Ados et prise de risque Que faire

Transcription

Ados et prise de risque Que faire
Ados et prise de risque
Que faire ? !
• Dr. Jean‐Pascal Assailly
• IFSTTAR
Titres
L’âge
15/24 ans : 15% de la population, 25% des tués et
33% des blessés graves
Partout et depuis toujours et quoiqu’on fasse!
Coût de chaque tué : 1.7 million d’euros
Articulation de l’universel et du spécifique (ex :
moto plus importante au Vietnam qu’en France, en
France qu’au Québec; mais les mécanismes des
comportements dangereux sont les mêmes)
L’agenda neurobiologique entre le limbique et le
préfrontal (des « pré‐ados » aux Tanguy !): le
décalage séculaire et la précocité des troubles
L’agenda neurobiologique
• La présence des pairs (et des passagers) augmente la prise
de risque chez les ados mais non pas chez les adultes
• Cette présence stimule les aires du système de récompense (striatum ventral et cortex orbitofrontal )
• Expériences de prise de décision sur simulateur avec imagerie cérébrale, seul ou observé par des pairs
• Par contre, les activités des aires du contrôle cognitif des décisions ne varient pas en fonction du contexte social
• Donc, la présence des pairs (et des passagers) augmente la prise de risque chez les ados en augmentant la sensibilité
aux récompenses potentielles des prises de risque.
• Conséquences de l’agenda: valeur prédictive des pubertés
précoces et des âges d’initiation
Titres Différences hommes/femmes
Sex ratio des tués : 75/25 sur les 15/19 ans, 80/20
sur les 20‐30 ans
Lien sexe gravité : 50/50 sur les blessés légers
(différents types d’accidents : erreur/infraction;
respect des règles)
3
causes
:
biologique,
psychologique,
anthropologique
Rattrapage plus fort en Australie ou au Québec
qu’en France (titulaires du permis, exposition,
infractions)?
l’adhésion aux stéréotypes de sexe, la traduction
sur le rapport à la règle et l’agenda du féminisme
Le caractère systémique de l’insécurité routière
Entre 1970 et 2010:
France : de 16 000 à 4000, jeunes de 4000 à 1000
Québec : de 2000 à 500
Angleterre (un quart des tués, deux fois moins pour
autant de jeunes)
Les jeunes ont autant progressé que les adultes,
sinon plus !
Dans les deux cas : le nombre de voitures et le
nombre de titulaires du permis a doublé
Mieux que le tabac ou le suicide !
4 dimensions du comportement
(Assailly, 2013)
Qu’y‐a‐t‐il derrière le comportement du jeune ?
Sur quoi se fonde l’adaptation ?
• Le rapport au risque ? (vitesse choisie, alcool?)
• Le rapport à la calibration de la tâche ? (la distraction, la vigilance)
• Le rapport à la règle ? (les théories de la transgression et de la déviance: contrôle social, opportunités, tension, anomie, sous‐cultures)
• Le rapport à autrui ? (influence de la relation mère/enfant, citoyenneté)
• Tableaux à double entrées ?
Les déterminants de la prise de risque
•
Prise de risque (coûts/bénéfices)
•
Contrôle
• Perception du risque(biais, méconnaissances)
Acceptation du risque
(affirmation de soi)
Une conclusion proustienne …
• Au cœur de la prise de risque, la régulation émotionnelle
• la recherche de l’émotion perdue …
• L’articulation entre deux histoires …
Une histoire biologique: no stress, no fear!
• La résistance aux effets de la sensation (Schuckit); fils de père dépendants; interactions génotype/environnement
• Les bases neuropsychologiques de l’infraction alcool au volant et de son récidivisme (Brown): le « somatic
marker framework »: dysfonctionnement des fonctions exécutives (inhibition, flexibilité, attention, mémoire, etc), de l’auto‐régulation, altérations frontales, hyperactivité de l’amygdale, hypoactivité de l’hippocampe, axe de réponse au stress HPA (hypothalamus/hypophyse/glandes surrénales) du cortisol, décisions impulsives, persistent même après la sobriété
Une histoire affective
• Assailly : conséquences à long terme des insécurisations affectives de la petite enfance et des attachements anxieux parent/enfant: • Alexithymie
• Fuite de soi
• Remplacement de l’émotion par la sensation
• Recherche de sensations intenses
La matrice GDE
Promesses et obstacles …
Le modèle hiérarchique : deux aspects
essentiels
-la performance (ce que le conducteur
est capable de faire)
-la motivation (ce que le conducteur
veut bien faire)
La matrice GDE (OEU en français !)
Savoirs et savoir-faire
Pressions sociétales,
économiques
Objectifs existentiels
et contrôle de soi
Objectifs de
la conduite
Compréhension des
scenarii routiers
Maîtrise des
manoeuvres
Facteurs de risque
Autoévaluation
Quelles implications pour la formation?
Objectif pédagogique Compétence
du formateur
Examen Méthode, technique
Connaissances non acquises au sein de la matrice
•
•
•
•
Distances de sécurité
Courbe d’alcoolémie
Effets des produits
Détectabilité comportementale
Que faire ?
• L’âge et l’inexpérience : que peut la formation ?
• La réponse nord‐américaine aux effets de l’âge et
de l’inexpérience : le GDL ou l’accès progressif
• Bénéfices indéniables car ils jouent sur les
facteurs de risque, mais ne réduisent pas le
surrisque des 15/25 ans ; de plus, jusqu’à
quand car usure de la mesure, limite
d’acceptabilité sociale, immaturité biologique du
cerveau jusqu’à 22/23 ans
LA CONDUITE ACCOMPAGNEE
• 30% de diffusion en France seulement
• Favorise l’obtention du permis: 72%/50%
• Pas d’effet sur accident en France (sauf étude de la MACIF), pourrait ne décaler que le pic, effet en Suède
• Correspond à l’hypothèse du volume et de la supervision
Innovations récentes dans le champ de la prévention
• Le programme hollandais “Alcoholvrij op weg” (“sans alcool sur la route”)
• Expérience de la conduite en état d’alcoolisation sur circuit avec feedback des instructeurs et discussion de groupe sur la performance (nous sommes bien dans la 3ème colonne de la matrice GDE)
• Depuis 10 ans, 1200 jeunes conducteurs ont participé
• Evaluation (Brookhuis, Université de Groningen, 2011)
• Compare 415 participants à 450 témoins. Effets positifs sur les infractions alcool
Innovations récentes dans le champ de la prévention
• Les « lunettes d’alcoolémie » : évaluation positive sur attitudes
• Les programmes de renforcement des compétences de vie (« life‐skills ») : projet ESPACE à Poitiers
Innovations récentes dans le champ de la prévention
• Le marketing des normes sociales pour lutter contre les « faux consensus » (diffuser les statistiques sur les distributions des comportements, ivresses, etc, afin de corriger les erreurs des perceptions)
• Les actions communautaires (synergie et coordination sur un même territoire des divers secteurs, pose le problème de l’intersectorialité)
Innovations récentes dans le champ de la prévention
• L’analyse des programmes en milieu scolaire ayant été évalués et ayant produit des résultats positifs (ex. : The You Hold the Key (YHTK) Teen Driving Countermeasure du Hamilton County General Health District à Cincinnati, Ohio pour les 15–19 ans sur 10 semaines)
• Projet PERLE de l’IFSTTAR
Innovations récentes dans le champ de la prévention
• Le e‐learning, les programmes sur internet
• Le projet australien Climate Schools évalué positivement
• Le projet anglais Young Driver Scheme (YDS) dans la Thames Valley Police district: conducteurs infractionnistes de moins de 25 ans, package de e‐learning en 5 modules; effets positifs sur les accidents et les infractions, comparés à un groupe contrôle
Innovations récentes dans le champ de la prévention
• Les workshops pour les 17/18 ans du the
Loewenstein Hospital’s Rehabilitation Center’s
en Israël, basés sur l’expérience émotionnelle
• Rencontre avec un jeune handicapé, avec des
parents de jeunes handicapés, activités avec
un membre attaché
• Efficace sur lycées pro, pas sur généraux, sur
ceux qui ont déjà le permis
Les campagnes
• Les campagnes media : la question du ton, hard ou soft, modèle des réponses parallèles étendues, nécessité de revenir vers le cognitif et le pratique après avoir éveillé l’affect
Pour en savoir plus …
• Assailly, J.P. (2007). Jeunes en danger, Ed. Imago
• Assailly, J.P. (2011). La psychologie du risque, Ed. Lavoisier
• Assailly, J.P. (2013). The psychology of risk‐
taking, Ed. Nova Science.