de bibliothèques s’est largement accru.
perles du hard rock côtoient grands classiques et chansonniers.
Et cet accroissement n’est pas allé de pair avec l’augmentation
« Nous avons aussi la chance de bénéficier tous les six mois
du nombre de personnel qualifié. « Ceci n’est pas propre aux
d’un fonds tournant de livres, CD et DVD de la médiathèque
bibliothèques », affirme F. Hannappe, « ce déficit se ressent aussi
19
¶ un territoire à lire
au niveau des communes, mais il y a une évolution. »
La compétence indiscutable et sine qua non que réunit le personnel
des bibliothèques, c’est la capacité à créer du lien social « C’est le
seul lieu où c’est encore possible. Sur toute ma carrière, c’est cet
aspect qui me semble le plus primordial. » à la lecture du manuscrit
de J.F Pocentek, il ne fait aucun doute que la bibliothèque est un
lieu où l’on existe, d’une façon ou d’une autre, comme habitants,
plus que comme usagers ou personnels du lieu. F. Hannappe cite
l’épisode éloquent, retranscrit dans le manuscrit, durant lequel
30 adolescents du quartier, furieux de s’être fait expulsés d’un
grand magasin, entrent dans les locaux et « font tout voler [...] C’est
comme une gifle, un affront, un rire mauvais [...] Et puis, il y a un
moment où l’ardoise s’efface. C’est quand devant soi, de l’autre côté
du comptoir, on voit arriver, toutes dents dehors et du tendre dans
le regard, un de ces anciens chiants qui vient inscrire ses enfants.
Finalement [...] si l’on fait ce métier et qu’on le fait ici après encore
tant d’années, on comprend que c’est parce que ces petits chiants,
on les a toujours aimés (4). »
Feignies : une bibliothèque à compétences et équipements
remarquables
Si à Aulnoye, les membres du personnel sont agents du patrimoine
mais ont tous obtenu un Deust métiers du livre, à Feignies, sur les
huit titulaires, il y a un cadre A et deux cadres B, assistants du
patrimoine. Côté équipements, la structure n’est pas en reste,
explique Jocelyne Royer la directrice : 4 postes informatiques
permettent de consulter le fonds, et 4 autres d’avoir accès à
Internet. Des séances d’initiation à la navigation sur internet
sont organisées régulièrement. Le fonds est à 60 % composé de
livres pour adultes, on y trouve 10 000 références de disques et
700 de DVD et vidéos.
Les animations sont aussi riches et nombreuses : une fois tous
les 15 jours, la bibliothèque accueille des groupes d’handicapés,
chaque été, un concours annuel autour d’un thème est organisé,
en 2009, c’est la thématique « Romanciers du Nord » qui a fait
plancher les usagers. Une fois par mois, un comité de lecteurs
se retrouve pour discuter des lectures récentes. Expositions,
conférences, accueil de classe, atelier contes, portage de livres
à domicile et depuis peu un site internet réactualisé qui permet
de consulter le catalogue de la médiathèque en ligne, viennent
compléter les atouts de la médiathèque.
l.e
(1) .F Pocentek – Gens du Huit Mai (et d’autres quartiers du Monde)
(2) Festival estival annuel de musique à Aulnoye-Aymeries
(3) et (4) Ibid
Bibliothèque Municipale
17, rue de Blaton
59750 Feignies
Tél : 03 27 68 17 03 - Fax : 03 27 68 22 66 [email protected]
www.mediatheque-feignies.fr
Bibliothèque Municipale
Rue Emile Zola prolongée
59620 Aulnoye-Aymeries
03.27.66.44.77
Contact : [email protected]
Les librairies du territoire concentrées à Maubeuge
Avec trois commerces au centre ville, Maubeuge est le pôle des librairies du territoire. Aux limites extérieures, deux
librairies générales : la Fabrique à Rêves à Fourmies et la librairie Au Passe-Temps (1) d’Avesnes-sur-Helpe.
Le Furet du Nord, la librairie Vauban et la librairie Par Mots
et Merveilles ne sont éloignées que de quelques centaines de
mètres dans le centre-ville de Maubeuge. Les relations sont assez
cordiales, et pour cause, elles sont seules à subvenir aux besoins
des 126 000 Sambriens et des 34 000 Maubeugeois. Ceci ne les
empêche pas de redoubler d’efforts pour se faire connaître, et
reconnaître comme acteurs culturels à part entière. Preuve en
est : la librairie Vauban a été labellisée librairie indépendante
de référence en 2009. Les communes quant à elles ne lancent
pas d’appel d’offres, mais affirment répartir équitablement les
commandes publiques de livres entre les trois librairies.
conseillé de développer d’autres rayons à côté de la jeunesse par
exemple. » Côté animations : l’étage de 160 m 2 permet d’organiser
fréquemment des heures de contes et ateliers pour les enfants.
60 % de son chiffre d’affaires sont réalisés en commandes
publiques ; la part est substantielle. Si Pascal Jacson ne pouvait
encore prétendre au label LIR l’année dernière, la Chambre de
commerce et d’industrie l’a labellisé « commerçant écolo » : papier
recyclé, ampoule à économie d’énergie…. Autant de préoccupations
qui confèrent une plus value à un travail qualitatif de proximité.
Par Mots et Merveilles : un libraire spécialisé jeunesse,
écolo et féru de bande dessinée.
« Sauf difficultés de maintien
et de développement des
activités, c’est ma fille qui
reprendra les rênes de la
librairie ». Madame Cagnon
(ici à gauche), la gérante, sait
de quoi elle parle : elle a ellemême pris la succession de sa
mère à la tête de la librairie
Vauban. « Elle a ouvert les
lieux en 1965, à l’époque, les
locaux ne faisaient même pas 40 m 2. » En 1972, elle fait ses
premiers pas dans les rayons aux côtés de sa mère après le
premier agrandissement du local. Aujourd’hui, la librairie a une
surface totale de 250 m 2, 14 000 références, cinq salariés et un
site internet depuis un an, grâce à l’aide du Centre national du
livre. « Nous avons également créé notre salon du livre qui est
devenu une quinzaine du livre jeunesse avec l’aide de la Ville. »
Quinzaine qui devrait revoir le jour en 2011, à la maison folie de
Maubeuge, en face de la librairie.
Pascal Jacson (photo ci-dessous), ancien contractuel de la mairie
de Maubeuge a élu domicile
dans une ancienne pizzeria
de la rue du 145e régiment
d’infanterie. « Créer une
librairie, ça me travaillait
depuis très longtemps » confie
ce collectionneur de bandes
dessinées. « Pour les BD,
c’était Bruxelles et pour la
littérature enfantine, Lille ! »
La spécialisation de la librairie
était toute trouvée. Plus de
50 % des 4 000 références sont
des titres jeunesse, le reste se
répartit entre la BD adulte et le roman contemporain. Pour
se reconvertir, Pascal Jacson a suivi la formation de l’INFL
et garde un excellent souvenir des conseils prodigués à sa
« promotion contestataire », comme l’a qualifiée le directeur,
Jean-Marie Contamin. « Nos projets ont été recadrés : il m’a
Par Mots et Merveilles
13 rue du 145e RI
59600 Maubeuge
03 27 60 41 03
[email protected]
Le Furet du Nord
18, 20 rue Jean Mabuse
59600 Maubeuge
tél : 03 27 64 61 10 - fax : 03 27 64 98 05
http://www.furet.com/
La librairie Vauban :
une histoire matriarcale
l.e
Librairie Vauban
8, place Vauban / 59600 Maubeuge
tél : 03 27 64 64 19 - fax : 03 27 64 56 41
[email protected] - http://www.
librairievauban.com/
(1) Au Passe-Temps - 13 rue Victor Hugo 59440
Avesnes-sur-Helpe - 03 27 61 02 10
La Fabrique à Rêves - 7 rue Saint Louis- 59610
Fourmies - 03 27 65 35 97
La médiathèque
départementale
du Nord et l’Agglomération
Maubeuge - Val de Sambre
Sur les 22 communes qui constituent
l’Agglomération Maubeuge - Val de
Sambre, 17 offrent à leur population
un service de bibliothèque. La
médiathèque départementale du Nord
a mis en place dès sa création en 1982
un dispositif d’aide et de soutien au
fonctionnement des bibliothèques, en
privilégiant dans un premier stade
de son développement la question de
la lutte contre l’exclusion culturelle
dans les territoires ruraux. En
vertu de cette orientation, ce furent
d’abord les petites communes,
géographiquement éloignées et
fragiles en matière d’offre de
service public, qui reçurent l’aide
départementale. Aujourd’hui
donc en 2010, la médiathèque
départementale apporte une aide
régulière et conséquente auprès
de la totalité des bibliothèques – à
l’exception de celle de la commune
centre de Maubeuge – sous la forme
traditionnelle de prêts et dons de
collections documentaires, de prêts
d’expositions, d’offres de formation,
de participation à l’élaboration d’une
politique documentaire commune.
Sans compter l’accompagnement en
ingénierie auprès de l’Agglomération
dans sa volonté de développement
et d’aménagement de son espace
communautaire : maillage du
territoire en équipements de
proximité et mise en réseau de ces
équipements regroupés en trois
pôles géographiques constitués
par les bassins de vie autour des
communes de Jeumont, Maubeuge
et Aulnoye-Aymeries. Enfin, la
médiathèque départementale a
engagé une réflexion avec les services
de l’Agglomération, pour penser
et construire la « bibliothèque de
demain » conçue d’abord comme
un outil du lien social, ces lieux en
devenir proposant des activités tant
sociales (crèche, halte-garderie,
point de relais d’informations…) que
culturelles (bibliothèque, espace
numérique, animations…).
Sources : mdn
Bibliothèques et médiathèques partenaires de la
Médiathèque départementale :
Assevent – Aulnoye-Aymeries – Boussois – Colleret
– Feignies – Ferrière-la-Grande – Ferrière-la-Petite
Jeumont – Leval - Louvroil – Marpent –
Montceau St Waast – Pont sur Sambre - Recquignies
Rousies - Vieux-Mesnil
Mots
et Merveilles
Pour conjuguer le verbe vivre
Ne pas savoir lire, peiner à déchiffrer – la signalétique routière, les bornes
de sécurité sociale, les fiches de paie, la déclaration de revenus, les panneaux
d’affichage de gare, les livres d’histoires, son journal quotidien. C’est une
véritable lutte contre l’exclusion sociale que mène l’association, logée dans
une ancienne école maternelle d’Aulnoye-Aymeries chaleureusement repeinte.
Rencontre avec Caroll Weidich, responsable de Mots et Merveilles.
« Les locaux ont ouvert en janvier 2009,
mais nous sommes vraiment opérationnels
depuis le mois de septembre. » Nous, ce
sont les trois salariées de l’association, qui
coordonnent une équipe de 60 bénévoles
formés ou en cours de formation. « Nous
travaillons avec l’association lilloise
Potentiels, qui forme nos bénévoles en huit
jours à l’accompagnement des apprenants :
où situer leurs leviers d’apprentissage,
découvrir les essentiels de la pédagogie,
savoir utiliser des outils andragogiques… »
Autant de modules nécessaires pour
parvenir à ce que les ateliers proposés
répondent aux besoins des 60 personnes
qui ont quitté la liste d’attente pour
bénéficier de cet apprentissage sur
mesure. L’association, soutenue par sa
communauté d’agglomération, est un des
acteurs du plan Lire, écrire, Agir, signé à
Lille en juillet 2009. Ce dernier constate
que 15,5 % de la population de la région
souffre d’illettrisme, 49 % de ceux-ci ayant
un emploi. Caroll Weidich est une enfant
du pays, ancienne professeure de français
habituée à travailler avec les élèves en
difficulté scolaire, jusqu’à la prise de
conscience de lourds obstacles à la lecture
chez des élèves de BEP/CAP. « J’ai quitté
l’éducation nationale pour intégrer un
poste de coordinatrice du réseau de lutte
contre l’illettrisme sur le territoire Sambre
Avesnois mis en place par un organisme
de formation. En faisant ce diagnostic du
bassin, je me suis aperçue que le réseau
laissait certaines zones sans soutien. D’où
le projet associatif. » La structure est de
plus en plus sollicitée, la SNCF vient de la
retenir pour son appel d’offres « Prévenir
pour grandir », elle reçoit également les
élèves du Dispositif de réussite éducative
(DRE), dont l’objectif ambitieux est de
réconcilier les enfants en difficulté avec
l’école : « Cela nous réjouit beaucoup.
Personnellement, j’espère simplement
que malgré tout ce travail administratif
à fournir, je serais toujours en mesure
de continuer un travail de terrain, c’est
essentiel. »
Par Mots et Merveilles propose divers
ateliers : atelier de lecture, atelier
d’écriture, atelier de calcul, travail de
rédaction avec des écrivains, l’atelier pour
enfants « Brico-Lire » du samedi matin et
l’atelier « Mets et Merveilles ». Justement,
une dizaine d’apprenants poussent la porte
des locaux, de retour de ce dernier, en
vantant tout sourire les mérites de la salade
double choux ou du velouté de potiron et
fruits de mer. « Cet atelier à vocation à
redonner leur place aux sens, à l’équilibre
alimentaire et aux repas à table, lieu de
sociabilité par les mots. » Début 2010,
les apprenants devraient bénéficier de 25
postes informatiques, équipés de logiciels
d’initiation à la lecture, à l’écriture et au
calcul. On s’aperçoit rapidement que c’est
d’abord l’humanité des lieux qui concoure
au succès des missions de l’association :
Daniel, un apprenant, témoigne : « J’ai des
soucis de lecture et d’écriture et je suis en
recherche d’emploi. Je suis très volontaire
et très heureux : maintenant, je peux lire
La Sambre avec l’aide d’une des dames qui
s’occupent de moi. Et puis ici, tout le monde
est gentil, Caroll, Stéphanie et Audrey, elles
ont toujours le sourire. » Grâce au travail
de l’association et à sa volonté, Daniel
reprend soin de lui, à tous points de vue. Il
est en passe de retrouver du travail, gagne
en autonomie et refait des projets « Après
tout,…tout peut arriver ! »
Association Mots et Merveilles
31 bis rue de La Fontaine / 59620 Aulnoye-Aymeries / 03 27 63 77 28 / 06 83 15 65 18
[email protected]
l.e
21
¶patrimoine écrit
¶ lecture
publique & patrimoine
patrimoine écrit ¶
Acquisition, restauration
Un FRrAB en région,
c’est possible !
Synthèse de l’enquête du CRLL sur les
politiques d’acquisition patrimoniale et de
restauration des bibliothèques municipales
du Nord - Pas-de-Calais
25 questionnaires ont été envoyés (6 aux bibliothèques municipales classées -BMC-,
19 aux bibliothèques municipales -BM-). 18 ont été renseignés (5 par les BMC et
13 par les BM), soit un taux de réponse de 72 %
1- Analyse de l’existant
- 17 bibliothèques ont acquis à titre onéreux des documents patrimoniaux depuis 2003
(5 BMC et 12 BM).
- 12 bibliothèques ont restauré des documents patrimoniaux depuis 2003 (4 BMC et 8 BM).
À côté de leur mission de lecture publique, de nombreuses bibliothèques françaises assument une vocation
patrimoniale. Issues des saisies révolutionnaires, des confiscations de 1905, d’achats ou de dons, leurs collections sont
évaluées à une trentaine de millions de documents, soit presque l’équivalent de la Bibliothèque nationale de France.
C
ette part importante du patrimoine
national écrit et graphique de notre
pays comprend des documents de
nature très diverse : manuscrits,
imprimés de toute sorte, estampes, cartes
géographiques, photographies, partitions
musicales, monnaies…
Il est capital que ce patrimoine devienne
et demeu re u ne ressou rce v i va nte,
accessible. Les bouleversements introduits
par le développement des technologies de
l’information renforcent considérablement
les moyens pour le faire : catalogues en ligne,
numérisation des documents apportent des
solutions hier impensables. Mais il est un
autre élément essentiel qui contribue à
son dynamisme : son enrichissement. Or
le contexte actuel marqué par la dispersion
de nombreu x pat ri moi nes privés, la
circulation de plus en plus libre des biens
culturels, la forte expansion des ventes
relatives au patrimoine écrit contemporain
depuis les années 1960 et les menaces
rapides de dispersion qu’elles font peser
aujourd’hui amène à considérer cet enjeu
comme une priorité.
C’est dans ce cadre que le CRLL Nord –
Pas-de-Calais a confié fin 2009 à MarieClaude Pasquet une enquête su r les
politiques d’acquisitions patrimoniales des
bibliothèques de la région. 18 bibliothèques
ont répondu au questionnaire et l’on peut
noter que toutes (sauf une pour des raisons
budgétaires) ont réalisé des acquisitions
depuis 2003. Ce sont le plus souvent les offres
du marché qui déclenchent ces acquisitions,
mais généralement dans le cadre d’un plan
d’enrichissement défini au préalable. Le
besoin de documents pour alimenter des
projets d’animations ou de découvertes du
patrimoine écrit est également évoqué.
À l’unanimité, c’est le développement des
fonds locaux ou régionaux qui apparaît
22
comme la raison fondamentale de ces
acquisitions, mais la nécessité de compléter
les collections existantes et celle de faire
ent rer des documents patrimoniau x
contemporains dans la bibliothèque sont
également soulignées par la plupart des
établissements. Quelques achats peuvent
illustrer ces tendances : à Boulog ne,
l ’acquisition en vente publique d ’un
ensemble de docu ments concer na nt
Valent i ne Hugo ; à L ille, l ’achat de
photographies du XIXe et dernièrement d’un
manuscrit médiéval, un Missel de St Pierre
de Lille (35 000 euros) ; à Valenciennes, des
ouvrages de bibliophilie contemporaine
ainsi que de gravures ; à Calais des affiches
de théâtre du XIXe siècle ; à Saint-Amand,
des documents concernant la vie et l’œuvre
d’Emile Verhaeren (25 000 euros)…
De quels moyens disposent les bibliothèques
pour procéder à ces acquisitions ? La moitié
d’entre elles n’ont pas de ligne budgétaire
spécifique et annuelle, mais la majorité
peut escompter, en fonction des projets, des
moyens supplémentaires de la collectivité
dont elles dépendent. En moyenne annuelle,
le budget consacré est inférieur à
10 0 0 0 eu r os , c i nq é t a bl i ssement s
disposant de moyens supérieurs. Une
moitié des bibliothèques a dû renoncer
à des projets d’acquisition depuis 2003,
tandis qu’un autre quart souligne que,
compte tenu de l’absence de moyens et
d’une réelle politique d’acquisition, elles
ne peuvent imaginer une pratique régulière
d’acquisition.
Qu’en serait-il dans un contexte nouveau
marqué par la mise en œuvre éventuelle
d ’u n F R R A B, c’est-à- d i re u n Fonds
régional de resturation et d’acquisition
des bibliothèques, tel qu’il en existe déjà
dans une quinzaine de régions françaises,
alimenté paritairement par la Région et
l’Etat, et qui, à l’instar des fonds régionaux
d’acquisition des musées, vient en aide aux
collectivités pour des projets d’acquisition ?
Et comment imaginer la création d’un tel
outil en Nord – Pas-de-Calais ? On peut
penser, au vu des chiffres, que sa création ne
supposerait pas la mise en œuvre de moyens
substantiels ; quelques milliers d’euros
suffiraient amplement pour répondre
aux demandes courantes, sachant que les
acquisitions importantes (dites d’intérêt
national) peuvent être aidées par l’état
directement. En revanche, l’existence d’un
tel outil et le fait de disposer d’une instance
où ces questions pourraient être débattues,
où s’exercerait une véritable expertise
technique, permettrait d’accompagner les
efforts locaux, de les dynamiser et de les
replacer dans un cadre régional. L’exemple
du FR AM (Fonds régional d’acquisition
des musées) est à cet égard éloquent. Les
professionnels sont unanimes à considérer
qu’un tel outil permettrait de mobiliser les
crédits locaux et attendent par ailleurs
d’un FRR A B un ensemble d’aides et de
conseils techniques (montage de dossiers
d’acquisition, de dossiers de restauration,
carte régionale des acquisitions, base
régionale des documents restaurés ou à
restaurer, liste de restaurateurs et de
leurs compétences). La poursuite du plan
de formation engagé dans le cadre du
Plan d’action pour le patrimoine écrit
par MédiaLille est plébiscitée, ainsi que
le rôle du FRR AB pour une valorisation
régionale et nationale des acquisitions,
notamment par la mise en œuvre d’expo­
sitions virtuelles ou de publications. Une
constation enfin : de nombreux FRABs ont
ajouté un R à leur arc. R pour restauration,
car si celle-ci apparaît comme l’autre
versant souvent indispensable d ’une
politique patrimoniale, elle nécessite des
moyens qui peuvent parfois faire reculer
une collectivité locale.
Financement des acquisitions patrimoniales
Une ligne budgétaire
Des moyens spécifiques éventuels
Renoncement à des acquisitions
pour des raisons budgétaires
9 (4 BMC et 5 BM)
15 (5 BMC et 10 BM)
6 (3 BMC et 3 BM)
Entre 9 000 € et 25 000 € pour les BMC, entre 45 € et 12 000€ pour les BM
Financement des restaurations
Illustrations
1- Page de gauche :
Lille, Section automobile du premier secteur
– ca. 1920 – 227x174 mm
Photographie issue des Albums B 13
Vues des dommages de guerre et des reconstructions.
Albums conservés à la bibliothèque municipale de Lille,
restaurés en 2008 par Annabelle Simon pour un coût de
4 138,16 ¤
2- En haut à droite :
Messe de Saint Grégoire
Livre d’heures à l’usage d’Arras
(Tournai 1470-1480) ms n 1969
Manuscrit du XVe siècle acquis par la médiathèque
municipale d’Arras en 2009
3- Ci dessous :
Premier projet pour Médieuses de Paul
Eluard par Valentine Hugo.
état : n°11/22 - 19,5x14,5 cm
Dessin, acquis par la médiathèque de Boulogne-sur-Mer à la vente
aux enchères Christie’s en 2005, pour la somme de 1 816,50 ¤
Une ligne budgétaire annuelle*
Des moyens spécifiques éventuels
7 (3 BMC et 4 BM)
11 (3 BMC et 8 BM)
* Entre 4 750 € et 20 000 € pourles BMC. Entre 500 € et 7 500 € pour les BM
Prise en compte des trois axes de développement du FRRAB
dans les acquisitions (par ordre de priorité)
Développer les fonds
locaux et régionaux
Compléter les collections existantes
Faire entrer
des documents contemporains
18 (5 BMC et 13 BM)
13 (5 BMC et 8 BM)
13 (3 BMC et 10 BM)
2- Les attentes des bibliothèques par rapport au FRRAB
Attentes
Précisions
Une aide financière
Une aide technique
Des outils d’aide au choix
Des formations
Une valorisation régionale
et nationale des
acquisitions et
des restaurations
Nb de bibliothèques
16 (5 BMC et 11 BM)
Montage des dossiers de restauration
12 (3 BMC et 9 BM)
Montage des dossiers d’acquisition
10 (1 (BMC et 9 BM)
Mise en place d’une politique de restauration
9 (2 BMC et 7 BM)
Choix des restaurateurs
8 (2 BMC et 6 BM)
Carte régionale des acquisitions
14 (4 BMC et 10 BM)
Liste des restaurateurs
9 (2 BMC et 7 BM)
Base régionale des documents restaurés ou à restaurer
9 (3 BMC et 6 BM)
- Montage des dossiers de restauration
- Conservation : techniques de prévention, entretien, petites réparations
- Restauration : quelle restauration pour quels documents
- Reliure
- Diagnostic sur les fonds : état physique, valeur financière
- Numérisation des documents patrimoniaux
- Catalogage, classement d’un fonds local
- Documents graphiques, la photographie
- Aspects juridiques : gestion des dons, droits de reproduction
- Valorisation des collections patrimoniales et locales
- Moyens d’acquisition des documents patrimoniaux
14 (3 BMC et 11 BM)
Une exposition virtuelle sur le site Eulalie
13 (3 BMC et 10 BM)
Une publication
12 (4BMC et 8 BM)
23
¶ interprofession... Reportage
interprofession... Reportage ¶
L’entreprise de Villeneuve-d’Ascq travaille avec les grands de l’édition
Nord Compo
L’autre géant du Nord
« Composition Nord Compo Villeneuve-d’Ascq ». Ouvrez un livre – littéraire, scolaire, pratique, juridique, médical... –, regardez
en dernière page : vous avez de bonnes chances de trouver cette mention. Avant l’impression, la composition est une phase
essentielle de la fabrication d’un livre. L’entreprise villeneuvoise est un des leaders dans ce domaine.
Q
u’ont en commun Véronique
Ovaldé, Max Gallo, Bernard
Werber, Juliette Benzoni et JeanChristophe Grangé ? Leur dernier
livre a été mis en pages à Villeneuved’Ascq. Ne pensez pas qu’un éditeur
nordiste aurait réussi l’incroyable pari de
voler à ses confrères parisiens des auteurs
à succès. Le pari est pourtant du même
ordre, quoique plus discret et tout ce qu’il
y a de plus honnête. Les éditeurs sont bien
complète de certains ouvrages. Ils
trouvent, à une heure de Paris, Nord
Compo, prêt à répondre à toutes leurs
demandes.
Des mutations technologiques
régionaux et se compose de catalogues
de vente par correspondance, pour Daxon
par exemple, ou de vente en BtoB (pour
Norauto, Kiloutou, Picwic...), de rapports
d’activité, plaquettes, annuaires, revues
municipales, institutionnelles et même
indicateurs horaires de la SNCF ! L’activité
numérique permet aussi à Nord Compo de
diversifier son offre. Le Nordiste fournit
par exemple systématiquement, à tous ses
clients en littérature générale, la version
électronique des fichiers réalisés en
prépresse. Parce que le livre électronique
est une valeur qui monte... Des ingénieurs
en informatique maintiennent une
veille technologique afin de suivre ces
évolutions. Arnaud Bény, directeur
général, précise : « Deux personnes de
notre filiale Norsoft partagent leur temps
à 50-50 entre production et recherchedéveloppement. »
Il poursuit : « C’est l’organisation qui
fait notre force. Nos clients, petits ou
gros, bénéficient d’un suivi commercial
et surtout technique. Ils ont chacun une
équipe dédiée, avec un interlocuteur
commercial et un interlocuteur technique,
Au fil des évolutions qui ont révolutionné
l’impression sur papier, Nord Compo est
parvenu à s’imposer comme un acteur
majeur du prépresse. Créée en 1972 à
Wattignies par Robert de Meulemeester,
encore
aujourd’hui
président
actionnaire, l’entreprise compte alors
Pour ce guide de la BD, l’auteur a placé au
deux associés et deux salariés. La
fil de son texte des balises sur les mots qu’il photocomposition fait ses débuts : à
souhaitait retrouver dans l’index, et rédigé un la typographie au plomb succèdent
libellé correspondant. Nous générons ensuite la saisie sur clavier, les bandes
perforées et les bromures qu’on
l’index grâce à l’extraction automatique.
découpe au cutter et assemble sur
des tables de montage avant de les
parisiens (L’Olivier, Fayard, Albin Michel
flasher sur papier sensible... Vers la fin
ou Plon pour les auteurs cités), mais ils ont
des années 1980, la PAO, ou publication
confié la composition de ces ouvrages à une
assistée par ordinateur, vient remplacer
entreprise villeneuvoise, Nord Compo. Les
cet arsenal en permettant d’intégrer
plus grands groupes d’édition français
texte et images grâce à un logiciel unique.
(Editis, Hachette...) comptent parmi ses
Cette technologie offre à Nord Compo,
clients. Car il s’éloigne le temps où les
qui s’est entre-temps installé dans la
maisons d’édition grouillaient de tous
ville nouvelle, un tremplin
les métiers qui font le livre... Concentrés,
pour une croissance continue.
resserrés sur leurs fondamentaux,
En 1993, deux événements Les livres en noir (romans ou essais) demandent
nombre d’éditeurs externalisent des
permettent à l’entreprise de aussi un talent de composition. Il faut se
tâches qui vont de la seule mise en page
faire un bond en avant : la mise préoccuper de la typographie, des marges, de
à la réalisation graphique entière, quand
en service du TGV Lille-Paris l’interlignage... pour une bonne lisibilité. Les
ce n’est pas la sous-traitance éditoriale
et le développement du web. formats poche ne sont pas une simple réduction du
Les relations commerciales format initial, ou alors c’est illisible !
avec les éditeurs parisiens,
installées dès les années 1980,
toujours les mêmes sur la durée du
s’en trouvent dynamisées. Nord Compo
projet. » Et pour ses clients éditeurs, trois
se lance parallèlement dans les services
coursiers font chaque jour la navette pour
liés à la numérisation pour accompagner
livrer à Paris les jeux d’épreuves.
les possibilités de diffusion qu’offre
Autre atout : la formation continue des
désormais Internet.
salariés et l’évolution professionnelle, qui
fait partie de la culture de l’entreprise.
Les responsables d’équipe ou les cadres
Des équipes dédiées
ont ainsi évolué de poste en poste et
L’entreprise fait aujourd’hui travailler
connaissent les tâches qu’ils supervisent.
120 personnes. Le livre représente 70 %
Arnaud Bény lui-même, entré il y a 22 ans à
de l’activité print (impression papier),
Nord Compo, est issu des arts graphiques.
du livre dit « en noir » (texte seul) à la
Il est passé par tous les postes techniques
Ludovic Févin (debout), directeur artistique,
quadrichromie
(tout
livre
illustré).
La
et deux de ses graphistes, Mélanie, depuis dix ans chez
et d’encadrement avant d’accéder à
part
restante
concerne
surtout
des
clients
Nord Compo, et Nicolas, six ans et demi d’ancienneté.
la direction générale. C’est aussi le cas
de Ludovic Févin. Entré il y a 20 ans
comme ouvrier en photocomposition, il
est aujourd’hui directeur artistique. Son
talent de dessinateur, révélé par hasard
suite à la réalisation de quelques croquis
pour un client qui lui en commande bientôt
cent, a été reconnu et valorisé. Il dirige
aujourd’hui l’une des deux équipes de
créatifs, équipes qui réunissent chacune
quatre graphistes.
« Parmi les leaders »
Quand on l’interroge sur ses concurrents,
Arnaud Bény préfère parler de
« confrères ». Concernant sa part de
marché, il se contente de dire que Nord
Compo est « parmi les leaders », mais
précise : « Nous sommes peut-être quatre
entreprises à nous partager le gros du
marché, mais il existe beaucoup de PME
de 10-15 salariés qui ont aussi leurs
parts. » Reste qu’avec 16 millions d’euros
de chiffre d’affaires en 2008, l’entreprise
est en progression constante depuis sa
création. L’année 2009 marquera peutêtre le pas avec un nombre de publications
stable depuis fin 2008 et le début de la
»
crise. Prudente, Nord Compo se cherche
de nouveaux débouchés géographiques :
la Belgique et d’autres régions françaises.
Elle a pour cela lancé une campagne
de recrutement de commerciaux en
alternance. Parallèlement à leur formation
commerciale, ils sont formés aux arts
graphiques grâce à un partenariat avec
Amigraf. Ayant acquis les fondamentaux
du métier de Nord Compo, ils sont aptes à
vendre son savoir-faire. Un investissement
entamé il y a deux ans qui, selon Arnaud
Bény, porte déjà ses fruits.
sophie pecquet
Nord Compo
7, rue de Fives B.P. 123 / 59653 Villeneuve d’Ascq Cedex
Tél. 03 20 41 40 01 / [email protected] /
www.nordcompo.fr
Les chiffres clés
- Créé en 1972
- Plus de 300 clients
- Une des quatre filiales du groupe avec
Ravet Anceau (édition de plans de ville,
cartes géographiques et livres, notamment
polars régionaux), Linéal (agence de
communication) et Norsoft (ingénierie
informatique)
- 120 salariés
- Chiffre d’affaires 2008 : 16 millions d’euros
- Part du livre : 70 %
Stéphane Descamps, responsable de production, et Ludovic Févin, directeur
artistique, ont pioché pour Eulalie quelques exemples caractérisant
l’activité de Nord Compo.
DR
DR
«
Prenons ce dictionnaire français-russe. La difficulté est de respecter
les règles de coupure des mots dans les deux langues. Un dictionnaire
de coupure est adapté à chaque langue. 24
25
interprofession... LETTRES D’AILLEURS ¶
¶ interprofession... LANGUES RéGIONALES
Portrait
Bernard Baralle (1936-2007)
Auteur picard du Douaisis
T
oute l’existence de Bernard
Baralle s’est déroulée aux
alentours de Lewarde, le village
de son enfance. Issu d’un milieu
minier, il a connu le parcours du boursier
de la République et intégré l’école
normale. Il en sort instituteur, y revient
dix ans plus tard pour devenir PEGC
(professeur d’enseignement général
de collège) Lettres-Arts Plastiques. La
pension prise, il continue ses nombreuses
activités bénévoles. C’est qu’il a la foi du
charbonnier laïque, la tripe associative, le
goût et le souci des autres.
Bernard Baralle trouvait par ailleurs le
temps d’écrire et ses travaux étaient tout
de proximité. Aussi son premier ouvrage
est-il une monographie historique,
Histoire d’un tiot villache Dichy, exécutée
dans le cadre d’un Projet d’action
éducative (PAE) de son collège.
à l’occasion du bicentenaire de la
Révolution et du millénaire de Dechy il
entreprend un nouveau PAE, Histoire du
citoyen Taffin, Républicain Dechynois,
1758-1813 qui aboutit à l’impression d’une
plaquette. Surtout il finit par conclure
l’histoire de Lewarde. L’entreprise exige
une trentaine d’années de recherches,
une centaine de kilos de papiers et
d’archives. Au final, un beau volume
illustré de 207 pages, qui sort en 1994
grâce à l’aide du conseil municipal et de
diverses associations. L’Histoire y est
traitée par petites touches, diffractée en
une cinquantaine de rubriques.
Cette série est complétée en 2003 par la
publication aux Éditions Nord-Avril de
Henri, mineur, dit « Caraco » / Écrits d’un
mineur en pays minier d’après les carnets
d’Henri Lengrand.… Henri Lengrand,
originaire de Lewarde, travailla à la fosse
Delloye, là où le Centre historique minier
est installé. Il avait tenu en français un
cahier de souvenirs confié à son ami
Bernard qui le recomposa et en corrigea
l’écriture.
Bernard Baralle qui fut l’un des
fondateurs de L’Académie des Tiots Pères
de Douai nourrissait pour la langue et la
littérature picardes une passion profonde
et militante.
Son premier recueil poétique, Contes
del’ rue d’ech’ meulin, renvoie au cadre
de son enfance et s’ouvre sur une ode
locale Lwart, min villache. à côté de
l’évocation du temps passé il traite
de phénomènes plus actuels, propose
des fables, des réflexions… La même
variété de composition se retrouve dans
Poésies, Nouvelles, Proverbes, Contes et
Fables, œuvre sensiblement étoffée avec
une cinquantaine de pièces. Ces deux
publications furent réalisées dans des
26
conditions quasi artisanales, à compte
d’auteur et sans intention lucrative. Il en
alla enfin autrement pour les Proverbes
et Expressions du Nord - Pas-de-Calais en
Patois publiés aux éditions Nord-Avril
en 2006. Ce travail, commencé avec son
ami Roger Félix, fruit de quinze années
de compilation, rassemble quelque
2 500 proverbes ou locutions traduits
et explicités et constitue une somme
parémiologique de première importance
pour le picard. Le public s’est rué sur
l’ouvrage, vendu actuellement à 12 000
exemplaires. Une suite est envisagée à
partir des papiers mis en ordre par son
petit-fils, Rémy Deplancke.
C’est sous le titre doucement régressif
et prémonitoire de Ch’ Dortoir que
Bernard Baralle (1936-2007) a clos son
œuvre publiée. Ce dortoir est celui de
l’École normale de Douai qui l’a tant
marqué. Après quelques pages d’un
registre très Guerre des boutons, il
nous narre par le menu son aventure
scolaire, égrenant discipline après
discipline les portraits de ses maîtres.
Ce qui vibre à travers ces pages, c’est le
goût d’apprendre, la gratitude envers
l’institution. S’ensuit une quarantaine
de textes en picard puisés en majorité
à son premier recueil. La facture en est
assez lâche, l’inspiration populaire, et les
traits rabelaisiens abondent. Quelques
négligences formelles n’empêchent pas
les pièces de s’enchaîner aisément et
l’ensemble de se lire avec plaisir.
L’œuvre de Bernard Baralle est riche
d’enseignements. Elle constitue même
un cas d’école par son inspiration, sa
simplicité de ton et d’allure, sa ferveur
pédagogique mais elle illustre aussi,
de façon plus originale, les difficultés
de la montée vers la visibilité avec
ses tâtonnements qui ont conduit
de l’impression d’un PAE au succès
d’édition.
jacques landrecies
Les éditions Quadrature au service de la Nouvelle
Ch’est toudis
l’pus laid
baudet…
Michel
Meurdesoif
Créées en 2005, les éditions Quadrature, dont le siège est à Louvain-la-Neuve, se sont faits un nom dans le domaine de
la nouvelle. Trois ou quatre recueils paraissent chaque année, venus de Belgique et de France.
Non, Meurdesoif n’est pas un
pseudonyme mais bien le patronyme de
l’auteur. Les amateurs se souviennent de
l’heureuse surprise de son premier titre,
L’minteux y est pas lon (2003). L’ouvrage
était composé de courtes histoires
domestiques ou bistrotières ayant pour
héros un personnage semi-légendaire
d’Aniche, commune dont Michel
Meurdesoif est maire depuis longtemps.
Page de droite : la prose picarde, d’une
très grande qualité ; page de gauche :
la traduction, avec un parti-pris de
distanciation inattendu, le texte français,
très ramassé, s’énonçant dans un registre
de langue des plus soutenus, source d’une
véritable jubilation linguistique. En
passant aux éditions Engelaere l’auteur
a maintenu cette formule pour notre plus
grand plaisir. Ces histoires du quotidien
populaire sont toujours menées de main
de maître, avec des dialogues criants de
naturel, un sens percutant de la réplique
finale et notre rire est garanti. Ajoutons
que la maquette a aussi été conservée :
format à l’italienne, impression soignée,
couverture originale et contribution d’un
illustrateur reconnu (Mako). Voilà qui
tranche sur l’ordinaire de la production
patoisante. Nous en redemandons.
j.l
Michel Meurdesoif et Mako (illustrations)
Ch’est toudis l’ pus laid baudet…
engelaere éditions
128 pages - 12 €
isbn : 9782917621035 / avril
2009
« Quadrature est une Asbl [association
type loi 1901] fondée en février 2005
par un groupe d’amis s’intéressant à la
littérature – et tous bénévoles, explique
Patrick Dupuis, un professeur à la retraite
de 58 ans et lui-même nouvelliste (1).
D’emblée, nous nous sommes fixés une
ligne éditoriale extrêmement claire : ne
publier que de la nouvelle francophone,
refuser le compte d’auteur et ne pas
s’autopublier. » Pour démarrer, l’équipe a
investi 2 000 euros et demandé un texte
à une trentaine d’auteurs belges. Dix-huit
ont répondu, dont Vincent Engel, Caroline
Lamarche, Colette Nys-Mazure, Thierry
Bellefroid, Geneviève Bergé et Jacques
Mercier, et c’est ainsi qu’est né Cercles,
tiré à 300 exemplaires. Après Race de
salauds de Liliane Schraûwen et L’Enfer
est à nous de Kenan Görgün (qui publie
La Foire du Livre de Bruxelles
Après avoir occupé quatre lieux bruxellois, la
manifestation littéraire la plus importante en
Belgique francophone s’est définitivement
installée en 2005 sous l’imposante verrière
autoportante de Tour & Taxi, le long du canal,
où elle occupe les 15 000 m2 des anciens
magasins de l’ancienne douane. Organisée
début mars, elle fête cette année ses 40 ans.
Soucieuse de faire écho aux enjeux auxquels
est confronté le monde de l’édition, la Foire
du Livre abordera un sujet d’actualité, le
numérique, source de nouvelles pratiques,
de nouveaux objets, de nouveaux usages.
Et aussi de nouvelles craintes. Accepter le
numérique revient-il à signer la mort du livre
et de ses métiers, de la lecture et du plaisir
qu’elle procure ? Le numérique marque-til le passage d’une ère de la réflexion et
des passions à celle du tout virtuel et du
tout automatique ? Ce sont ces questions
que tenteront d’éclairer ces cinq jours à
travers débats et tables rondes réunissant
éditeurs, écrivains et autres représentants
du monde littéraire. Un nouvel espace de
rencontres, Le Labo, matérialisera tout ce
qui se dématérialise dans l’édition. Comme
chaque année, cet événement accueillera
plusieurs centaines d’exposants, d’éditeurs
et d’auteurs. Et de nombreuses rencontres
autour des littératures adulte et jeunesse, de
la bande dessinée et des sujets de sociétés
se tiendront sur les différents espaces prévus
à cet effet.
Du 4 au 8 mars 2010 /de 10h à 22h (les jeudi et vendredi), 20h
(samedi et dimanche) et 19h (lundi).
www.foiredulivredebruxelles.be
également chez Luce Wilquin et Fayard),
une Française, Emmanuelle Urien, qui
avait trouvé l’adresse sur Internet, a
envoyé Toute humanité mise à part. « Nous
ne savions comment réagir car nous
ne pensions éditer que du belge et en
Belgique, avoue Dupuis. Nous lui avons
expliqué que nous étions une maison
d’édition balbutiante et elle nous a fait
confiance. Son livre a eu du succès et nous
a fait connaître en France d’où nous est
arrivée une multitude de manuscrits. »
Depuis, cette auteure a signé deux autres
livres chez Gallimard.
Quadrature ne publie que trois recueils
par an, deux en automne, un en hiver – et
parfois un quatrième d’un genre différent
au printemps. Pour qu’un manuscrit soit
édité, il faut qu’il obtienne l’assentiment
de cinq des sept membres qui composent
le « comité de lecture ». L’un d’eux
accompagne alors l’heureux élu jusqu’à la
parution de l’ouvrage.
Présents seulement dans une douzaine
de librairies à Bruxelles et en Wallonie,
les recueils peuvent être commandés
via n’importe quelle librairie et par
Internet, Quadrature prenant en charge
les frais de port. La livraison est rapide
car l’impression quadrinumérique
à la demande autorise une rapide
réimpression. Ce qui évite la question du
stock et explique la modicité de la mise de
départ qui, en six mois, a été remboursée.
Les trois derniers recueils parus (tous
signés par des femmes, une Belge et deux
Françaises), reflètent l’exigence éditoriale
posée en principe. Qu’elles racontent
des moments charnières de l’existence
dans le bien nommé Et je fais quoi, moi,
maintenant ? de Jacqueline Daussain,
qu’elles mettent en scène des éléments du
quotidien dans Arts ménagers d’Isabelle
Renaud ou qu’elles montrent des femmes
sous leurs multiples facettes dans Haut
les filles ! de Calouan, ces nouvelles
traduisent toutes un certain mal-être
dans notre monde actuel, une difficulté à
s’accorder avec la société proposée. Et elles
le font dans un style laissant toujours
filtrer l’émotion.
michel paquot
Haut les filles
Calouan
isbn : 978-2-930538-07-5
15 euros
2009
Arts ménagers
Isabelle Renaud
isbn : 978-2-930538-06-8
15 euros
novembre 2009
Et je fais quoi, moi, maintenant ?
Jacqueline Daussain
isbn : 978-2-930538-05-1
15 euros
septembre 2009
Court, noir, sans sucre
Emmanuelle Urien
ISBN : 978-2-930538-08-2
15 euros
Février 2010
éditions Quadrature
TVA : BE 0869 699 426 /Rue des Annettes, 22
1348 Louvain-la-Neuve / Belgique
tél : 00 32 (0) 472 20 61 99 / fax 00 32 (0) 10 45 44 14
[email protected] / [email protected]
http://www.editionsquadrature.be/
(1) Il a publié l’an dernier un recueil de nouvelles chez Luce
Wilquin, Nuageux à serein
27
Interprofession… à suivre ¶
¶ interprofession… à SUIVRE
Avalanche BD !
Les EAT (écrivains
associés du théâtre)
de retour à Massenet
Il en naît régulièrement. Rien que de février à mai,
le Nord - Pas-de-Calais ne compte pas moins de onze
festivals de bande dessinée (1). Pourquoi ont-ils le vent
en poupe ? Le phénomène suit l’engouement du public
pour la bande dessinée et la diversité de la production.
Qu’en pensent-ils ?
Claudine Fruit,
responsable depuis 7 ans
du secteur BD à l’Odyssée,
médiathèque de Lomme
« Nous avons plus de 8 000
titres, dans le secteur
jeunesse et le secteur
adolescent et adulte. Tous les
événements BD fonctionnent
bien. En début d’année nous
avons organisé un atelier
pour enfants, avec Virginie
Vidal et en octobre un festival
BD dont le but était de faire
connaître la BD régionale.
Nous avons organisé des
conférences, des rencontres
avec des scénaristes et des
illustrateurs, des dédicaces et
diffusé un document, Largo,
en lien avec l’association
lommoise. Une case en plus.
Côté enfants, quand un
Titeuf sort, c’est l’afflux de
demandes. Au secteur adulte,
je constate une émergence
de la BD indépendante et
du roman graphique, de
même que la BD policière
type ésotérique. Je suis allée
aux festivals de Roubaix et
d’Haubourdin, je choisis en
fonction des auteurs présents.
De nos jours, les enseignants
orientent plus les enfants
vers la BD. Cela explique
son développement et la
multiplication des festivals. »
René Pillot, auteur de théâtre et président de la
filiale des EAT dans le Nord – Pas-de-Calais est un des
acteurs de la naissance du collectif régional.
Agathe Ramery,
responsable du rayon BD
au Bateau Livre à Lille
« C’est un rayon qui est
en pleine extension, plus
en adulte qu’en jeunesse
d’ailleurs. Plus de la
production indépendante
que des grosses séries. On a
bien vendu, certes, le dernier
Manu Larcenet, mais aussi
La Genèse de Robert Krumb
ou l’adaptation BD du bestseller d’Howard Zinn Une
histoire populaire de l’empire
américain. Il y a un vrai
engouement pour la BD,
qui s’est démocratisée, les
éditeurs sont plus accessibles
au grand public ; cela joue
sans doute sur les festivals. »
Patrick Delgrange,
organisateur du salon Bulles
en Nord de Lys-les-Lannoy
« La 23e édition du salon aura
lieu en novembre prochain
et il est vrai qu’à sa création,
en 1988, il n’y avait rien
dans la région. On a fait des
émules, c’est bien, mais il ne
faudrait pas non plus fatiguer
le public. Et puis, un festival,
c’est autre chose que vendre
des livres. Nous proposons des
rencontres (50 auteurs de BD
sont invités), des expositions,
des forums… Nous sommes
toujours à la recherche
d’événements différents.
Le public est là, plusieurs
milliers de visiteurs à chaque
édition. »
Valéry Leprévost,
libraire et fondateur
de la librairie BD Fugue Café
à Lille
« La librairie existe depuis
2003. Nous observons une
évolution du public vers les
romans graphiques, ce qu’on
appelle le “style indé”, pour
indépendant, qui n’est pas
classable dans les catégories
habituelles. On remarque
aussi le développement des
comics américains, des blogs
qui donnent lieu à des BD ou
des BD autobiographiques ;
c’est un beau genre, le dessin
donne de l’intensité à la vie
qui est racontée. Le profil
des lecteurs change, il croît
aussi. Je fais peu de festivals,
c’est vrai qu’il y en a de plus
en plus, mais c’est souvent
une affaire d’habitués, de
chercheurs de dédicaces ;
on constate une certaine
professionnalisation du
festival. »
propos recueillis par c.v.
(1) pour en trouver la liste, se reporter au
calendrier 2010 des fêtes et salons du livre
(encarté dans ce numéro)
L’Âme des Mots
L’Âme des Mots
[email protected]/ 03 27 60 29 57 /
06 85 05 15 64
28
DR
Michèle Flamme est une enracinée. Originaire de la région, elle y est naturellement revenue après
un passage à Paris et une formation au métier de l’animation. En 2000, elle crée l’association l’Âme
des Mots, basée à Fourmies, dont la finalité est de promouvoir et de diffuser la langue française
à l’aide d’outils pédagogiques. En partenariat avec les institutions (SPIP, DRAC…) elle organise
des ateliers d’écriture dans diverses structures, de l’école à la prison. Au centre de détention de
Maubeuge, douze détenus prennent la plume chaque vendredi depuis 2005. Le dispositif « Voix
prêtées » permet que soient incarnés ces « mots du dedans » par des voix de l’extérieur, quatre fois
par an, dont une à l’intérieur même de la prison. Quatre ans après, Michèle Flamme disposait d’une
réserve significative de textes et dessins, qu’elle a rassemblés en un livre en octobre 2009 : Carnet
d’Escale, co-édité avec l’association de développement culturel Hors-Cadre. Les 80 exemplaires
ayant pu être imprimés se sont révélés insuffisants pour répondre à la demande. Malgré les
lourdeurs impliquées par le dispositif pénitentiaire, Michèle Flamme souhaite réitérer l’action et
lui offrir plus d’envergure pour 2010.
Les EAT, association nationale, fêtent leurs dix ans
cette année. La filière régionale a, quant à elle, été
créée en 2004 : « Ces associations sont nées dans le but
de faire valoir l’importance de l’écrivain de théâtre
dans la création d’une œuvre à une époque où la figure
du metteur en scène était hégémonique. » explique
René Pillot. Il siégeait à la commission des experts de
la DRAC quand Emmanuelle Marie, membre des EAT
nationaux lui a fait part de son souhait de voir se créer
un collectif en région Nord - Pas-de-Calais, à l’instar
des EAT Méditerranée et Atlantiques. Prudence est
mère de toutes les vertus ; René Pillot a d’abord souhaité s’assurer d’un soutien pérenne de la part
des partenaires potentiels et travailler en amont à l’édification du collectif. C’est le conseil général
du Nord qui a manifesté un fort intérêt pour cette création, « les choses sont dès lors allées très vite. »
Les auteurs sont d’abord montés dans le car des éditeurs de la région se rendant au salon du livre de
Paris pour leur lire extraits d’œuvres et textes inédits. Puis, ils ont participé à la Villa Marguerite
Yourcenar à trois éditions de Lire en Fête : des lectures-spectacles qui ont à chaque fois fait salle
comble. Les EAT ont également créé l’événement « Primeurs d’auteurs » : à la médiathèque l’Odyssée
de Lomme, également à Calais et dans d’autres bibliothèques. La lecture de textes inédits et/ou
créés pour l’occasion permet, entre autres, de mettre en valeur le fonds théâtre des structures et la
vitalité de la création. L’association, qui a désormais son siège à la librairie Dialogues Théâtre de
Lille, réitère en mars 2010 son passage au théâtre Massenet : cinq soirs, dix auteurs, des lectures de
leurs pièces par eux-mêmes ou des comédiens, des esquisses de mises en scènes...… René Pillot espère
le même succès que l’année dernière. C’est un certain rapport avec l’auditoire que défendent les EAT :
« C’est une rencontre avec l’écriture, la parole, le langage, autant d’éléments que nous avons à cœur
de partager avec le plus grand nombre et en particulier avec ceux qui ont le moins. » écrivains Associés du Théâtre Nord - Pas-de-Calais / 34 rue de la Clef / 59000 Lille /René Pillot (Président) / 03 20 93 45 08
Passions d’avril 2010 en librairies ?
Pas cette année ! Le festival annuel des libraires
indépendants de l’association Libr’Aire change
de forme : trois jours, hors les murs des librairies,
sur la thématique du voyage. Rencontre avec
Christophe Coquelet, le président de l’association.
En quoi consistera le festival 2010 ?
Il aura lieu le vendredi 23 avril au soir, et les
samedi 24 et dimanche 25 en journée à la Péniche
du Pianiste, sur le Champ de Mars. Ces trois
jours sont conçus comme un salon du livre, festif
le vendredi, composés de rencontres avec les
auteurs et de textes déclamés par des comédiens
tout le week-end.
Quelle est la finalité du festival ?
Un temps fort, pendant lequel les professionnels
du livre se retrouvent pour rencontrer le public.
Un moment privilégié et convivial, pour faire
découvrir les ressources méconnues de chaque
enseigne, leur passion et leur goût pour le livre
et la lecture. Enfin, tenter d’apporter, comme
lors de chaque édition, une dynamique culturelle
en associant différents partenaires (groupes
musicaux, comédiens, illustrateur...).
Quels sont les activités de l’association Libr’Aire ?
En premier lieu permettre aux libraires
d’échanger sur leur pratique et leur métier. Qu’ils
puissent s’organiser collectivement tout en
conservant leur personnalité. Outre les Passions
d’Avril, l’association organise des journées de
formation professionnelle deux fois par an.
Elle a, cette année, entamé un partenariat avec
l’éducation nationale et développé celui avec la
DRAC pour l’action « Jeunes en Librairies » ; à
destination des collégiens, lycéens et apprentis
qui multiplient les rencontres avec leurs libraires
de proximité. Nous adhérons également à la
fédération Libraires en régions, qui regroupe
aujourd’hui cinq associations régionales. Nous
apportons notre contribution à une réflexion
nationale sur le devenir de notre métier
(numérique, diffusion, distribution...). Dans ce
cadre, nous travaillons en partenariat avec le
Syndicat de la librairie française. à moyen terme,
nous avons le projet de faire de Passions d’avril
un événement de grande ampleur, à la mesure de
la Capitale européenne de la culture.
Association Libr’Aire / 36 rue de la Clef / 59000 Lille / 06 23 53 48 16 / [email protected]
Le Prix des
Découvreurs
Dans le cadre de la 12e
édition du Printemps
des poètes, du 8 au 21
mars 2010, des lycéens
remettront le prix de
1 500 euros à l’auteur d’un
recueil de poésie qu’ils
auront choisi parmi les
huit en lice.
L’objectif du printemps des
poètes est « de favoriser
l’ouverture du regard sur
la poésie et d’encourager la
lecture de poèmes comme
pratique culturelle. » dixit
Jean-Pierre Siméon, le
directeur artistique de la
manifestation. C’est le même
objectif que poursuit le Prix
des découvreurs, créé en
1997 à Boulogne-sur-Mer sur
l’initiative du poète Georges
Guillain. « L’action en direction
du milieu scolaire est naturelle
et primordiale. »
Qui sera donc l’heureux
poète au printemps… Un des
nordistes ; Julien Delmaire,
avec AD(EN) (L’Agitée),
Dominique Quélen, avec
Comme Quoi (La Rivière
Echappée) ou Jean-Pierre
Chevais avec Précis
d’indécision ( Atelier La
Feugraie) ? Ou encore Jacques
Rebotier avec Description de
l’omme (Verticales), James
Sacré ou Etienne Faure ?
Chaque classe doit avoir
communiqué ses décisions
avant le 10 janvier 2010. Selon
les possibilités et les envies
des professeurs encadrant
l’opération, des rencontres avec
les poètes sont possibles, ou
toute autre animation connexe
autour de textes poétiques :
arbre à poèmes, atelier de
diction, boîte à poèmes,
correspondance avec un poète…
Le succès de l’opération est une
preuve que « Non, la poésie
n’est pas un genre littéraire, un
objet pour analystes savants,
une matière à examen […] Elle
est la chance d’une expérience
radicale. » (J.P Siméon)
Chance que les jeunes
apprennent à saisir.
http://www.ville-boulogne-sur-mer.fr
[email protected]
29
¶ interprofession… actualités professionnelles
interprofession… Mouvements ¶
Fiche juridique
a) Le signalement préalable
Il faut préciser que la loi « Informatique
et Libertés » impose que le signalement
du fichier soit fait préalablement à sa
mise en place (L. 6 janv. 1978, mod. L. 6
août 2004, art. 16, al. 1er). Si votre base
de données à caractère personnel est en
place depuis longtemps et n’a pas fait
l’objet d’une déclaration ou autorisation
préalable, il ne faut, bien entendu, pas
continuer dans cette voie, et procéder au
signalement le plus rapidement possible.
Soucieuse d’accélérer les procédures de
déclaration, la Commission nationale
de l’informatique et des libertés (CNIL)
a mis en place un certain nombre
de déclarations simplifiées pour les
traitements des données les plus banales.
Chaque norme simplifiée fixe les données
à caractère personnel dont le traitement
est autorisé, le mode et la durée de
conservation, et la finalité du traitement.
Si le traitement que vous envisagez ne
correspond pas, en tous points, à celui
fixé dans une norme simplifiée, c’est qu’il
relève d’une autre norme simplifiée, ou
qu’il n’existe pas de norme simplifiée
pour ce traitement. Il faut alors recourir
au droit commun de la protection des
données à caractère personnel, et étudier,
concrètement, si le traitement envisagé
relève d’un des six autres régimes de
signalement.
b) La sécurisation des données
Le responsable du traitement doit tout
mettre en œuvre pour préserver la
sécurité des données utilisées, c’est-àdire qu’elles ne soient ni modifiées, ni
altérées, ni copiées, ni supprimées, ni
communiquées à des tiers. L’absence
de sécurisation spécifique des données
soumises aux obligations de la loi
« Informatique et Libertés » est un délit.
Chaque norme simplifiée, et dans tous les
autres cas le responsable du traitement
lui-même, fixe la durée de conservation
des données. La sécurisation des données
doit être assurée pendant toute la durée
de conservation, et les données doivent
être définitivement détruites au terme
fixé.
c) L’information des usagers ou clients
Les données à caractère personnel sont
souvent collectées au premier contact,
commercial ou non, avec l’usager ou le
client. C’est à ce moment qu’il convient
d’informer la personne physique, pour
la première fois, que les données qu’elle
communique sont destinées à être
collectées, traitées et conservées. Il faut
alors que le responsable du traitement
informe la personne de façon complète,
et surtout que le formulaire de collecte
recueille le consentement de la personne.
jean-frédéric carter
avocat au barreau de lille
Retrouvez l’intégralité de la fiche juridique « Les obligations Informatique et Libertés » ainsi que les liens vers les sites utiles sur le site eulalie.fr à l’adresse : http://eulalie.fr/spip.php?article3128
Rendez-vous professionnels
Dans le cadre des « Mercredis art et
culture du CRDP » (Centre régional de
documentation pédagogique), la délégation
académique arts et culture du rectorat
de Lille initie un cycle de réflexion à
destination de tous les professionnels
du livre en région intitulé « La lecture :
pratiques et représentations ».
Mercredi 5 mai 2010 de 14 h à 17 h :
Repenser nos pratiques de lecture
avec Michèle Petit
Michèle Petit, anthropologue au CNRS,
mène des recherches sur la lecture,
notamment dans les milieux éloignés
de la culture écrite. Elle est l’auteure de
Eloge de la lecture et de l’Art de lire, édités
chez Belin. Elle reviendra sur le rôle des
livres – tous les livres – et de la lecture,
qui constitue, en particulier pour les
jeunes les plus en difficulté, un apport
vital capable de les aider à se construire
et à résister à l’adversité. Elle rendra
compte des différentes pratiques des
médiateurs.
30
Mercredi 12 mai 2010 de 14 h à 17 h :
Comprendre les évolutions des politiques de
lecture avec Max Butlen
Max Butlen, adjoint au directeur
de l’Institut national de recherche
pédagogique, mène des recherches
sur les politiques de lecture. Il est
notamment l’auteur de Les politiques
de lecture et leurs acteurs : 19802000, édité par l’INRP. Il évoquera les
grandes caractéristiques des politiques
de la lecture à la fin du XXe siècle en
replaçant les uns par rapport aux
autres les professionnels du livre et de
la lecture (auteurs, éditeurs, libraires,
bibliothécaires), les « théoriciens de
l’offre » (sociologues et chercheurs
en pédagogie), les représentants de
l’offre ministérielle, du ministère de la
Culture et de l’Éducation nationale et en
analysant les différences de conception de
la lecture et leurs influences réciproques.
La participation à ces manifestations est gratuite pour les
professionnels du livre de la région Nord - Pas-de-Calais.
Réservation indispensable auprès de Jérémie Beccaert, chargé
de mission Arts et culture au SCÉRÉN/CRDP Nord – Pas-deCalais par courriel : [email protected] ou de Sandrine
Bétrancourt, coordinatrice DAAC – Rectorat de Lille par
courriel : [email protected]
Les rencontres auront lieu au CRDP de Lille, 31, rue Pierre
Legrand, Métro Fives.
Journée d’information : Les aides
du Centre national du livre (CNL) aux
acquisitions thématiques en bibliothèque
La médiathèque départementale du Pasde-Calais et la Direction régionale des
affaires culturelles organisent le lundi
15 février 2010 de 14 h à 17 h une réunion
d’information ouverte à toutes les
bibliothèques publiques de la région Nord
- Pas-de-Calais.
François Rouyer Gayette, chef de bureau
de la diffusion du livre et Hélène Roguet,
chargée plus particulièrement de suivre
les dossiers de la région seront présents
pour exposer la politique du CNL en ce
domaine, répondre aux questions que
peuvent se poser les professionnels depuis
les modifications établies en 2009 et les
accompagner dans l’élaboration de leur
projet.
Cette réunion se déroulera au conseil général du Pas-de-Calais,
hôtel du Département, rue Ferdinand Buisson à Arras, salle La
Lys.Présence à confirmer par mel auprès de Philippe Gauchet
([email protected])
le 31 janvier la bibliothèque
municipale de Lille qu’il
dirigeait depuis 2003.
Il rejoint le service de
l’inspection générale des
bibliothèques au sein de
la Direction du livre et de
la lecture (ministère de la
Culture). Cette nomination
coïncide avec la fin de son
mandat à la présidence
de l’ABF (Association des
bibliothécaires de France).
Depuis son arrivée à la
direction de l’établissement
en 2003, Dominique Arot a
mené plusieurs chantiers et
accompagné un certain
nombre d’avancées en faveur
de la lecture publique à
Lille : la gratuité intégrale
du prêt pour les Lillois,
la réinformatisation de
la bibliothèque avec la
création du site web et de la
bibliothèque numérique, la
modernisation des bâtiments
du réseau (Jean Lévy et les
quartiers), les créations
de nouveaux équipements
(médiathèque de l’Hôpital
Huriez, médiathèque du
Faubourg de Béthune), le
lancement de l’idée d’une
grande médiathèque
métropolitaine, le partenariat
avec le réseau des libraires
indépendants, la mise en place
d’une politique documentaire
du réseau avec un service de
navettes quotidiennes entre
les différentes médiathèques,
le Plan-lecture avec les
bibliothèques scolaires,
le développement des
partenariats culturels et
associatifs.
Isabelle Duquenne,
conservateur d’état et jusque
là responsable du fonds
photographique
et de la bibliothèque
numérique, a pris sa
succession à la tête de
l’établissement et d’une
équipe de 130 agents.
dr
Gaëlle Thomas est depuis
août 2009 chef de projets
et d’animations culturelles
médiathèque en construction
de la ville de Courchelettes
(59). Elle était chargée de
développement culturel à
Onnaing (59).
Houria Amini a été recrutée
Ludovic Bayart
animateur territorial, ancien
directeur de la bibliothèque de
Sequedin (59), gère depuis le
1er novembre 2009, le service
jeunesse de la médiathèque
Jean Lévy de Lille. Il succède
à François Boulard,
dr
le 1er novembre 2009 à la
médiathèque municipale de
Tourcoing. Elle est chargée
de la gestion des commandes
et du circuit des documents,
de leur entrée à leur mise en
circulation pour le réseau
des médiathèques. Elle était
auparavant responsable
d’une bibliothèque du réseau
de l’agglomération de CergyPontoise (95).
dr
désormais responsable de la
médiathèque de Lille – Sud.
Depuis novembre 2009,
Céline Lazzaroni,
bibliothécaire, remplace
Emilie Fréger au Centre
régional de formation aux
carrières des bibliothèques, du
livre et de la documentation,
Médialille.
Vincent Caron est le
nouveau responsable de
l’action culturelle et de
la communication de la
médiathèque de Calais. La
bibliothèque vient également
de recruter Françoise
Ducroquet à la direction
du service de traitement du
document et de la politique
documentaire. Elle était
directrice de la médiathèque
d’Arques.
Après un master 2 en
médiation culturelle à la
Sorbonne nouvelle, un stage
chez Dargaud et un premier
poste chez Kana édition aux
relations presse,
Marie Fabbri arrive dans
la région. Elle est attachée de
presse chez Ankama éditions
depuis le 1er décembre 2009.
©jonathan garnier
Les outils informatiques ont permis
le développement massif des bases
de données, qui n’ont pas échappé à
l’emprise législative. Le législateur s’est
plus particulièrement intéressé aux
bases de données à caractère personnel,
car l’utilisation de ces données était
susceptible de porter gravement atteinte
aux libertés fondamentales (droit au
respect de la vie privée, mais aussi liberté
d’expression, d’opinion, entre autres).
Mais que recouvrent exactement
les termes « données à caractère
personnel » ? La loi les définit
comme « toute information relative à
une personne physique identifiée ou
qui peut être identifiée, directement ou
indirectement, par référence à un numéro
d’identification ou à un ou plusieurs
éléments qui lui sont propres » (noms,
prénoms, adresses postales, numéros de
téléphone, de télécopie, adresses e-mail,
numéro de carte bancaire, numéro de
carte nationale d’identité, numéro de
compte bancaire, voix, empreintes,
adresse IP, etc.). Que vous soyez une
société commerciale, un entrepreneur
individuel, une collectivité locale, un
établissement public, ou un simple
particulier, vous devez respecter les
règles imposées par le législateur en
matière de données à caractère personnel.
En voici les grandes lignes.
Dominique Arot a quitté
©marc helleboid
Les obligations « Informatique et Libertés »
Elle prend le relais d ’Alix
Lépinay.
dr
Gérard Tissier, employé
à la librairie Tirloy de
Lille pendant quatre ans,
a rejoint en décembre
dernier l’équipe de Libfly,
le site communautaire
de la société Archimed.
Ingénieur développement et
commercial, il travaille sur
les fonctionnalités du site et
sa dimension spécifiquement
littéraire, et participe à la
prospection et aux relations
clientèles.
Nouvelle composition du
Conseil d’administration
de l’Association des
bibliothécaires de France
(ABF) Nord – Pas-de-Calais, en
date du 17 décembre 2009
Anne Verneuil, médiathèque
d’Anzin, Présidente
Corinne Leblond, service
commun de la documentation,
Arras, Vice-présidente
Christel Duchemann,
médiathèque de Méricourt,
Vice-présidente
Laurence Goullieux,
bibliothèque de Liévin,
Trésorière
Mathilde Buisine,
médiathèque de Tourcoing,
Trésorière adjointe
Valérie Barbage,
médiathèque de Saint-Amandles-Eaux, Secrétaire
David Declercq, bibliothèque
de Wattrelos, Secrétaire
adjoint
Nathalie Bailly,
médiathèque de Lomme
Annabelle Billot,
bibliothèque universitaire
Vauban, Lille
Anik Delafraye,
médiathèque de Courrières
Fanny Lemaire, bibliothèque
de Berck-sur-Mer
Laurent Lemaitre,
médiathèque départementale
du Nord, Hazebrouck
Marie-Claire Vandevelde,
médiathèque départementale
du Nord, Hazebrouck
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¶ IMAGE(S)
Jean-Jacques Tachdjian
L’antypographe contemporien
L
a formidable histoire de
ce farouche indépendant a
commencé une nuit d’orage 1957,
à Lille - Moulins, dans le confort
sommaire d’anciennes écuries.
Jean-Jacques Tachdjian semble être né
sous les auspices d’une fée peu commune :
punk, très autodidacte, surtout libre
et créative. C’est le frottement au réel
qui a forgé l’artiste : « à 17 ans, je suis
parti du foyer dans lequel j’étais et j’ai
mené une vie de jeune branleur, j’ai pas
mal bougé en France et je dessinais déjà
beaucoup. » De retour à Lille, il rejoint
une petite équipe qui souhaite créer un
journal gratuit pour étudiants : parmi
eux, Benoît Delépine. Puis pendant
deux ans, il s’essaie à l’apprentissage du
métier de graphiste dans des maisons
plus professionnelles, avant de monter
sa propre entreprise comme travailleur
indépendant. « Finalement j’ai trouvé un
seul vrai client et c’était le plus chiant :
moi-même ! ». En 1986, la Chienne est
née d’une volonté de mettre en avant des
auteurs BD à la personnalité graphique
affirmée que les temps méprisaient au
profit « de jolies histoires pour tout le
monde ». Cinq numéros d’un graphzine,
cinq albums et un CD-rom (Les chiots de
la Chienne) ont vu le jour pour prouver
« qu’on peut toujours faire des choses
sans beaucoup d’argent si on sait se
relever les manches avec des types de
talent ». 30 ans de graphisme, c’est autant de
créations offertes à La Chienne :
Jean-Jacques a créé 80 typographies
(de la « Susucre », la police de la
Chienne, à la « Vulture », pour
les Vautours de la culture),
détourné des centaines de logos
de grandes marques, créé
« albums, guides, CD
audios, poèmes, albums
à colorier, comix, cartes
postales, calligraphies,
site internet », imaginé
« les couvertures de tous les
livres que j’écrirai un jour »,
exposé aux côtés de Robert
Williams et Jonathan Rosen
en Californie…
La Condition publique
de Roubaix a souhaité
mettre en valeur
pendant deux mois
l’univers de l’artiste
lors de l’exposition
« Nographie » à
l’automne 2009, il
a également présenté
une installation au rez-de-chaussée de
l’exposition de Peter Klasen au Tri Postal
à Lille. Désormais, La Chienne compte
trois membres et une machine offset de
2,5 tonnes hébergée par la Maison folie
de Wazemmes. à 52 ans, Jean-Jacques
nourrit le projet de devenir salarié de
l’association, pour se consacrer à plein
temps au développement de ses activités. « Nous avons déjà l’opportunité de faire
tourner l’exposition de Roubaix. Nous
souhaiterions aussi pouvoir mettre
en valeur le travail de graphistes
incontournables et très méconnus :
Edward Fella, le plus grand, Touis,
Craig Yoe, Marc Bell, Serge Clerc,
Rocco, Jeff Bonivert… lors d’expositions
mensuelles. Reste à trouver l’endroit
qui voudrait les accueillir. » La Chienne,
généreuse, n’a pas fini de faire des petits,
un brin hirsutes, un rien agaçants, un
tantinet provocateurs. Souhaitons-leur
les moyens d’un franc épanouissement
et rassurons-nous : La Chienne ne vendra
pas son âme pour un os.
Sainte Apophénie victime de l’amour
Les très riches et très divertissantes heures de Saint Apophénie
dité par la Condition publique et La Chienne
Isbn : 978-2-9535052-2-1 - 2009.
lucie eple
CATARADIA Version 4.1
catalogue non exhaustif des radiateur-fontes de JJ Tachdjian
la chienne edite
HALF THE SKY
Texte et photos de Laura Mate
la chienne édite
©Jean-Pierre duplan
janvier 2010 - isbn 978-2-9535052-4
Les nouvelles légendes improbables de Roubaix abondamment illustrées
Jean-Pierre Duplan, Jean-François Delquignies,
Jean-Jacques Tachdjian
édition les trois jean
janvier 2010 - isbn: 978-2-9532683-1-7