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Cosmo [†] Orbüs Worldwide Production proudly presents En partenariat mondial avec Rongeuse de Livres, Blog à Part : troisième époque & Traqueur Stellaire CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE C ORPUS DE TEXTES INTEGRAL I. CONSIGNES AUX PARTICIPANTS Ecrivez la suite de L'instant d'après. Votre texte devra être d'une longueur comparable à la nouvelle initiale, entre 1000 et 1500 mots. Pour être valable, votre texte devra être envoyé à l'adresse [email protected]. au plus tard le 15 mars 2012. Les fautes d'orthographe et de français ne seront pas corrigées, et pourraient donc influencer le jury dans son jugement. ;) Les manuscrits que nous recevrons seront lus et soumis au vote de notre jury d'experts, afin de choisir un vainqueur. Ce dernier aura donc l'insigne honneur d'être publié en grandes pompes sur Cosmo. Un lien de téléchargement permettra toutefois d'accéder à l'ensemble des textes. Notre jury sera composé de plusieurs confrères de la blogosphère proche, qui ont amicalement accepté de participer : Marmotte de Rongeuse de Livres, Guillaume44 de Traqueur Stellaire, Alias de Blog à part : troisième époque, l'Apôtre Nicaise et Saint Epondyle de Cosmo Orbüs. Liste des participants : - Groucho - Jil - Dluminus - Cogbiche - Invictus - Goldorak porté disparu - Yzehef défection honteuse - Utopia porté disparu II. CONSIGNES AU JURY Chers jurés, voici le corpus des textes écrits par les participants au premier concours d’écriture de Cosmo Orbüs. Je vous invite à les lire avec attention, si possible au moins deux fois chacun, puis à leur attribuer une note sur 20 ainsi qu’une courte appréciation d’une ou deux phrases qui sera retransmise sur le blog et aux auteurs. Les critères de notation sont à votre discrétion. Pour information je n’ai pas encore lus les textes ci-après et les découvrirai donc en même temps que vous. Pour rendre notre verdict, nous avons jusqu’au 1 avril 2012 à minuit. Les résultats seront publiés sur le site le lendemain, avec bien sûr l’annonce du vainqueur. J’attendrai votre retour sur le mail [email protected]. Encore merci d’avoir accepté de jouer le jeu. :) Saint Epondyle CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE L’INSTANT D’APRES TEXTE ORIGINAL Jamais jusqu’alors il ne s’était senti aussi mal. Engourdi comme le lendemain d’un passage à tabac un soir de cuite, Wladek Kazhinski venait de passer quarante-deux jours en sommeil artificiel. Tout en ouvrant gauchement le couvercle de son cercueil de plastique jaune, il tentait de rassembler ses pensées. On appelait ces quelques minutes « l’instant d’après ». Le moment du réveil, lors duquel on avait l’impression d’être à peine tombé dans le sommeil depuis quelques secondes, tout en ressentant physiquement les désagréments de plus d’un mois de totale inertie. Impossible de s’habituer à cette sensation de fatigue extrême. Titubant sur quelques mètres dans la cabine, Wladek commençait à se souvenir : Néo London, le voyage, l’équipage limité. Puis l’hibernation. On ne rêve pas en sommeil artificiel. Déjà, la sonnerie stridente du téléphone par satellite se fit entendre ; avec la même violence pour Wladek qu’une balle de fusil tirée au contact de son oreille. « - Oui ? demanda-t-il faiblement dans son microoreillette tout en se laissant tomber dans le vieux fauteuil de pilote ; éventré. - Kazhinski ? demanda une voix grésillante. - Oui Monsieur, je me réveille… à l’instant. - Bon, Libovski n’a pas été capable de vous amener là où vous deviez arriver initialement. Vous devez rejoindre 102.12.8 par vos propres moyens. - Ah, Wladek se remettait difficilement, les yeux toujours mi-clos, oui Monsieur, il a toujours eu du mal avec les coordonnées de pilotage… - On s’en fout Kazhinski, la mission est maintenant de votre ressort, vous avez toutes les informations dont vous aviez besoin. A vous de jouer. Sans laisser le temps à son interlocuteur d’assimiler tous ce qu’il venait de lui dire, Monsieur mit fin à la conversation. Wladek s’était habitué au ton arbitraire de Monsieur, il ne s’en formalisait plus. Laissant HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET CORPUS INTEGRAL tomber mollement l’oreillette sur le sol, l’officier ouvrit enfin les yeux sur ce qui l’entourait. Comme lorsqu’il l’avait quitté, plusieurs semaines auparavant sur la plateforme orbitale de Neo London, la cabine de pilotage était un vaste et sombre espace métallique, qu’éclairaient de leurs lueurs blafardes les écrans des ordinateurs hors d’âge. Au fond de la pièce se trouvaient les trois sarcophages jaunes vif destinés à accueillir l’équipage lors des phases de sommeil forcé. Le premier sarcophage était occupé par Stanislas Libovski, son copilote ; le second était le sien ; et le dernier, destiné au troisième membre d’équipage réglementaire, était vide. Sur un vieux rafiot de onze mille tonnes comme l’Arkhangelsk, on en était plus à une infraction au règlement près, même si elle concernait un tiers de l’équipage. L’inconvénient de cette organisation à deux équipiers, la sécurité mise à part, était le manque de contact humain. Pendant les huit mois de mission, les deux hommes alternaient les phases d’éveil et de sommeil forcé ; seul dans une mégalopole en ruine à bord d’un rafiot vieux comme le monde, sans jamais voir son équipier. Il y avait de quoi devenir cinglé. Dans un coin aussi perdu que Paris, il était inutile d’essayer de capter Internet. D’autant plus que le navire n’était pas équipé des derniers systèmes de réception à onde ultra longues. Il y avait l’électricité et c’était déjà pas mal. Heureusement, la vodka ne manquait pas. Cette ville avait tout d’une cité fantôme. Quittée en masse par ses habitants après les événements du 24 décembre 2057. Une veille de Noël. Le « drame de Paris », comme on l’avait appelé dans les années qui suivirent, avait marqué la fin de la civilisation dans cette partie de la Terre. On ne comptait plus qu’un petit millier de villes habitées sur la planète, en Asie du sud-est pour la plupart. Les immenses métropoles d’Antan, New York, Paris, Londres, Moscou, avaient perdu toute leur population. Elles étaient maintenant semblables à d’immenses cimetières de fer et de béton. Pas de zombi, de robot ou d’androïde ; seulement une absence de vie totale, sur une zone allant de l’Ecosse à l’Angola. Les seuls navires qui s’y aventuraient étaient les quelques désosseurs venus récupérer les matériaux qui pouvaient l’être, et les patrouilles gouvernementales qui assuraient le bon déroulement du pillage. PAGE ~ 2 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CORPUS INTEGRAL Paris n’était composée que d’immenses structures en métal et en béton noirâtre. L’endroit ne ressemblait plus à une ville, mais à un enchevêtrement de pylônes, de cubes, de pyramides, de cylindres métalliques et crasseux. Entre les tours suintait une brume persistante de pollution qui obstruait le ciel gris. Telles étaient les ruines d’une humanité décadente et révolue. Alors que l’Arkhangelsk slalomait prudemment dans le brouillard, Wladek n’aurait pas pu deviner l’heure qu’il était ni à quelle altitude il se trouvait par rapport au sol. Malgré cet aveuglement, il pouvait se diriger avec une certaine assurance, en jugeant à l’œil de la direction. Se renversant entièrement dans son fauteuil de pilote grinçant, il prit une grande rasade de vodka. Après plusieurs années de navigation, il avait appris à supporter cette boisson synthétique en cubes lyophilisés. Le breuvage avait un arrière-goût de céleri, ou peutêtre de fenouil. Ca n’était pas bon, mais ça décrassait. Wladek savait que d’ici quelques heures il arriverait sur les lieux de sa mission. Là, il aurait deux jours pour mener à bien un travail bien différent d’un simple désossage. Passé le délai des 48 heures, chaque minute ferait croître le danger. Plutôt que de se perdre en conjectures, il valait mieux mettre un peu de musique et attendre de voir. Même si la musique « subversive » avait été interdite depuis longtemps, la cabine du navire était pleine de vieux disques de Pink Floyd, Queen et Led Zeppelin. C’était interdit, mais si une patrouille décidait de fouiller le vaisseau, la musique serait vraiment le dernier de ses soucis. - St Epondyle - 2010 HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET PAGE ~ 3 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CONTRIBUTION DE GROUCHO L’instant d’encore après Wladek fit pivoter le manche à balai sur la droite. Dans un bruit de métal torturé, l’Akhangelsk obliqua difficilement de 30° dans la même direction. Il fallait de bons réflexes pour naviguer sur ce terrain, pas étonnant que Stanislas n’ait pas réussi à faire plus de chemin. Perdus dans cette atmosphère étouffante, les restes de bâtiments prenaient des airs fantomatiques et n’étaient visibles qu’à la dernière seconde. Wladek regarda autour de lui. Il ne ressentait rien. Il savait pourtant qu’il avait vécu ici dans son enfance. Il n’arrivait pas à imaginer ce à quoi avait pu ressembler ces rues désertiques. Il était trop jeune pour se souvenir, donc trop âgé pour s’en préoccuper. Ses plus lointains souvenirs dataient des évènements. Malgré tout ce qui avait été dit, il n’avait pas l’impression que cela avait été aussi terrible. Il se rappelait de la douceur des bras de sa mère qui l’agrippait, de la chaleur de son corps contre lui et de ses larmes qui lui tombaient sur le visage. C’était sans doute le passage de sa vie qui avait ressemblé le plus à une enfance. Quelque chose attira son attention. Il arrêta l’engin dans un bruit infernal et tourna la tête vers une rue transversale. En contrebas, dans le lointain embrumé, il lui semblait voir des silhouettes. Il plissa les yeux pour mieux discerner ce qui ressemblait à un groupe d’hommes qui s’éparpillait en courant. Sous ses cornées sèches et douloureuses, les formes prenaient des allures de filaments colorés. Le temps de quelques battements de cils et il ne vit plus rien. “Bordel de merde ! murmura-t-il pour lui-même.” Ce n’aurait pas été la première fois qu’un pilote eût été victime d’hallucination après son réveil, mais c’était la première fois pour Wladek. Il secoua la tête et repris une gorgée d’alcool pour se ressaisir. Il touchait au but, il ne devait pas se laisser distraire par un tour de son esprit. Si Monsieur venait à apprendre cette défaillance, ils seraient rappelés sans préavis. Sans attendre, il remit les moteurs en marche et recalcula rapidement sa trajectoire. C’était inutile de s’attarder. Il poussa la vitesse à 25 noeuds. Ce qui lui laisserait le temps de réagir si un obstacle venait à se mettre dans le chemin du vaisseau, tout HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET CORPUS INTEGRAL en lui donnant tout le loisir de scruter les alentours et constater qu’il n’y avait pas âme qui vive. Evidemment en passant à une vitesse supérieure à la réglementation dans une zone instable, il s’exposait au risque d’être repéré par les senseurs d’une patrouille, mais il avait bien étudié les plans de la cité. Il pouvait anticiper à peu près n’importe quel danger. Du moins, à l’échelle locale. L’endroit était un véritable labyrinthe. Si l’éducation de Wladek ne lui permettait pas de savoir exactement pourquoi des humains avaient dessinés une ville aussi verticale, il en connaissait parfaitement chaque recoin. C’était un homme de terrain, pas un historien. L’expérience lui avait appris à retenir rapidement les endroits stratégiques pour naviguer, et surtout pour se dissimuler efficacement en cas de besoin. Il appuya sur la touche de navigation. Sur l’écran verdissant posé à côté de son fauteuil apparu une carte de la région. Un point rouge vacillant indiquait leur positionnement, à quelques degrés près. Wladek se maudit une fois de plus d’avoir oublié son antique carte en papier. Il avait tendance à se méfier de ses indicateurs depuis quelques erreurs aux conséquences plus ou moins dramatiques. Selon si on aimait ou non les membres de son équipage. La mission était délicate, il ne voulait rien laisser au hasard. Il craignait de subir le même sort que d’autres “volontaires”. Il ne se rappelait que trop bien cette équipe de démantèlement, envoyée en grandes pompes pour entraver la dégénérescence des centrales Alpha 42 et 43. On avait salué leur départ pour cette région Ouest de l’Europe, anciennement appelé « Normandie », et la foule attendait toujours d’assister à son retour triomphant. Cela faisait cinq ans maintenant. Wladek poussa un soupir. Ce n’était pas comme si on lui avait donné le choix. Il eût le temps de profiter pleinement de ses morceaux favoris avant d’apercevoir la base. C’était un immense bâtiment, encore intact. D’après ses estimations, ils devaient être à une centaine de kilomètres de Paris. L’appareil vibra intensément tandis que le pilote cherchait un emplacement dégagé. A contrecoeur, il déclencha la procédure d’atterrissage et se leva de son poste. Il remarqua que les vibrations avait fait sauter son disque. « The show must go on » bouclait sur un couplet. « Whatever happens, I’ll leave it all to chance 1 ». Wladek serra les dents en coupant le son. 1 « Quoiqu’il arrive, je laisserai tout au hasard. » PAGE ~ 4 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE Il enregistra un message à l’intention de Libovski. C’était la procédure de sécurité en cas de sortie. Un capteur relevait ses signes vitaux et s’il devait lui arriver quelque chose, son copilote serait automatiquement sorti de son sommeil artificiel. Grâce au message, il aurait toutes les informations nécessaires pour agir. « Bon, fît Wladek dans le magnétophone, nous sommes bien arrivés. Je sors. Si cette satanée machine te réveille, n’oublie pas de me faire un appel radio avant de mettre les voiles. Je t’en voudrais si tu me laissais sur le terrain à cause d’un problème technique. » Il enfila sa combinaison, en veillant à ne pas laisser le moindre interstice entre les couches de son vêtement qui aurait pu laisser l’air s’infiltrer. On pouvait reprocher beaucoup de choses à l’Akhangelsk, mais il était encore étanche et c’était l’essentiel. Qui pouvait savoir quels poisons contenaient ce brouillard. Le pilote entra dans le sas. D’un coup ferme de la main, il pressa sur le bouton d’ouverture qui poussait sur la tôle grise comme un champignon rouge lumineux. La sonnerie caractéristique annonça l’ouverture de la porte. Comme à chaque fois, Wladek anticipait les bruits à venir : le chuintement des joints, le cliquetis indiquant le déploiement de l’escalier, puis le sifflement du vent dans ses écouteurs. Le passage dégagé, il s’aventura à l’extérieur. Il ne prêtait plus attention au manque de visibilité, ce qui le gênait le plus était la lourdeur de sa tenue. Ses membres étaient encore sous le choc de sa longue inactivité et les cinquante kilos de la combinaison rendaient chaque pas difficile. Il se dirigea vers la porte principale qu’il distinguait à quelques mètres sur sa gauche. Le bâtiment ne semblait pas avoir de fenêtres, ni aucun système de sécurité. Les édifices officiels arboraient généralement une rangée ou deux de barbelés réglementaires derrière leurs hauts grillages électrifiés. Pas celui-ci. CORPUS INTEGRAL Wladek ne partageait décidément pas le sens de l’humour de ses employeurs. Des jets de gaz blancs furent propulsés quand les battants s’ouvrirent. A en juger par le calfeutrage de fortune, c’était une bâtisse ancienne qui avait été aménagée bien après le drame. Heureusement le sas semblait bien isolé. Lorsque la porte se referma et que les bruits de ventilations cessèrent, Wladek consulta le cadran de son compteur. Tout était normal. Non sans efforts, il retira son casque. La sueur coulait à grosses gouttes sur son front et sur son crâne rasé. Bien qu’essoufflé, il défit sa combinaison avec précaution et se faufila dans le passage qui menait à l’intérieur. Un long couloir s’étendait dans la pénombre. Les néons s’allumaient en crépitant sur son passage, baignant peu à peu l’endroit d’une lumière blanche et froide. Première salle à droite, sas du fond et seconde galerie au bout du corridor. Wladek se remémorait les indications en avançant. Il s’arrêta devant l’immense bloc métallique qui fermait le chemin. La peinture écaillée ne permettait plus de distinguer le grand cercle rouge et les sigles qui avaient été apposés dessus. Il fit coulisser le loquet qui permettait d’accéder au hangar, saisit la poignée et fit rouler le mécanisme d’ouverture. Le vaisseau apparut comme un énorme insecte devant lui. Monstre d’acier et de fer, il trônait au milieu des outils laissés à l’abandon et des machines complexes en partie désossées. Il avait été prévenu de ce qu’il avait à faire, pas de l’ampleur de la tâche. Qu’importait les consignes de sécurité, il allait devoir réveiller Libovski. - Groucho - 2012 Au-dessus de la porte en métal, une simple caméra de surveillance l’accueillit avec toute la chaleur dont pouvait faire preuve son clignotement irrégulier. Plus il approchait du but, plus Wladek avait l’impression d’être coincé dans un bocal. Il s’astreignait à oublier la sensation désagréable du tissu collé par la sueur à sa peau et à ne pas tenir compte de ce mauvais pressentiment qui le gagnait. De ses doigts rendus épais par les gants, il composa le code que lui avait donné Monsieur. 241257. HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET PAGE ~ 5 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CONTRIBUTION DE JIL Le monde avait radicalement changé depuis le drame de Paris de décembre 2057. Des villes autrefois connu pour l’accroissement de leur population n’existaient plus aujourd’hui. Des pays comme rayés de la carte et des peuples divers décimés de part et d’autre de la planète. Cette Terre peuplé de plus de 70 milliards de personnes était devenu un univers hostile et apocalyptique pour tout être humain survivant. Wladek était un Homme parmi les derniers qu’ils restaient dans notre monde, Libovski et Monsieur aussi d’ailleurs, mais Monsieur était un cas à part. Aujourd’hui pour survivre, Wladek n’avait plus que la mission. Quelques fois, il se demandait si c’était bien la peine de se battre dans un monde où plus de 95% de la population terrestre avait disparu sans laisser de traces. Dans les moments de solitude extrême, Wladek pensait à des tas de trucs de sa vie d’avant même s’il savait que les souvenirs étaient plus que douloureux ou se soulait à la vodka sans raison valable. Il se sentait mieux saoul, la plupart du temps, quand c’était son tour de piloter l’Arkhangelsk. D’une certaine façon, ça l’aidait à tenir, enfin c’est lui qui le pensait. Il se demandait souvent ce que Libovski pensait quand il devait piloter le vaisseau pendant sa période de sommeil artificiel. Si celui-ci tenait mieux le coup d’être enfermer depuis plusieurs années dans cette situation. Wladek jeta un regard sur le sarcophage jaune de son copilote. Il s’était réveillé après le début du sommeil artificiel de Libovski. Il regrettait de ne pas parler à l’homme qui l’accompagnait en quelque sorte depuis le début au moins une fois, ou même de le voir. Mais soit disant, depuis 2057 et selon Monsieur, on avait plus besoin d’être deux pour piloter un vaisseau. L’Arkhangelsk était un ancien vaisseau métallique qui tenait bon malgré ses quarante ans. Personne ne pouvait imaginer les trésors de technologies de l’ancien temps qui restaient encore de cette période lointaine, celle de la vie. Wladek était le pilote de ce vaisseau depuis longtemps, aussi longtemps qu’il avait fait la connaissance de Monsieur. Libovski avait rejoint la mission peu de temps après. Wladek ne savait pas grand-chose de son copilote, mais d’après les informations que lui avait fourni Monsieur à propos de lui, il semblait être un type fiable. HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET CORPUS INTEGRAL Le vaisseau avançait dans un brouillard de poussière et de fumée grise dont l’atmosphère ne c’était pas débarrassé depuis le drame. Plus de ciel bleu ni de soleil le jour, ni d’étoiles le soir, cela n’existaient plus désormais. Un monde qui tournait au ralentit. Le seul moyen pour Wladek de distingué le jour et la nuit était une vieille montre accrochée à son poignet en permanence. Depuis longtemps, il ne regrettait plus le passé. Le secteur 102.12.8 était un coin reculé de l’ancienne Pologne désertée à plus de cent kilomètres de la capitale en ruines. Aujourd’hui, les anciens pays du monde étaient découpés en différentes zones ou territoires explorables ou non appelés secteur suivit d’une combinaison de numéro. Un système mit en place par Monsieur. Il n’y avait plus de carte du monde. Le monde du passé était un souvenir lointain. Wladek descendit du vaisseau vêtu d’une combinaison d’un blanc délavé. L’atmosphère terrestre était devenue à peine respirable à tout être humain. La destruction de la Terre avait rendu l’air toxique et mortel si on ne se protégeait pas au bout de plusieurs minutes. Le paysage apocalyptique ne rendait pas insensible Wladek. Il n’y avait plus de couleurs, juste un pays plongé dans la brume, dévasté, dont les poussières volcaniques étaient devenues permanente. Le secteur 102.10.8 était un paysage en ruines. Comme à chaque nouvelle mission que lui confiait Monsieur, il inspecta les lieux. Il devait vérifier si le secteur était déjà occuper par une patrouille, par d’autres désosseurs ou par de personnes quelconques. Il fallait toujours se méfier du silence. C’est ce que lui avait appris le métier de désosseur. La méfiance. Mais surtout, de ne faire confiance à aucune personne louche qui viendrait à croiser son chemin, surtout si elle est seule, à errer dans les environs. Le brouillard peut toujours camoufler quelqu’un d’autre. Wladek observa le paysage autour de lui avec attention. Lentement, il détailla du regard chaque recoin possible pouvant dissimuler quelqu’un. On n’est à l’abri nulle part ailleurs. Wladek le sait plus que quiconque. L’Arkhangelsk lui-même n’était pas un lieu sûr. S’il existait ne serait-ce qu’un lieu sûr, il aurait dit la plate-forme orbitale de Néo London. Mais aujourd’hui, il n’en serait plus aussi certain. Wladek passa le secteur au peigne fin. Avec un ancien détecteur de mouvement, il arpenta la zone de long en large, voulant confirmer sa solitude. Il PAGE ~ 6 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE lâcha bien vite le vieil appareil et se reporta alors sur les carcasses de bateaux rejetés par la mer et les épaves d’antiques voitures déjà présentes. Il avait besoin de récupérer les matériaux encore utiles pour la construction de nouveaux vaisseaux. L’Arkhangelsk ne tiendrait pas éternellement sur les flots brunâtres et cendres. A force d’incessantes attaques, durent l’ancien temps, le vaisseau avait subi de lourds dégâts. Même sa coque métallique retaper ne semblait plus si solide. Le pilote savait qu’il ne pourra pas jouer les trompes la mort pour toujours. Wladek s’attela à la tâche. Le pilote s’approcha des cadavres rouillés à cause du temps et il débuta ce pourquoi il était là. Il désossa la carcasse métallique, jetant les morceaux inutilisables. Il détestait faire cette partie du boulot. D’habitude, c’était à Libovski de se charger de ça. Sa part du travail à lui, c’était de faire revenir le vaisseau à la base orbitale de Néo London en vie. Un retour périlleux à chaque fois que l’on pouvait qualifier d’odyssée. Il avait besoin d’action, d’adrénaline. C’était le seul truc qui lui permettait d’être heureux et cet abruti de Libovski, avec son sens de l’orientation aussi développé qu’un pigeon voyageur aveugle prit dans une tempête, lui avait enlevé cette part d’aventure dont il avait tant besoin. D’une certaine manière, cela l’empêchait de devenir fou. Un bruit interrompit la pensée de Wladek. A quelques mètres derrière lui, le vieux détecteur de mouvements faisait comme des petits « bip ». Wladek abandonna son boulot et reporta son attention sur le petit appareil laissé dans l’herbe poussiéreuse. Le pilote se saisit de l’appareil. Il n’avait entendu ce bruit qu’une ou deux fois. Cela signifiait qu’il n’était pas seul dans cette zone. En tout cas, depuis quelques instants, il ne l’était plus. CORPUS INTEGRAL petites boucles brunes lui tombèrent sur les épaules et un sourire se dessina sur son visage. Wladek était resté scotché à la tâche sang qui maculait la combinaison avant de s’attarder longuement sur le visage de l’enfant. Etrange. Elle respirait un air contaminé depuis environ dix ans sans tousser ni suffoquer. Elle n’avait pas parlé mais semblait inspirer confiance à Wladek. Elle tendit la main pour inciter l’homme à la suivre. Wladek saisit sa main et se laissa entrainer sans ranger son arme. Lilka. C’était le prénom de la fillette. Alors qu’ils traversaient la brume, Lilka avait retiré le casque de Wladek. Celui-ci se cru soudainement étouffé mais quelques secondes plus tard, il sentit l’oxygène emplir ses poumons. Derrière la brume, l’air ne semblait plus contaminé. Si Lilka n’était pas morte intoxiquée comme les autres humains d’Europe, c’est que dans ce coin reculé de Pologne, le rideau de brume c’était arrêté. La fillette n’était pas la seule à avoir survécu. En se réveillant, elle c’était retrouvée dans le dernier endroit vivant de toute l’Europe. Les combinaisons blanches avec une empreinte rouge permettaient de se reconnaitre entre eux. Wladek ne se rendait pas compte sur quoi il était tombé. Il ne savait pas si Monsieur avait su ce qu’il trouverait dans cette zone. Etait-ce ça sa mission ? Il ne savait pas mais en tout cas, il venait de découvrir la dernière forme de vie en Europe. Et après la destruction de la terre, si la vie existait toujours sur le continent, il était prêt à tout pour la protéger. Et dans ce monde apocalyptique qu’était devenue la planète, la vie était obligée de recommencer et les humains devaient à tout prix reprendre leur droit sur l’humanité après le drame de Paris. - Jil - 2012 Wladek resta alors parfaitement immobile auprès du détecteur de mouvement. Il bougea lentement la tête de droite à gauche, cherchant dans la brume une trace humaine. Il n’entendait rien. Pas un bruit. Pas un son. Pourtant, il remarqua dans le brouillard un léger mouvement, puis une tâche de couleur. Rouge apparemment. Wladek se saisit alors de son arme, accrochée à sa ceinture. Il attendit. La tâche de couleur grossit alors étrangement. Puis, se fut des yeux puis un visage apparut, sortant de la brume. Vu la taille de cette personne sortit de nulle part, ce ne pouvait être qu’un enfant. En l’occurrence, une fillette. Wladek ne put s’en rendre compte que lorsque celle-ci retira son casque. De HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET PAGE ~ 7 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CONTRIBUTION DE DLUMINUS […] C’était à croire que, tout ce qui pouvait mal tourné avait mal tourné. D’abord cette patrouille qu’il avait semée de justesse, et maintenant cette tuile qui lui tombait dessus. Avec un convecteur dans cet état il pouvait dire adieu à ce vieux coucou. Fin de service…et merci du voyage. Son coéquipier, lui, était parti dans son sommeil, figé à jamais dans son cercueil jaune. Pour le lieutenant Kazhinski, la fin serait moins simple. Le litre de vodka qu’il s’était envoyé après ne changeait rien à sa situation. Il était coincé à Paris, naufragé dans un enfer de brumes et de radiations. Wladek évoluait laborieusement parmi les décombres. Il s’évitait de penser que comme l’Arkhangelsk, il pourrait bien lui aussi ne jamais rentrer au port. Il serait porté disparu, un nom de plus sur la liste de ceux parti pour la cause. La cause, il lui avait déjà presque tout donné, et vu l’état déplorable de son équipement, dans 15 heures tout au plus elle lui prendrait le reste. Son seul espoir résidait dans l’idée de trouver entre temps un objet rare, un qui lui vaudrait d’être lui aussi récupéré. Plus qu’improbable. Tant bien même, serait-il encore solvable ? Avec une exposition aussi prolongé aux radiations, il était bon pour passer sa vie en zone D. Et même s’il avait les moyens de se payer un traitement de fond, un de ceux qui ne vous laissent qu’à un tiers humain, il savait pertinemment qu’il ne mettrait plus jamais les pieds sur une station. A chaque minute qui s’écoulait, il appartenait un peu plus à ce monde froid et impalpable. La brume était opaque, Kazhinski n’y voyait pas à deux mètres. Seule l’utilisation abusive du radar de son scaphandre et son détecteur de métaux lui permettait de ne pas tourner en rond ou de s’effondrer à chaque pas. Cela faisait plusieurs heures maintenant qu’il déambulait dans son costume rouillé. En dépit de la chaleur dans laquelle il était enferré, il sentait son corps parcouru par des frissons glacés. Devant lui s’étendait un mur blanc sans fin, un univers de néant et d’oubli. Kazhinski savait que rien n’avait survécu ni ne survivrait aux radiations. Pas la moindre bactérie, même un demi-siècle plus tard. HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET CORPUS INTEGRAL Il n’avait décidemment pas besoin de se remémorer en détail toutes ces foutaises de propagande mystique pour se sentir mal à l’aise. Perdu au cœur de cette ville, sans visibilité aucune, il se sentait prêt à croire en chacun des podcasts de l’Archoéveché. Comment disait-il ? La main de dieu ? Il n’était effectivement pas difficile, dans sa situation, de penser que le Saint père avait passé un coup de gomme définitif sur un monde qu’il ne trouvait pas à son goût. Si c’était le cas, Dieu avait bel et bien fait l’homme à son image ; égocentrique et destructeur. Comme tant de récupérateur, Kazhinski savait tout de l’effroyable spectacle que cachait la brume. C’est de ne pouvoir que l’imaginer qui lui glaçait le sang. Le lieutenant préférait faire face à l’abime, à la désolation. Il préférait ne pas quitter des yeux ce lieu maudit qu’était devenu la Terre. Une série de bips consécutifs l’arracha brutalement à ses pensées. Les indicateurs de sa combinaison était entré bruyamment dans le rouge pour ne plus en descendre. Kazhinski espérait atteindre le Louvre avant la nuit. Il devait se rendre à l’évidence, elle était déjà là. Le taux de radiation ne tarderait pas à devenir insurmontable et progresser à la surface, suicidaire. Il devait se trouver un abri au plus vite. Une couleur bleu grise envahit la brume dans un grésillement électrique. Avant d’avoir pu réagir Kazhinski fut plaqué violement sur le sol, entrainé par le poids de son scaphandre. Son souffle en fut coupé pendant plusieurs secondes. Durant ce court instant, il entendit s’amplifier un grondement d’explosions hachurées. La brume disparue, de lourdes masses commencèrent à s’abattre silencieusement autour de lui. Leurs impacts propageaient des vagues de débris hétéroclites. Et ce fut le chaos. La cacophonie lui percuta brutalement les tympans. Il allait être pulvérisé. Des morceaux de ferrailles et des pans entiers de bâtiments lui tombaient dessus. La nuit venait de reprendre ses droits. Il ouvrit son scaphandre avec rage, en arracha une torche électrique et s’élança droit devant lui. Le grand bâtiment qui se dessinait devait faire l’affaire. Dans sa course, il sentit une pluie de gravier percuter son casque. Il franchit de justesse la porte du musée. Cette accalmie soudaine laissa au lieutenant le temps de transformer une respiration bruyante en une féroce quinte de toux. Il en résultat de petites constellations écarlates sur la vitre translucide de PAGE ~ 8 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CORPUS INTEGRAL son casque. C’est en les observant qu’il se sentit perdre pied. Lorsqu’il reprit conscience, la fatigue et la migraine était prêtes à l’accueillir. Il ouvrit douloureusement les yeux. Une terreur sans mesure le transperça. A quelques centimètres de lui, le visage d’une petite fille fixait sur lui ses yeux emplit de démence. Elle demeurait immobile devant lui, la bouche entrouverte. Son corps et ses vêtements était composé de diverses teintes de gris sale. Une « gueule de ciment ». C’était la première fois qu’il en voyait une aussi …complète. Ses traits si fins, sa forme si constante qu’on pu la croire réelle. A l’accoutumé, les « gueules de ciments » était plutôt de faites de vague formes humanoïdes. De temps à autre, il arrivait que quelqu’un trouve une main ou un morceau de leur vêtement plus précis, mieux composé. Mais jamais rien de pareil ne lui avait été rapporté. Cette petite sculpture avait presque l’air de l’interpeller. Il ne s’agissait pourtant que d’un résidu, un simple souvenir de ce qui avait été effacé. Pas plus de vie dans cet amas de poussière que dans un pass biométrique. Comme pour s’en assurer, Wladek tendit sa main tremblante vers le visage de l’enfant. A son contact, les particules se dispersèrent dans la pénombre. Kazhinski se releva péniblement et balaya le faisceau de sa torche autour de lui. Il vit un enchevêtrement de fer et de bois. Un nouvel univers de solitude. Son regard s’arrêta sur une pancarte colorée. Elle portait l’inscription “Mars - décembre 2057 : Grande Retrospective Hendrix”. “There must be some kind of way out of here, said the joker to the thief” - Jimi Hendrix, All along the watchtower (Electric Ladyland, 1968) - Dluminus - 2012 HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET PAGE ~ 9 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CONTRIBUTION DE COGBICHE Le vaisseau de Wladek Kazhinski filait maintenant à vive allure. Il n’était plus question de perdre une minute. Les batteries du sommeilles étaient plus que rechargées avec cette nuitée en œuf Kinder permettant un repos optimum. Wladek et son coéquipier Boris avaient surnommé ainsi leurs lits sarcophages du fait de leur couleur qui rappelait la petite capsule de plastique. L’entreprise fabriquant ces sucreries de luxe détenait maintenant bien plus que le monopole du cacao et de la noisette. Les petites friandises étaient au fil des années devenu des produits hors de prix dignes des parfums les plus cher de l’an 2000 et des quelques dizaines d’années qui succédèrent à cette date. Au fur et à mesure l’entreprise s’était imposée et on ne sait trop comment avait multiplié ses activités tout en gardant son cœur de métier comme vitrine glamour aux yeux des populations. Le point de départ de cette extension fulgurante se situait dans les crises sociaux-économiques à répétition qui ont bercées la période chaotique des années 2040. On ne sait trop comment l’entreprise s’était alors développée pour imprégner puis finalement maitriser tous les secteurs clés. Quelques temps plus tard les événements de 2057 commençaient. Depuis les dominos ne cessaient de tomber les uns sur les autres et aujourd’hui Wladek et Boris étaient l’un d’eux. Le nom de code de la mission « Kinder Surprise » était encore une trouvaille stupide de Boris. Comme le surnom l’indique, le but était de surprendre kinder avec une attaque surprise. Wlad et Boris devaient réussir à affaiblir la puissance de L’armée Ferrero pour que la coalition de la résistance puisse lancer une attaque d’envergure. Wladek secoua la tête comme pour se réveiller de nouveau et quitta cette pensée au chocolat pour revenir au présent qui l’entourait alors. « - Rien de spécial à signaler Bobo ? » Bobo était le surnom de Boris. Tout simplement parce qu’il ne tolérait pas les petites blessures, qu’ils pouvaient en revanche en faire beaucoup à HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET CORPUS INTEGRAL l’ennemi, que c’était le diminutif de Boris et que s’il en était bien loin maintenant, ses provenances ancestrales étaient celles de la Bourgeoisie. Aussi, tout le monde côtoyant Boris finissait par adopter cette appellation un jour ou l’autre. « - Rien de rien Wlad ! Un vol lisse comme la peau du cul d’une pucelle ! - Ha ha vieux bougre ! Ou vas-tu cherché ce vocabulaire salace!? Si la direction t’entendait ! - Tu sais ce que je lui fais à la direction ? - Tu l’encules… coupa résignation et dépit. » Wlad entre soupir, Wlad aimait la compagnie de Boris. Une amitié s’était créée au fil des heures de missions partagées. Si ce dernier lui avait fait découvrir la joie du Rock n’roll d’une autre époque, il n’avait jamais pu s’habituer complètement au côté rustre de son camarade. Wlad venait directement de l’élite militaire ayant des manières et un vocable à la hauteur de sa formation intellectuelle. * * * ZAP ZAP * * * « - Putain Pierre qu’est-ce que tu fou !? Pourquoi tu zap !? s’écria Luc - Euh déjà tu me parles meilleur, ce soir c’est foot ! Lazio – Roma !! Le match de l’année pour tout romain qui se respecte !! - De 1 tu ne m’as jamais prévenu, de 2 le foot c’est de la merde, de 3 tu m’as pas prévenu. De 4 tu me fais chier à répondre avec tes citations de Brice de Nice… de 5 tu ne m’as pas prévenu ! Et pour finir je ne suis pas italien, file la zapette je suis en train de tout rater ! - Et bah moi je le suis. C’est Lazio-Roma mon pote et je te signale que de 1+3+5 fond 9, si t’avais regardé le frigo tu aurais vu le postit que j’ai déposé il y a au moins une heure et en plus tu peux regarder ton film dans ta chambre. Moi j’ai besoin du décodeur ! » Enervé et poussant un soupir Luc se leva, parti dans sa chambre pour regarder la fin de son film sur son PC et se jura de changer de colocataire au plus vite. PAGE ~ 10 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE Il s’avait pourtant qu’il ne le ferait pas. Que malgré les désaccords et engueulades perpétuelles les soirs de matchs son amitié avec Pierre dépassait cela. Il se dit qu’il lui en toucherait tout de même un mot le lendemain matin et le fit : « - Franchement Pierre t’as abusé hier ! Tu ne pouvais pas mettre ton post-it plus d’une heure avant le début du match ? Ou au moins me demander normalement la télé plutôt que couper mon film comme un mal propre ?! - Si tu voulais te bercer dans un bon scénario de science-fiction tu aurais mieux fait de lire le manga 20th century Boys. Il était tout pourri ton film. C’était un remake raté entre l’armée des 12 singes matrix et la planète des singes ! Trop ringard et cliché ton monde post-apocalyptique avec le rock subversif et des noms qui viennent de l’est. C’était welcome au pays des clichés ton truc ! rétorqua Pierre d’un air détaché en cherchant le paquet de céréale en haut du placard. - Rester calme. Impérativement rester calme pensa Luc : Toujours mieux que tes gugusses qui tapent dans un ballon… et à propos de singe, tu te défends dans le domaine quand tu bascules en mode supporters. * * * ZAP ZAP * * * Alors que Wlad était posté devant son petit écran il sursauta « - Qu’est-ce que tu fou devant ton écran au lieu de surveiller les alentours l’interrompit Boris? Encore en train de regarder tes conneries de séries des années 1990 ? La voix grave était calme mais en colère et contenait un peu de mépris. Après une courte pause elle reprit et Wlad n’entendait désormais plus du tout Pierre et Luc. T’es vraiment pas sérieux. Le jour où tu as piraté les bases de données des chaines de télévisions historiques, tu aurais mieux fait de copier les pornos plutôt que ces mièvreries. Au faite… tu sais ce que je leur fait moi aux séries des années 1990 ? Ajouta Bobo - Ouai ouai je sais ouai… Mais je t’ai déjà dit que ça me permettait d’étudier cette époque dont aucune HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET CORPUS INTEGRAL information ne filtre depuis la toute-puissance de Ferrero. Puis c’est pas pour autant que je fais pas le boulot donc t’es pas obligé de me traiter comme un mal propre… - Tu ferais mieux de lire des livres ! C’est tout pourri ces séries. C’est des remakes ratés de situations ou d’échanges sociaux censés divertir les populaces aliénés. Pour ce que j’ai lu sur cette époque dans la presse de la contrebande : Ils sont trop ringards les personnages de ta série… et je ne parle pas de leurs échanges et des situations qui se succèdent sur un soi-disant ton de comédie. C’est welcome au pays des clichés ton truc ! » ***FSSCHHH*** Alors que la page était en train d’être tournée, une voix sortie Emilie de sa lecture. « - qu’est-ce que tu lis ma chérie ? S’enquit sa mère. -Un essai. Un texte qui tente de démontrer que les trames des histoires, films, récits sont toujours les mêmes. Qu’il n’y a que l’habillage qui change mais que dans le fond ce sont toujours les mêmes schémas qui se répètent. - Et c’est bien ? Ça te plait ? - Bah… disons qu’en plus du fait que le sujet soit déjà traité à outrance, pour l’instant le texte bascule entre 2 histoires : une soi-disant science-fiction, une scénette de vie de colocataire plus qu’inintéressante… Je sais pas comment ça va se terminer mais j’imagine bien le truc qui passe par une discussion entre les 2 membres d’une famille qui s’interrogent autour de ça, reproduisant alors eux même un schéma relationnel classique…et une boucle qui se referme sur le lecteur. Je ne sais pas qui a écrit ce torchon mais les lecteurs sont vraiment considérés comme des malpropres prêts à ingurgiter n’importe quoi. - Tu n’es pas un peu sévère mon cœur ? - Quitte à lire une histoire à emboitement j’aurai mieux fait de relire « Si par une nuit d'hiver un voyageur » d’Italo Calvino. Des fois je me demande si je ne ferai pas mieux de regarder la télé ! Il est un peu tout pourri ce texte. C’est un remake raté de ce PAGE ~ 11 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CORPUS INTEGRAL qu’on peut faire en critique, manuel, ou information littéraire. Trop ringard les différentes histoires qui reprennent le même schéma pour arriver à une démonstration. C’est welcome au pays des clichés ce truc ! C’est le genre d’écrit que j’imagine bien dans un concours de lecture sur un blog ! » - Cogbiche - 2012 HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET PAGE ~ 12 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CONTRIBUTION D’INVICTUS La carcasse de l’Arkhangelsk glissa entre deux tours noircies par les cendres et le temps, maintenu à une altitude inconnue mais stable Dieu seul sait comment. Wladek balaya le tableau de bord du regard : quelques voyants clignotants, la grande majorité d’entre eux hors service, et aucune alarme lancinante. Aucun problème, en somme. Enfin, pour l’instant. Le mercenaire immobilisa la carasse du vaisseau à une quinzaine de mètres du « sol », activa les stabilisateurs et coupa tout les systèmes secondaires et principaux qu’il put. Nul patrouilleur ne devait savoir qu’un désosseur, clandestin qui plus est, s’était aventuré dans cette zone très sensible de la vielle métropole. Hâte et discrétion seraient les clés de la réussite de cette mission toute particulière, et y manquer aurait des conséquences pour le moins regrettables. Wladek quitta le fauteuil du pilote et se rendit à l’armoire qui contenait ses effets personnels, située directement à côté des sarcophages de sommeil, et l’ouvrit pour se préparer à quitter la relative sécurité du navire. Masque à gaz, balise de détresse, pistolet de contrebande. Un équipement indispensable à toute expédition en « zone morte », bien que personne ne suivrait un SOS ici et que son arme ne pourrait assurément pas lui sauver la vie s’il venait à s’en servir. Néanmoins, sentir sa froide présence contre sa hanche le rassurait quelque peu. Quelques paroles, peut-être les dernières qu’il lui adresserait, lui virent spontanément alors qu’il observait le visage serein et endormi de son copilote. « A la prochaine, Libovski. Tâche de ne pas te perdre sur le retour. On s’reverra sur la face cachée de la lune. » Le sas extérieur, d’ordinaire plus capricieux, s’ouvrit de lui-même sur la lumière pâle et aveuglante de Paris. Un vent sec s’engouffra à l’intérieur de la soute, faisant voler quelques bâches de manière sporadique, avant que Wladek ne gagne le plancher moisi et incertain du vieil hôtel qui se dressait face à lui et ne referme l’accès au ventre du monstre d’acier. Le bois pourri craquait sous son HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET CORPUS INTEGRAL poids, si bien que de larges fissures ne tardèrent pas à apparaître à sa surface. Le reste de la suite n’avait pas meilleure allure. Le baldaquin n’était plus que l’ombre de lui-même, le mobilier guère mieux qu’un tas de débris, et le tout sous une épaisse couche de poussière. Les piètres restes d’une bourgeoisie typiquement française et décadente qui aimait à fréquenter les chambres d’hôtel bien plus souvent que la résidence conjugale. Le vieux briscard s’autorisa un sourire à ce souvenir des temps passés, purement triviaux face aux problématiques actuelles. Les marches des escaliers autrefois luxueux manquèrent de se disloquer à mesure qu’il progressait jusqu’au rez de chaussé. Tenter de faire fonctionner l’ascenseur aurait été utopique, et Wladek n’aurait pas le temps de tenter des réparations de fortune pour se faciliter la vie. Plus que 47 petites heures. Marche ou crève. La réception, autrefois pleine de faste et de vie, faisait pâle figure à présent. A y réfléchir, l’Humanité toute entière faisait pâle figure depuis cette nuit de Décembre. Ses premiers pas depuis plusieurs années sur l’asphalte brisé du sol parisien lui permirent de constater à loisir le vide qui emplissait les lieux. C’en était presque… oppressant. Sur le qui-vive, Wladek repris sa marche solitaire au travers des rues et avenues balayées par le froids. Quelque part, l’écrasant silence qui l’entourait lui donnait l’impression d’être suivi, observé, traqué. Peut-être n’était-ce pas seulement une impression d’ailleurs. La prochaine station de métro n’était qu’à quelques dizaines de minutes, et la nuit tomberait bientôt… Des goûtes de sueur froide commencèrent à perler le long de son échine. Bientôt, l’obscurité enveloppante des souterrains l’accueilli en son sein, rassurante et familière comme celle de l’espace. Néanmoins, elle servait également de terreau fertile à l’angoisse. Le faible écho que produit la chute d’une goute d’eau le fit sursauter, accélérant instantanément son rythme cardiaque au-delà du raisonnable. La main sur son arme, Wladek enjamba une barricade de fortune, construite autours de gravats et de barres de fonte, pour s’enfoncer plus profondément dans l’antique réseau du métro parisien. La faible lumière de sa lampe torche n’éclairait pas assez pour chasser de PAGE ~ 13 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE son esprit les images d’abominations guettant le moindre de ses faux pas pour le dévorer, ni les visages de tout ceux qui auraient pu disparaître ici pendant le Drame. Un SDF couché sur son banc, à quelques mètres de là, peut-être déjà mort. Une enfant plus loin, tombée sur les rails à la première secousse, ainsi que le cri déchirant de sa mère qui retentissait encore entre ces pierres avec une force et une présence surnaturelle. Se souvenir de dizaines de témoignages était chose aisée, même involontairement, et résister à leur influence invasive et persistante n’était malheureusement pas aussi simple. Il en était presque sûr à présent, quelque chose le suivait. Des fantômes... CORPUS INTEGRAL vieux briquet et une des dernières cigarettes qui trainaient dans les poches de son trench en cuir. Quelques étincelles, une flamme tremblotante, la nicotine. Et en face de lui, à quelques dizaines de centimètres, la réponse à la grande question que se posait Monsieur. - Invictus - 2012 Les plans à sa disposition se révélaient assez imprécis, d’autant que le marquage des stations et tunnels n’était plus aussi lisible qu’avant. Une impasse, puis une autre, puis les toilettes. La conviction de plus en plus forte de s’être perdu dans ces galeries labyrinthiques et inquiétantes. Le mercenaire tenta une nouvelle fois de se repérer sur la carte tridimensionnelle affichée sur l’écran de son datapad, sans succès. Comme s’il ne s’y était pas attendu. La mission était pourtant simple, qu’on lui avait dit, élémentaire même. Esquiver les patrouilles, descendre sous Paris, récupérer les fichiers de la vidéosurveillance, et tout ça avant le dynamitage du quartier. Histoire de connaître enfin la vraie nature du Drame. Les extraterrestres et leur virus alien ? Un patient-zéro porteur de la plus grande peste qu’ait connue l’Humanité ? Dieu, peut-être ? Mouais. Qui s’en souciait à part le gouvernement, censurant à outrance, et ses opposants en quête d’une vérité libératrice ? Une petite pause s’imposait. Wladek s’assieds sur une pile de béton meurtri, soupirant, et décapsula le bouchon de sa flasque de vodka. Rien de meilleur pour se remonter le moral, à part peut-être un bon cigare ou une fille de la Nouvelle Amsterdam. La lueur projetée par la lampe-torche vacilla brusquement, puis disparu corps et bien pour laisser place aux ténèbres les plus profondes et à un calme parfait. A tâtons, le polonais retrouva son HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET PAGE ~ 14 CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE CORPUS INTEGRAL INFORMATION L ES TEXTES CONTENUS DANS CE DOCUMENT SONT LA PROPRIETE EXCLUSIVE DE LEURS AUTEURS , ET N ’ ONT PAS VOCATION A ETRE REUTILISES , REDIFFUSES OU MODIFIES SANS LEUR ACCORD . C ES TEXTES ONT ETE TRANSMIS PAR LEURS AUTEURS A L ’ ADMINISTRATEUR DE SAINT EPONDYLE . NET DANS LE CADRE D ’ UN CONCOURS D ’ ECRITURE LIBRE . I LS SONT DIFFUSES AVEC LEUR ACCORD ET SERONT SUPPRIMES DE NOS SERVEURS SUR SIMPLE DEMANDE . HTTP://SAINT-EPONDYLE.NET PAGE ~ 15