document - Cosmo [†] Orbüs

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document - Cosmo [†] Orbüs
Cosmo [†] Orbüs Worldwide Production proudly presents
En partenariat mondial avec
Rongeuse de Livres, Blog à Part : troisième époque & Traqueur Stellaire
CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
C ORPUS DE TEXTES INTEGRAL
I.
CONSIGNES AUX PARTICIPANTS
Ecrivez la suite de L'instant d'après.
Votre texte devra être d'une longueur comparable à la nouvelle initiale, entre 1000 et 1500 mots.
Pour être valable, votre texte devra être envoyé à l'adresse [email protected].
au plus tard le 15 mars 2012.
Les fautes d'orthographe et de français ne seront pas corrigées,
et pourraient donc influencer le jury dans son jugement. ;)
Les manuscrits que nous recevrons seront lus et soumis au vote de notre jury d'experts, afin de choisir un vainqueur.
Ce dernier aura donc l'insigne honneur d'être publié en grandes pompes sur Cosmo. Un lien de téléchargement
permettra toutefois d'accéder à l'ensemble des textes.
Notre jury sera composé de plusieurs confrères de la blogosphère proche, qui ont amicalement accepté de participer :
Marmotte de Rongeuse de Livres, Guillaume44 de Traqueur Stellaire, Alias de Blog à part : troisième époque,
l'Apôtre Nicaise et Saint Epondyle de Cosmo Orbüs.
Liste des participants :
- Groucho
- Jil
- Dluminus
- Cogbiche
- Invictus
- Goldorak
porté disparu
- Yzehef
défection honteuse
- Utopia
porté disparu
II.
CONSIGNES AU JURY
Chers jurés, voici le corpus des textes écrits par les participants au premier concours d’écriture de Cosmo Orbüs. Je
vous invite à les lire avec attention, si possible au moins deux fois chacun, puis à leur attribuer une note sur 20 ainsi
qu’une courte appréciation d’une ou deux phrases qui sera retransmise sur le blog et aux auteurs. Les critères de
notation sont à votre discrétion. Pour information je n’ai pas encore lus les textes ci-après et les découvrirai donc en
même temps que vous.
Pour rendre notre verdict, nous avons jusqu’au 1 avril 2012 à minuit. Les résultats seront publiés sur le site le
lendemain, avec bien sûr l’annonce du vainqueur. J’attendrai votre retour sur le mail [email protected].
Encore merci d’avoir accepté de jouer le jeu. :)
Saint Epondyle
CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
L’INSTANT D’APRES
TEXTE ORIGINAL
Jamais jusqu’alors il ne s’était senti aussi mal.
Engourdi comme le lendemain d’un passage à tabac
un soir de cuite, Wladek Kazhinski venait de passer
quarante-deux jours en sommeil artificiel. Tout en
ouvrant gauchement le couvercle de son cercueil de
plastique jaune, il tentait de rassembler ses
pensées.
On appelait ces quelques minutes « l’instant d’après
». Le moment du réveil, lors duquel on avait
l’impression d’être à peine tombé dans le sommeil
depuis quelques secondes, tout en ressentant
physiquement les désagréments de plus d’un mois
de totale inertie. Impossible de s’habituer à cette
sensation de fatigue extrême.
Titubant sur quelques mètres dans la cabine,
Wladek commençait à se souvenir : Néo London, le
voyage, l’équipage limité. Puis l’hibernation. On ne
rêve pas en sommeil artificiel.
Déjà, la sonnerie stridente du téléphone par
satellite se fit entendre ; avec la même violence
pour Wladek qu’une balle de fusil tirée au contact
de son oreille.
« - Oui ? demanda-t-il faiblement dans son microoreillette tout en se laissant tomber dans le vieux
fauteuil de pilote ; éventré.
- Kazhinski ? demanda une voix grésillante.
- Oui Monsieur, je me réveille… à l’instant.
- Bon, Libovski n’a pas été capable de vous amener
là où vous deviez arriver initialement. Vous devez
rejoindre 102.12.8 par vos propres moyens.
- Ah, Wladek se remettait difficilement, les yeux
toujours mi-clos, oui Monsieur, il a toujours eu du
mal avec les coordonnées de pilotage…
- On s’en fout Kazhinski, la mission est maintenant
de votre ressort, vous avez toutes les informations
dont vous aviez besoin. A vous de jouer.
Sans laisser le temps à son interlocuteur d’assimiler
tous ce qu’il venait de lui dire, Monsieur mit fin à la
conversation.
Wladek s’était habitué au ton arbitraire de
Monsieur, il ne s’en formalisait plus. Laissant
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tomber mollement l’oreillette sur le sol, l’officier
ouvrit enfin les yeux sur ce qui l’entourait.
Comme lorsqu’il l’avait quitté, plusieurs semaines
auparavant sur la plateforme orbitale de Neo
London, la cabine de pilotage était un vaste et
sombre espace métallique, qu’éclairaient de leurs
lueurs blafardes les écrans des ordinateurs hors
d’âge. Au fond de la pièce se trouvaient les trois
sarcophages jaunes vif destinés à accueillir
l’équipage lors des phases de sommeil forcé. Le
premier sarcophage était occupé par Stanislas
Libovski, son copilote ; le second était le sien ; et le
dernier, destiné au troisième membre d’équipage
réglementaire, était vide. Sur un vieux rafiot de
onze mille tonnes comme l’Arkhangelsk, on en était
plus à une infraction au règlement près, même si
elle concernait un tiers de l’équipage.
L’inconvénient de cette organisation à deux
équipiers, la sécurité mise à part, était le manque de
contact humain. Pendant les huit mois de mission,
les deux hommes alternaient les phases d’éveil et
de sommeil forcé ; seul dans une mégalopole en
ruine à bord d’un rafiot vieux comme le monde,
sans jamais voir son équipier. Il y avait de quoi
devenir cinglé.
Dans un coin aussi perdu que Paris, il était inutile
d’essayer de capter Internet. D’autant plus que le
navire n’était pas équipé des derniers systèmes de
réception à onde ultra longues. Il y avait l’électricité
et c’était déjà pas mal.
Heureusement, la vodka ne manquait pas.
Cette ville avait tout d’une cité fantôme. Quittée en
masse par ses habitants après les événements du
24 décembre 2057. Une veille de Noël. Le « drame
de Paris », comme on l’avait appelé dans les années
qui suivirent, avait marqué la fin de la civilisation
dans cette partie de la Terre. On ne comptait plus
qu’un petit millier de villes habitées sur la planète,
en Asie du sud-est pour la plupart.
Les immenses métropoles d’Antan, New York, Paris,
Londres, Moscou, avaient perdu toute leur
population. Elles étaient maintenant semblables à
d’immenses cimetières de fer et de béton. Pas de
zombi, de robot ou d’androïde ; seulement une
absence de vie totale, sur une zone allant de
l’Ecosse à l’Angola. Les seuls navires qui s’y
aventuraient étaient les quelques désosseurs venus
récupérer les matériaux qui pouvaient l’être, et les
patrouilles gouvernementales qui assuraient le bon
déroulement du pillage.
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
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Paris n’était composée que d’immenses structures
en métal et en béton noirâtre. L’endroit ne
ressemblait plus à une ville, mais à un
enchevêtrement de pylônes, de cubes, de
pyramides, de cylindres métalliques et crasseux.
Entre les tours suintait une brume persistante de
pollution qui obstruait le ciel gris. Telles étaient les
ruines d’une humanité décadente et révolue.
Alors que l’Arkhangelsk slalomait prudemment
dans le brouillard, Wladek n’aurait pas pu deviner
l’heure qu’il était ni à quelle altitude il se trouvait
par rapport au sol. Malgré cet aveuglement, il
pouvait se diriger avec une certaine assurance, en
jugeant à l’œil de la direction. Se renversant
entièrement dans son fauteuil de pilote grinçant, il
prit une grande rasade de vodka. Après plusieurs
années de navigation, il avait appris à supporter
cette boisson synthétique en cubes lyophilisés. Le
breuvage avait un arrière-goût de céleri, ou peutêtre de fenouil. Ca n’était pas bon, mais ça
décrassait.
Wladek savait que d’ici quelques heures il arriverait
sur les lieux de sa mission. Là, il aurait deux jours
pour mener à bien un travail bien différent d’un
simple désossage. Passé le délai des 48 heures,
chaque minute ferait croître le danger.
Plutôt que de se perdre en conjectures, il valait
mieux mettre un peu de musique et attendre de
voir. Même si la musique « subversive » avait été
interdite depuis longtemps, la cabine du navire était
pleine de vieux disques de Pink Floyd, Queen et Led
Zeppelin.
C’était interdit, mais si une patrouille décidait de
fouiller le vaisseau, la musique serait vraiment le
dernier de ses soucis.
- St Epondyle - 2010
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
CONTRIBUTION DE GROUCHO
L’instant d’encore après
Wladek fit pivoter le manche à balai sur la droite.
Dans un bruit de métal torturé, l’Akhangelsk
obliqua difficilement de 30° dans la même
direction. Il fallait de bons réflexes pour naviguer
sur ce terrain, pas étonnant que Stanislas n’ait pas
réussi à faire plus de chemin. Perdus dans cette
atmosphère étouffante, les restes de bâtiments
prenaient des airs fantomatiques et n’étaient
visibles qu’à la dernière seconde.
Wladek regarda autour de lui. Il ne ressentait rien.
Il savait pourtant qu’il avait vécu ici dans son
enfance. Il n’arrivait pas à imaginer ce à quoi avait
pu ressembler ces rues désertiques. Il était trop
jeune pour se souvenir, donc trop âgé pour s’en
préoccuper. Ses plus lointains souvenirs dataient
des évènements. Malgré tout ce qui avait été dit, il
n’avait pas l’impression que cela avait été aussi
terrible. Il se rappelait de la douceur des bras de sa
mère qui l’agrippait, de la chaleur de son corps
contre lui et de ses larmes qui lui tombaient sur le
visage. C’était sans doute le passage de sa vie qui
avait ressemblé le plus à une enfance.
Quelque chose attira son attention. Il arrêta l’engin
dans un bruit infernal et tourna la tête vers une rue
transversale. En contrebas, dans le lointain
embrumé, il lui semblait voir des silhouettes. Il
plissa les yeux pour mieux discerner ce qui
ressemblait à un groupe d’hommes qui s’éparpillait
en courant. Sous ses cornées sèches et
douloureuses, les formes prenaient des allures de
filaments colorés. Le temps de quelques battements
de cils et il ne vit plus rien.
“Bordel de merde ! murmura-t-il pour lui-même.”
Ce n’aurait pas été la première fois qu’un pilote eût
été victime d’hallucination après son réveil, mais
c’était la première fois pour Wladek. Il secoua la
tête et repris une gorgée d’alcool pour se ressaisir.
Il touchait au but, il ne devait pas se laisser distraire
par un tour de son esprit. Si Monsieur venait à
apprendre cette défaillance, ils seraient rappelés
sans préavis.
Sans attendre, il remit les moteurs en marche et
recalcula rapidement sa trajectoire. C’était inutile
de s’attarder. Il poussa la vitesse à 25 noeuds. Ce
qui lui laisserait le temps de réagir si un obstacle
venait à se mettre dans le chemin du vaisseau, tout
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en lui donnant tout le loisir de scruter les alentours
et constater qu’il n’y avait pas âme qui vive.
Evidemment en passant à une vitesse supérieure à
la réglementation dans une zone instable, il
s’exposait au risque d’être repéré par les senseurs
d’une patrouille, mais il avait bien étudié les plans
de la cité. Il pouvait anticiper à peu près n’importe
quel danger. Du moins, à l’échelle locale.
L’endroit était un véritable labyrinthe. Si
l’éducation de Wladek ne lui permettait pas de
savoir exactement pourquoi des humains avaient
dessinés une ville aussi verticale, il en connaissait
parfaitement chaque recoin. C’était un homme de
terrain, pas un historien. L’expérience lui avait
appris à retenir rapidement les endroits
stratégiques pour naviguer, et surtout pour se
dissimuler efficacement en cas de besoin. Il appuya
sur la touche de navigation. Sur l’écran verdissant
posé à côté de son fauteuil apparu une carte de la
région. Un point rouge vacillant indiquait leur
positionnement, à quelques degrés près. Wladek se
maudit une fois de plus d’avoir oublié son antique
carte en papier. Il avait tendance à se méfier de ses
indicateurs depuis quelques erreurs aux
conséquences plus ou moins dramatiques. Selon si
on aimait ou non les membres de son équipage.
La mission était délicate, il ne voulait rien laisser au
hasard. Il craignait de subir le même sort que
d’autres “volontaires”. Il ne se rappelait que trop
bien cette équipe de démantèlement, envoyée en
grandes pompes pour entraver la dégénérescence
des centrales Alpha 42 et 43. On avait salué leur
départ pour cette région Ouest de l’Europe,
anciennement appelé « Normandie », et la foule
attendait toujours d’assister à son retour
triomphant. Cela faisait cinq ans maintenant.
Wladek poussa un soupir. Ce n’était pas comme si
on lui avait donné le choix.
Il eût le temps de profiter pleinement de ses
morceaux favoris avant d’apercevoir la base. C’était
un immense bâtiment, encore intact. D’après ses
estimations, ils devaient être à une centaine de
kilomètres de Paris. L’appareil vibra intensément
tandis que le pilote cherchait un emplacement
dégagé. A contrecoeur, il déclencha la procédure
d’atterrissage et se leva de son poste. Il remarqua
que les vibrations avait fait sauter son disque. « The
show must go on » bouclait sur un couplet. «
Whatever happens, I’ll leave it all to chance 1 ».
Wladek serra les dents en coupant le son.
1
« Quoiqu’il arrive, je laisserai tout au hasard. »
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
Il enregistra un message à l’intention de Libovski.
C’était la procédure de sécurité en cas de sortie. Un
capteur relevait ses signes vitaux et s’il devait lui
arriver quelque chose, son copilote serait
automatiquement sorti de son sommeil artificiel.
Grâce au message, il aurait toutes les informations
nécessaires pour agir.
« Bon, fît Wladek dans le magnétophone, nous
sommes bien arrivés. Je sors. Si cette satanée
machine te réveille, n’oublie pas de me faire un
appel radio avant de mettre les voiles. Je t’en
voudrais si tu me laissais sur le terrain à cause d’un
problème technique. »
Il enfila sa combinaison, en veillant à ne pas laisser
le moindre interstice entre les couches de son
vêtement qui aurait pu laisser l’air s’infiltrer. On
pouvait reprocher beaucoup de choses à
l’Akhangelsk, mais il était encore étanche et c’était
l’essentiel. Qui pouvait savoir quels poisons
contenaient ce brouillard. Le pilote entra dans le
sas. D’un coup ferme de la main, il pressa sur le
bouton d’ouverture qui poussait sur la tôle grise
comme un champignon rouge lumineux. La
sonnerie caractéristique annonça l’ouverture de la
porte. Comme à chaque fois, Wladek anticipait les
bruits à venir : le chuintement des joints, le cliquetis
indiquant le déploiement de l’escalier, puis le
sifflement du vent dans ses écouteurs.
Le passage dégagé, il s’aventura à l’extérieur. Il ne
prêtait plus attention au manque de visibilité, ce qui
le gênait le plus était la lourdeur de sa tenue. Ses
membres étaient encore sous le choc de sa longue
inactivité et les cinquante kilos de la combinaison
rendaient chaque pas difficile.
Il se dirigea vers la porte principale qu’il distinguait
à quelques mètres sur sa gauche. Le bâtiment ne
semblait pas avoir de fenêtres, ni aucun système de
sécurité. Les édifices officiels arboraient
généralement une rangée ou deux de barbelés
réglementaires derrière leurs hauts grillages
électrifiés. Pas celui-ci.
CORPUS INTEGRAL
Wladek ne partageait décidément pas le sens de
l’humour de ses employeurs.
Des jets de gaz blancs furent propulsés quand les
battants s’ouvrirent. A en juger par le calfeutrage de
fortune, c’était une bâtisse ancienne qui avait été
aménagée bien après le drame. Heureusement le
sas semblait bien isolé. Lorsque la porte se referma
et que les bruits de ventilations cessèrent, Wladek
consulta le cadran de son compteur. Tout était
normal. Non sans efforts, il retira son casque. La
sueur coulait à grosses gouttes sur son front et sur
son crâne rasé. Bien qu’essoufflé, il défit sa
combinaison avec précaution et se faufila dans le
passage qui menait à l’intérieur.
Un long couloir s’étendait dans la pénombre. Les
néons s’allumaient en crépitant sur son passage,
baignant peu à peu l’endroit d’une lumière blanche
et froide. Première salle à droite, sas du fond et
seconde galerie au bout du corridor. Wladek se
remémorait les indications en avançant. Il s’arrêta
devant l’immense bloc métallique qui fermait le
chemin. La peinture écaillée ne permettait plus de
distinguer le grand cercle rouge et les sigles qui
avaient été apposés dessus. Il fit coulisser le loquet
qui permettait d’accéder au hangar, saisit la
poignée et fit rouler le mécanisme d’ouverture.
Le vaisseau apparut comme un énorme insecte
devant lui. Monstre d’acier et de fer, il trônait au
milieu des outils laissés à l’abandon et des
machines complexes en partie désossées. Il avait
été prévenu de ce qu’il avait à faire, pas de
l’ampleur de la tâche. Qu’importait les consignes de
sécurité, il allait devoir réveiller Libovski.
- Groucho - 2012
Au-dessus de la porte en métal, une simple caméra
de surveillance l’accueillit avec toute la chaleur
dont pouvait faire preuve son clignotement
irrégulier. Plus il approchait du but, plus Wladek
avait l’impression d’être coincé dans un bocal. Il
s’astreignait à oublier la sensation désagréable du
tissu collé par la sueur à sa peau et à ne pas tenir
compte de ce mauvais pressentiment qui le gagnait.
De ses doigts rendus épais par les gants, il composa
le code que lui avait donné Monsieur. 241257.
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
CONTRIBUTION DE JIL
Le monde avait radicalement changé depuis le
drame de Paris de décembre 2057. Des villes
autrefois connu pour l’accroissement de leur
population n’existaient plus aujourd’hui. Des pays
comme rayés de la carte et des peuples divers
décimés de part et d’autre de la planète. Cette Terre
peuplé de plus de 70 milliards de personnes était
devenu un univers hostile et apocalyptique pour
tout être humain survivant.
Wladek était un Homme parmi les derniers qu’ils
restaient dans notre monde, Libovski et Monsieur
aussi d’ailleurs, mais Monsieur était un cas à part.
Aujourd’hui pour survivre, Wladek n’avait plus que
la mission. Quelques fois, il se demandait si c’était
bien la peine de se battre dans un monde où plus de
95% de la population terrestre avait disparu sans
laisser de traces. Dans les moments de solitude
extrême, Wladek pensait à des tas de trucs de sa vie
d’avant même s’il savait que les souvenirs étaient
plus que douloureux ou se soulait à la vodka sans
raison valable. Il se sentait mieux saoul, la plupart
du temps, quand c’était son tour de piloter
l’Arkhangelsk. D’une certaine façon, ça l’aidait à
tenir, enfin c’est lui qui le pensait. Il se demandait
souvent ce que Libovski pensait quand il devait
piloter le vaisseau pendant sa période de sommeil
artificiel. Si celui-ci tenait mieux le coup d’être
enfermer depuis plusieurs années dans cette
situation.
Wladek jeta un regard sur le sarcophage jaune de
son copilote. Il s’était réveillé après le début du
sommeil artificiel de Libovski. Il regrettait de ne pas
parler à l’homme qui l’accompagnait en quelque
sorte depuis le début au moins une fois, ou même
de le voir. Mais soit disant, depuis 2057 et selon
Monsieur, on avait plus besoin d’être deux pour
piloter un vaisseau.
L’Arkhangelsk était un ancien vaisseau métallique
qui tenait bon malgré ses quarante ans. Personne
ne pouvait imaginer les trésors de technologies de
l’ancien temps qui restaient encore de cette période
lointaine, celle de la vie. Wladek était le pilote de ce
vaisseau depuis longtemps, aussi longtemps qu’il
avait fait la connaissance de Monsieur. Libovski
avait rejoint la mission peu de temps après. Wladek
ne savait pas grand-chose de son copilote, mais
d’après les informations que lui avait fourni
Monsieur à propos de lui, il semblait être un type
fiable.
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CORPUS INTEGRAL
Le vaisseau avançait dans un brouillard de
poussière et de fumée grise dont l’atmosphère ne
c’était pas débarrassé depuis le drame. Plus de ciel
bleu ni de soleil le jour, ni d’étoiles le soir, cela
n’existaient plus désormais. Un monde qui tournait
au ralentit. Le seul moyen pour Wladek de distingué
le jour et la nuit était une vieille montre accrochée à
son poignet en permanence. Depuis longtemps, il ne
regrettait plus le passé.
Le secteur 102.12.8 était un coin reculé de
l’ancienne Pologne désertée à plus de cent
kilomètres de la capitale en ruines. Aujourd’hui, les
anciens pays du monde étaient découpés en
différentes zones ou territoires explorables ou non
appelés secteur suivit d’une combinaison de
numéro. Un système mit en place par Monsieur. Il
n’y avait plus de carte du monde. Le monde du
passé était un souvenir lointain.
Wladek descendit du vaisseau vêtu d’une
combinaison d’un blanc délavé. L’atmosphère
terrestre était devenue à peine respirable à tout
être humain. La destruction de la Terre avait rendu
l’air toxique et mortel si on ne se protégeait pas au
bout de plusieurs minutes. Le paysage
apocalyptique ne rendait pas insensible Wladek. Il
n’y avait plus de couleurs, juste un pays plongé
dans la brume, dévasté, dont les poussières
volcaniques étaient devenues permanente.
Le secteur 102.10.8 était un paysage en ruines.
Comme à chaque nouvelle mission que lui confiait
Monsieur, il inspecta les lieux. Il devait vérifier si le
secteur était déjà occuper par une patrouille, par
d’autres désosseurs ou par de personnes
quelconques. Il fallait toujours se méfier du silence.
C’est ce que lui avait appris le métier de désosseur.
La méfiance. Mais surtout, de ne faire confiance à
aucune personne louche qui viendrait à croiser son
chemin, surtout si elle est seule, à errer dans les
environs. Le brouillard peut toujours camoufler
quelqu’un d’autre.
Wladek observa le paysage autour de lui avec
attention. Lentement, il détailla du regard chaque
recoin possible pouvant dissimuler quelqu’un. On
n’est à l’abri nulle part ailleurs. Wladek le sait plus
que quiconque. L’Arkhangelsk lui-même n’était pas
un lieu sûr. S’il existait ne serait-ce qu’un lieu sûr, il
aurait dit la plate-forme orbitale de Néo London.
Mais aujourd’hui, il n’en serait plus aussi certain.
Wladek passa le secteur au peigne fin. Avec un
ancien détecteur de mouvement, il arpenta la zone
de long en large, voulant confirmer sa solitude. Il
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
lâcha bien vite le vieil appareil et se reporta alors
sur les carcasses de bateaux rejetés par la mer et les
épaves d’antiques voitures déjà présentes. Il avait
besoin de récupérer les matériaux encore utiles
pour la construction de nouveaux vaisseaux.
L’Arkhangelsk ne tiendrait pas éternellement sur
les flots brunâtres et cendres. A force d’incessantes
attaques, durent l’ancien temps, le vaisseau avait
subi de lourds dégâts. Même sa coque métallique
retaper ne semblait plus si solide. Le pilote savait
qu’il ne pourra pas jouer les trompes la mort pour
toujours.
Wladek s’attela à la tâche. Le pilote s’approcha des
cadavres rouillés à cause du temps et il débuta ce
pourquoi il était là. Il désossa la carcasse
métallique, jetant les morceaux inutilisables. Il
détestait faire cette partie du boulot. D’habitude,
c’était à Libovski de se charger de ça. Sa part du
travail à lui, c’était de faire revenir le vaisseau à la
base orbitale de Néo London en vie. Un retour
périlleux à chaque fois que l’on pouvait qualifier
d’odyssée. Il avait besoin d’action, d’adrénaline.
C’était le seul truc qui lui permettait d’être heureux
et cet abruti de Libovski, avec son sens de
l’orientation aussi développé qu’un pigeon
voyageur aveugle prit dans une tempête, lui avait
enlevé cette part d’aventure dont il avait tant
besoin. D’une certaine manière, cela l’empêchait de
devenir fou.
Un bruit interrompit la pensée de Wladek. A
quelques mètres derrière lui, le vieux détecteur de
mouvements faisait comme des petits « bip ».
Wladek abandonna son boulot et reporta son
attention sur le petit appareil laissé dans l’herbe
poussiéreuse. Le pilote se saisit de l’appareil. Il
n’avait entendu ce bruit qu’une ou deux fois. Cela
signifiait qu’il n’était pas seul dans cette zone. En
tout cas, depuis quelques instants, il ne l’était plus.
CORPUS INTEGRAL
petites boucles brunes lui tombèrent sur les
épaules et un sourire se dessina sur son visage.
Wladek était resté scotché à la tâche sang qui
maculait la combinaison avant de s’attarder
longuement sur le visage de l’enfant. Etrange. Elle
respirait un air contaminé depuis environ dix ans
sans tousser ni suffoquer. Elle n’avait pas parlé
mais semblait inspirer confiance à Wladek. Elle
tendit la main pour inciter l’homme à la suivre.
Wladek saisit sa main et se laissa entrainer sans
ranger son arme.
Lilka. C’était le prénom de la fillette. Alors qu’ils
traversaient la brume, Lilka avait retiré le casque de
Wladek. Celui-ci se cru soudainement étouffé mais
quelques secondes plus tard, il sentit l’oxygène
emplir ses poumons. Derrière la brume, l’air ne
semblait plus contaminé. Si Lilka n’était pas morte
intoxiquée comme les autres humains d’Europe,
c’est que dans ce coin reculé de Pologne, le rideau
de brume c’était arrêté. La fillette n’était pas la
seule à avoir survécu. En se réveillant, elle c’était
retrouvée dans le dernier endroit vivant de toute
l’Europe. Les combinaisons blanches avec une
empreinte rouge permettaient de se reconnaitre
entre eux.
Wladek ne se rendait pas compte sur quoi il était
tombé. Il ne savait pas si Monsieur avait su ce qu’il
trouverait dans cette zone. Etait-ce ça sa mission ? Il
ne savait pas mais en tout cas, il venait de découvrir
la dernière forme de vie en Europe. Et après la
destruction de la terre, si la vie existait toujours sur
le continent, il était prêt à tout pour la protéger. Et
dans ce monde apocalyptique qu’était devenue la
planète, la vie était obligée de recommencer et les
humains devaient à tout prix reprendre leur droit
sur l’humanité après le drame de Paris.
- Jil - 2012
Wladek resta alors parfaitement immobile auprès
du détecteur de mouvement. Il bougea lentement la
tête de droite à gauche, cherchant dans la brume
une trace humaine. Il n’entendait rien. Pas un bruit.
Pas un son. Pourtant, il remarqua dans le brouillard
un léger mouvement, puis une tâche de couleur.
Rouge apparemment. Wladek se saisit alors de son
arme, accrochée à sa ceinture. Il attendit.
La tâche de couleur grossit alors étrangement. Puis,
se fut des yeux puis un visage apparut, sortant de la
brume. Vu la taille de cette personne sortit de nulle
part, ce ne pouvait être qu’un enfant. En
l’occurrence, une fillette. Wladek ne put s’en rendre
compte que lorsque celle-ci retira son casque. De
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
CONTRIBUTION DE DLUMINUS
[…] C’était à croire que, tout ce qui pouvait mal
tourné avait mal tourné. D’abord cette patrouille
qu’il avait semée de justesse, et maintenant cette
tuile qui lui tombait dessus.
Avec un convecteur dans cet état il pouvait dire
adieu à ce vieux coucou. Fin de service…et merci du
voyage. Son coéquipier, lui, était parti dans son
sommeil, figé à jamais dans son cercueil jaune. Pour
le lieutenant Kazhinski, la fin serait moins simple.
Le litre de vodka qu’il s’était envoyé après ne
changeait rien à sa situation. Il était coincé à Paris,
naufragé dans un enfer de brumes et de radiations.
Wladek évoluait laborieusement parmi les
décombres. Il s’évitait de penser que comme
l’Arkhangelsk, il pourrait bien lui aussi ne jamais
rentrer au port. Il serait porté disparu, un nom de
plus sur la liste de ceux parti pour la cause.
La cause, il lui avait déjà presque tout donné, et vu
l’état déplorable de son équipement, dans 15
heures tout au plus elle lui prendrait le reste.
Son seul espoir résidait dans l’idée de trouver entre
temps un objet rare, un qui lui vaudrait d’être lui
aussi récupéré. Plus qu’improbable. Tant bien
même, serait-il encore solvable ? Avec une
exposition aussi prolongé aux radiations, il était
bon pour passer sa vie en zone D. Et même s’il avait
les moyens de se payer un traitement de fond, un de
ceux qui ne vous laissent qu’à un tiers humain, il
savait pertinemment qu’il ne mettrait plus jamais
les pieds sur une station.
A chaque minute qui s’écoulait, il appartenait un
peu plus à ce monde froid et impalpable.
La brume était opaque, Kazhinski n’y voyait pas à
deux mètres. Seule l’utilisation abusive du radar de
son scaphandre et son détecteur de métaux lui
permettait de ne pas tourner en rond ou de
s’effondrer à chaque pas.
Cela faisait plusieurs heures maintenant qu’il
déambulait dans son costume rouillé. En dépit de la
chaleur dans laquelle il était enferré, il sentait son
corps parcouru par des frissons glacés. Devant lui
s’étendait un mur blanc sans fin, un univers de
néant et d’oubli. Kazhinski savait que rien n’avait
survécu ni ne survivrait aux radiations. Pas la
moindre bactérie, même un demi-siècle plus tard.
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Il n’avait décidemment pas besoin de se remémorer
en détail toutes ces foutaises de propagande
mystique pour se sentir mal à l’aise. Perdu au cœur
de cette ville, sans visibilité aucune, il se sentait
prêt à croire en chacun des podcasts de l’Archoéveché. Comment disait-il ? La main de dieu ? Il
n’était effectivement pas difficile, dans sa situation,
de penser que le Saint père avait passé un coup de
gomme définitif sur un monde qu’il ne trouvait pas
à son goût. Si c’était le cas, Dieu avait bel et bien fait
l’homme à son image ; égocentrique et destructeur.
Comme tant de récupérateur, Kazhinski savait tout
de l’effroyable spectacle que cachait la brume. C’est
de ne pouvoir que l’imaginer qui lui glaçait le sang.
Le lieutenant préférait faire face à l’abime, à la
désolation. Il préférait ne pas quitter des yeux ce
lieu maudit qu’était devenu la Terre.
Une série de bips consécutifs l’arracha brutalement
à ses pensées. Les indicateurs de sa combinaison
était entré bruyamment dans le rouge pour ne plus
en descendre. Kazhinski espérait atteindre le
Louvre avant la nuit. Il devait se rendre à l’évidence,
elle était déjà là. Le taux de radiation ne tarderait
pas à devenir insurmontable et progresser à la
surface, suicidaire. Il devait se trouver un abri au
plus vite.
Une couleur bleu grise envahit la brume dans un
grésillement électrique. Avant d’avoir pu réagir
Kazhinski fut plaqué violement sur le sol, entrainé
par le poids de son scaphandre. Son souffle en fut
coupé pendant plusieurs secondes. Durant ce court
instant, il entendit s’amplifier un grondement
d’explosions hachurées. La brume disparue, de
lourdes masses commencèrent à s’abattre
silencieusement autour de lui. Leurs impacts
propageaient des vagues de débris hétéroclites. Et
ce fut le chaos. La cacophonie lui percuta
brutalement les tympans. Il allait être pulvérisé.
Des morceaux de ferrailles et des pans entiers de
bâtiments lui tombaient dessus. La nuit venait de
reprendre ses droits.
Il ouvrit son scaphandre avec rage, en arracha une
torche électrique et s’élança droit devant lui. Le
grand bâtiment qui se dessinait devait faire l’affaire.
Dans sa course, il sentit une pluie de gravier
percuter son casque.
Il franchit de justesse la porte du musée. Cette
accalmie soudaine laissa au lieutenant le temps de
transformer une respiration bruyante en une féroce
quinte de toux. Il en résultat de petites
constellations écarlates sur la vitre translucide de
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
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son casque. C’est en les observant qu’il se sentit
perdre pied.
Lorsqu’il reprit conscience, la fatigue et la migraine
était prêtes à l’accueillir. Il ouvrit douloureusement
les yeux. Une terreur sans mesure le transperça. A
quelques centimètres de lui, le visage d’une petite
fille fixait sur lui ses yeux emplit de démence. Elle
demeurait immobile devant lui, la bouche
entrouverte. Son corps et ses vêtements était
composé de diverses teintes de gris sale.
Une « gueule de ciment ». C’était la première fois
qu’il en voyait une aussi …complète. Ses traits si
fins, sa forme si constante qu’on pu la croire réelle.
A l’accoutumé, les « gueules de ciments » était
plutôt de faites de vague formes humanoïdes. De
temps à autre, il arrivait que quelqu’un trouve une
main ou un morceau de leur vêtement plus précis,
mieux composé. Mais jamais rien de pareil ne lui
avait été rapporté. Cette petite sculpture avait
presque l’air de l’interpeller.
Il ne s’agissait pourtant que d’un résidu, un simple
souvenir de ce qui avait été effacé. Pas plus de vie
dans cet amas de poussière que dans un pass
biométrique. Comme pour s’en assurer, Wladek
tendit sa main tremblante vers le visage de l’enfant.
A son contact, les particules se dispersèrent dans la
pénombre.
Kazhinski se releva péniblement et balaya le
faisceau de sa torche autour de lui. Il vit un
enchevêtrement de fer et de bois. Un nouvel univers
de solitude. Son regard s’arrêta sur une pancarte
colorée. Elle portait l’inscription “Mars - décembre
2057 : Grande Retrospective Hendrix”.
“There must be some kind of way out of here, said the
joker to the thief” - Jimi Hendrix, All along the
watchtower (Electric Ladyland, 1968)
- Dluminus - 2012
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
CONTRIBUTION DE COGBICHE
Le vaisseau de Wladek Kazhinski filait maintenant à
vive allure. Il n’était plus question de perdre une
minute. Les batteries du sommeilles étaient plus
que rechargées avec cette nuitée en œuf Kinder
permettant un repos optimum.
Wladek et son coéquipier Boris avaient surnommé
ainsi leurs lits sarcophages du fait de leur couleur
qui rappelait la petite capsule de plastique.
L’entreprise fabriquant ces sucreries de luxe
détenait maintenant bien plus que le monopole du
cacao et de la noisette. Les petites friandises étaient
au fil des années devenu des produits hors de prix
dignes des parfums les plus cher de l’an 2000 et des
quelques dizaines d’années qui succédèrent à cette
date. Au fur et à mesure l’entreprise s’était imposée
et on ne sait trop comment avait multiplié ses
activités tout en gardant son cœur de métier
comme vitrine glamour aux yeux des populations.
Le point de départ de cette extension fulgurante se
situait dans les crises sociaux-économiques à
répétition qui ont bercées la période chaotique des
années 2040. On ne sait trop comment l’entreprise
s’était alors développée pour imprégner puis
finalement maitriser tous les secteurs clés.
Quelques temps plus tard les événements de 2057
commençaient. Depuis les dominos ne cessaient de
tomber les uns sur les autres et aujourd’hui Wladek
et Boris étaient l’un d’eux. Le nom de code de la
mission « Kinder Surprise » était encore une
trouvaille stupide de Boris. Comme le surnom
l’indique, le but était de surprendre kinder avec une
attaque surprise. Wlad et Boris devaient réussir à
affaiblir la puissance de L’armée Ferrero pour que
la coalition de la résistance puisse lancer une
attaque d’envergure. Wladek secoua la tête comme
pour se réveiller de nouveau et quitta cette pensée
au chocolat pour revenir au présent qui l’entourait
alors.
« - Rien de spécial à signaler Bobo ? »
Bobo était le surnom de Boris. Tout simplement
parce qu’il ne tolérait pas les petites blessures,
qu’ils pouvaient en revanche en faire beaucoup à
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l’ennemi, que c’était le diminutif de Boris et que s’il
en était bien loin maintenant, ses provenances
ancestrales étaient celles de la Bourgeoisie. Aussi,
tout le monde côtoyant Boris finissait par adopter
cette appellation un jour ou l’autre.
« - Rien de rien Wlad ! Un vol lisse comme la peau
du cul d’une pucelle !
- Ha ha vieux bougre ! Ou vas-tu cherché ce
vocabulaire salace!? Si la direction t’entendait !
- Tu sais ce que je lui fais à la direction ?
- Tu l’encules… coupa
résignation et dépit. »
Wlad
entre
soupir,
Wlad aimait la compagnie de Boris. Une amitié
s’était créée au fil des heures de missions partagées.
Si ce dernier lui avait fait découvrir la joie du Rock
n’roll d’une autre époque, il n’avait jamais pu
s’habituer complètement au côté rustre de son
camarade. Wlad venait directement de l’élite
militaire ayant des manières et un vocable à la
hauteur de sa formation intellectuelle.
* * * ZAP ZAP * * *
« - Putain Pierre qu’est-ce que tu fou !? Pourquoi tu
zap !? s’écria Luc
- Euh déjà tu me parles meilleur, ce soir c’est foot !
Lazio – Roma !! Le match de l’année pour tout
romain qui se respecte !!
- De 1 tu ne m’as jamais prévenu, de 2 le foot c’est
de la merde, de 3 tu m’as pas prévenu. De 4 tu me
fais chier à répondre avec tes citations de Brice de
Nice… de 5 tu ne m’as pas prévenu ! Et pour finir je
ne suis pas italien, file la zapette je suis en train de
tout rater !
- Et bah moi je le suis. C’est Lazio-Roma mon pote et
je te signale que de 1+3+5 fond 9, si t’avais regardé
le frigo tu aurais vu le postit que j’ai déposé il y a au
moins une heure et en plus tu peux regarder ton
film dans ta chambre. Moi j’ai besoin du décodeur !
»
Enervé et poussant un soupir Luc se leva, parti dans
sa chambre pour regarder la fin de son film sur son
PC et se jura de changer de colocataire au plus vite.
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Il s’avait pourtant qu’il ne le ferait pas. Que malgré
les désaccords et engueulades perpétuelles les soirs
de matchs son amitié avec Pierre dépassait cela. Il
se dit qu’il lui en toucherait tout de même un mot le
lendemain matin et le fit :
« - Franchement Pierre t’as abusé hier ! Tu ne
pouvais pas mettre ton post-it plus d’une heure
avant le début du match ? Ou au moins me
demander normalement la télé plutôt que couper
mon film comme un mal propre ?!
- Si tu voulais te bercer dans un bon scénario de
science-fiction tu aurais mieux fait de lire le manga
20th century Boys. Il était tout pourri ton film.
C’était un remake raté entre l’armée des 12 singes
matrix et la planète des singes ! Trop ringard et
cliché ton monde post-apocalyptique avec le rock
subversif et des noms qui viennent de l’est. C’était
welcome au pays des clichés ton truc ! rétorqua
Pierre d’un air détaché en cherchant le paquet de
céréale en haut du placard.
- Rester calme. Impérativement rester calme pensa
Luc : Toujours mieux que tes gugusses qui tapent
dans un ballon… et à propos de singe, tu te défends
dans le domaine quand tu bascules en mode
supporters.
* * * ZAP ZAP * * *
Alors que Wlad était posté devant son petit écran il
sursauta
« - Qu’est-ce que tu fou devant ton écran au lieu de
surveiller les alentours l’interrompit Boris? Encore
en train de regarder tes conneries de séries des
années 1990 ? La voix grave était calme mais en
colère et contenait un peu de mépris. Après une
courte pause elle reprit et Wlad n’entendait
désormais plus du tout Pierre et Luc.
T’es vraiment pas sérieux. Le jour où tu as piraté les
bases de données des chaines de télévisions
historiques, tu aurais mieux fait de copier les
pornos plutôt que ces mièvreries. Au faite… tu sais
ce que je leur fait moi aux séries des années 1990 ?
Ajouta Bobo
- Ouai ouai je sais ouai… Mais je t’ai déjà dit que ça
me permettait d’étudier cette époque dont aucune
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information ne filtre depuis la toute-puissance de
Ferrero. Puis c’est pas pour autant que je fais pas le
boulot donc t’es pas obligé de me traiter comme un
mal propre…
- Tu ferais mieux de lire des livres ! C’est tout pourri
ces séries. C’est des remakes ratés de situations ou
d’échanges sociaux censés divertir les populaces
aliénés. Pour ce que j’ai lu sur cette époque dans la
presse de la contrebande : Ils sont trop ringards les
personnages de ta série… et je ne parle pas de leurs
échanges et des situations qui se succèdent sur un
soi-disant ton de comédie. C’est welcome au pays
des clichés ton truc ! »
***FSSCHHH***
Alors que la page était en train d’être tournée, une
voix sortie Emilie de sa lecture.
« - qu’est-ce que tu lis ma chérie ? S’enquit sa mère.
-Un essai. Un texte qui tente de démontrer que les
trames des histoires, films, récits sont toujours les
mêmes. Qu’il n’y a que l’habillage qui change mais
que dans le fond ce sont toujours les mêmes
schémas qui se répètent.
- Et c’est bien ? Ça te plait ?
- Bah… disons qu’en plus du fait que le sujet soit
déjà traité à outrance, pour l’instant le texte bascule
entre 2 histoires : une soi-disant science-fiction,
une scénette de vie de colocataire plus
qu’inintéressante… Je sais pas comment ça va se
terminer mais j’imagine bien le truc qui passe par
une discussion entre les 2 membres d’une famille
qui s’interrogent autour de ça, reproduisant alors
eux même un schéma relationnel classique…et une
boucle qui se referme sur le lecteur. Je ne sais pas
qui a écrit ce torchon mais les lecteurs sont
vraiment considérés comme des malpropres prêts à
ingurgiter n’importe quoi.
- Tu n’es pas un peu sévère mon cœur ?
- Quitte à lire une histoire à emboitement j’aurai
mieux fait de relire « Si par une nuit d'hiver un
voyageur » d’Italo Calvino. Des fois je me demande
si je ne ferai pas mieux de regarder la télé ! Il est un
peu tout pourri ce texte. C’est un remake raté de ce
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qu’on peut faire en critique, manuel, ou information
littéraire. Trop ringard les différentes histoires qui
reprennent le même schéma pour arriver à une
démonstration. C’est welcome au pays des clichés
ce truc ! C’est le genre d’écrit que j’imagine bien
dans un concours de lecture sur un blog ! »
- Cogbiche - 2012
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CONTRIBUTION D’INVICTUS
La carcasse de l’Arkhangelsk glissa entre deux tours
noircies par les cendres et le temps, maintenu à une
altitude inconnue mais stable Dieu seul sait
comment. Wladek balaya le tableau de bord du
regard : quelques voyants clignotants, la grande
majorité d’entre eux hors service, et aucune alarme
lancinante. Aucun problème, en somme. Enfin, pour
l’instant. Le mercenaire immobilisa la carasse du
vaisseau à une quinzaine de mètres du « sol »,
activa les stabilisateurs et coupa tout les systèmes
secondaires et principaux qu’il put. Nul patrouilleur
ne devait savoir qu’un désosseur, clandestin qui
plus est, s’était aventuré dans cette zone très
sensible de la vielle métropole. Hâte et discrétion
seraient les clés de la réussite de cette mission
toute particulière, et y manquer aurait des
conséquences pour le moins regrettables.
Wladek quitta le fauteuil du pilote et se rendit à
l’armoire qui contenait ses effets personnels, située
directement à côté des sarcophages de sommeil, et
l’ouvrit pour se préparer à quitter la relative
sécurité du navire. Masque à gaz, balise de détresse,
pistolet de contrebande. Un équipement
indispensable à toute expédition en « zone morte »,
bien que personne ne suivrait un SOS ici et que son
arme ne pourrait assurément pas lui sauver la vie
s’il venait à s’en servir. Néanmoins, sentir sa froide
présence contre sa hanche le rassurait quelque peu.
Quelques paroles, peut-être les dernières qu’il lui
adresserait, lui virent spontanément alors qu’il
observait le visage serein et endormi de son copilote.
« A la prochaine, Libovski. Tâche de ne pas te
perdre sur le retour. On s’reverra sur la face cachée
de la lune. »
Le sas extérieur, d’ordinaire plus capricieux,
s’ouvrit de lui-même sur la lumière pâle et
aveuglante de Paris. Un vent sec s’engouffra à
l’intérieur de la soute, faisant voler quelques bâches
de manière sporadique, avant que Wladek ne gagne
le plancher moisi et incertain du vieil hôtel qui se
dressait face à lui et ne referme l’accès au ventre du
monstre d’acier. Le bois pourri craquait sous son
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poids, si bien que de larges fissures ne tardèrent
pas à apparaître à sa surface. Le reste de la suite
n’avait pas meilleure allure. Le baldaquin n’était
plus que l’ombre de lui-même, le mobilier guère
mieux qu’un tas de débris, et le tout sous une
épaisse couche de poussière. Les piètres restes
d’une bourgeoisie typiquement française et
décadente qui aimait à fréquenter les chambres
d’hôtel bien plus souvent que la résidence
conjugale. Le vieux briscard s’autorisa un sourire à
ce souvenir des temps passés, purement triviaux
face aux problématiques actuelles.
Les marches des escaliers autrefois luxueux
manquèrent de se disloquer à mesure qu’il
progressait jusqu’au rez de chaussé. Tenter de faire
fonctionner l’ascenseur aurait été utopique, et
Wladek n’aurait pas le temps de tenter des
réparations de fortune pour se faciliter la vie. Plus
que 47 petites heures. Marche ou crève. La
réception, autrefois pleine de faste et de vie, faisait
pâle figure à présent. A y réfléchir, l’Humanité toute
entière faisait pâle figure depuis cette nuit de
Décembre. Ses premiers pas depuis plusieurs
années sur l’asphalte brisé du sol parisien lui
permirent de constater à loisir le vide qui
emplissait les lieux. C’en était presque… oppressant.
Sur le qui-vive, Wladek repris sa marche solitaire
au travers des rues et avenues balayées par le
froids. Quelque part, l’écrasant silence qui
l’entourait lui donnait l’impression d’être suivi,
observé, traqué. Peut-être n’était-ce pas seulement
une impression d’ailleurs. La prochaine station de
métro n’était qu’à quelques dizaines de minutes, et
la nuit tomberait bientôt… Des goûtes de sueur
froide commencèrent à perler le long de son échine.
Bientôt, l’obscurité enveloppante des souterrains
l’accueilli en son sein, rassurante et familière
comme celle de l’espace. Néanmoins, elle servait
également de terreau fertile à l’angoisse. Le faible
écho que produit la chute d’une goute d’eau le fit
sursauter, accélérant instantanément son rythme
cardiaque au-delà du raisonnable. La main sur son
arme, Wladek enjamba une barricade de fortune,
construite autours de gravats et de barres de fonte,
pour s’enfoncer plus profondément dans l’antique
réseau du métro parisien. La faible lumière de sa
lampe torche n’éclairait pas assez pour chasser de
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CONCOURS D’ECRITURE DE NOUVELLE ANNEE
son esprit les images d’abominations guettant le
moindre de ses faux pas pour le dévorer, ni les
visages de tout ceux qui auraient pu disparaître ici
pendant le Drame.
Un SDF couché sur son banc, à quelques mètres de
là, peut-être déjà mort. Une enfant plus loin, tombée
sur les rails à la première secousse, ainsi que le cri
déchirant de sa mère qui retentissait encore entre
ces pierres avec une force et une présence
surnaturelle. Se souvenir de dizaines de
témoignages
était
chose
aisée,
même
involontairement, et résister à leur influence
invasive et persistante n’était malheureusement
pas aussi simple. Il en était presque sûr à présent,
quelque chose le suivait. Des fantômes...
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vieux briquet et une des dernières cigarettes qui
trainaient dans les poches de son trench en cuir.
Quelques étincelles, une flamme tremblotante, la
nicotine. Et en face de lui, à quelques dizaines de
centimètres, la réponse à la grande question que se
posait Monsieur.
- Invictus - 2012
Les plans à sa disposition se révélaient assez
imprécis, d’autant que le marquage des stations et
tunnels n’était plus aussi lisible qu’avant. Une
impasse, puis une autre, puis les toilettes. La
conviction de plus en plus forte de s’être perdu
dans ces galeries labyrinthiques et inquiétantes. Le
mercenaire tenta une nouvelle fois de se repérer
sur la carte tridimensionnelle affichée sur l’écran de
son datapad, sans succès. Comme s’il ne s’y était pas
attendu. La mission était pourtant simple, qu’on lui
avait dit, élémentaire même. Esquiver les
patrouilles, descendre sous Paris, récupérer les
fichiers de la vidéosurveillance, et tout ça avant le
dynamitage du quartier. Histoire de connaître enfin
la vraie nature du Drame. Les extraterrestres et
leur virus alien ? Un patient-zéro porteur de la plus
grande peste qu’ait connue l’Humanité ? Dieu,
peut-être ?
Mouais. Qui s’en souciait à part le gouvernement,
censurant à outrance, et ses opposants en quête
d’une vérité libératrice ?
Une petite pause
s’imposait. Wladek s’assieds sur une pile de béton
meurtri, soupirant, et décapsula le bouchon de sa
flasque de vodka. Rien de meilleur pour se
remonter le moral, à part peut-être un bon cigare
ou une fille de la Nouvelle Amsterdam.
La lueur projetée par la lampe-torche vacilla
brusquement, puis disparu corps et bien pour
laisser place aux ténèbres les plus profondes et à un
calme parfait. A tâtons, le polonais retrouva son
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