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exposition – Publication ¶ Points d’attache… ¶ « La poésie peut s’occulter pour une longue période, et dans ce cas il ne servirait à rien de se révolter là-contre au nom des « droits du cœur » et des exigences de la sensibilité. Ce qui est plus douteux, en tout cas, c’est le caractère résiduel de la grande majorité des « plaquettes » de poèmes qui paraissent par le temps qui court. La poésie les évacue, ce qui commence à poser une tout autre question qu’une question de talent, et il n’y a pas lieu de récuser, sous des prétextes aujourd’hui très vieillis de philistinisme, le refus global que leur oppose le public. La poésie, je le vois va ressurgir ailleurs, très loin de là, ou elle ne ressurgira pas. […] Peut-être le « pourquoi », de plus en plus sceptique en effet, qui s’attache pour nous aujourd’hui à beaucoup de ses manifestations traditionnelles tient-il à ce que les points d’ignition de la poésie – je veux dire les contradictions les plus brûlantes qu’elle a vocation de surmonter et dans lesquelles elle vit vraiment – se déplace d’époque en époque. Peut-être conviendrait-il d’abord de rechercher aujourd’hui les manifestations neuves de la poésie là où elles ont chance de se produire, à son vrai niveau d’insertion dans notre temps. […] Pour avoir chance de saisir la poésie là où elle risque maintenant de se dégager […] il faudrait peut-être changer complètement le champ d’observation traditionnel où on guette son apparition. Il se peut que les points d’attache de la poésie soient en train de se déplacer, tout comme elle se prépare sans doute à émigrer loin de ses matériaux traditionnels en ruines. » Julien Gracq, 1978 (1). à l’approche du 12e Printemps des poètes (du 8 au 21 mars) et au moment où Eulalie se penche sur les poètes de l’oralité (p. 12), cette méditation de l’auteur du Rivage des Syrtes nous est revenue en mémoire. Oui, que ce soit avec la nouvelle génération d’auteurscompositeurs-interprètes ou avec les artistes du slam, la poésie a trouvé ces dernières années de nouveaux « points d’attache » et « d’ignition ». Et qu’elle l’ait fait par le biais d’une réincarnation n’étonne guère. « Je ne saurais me passer longtemps du visage et de la voix humaine », écrivait Georges Bernanos (2). La poésie sans doute moins que tout le reste. Mais gardons-nous de remplacer un credo par un autre, l’école de Rochefort par celle de « slam-lille.com ». Rien de plus éloigné de la poésie que l’idée de musée ou de conservatoire, rien de plus étranger à elle que le prêche et l’esprit de système. Ce qu’il en est de la poésie d’aujourd’hui, forme vivante ou « mouvante » comme le dit Julien Delmaire, nous pouvons essayer d’en témoigner et d’en rendre compte dans Eulalie. Ce fut à sa manière l’ambition de la revue Rétro-viseur qui cesse de paraître après 25 ans d’activité. Question de cycle là encore ? Il convenait de saluer d’un coup de chapeau cette belle aventure éditoriale autour de Pierre Vaast, Hervé Lesage, Jean-Pierre Nicol, JeanClaude Dubois et Bernard Desmaretz. Demain viendront d’autres points d’attache, encore inconnus et imprévisibles à nos yeux. Vie littérairE 3-13 Exposition / Publication – Psaumes : Chants de l’humanité Parutions – Benoît Caudoux, Jacques-Henri Michot, Richard Couaillet, Barnabé Mons, Wali Mohammadi, Julien Delmaire, Julien Martinière, Bruno Vouters, Philippe Delepierre, Stéphane Audeguy, Jean le Boël, Michel Meurdesoif, Sophie Deballe. Rétro-viseur en position nuit Les revues en revue La Compagnie Générale d’Imaginaire ¶ librairie 14-16 Librairies virtuelles ça bouge en Nord - Pas-de-Calais ¶ édition 17-18 Les éditions Invenit Paris 2010 – 14 éditeurs s’exposent ¶ supplément Calendrier 2010 des fêtes et salons du livre ¶ Un territoire à lire 19-21 Le Val de Sambre esther de climmer et léon azatkhanian (1) In Baatsch Henri-Alexis / Bailly Jean-Christophe [Sous la direction de], « Wozu ? à quoi bon ? Why ? », Paris, Le Soleil Noir, 1978. (2) Les Grands Cimetières sous la lune, Paris, Plon, 1938 ; rééd. Le Castor Astral, 2008. ¶ patrimoine écrit Un FRRAB en région c’est possible ¶ Interprofession Directrice de la publication : Esther De Climmer – Directeur de la rédaction : Léon Azatkhanian – Secrétariat de rédaction: Lucie Eple – Ont collaboré à ce numéro : Pascal Allard, François Annycke, Dominique Arot, Elisabeth Bérard, Jean-Frédéric Carter, Clotilde Deparday, Lucie Eple, Gérard Farasse, Marie-Laure Frechet, Georges Guillain, Jacques Landrecies, Robert Louis, Michel Paquot, Marie-Claude Pasquet, Sophie Pecquet, Paul Renard, Virginie Thailly, Valérie Tronet, Corinne Vanmerris – Correctrice : Amélie Clément-Flet – Photos : Association de préfiguration du CRLL sauf mention contraire – Diffusion : Elisabeth Bérard – Avec le soutien des médiathèques départementales du Nord et du Pas-de-Calais – Mise en page : Aurélia Monnier et Lucie Eple - Conception graphique : TL3>Alexie Hiles/Sébastien Morel/Eric Rigollaud – Imprimeur : Imprimerie Léonce Deprez, adhérent Imprim’vert, sur un papier certifié PEFC (provient de forêt gérées durablement) – ISSN : 2101-5198 – Dépôt légal : février 2010. La rédaction n’est pas responsable des articles qui lui sont envoyés spontanément. Eulalie la revue est une publication de l’association de préfiguration du Centre régional des Lettres et du Livre Nord – Pas-de-Calais, association loi 1901 – Conseil d’administration : Dominique Arot, Andrzej Bilecki, Esther De Climmer (présidente), Henri Dudzinski, Môn Jugie (trésorière), Philippe Massardier (secrétaire). Léon Azatkhanian (directeur), Marie-Claude Pasquet (Chargée de mission), Lucie Eple (information-publications), Valérie Tronet (documentaliste-webmestre), Elisabeth Bérard (assistante administrative) 44 place Georges Clémenceau 62400 Béthune – Tél. : 03 21 53 02 23 – Courriel : [email protected] – Internet : www.eulalie.fr L’association de préfiguration du CRLL est subventionnée par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles et le Conseil régional Nord – Pas-de-Calais. Elle reçoit le soutien d’Artois Comm., communauté d’agglomération de l’Artois. Illustration de couverture : Histoire naturelle de la Bible, Jean-Jacques Scheuchzer, Physique sacrée ou Histoire naturelle de la Bible, Amsterdam, V. Schenk, 1732-1737 (Bibliothèque du Patrimoine, 6C 57) 22-23 24-31 Psaumes Chants de l’humanité On ne saura jamais exactement l’ordre des choses et la causalité qui y préside : fait-on des expositions pour avoir le loisir de publier des catalogues ou bien publie-t-on des catalogues pour y trouver la raison décisive de réaliser des expositions ? L e catalogue Psaumes : Chants de l’humanité n’échappe pas à cette stimulante ambiguïté. Dans la mesure où le psaume trouve ses racines dans une très longue tradition religieuse, littéraire et artistique, le catalogue de cette exposition, présentée de janvier à avril 2010 à la médiathèque Jean Lévy de Lille, forme un objet intellectuel et esthétique en soi. Son seul contenu survivra aisément à l’exposition elle-même, même si, dans un premier temps, il en constitue l’accompagnement obligé. Il est à noter que cette exposition (et son catalogue) met à contribution, pour la première fois, les collections patrimoniales de trois institutions de mémoire : la Bibliothèque municipale de Lille, la Réserve commune des trois universités publiques lilloises et l’Institut catholique. Ce catalogue reflète la richesse de ces divers apports puisqu’il fait se côtoyer universitaires et bibliothécaires, exégètes, spécialistes de l’histoire des religions, de l’histoire de l’art et musicologues. Il fait la part belle aux figures locales de l’érudition littéraire, religieuse et exégétique telles que Eugène Pannier, Jacques Sys, Léon de Rosny, Edmond Agache ou Jean-Marie Delmaire. Ce catalogue mise sur le dialogue entre articles courts et iconographie extraite de l’exposition elle-même et constitue ainsi une sorte de somme sur le sujet des psaumes. Il reprend le plan même de l’exposition organisée autour de cinq grands thèmes. D’abord, la forme littéraire même du psaume et sa dimension lyrique, ensuite l’ensemble des psaumes comme livre biblique. C’est l’occasion de présenter un riche panorama de Bibles à travers l’histoire de l’écrit, du manuscrit au livre, dont la très fameuse « Bible de Douai » et la Bible réalisée à l’instigation du Cardinal Liénart. On voit donc bien comment exposition et catalogue permettent un parcours passionnant au fil des métamorphoses du livre. La troisième partie envisage le psaume Nord-Compo, l’autre géant du Nord Lettres d’ailleurs – Les éditions Quadrature Langue régionale – Portrait de Bernard Baralle à suivre – René Pillot et les EAT au théâtre Massenet / Découvreurs de poésie à Boulogne-sur-Mer / Les festivals B.D. / Passions d’avril : le festival des libraires indépendants/ L’Âme des mots Livre d’Heures manuscrit - Heures à l’usage de Rome avec calendrier brugeois, Flandre, ca. 1470- 1475, Enluminures, Bibliothèque municipale de Lille, Ms A 92 comme un élément des différentes traditions religieuses. On y apprend ainsi que le Coran mentionne l’ensemble des psaumes sous le nom d’Al-Zabour. Traditions religieuses occidentales et orientales sont évoquées, avec un accent particulier sur la relation privilégiée de la Réforme avec le Psautier. Le quatrième volet sera sans doute moins familier aux lecteurs, puisqu’il s’agit de la dimension pédagogique des psaumes. Au Moyenâge, le psautier joue en effet le rôle de livre de lecture, dans un univers culturel « psalmodique ». La dernière partie de l’exposition et du catalogue envisage la dimension artistique et esthétique des psaumes. Comme l’écrit magnifiquement l’un des contributeurs de ce catalogue, Marc-Alain Ouaknin, « lire et étudier les psaumes, c’est ouvrir la boîte aux oiseaux… » : qu’il s’agisse du chant des poètes, au premier rang desquels Paul Claudel et Patrice de La Tour du Pin pour la seule poésie française, ou des très nombreuses mises en musique de psaumes et de motets, de la « psalmodie » médiévale aux formes les plus contemporaines de l’art musical. On ne saurait bien-sûr oublier la place exceptionnelle de l’iconographie, par exemple à travers les multiples représentations de David dans les manuscrits et les livres. Le catalogue, dans le prolongement de cette dimension musicale, se fait l’écho du « mur sonore » des 150 psaumes proposés dans le cadre de l’exposition. Ce volume, à la fois érudit et abordable par un large public, qui alterne harmonieusement articles, encadrés et illustrations, s’enrichit d’une bibliographie substantielle et d’un index très complet. dominique arot Actualités professionnelles – La fiche juridique : Les obligations « Informatiques et Libertés » / Rendez-vous professionnels / Mouvements ¶ Image(s) Jean-Jacques Tachdjian 32 Psaumes - Chants de l’humanité Ouvrage collectif presses universitaires du septentrion 28 € isbn : 2757401351 janvier 2010 Exposition Psaumes : Chants de l’humanité jusqu’au 3 avril 2010 médiathèque Jean Lévy / 32 Rue Edouard Delesalle / 59800 Lille Tel : 03 20 15 97 20 Entrée gratuite jours d’ouverture : mardi, jeudi et vendredi de 14h à 19h / mercredi de 10h à 12h et de 14h à 19h / samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h vie littéraire… parutions ¶ Poésie Roman Xylographies Julien Delmaire Le Cabaret des oubliés Philippe Delepierre Bruno Vouters 4 georges guillain À lire aussi : p. 13, le portrait de Julien Delmaire Julien Delmaire Xylographies livre CD Gravures de Georgia Robin, musique de DJ Boulaone, avec les voix de l’auteur, de Martine Salmon et de Thomas Suel. éditions l’agitée 90 pages - 15 € isbn : 978-2-9529084-3-6 janvier 2010 Album jeunesse N’importe quoi ! Julien Martinière Un petit air de folie souffle dès la couverture du nouvel album illustré par Julien Martinière, N’importe quoi ! Ces animaux apparemment si tranquilles ne nous cacheraient-ils pas quelque chose ? Que fait ce manchot dissimulé sous un napperon ? Pourquoi le tigre porte-t-il un vase sur la tête et le chameau un abat-jour autour du cou ? à la manière d’Anthony Browne, le livre s’ouvre sur un canapé, vide. Tout est calme. Un père et sa fille s’y installent bientôt et entament la lecture d’un ouvrage qui ressemble curieusement à celui que nous avons en main. Tiens, tiens. Le décor est planté pour cette histoire loufoque à souhait dans laquelle les chameaux se nourrissent de moules, les manchots de mangues et les éléphants d’éponges qui leur donnent des maux d’estomac. Les crevettes quant à elles dévalent les pentes neigeuses du Kilimandjaro mais ce sont les chimpanzés qui portent des moufles. N’importe quoi !! À moins que… Quand l’imagination prend possession de notre petite planète, gare à celui qui ne sait pas regarder derrière lui les traces laissées par ses rêves. Hasard ou prédilection ? C’est également d’animaux qu’il est question dans l’autre album de Julien Martinière paru cet automne. Les crevettes y font place aux requins. Après avoir exploré les forêts et les déserts, c’est au fond de l’océan que l’on plonge avec Max le Requin repenti. Pas facile pour un requin d’honorer son effroyable lignée lorsqu’on n’aime pas chasser. Et puis comment faire pour se nourrir ? Quand le secret devient trop douloureux, il est temps pour Max de se laisser porter par les courants à la recherche de sa véritable identité. Et de découvrir qu’il est un requin pèlerin, une espèce tout ce qu’il y a de plus inoffensive. Richement documentée ou au contraire gentiment délirante, chacune de ces deux histoires est l’occasion pour l’illustrateur de déployer en grandes planches multicolores un univers foisonnant dans lequel on se régale à chercher la petite — et la grosse — bête. clotilde deparday Béatrice Egémar, Julien Martinière N’importe quoi thierry magnier éditions 32 pages – 13,5 € isbn : 2844207863 octobre 2009 À lire aussi, Max le requin repenti, Orphie, 2009. Son titre l’indique, le roman de Philippe Delepierre et de Bruno Vouters est un livre de mémoire. Mémoire collective, d’abord, parce que son action commence avec la catastrophe de Courrières pour se poursuivre pendant les mutineries de la Grande Guerre et se déploie, pour une grande part, au lendemain de celle-ci. Aux morts de la mine répondent, comme un écho sinistre et amplifié, ceux de 14-18. Mémoire personnelle, ensuite, parce que le héros, Alfred Berthier, a vécu ces deux désastres : c’est un survivant. Rescapé de la catastrophe du 10 mars 1906 (on sait que ce mot, « rescapé », est entré dans la langue à cette date), il tente, après s’être dressé à demi-nu devant l’ennemi et avoir été blessé, d’échapper à l’enfer de la seconde guerre en simulant la mutité et l’amnésie. Homme hanté, on le retrouve à Paris, collectant les petites annonces pour le Journal des Réfugiés du Nord, dans l’atmosphère désolée de la gare du Nord où, cet « orphelin des gares » aime errer à la recherche d’on ne sait quoi. De lui même, sans nul doute. Devenu fantôme, Alfred Berthier a perdu jusqu’à son nom puisqu’il vit sous le pseudonyme d’Adam Hurtebise : Adam, qui évoque la boue des tranchées (ce nom désigne la terre en hébreu) ; Hurtebise, qui est le nom de la tristement célèbre ferme du chemin des Dames où il a été retrouvé parmi les morts. Le seul fil qui le relie à la vie, c’est la recherche de sa marraine de guerre qui se révèlera, cruelle déception, être une cocotte. La petite vie de la gare du Nord se détache sur le fond des Années folles que reconstituent les auteurs : autre atmosphère ! On y est friand du procès de Landru, le bien prénommé (Henri Désiré !) ; on nous suggère d’aller voir Colette danser nue (quelle aubaine !) ou d’écouter chanter Damia ; on croise Philippe Delepierre Modigliani, l’artiste maudit, dans le Bruno Vouters quartier du Montparnasse. Philippe Delepierre et Bruno Vouters Ce n’est pas l’une des moindres réussites Le Cabaret des oubliés de ce roman que de se fonder sur une éditions liana lévi documentation précise, présente aussi 362 pages – 19 € isbn : 978-2-86746-533-8 dans l’évocation du pays minier où février 2010 retourne, pour tenter de se retrouver, notre héros au double nom : qui se souvient de ce des profiteurs de guerre, à dénaturer les qu’est le « pain d’alouette » ? Qu’est-ce qu’un monuments aux morts qui prolifèrent afin « carreau » portatif de dentellière ? On de donner bonne conscience aux nantis, ou à l’apprendra, à supposer qu’on veuille bien coiffer les christs des calvaires d’un casque suivre Berthier-Hurtebise à l’estaminet de poilu tout en recouvrant le visage de « Chez Al’fonse » où il devient homme à la Vierge d’un masque à gaz, sans oublier tout faire. la contre-cérémonie qu’ils organisent pour Le roman adopte la langue simple, mais faire pièce à la bénédiction par les autorités truculente et expressive, du petit peuple de l’Église et de l’État, poète officiel à l’appui, (Malherbe ne nous invitait-il pas à consulter de l’ossuaire de Notre-Dame de Lorette. à les crocheteurs du Port-au-Foin pour protester, en somme, et à faire retentir, à savoir ce qu’est le français ?). Y passent les leur façon, leur petite voix. silhouettes de pittoresques personnages le Ce roman, s’il permet de comprendre, de plus souvent portraiturés avec tendresse, l’intérieur, l’anéantissement psychique, la l’ami Léonard qui ressemble, avec son douleur et l’amertume d’une génération chapeau australien, à un « baroudeur retour meurtrie par cet embrasement de la des colonies », le colosse Helmut, allemand pulsion de mort qu’aura été la Grande évadé, et ses tours de force, Lucie Lecat, Guerre, exprime surtout la rébellion face extralucide, et sa boule de cristal, ou encore à la destruction : l’énergie indéfectible La Tuile (nom prédestiné), amputé des deux de la vie et la force du rire. Car il jambes mais toujours bien vert. Ce livre, s’achève en apothéose sur des moments pourtant, n’est ni nostalgique ni morose : d’effervescence carnavalesque. Bref, on le c’est un roman politique dont l’ambition lit avec intérêt et avec plaisir, sans jamais est de mettre en gloire, une fois n’est se lasser : le lecteur, entré par hasard au pas coutume, « tous les hommes, comme Cabaret des oubliés, écoute les conteurs, l’écrivait Jean Follain, qui n’ont laissé qu’un Philippe Delepierre et Bruno Vouters, et, pauvre nom, les nommés un tel et un tel », pour rien au monde, ne souhaiterait quitter les oubliés ou les écrasés de l’Histoire. Et les lieux, tant il y règne un parfum de vraie leurs tentatives pour conserver leur dignité, humanité, à la fois souffrante et joyeuse. comme celles qui consistent à ficher des gérard farasse croix de bois (ô Dorgelès !) dans les jardins TÉMOIGNAGE De Kaboul à Calais Wali Mohammadi Le cinéaste anglais Michael Winterbottom raconte dans In This world l’odyssée du jeune Jamal qui part d’un camp pakistanais pour rejoindre Londres par l’Iran, la Turquie, Trieste et Sangatte. Philippe Lioret dans Welcome montre à l’écran les efforts d’un adolescent afghan pour embarquer en direction de Londres et l’aide qu’il reçoit de la part de Calaisiens. Le cinéma, dans ces deux cas, s’inspire de la réalité, comme le montre ce récit véridique où le journaliste Geoffroy Deffrennes prête sa plume à Wali Mohammadi qui, après la mort de son père, torturé par les talibans, et celle de sa mère, victime d’un attentat collectif, suit presque © Bertini toute emphase de cette poésie fortement a(e)ncrée dans laquelle « la houille et le genièvre s’embrasent d’une même pluie » pour accuser la face sombre d’un pays où pour certains l’étranger demeure « une peste dont on se prémunit d’un bulletin dans l’urne ou d’une oreille sourde » et faire à rebours flamboyer « les aubes fraternelles », « les grèves conquérantes où chacun reprenait son nom ». Le dernier mot reste à la brûlure. DR C’est une image très personnelle du Nord où s’entremêlent ressouvenirs d’enfance, matières concassées d’Histoire, flashes hallucinés de sables et de terrils, placenta rutilant de plantes, de légumes, d’animal dépiauté, écornures du temps sur la rude mémoire populaire, que Julien Delmaire donne avec ce livre CD entrepris à l’occasion d’une résidence de deux mois à l’automne 2008, à Houdain, en partenariat avec la Compagnie Générale d’Imaginaire et la Communauté d’agglomération de l’Artois. Ceux qui, de plus en plus nombreux, se penchent avec intérêt sur le travail de ce jeune poète et apprécient, pour l’avoir éprouvé sur scène, la formidable capacité d’entraînement de son verbe, s’étonneront sans doute à la vue de cette série de petites planches statiques dessinant en creux l’image d’un territoire à l’identité fuyante, complexe, fantasmatique où « les arriérés de pomme de terre », « la parade des canaux », « les flaques de pisse crépitée dans les bocks », une « coquille d’enfant mort », font comme ils peuvent ménage avec « des épluchures de béton », « des téléviseurs » agrippant des « antennes de lierre », « des horizons lie-de-vin », « des tracteur(s) hémophile(s) »… Tandis qu’au long de la chaussée Brunehaut, d’Arras jusqu’à Boulogne-sur-Mer, comme le rappelle Lucien Suel dans la belle préface qu’il a donnée au livre, la Reine Brunehaut entraîne toujours sa bruyante mesnie « sous l’éclat des gyrophares ». Tout cela donne aujourd’hui une poésie fortement écarquillée à laquelle l’utilisation systématique de la parataxe, figure homérique par excellence, confère une raideur puissante qui n’est pas sans rappeler effectivement celle de la gravure sur bois, cette technique d’avant l’invention de l’imprimerie, que la première moitié du XXe siècle a su entièrement renouveler grâce, notablement, aux artistes du Nord. On en finirait pas d’ailleurs de citer les superbes figures expressionnistes en noir et blanc, à la Masereel, qui éclatent tout au long de ces Xylographies, où « le fourneau crachotant sa chique de boulets noirs », nous laisse « à la merci d’une goutte de lait », tandis qu’ « une ruche abandonnée garde sa reine en mémoire » et que « des resquilleurs de brouillard adressent du bout de leurs moignons des bouquets d’anarchie ». Peut-être alors que cette façon qu’aura choisie Julien Delmaire de « conjuguer » sans chercher jamais à le recoller « le verre brisé de la mémoire », en laissera t-il certains perplexes. Possible. Mais il faudra bien reconnaître la visionnaire empathie, la générosité dépourvue de DR ¶ vie littéraire… parutions Avec la collaboration de Geoffroy Deffrennes Wali Mohammadi De Kaboul à Calais robert lafont 250 pages - 19 décembre 2009 le même parcours que le Jamal de Winterbottom : Pakistan, Iran, Turquie, Grèce, Italie, France, et vit les mêmes aventures périlleuses, où il affronte des passeurs, véritables marchands d’esclaves, et des policiers à la poursuite des clandestins. Wali finit par renoncer à Londres, s’installe d’abord à Calais grâce à une famille d’accueil, puis à Lille où il suit des études. Lire De Kaboul à Calais, c’est s’informer à propos des guerres perpétuelles de l’Afghanistan et des conséquences tragiques de celles-ci sur l’état du monde (à la fin du récit, il y a onze pages d’annexes sur l’Afghanistan) ; c’est aussi admirer l’obstination que met Wali à retrouver la liberté et la dignité, ainsi que l’héroïsme discret que manifestent ceux qui aident les clandestins. € - isbn : 9-78221-114131 paul renard 5 ¶ vie littéraire… parutions Roman Chronique Sur quatorze façons d’aller dans le même café Benoît Caudoux DR françois annycke Benoît Caudoux Sur quatorze façons d’aller dans le même café léo scheer 17 € isbn : 2756102237 février 2010 Photographie © adele blackbush Jacques-Henri Michot Comme un fracas al dante éditions 389 pages - 20 € isbn : 978-2-84761-972-0 aôut 2009 François Annycke Paysages miniers Sophie Deballe Auto-fiction, essai Quelques secondes suffisent à voir frémir ces gris, ces noirs, ces blancs comme des éruptions singulières. Une nouvelle vie s’éveille que l’œil plus attentif découvre. Débarrassées de toute anecdote, les images de Sophie Deballe racontent cette mue des terrils ; des monts noirs colonisés peu à peu par une coulée verte. En 2008, dans Terre, traces et défilement, la photographe lilloise Sophie Deballe avait exposé ses clichés de terrils au Centre historique minier de Lewarde. L’artiste a poursuivi ses pérégrinations solitaires de l’autre côté de la frontière sur les pentes des terrils de Wallonie, photographiant fouillis végétaux, fumerolles fugitives, affaissements, ramifications, frêles bouleaux, sillons habités par une végé tation naissante… Un travail sur la dualité consacré à la transformation des paysages du bassin minier et remarqué par le Conseil Régional du Nord - Pas-de-Calais qui lui a accordé une bourse à des fins d’édition. Le Centre historique minier, le Bois du Cazier à Marcinelle et le Centre régional de la photographie de Douchyles-Mines se sont associés pour réunir, dans Paysages miniers, soixante-quatre images en noir et blanc, prises entre 2006 et 2009, dans le bassin minier Nord - Pasde-Calais et dans les bassins de Charleroi et du Borinage. Livrer sur les terrils un point de vue différent loin des images documentaires, poser un regard contemporain, sur les traces et mémoires liées à l’histoire du territoire, voilà le sens du propos de Sophie Deballe entamé en 2006. Une démarche destinée à montrer le côté mutant de ces montagnes de déchets de l’industrie minière, si familières que l’on ne les voit plus. L’auteur privilégie ici le noir et blanc, l’usage des formats carrés (6x6) avec une focale fixe, et fait le choix de l’argentique pour l’intensité du grain. D’un terril à l’autre, la succession de paysages dramatisés est là pour témoigner que le passé a passé et pour affermir l’effacement de l’homme par une inexorable colonisation végétale. L’image interroge. Ses paysages miniers vivent de profondes dichotomies, oscillant entre lignes de force abstraites s’étirant, jusqu’à l’épure, et foisonnements inex tricables. Ces oscillations entre des états intermédiaires introduisent un temps de suspension, une tendance à l’éclaircie où le désir d’une préhension se fraye un passage au sein d’un monde étrange appréhendé à la manière d’un Lee Friedlander, par fragments. Dans cette perte d’identité du sujet, les choses émergent à la surface, rendant le paysage insaisissable. De là, naît le sentiment d’une surréalité où se dissolvent ces états d’apparence contradictoires que sont le réel et l’indistinct. On peut toutefois regretter que ce livre de photos ne soit pas accompagné d’un bon texte, qui permettrait pas de percevoir comme une cristallisation entre les images, les légendes, le papier... Paysages miniers propose néanmoins une relecture abstractionniste et unique de ces icônes emblématiques de l’Histoire appelés, via l’UNESCO, à intégrer le patrimoine mondial de l’humanité. Sophie Deballe Paysages Miniers Préface de François Robichon édition du centre historique minier ouvrage réalisé avec le soutien de la région nord – pas-de-calais 80 pages - 29 € - isbn : 978–2–915507–05–8 - novembre 2009 virginie thailly Amantine Amandine Barnabé Mons Le Retour du prince Roberto Scarpinato, Saverio Lodato Créées l’an dernier par Elisa Bozzelli, les éditions Elise Castel viennent de publier leurs deux premiers titres, un roman aux teintes autobiographiques, Amantine Amandine, et la traduction d’un livre d’entretiens avec le juge antimafia sicilien Roberto Scarpinato, Le Retour du prince. La criminalité des puissants d’Italie. à l’origine de cette structure éditoriale, il y a, en 1997, la découverte de Lille – grâce aux échanges universitaires Erasmus – par une étudiante italienne en philosophie qui s’y installe deux ans plus tard. Au terme d’une décennie, Elisa Bozzelli fonde avec une poignée d’amis l’Association Sakina (mot arabe signifiant « sérénité ») d’où sont nées, il y a quelques mois, Elise Castel éditions. Sous ce nouveau label installé dans une artère commerçante d’Hellemmes viennent de paraître deux ouvrages reflétant un DR 6 du café, de l’appartement, du macadam pour aller au-delà et en-deçà des lieux, pour interroger notre rapport quotidien au monde, qui n’est jamais acquis, et lui donner le charme d’une marche rêveuse en pays surréaliste. « J’inscris mon sens profond (j’inscris tout mon système et celui de toutes choses) dans la lente et discrète mais totale maîtrise d’un pas de calligraphe. » Entre petites scènes ordinaires, pépites absurdes et tranches de poésie, se déploie l’univers d’un auteur en pleine maîtrise de son foisonnement. L’image de couverture représente bien le texte : une volute de fumée qui dessine un chemin mais ne dédaigne pas les circonvolutions, les voies de traverse, les transparences pointillées. Mais cette image presque veloutée se heurte au titre tonitruant : Comme un fracas. Fracas du monde, chaos des armes, évidences de logiques assassines, absurdités des haines… Au cœur de sa solitude, JacquesHenri Michot sonde les ombres des hommes et y mêle les bris de sa propre vie, fracassée sur les rochers de faits divers abjectes, de réalités historiques intolérables, de politiques inhumaines, de libéralisme outrancier. L’ensemble, écrit sous la forme d’un journal, crée un objet littéraire assez unique où ressortent les figures de la résistance aux dominations et aux aliénations (que ne renierait pas Alain Badiou), tels Spartacus, Rosa Luxembourg, les musiques de Haydn et de Sonny Rollins, les films de Chaplin, Godard, Truffaut. Continuité des fracas, permanence des révoltes politiques et artistiques. Puis, au détour d’une ligne, en petit, l’auteur avoue à une femme son amour, informe du temps qu’il fait, réfléchit sur sa consommation de whisky et de cigare, sur sa pratique d’écriture : « quelque chose en moi de lourd de morne d’éteint / sentiment d’une écriture pour rien / ou presque ». La mort émaille également le texte, celle de personnages illustres ou d’amis, la sienne aussi, en creux. Des citations en français ou en d’autres langues font écho à ses pensées, ouvrent des perspectives, tracent de nouveaux chemins. L’occasion de rappeler qu’il fut professeur de littérature comparée, d’histoire du jazz et de théâtre brechtien à l’université de Lille III. D’ailleurs, ce kaléidoscope professionnel ne manque pas de cohérence avec ses livres qui pourraient être qualifiés de cubistes, la réalité du monde y étant disséquée en multiples facettes, collages, brisures. Un fracas bruyant, sonore, et en tête ce mot d’ordre, signé Paul Valéry : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! » DR Au départ, les choses semblent acquises, stables, sûres. « Je sors de chez moi, je traverse un peu de ville et je vais au café ». C’est mathématique : soit un point d’origine – chez lui –, un point d’arrivée – le café –, et la ligne qui les relie. Mais si la mathématique est imparable, la littérature l’est moins. Car, entre ces deux extrémités, qui bornent le texte, se révèle toute l’épaisseur de l’imaginaire, de la fantaisie et de la réflexion. « C’est ce renouvellement de l’espace, le café. Sans lui pas de dehors, pas de rue, pas de ville ; pas de chez-moi non plus. Voilà ce qui m’intéresse. Voilà ce qui me sauve. » Les figures attachées habituellement à ces lieux sont évoquées, mais sans faire du texte un exercice de style. Les clichés sont posés là, aux côtés des clients avec qui le narrateur engage parfois la conversation « dans les limites de la presse quotidienne ». L’ordinaire est constamment renouvelé, jamais acquis. Le narrateur va au café tour à tour en habitué, en étranger, en Claude, en gnou, en écureuil, en philosophe, en arbre, en maître, en idiot, en bonnet de laine, en fossile trilobite russe, en slip bulgare… Ces cheminements, qui rappellent les livres précédents de Benoît Caudoux, redessinent le monde en aventures bur lesques et géographie intérieure. On y retrouve toute la difficulté du rapport à soi et à l’autre, craint et désiré, cette distante proximité sans cesse interrogée : « Je ne dois pas les laisser trop s’éloigner de moi ni trop m’éloigner d’eux ». Dans cette faille, toutes les histoires sont envisageables. « Je pars dans tous les sens mais j’irai jusqu’au bout. Et je pourrais écrire jusqu’aux bouts, au pluriel : mais non. Car je sais qu’il n’y a qu’un bout à tous les sens. Autant dire que j’irai au centre, dès lors… et dire même ceci, pour être cohérent : j’arrive de tous côtés ». Cet extrait de Géographie s’applique également à ces Quatorze façons d’aller dans le même café : ça déborde largement et généreusement Comme un fracas Jacques-Henri Michot désir de fonctionner par coups de cœur tout en intervenant sur le terrain des idées. Le manuscrit d’Amantine Amandine, par exemple, le premier livre de Barnabé Mons, 34 ans, chanteur et leader du groupe rock psychédélique, Sheetah & Les Weissmullers, Elisa avoue l’avoir lu dix fois de suite, sans se lasser. Elle le publie aujourd’hui sous une sobre couverture noir et blanc ornée du logo très stylisé de la maison qui représente un profil mi-humain, mi-félin, au choix. Belle carte de visite, au demeurant, puisque ce bref texte de 35 pages – mais combien tendu et dense – s’impose par la maîtrise de son écriture sur un terrain hyper glissant où des écrivains autrement chevronnés que Mons se sont cassés la figure : celui du coup de foudre amoureux et passionnel, mixte d’excès et de déglingue relaté à la première personne. Ce n’est qu’à leur troisième rencontre – à plus de cinq années d’intervalles – que le narrateur et Amandine, « blonde décolorée en santiags vertes, minirobe et lunettes mouche » entament une relation qui, vu leur personnalité, sera évidemment borderline. Au menu : cigarettes (surtout lui), alcool (surtout elle), pétards et musique. Un tel programme aurait pu déboucher sur une déferlante trash dans un parlé branchouille. Or il n’en est rien, Amantine Amandine est un vrai beau récit littéraire, plus romantique que désespéré – ou que désespérant – malgré le tragique qui Barnabé Mons pointe son nez au détour de chacune de leurs étreintes. Avec son deuxième livre, Le Retour du prince. La criminalité des puissants d’Italie, traduction d’un entretien entre Roberto Scarpinato et Saverio Lodato, journaliste au quotidien L’Unita, l’éditrice s’aventure sur un tout autre terrain. Scarpinato est en effet, avec Falcone et Borsellino, assassinés respectivement en mars et juillet 1992, l’un des plus célèbres et combatifs juges antimafia d’Italie. Retraçant l’histoire de la Cosa Nostra depuis la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’à l’opération « mains propres » lancée au début des années 1990, le magistrat palermitain, qui vit aujourd’hui sous protection policière, revient sur certaines affaires récentes comme les procès de Giulio Andreotti ou de Marcello dell’Utri, un proche de Berlusconi, jugés pour complicité mafieuse – l’un est sénateur à vie, l’autre en prison. Et il démonte un système reposant sur la corruption et la violence, une criminalité en cols blancs, faite d’élus, de notables et d’entrepreneurs, en partie protégée par le système médiatique. michel paquot Roberto Scarpinato et Saverio Lodato Le Retour du prince. La criminalité des puissants d’Italie Traduit de l’italien par E. Bozelli elise castel éditions février 2010 Barnabé Mons Amantine Amandine elise castel éditions 35 pages -10 € - isbn octobre 2009 : 9782953468700 7 vie littéraire... Les dieux sont à cran ¶ Essai DR ¶ vie littéraire... parutions Poésie L’Enfant Le Paysage immobile du carnaval Jean Le Boël Stéphane Audeguy gallimard 136 pages - 19,30 € Isbn : 978-2-07-012320-9 2009 Charles Pigault-Lebrun (1753-1835), par ses romans et pièces de théâtre, obtint un grand succès de son vivant, fut ensuite lu avec plaisir par Balzac, Thackeray, Flaubert, puis sombra dans l’oubli. Le romancier Stéphane Audeguy, auteur de La Théorie des nuages (2005), ressuscite, avec érudition et distinction, ce « fantôme », dont il retrace la vie picaresque et dont il analyse les œuvres où s’exprime un matérialisme roboratif, dans une forme éclatée qui reflète les « bigarrures de l’esprit humain ». Stéphane Audeguy attache une grande importance à L’Enfant du carnaval, roman dont il cite de longs extraits et dont certaines scènes se passent à Calais, où naquit l’auteur. Il nous apprend aussi que le frère de Pigault-Lebrun, Gaspard, qui mourut à Calais en 1838, publia un roman gothique et un roman épistolaire. Audeguy ne se contente pas d’évoquer le passé, mais il lance des pistes de réflexion toujours actuelles, sur les caprices de la mémoire littéraire, sur l’engagement des écrivains dans la vie de la cité (Pigault-Lebrun prit parti pour la Révolution française). Après la lecture de cet ouvrage, qui fait suite à une résidence de Stéphane Audeguy à la Villa Yourcenar et qui bénéficia d’une bourse du conseil général du Nord, on peut dire comme l’auteur à propos de Pigault-Lebrun : « j’ai été ravi de faire sa connaissance ». paul renard 8 s’a p p a r e nte aussi à un jeu, fruit d ’une immense liberté lexicale. Le Boël écrit d’ailleurs : « Le poème donne voix/à ce que les mots étouffent/(...) il ne connaît de loi que de fantaisie et de fugue/il confond les genres et l’avant et l’après/il rit de tout et tous rient de lui/mais il est main dans ta main ». Ces poèmes souvent complexes, toujours d’une scansion magnifique et puissante, emportent le lecteur par leur rythme envoûtant, et le renvoient à lui-même, à des choses vues, vécues, ressenties. Ou à rien de tout cela, au seul plaisir des mots, de leur combinaison, juxtaposition, accointances pour en tirer un sens nouveau. michel paquot Jean Le Boël Le Paysage immobile éditions henry/les écrits du nord 78 pages - 10 € / isbn : 978-2917698198 / janvier 2009 ROMAN JEUNESSE Angèle, ma Babayaga de Kerménéven Richard Couaillet DR Stéphane Audeguy L’Enfant du carnaval Les poèmes réunis dans ce recueil, Le Paysage immobile, se déploient dans plusieurs directions, couvrant l’éventail des passions, étonnements, intérêts ou sujets de réflexion qui constituent l’être humain. Dans le cas présent, Jean Le Boël. Si l’entrée est résolument politique : « et désormais/trop d’humains/la part moins belle/à chaque matin », rapidement le poète se recentre sur la nature et les paysages (véritable fil conducteur de l’ensemble), sur notre chemin dans l’existence et sur notre présence au monde. Dépourvues de majuscule et de ponctuation, les strophes en vers libres, parfois très brèves, modèlent un autoportrait morcelé de leur auteur. Un autoportrait pudique, car protégé par les mots et leur agencement, et pourtant impudique car il révèle les sentiments profonds du scripteur. Mais si la forme poétique traduit une émotion, une sensation, une pensée qui vient s’immiscer dans l’âme du lecteur, toucher sa sensibilité sans passer par sa raison raisonnante, elle Une semaine de vacances chez Mémère Angèle, c’est « l’apocalypse de tous les étés », pour Nathanaël, 11 ans. Une semaine qu’il traverse en apnée, en se plongeant dans le sommeil et la lecture pour éviter de rencontrer son démon. Il faut dire que Mémère Angèle n’a rien de la douce grand-mère de conte de fée. La sienne est une force de la nature, avec une grosse voix et des mains comme des battoirs. Aussi, depuis tout petit, Nathanaël redoute le moment où il faut rendre visite à la « mémoire de la famille », comme le dit sa mère. Pire, elle est devenue l’objet de ses terreurs nocturnes, sa Babayaga. Figure de la mythologie slave, cette vieille sorcière cruelle a trouvé sa sœur jumelle dans ce petit village breton. Mais un jour, la terrible Mémère Angèle s’écroule au beau milieu d’une rangée de carottes, alors que Nathanaël l’aide au jardin. Tandis qu’on la transporte à l’hôpital, le jeune garçon est envahi par la culpabilité : n’est-ce pas lui finalement qui lui a jeté un mauvais sort, en projetant sur elle ses angoisses ? Le jeune garçon sent que lui seul peut la sortir du coma dans lequel elle a sombré. D’autant qu’en fouillant dans la grange, il a découvert le secret de cette grand-mère peu ordinaire… Dans cet attachant petit roman, Richard Couaillet explore avec délicatesse les peurs enfantines. Celle de la mort, celle des monstres, mais aussi, en filigrane celle de la sexualité des parents, que l’enfant surprend sans comprendre un après-midi sous les draps. Car pour l’auteur, pas de tabou en littérature jeunesse. « Raconter met de la distance. Il y a une pudeur de la fiction. Et du moment que le personnage tient, on à lire aussi, Angélique boxe, Actes Sud Junior, 2007. peut explorer énormément de choses ». C’est vrai qu’il a du cran, ce petit bonhomme qui, en un été, va devenir un petit homme. à l’image de son premier roman, Angélique boxe, Richard Couaillet accompagne ses personnages dans leur découverte de la vie, heureuse ou malheureuse, dans une version contemporaine du roman d’initiation. Ce professeur de français d’un lycée de Douai explore aussi le statut de l’écriture. L’histoire est en effet racontée à la première personne, sous la forme d’un journal intime, mais les jeunes lecteurs découvriront à la fin du livre que c’est en fait Nathanaël adulte qui retranscrit son carnet, disparu dans un déménagement. Un procédé qui permet à l’auteur d’analyser plus finement les sentiments du personnage. « J’utilise l’écriture comme un filtre. Cela me paraît plus intéressant que l’aspect tronqué d’une histoire racontée par un enfant. Ça, cela plaît surtout aux parents ! » marie-laure fréchet Richard Couaillet Illustrations d’ Anne Laval Angèle, ma Babayaga de Kerménéven éditions actes sud junior 128 pages - 7 € - isbn : 9782742785490 / octobre 2009 Rétro-viseur en position nuit L’ an de grâce 84. Mille neuf cents après J.-C. Extérieur nuit avec étoiles d’août. Quelque part en Gohelle. Ils sont quatre. Peut-être trois ou cinq, mais en paraissent quatre, comme ceux de Milady. Il y a là le seigneur Pierre Vaast-en-guerre, le noble Hervé dit le sage, le preux Jean-Pierre Nicol. Le Bernard des Marais n’est pas loin, pas plus que le Jean-Claude du Bois d’absence… Ils ont en commun d’avoir croisé le fer de la plume sur les steppes glacées du papier. Un soir, à l’ombre d’une antenne audomaroise, ils ont parlé de ce qui les anime, la poésie ! Quelques lunes plus tard, ils se retrouvent et scellent un pacte : s’engager à parler d’elle, « mine de rien », dans un journal « mini, mini qui n’aurait pas la grosse tête », un journal « un peu râleur sur les bords » . Pour tout viatique, chevaliers sans arme ni bagage, ils ont une vieille Gestetner, le duplicateur des révolutions d’hier. Les voici lancés dans cette folle aventure sous la bannière exotique du rétro-viseur, en deux mots avec un tiret : « Rétro : pour le petit coup d’œil en arrière, le passé récent [….]. Viseur : pour l’avenir proche, quelques informations bien ciblées, pour la mise en relief d’un poète digne de ce nom (1) ». Il y a un sous-titre qui sent encore son cheval vapeur : Rétro-viseur ou l’auto-censure… Les 150 exemplaires du premier numéro format 10x15 sont encrés à la St Guillevic, expédiés à la St Cadou. On y donne rendez-vous au Salon Images et mots de Villeneuve d’Ascq ou sur Radio Banquise à… Isbergues bien-sûr ! En 1984, Johnny n’a que 40 ans, Michaux s’éteint et Orwell vogue sur un nuage. C’est loin, 84 ! Nos mousquetaires, eux, sont partis à l’assaut de leurs rêves de poésie, de leurs enthousiasmes, de leurs coups de cœur. Ils ne savent pas que leur voyage durera 25 ans, en 114 étapes. Les voici revuistes maintenant. Ils jouent des coudes dans le paysage, se glissent auprès de Froissart, d’Horizon 21, se battent pour obtenir quelques subsides ou des tarifs postaux préférentiels : « Poètes, poèteux, Rétro-viseur vit des heures difficiles, tragiques, désespérées. » Fausse alerte, RV va de l’avant. « On sollicite mon avis. J’hésite. Les textes sont insipides et maladroits. Le dilemme : dire aux gens ce que valent leurs écrits au risque de les blesser ou bien les induire en erreur. Tous espèrent en secret un encensement en bonne et due forme. Je multiplie les conseils comme à regret : l’intransigeance irrite et l’exigence désespère. »(3) Dans la même veine, Pierre Vaast distille quelques conseils à un jeune revuiste et Jean-Claude Dubois livre son service de stress. Au n° 50, une petite annonce témoigne que la revue est désormais bien établie : « A vendre la dudu à manivelle, celle des temps héroïques ». Pour le dixième anniversaire, on en est au n° 55, le format évolue (28x18) et la périodicité passe de bimestrielle à trimestrielle. Extrait de l’éditoto : « Tout ce beau travail d’orfèvre, c’est quand même l’Hervé la cheville ouvrière. Il a planché des mois et des mois. La moindre illustration : 2 jours à batailler avec les logiciels…» Ils sont loin d’imaginer, nos revuistes, que d’autres combats les attendent, que sous leur étendard le vent de la révolte soufflera bientôt pour dénoncer certains prés carrés installés pour l’éternité… Plus douloureux encore et à venir : les trahisons, les séparations, les ruptures, les deuils. Nous voici à la cent quatorzième station. La dernière. RV a mis un point final à ses aventures. Il les retrace brillamment dans sa dernière livraison. Inutile d’en ajouter. Simplement un mot : chapeau les gars ! Vous avez gardé tout au long de ces 25 ans la passion, l’humour, le bonheur de faire partager ce qui comptait le plus pour vous et qui avait pour nom Poésie. Cadou disait de l’école de Rochefort qu’elle était plutôt une cour de récréation. Nous, on reste là sous le marronnier à regarder le silence, à écouter vos rires dans notre tête. En attendant la nuit « où le sommeil a beau mettre en tas tous ses cailloux, on ne parvient à rien d’autre qu’à s’asseoir dessus, et à attendre, puisque c’est toujours sur un quai, que la mer est noire à perte de vue, et qu’on ne peut pas lui tourner le dos(4) ». Grand dieu, il y a vraiment de quoi être à cran. robert louis Rien ne lui est épargné pour l’abattre, lui faire mordre la poussière, les forces occultes du mal se sont liguées contre lui : j’ai pas obtenu le certificat d’inscription à la Commission paritaire des publications de presse… Pour sûr ils m’ont pris pour un rigolo ! Interdiction de sortir de la norme ! Ben quoi alors comme si la Koultour elle passait pas par ces centaines de revues poétiques qui sillonnent la France(2) ! » (1) n° 4, mars-avril 1985 (2) n° 9, janvier-février 1986. On s’abonne un an contre dix timbres à 2,20 Frs. (3) Alain Lemoigne, n° 45, 1992 (4) Jean Loup Fontaine (1947-1993) 9 ¶ vie littéraire Les revues en revue Les Cahiers Robinson n° 26, 2010, Imaginaire des anges et des superhéros dans la bande dessinée Expression du XXe siècle, la bande dessinée s’affirme par sa plasticité et sa digestion des productions télévisuelles, des arts photographique et cinématographique. Les illustrateurs jouent des codes génériques ou de l’imagerie populaire. Ils offrent un regard quasi sociologique sur notre société bureaucratique calquée sur celle des dieux, ou l’inverse. Les études proposées ici balaient une centaine d’albums. Ces derniers, s’inscrivant dans l’histoire de la bande dessinée, de ses genres et codes et dans l’histoire du XXe siècle, relèvent des univers d’auteurs tant par leur style graphique, la structuration des planches que par leur imaginaire propre. Dans des styles fort différents, ils interrogent la rencontre, la monstruosité, les traumas, la réalité, la religion, les corps fantasmés et l’érotisme, les représentations, la justice, la création… Présenté de façon pédagogique, ce catalogue raconte l’origine des anges et des superhéros, et explore les multiples avatars, transfigurations, métamorphoses d’anges masculins ou féminins, de superhéros puissants mais aussi vulnérables et troublés. Articles de Jean-Marc Vercruysse, Jean-Paul Jennequin, Fabienne Dorey, Isabelle RousselGillet, Anguéliki Garidis, Georges A. Bertrand, Danièle Henky, Harry Morgan, Sébastien Hoët, Jean-Pierre Thomas, Benoît Buquet, Daniel Thurre. Issn : 1253 6806 / 16 ¤€ http://www.univ-artois.fr/cahier_robinson/ écrit(s) du Nord n° 15-16, janvier 2010 Ce numéro interroge, comme les deux parutions précédentes, la genèse du texte, de l’émotion initiale aux différentes étapes de l’écriture. Une partie Poésie accueille les contributions de Pierre Dhainaut, Marie-Claire Bancquart et Lionel Ray. Le chapitre Nouvelles et récits, propose des textes de Sandrine Berthe-Progredi, 10 Carole Dailly, Christophe Esnault, Chantal Henkens, Thierry Lafaix, Anne Noblot, Eva Nouri, Catherine Saint-Honoré, Christian Zimmermann. Editions Henry Isbn : 978-2-917698-46-4 / 12 ¤€ http://www.editionshenry.com L’Estracelle n°3-4 février 2010 La parole est donnée aux adhérents. Tout est possible... Leurs poètes préférés, leurs coups de coeur, leurs billets d’humeur, leurs indignations... Suite au succès du précédent numéro de l’Estracelle consacré aux Mines du Louvre, La Maison de la poésie a publié un livre éponyme relatant le projet et compilant les écrits produits dans ce cadre. Maison de la Poésie Nord – Pas-de-Calais Issn : 1166 1031 / Gratuit http://www.maisondelapoesienpdc.fr/ Galaxies Galaxies est une revue littéraire consacrée à la science-fiction publiée par « l’Association d’Aide aux Auteurs ». Elle paraît quatre fois par an. Elle publie des textes inédits ou des traductions inédites d’écrivains confirmés français et étrangers, ainsi que des articles de fond, des dossiers et des critiques de livres. n° 7, décembre 2009 L’Amérique latine n’est pas seulement un autre continent, c’est un peu aussi une autre planète, ou pour mieux dire : le meilleur des modèles jusqu’ici rencontré de ce que pourrait être l’étrangeté de la découverte d’une autre planète. Comment écrire de la science-fiction quand on vit dans un archétype science-fictif ? C’est la question que Galaxies a posée à Jacques Fuentealba qui a a confectionné le dossier du trimestre sur la SF latino. Second point fort de ce numéro d’hiver, une interview de Martin Winckler, ses quatre derniers livres chroniqués, et une nouvelle écrite spécialement pour Galaxies. à découvrir également, Neil Gaiman, Ian Watson, Roberto Quaglia, Fabien Clavel... Et la couverture réalisée par Guillermo Romano, depuis Buenos-Aires. Issn : 1270-2382 / 11 ¤€ www.galaxies-sf.com Géante rouge n° 16 / 17 janvier 2010, « Autre temps » Géante rouge est une revue de science-fiction consacrée à la SF francophone actuelle. Fanzine au départ, elle garde cet esprit tout en cherchant à offrir à ses lecteurs des textes et une impression de qualité. Le numéro double 16 / 17 rassemble douze textes produits à l’issue d’un atelier d’écriture virtuel : le PUAT. Celui-ci est né au tournant des années 90. L’acronyme vient du premier des thèmes traités : Pour une autre terre, manière d’hommage à Van Vogt. Les textes réunis ici viennent du troisième PUAT. Ils constituent le résultat d’une expérience, ils ont permis à chacun de leurs auteurs de se frotter aux autres. On y reconnaîtra l’un ou l’autre nom devenu depuis plus connu… éditions répliques Issn : 1778-011X / 10 ¤€ http://page-sf.monsite.orange.fr Graphè n° 19, mars 2010, Le Livre de Jonas Le Livre de Jonas, que l’on range traditionnellement parmi les écrits prophétiques de l’Ancien Testament, est un récit postexilique qui relève de plusieurs genres littéraires. Il s’apparente au conte et à la parodie tout en mêlant des accents romanesques. L’auteur, resté anonyme, use avec bonheur d’humour et d’esprit satirique au point de faire de Jonas, le héros de la narration, une caricature du prophète qui conduira Bachelard à parler du « complexe de Jonas » avec en filigrane la question de la vocation et de l’engagement. Jonas est-il un homme responsable ? Malgré sa brièveté, Le Livre de Jonas a connu une grande postérité et s’inscrit dans une longue histoire de l’interprétation. Dans une démarche intertextuelle et pluridisciplinaire, cette nouvelle livraison porte d’abord sur le livre biblique lui-même et concerne ensuite les relectures littéraires, philosophiques et artistiques que l’histoire de Jonas a pu susciter au fil des siècles dans le monde occidental. Directeur de la rédaction : Jean-Marc Vercruysse. Articles de André Wénin, Claude Lichtert, Brigitte Donnet-Guez, Régis Courtray, Anne-Sophie Durozoy, Jean-Michel Rietsch, Natacha Salliot, Marie-Christine Gomez-Géraud, Marie-France Monge-Strauss, Anne-Gaëlle Weber, Linda Rasoamanana, Gaëlle Guyot-Rouge, Lydie Laroque, Serge Martin. Isbn : 9 782917 550007 / 14 ¤€ http://www.univ-artois.fr/graphe/ Belgique Le Carnet et les Instants n°159 hiver 2009 2010, Petite météorologie littéraire C’est sur la météorologie en littérature que se porte naturellement le dossier de ce numéro d’hiver. L’édito aborde quant à lui la littérature des vaincus : style, compassion, authenticité. Côté rencontres, Jean-Pierre Verhenggen livre ses chemins de création, Laurent de Sutter, parle de son travail au sein de la collection de petits essais « Travaux pratiques » aux Presses universitaires de France, et Liliane Wouters revient sur ses livres. Deux hommages sont rendus, à René Henemout, décédé en septembre, par son ami Bernard Gheur, et à James Ensor, au travers de l’exposition au Musée d’Orsay et par la réédition de ses écrits. Sont également racontés, les débuts littéraires de Pierre Mertens, réédités aujourd’hui, le texte « sacré » Yossel Rakover s’adresse à Dieu, la correspondance entre Loup Mayrisch et Marie Delcourt... Sans oublier une enquête captivante sur le quotidien des écrivains durant la période qui sépare la publication de deux livres. Abonnement gratuit. Communauté française de Belgique, Service de la Promotion des Lettres http://www.promotiondeslettres.cfwb.be/ La Nouvelle revue moderne n° 25, automne 2009, La Page poésie Les contributions de ce numéro semblent vouloir se répartir entre une face solaire et souriante et une autre plus sombre. Hervé Merlot est sur la face souriante et rend hommage à Gerry Locklin, écrivain et poète californien traduit ici par Eric Dejaeger. « Dites-le avec des fleurs », nous dit Olivier Salon, membre de l’Oulipo, et il nous en offre à profusion. Reine BudPrintems est tentée de passer de l’autre côté du miroir ; Flanjou, Jacques Abeille et Annick Forshew, nous livrent des textes hantés par le fantastique, tandis que Marie Groëtte évoque d’anciens cauchemars, liés à des images de violence portées par le cinéma. Analyste ironique des « états généreux de l’âme », Annie Wallois, joue sa Daphné, s’imagine tel un arbuste dissimulé au cœur d’un bosquet et avoue finalement : « Je préfère disparaître dans un brin d’herbe ». Alfonso Jimenez et Mimosa, enfin, jouent avec nos repères et débordent les cadres habituellement assignés à l’écriture. Changer l’imaginaire, ainsi que le voulait Borges, n’est-ce pas l’enjeu à la fois dérisoire et grandiose de La Page poésie ? Issn : 1632-1081 / 6 ¤€ http://nouvellerevuemoderne.free.fr/ Passages n° 18 automne 2009, Prioritaire/ Priority Sous une couverture d’Andrew Topel, ce numéro démarre avec la suite des évangiles BleuNuit de Christian Edziré Déquesnes, de longs textes inédits de Jean-Luc Galus, Le Dernier mot de D.Gest, Lucie ou le bel automne de Victoire Perdrot, la suite de La grande fille d’Ivar Ch’Vavar, Le Retour du Petit théatre de Pascal Lenoir avec la complicité d’Alan Turner, la suite de Ivraie de Bernard Barbet qui récidive aussi l’un de ses collages La voix du mort, un nouveau venu Stif Mouketinnet avec Je m’a rendu ed mi même a chl’opital psch’tikiatric..., et s’achève avec le n°2 de Francis Bacon Célébration par S.O.D.A. 09. Le supplément Ré-apparitions est consacré cette fois-çi à l’ami du Cri, Alain Marc, avec un long poème Solitude.Le numéro 19 de janvier 2010 se nomme Chambre 1019 ; il est consacré à la correspondance de Christian Edziré Déquesnes, alors qu’il était hospitalisé, avec Jennifer Abell, Alain Marc, Jean-Luc Galus, Ivar Ch’vavar, Cécile Richard, Charles Pennequin, Guy Niole. Le supplément Ré-apparitions, confié à Philippe Lemaire s’intitule Rue des FillesDieu. Issn : 1955 8147 / 5 ¤€ / [email protected] Roman 20-50 n° 48 décembre 2009, Pierre Michon, La Grande Beune, Trois auteurs et Abbés Pierre Michon parcourt les siècles à grandes enjambées. S’il commence par explorer sa mémoire familiale en mêlant au fil de sa vie les rumeurs de sa généalogie, il franchit vite les frontières du siècle, en remontant le cours des récits de sa grandmère. L’écrivain n’aura dès lors de cesse d’arpenter les temps et de déplier les durées au gré d’un souci de l’archive, dont il ne se sépare jamais. Pierre Michon n’élabore cependant pas une écriture historienne. C’est même l’envers de l’Histoire qu’il traque. Et pour fixer un socle aux atermoiements des siècles et des saisons, pour débarrasser les hommes de leurs colifichets inessentiels, l’écrivain arpente les géographies et cartographie les territoires. Il sait comme d’autres, que la géographie est l’autre de l’Histoire. Fascination de l’archaïque à travers la grotte de La Grande Beune, désir de modeler le paysage dans Les Abbés ou inscription des écrivains dans une géographie sociale dans Trois auteurs : ces trois livres sont autant de tentatives pour dire au détour de la géographie les démêlés de l’individu avec le temps, avec la renommée future comme avec la scène interdite de ses origines. Études réunies et présentées par Laurent Demanze. Articles d’Agnès Castiglione, Alexandre Bleau, Bruno Blanckeman, Ivan Farron, François Berquin, Dominique Viart, Aurélie Adler, Françoise Lioure, Jean-Michel Wittmann, Sylvie Servoise, Catherine Rabier-Darnaudet, Jean Kaempfer. Isbn : 978-2-908481-67-9 / 15 ¤€ www.septentrion.com RSH, la Revue des sciences humaines n° 296, décembre 2009, Bestiaires des lumières Parmi les héritages qu’aménage le XVIIIe siècle, le moindre n’est pas celui de la question animale. Les cartes métaphysiques sont rebattues ; une sensibilité nouvelle perce dans les discours, les mœurs et les représentations : c’est pour les bêtes un tournant dans leur histoire avec les hommes. C’est alors que s’estompe l’imaginaire des fables pour ne laisser subsister qu’un bestiaire débarrassé de sa vieille symbolique, jugée gothique. Si la littérature se nourrit encore de ces figures perdues, la rationalité des Lumières encourage une approche naturaliste : les savants révisent les assignations et reconstruisent la chaîne des êtres. Les peintres rendent compte aussi, non sans ambivalence, de ce regard nouveau : portraits de chiens qui promeuvent l’animal au rang d’individu, ou troubles scènes de chasse donnant à voir l’odieux et fascinant martyre des chairs. Les philosophes s’efforcent, quant à eux, tâtonnants, de refonder une anthropologie par l’épreuve d’une altérité inédite. Car quand vacillent les certitudes sur les animaux, tout le système humaniste est en émoi. Que sont-ils, ces êtres : des créatures inférieures exploitables à merci, ou de quasi semblables ? Des ornements du paysage, des compagnons de vie, des égaux peut-être ? La dimension politique de la réflexion portée sur les animaux n’est pas absente : symboles de liberté à l’état sauvage, ils sont l’incarnation de la servitude, à son dernier degré, dans une société humaine où ils prennent place de force. Les animaux sont neufs, en tout cas, sous le regard d’un siècle décillé. Textes réunis par Anne Richardot, articles de Claude Habib, Lydia Vàzquez, Juli Leal, Marie-Agnès Thirard, Anne Tomiche, Jacques Berchtold, Anne Coudreuse, Sylvie Thorel, René Démoris, Jean-Luc Guichet, Annie Ibrahim, Sophie Lefay. Isbn 978-2-913761-43-8 / 23 ¤€ www.septentrion.com ¶ vie littéraire... reportage vie littéraire... reportage ¶ La Générale d’Imaginaire « Je considère le slam comme une forme mouvante » Julien Delmaire Les poètes de l’oralité en bonne Compagnie Il le dit tout net : pour lui, la poésie est un outil de compréhension du monde. D’ailleurs, bien avant de découvrir le slam, en 2000, au Zem théâtre à Lille, il écrivait déjà de la poésie et du rap. Jeune trentenaire, Julien Delmaire est l’un des slameurs les plus connus dans la région. Après avoir passé son enfance à Roubaix et à Lille, il a choisi de s’établir en Ardèche, ce qui ne l’empêche pas d’être souvent dans la région, sur scène ou auprès du public. Il est l’un des cinq fondateurs de la Compagnie Générale d’Imaginaire, dont il est aujourd’hui salarié. Car en plus de ses activités créatrices, Julien Delmaire anime depuis cinq ans des ateliers d’écriture, qui connaissent un vrai engouement. Son dernier livre-CD, Xylographie, préfacé par l’écrivain Lucien Suel, est né d’une résidence d’artistes au Presbytère de Houdain fin 2008 (voir chronique en page parutions). Pour lui, le slam est une passerelle vers des écritures plus complexes. « Le mouvement slam est disparate, explique-t-il. De nombreux slameurs n’ont pas intégré la poésie contemporaine et certains poètes pensent que le slameur a une vision de la poésie très archaïque. » Pour Julien Delmaire, le slam est un moyen de dialoguer et d’interpeller l’autre. Et il le dit sur scène. [Dukone], spectacle de Thomas Suel ©Emmanuel callec Le mot est court et il claque : slam. Mais il présente tant de facettes qu’elles ont bien du mal à rester cachées derrière la haute stature de ses deux figures médiatiques, Grand corps malade et Abd Al Malik. Cet art urbain, né dans les années 1970 et 1980 aux états-Unis, n’en finit pas de prendre son envol en France et ce, depuis une dizaine d’années. On en distinguerait d’ailleurs mal les subtilités en croyant qu’il se résume à l’énonciation de révoltes sur le mode spontané, exclusivement. D epuis 2003, La Compagnie Générale d’Imaginaire multiplie les scènes ouvertes, les créations et les actions de sensibilisation dans toute la région. Objectif : promouvoir le slam, sans œillères et avec de nobles ambitions sociales, des éléments récurrents dans les propos de Stéphane Gornikowski, l’un des créateurs de la Compagnie, aujourd’hui directeur de la structure (1). « Une des dimensions du slam, explique-t-il, est de faciliter la prise de paroles pour tous, de faire en sorte que des personnes d’univers différents se rencontrent : certains sont proches des cultures urbaines, d’autres de la poésie expérimentale. Il n’est pas sûr que ce soit si fréquent. La scène lilloise, et plus généralement le Nord - Pas-de-Calais, est intéressante : il existe un vivier d’amateurs de slam fonctionnant dans une vraie mixité, pas catégorisés. » De la poésie expérimentale au beatbox Natif du Pas-de-Calais, Stéphane Gornikowski a découvert le slam en 1998 à Paris alors qu’il y finissait ses études de sciences politiques et de gestion du travail ; ça l’a réconcilié, se souvient-il, avec la poésie. à l’époque il n’existe rien à Lille sur cette pratique artistique et un appel à projets du Zem théâtre, dans le quartier de Wazemmes à Lille, le fait monter sur scène. En 2003, avec un rappeur, un comédien, un prof de lettres et un travailleur social, il créé l’association. La Compagnie Générale d’Imaginaire est née, ouvrant la voie à de nombreuses expériences de créateurs qui n’en sont pas restés au stade du rêve. « Au départ, il s’agissait pour nous de faire exploser les frontières des arts de la parole et de l’écriture, poursuit-il. En 12 fait, on a fait beaucoup plus. » Quelques exemples, tels que le festival « Esprits du slam », qui a réuni à Lille début décembre des groupes d’horizons assez différents : une zoo performance de la poétesse belge Gwenaëlle Stubbe au Musée d’histoire naturelle à Hénin-Beaumont Le langage de la nourriture révélateur d’un propos sur la ville Pendant tout le premier semestre 2010, l’association organise un atelier, « Le goût des autres », à Hénin-Beaumont (« On n’est pas dans cette ville par hasard » indique Stéphane Gornikowski, faisant référence aux récentes difficultés politiques et budgétaires de la commune). Il s’agit de mettre en lien gastronomie, littérature et arts de la parole et de faire travailler ensemble des gens qui ne se connaissent pas : dans les structures de la ville qu’ils fréquentent et hors les murs aussi, puisque l’idée de faire du porte-à-porte n’est pas exclue pour toucher un maximum d’habitants. Le projet, financé par l’ACSE, Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, prendra la forme d’un atelier de cuisine et la création d’une recette, pourquoi pas d’un gâteau, qui deviendrait la spécialité de Hénin et qui refléterait la diversité de ses habitants. Rendez-vous probable le 12 juin, lors de la Randonnée Culturelle, organisée chaque année par l’Amicale laïque et l’Escapade. ©diego comer ou la prestation remarquée du groupe Under Kontrol, champion du monde 2009 de beatbox (imitation vocale d’instruments de musique). Les activités de la Compagnie d’Imaginaire comportent des enjeux de professionnalisation, notamment lorsqu’elle organise de (nombreux) ateliers d’écriture et de mise en voix en direction de publics différents : des scolaires, des jeunes en difficultés, des détenus, des personnes âgées en maison de retraite, etc. En 2008 et 2009, 60 à 70 villes de la région ont été concernées par les activités de la Compagnie, qui travaille en lien avec des structures culturelles comme le Zem, l’Antre 2 et les Maisons folies de Wazemmes et de Moulins, Culture Commune à Loos-en-Gohelle ou Artois Comm. pour des résidences d’écriture (2). Stéphane Gornikowski et ses collègues commencent l’année 2010, année charnière dit-il, avec de nouveaux objectifs. Après une dizaine d’années de présence à Lille, notamment autour des créations de Julien Delmaire et Thomas Suel (lire ci-dessus), la Compagnie souhaite franchir le pas de la reconnaissance nationale. « C’est en cours, précise le directeur, mais nous souhaitons faire connaître ces artistes en dehors de la région, en créant des échanges inter-régionaux, avec le Sénégal et la Grande-Bretagne. Mon souhait est que l’on augmente la portée de ce que l’on fait dans deux directions : faire émerger et soutenir de nouvelles plumes du Nord - Pas-de-Calais, ceux qui ont un potentiel littéraire professionnel comme on l’a fait avec Julien et Thomas, et agir pour que la mobilisation d’habitants autour de leurs territoires change leur existence. Je pense à un de nos projets à Marles-les-Mines, où il y a eu de nombreuses démolitions et où les enjeux urbains sont importants ». L’Agitée, maison d’édition associée à la Compagnie, devrait l’accompagner dans ces différents objectifs : elle a quatre titres au catalogue, dont trois de Julien Delmaire, et prévoit la sortie en mars du premier livre de Marie Ginet. Là encore, on avance une volonté de monter d’un cran dans le professionnalisme, en améliorant la diffusion des ouvrages de L’Agitée. La démocratie à l’épreuve du slam Si, en trois ou quatre ans, les demandes d’interventions de la Compagnie émanant du monde scolaire se sont multipliées, si globalement les interventions autour des arts de la parole sont sollicitées dans les territoires de la région, zones urbaines à Lille ou plus rurales dans le Pas-de-Calais, il arrive, ici ou là, que le discours engagé du slam indispose. « Parfois, témoigne Stéphane Gornikowski, on décline nos propositions au prétexte qu’il est trop politique de donner la parole aux habitants. » On peut pourtant constater le succès grandissant des scènes ouvertes et autres manifestations proposées par la Compagnie. Le public – tous les âges, de 20 à plus de 50 ans – est mixte, même si on constate que la prise de parole est plus masculine, ce qui est loin d’être une exclusivité du slam. « Nous venons de recruter une personne, spécifiquement pour élaborer un projet autour du féminisme, indique-t-on à la Compagnie. » L’inventivité de la langue à promouvoir, la petite musique des mots pour atténuer les peines sociales et conserver intacte l’énergie qu’il faut pour lutter, l’urgence à décloisonner les genres poétiques et à faire travailler ensemble des gens qui n’avaient pas à se croiser… Au slam, de grandes ambitions. corinne vanmerris (1) Basée à Lomme et dans le quartier de Lille-Sud, la Compagnie emploie cinq salariés et fonctionne avec une quinzaine d’artistes associés, intervenant dans tous les arts de la parole, intermittents du spectacle. (2) Côté financements, essentiellement sur la base de projets, l’association est subventionnée par la DRAC, la Région, le conseil général du Nord, la ville de Lille, Artois Comm., l’Agglo HéninCarvin, l’Agglo du Valenciennois, l’ACSE, Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (état)… La Compagnie Générale d’Imaginaire 34 rue Caventou / 59000 Lille / http://www.slam-lille.com/ Tél : 09 63 24 09 43 ou 06 78 06 64 16 en cas d’absence. Propositions artistiques : [email protected] / Ateliers et sensibilisations : administration@ slam-lille.com / Diffusion des spectacles de la Générale d’Imaginaire : [email protected] Myspace : http://www.myspace.com/lageneraledimaginaire 13 ¶ librairie Librairies virtuelles code-barres, toutes les références utiles. Il saisit et ajoute lui-même le texte de la dernière de couverture. Si la conception est exigeante, l’ambition reste modeste quoique déterminée : « On veut conquérir le Nord - Pas-de-Calais ! » Avec un objectif de chiffre d’affaires la première année de... 1 000 euros. Mieux vaut tenir que courir pourrait être leur devise. Un comble pour des globe-trotters ! Le deuxième gros chantier sera d’optimiser le référencement : fin 2009, une dizaine de commandes seulement avaient été passées. En attendant, la librairie en ligne propose un service à la carte très pro. Gérard imagine déjà, sur le modèle de son site, un portail marchand où ses confrères de Libr’Aire, l’association régionale des libraires indépendants, auraient chacun leur entrée, avec leur propre base de données... à constituer. Si l’intérêt est vif, le temps à y consacrer rebute. Mais la réflexion est au moins engagée. ça bouge en Nord - Pas-de-Calais La vente du livre sur Internet se porte bien. Selon le cabinet d’études marketing GfK, elle représentait même le seul marché en progression en 2009, avec une croissance de 25 % par an en France. Une ouverture qui n’a pas échappé à quelques libraires de la région qui, chacun à sa mesure, s’attaquent à la vente en ligne pour repousser les murs de leur librairie, mieux fidéliser leurs clients et en gagner d’autres. DR DR « Le duel web contre magasin, c’est fini ! » Pour Denis Labbe, 28 ans de Furet et directeur du magasin de Maubeuge, le site marchand est une évolution conforme au souci de proximité de l’enseigne. Sa genèse ? « La direction marketing a échangé en direct avec les équipes des magasins pendant six mois. Les vendeurs se sont montrés beaucoup moins inquiets qu’on aurait pu s’y attendre, les questions posées ici étaient surtout d’ordre pratique, par exemple sur la possibilité de retirer les ouvrages en magasin. Et il existait une attente de la clientèle. » Car si la vocation du site est d’aller chercher ses propres acheteurs sur le web, elle est aussi de fidéliser les clients des magasins. « Le duel web contre magasin, c’est fini ! » déclarait Pierre Coursières lors du lancement. Le premier se veut au service du deuxième. Au journal Le Monde qui l’interrogeait sur son ambition de cyberlibraire, Guillaume Decitre répondait : « Nous voulons démontrer que l’internaute n’est pas obligé de passer par Seattle pour acheter un livre sur la Toile. » En effet, il peut passer par son libraire ! Et en Nord - Pas-de-Calais, outre le Furet, quelques libraires indépendants ont eu la même réflexion. Ils ont créé leur librairie virtuelle qui propose au même prix (la réduction de 5 % est incontournable) le même service que les grands. La première à s’être lancée sur la Toile, dès 2007, est Vortex, dirigée à Lens par Laurent Decroix. Son univers : mangas, BD, comics, science fiction... En centreville, la librairie propose 7 000 références, livres et figurines. Sur le Net, Laurent Decroix en offre « jusqu’à 30 000 ». Le site est donc complémentaire du magasin. Créé et développé par Livralog, il est géré par le libraire lui-même. Celui-ci annonce deux ventes en moyenne chaque jour dans la France entière, « essentiellement dans les petites villes », pour 5 % de son chiffre d’affaires. La majorité de ses clients, qu’ils se déplacent en magasin ou commandent sur Mangabd.com, achètent des mangas. « Les jeunes veulent lire vite Denis Labbe, le Furet du Nord à Maubeuge 14 DR À la rentrée 2009, Decitre, libraire lyonnais centenaire et déjà très présent sur le web, signait un partenariat avec RueDuCommerce pour capter 10 % du marché de la vente de livres en ligne et devenir le 3e cyberlibraire français. à la même période, le Furet du Nord lançait son premier site marchand, avec le vœu de figurer « dans le top 5 » derrière Amazon, Fnac, Decitre et Chapitre. Les moyens sont proportionnels à l’ambition : un million de références proposées sur l’outil Magento, soit, selon Pierre Coursières, PDG, la plus grosse base installée en open source. Les critiques des libraires (marquées par un Post-It comme en librairie) apportent au site sa touche personnelle. Autres atouts de Furet.com : une marque connue, une plate-forme logistique déjà opérationnelle et une livraison gratuite possible dans plus de 3 600 points relais en France. Un espace Client Pro a par ailleurs l’ambition de doubler, d’ici 2014, l’activité de vente à distance vers les professionnels. Laurent Decroix, librairie Vortex à Lens et pas cher. Entre une BD de 48 pages à 13 euros et un manga de 200 pages moitié moins cher, ils n’hésitent pas. » Le plus du site : une sélection d’auteurs avec photo, notice biographique et, quand ils sont passés chez Vortex, dédicace. La petite note singulière. « On veut conquérir le Nord - Pas-de-Calais » Autres libraires à tenter l’aventure de la cyberlibrairie, Jean-Luc Destrée et Gérard Valembois. Leur librairie à Lille s’appelle Autour du monde, alors le world wide web, ce n’était qu’un continent de plus à aborder. Sur leur site autourdumonde.biz, ils ont remplacé l’habituel panier par un sac à dos et annoncent : « Notre objectif est de vous offrir un choix de qualité, où chaque ouvrage aura été sélectionné avec le plus grand soin. Tous nos produits ont un résumé et une photo (sauf deux !) et sont consultables à la librairie. » Le choix est donc de ne proposer que ce qui est déjà en rayon. Un choix de 5 666 références quand même. Le site a été construit de toute pièce par Gérard : « Ça représente six mois de boulot... » Il a utilisé un logiciel de collectionneur pour intégrer, grâce aux « Une petite révolution » Parmi les efforts notables pour vendre sur le web, on trouve encore Culture Môme à Valenciennes, librairie jeunesse dont le site culturemome.com se veut « une deuxième boutique ». Christophe Lalou reconnaît y faire peu de ventes, mais il mise sur les sélections thématiques – celle sur les droits de l’enfant lui a permis d’écouler dix titres – , et les produits locaux – une vingtaine de Fabliaux valenciennois ont été vendus partout en France. Le Marais du livre à Hazebrouck fait aussi une percée courageuse avec maraisdulivre.fr. Tirloy à Lille est présent grâce à lalibrairie. com. Les librairies Demey se lancent, elles, via un partenariat avec un site de vente d’articles de pêche en mer... Sur Majusculedemey.net, on accède depuis fin 2009 à livreetmer.com, une sélection de quelque 150 ouvrages « iodés » vendus à distance, tous en stock à Majuscule Dunkerque. Une manière de tremper l’orteil pour prendre la température... Mais déjà « une petite révolution par rapport à la culture de l’entreprise familiale » d’après Franck Vanvelcenaher, en charge du projet. D’autres libraires proposent sur leur site la réservation d’ouvrages ou la commande par mail. Un début d’intérêt donc, même si plus de la moitié des libraires en Nord - Pasde-Calais n’ont pas même une vitrine sur la Toile. Les organisations professionnelles leur rappellent l’importance de « développer sur le web les compétences mises au service des clients dans leurs librairies ». Dans un hors-série de juin 2008 consacré au numérique, les Cahiers de la librairie poursuivent : « Ne pas être en capacité de développer sa présence sur Internet condamnerait inévitablement la librairie traditionnelle à un statut de second choix affaiblissant son avenir tandis que les librairies virtuelles se verraient reconnaître leur viabilité sur le marché. » Selon une étude TNS Sofres réalisée début 2009, seuls 1 % des lecteurs comptent sur les conseils d’un libraire pour déterminer leurs achats. Les spécialistes ne sont donc plus en position de force face à la grande distribution et notamment celle qui s’organise sur le web et prendra d’ici 2012 12 à 14 % de part de marché. La percée des livres électroniques annonce d’autres mutations... Un vrai défi est lancé aux professionnels de la vente du livre. sophie pecquet DR librairie ¶ Jean-Luc Destrée et Gérard Valembois, librairie Autour du Monde à Lille Autour du Monde 65 rue de Paris / 59000 Lille / 03 20 78 19 33 [email protected] / www.autourdumonde.biz Culture Môme 48 rue de Lille / 59300 Valenciennes / 03 27 46 27 16 www.culturemome.com Furet du Nord 18/20, avenue Jean Mabuse /59600 Maubeuge Tél : 03 27 64 61 10 / Fax : 03 27 64 98 05 www.furet.com Majuscule Dunkerque – SAS Demey 47 place Jean Bart / 59140 Dunkerque 03 28 59 26 83 www.majuscule-dk.lalibrairie.com Le Marais du Livre 15 rue de l’Eglise / 59190 Hazebrouck 03 28 41 08 20 www.maraisdulivre.com Librairie Tirloy 62 rue Esquermoise / 59000 Lille 03 20 55 37 09 www.tirloy.fr Vortex 11 Rue de la Gare / 62300 Lens / 03 21 28 16 73 www.mangabd.com Le portail de la librairie sur Internet L’année 2009 aura vu d’importantes étapes d’avancement dans la création du portail du Syndicat de la librairie française, dont la période de constitution semble avoir été fastidieuse. Création de la société d’actionnaires PL2l, (implication d’une quarantaine de libraires – dont la librairie lilloise Le Bateau Livre – et de groupements de libraires, avec une ouverture à l’interprofession) et constitution de son capital (plus de 700 000 euros), nomination du directeur : André Imbaud, (Ancien PDG de la Sodis), recrutement de Nicolas Kazinsky, ancien directeur de la SFL et accord cadre signé avec Electre en toute fin d’année, qui doit faire de la base de données interprofessionnelle le fournisseur de la base de référencement de la future plate-forme. « Cet accord cadre constitue une étape majeure dans la mise en œuvre concrète de ce projet. Dès son ouverture courant 2010, le portail offrira à l’ensemble des librairies françaises la possibilité de proposer à leurs clients la vente de livres sur Internet, en format papier ou numérique » se félicite Gilles de la Porte, représentant de PL2l. Le portail devrait fonctionner comme une plate-forme de sites internet de libraires. Base de données commune, adaptation des sites à la vente de livres numériques, apport éditorial, actualités, vente en ligne, suivi des paniers, mise en ligne des appels d’offre… Et une offre de services au libraire allant de la simple recherche de livres par l’internaute qui achète ensuite en librairie, à la prise en charge logistique par la plate-forme (un appel d’offres devrait être lancé début 2010 pour trouver le partenaire logistique). Le portail a pour objectif de voir le C.A. des librairies membres atteindre 5 % en vente en ligne, alors que la part de vente en ligne de livres dans le total des ventes de livres en France ne représente encore que 4 % (contre plus de 12 % en Allemagne). http://www.syndicat-librairie.fr/fr/accueil Syndicat de la librairie française Hôtel de Massa 38, rue du Fbg-St-Jacques 75014 Paris Tél. 01 53 62 23 10 / Fax 01 53 62 10 45 [email protected] Site de veille informationnelle sur le numérique http://www.netvibes.com/melico#Revue_de_presse_generale 15 ¶ librairie éDITION ¶ Libfly la bibliothèque communautaire Un réseau social de lecteurs sur Internet, ce n’est pas une idée nouvelle ; on connaissait Zazieweb qui s’est éteint après 13 ans de fonctionnement et malgré ses 22 000 membres, Babelio, encore présent sur le net. Place des libraires a, quant à lui, fonction principale de vendre des livres via les sites des librairies. Quelle est donc la particularité de Libfly ? L e site est une émanation de la société lilloise Archimed. Il bénéficie de fait, pour ces débuts, du soutien financier dont le manque s’est hélas avéré fatal à Zazieweb sur le long terme. Composée de 70 collaborateurs, l’entreprise effectue 50 % de son chiffre d’affaires grâce à son pôle « culture et savoir » dont l’activité principale consiste à mettre en place des systèmes d’information documentaire pour les médiathèques, musées, centres d’archives, etc. « Nous étions bien placés pour savoir que les bibliothèques investissent beaucoup dans la mise en place de contenus numériques et que ces portails sont trop peu mis en valeur et accessibles » explique Olivier Walbecq, le directeur de Libfly. Même constat pour les sites de libraires, notamment indépendantes. Pour pallier ces carences, Archimed crée Libfly, en janvier 2009 et l’équipe de quatre personnes est progressivement constituée. Gérard Tissier, anciennement salarié de la librairie Tirloy de Lille vient de rejoindre l’équipe en tant qu’ingénieur commercial. Libfly, c’est d’abord un stock très conséquent de critiques de livres par les lecteurs. 16 000 internautes y ont déjà créé leur bibliothèque. C’est aussi un forum, des listes de lectures, une géolocalisation des « amis » et donc une possibilité de prendre contact avec eux, d’emprunter et de prêter ses livres. Autre service pertinent du site : il permet aux libraires et bibliothécaires de mettre en lien leurs sites internet et leur système de gestion informatique (c’est à dire leurs stocks) avec le site Libfly. Ceci permet aux professionnels d’améliorer le référencement de leurs portails pour accroître leur visibilité et par conséquent les commandes ou les emprunts et aux internautes de savoir si le livre qu’ils recherchent est disponible en librairie ou en bibliothèque à proximité de chez eux. En cliquant sur le livre, ils sont automatiquement dirigés vers la page correspondante sur le site du professionnel. Combien ça coûte ? Jusqu’ici c’est gratuit. Les sans-sites ne sont pas exclus de la base de données Libfly : leurs coordonnées sont communiquées aux lecteurs. Pour compléter l’offre de contenus, Libfly met également à disposition des lectures d’extraits de livre par des auteurs ou l’équipe de comédiens partenaire, des interviews d’auteurs, réalisé par Jean Mordazec (l’animateur du site lechoixdeslibraires.com, réalisateur de l’émission « à Livre ouvert » de France Info animée par François Busnel). Si Geluck ne vous convainc pas de dévorer D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère, la lecture d’extraits de Cher Amour par Giraudeau luimême y parviendra peut-être. En outre, les partenariats usuels avec les éditeurs permettent fréquemment de découvrir les livres en avant-première. Si vous souhaitez que du jour au lendemain, votre site soit densément nourri par Libfly de ces contenus multimédias, vous devrez payer un forfait annuel, légèrement dégressif en fonction de votre participation à l’activité du site (rédaction de critiques). Pour les bibliothèques, le tarif est indexé sur le nombre d’habitants de leurs territoires. Les partenaires de Libfly sont déjà nombreux : Tite-live, Nonfiction.fr, Le choix des libraires, Le choix des bibliothécaires. Quant au Syndicat de la librairie française, « nous portons à nos activités et projets réciproques un intérêt mutuel très fort » confie Gérard Tissier. 210 librairies ont déjà rejoint Libfly, les réseaux de bibliothèques de Levallois, Bourges, Evreux également, l’île- de-France devrait suivre. « Nous sommes aussi en contact avec des bibliothèques francophones de Belgique et de Suisse. » Le Nord — Pas-de-Calais ? Balbutiements : « Nul n’est prophète en son pays ! » plaisante Olivier Walbecq. lucie eple 16 www.libfly.com [email protected] Archimed /49 boulevard de Strasbourg 59000 Lille Les éditions Invenit C’est à Ennetières-en-Weppes, un peu à l’écart du nœud autoroutier permettant de quitter la métropole lilloise pour gagner la Flandre, que Dominique Tourte (ici au centre) a installé son cabinet de graphisme il y a près de vingt ans. Autour de lui de gauche à droite : Valérie Dussart (maquettiste), Céline Telliez (chargée de développement et coordination éditoriale), Candice Gras (graphiste), Simon André (graphiste). « La société est dès l’origine à orientation culturelle, explique l’éditeur. Nous fabriquons tous les supports papier de communication, brochures, affiches et catalogues. Invenit (« à inventer » en latin) dit tout de suite l’importance de l’idée sur la seule fabrication. » Il y a deux ans, partant de cet objet spécifique qu’est le catalogue d’exposition, Dominique Tourte a décidé d’investir le champ de l’édition. La structure fonctionne désormais sur deux jambes, cinq salariés et des convictions : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface » disait Hugo, une idée à laquelle on souscrit largement chez ce jeune éditeur. à l’origine de ce développement, bien-sûr, le désir et l’envie d’un professionnel, historien d’art venu au graphisme par goût du livre et de la chose écrite. « Mais ce fut aussi plus prosaïque que cela, poursuit Dominique Tourte. Je répondais fréquemment à des appels d’offres pour la fabrication des catalogues, une tâche que les musées ont tendance à déléguer aux éditeurs. Parallèlement à cette activité, nous avons développé des projets plus personnels. » En deux ans, les éditions Invenit ont inscrit dix titres à leur catalogue et sont en contrat, depuis mai dernier, avec le Comptoir des indépendants pour la diffusion et la distribution de leurs ouvrages dans tout le pays. L’éditeur sera présent au Salon du Livre de Paris, sur le stand de l’association des éditeurs du Nord et du Pas-de-Calais dont il est membre. « L’association doit être le maillon entre le Centre régional du livre et des lettres et les éditeurs, propose-t-il. Il faut aussi penser aux éditeurs qui souhaitent se développer, ceux qui sont entre les extrêmes, toutes petites et grosses structures. De l’association, j’attends que s’y dessine une dynamique et qu’elle développe une dimension d’accompagnement et de conseil. » Collaborations fréquentes avec La Piscine de Roubaix Cinq livres ont été réalisés en collaboration avec le Musée de la Piscine à Roubaix, dont le Van Hecke, les dessins d’Henri Bouchard ou les photographies de Bruno Dewaele. Invenit a aussi publié Parlures, de Gilles Defacque, comédien et directeur du théâtre lillois Le Prato, Le Feu, d’après l’œuvre d’Henri Barbusse, illustré par le dessinateur de BD François Boucq. Avec ce dernier livre, à vocation pédagogique et sur le thème de la première guerre mondiale, Dominique Tourte a pu vérifier tout l’intérêt que confère, pour un petit éditeur, le fait d’être distribué dans toute la France. « Nous avons, pour l’édition générale à 20 euros, tiré à 3 000 exemplaires. On est présent dans les librairies de la région, nous vendons en direct sur notre site ou dans les salons, mais notre contrat avec le Comptoir des indépendants a donné une certaine visibilité à nos activités. Et Le Feu s’est mieux vendu à l’extérieur de la région. » Avec Céline Telliez, jeune éditrice recrutée par Invenit pour développer la partie édition de la structure, Dominique Tourte lance en 2010 une nouvelle collection, Ekphrasis, qui devrait à terme contenir vingt titres sur les musées du Nord Pasde-Calais. « L’idée est de proposer à un auteur une forme de description littéraire et poétique d’un tableau, explique l’éditeur. Au printemps, quatre titres seront en librairie : un texte de Pierre Dhainaut sur un tableau de Manessier (Musée d’art de Dunkerque) ; Dubuffet (Calais) par Gérard Farasse ; Tattegrain (Boulogne-sur-Mer) par Jean Le Boël ; Jean-Pierre Spilmont écrit lui sur une œuvre flamande du XVe siècle (Saint-Omer). à venir, notamment, Eugène Leroy (Tourcoing) sous la plume de Ludovic Degroote. « Je cherche et suis attentif, précise Dominique Tourte, à l’extrême sensibilité et l’intérêt des auteurs pour le projet. » Personne n’a décliné l’offre. On comprend les poètes sollicités. Car les ouvrages publiés par Invenit sont de très beaux objets. Autre projet pour cette année : le récit illustré de la conversation entre Elise, 17 ans, et Yvonne Abbas, déportée le jour de ses 20 ans en 1942. « Je voudrais montrer comment une jeune fille d’aujourd’hui se frotte à cette histoire-là. » Fond et forme en équilibre, subtil arrangement. Ce printemps paraîtront les premiers ouvrages de la nouvelle collection de la maison, Ekphrasis, avec un texte du poète Pierre Dhainaut Invenit / www.invenit.fr / 19 Rue du Bourg / 59320 Ennetières-en-Weppes / 03 20 82 12 18 c.v ¶ éDITION un territoire à lire ¶ Val de Sambre Le Nord - Pas-de-Calais au Salon du livre 14 éditeurs s’exposent à Paris L’agglomération de Maubeuge et du Val de Sambre, qui compte plus de 100 000 habitants, possède un paysage contrasté en matière de lecture publique. à côté d’équipements dynamiques, parfois récents comme à Louvroil ou totalement restructurés comme bientôt à Aulnoye-Aymeries, restent d’importants chantiers pour répondre aux besoins d’une population encore peu familière des pratiques culturelles. La future médiathèque de Jeumont marquera l’année 2010, en attendant la mise en œuvre d’un réseau qui simplifie et étoffe l’offre et les services rendus sur l’ensemble de la vallée. à l’occasion du Salon du livre de Paris (du 26 au 31 mars) nous avons interviewé Henri Dudzinski, directeur des éditions La Voix du Nord et président de l’Association des éditeurs du Nord et du Pas-de-Calais, maître d’œuvre d’un stand collectif au Salon du livre de Paris. Quelles sont les principales activités de l’association ? DR Nous participons à de nombreux salons du livre, les grands régionaux, Le Touquet, Loos ou Bondues, mais aussi Bruxelles pour la première fois en 2009, et Paris bien sûr puisque c’est pour participer à ce salon que l’association a été créée il y a neuf ans. C’est essentiellement à ce déplacement qu’est consacré notre budget (2). Cette année, il est prévu pour notre stand, que l’on a dimensionné en fonction du nombre des éditeurs présents, une visibilité aérienne. De plus, des rencontres seront organisées par les éditeurs sur le stand. Vous avez organisé en novembre 2009 une journée d’information en collaboration avec le CRLL Nord - Pasde-Calais. Quel en était l’objectif ? AIRVEY (éditions) Spécialités : Humour, Jeunesse, Littérature de langue française, Livres de poche, Pédagogie, Poésie, Policier, Espionnage, Psychologie, Régionalisme Hervé Mineur - Direction éditoriale [email protected] www.airvey-editions.com Diffusion : G - Dil Distribution : Comptoir du livre Année de création : 2005 ATRIA (éditions) Spécialités : Biographies, Romans, Science-fiction Laurence Crombêke - Directrice de collection [email protected] www.editionsatria.com Diffusion-Distribution : éditions Atria Année de création : 2005 CENTRE HISTORIQUE MINIER Spécialités : Architecture, Arts graphiques, Bande dessinée, Beaux-arts, Ethnologie, Histoire, Jeunesse, Mémoires, Photographie... Karine Sprimont - Directrice de la communication [email protected] www.chm-lewarde.com Diffusion : Centre Historique Minier Distribution : Centre Historique Minier, Ravet-Anceau, L’œil d’or Année de création : 1984 LA CONTRE ALLéE (éditions) Spécialités : Témoignages, Tribunes, Manifestes, Mots d’auteurs, Entretiens, écritures visuelles et sonores, Transmissions... Benoît Verhille [email protected] www.lacontreallee.com Diffusion : La Contre Allée et L&A Distribution : Calibre et L&A Année de création : 2008 DOUAYEUL (éditions du) Spécialités : Recueil, écrits courts Denise Jardy-Ledoux - Présidente [email protected] www.cenacle-douayeul.com Diffusion-Distribution : éditions du Douayeul Année de création : 1995 LES éCHOS DU PAS-DECALAIS Spécialité : Régionalisme Géraldine Falek - Directrice de la collection [email protected] [email protected] www.echo62.com Diffusion-Distribution : Les Echos du Pas-de-Calais Année de création : 1976 LA FONTAINE (Editions) Spécialité : Théâtre - pièces pour la jeunesse, pour les adultes et essais Janine Pillot Masingue - Directrice Nous avons travaillé sur la diffusion et la distribution, deux secteurs dans lesquels on n’est pas très bon. C’est un gros chantier qui s’ouvre pour nous car nous devons trouver un process commun; pourquoi pas en nous adossant à une structure existante. Les petits éditeurs, sur ce terrain de la diffusion et de la distribution, ne peuvent pas rester seuls. J’ai eu à cœur de faire de notre structure une petite association sérieuse, avec 100 % d’efficacité. Il s’agit, pour nous éditeurs, de mutualiser nos forces. Et n’oublions pas que chaque jour, un livre sort dans le Nord - Pas-de-Calais. propos recueillis par c.v. (1) On compte une soixantaine d’éditeurs en région, de taille et de production très diverses (BD, roman populaire, poésie ou régionalisme). 42 sont adhérents de l’Association des éditeurs. (2) 30 000 € du conseil général du Nord et 40 000 € de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), plus les adhésions des éditeurs. HENRY (éditions) Spécialités : Beaux livres, Cuisine, Documents, Témoignages, Jeunesse, Littérature de langue française, Nouvelles, Patrimoine, Peinture, Poésie, Policier... Jean Le Boël - Directeur de publication d’écrit(s) du Nord [email protected] www.editionshenry.com Diffusion : éditions Henry Distribution : Gescom Année de création : 2005 INVENIT Spécialités : Architecture, Arts (courants artistiques), Arts et spectacles, Beaux-arts, Beaux livres, Histoire, Livres d’artistes, Peinture, Poésie Dominique Tourte - Responsable [email protected] www.invenit.fr Diffusion et distribution : le Comptoir des indépendants Année de création : 2001 Spécialités : Architecture, Beaux livres, Marine, Navigation, Photographie, Régionalisme, Techniques et sciences, Tourisme, Urbanisme Eric Le Brun - Directeur Michèle Guinet - Commerciale [email protected] [email protected] www.lightmotiv.com Diffusion et distribution : L&A Année de création : 2005 PRESSES UNIVERSITAIRES DU SEPTENTRION Spécialités : Archéologie, Arts (courants artistiques), Critique littéraire, Documents, économie, Histoire, Littérature traduite d’une langue étrangère, Pédagogie, Philosophie Psychologie, Sciences politiques, Sciences sociales, Universitaires… Nicolas Delargillière - Directeur administratif, financier et commercial Isabelle Dauchy - Service communication presse [email protected] [email protected] www.septentrion.com Diffusion : AFPU Diffusion (pour la France) CDE/Gallimard Export (pour réseau export sauf Suisse et Canada) Distribution : DPLU (pour le Canada) Année de création : 1971 RAVET-ANCEAU Spécialités : Annuaires, Cartographie, Romans policiers, Régionalisme, Livres de cuisine, Guides pratiques Nathalie De Meulemeester Directrice Gilles Guillon - Responsable d’édition [email protected] [email protected] www.ravet-anceau.fr Diffusion : Ravet-Anceau Distribution : Calibre Année de création : 1853 DR LE RIFFLE (éditions du) Spécialités : Littérature de langue française, Poésie, Policier, Espionnage Richard Albisser - Directeur [email protected] www.leriffle.com Diffusion-Distribution : Le Riffle Année de création : 2005 LA VOIX DU NORD éditions Spécialités : Patrimoine, Beaux livres Henri Dudzinski - Directeur des Editions [email protected] www.lavoixdunord.fr Diffusion-Distribution : La Voix du Nord Année de création : 1944 Salon du livre 2010 : du 26 au 31 mars 2010 - Porte de Versailles / Pavillon 1 / www.salondulivreparis.com / dates et horaires d’ouverture : du vendredi 26 au mercredi 31 mars 2010 de 10h à 20h / nocturne le mardi 30 mars jusqu’à 22h. 18 Q Quels sont vos projets pour 2010 ? de publication [email protected] www.lafontaine-editions.com Année de création : 1988 LIGHT MOTIV à Feignies et Aulnoye-Aymeries les bibliothèques rallient ui sait qu’Aulnoye-Aymeries a connu il n’y a pas si longtemps un rayonnement presque international ? Ancien nœud ferroviaire qui reliait Lille et Paris avec une correspondance bruxelloise, la cité des cheminots avait aussi une bibliothèque qui faisait parler d’elle : modèle de modernité tant par ses choix architecturaux d’avant-garde que de lecture publique, elle était La bibliothèque de référence. Au-delà des évolutions et stagnations politiques et sociales d’un bassin qu’on décrit souvent comme « très éloigné de la culture », une immersion dans le quotidien de la directrice de médiathèque Françoise Hannappe nous prouve qu’à Aulnoye, c’est la petite histoire qui fait avancer la grande. départementale du Nord. » Dans le bâtiment rénové, les deux étages laisseront place à un rez-de-chaussée unique, avec des espaces décloisonnés : « Nous aurons un plateau commun, et les fonds adultes et enfants ne seront plus séparés comme précédemment. Nous bénéficierons également d’un auditorium de 70 places ainsi que d’un cyberespace avec une dizaine de postes » explique F. Hannappe. L’étape du déménagement a permis de se familiariser à un autre type de rangement et d’étiquetage des rayons, évitant également la stigmatisation du public en difficulté de lecture. « Nous en profitons aussi pour faire connaître nos ressources au public du centre ville, public que l’on touchait plus difficilement Place du 8 Mai. » Dans une ville longtemps scindée en deux cités : celle des cheminots et celle des ouvriers de Vallourec, la célébration de la St éloi prend des allures sacrées en ce premier décembre. Du côté de la médiathèque, Françoise Hannappe recevra le soir même une médaille pour ses 20 ans de bons et loyaux services en faveur de la lecture publique. Son premier poste, c’était en 89 à Hautmont, puis à Maubeuge à partir de 1992, avant de rejoindre Aulnoye en 2005 : « Et puis, je suis née ici, je connais bien le secteur c’est sûr ! » confie t-elle sur le parking des locaux temporaires de sa bibliothèque. Un maître mot : relier La directrice fait quant à elle honneur à sa réputation de personne ressource dans le domaine de la lecture publique sur le territoire : elle a créé il y a 13 ans une association, « Et nos Livres » ; un réseau de bibliothèques qui fonctionne surtout autour d’une animation commune : le rallye des bibliothèques. « Durant un dimanche, les gens sont invités à visiter les lieux de patrimoine : châteaux, bibliothèques... Nous organisons également un jeu autour du livre et de ces visites. Les résultats sont révélés le soir, juste avant un spectacle. » Avec le ralliement de Louvroil à l’action, « Comme un temple moderne où la foi des hommes c’est désormais une dizaine de dirait que les livres peuvent changer le monde. bibliothèques qui y participent chaque Vaste et noble projet (1). » année. Des réunions régulières ont En effet, depuis quelques mois, les 30 000 documents lieu pour organiser l’événement. Le imprimés et 17 000 CD ont déménagé dans le local réseau est aussi un moyen de se prêter du festival des Nuits Secrètes (2), en attendant que des expositions et des documents, le bâtiment de la Place du 8 mai soit rénové, comme pour des petites structures esseulées le quartier dans son ensemble avec son école et son avec peu de personnel. F. Hannappe centre social. Projet global de réaménagement urbain a également animé des émissions qui devrait se terminer fin 2010. Ce déménagement de radio consacrées aux livres sur fut l’occasion d’organiser des ateliers d’écriture avec Canal FM et radio Maubeuge. La l’écrivain J.F. Pocentek, pendant un an, sur le vécu bibliothèque, elle la déplace aussi hors des habitants du quartier. Le désherbage des fonds les murs : dans les écoles, dans les de la médiathèque fut conséquent : « (...) les trop centres pour jeunes, dans ses valises abîmés, les oubliés, ceux qui ont la gueule de coin, les « échantillons » de tout ce que l’on mal embouchés, les “on-se-demande-pourquoi-on-l’apeut trouver en bibliothèques, et qui acheté-celui-là” (...) cèdent leur place aux nouvelles voyagent beaucoup. gloires de l’heure et du moment (3). » Sur la question de l’évolution de la Si le public adepte du support CD se raréfie chez les fréquentation des bibliothèques, le adolescents, la sonothèque n’en reste pas moins le bilan fait figure de relief aux arêtes bijou de la médiathèque, avec à sa tête, un passionné Françoise Hannappe coupantes : si F. Hannappe déplore une organisateur de foires aux disques et de concerts. baisse de fréquentation chez les jeunes, Pas de sacrifice aux pin-ups de la pop, on ne nivelle pas pour qui trouvent d’autres sources de documentation, encore faut-il ne faire venir, même si tout est grand public : dans les rayons, les pas oublier que le nombre de bibliothèques s’est largement accru. perles du hard rock côtoient grands classiques et chansonniers. Et cet accroissement n’est pas allé de pair avec l’augmentation « Nous avons aussi la chance de bénéficier tous les six mois du nombre de personnel qualifié. « Ceci n’est pas propre aux d’un fonds tournant de livres, CD et DVD de la médiathèque bibliothèques », affirme F. Hannappe, « ce déficit se ressent aussi 19 ¶ un territoire à lire au niveau des communes, mais il y a une évolution. » La compétence indiscutable et sine qua non que réunit le personnel des bibliothèques, c’est la capacité à créer du lien social « C’est le seul lieu où c’est encore possible. Sur toute ma carrière, c’est cet aspect qui me semble le plus primordial. » à la lecture du manuscrit de J.F Pocentek, il ne fait aucun doute que la bibliothèque est un lieu où l’on existe, d’une façon ou d’une autre, comme habitants, plus que comme usagers ou personnels du lieu. F. Hannappe cite l’épisode éloquent, retranscrit dans le manuscrit, durant lequel 30 adolescents du quartier, furieux de s’être fait expulsés d’un grand magasin, entrent dans les locaux et « font tout voler [...] C’est comme une gifle, un affront, un rire mauvais [...] Et puis, il y a un moment où l’ardoise s’efface. C’est quand devant soi, de l’autre côté du comptoir, on voit arriver, toutes dents dehors et du tendre dans le regard, un de ces anciens chiants qui vient inscrire ses enfants. Finalement [...] si l’on fait ce métier et qu’on le fait ici après encore tant d’années, on comprend que c’est parce que ces petits chiants, on les a toujours aimés (4). » Feignies : une bibliothèque à compétences et équipements remarquables Si à Aulnoye, les membres du personnel sont agents du patrimoine mais ont tous obtenu un Deust métiers du livre, à Feignies, sur les huit titulaires, il y a un cadre A et deux cadres B, assistants du patrimoine. Côté équipements, la structure n’est pas en reste, explique Jocelyne Royer la directrice : 4 postes informatiques permettent de consulter le fonds, et 4 autres d’avoir accès à Internet. Des séances d’initiation à la navigation sur internet sont organisées régulièrement. Le fonds est à 60 % composé de livres pour adultes, on y trouve 10 000 références de disques et 700 de DVD et vidéos. Les animations sont aussi riches et nombreuses : une fois tous les 15 jours, la bibliothèque accueille des groupes d’handicapés, chaque été, un concours annuel autour d’un thème est organisé, en 2009, c’est la thématique « Romanciers du Nord » qui a fait plancher les usagers. Une fois par mois, un comité de lecteurs se retrouve pour discuter des lectures récentes. Expositions, conférences, accueil de classe, atelier contes, portage de livres à domicile et depuis peu un site internet réactualisé qui permet de consulter le catalogue de la médiathèque en ligne, viennent compléter les atouts de la médiathèque. l.e (1) .F Pocentek – Gens du Huit Mai (et d’autres quartiers du Monde) (2) Festival estival annuel de musique à Aulnoye-Aymeries (3) et (4) Ibid Bibliothèque Municipale 17, rue de Blaton 59750 Feignies Tél : 03 27 68 17 03 - Fax : 03 27 68 22 66 [email protected] www.mediatheque-feignies.fr Bibliothèque Municipale Rue Emile Zola prolongée 59620 Aulnoye-Aymeries 03.27.66.44.77 Contact : [email protected] Les librairies du territoire concentrées à Maubeuge Avec trois commerces au centre ville, Maubeuge est le pôle des librairies du territoire. Aux limites extérieures, deux librairies générales : la Fabrique à Rêves à Fourmies et la librairie Au Passe-Temps (1) d’Avesnes-sur-Helpe. Le Furet du Nord, la librairie Vauban et la librairie Par Mots et Merveilles ne sont éloignées que de quelques centaines de mètres dans le centre-ville de Maubeuge. Les relations sont assez cordiales, et pour cause, elles sont seules à subvenir aux besoins des 126 000 Sambriens et des 34 000 Maubeugeois. Ceci ne les empêche pas de redoubler d’efforts pour se faire connaître, et reconnaître comme acteurs culturels à part entière. Preuve en est : la librairie Vauban a été labellisée librairie indépendante de référence en 2009. Les communes quant à elles ne lancent pas d’appel d’offres, mais affirment répartir équitablement les commandes publiques de livres entre les trois librairies. conseillé de développer d’autres rayons à côté de la jeunesse par exemple. » Côté animations : l’étage de 160 m 2 permet d’organiser fréquemment des heures de contes et ateliers pour les enfants. 60 % de son chiffre d’affaires sont réalisés en commandes publiques ; la part est substantielle. Si Pascal Jacson ne pouvait encore prétendre au label LIR l’année dernière, la Chambre de commerce et d’industrie l’a labellisé « commerçant écolo » : papier recyclé, ampoule à économie d’énergie . Autant de préoccupations qui confèrent une plus value à un travail qualitatif de proximité. Par Mots et Merveilles : un libraire spécialisé jeunesse, écolo et féru de bande dessinée. « Sauf difficultés de maintien et de développement des activités, c’est ma fille qui reprendra les rênes de la librairie ». Madame Cagnon (ici à gauche), la gérante, sait de quoi elle parle : elle a ellemême pris la succession de sa mère à la tête de la librairie Vauban. « Elle a ouvert les lieux en 1965, à l’époque, les locaux ne faisaient même pas 40 m 2. » En 1972, elle fait ses premiers pas dans les rayons aux côtés de sa mère après le premier agrandissement du local. Aujourd’hui, la librairie a une surface totale de 250 m 2, 14 000 références, cinq salariés et un site internet depuis un an, grâce à l’aide du Centre national du livre. « Nous avons également créé notre salon du livre qui est devenu une quinzaine du livre jeunesse avec l’aide de la Ville. » Quinzaine qui devrait revoir le jour en 2011, à la maison folie de Maubeuge, en face de la librairie. Pascal Jacson (photo ci-dessous), ancien contractuel de la mairie de Maubeuge a élu domicile dans une ancienne pizzeria de la rue du 145e régiment d’infanterie. « Créer une librairie, ça me travaillait depuis très longtemps » confie ce collectionneur de bandes dessinées. « Pour les BD, c’était Bruxelles et pour la littérature enfantine, Lille ! » La spécialisation de la librairie était toute trouvée. Plus de 50 % des 4 000 références sont des titres jeunesse, le reste se répartit entre la BD adulte et le roman contemporain. Pour se reconvertir, Pascal Jacson a suivi la formation de l’INFL et garde un excellent souvenir des conseils prodigués à sa « promotion contestataire », comme l’a qualifiée le directeur, Jean-Marie Contamin. « Nos projets ont été recadrés : il m’a Par Mots et Merveilles 13 rue du 145e RI 59600 Maubeuge 03 27 60 41 03 [email protected] Le Furet du Nord 18, 20 rue Jean Mabuse 59600 Maubeuge tél : 03 27 64 61 10 - fax : 03 27 64 98 05 http://www.furet.com/ La librairie Vauban : une histoire matriarcale l.e Librairie Vauban 8, place Vauban / 59600 Maubeuge tél : 03 27 64 64 19 - fax : 03 27 64 56 41 [email protected] - http://www. librairievauban.com/ (1) Au Passe-Temps - 13 rue Victor Hugo 59440 Avesnes-sur-Helpe - 03 27 61 02 10 La Fabrique à Rêves - 7 rue Saint Louis- 59610 Fourmies - 03 27 65 35 97 La médiathèque départementale du Nord et l’Agglomération Maubeuge - Val de Sambre Sur les 22 communes qui constituent l’Agglomération Maubeuge - Val de Sambre, 17 offrent à leur population un service de bibliothèque. La médiathèque départementale du Nord a mis en place dès sa création en 1982 un dispositif d’aide et de soutien au fonctionnement des bibliothèques, en privilégiant dans un premier stade de son développement la question de la lutte contre l’exclusion culturelle dans les territoires ruraux. En vertu de cette orientation, ce furent d’abord les petites communes, géographiquement éloignées et fragiles en matière d’offre de service public, qui reçurent l’aide départementale. Aujourd’hui donc en 2010, la médiathèque départementale apporte une aide régulière et conséquente auprès de la totalité des bibliothèques – à l’exception de celle de la commune centre de Maubeuge – sous la forme traditionnelle de prêts et dons de collections documentaires, de prêts d’expositions, d’offres de formation, de participation à l’élaboration d’une politique documentaire commune. Sans compter l’accompagnement en ingénierie auprès de l’Agglomération dans sa volonté de développement et d’aménagement de son espace communautaire : maillage du territoire en équipements de proximité et mise en réseau de ces équipements regroupés en trois pôles géographiques constitués par les bassins de vie autour des communes de Jeumont, Maubeuge et Aulnoye-Aymeries. Enfin, la médiathèque départementale a engagé une réflexion avec les services de l’Agglomération, pour penser et construire la « bibliothèque de demain » conçue d’abord comme un outil du lien social, ces lieux en devenir proposant des activités tant sociales (crèche, halte-garderie, point de relais d’informations…) que culturelles (bibliothèque, espace numérique, animations…). Sources : mdn Bibliothèques et médiathèques partenaires de la Médiathèque départementale : Assevent – Aulnoye-Aymeries – Boussois – Colleret – Feignies – Ferrière-la-Grande – Ferrière-la-Petite Jeumont – Leval - Louvroil – Marpent – Montceau St Waast – Pont sur Sambre - Recquignies Rousies - Vieux-Mesnil Mots et Merveilles Pour conjuguer le verbe vivre Ne pas savoir lire, peiner à déchiffrer – la signalétique routière, les bornes de sécurité sociale, les fiches de paie, la déclaration de revenus, les panneaux d’affichage de gare, les livres d’histoires, son journal quotidien. C’est une véritable lutte contre l’exclusion sociale que mène l’association, logée dans une ancienne école maternelle d’Aulnoye-Aymeries chaleureusement repeinte. Rencontre avec Caroll Weidich, responsable de Mots et Merveilles. « Les locaux ont ouvert en janvier 2009, mais nous sommes vraiment opérationnels depuis le mois de septembre. » Nous, ce sont les trois salariées de l’association, qui coordonnent une équipe de 60 bénévoles formés ou en cours de formation. « Nous travaillons avec l’association lilloise Potentiels, qui forme nos bénévoles en huit jours à l’accompagnement des apprenants : où situer leurs leviers d’apprentissage, découvrir les essentiels de la pédagogie, savoir utiliser des outils andragogiques… » Autant de modules nécessaires pour parvenir à ce que les ateliers proposés répondent aux besoins des 60 personnes qui ont quitté la liste d’attente pour bénéficier de cet apprentissage sur mesure. L’association, soutenue par sa communauté d’agglomération, est un des acteurs du plan Lire, écrire, Agir, signé à Lille en juillet 2009. Ce dernier constate que 15,5 % de la population de la région souffre d’illettrisme, 49 % de ceux-ci ayant un emploi. Caroll Weidich est une enfant du pays, ancienne professeure de français habituée à travailler avec les élèves en difficulté scolaire, jusqu’à la prise de conscience de lourds obstacles à la lecture chez des élèves de BEP/CAP. « J’ai quitté l’éducation nationale pour intégrer un poste de coordinatrice du réseau de lutte contre l’illettrisme sur le territoire Sambre Avesnois mis en place par un organisme de formation. En faisant ce diagnostic du bassin, je me suis aperçue que le réseau laissait certaines zones sans soutien. D’où le projet associatif. » La structure est de plus en plus sollicitée, la SNCF vient de la retenir pour son appel d’offres « Prévenir pour grandir », elle reçoit également les élèves du Dispositif de réussite éducative (DRE), dont l’objectif ambitieux est de réconcilier les enfants en difficulté avec l’école : « Cela nous réjouit beaucoup. Personnellement, j’espère simplement que malgré tout ce travail administratif à fournir, je serais toujours en mesure de continuer un travail de terrain, c’est essentiel. » Par Mots et Merveilles propose divers ateliers : atelier de lecture, atelier d’écriture, atelier de calcul, travail de rédaction avec des écrivains, l’atelier pour enfants « Brico-Lire » du samedi matin et l’atelier « Mets et Merveilles ». Justement, une dizaine d’apprenants poussent la porte des locaux, de retour de ce dernier, en vantant tout sourire les mérites de la salade double choux ou du velouté de potiron et fruits de mer. « Cet atelier à vocation à redonner leur place aux sens, à l’équilibre alimentaire et aux repas à table, lieu de sociabilité par les mots. » Début 2010, les apprenants devraient bénéficier de 25 postes informatiques, équipés de logiciels d’initiation à la lecture, à l’écriture et au calcul. On s’aperçoit rapidement que c’est d’abord l’humanité des lieux qui concoure au succès des missions de l’association : Daniel, un apprenant, témoigne : « J’ai des soucis de lecture et d’écriture et je suis en recherche d’emploi. Je suis très volontaire et très heureux : maintenant, je peux lire La Sambre avec l’aide d’une des dames qui s’occupent de moi. Et puis ici, tout le monde est gentil, Caroll, Stéphanie et Audrey, elles ont toujours le sourire. » Grâce au travail de l’association et à sa volonté, Daniel reprend soin de lui, à tous points de vue. Il est en passe de retrouver du travail, gagne en autonomie et refait des projets « Après tout, tout peut arriver ! » Association Mots et Merveilles 31 bis rue de La Fontaine / 59620 Aulnoye-Aymeries / 03 27 63 77 28 / 06 83 15 65 18 [email protected] l.e 21 ¶patrimoine écrit ¶ lecture publique & patrimoine patrimoine écrit ¶ Acquisition, restauration Un FRrAB en région, c’est possible ! Synthèse de l’enquête du CRLL sur les politiques d’acquisition patrimoniale et de restauration des bibliothèques municipales du Nord - Pas-de-Calais 25 questionnaires ont été envoyés (6 aux bibliothèques municipales classées -BMC-, 19 aux bibliothèques municipales -BM-). 18 ont été renseignés (5 par les BMC et 13 par les BM), soit un taux de réponse de 72 % 1- Analyse de l’existant - 17 bibliothèques ont acquis à titre onéreux des documents patrimoniaux depuis 2003 (5 BMC et 12 BM). - 12 bibliothèques ont restauré des documents patrimoniaux depuis 2003 (4 BMC et 8 BM). À côté de leur mission de lecture publique, de nombreuses bibliothèques françaises assument une vocation patrimoniale. Issues des saisies révolutionnaires, des confiscations de 1905, d’achats ou de dons, leurs collections sont évaluées à une trentaine de millions de documents, soit presque l’équivalent de la Bibliothèque nationale de France. C ette part importante du patrimoine national écrit et graphique de notre pays comprend des documents de nature très diverse : manuscrits, imprimés de toute sorte, estampes, cartes géographiques, photographies, partitions musicales, monnaies… Il est capital que ce patrimoine devienne et demeu re u ne ressou rce v i va nte, accessible. Les bouleversements introduits par le développement des technologies de l’information renforcent considérablement les moyens pour le faire : catalogues en ligne, numérisation des documents apportent des solutions hier impensables. Mais il est un autre élément essentiel qui contribue à son dynamisme : son enrichissement. Or le contexte actuel marqué par la dispersion de nombreu x pat ri moi nes privés, la circulation de plus en plus libre des biens culturels, la forte expansion des ventes relatives au patrimoine écrit contemporain depuis les années 1960 et les menaces rapides de dispersion qu’elles font peser aujourd’hui amène à considérer cet enjeu comme une priorité. C’est dans ce cadre que le CRLL Nord – Pas-de-Calais a confié fin 2009 à MarieClaude Pasquet une enquête su r les politiques d’acquisitions patrimoniales des bibliothèques de la région. 18 bibliothèques ont répondu au questionnaire et l’on peut noter que toutes (sauf une pour des raisons budgétaires) ont réalisé des acquisitions depuis 2003. Ce sont le plus souvent les offres du marché qui déclenchent ces acquisitions, mais généralement dans le cadre d’un plan d’enrichissement défini au préalable. Le besoin de documents pour alimenter des projets d’animations ou de découvertes du patrimoine écrit est également évoqué. À l’unanimité, c’est le développement des fonds locaux ou régionaux qui apparaît 22 comme la raison fondamentale de ces acquisitions, mais la nécessité de compléter les collections existantes et celle de faire ent rer des documents patrimoniau x contemporains dans la bibliothèque sont également soulignées par la plupart des établissements. Quelques achats peuvent illustrer ces tendances : à Boulog ne, l ’acquisition en vente publique d ’un ensemble de docu ments concer na nt Valent i ne Hugo ; à L ille, l ’achat de photographies du XIXe et dernièrement d’un manuscrit médiéval, un Missel de St Pierre de Lille (35 000 euros) ; à Valenciennes, des ouvrages de bibliophilie contemporaine ainsi que de gravures ; à Calais des affiches de théâtre du XIXe siècle ; à Saint-Amand, des documents concernant la vie et l’œuvre d’Emile Verhaeren (25 000 euros)… De quels moyens disposent les bibliothèques pour procéder à ces acquisitions ? La moitié d’entre elles n’ont pas de ligne budgétaire spécifique et annuelle, mais la majorité peut escompter, en fonction des projets, des moyens supplémentaires de la collectivité dont elles dépendent. En moyenne annuelle, le budget consacré est inférieur à 10 0 0 0 eu r os , c i nq é t a bl i ssement s disposant de moyens supérieurs. Une moitié des bibliothèques a dû renoncer à des projets d’acquisition depuis 2003, tandis qu’un autre quart souligne que, compte tenu de l’absence de moyens et d’une réelle politique d’acquisition, elles ne peuvent imaginer une pratique régulière d’acquisition. Qu’en serait-il dans un contexte nouveau marqué par la mise en œuvre éventuelle d ’u n F R R A B, c’est-à- d i re u n Fonds régional de resturation et d’acquisition des bibliothèques, tel qu’il en existe déjà dans une quinzaine de régions françaises, alimenté paritairement par la Région et l’Etat, et qui, à l’instar des fonds régionaux d’acquisition des musées, vient en aide aux collectivités pour des projets d’acquisition ? Et comment imaginer la création d’un tel outil en Nord – Pas-de-Calais ? On peut penser, au vu des chiffres, que sa création ne supposerait pas la mise en œuvre de moyens substantiels ; quelques milliers d’euros suffiraient amplement pour répondre aux demandes courantes, sachant que les acquisitions importantes (dites d’intérêt national) peuvent être aidées par l’état directement. En revanche, l’existence d’un tel outil et le fait de disposer d’une instance où ces questions pourraient être débattues, où s’exercerait une véritable expertise technique, permettrait d’accompagner les efforts locaux, de les dynamiser et de les replacer dans un cadre régional. L’exemple du FR AM (Fonds régional d’acquisition des musées) est à cet égard éloquent. Les professionnels sont unanimes à considérer qu’un tel outil permettrait de mobiliser les crédits locaux et attendent par ailleurs d’un FRR A B un ensemble d’aides et de conseils techniques (montage de dossiers d’acquisition, de dossiers de restauration, carte régionale des acquisitions, base régionale des documents restaurés ou à restaurer, liste de restaurateurs et de leurs compétences). La poursuite du plan de formation engagé dans le cadre du Plan d’action pour le patrimoine écrit par MédiaLille est plébiscitée, ainsi que le rôle du FRR AB pour une valorisation régionale et nationale des acquisitions, notamment par la mise en œuvre d’expo sitions virtuelles ou de publications. Une constation enfin : de nombreux FRABs ont ajouté un R à leur arc. R pour restauration, car si celle-ci apparaît comme l’autre versant souvent indispensable d ’une politique patrimoniale, elle nécessite des moyens qui peuvent parfois faire reculer une collectivité locale. Financement des acquisitions patrimoniales Une ligne budgétaire Des moyens spécifiques éventuels Renoncement à des acquisitions pour des raisons budgétaires 9 (4 BMC et 5 BM) 15 (5 BMC et 10 BM) 6 (3 BMC et 3 BM) Entre 9 000 € et 25 000 € pour les BMC, entre 45 € et 12 000€ pour les BM Financement des restaurations Illustrations 1- Page de gauche : Lille, Section automobile du premier secteur – ca. 1920 – 227x174 mm Photographie issue des Albums B 13 Vues des dommages de guerre et des reconstructions. Albums conservés à la bibliothèque municipale de Lille, restaurés en 2008 par Annabelle Simon pour un coût de 4 138,16 ¤ 2- En haut à droite : Messe de Saint Grégoire Livre d’heures à l’usage d’Arras (Tournai 1470-1480) ms n 1969 Manuscrit du XVe siècle acquis par la médiathèque municipale d’Arras en 2009 3- Ci dessous : Premier projet pour Médieuses de Paul Eluard par Valentine Hugo. état : n°11/22 - 19,5x14,5 cm Dessin, acquis par la médiathèque de Boulogne-sur-Mer à la vente aux enchères Christie’s en 2005, pour la somme de 1 816,50 ¤ Une ligne budgétaire annuelle* Des moyens spécifiques éventuels 7 (3 BMC et 4 BM) 11 (3 BMC et 8 BM) * Entre 4 750 € et 20 000 € pourles BMC. Entre 500 € et 7 500 € pour les BM Prise en compte des trois axes de développement du FRRAB dans les acquisitions (par ordre de priorité) Développer les fonds locaux et régionaux Compléter les collections existantes Faire entrer des documents contemporains 18 (5 BMC et 13 BM) 13 (5 BMC et 8 BM) 13 (3 BMC et 10 BM) 2- Les attentes des bibliothèques par rapport au FRRAB Attentes Précisions Une aide financière Une aide technique Des outils d’aide au choix Des formations Une valorisation régionale et nationale des acquisitions et des restaurations Nb de bibliothèques 16 (5 BMC et 11 BM) Montage des dossiers de restauration 12 (3 BMC et 9 BM) Montage des dossiers d’acquisition 10 (1 (BMC et 9 BM) Mise en place d’une politique de restauration 9 (2 BMC et 7 BM) Choix des restaurateurs 8 (2 BMC et 6 BM) Carte régionale des acquisitions 14 (4 BMC et 10 BM) Liste des restaurateurs 9 (2 BMC et 7 BM) Base régionale des documents restaurés ou à restaurer 9 (3 BMC et 6 BM) - Montage des dossiers de restauration - Conservation : techniques de prévention, entretien, petites réparations - Restauration : quelle restauration pour quels documents - Reliure - Diagnostic sur les fonds : état physique, valeur financière - Numérisation des documents patrimoniaux - Catalogage, classement d’un fonds local - Documents graphiques, la photographie - Aspects juridiques : gestion des dons, droits de reproduction - Valorisation des collections patrimoniales et locales - Moyens d’acquisition des documents patrimoniaux 14 (3 BMC et 11 BM) Une exposition virtuelle sur le site Eulalie 13 (3 BMC et 10 BM) Une publication 12 (4BMC et 8 BM) 23 ¶ interprofession... Reportage interprofession... Reportage ¶ L’entreprise de Villeneuve-d’Ascq travaille avec les grands de l’édition Nord Compo L’autre géant du Nord « Composition Nord Compo Villeneuve-d’Ascq ». Ouvrez un livre – littéraire, scolaire, pratique, juridique, médical... –, regardez en dernière page : vous avez de bonnes chances de trouver cette mention. Avant l’impression, la composition est une phase essentielle de la fabrication d’un livre. L’entreprise villeneuvoise est un des leaders dans ce domaine. Q u’ont en commun Véronique Ovaldé, Max Gallo, Bernard Werber, Juliette Benzoni et JeanChristophe Grangé ? Leur dernier livre a été mis en pages à Villeneuved’Ascq. Ne pensez pas qu’un éditeur nordiste aurait réussi l’incroyable pari de voler à ses confrères parisiens des auteurs à succès. Le pari est pourtant du même ordre, quoique plus discret et tout ce qu’il y a de plus honnête. Les éditeurs sont bien complète de certains ouvrages. Ils trouvent, à une heure de Paris, Nord Compo, prêt à répondre à toutes leurs demandes. Des mutations technologiques régionaux et se compose de catalogues de vente par correspondance, pour Daxon par exemple, ou de vente en BtoB (pour Norauto, Kiloutou, Picwic...), de rapports d’activité, plaquettes, annuaires, revues municipales, institutionnelles et même indicateurs horaires de la SNCF ! L’activité numérique permet aussi à Nord Compo de diversifier son offre. Le Nordiste fournit par exemple systématiquement, à tous ses clients en littérature générale, la version électronique des fichiers réalisés en prépresse. Parce que le livre électronique est une valeur qui monte... Des ingénieurs en informatique maintiennent une veille technologique afin de suivre ces évolutions. Arnaud Bény, directeur général, précise : « Deux personnes de notre filiale Norsoft partagent leur temps à 50-50 entre production et recherchedéveloppement. » Il poursuit : « C’est l’organisation qui fait notre force. Nos clients, petits ou gros, bénéficient d’un suivi commercial et surtout technique. Ils ont chacun une équipe dédiée, avec un interlocuteur commercial et un interlocuteur technique, Au fil des évolutions qui ont révolutionné l’impression sur papier, Nord Compo est parvenu à s’imposer comme un acteur majeur du prépresse. Créée en 1972 à Wattignies par Robert de Meulemeester, encore aujourd’hui président actionnaire, l’entreprise compte alors Pour ce guide de la BD, l’auteur a placé au deux associés et deux salariés. La fil de son texte des balises sur les mots qu’il photocomposition fait ses débuts : à souhaitait retrouver dans l’index, et rédigé un la typographie au plomb succèdent libellé correspondant. Nous générons ensuite la saisie sur clavier, les bandes perforées et les bromures qu’on l’index grâce à l’extraction automatique. découpe au cutter et assemble sur des tables de montage avant de les parisiens (L’Olivier, Fayard, Albin Michel flasher sur papier sensible... Vers la fin ou Plon pour les auteurs cités), mais ils ont des années 1980, la PAO, ou publication confié la composition de ces ouvrages à une assistée par ordinateur, vient remplacer entreprise villeneuvoise, Nord Compo. Les cet arsenal en permettant d’intégrer plus grands groupes d’édition français texte et images grâce à un logiciel unique. (Editis, Hachette...) comptent parmi ses Cette technologie offre à Nord Compo, clients. Car il s’éloigne le temps où les qui s’est entre-temps installé dans la maisons d’édition grouillaient de tous ville nouvelle, un tremplin les métiers qui font le livre... Concentrés, pour une croissance continue. resserrés sur leurs fondamentaux, En 1993, deux événements Les livres en noir (romans ou essais) demandent nombre d’éditeurs externalisent des permettent à l’entreprise de aussi un talent de composition. Il faut se tâches qui vont de la seule mise en page faire un bond en avant : la mise préoccuper de la typographie, des marges, de à la réalisation graphique entière, quand en service du TGV Lille-Paris l’interlignage... pour une bonne lisibilité. Les ce n’est pas la sous-traitance éditoriale et le développement du web. formats poche ne sont pas une simple réduction du Les relations commerciales format initial, ou alors c’est illisible ! avec les éditeurs parisiens, installées dès les années 1980, toujours les mêmes sur la durée du s’en trouvent dynamisées. Nord Compo projet. » Et pour ses clients éditeurs, trois se lance parallèlement dans les services coursiers font chaque jour la navette pour liés à la numérisation pour accompagner livrer à Paris les jeux d’épreuves. les possibilités de diffusion qu’offre Autre atout : la formation continue des désormais Internet. salariés et l’évolution professionnelle, qui fait partie de la culture de l’entreprise. Les responsables d’équipe ou les cadres Des équipes dédiées ont ainsi évolué de poste en poste et L’entreprise fait aujourd’hui travailler connaissent les tâches qu’ils supervisent. 120 personnes. Le livre représente 70 % Arnaud Bény lui-même, entré il y a 22 ans à de l’activité print (impression papier), Nord Compo, est issu des arts graphiques. du livre dit « en noir » (texte seul) à la Il est passé par tous les postes techniques Ludovic Févin (debout), directeur artistique, quadrichromie (tout livre illustré). La et deux de ses graphistes, Mélanie, depuis dix ans chez et d’encadrement avant d’accéder à part restante concerne surtout des clients Nord Compo, et Nicolas, six ans et demi d’ancienneté. la direction générale. C’est aussi le cas de Ludovic Févin. Entré il y a 20 ans comme ouvrier en photocomposition, il est aujourd’hui directeur artistique. Son talent de dessinateur, révélé par hasard suite à la réalisation de quelques croquis pour un client qui lui en commande bientôt cent, a été reconnu et valorisé. Il dirige aujourd’hui l’une des deux équipes de créatifs, équipes qui réunissent chacune quatre graphistes. « Parmi les leaders » Quand on l’interroge sur ses concurrents, Arnaud Bény préfère parler de « confrères ». Concernant sa part de marché, il se contente de dire que Nord Compo est « parmi les leaders », mais précise : « Nous sommes peut-être quatre entreprises à nous partager le gros du marché, mais il existe beaucoup de PME de 10-15 salariés qui ont aussi leurs parts. » Reste qu’avec 16 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2008, l’entreprise est en progression constante depuis sa création. L’année 2009 marquera peutêtre le pas avec un nombre de publications stable depuis fin 2008 et le début de la » crise. Prudente, Nord Compo se cherche de nouveaux débouchés géographiques : la Belgique et d’autres régions françaises. Elle a pour cela lancé une campagne de recrutement de commerciaux en alternance. Parallèlement à leur formation commerciale, ils sont formés aux arts graphiques grâce à un partenariat avec Amigraf. Ayant acquis les fondamentaux du métier de Nord Compo, ils sont aptes à vendre son savoir-faire. Un investissement entamé il y a deux ans qui, selon Arnaud Bény, porte déjà ses fruits. sophie pecquet Nord Compo 7, rue de Fives B.P. 123 / 59653 Villeneuve d’Ascq Cedex Tél. 03 20 41 40 01 / [email protected] / www.nordcompo.fr Les chiffres clés - Créé en 1972 - Plus de 300 clients - Une des quatre filiales du groupe avec Ravet Anceau (édition de plans de ville, cartes géographiques et livres, notamment polars régionaux), Linéal (agence de communication) et Norsoft (ingénierie informatique) - 120 salariés - Chiffre d’affaires 2008 : 16 millions d’euros - Part du livre : 70 % Stéphane Descamps, responsable de production, et Ludovic Févin, directeur artistique, ont pioché pour Eulalie quelques exemples caractérisant l’activité de Nord Compo. DR DR « Prenons ce dictionnaire français-russe. La difficulté est de respecter les règles de coupure des mots dans les deux langues. Un dictionnaire de coupure est adapté à chaque langue. 24 25 interprofession... LETTRES D’AILLEURS ¶ ¶ interprofession... LANGUES RéGIONALES Portrait Bernard Baralle (1936-2007) Auteur picard du Douaisis T oute l’existence de Bernard Baralle s’est déroulée aux alentours de Lewarde, le village de son enfance. Issu d’un milieu minier, il a connu le parcours du boursier de la République et intégré l’école normale. Il en sort instituteur, y revient dix ans plus tard pour devenir PEGC (professeur d’enseignement général de collège) Lettres-Arts Plastiques. La pension prise, il continue ses nombreuses activités bénévoles. C’est qu’il a la foi du charbonnier laïque, la tripe associative, le goût et le souci des autres. Bernard Baralle trouvait par ailleurs le temps d’écrire et ses travaux étaient tout de proximité. Aussi son premier ouvrage est-il une monographie historique, Histoire d’un tiot villache Dichy, exécutée dans le cadre d’un Projet d’action éducative (PAE) de son collège. à l’occasion du bicentenaire de la Révolution et du millénaire de Dechy il entreprend un nouveau PAE, Histoire du citoyen Taffin, Républicain Dechynois, 1758-1813 qui aboutit à l’impression d’une plaquette. Surtout il finit par conclure l’histoire de Lewarde. L’entreprise exige une trentaine d’années de recherches, une centaine de kilos de papiers et d’archives. Au final, un beau volume illustré de 207 pages, qui sort en 1994 grâce à l’aide du conseil municipal et de diverses associations. L’Histoire y est traitée par petites touches, diffractée en une cinquantaine de rubriques. Cette série est complétée en 2003 par la publication aux Éditions Nord-Avril de Henri, mineur, dit « Caraco » / Écrits d’un mineur en pays minier d’après les carnets d’Henri Lengrand.… Henri Lengrand, originaire de Lewarde, travailla à la fosse Delloye, là où le Centre historique minier est installé. Il avait tenu en français un cahier de souvenirs confié à son ami Bernard qui le recomposa et en corrigea l’écriture. Bernard Baralle qui fut l’un des fondateurs de L’Académie des Tiots Pères de Douai nourrissait pour la langue et la littérature picardes une passion profonde et militante. Son premier recueil poétique, Contes del’ rue d’ech’ meulin, renvoie au cadre de son enfance et s’ouvre sur une ode locale Lwart, min villache. à côté de l’évocation du temps passé il traite de phénomènes plus actuels, propose des fables, des réflexions… La même variété de composition se retrouve dans Poésies, Nouvelles, Proverbes, Contes et Fables, œuvre sensiblement étoffée avec une cinquantaine de pièces. Ces deux publications furent réalisées dans des 26 conditions quasi artisanales, à compte d’auteur et sans intention lucrative. Il en alla enfin autrement pour les Proverbes et Expressions du Nord - Pas-de-Calais en Patois publiés aux éditions Nord-Avril en 2006. Ce travail, commencé avec son ami Roger Félix, fruit de quinze années de compilation, rassemble quelque 2 500 proverbes ou locutions traduits et explicités et constitue une somme parémiologique de première importance pour le picard. Le public s’est rué sur l’ouvrage, vendu actuellement à 12 000 exemplaires. Une suite est envisagée à partir des papiers mis en ordre par son petit-fils, Rémy Deplancke. C’est sous le titre doucement régressif et prémonitoire de Ch’ Dortoir que Bernard Baralle (1936-2007) a clos son œuvre publiée. Ce dortoir est celui de l’École normale de Douai qui l’a tant marqué. Après quelques pages d’un registre très Guerre des boutons, il nous narre par le menu son aventure scolaire, égrenant discipline après discipline les portraits de ses maîtres. Ce qui vibre à travers ces pages, c’est le goût d’apprendre, la gratitude envers l’institution. S’ensuit une quarantaine de textes en picard puisés en majorité à son premier recueil. La facture en est assez lâche, l’inspiration populaire, et les traits rabelaisiens abondent. Quelques négligences formelles n’empêchent pas les pièces de s’enchaîner aisément et l’ensemble de se lire avec plaisir. L’œuvre de Bernard Baralle est riche d’enseignements. Elle constitue même un cas d’école par son inspiration, sa simplicité de ton et d’allure, sa ferveur pédagogique mais elle illustre aussi, de façon plus originale, les difficultés de la montée vers la visibilité avec ses tâtonnements qui ont conduit de l’impression d’un PAE au succès d’édition. jacques landrecies Les éditions Quadrature au service de la Nouvelle Ch’est toudis l’pus laid baudet… Michel Meurdesoif Créées en 2005, les éditions Quadrature, dont le siège est à Louvain-la-Neuve, se sont faits un nom dans le domaine de la nouvelle. Trois ou quatre recueils paraissent chaque année, venus de Belgique et de France. Non, Meurdesoif n’est pas un pseudonyme mais bien le patronyme de l’auteur. Les amateurs se souviennent de l’heureuse surprise de son premier titre, L’minteux y est pas lon (2003). L’ouvrage était composé de courtes histoires domestiques ou bistrotières ayant pour héros un personnage semi-légendaire d’Aniche, commune dont Michel Meurdesoif est maire depuis longtemps. Page de droite : la prose picarde, d’une très grande qualité ; page de gauche : la traduction, avec un parti-pris de distanciation inattendu, le texte français, très ramassé, s’énonçant dans un registre de langue des plus soutenus, source d’une véritable jubilation linguistique. En passant aux éditions Engelaere l’auteur a maintenu cette formule pour notre plus grand plaisir. Ces histoires du quotidien populaire sont toujours menées de main de maître, avec des dialogues criants de naturel, un sens percutant de la réplique finale et notre rire est garanti. Ajoutons que la maquette a aussi été conservée : format à l’italienne, impression soignée, couverture originale et contribution d’un illustrateur reconnu (Mako). Voilà qui tranche sur l’ordinaire de la production patoisante. Nous en redemandons. j.l Michel Meurdesoif et Mako (illustrations) Ch’est toudis l’ pus laid baudet… engelaere éditions 128 pages - 12 € isbn : 9782917621035 / avril 2009 « Quadrature est une Asbl [association type loi 1901] fondée en février 2005 par un groupe d’amis s’intéressant à la littérature – et tous bénévoles, explique Patrick Dupuis, un professeur à la retraite de 58 ans et lui-même nouvelliste (1). D’emblée, nous nous sommes fixés une ligne éditoriale extrêmement claire : ne publier que de la nouvelle francophone, refuser le compte d’auteur et ne pas s’autopublier. » Pour démarrer, l’équipe a investi 2 000 euros et demandé un texte à une trentaine d’auteurs belges. Dix-huit ont répondu, dont Vincent Engel, Caroline Lamarche, Colette Nys-Mazure, Thierry Bellefroid, Geneviève Bergé et Jacques Mercier, et c’est ainsi qu’est né Cercles, tiré à 300 exemplaires. Après Race de salauds de Liliane Schraûwen et L’Enfer est à nous de Kenan Görgün (qui publie La Foire du Livre de Bruxelles Après avoir occupé quatre lieux bruxellois, la manifestation littéraire la plus importante en Belgique francophone s’est définitivement installée en 2005 sous l’imposante verrière autoportante de Tour & Taxi, le long du canal, où elle occupe les 15 000 m2 des anciens magasins de l’ancienne douane. Organisée début mars, elle fête cette année ses 40 ans. Soucieuse de faire écho aux enjeux auxquels est confronté le monde de l’édition, la Foire du Livre abordera un sujet d’actualité, le numérique, source de nouvelles pratiques, de nouveaux objets, de nouveaux usages. Et aussi de nouvelles craintes. Accepter le numérique revient-il à signer la mort du livre et de ses métiers, de la lecture et du plaisir qu’elle procure ? Le numérique marque-til le passage d’une ère de la réflexion et des passions à celle du tout virtuel et du tout automatique ? Ce sont ces questions que tenteront d’éclairer ces cinq jours à travers débats et tables rondes réunissant éditeurs, écrivains et autres représentants du monde littéraire. Un nouvel espace de rencontres, Le Labo, matérialisera tout ce qui se dématérialise dans l’édition. Comme chaque année, cet événement accueillera plusieurs centaines d’exposants, d’éditeurs et d’auteurs. Et de nombreuses rencontres autour des littératures adulte et jeunesse, de la bande dessinée et des sujets de sociétés se tiendront sur les différents espaces prévus à cet effet. Du 4 au 8 mars 2010 /de 10h à 22h (les jeudi et vendredi), 20h (samedi et dimanche) et 19h (lundi). www.foiredulivredebruxelles.be également chez Luce Wilquin et Fayard), une Française, Emmanuelle Urien, qui avait trouvé l’adresse sur Internet, a envoyé Toute humanité mise à part. « Nous ne savions comment réagir car nous ne pensions éditer que du belge et en Belgique, avoue Dupuis. Nous lui avons expliqué que nous étions une maison d’édition balbutiante et elle nous a fait confiance. Son livre a eu du succès et nous a fait connaître en France d’où nous est arrivée une multitude de manuscrits. » Depuis, cette auteure a signé deux autres livres chez Gallimard. Quadrature ne publie que trois recueils par an, deux en automne, un en hiver – et parfois un quatrième d’un genre différent au printemps. Pour qu’un manuscrit soit édité, il faut qu’il obtienne l’assentiment de cinq des sept membres qui composent le « comité de lecture ». L’un d’eux accompagne alors l’heureux élu jusqu’à la parution de l’ouvrage. Présents seulement dans une douzaine de librairies à Bruxelles et en Wallonie, les recueils peuvent être commandés via n’importe quelle librairie et par Internet, Quadrature prenant en charge les frais de port. La livraison est rapide car l’impression quadrinumérique à la demande autorise une rapide réimpression. Ce qui évite la question du stock et explique la modicité de la mise de départ qui, en six mois, a été remboursée. Les trois derniers recueils parus (tous signés par des femmes, une Belge et deux Françaises), reflètent l’exigence éditoriale posée en principe. Qu’elles racontent des moments charnières de l’existence dans le bien nommé Et je fais quoi, moi, maintenant ? de Jacqueline Daussain, qu’elles mettent en scène des éléments du quotidien dans Arts ménagers d’Isabelle Renaud ou qu’elles montrent des femmes sous leurs multiples facettes dans Haut les filles ! de Calouan, ces nouvelles traduisent toutes un certain mal-être dans notre monde actuel, une difficulté à s’accorder avec la société proposée. Et elles le font dans un style laissant toujours filtrer l’émotion. michel paquot Haut les filles Calouan isbn : 978-2-930538-07-5 15 euros 2009 Arts ménagers Isabelle Renaud isbn : 978-2-930538-06-8 15 euros novembre 2009 Et je fais quoi, moi, maintenant ? Jacqueline Daussain isbn : 978-2-930538-05-1 15 euros septembre 2009 Court, noir, sans sucre Emmanuelle Urien ISBN : 978-2-930538-08-2 15 euros Février 2010 éditions Quadrature TVA : BE 0869 699 426 /Rue des Annettes, 22 1348 Louvain-la-Neuve / Belgique tél : 00 32 (0) 472 20 61 99 / fax 00 32 (0) 10 45 44 14 [email protected] / [email protected] http://www.editionsquadrature.be/ (1) Il a publié l’an dernier un recueil de nouvelles chez Luce Wilquin, Nuageux à serein 27 Interprofession… à suivre ¶ ¶ interprofession… à SUIVRE Avalanche BD ! Les EAT (écrivains associés du théâtre) de retour à Massenet Il en naît régulièrement. Rien que de février à mai, le Nord - Pas-de-Calais ne compte pas moins de onze festivals de bande dessinée (1). Pourquoi ont-ils le vent en poupe ? Le phénomène suit l’engouement du public pour la bande dessinée et la diversité de la production. Qu’en pensent-ils ? Claudine Fruit, responsable depuis 7 ans du secteur BD à l’Odyssée, médiathèque de Lomme « Nous avons plus de 8 000 titres, dans le secteur jeunesse et le secteur adolescent et adulte. Tous les événements BD fonctionnent bien. En début d’année nous avons organisé un atelier pour enfants, avec Virginie Vidal et en octobre un festival BD dont le but était de faire connaître la BD régionale. Nous avons organisé des conférences, des rencontres avec des scénaristes et des illustrateurs, des dédicaces et diffusé un document, Largo, en lien avec l’association lommoise. Une case en plus. Côté enfants, quand un Titeuf sort, c’est l’afflux de demandes. Au secteur adulte, je constate une émergence de la BD indépendante et du roman graphique, de même que la BD policière type ésotérique. Je suis allée aux festivals de Roubaix et d’Haubourdin, je choisis en fonction des auteurs présents. De nos jours, les enseignants orientent plus les enfants vers la BD. Cela explique son développement et la multiplication des festivals. » René Pillot, auteur de théâtre et président de la filiale des EAT dans le Nord – Pas-de-Calais est un des acteurs de la naissance du collectif régional. Agathe Ramery, responsable du rayon BD au Bateau Livre à Lille « C’est un rayon qui est en pleine extension, plus en adulte qu’en jeunesse d’ailleurs. Plus de la production indépendante que des grosses séries. On a bien vendu, certes, le dernier Manu Larcenet, mais aussi La Genèse de Robert Krumb ou l’adaptation BD du bestseller d’Howard Zinn Une histoire populaire de l’empire américain. Il y a un vrai engouement pour la BD, qui s’est démocratisée, les éditeurs sont plus accessibles au grand public ; cela joue sans doute sur les festivals. » Patrick Delgrange, organisateur du salon Bulles en Nord de Lys-les-Lannoy « La 23e édition du salon aura lieu en novembre prochain et il est vrai qu’à sa création, en 1988, il n’y avait rien dans la région. On a fait des émules, c’est bien, mais il ne faudrait pas non plus fatiguer le public. Et puis, un festival, c’est autre chose que vendre des livres. Nous proposons des rencontres (50 auteurs de BD sont invités), des expositions, des forums… Nous sommes toujours à la recherche d’événements différents. Le public est là, plusieurs milliers de visiteurs à chaque édition. » Valéry Leprévost, libraire et fondateur de la librairie BD Fugue Café à Lille « La librairie existe depuis 2003. Nous observons une évolution du public vers les romans graphiques, ce qu’on appelle le “style indé”, pour indépendant, qui n’est pas classable dans les catégories habituelles. On remarque aussi le développement des comics américains, des blogs qui donnent lieu à des BD ou des BD autobiographiques ; c’est un beau genre, le dessin donne de l’intensité à la vie qui est racontée. Le profil des lecteurs change, il croît aussi. Je fais peu de festivals, c’est vrai qu’il y en a de plus en plus, mais c’est souvent une affaire d’habitués, de chercheurs de dédicaces ; on constate une certaine professionnalisation du festival. » propos recueillis par c.v. (1) pour en trouver la liste, se reporter au calendrier 2010 des fêtes et salons du livre (encarté dans ce numéro) L’Âme des Mots L’Âme des Mots [email protected]/ 03 27 60 29 57 / 06 85 05 15 64 28 DR Michèle Flamme est une enracinée. Originaire de la région, elle y est naturellement revenue après un passage à Paris et une formation au métier de l’animation. En 2000, elle crée l’association l’Âme des Mots, basée à Fourmies, dont la finalité est de promouvoir et de diffuser la langue française à l’aide d’outils pédagogiques. En partenariat avec les institutions (SPIP, DRAC…) elle organise des ateliers d’écriture dans diverses structures, de l’école à la prison. Au centre de détention de Maubeuge, douze détenus prennent la plume chaque vendredi depuis 2005. Le dispositif « Voix prêtées » permet que soient incarnés ces « mots du dedans » par des voix de l’extérieur, quatre fois par an, dont une à l’intérieur même de la prison. Quatre ans après, Michèle Flamme disposait d’une réserve significative de textes et dessins, qu’elle a rassemblés en un livre en octobre 2009 : Carnet d’Escale, co-édité avec l’association de développement culturel Hors-Cadre. Les 80 exemplaires ayant pu être imprimés se sont révélés insuffisants pour répondre à la demande. Malgré les lourdeurs impliquées par le dispositif pénitentiaire, Michèle Flamme souhaite réitérer l’action et lui offrir plus d’envergure pour 2010. Les EAT, association nationale, fêtent leurs dix ans cette année. La filière régionale a, quant à elle, été créée en 2004 : « Ces associations sont nées dans le but de faire valoir l’importance de l’écrivain de théâtre dans la création d’une œuvre à une époque où la figure du metteur en scène était hégémonique. » explique René Pillot. Il siégeait à la commission des experts de la DRAC quand Emmanuelle Marie, membre des EAT nationaux lui a fait part de son souhait de voir se créer un collectif en région Nord - Pas-de-Calais, à l’instar des EAT Méditerranée et Atlantiques. Prudence est mère de toutes les vertus ; René Pillot a d’abord souhaité s’assurer d’un soutien pérenne de la part des partenaires potentiels et travailler en amont à l’édification du collectif. C’est le conseil général du Nord qui a manifesté un fort intérêt pour cette création, « les choses sont dès lors allées très vite. » Les auteurs sont d’abord montés dans le car des éditeurs de la région se rendant au salon du livre de Paris pour leur lire extraits d’œuvres et textes inédits. Puis, ils ont participé à la Villa Marguerite Yourcenar à trois éditions de Lire en Fête : des lectures-spectacles qui ont à chaque fois fait salle comble. Les EAT ont également créé l’événement « Primeurs d’auteurs » : à la médiathèque l’Odyssée de Lomme, également à Calais et dans d’autres bibliothèques. La lecture de textes inédits et/ou créés pour l’occasion permet, entre autres, de mettre en valeur le fonds théâtre des structures et la vitalité de la création. L’association, qui a désormais son siège à la librairie Dialogues Théâtre de Lille, réitère en mars 2010 son passage au théâtre Massenet : cinq soirs, dix auteurs, des lectures de leurs pièces par eux-mêmes ou des comédiens, des esquisses de mises en scènes... René Pillot espère le même succès que l’année dernière. C’est un certain rapport avec l’auditoire que défendent les EAT : « C’est une rencontre avec l’écriture, la parole, le langage, autant d’éléments que nous avons à cœur de partager avec le plus grand nombre et en particulier avec ceux qui ont le moins. » écrivains Associés du Théâtre Nord - Pas-de-Calais / 34 rue de la Clef / 59000 Lille /René Pillot (Président) / 03 20 93 45 08 Passions d’avril 2010 en librairies ? Pas cette année ! Le festival annuel des libraires indépendants de l’association Libr’Aire change de forme : trois jours, hors les murs des librairies, sur la thématique du voyage. Rencontre avec Christophe Coquelet, le président de l’association. En quoi consistera le festival 2010 ? Il aura lieu le vendredi 23 avril au soir, et les samedi 24 et dimanche 25 en journée à la Péniche du Pianiste, sur le Champ de Mars. Ces trois jours sont conçus comme un salon du livre, festif le vendredi, composés de rencontres avec les auteurs et de textes déclamés par des comédiens tout le week-end. Quelle est la finalité du festival ? Un temps fort, pendant lequel les professionnels du livre se retrouvent pour rencontrer le public. Un moment privilégié et convivial, pour faire découvrir les ressources méconnues de chaque enseigne, leur passion et leur goût pour le livre et la lecture. Enfin, tenter d’apporter, comme lors de chaque édition, une dynamique culturelle en associant différents partenaires (groupes musicaux, comédiens, illustrateur...). Quels sont les activités de l’association Libr’Aire ? En premier lieu permettre aux libraires d’échanger sur leur pratique et leur métier. Qu’ils puissent s’organiser collectivement tout en conservant leur personnalité. Outre les Passions d’Avril, l’association organise des journées de formation professionnelle deux fois par an. Elle a, cette année, entamé un partenariat avec l’éducation nationale et développé celui avec la DRAC pour l’action « Jeunes en Librairies » ; à destination des collégiens, lycéens et apprentis qui multiplient les rencontres avec leurs libraires de proximité. Nous adhérons également à la fédération Libraires en régions, qui regroupe aujourd’hui cinq associations régionales. Nous apportons notre contribution à une réflexion nationale sur le devenir de notre métier (numérique, diffusion, distribution...). Dans ce cadre, nous travaillons en partenariat avec le Syndicat de la librairie française. à moyen terme, nous avons le projet de faire de Passions d’avril un événement de grande ampleur, à la mesure de la Capitale européenne de la culture. Association Libr’Aire / 36 rue de la Clef / 59000 Lille / 06 23 53 48 16 / [email protected] Le Prix des Découvreurs Dans le cadre de la 12e édition du Printemps des poètes, du 8 au 21 mars 2010, des lycéens remettront le prix de 1 500 euros à l’auteur d’un recueil de poésie qu’ils auront choisi parmi les huit en lice. L’objectif du printemps des poètes est « de favoriser l’ouverture du regard sur la poésie et d’encourager la lecture de poèmes comme pratique culturelle. » dixit Jean-Pierre Siméon, le directeur artistique de la manifestation. C’est le même objectif que poursuit le Prix des découvreurs, créé en 1997 à Boulogne-sur-Mer sur l’initiative du poète Georges Guillain. « L’action en direction du milieu scolaire est naturelle et primordiale. » Qui sera donc l’heureux poète au printemps… Un des nordistes ; Julien Delmaire, avec AD(EN) (L’Agitée), Dominique Quélen, avec Comme Quoi (La Rivière Echappée) ou Jean-Pierre Chevais avec Précis d’indécision ( Atelier La Feugraie) ? Ou encore Jacques Rebotier avec Description de l’omme (Verticales), James Sacré ou Etienne Faure ? Chaque classe doit avoir communiqué ses décisions avant le 10 janvier 2010. Selon les possibilités et les envies des professeurs encadrant l’opération, des rencontres avec les poètes sont possibles, ou toute autre animation connexe autour de textes poétiques : arbre à poèmes, atelier de diction, boîte à poèmes, correspondance avec un poète… Le succès de l’opération est une preuve que « Non, la poésie n’est pas un genre littéraire, un objet pour analystes savants, une matière à examen […] Elle est la chance d’une expérience radicale. » (J.P Siméon) Chance que les jeunes apprennent à saisir. http://www.ville-boulogne-sur-mer.fr [email protected] 29 ¶ interprofession… actualités professionnelles interprofession… Mouvements ¶ Fiche juridique a) Le signalement préalable Il faut préciser que la loi « Informatique et Libertés » impose que le signalement du fichier soit fait préalablement à sa mise en place (L. 6 janv. 1978, mod. L. 6 août 2004, art. 16, al. 1er). Si votre base de données à caractère personnel est en place depuis longtemps et n’a pas fait l’objet d’une déclaration ou autorisation préalable, il ne faut, bien entendu, pas continuer dans cette voie, et procéder au signalement le plus rapidement possible. Soucieuse d’accélérer les procédures de déclaration, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a mis en place un certain nombre de déclarations simplifiées pour les traitements des données les plus banales. Chaque norme simplifiée fixe les données à caractère personnel dont le traitement est autorisé, le mode et la durée de conservation, et la finalité du traitement. Si le traitement que vous envisagez ne correspond pas, en tous points, à celui fixé dans une norme simplifiée, c’est qu’il relève d’une autre norme simplifiée, ou qu’il n’existe pas de norme simplifiée pour ce traitement. Il faut alors recourir au droit commun de la protection des données à caractère personnel, et étudier, concrètement, si le traitement envisagé relève d’un des six autres régimes de signalement. b) La sécurisation des données Le responsable du traitement doit tout mettre en œuvre pour préserver la sécurité des données utilisées, c’est-àdire qu’elles ne soient ni modifiées, ni altérées, ni copiées, ni supprimées, ni communiquées à des tiers. L’absence de sécurisation spécifique des données soumises aux obligations de la loi « Informatique et Libertés » est un délit. Chaque norme simplifiée, et dans tous les autres cas le responsable du traitement lui-même, fixe la durée de conservation des données. La sécurisation des données doit être assurée pendant toute la durée de conservation, et les données doivent être définitivement détruites au terme fixé. c) L’information des usagers ou clients Les données à caractère personnel sont souvent collectées au premier contact, commercial ou non, avec l’usager ou le client. C’est à ce moment qu’il convient d’informer la personne physique, pour la première fois, que les données qu’elle communique sont destinées à être collectées, traitées et conservées. Il faut alors que le responsable du traitement informe la personne de façon complète, et surtout que le formulaire de collecte recueille le consentement de la personne. jean-frédéric carter avocat au barreau de lille Retrouvez l’intégralité de la fiche juridique « Les obligations Informatique et Libertés » ainsi que les liens vers les sites utiles sur le site eulalie.fr à l’adresse : http://eulalie.fr/spip.php?article3128 Rendez-vous professionnels Dans le cadre des « Mercredis art et culture du CRDP » (Centre régional de documentation pédagogique), la délégation académique arts et culture du rectorat de Lille initie un cycle de réflexion à destination de tous les professionnels du livre en région intitulé « La lecture : pratiques et représentations ». Mercredi 5 mai 2010 de 14 h à 17 h : Repenser nos pratiques de lecture avec Michèle Petit Michèle Petit, anthropologue au CNRS, mène des recherches sur la lecture, notamment dans les milieux éloignés de la culture écrite. Elle est l’auteure de Eloge de la lecture et de l’Art de lire, édités chez Belin. Elle reviendra sur le rôle des livres – tous les livres – et de la lecture, qui constitue, en particulier pour les jeunes les plus en difficulté, un apport vital capable de les aider à se construire et à résister à l’adversité. Elle rendra compte des différentes pratiques des médiateurs. 30 Mercredi 12 mai 2010 de 14 h à 17 h : Comprendre les évolutions des politiques de lecture avec Max Butlen Max Butlen, adjoint au directeur de l’Institut national de recherche pédagogique, mène des recherches sur les politiques de lecture. Il est notamment l’auteur de Les politiques de lecture et leurs acteurs : 19802000, édité par l’INRP. Il évoquera les grandes caractéristiques des politiques de la lecture à la fin du XXe siècle en replaçant les uns par rapport aux autres les professionnels du livre et de la lecture (auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires), les « théoriciens de l’offre » (sociologues et chercheurs en pédagogie), les représentants de l’offre ministérielle, du ministère de la Culture et de l’Éducation nationale et en analysant les différences de conception de la lecture et leurs influences réciproques. La participation à ces manifestations est gratuite pour les professionnels du livre de la région Nord - Pas-de-Calais. Réservation indispensable auprès de Jérémie Beccaert, chargé de mission Arts et culture au SCÉRÉN/CRDP Nord – Pas-deCalais par courriel : [email protected] ou de Sandrine Bétrancourt, coordinatrice DAAC – Rectorat de Lille par courriel : [email protected] Les rencontres auront lieu au CRDP de Lille, 31, rue Pierre Legrand, Métro Fives. Journée d’information : Les aides du Centre national du livre (CNL) aux acquisitions thématiques en bibliothèque La médiathèque départementale du Pasde-Calais et la Direction régionale des affaires culturelles organisent le lundi 15 février 2010 de 14 h à 17 h une réunion d’information ouverte à toutes les bibliothèques publiques de la région Nord - Pas-de-Calais. François Rouyer Gayette, chef de bureau de la diffusion du livre et Hélène Roguet, chargée plus particulièrement de suivre les dossiers de la région seront présents pour exposer la politique du CNL en ce domaine, répondre aux questions que peuvent se poser les professionnels depuis les modifications établies en 2009 et les accompagner dans l’élaboration de leur projet. Cette réunion se déroulera au conseil général du Pas-de-Calais, hôtel du Département, rue Ferdinand Buisson à Arras, salle La Lys.Présence à confirmer par mel auprès de Philippe Gauchet ([email protected]) le 31 janvier la bibliothèque municipale de Lille qu’il dirigeait depuis 2003. Il rejoint le service de l’inspection générale des bibliothèques au sein de la Direction du livre et de la lecture (ministère de la Culture). Cette nomination coïncide avec la fin de son mandat à la présidence de l’ABF (Association des bibliothécaires de France). Depuis son arrivée à la direction de l’établissement en 2003, Dominique Arot a mené plusieurs chantiers et accompagné un certain nombre d’avancées en faveur de la lecture publique à Lille : la gratuité intégrale du prêt pour les Lillois, la réinformatisation de la bibliothèque avec la création du site web et de la bibliothèque numérique, la modernisation des bâtiments du réseau (Jean Lévy et les quartiers), les créations de nouveaux équipements (médiathèque de l’Hôpital Huriez, médiathèque du Faubourg de Béthune), le lancement de l’idée d’une grande médiathèque métropolitaine, le partenariat avec le réseau des libraires indépendants, la mise en place d’une politique documentaire du réseau avec un service de navettes quotidiennes entre les différentes médiathèques, le Plan-lecture avec les bibliothèques scolaires, le développement des partenariats culturels et associatifs. Isabelle Duquenne, conservateur d’état et jusque là responsable du fonds photographique et de la bibliothèque numérique, a pris sa succession à la tête de l’établissement et d’une équipe de 130 agents. dr Gaëlle Thomas est depuis août 2009 chef de projets et d’animations culturelles médiathèque en construction de la ville de Courchelettes (59). Elle était chargée de développement culturel à Onnaing (59). Houria Amini a été recrutée Ludovic Bayart animateur territorial, ancien directeur de la bibliothèque de Sequedin (59), gère depuis le 1er novembre 2009, le service jeunesse de la médiathèque Jean Lévy de Lille. Il succède à François Boulard, dr le 1er novembre 2009 à la médiathèque municipale de Tourcoing. Elle est chargée de la gestion des commandes et du circuit des documents, de leur entrée à leur mise en circulation pour le réseau des médiathèques. Elle était auparavant responsable d’une bibliothèque du réseau de l’agglomération de CergyPontoise (95). dr désormais responsable de la médiathèque de Lille – Sud. Depuis novembre 2009, Céline Lazzaroni, bibliothécaire, remplace Emilie Fréger au Centre régional de formation aux carrières des bibliothèques, du livre et de la documentation, Médialille. Vincent Caron est le nouveau responsable de l’action culturelle et de la communication de la médiathèque de Calais. La bibliothèque vient également de recruter Françoise Ducroquet à la direction du service de traitement du document et de la politique documentaire. Elle était directrice de la médiathèque d’Arques. Après un master 2 en médiation culturelle à la Sorbonne nouvelle, un stage chez Dargaud et un premier poste chez Kana édition aux relations presse, Marie Fabbri arrive dans la région. Elle est attachée de presse chez Ankama éditions depuis le 1er décembre 2009. ©jonathan garnier Les outils informatiques ont permis le développement massif des bases de données, qui n’ont pas échappé à l’emprise législative. Le législateur s’est plus particulièrement intéressé aux bases de données à caractère personnel, car l’utilisation de ces données était susceptible de porter gravement atteinte aux libertés fondamentales (droit au respect de la vie privée, mais aussi liberté d’expression, d’opinion, entre autres). Mais que recouvrent exactement les termes « données à caractère personnel » ? La loi les définit comme « toute information relative à une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres » (noms, prénoms, adresses postales, numéros de téléphone, de télécopie, adresses e-mail, numéro de carte bancaire, numéro de carte nationale d’identité, numéro de compte bancaire, voix, empreintes, adresse IP, etc.). Que vous soyez une société commerciale, un entrepreneur individuel, une collectivité locale, un établissement public, ou un simple particulier, vous devez respecter les règles imposées par le législateur en matière de données à caractère personnel. En voici les grandes lignes. Dominique Arot a quitté ©marc helleboid Les obligations « Informatique et Libertés » Elle prend le relais d ’Alix Lépinay. dr Gérard Tissier, employé à la librairie Tirloy de Lille pendant quatre ans, a rejoint en décembre dernier l’équipe de Libfly, le site communautaire de la société Archimed. Ingénieur développement et commercial, il travaille sur les fonctionnalités du site et sa dimension spécifiquement littéraire, et participe à la prospection et aux relations clientèles. Nouvelle composition du Conseil d’administration de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) Nord – Pas-de-Calais, en date du 17 décembre 2009 Anne Verneuil, médiathèque d’Anzin, Présidente Corinne Leblond, service commun de la documentation, Arras, Vice-présidente Christel Duchemann, médiathèque de Méricourt, Vice-présidente Laurence Goullieux, bibliothèque de Liévin, Trésorière Mathilde Buisine, médiathèque de Tourcoing, Trésorière adjointe Valérie Barbage, médiathèque de Saint-Amandles-Eaux, Secrétaire David Declercq, bibliothèque de Wattrelos, Secrétaire adjoint Nathalie Bailly, médiathèque de Lomme Annabelle Billot, bibliothèque universitaire Vauban, Lille Anik Delafraye, médiathèque de Courrières Fanny Lemaire, bibliothèque de Berck-sur-Mer Laurent Lemaitre, médiathèque départementale du Nord, Hazebrouck Marie-Claire Vandevelde, médiathèque départementale du Nord, Hazebrouck 31 ¶ IMAGE(S) Jean-Jacques Tachdjian L’antypographe contemporien L a formidable histoire de ce farouche indépendant a commencé une nuit d’orage 1957, à Lille - Moulins, dans le confort sommaire d’anciennes écuries. Jean-Jacques Tachdjian semble être né sous les auspices d’une fée peu commune : punk, très autodidacte, surtout libre et créative. C’est le frottement au réel qui a forgé l’artiste : « à 17 ans, je suis parti du foyer dans lequel j’étais et j’ai mené une vie de jeune branleur, j’ai pas mal bougé en France et je dessinais déjà beaucoup. » De retour à Lille, il rejoint une petite équipe qui souhaite créer un journal gratuit pour étudiants : parmi eux, Benoît Delépine. Puis pendant deux ans, il s’essaie à l’apprentissage du métier de graphiste dans des maisons plus professionnelles, avant de monter sa propre entreprise comme travailleur indépendant. « Finalement j’ai trouvé un seul vrai client et c’était le plus chiant : moi-même ! ». En 1986, la Chienne est née d’une volonté de mettre en avant des auteurs BD à la personnalité graphique affirmée que les temps méprisaient au profit « de jolies histoires pour tout le monde ». Cinq numéros d’un graphzine, cinq albums et un CD-rom (Les chiots de la Chienne) ont vu le jour pour prouver « qu’on peut toujours faire des choses sans beaucoup d’argent si on sait se relever les manches avec des types de talent ». 30 ans de graphisme, c’est autant de créations offertes à La Chienne : Jean-Jacques a créé 80 typographies (de la « Susucre », la police de la Chienne, à la « Vulture », pour les Vautours de la culture), détourné des centaines de logos de grandes marques, créé « albums, guides, CD audios, poèmes, albums à colorier, comix, cartes postales, calligraphies, site internet », imaginé « les couvertures de tous les livres que j’écrirai un jour », exposé aux côtés de Robert Williams et Jonathan Rosen en Californie… La Condition publique de Roubaix a souhaité mettre en valeur pendant deux mois l’univers de l’artiste lors de l’exposition « Nographie » à l’automne 2009, il a également présenté une installation au rez-de-chaussée de l’exposition de Peter Klasen au Tri Postal à Lille. Désormais, La Chienne compte trois membres et une machine offset de 2,5 tonnes hébergée par la Maison folie de Wazemmes. à 52 ans, Jean-Jacques nourrit le projet de devenir salarié de l’association, pour se consacrer à plein temps au développement de ses activités. « Nous avons déjà l’opportunité de faire tourner l’exposition de Roubaix. Nous souhaiterions aussi pouvoir mettre en valeur le travail de graphistes incontournables et très méconnus : Edward Fella, le plus grand, Touis, Craig Yoe, Marc Bell, Serge Clerc, Rocco, Jeff Bonivert… lors d’expositions mensuelles. Reste à trouver l’endroit qui voudrait les accueillir. » La Chienne, généreuse, n’a pas fini de faire des petits, un brin hirsutes, un rien agaçants, un tantinet provocateurs. Souhaitons-leur les moyens d’un franc épanouissement et rassurons-nous : La Chienne ne vendra pas son âme pour un os. Sainte Apophénie victime de l’amour Les très riches et très divertissantes heures de Saint Apophénie dité par la Condition publique et La Chienne Isbn : 978-2-9535052-2-1 - 2009. lucie eple CATARADIA Version 4.1 catalogue non exhaustif des radiateur-fontes de JJ Tachdjian la chienne edite HALF THE SKY Texte et photos de Laura Mate la chienne édite ©Jean-Pierre duplan janvier 2010 - isbn 978-2-9535052-4 Les nouvelles légendes improbables de Roubaix abondamment illustrées Jean-Pierre Duplan, Jean-François Delquignies, Jean-Jacques Tachdjian édition les trois jean janvier 2010 - isbn: 978-2-9532683-1-7