REUNION NATIONALE DES SYNDICATS DES
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REUNION NATIONALE DES SYNDICATS DES
Fédération des personnels des services publics et des services de santé FORCE OUVRIERE 153-155 rue de Rome 75017 PARIS 01 44 01 06 00 - [email protected] UNION NATIONALE FORCE OUVRIERE DES PERSONNELS DES SERVICES DES DEPARTEMENTS ET DES REGIONS REUNION NATIONALE DES SYNDICATS DES PERSONNELS DES DEPARTEMENTS ET DES REGIONS DU 15 OCTOBRE 2014 A PARIS Le 15 octobre 2014 se sont rassemblés à Paris, au siège de la fédération des personnels des services publics et des services de santé, pas moins de 80 syndicats Force Ouvrière des départements et des régions. Ils ont pu écouter de nombreux intervenants et apporter leurs témoignages sur les situations que vivent les 450.000 agents de leurs collectivités. Présidée par Alex Deluge, secrétaire général de l’union nationale des personnels des services des départements et des régions, le rassemblement national s’est déroulé en présence de Didier Bernus (secrétaire général de la fédération des personnels des services publics et des services de santé), Yves Kottelat (secrétaire général adjoint de la fédération et secrétaire de la branche des services publics, Johann Laurency et Didier Pirot, secrétaires fédéraux permanents. Claude Simoneau (membre du bureau national de la fédération générale des fonctionnaires, représentant les syndicats de la Fonction Publique de l’Etat), Pascal Pavageau (secrétaire confédéral, chargé du secteur économique). Chacun d’entre-deux a pris la parole pour rappeler le déroulement complexe de la définition et de la mise en œuvre de la politique gouvernementale et parlementaire, de la réforme territoriale. Au cours de ce rassemblement, s’est tenue une conférence de presse qui a permis aux camarades des départements et des régions d’apporter directement leurs témoignages sur les conséquences de la réforme territoriale. La programmation par les exécutifs locaux de la mise en œuvre de la réforme a été présentée par des exemples concrets (LOCALTIS, FO HEBDO, LA GAZETTE…) 1 REFORME TERRITORIALE : RAPPEL Le premier volet de la réforme territoriale a été voté par les députés le 23 juillet 2014, ramenant à 13 le nombre de régions, avec un droit d’option offert aux départements qui pourront demander à être rattachés à une région différente. Ce projet de loi repartira à l’automne au Sénat, qui l’avait vidé de sa substance en première lecture, avant de revenir à l’Assemblée Nationale. Les parlementaires doivent également débattre à l’automne du projet de loi sur les compétences. Dans le même temps, dix à douze communautés d’agglomérations ou urbaines deviendront des métropoles le 1er janvier 2015. Ainsi, le gouvernement entend privilégier deux échelons territoriaux : les régions et les intercommunalités. Ce projet de loi étoffe les compétences des collectivités conduisant à des transferts qui vont véritablement « dévitaliser » les conseils généraux, programmant ainsi leur fin ! Le regroupement des régions va entraîner une mutualisation des services, synonyme de suppressions de postes, de changement d’employeur pour des milliers d’agents, d’un changement de lieu de travail… Dans ce contexte, les agents des départements concernés ont de quoi être inquiets quant à leur avenir professionnel, d’autant plus qu’aucune mesure visant à garantir les droits collectifs n’est prévue. C’est peu dire qu’ils sont préoccupés par leur avenir. Les annonces, parfois contradictoires, conduisent à faire évoluer sans cesse la réforme, plongeant les agents dans l’incertitude voire l’angoisse, en ayant le sentiment d’être méprisés. Dans sa déclaration de politique générale à l’Assemblée Nationale, le 16 septembre 2014, le Premier ministre a annoncé que les élections départementales se dérouleront en mars 2015 et les régionales fin 2015. Il a également évoqué « trois cas de figure » pour l’avenir du département : les départements dotés d’une métropole, les départements dotés d’intercommunalités fortes avec l’apparition d’une fédération d’intercommunalités, les autres départements où le conseil départemental pourra perdurer avec des compétences simplifiées. 2 POSITION DE FORCE OUVRIERE FORCE OUVRIERE affirme continuellement son attachement à « la République une et indivisible ». Régulièrement, notre organisation a exprimé son opposition à l’acte III de la décentralisation et à la réforme territoriale parce qu’elles conduisent à la casse du pacte républicain, à une balkanisation de l’action publique, au désossage de la République, le tout, sur l’autel idéologique des politiques européennes dictées par les marchés financiers. Notre République, son pacte de liberté, d’égalité, de fraternité… et de laïcité, ne doivent pas se dissoudre dans le modèle européen des hyperrégions parce qu’il attaque le service public républicain, la Fonction Publique et l’ensemble des droits et garanties des salariés (statut général des fonctionnaires, code du travail, égalité de droits) sur tout le territoire national. FORCE OUVRIERE a condamné les annonces faites concernant le budget 2015 et les 21 milliards de coupes sombres supplémentaires sur le service public, les collectivités territoriales et la protection sociale, parce qu’elles accentuent les politiques d’austérité qui sont socialement, économiquement et démocratiquement suicidaires. FORCE OUVRIERE exige le retrait du pacte de responsabilité et appelle à la sauvegarde de la Fonction Publique, du statut des fonctionnaires, car ils sont les outils constitutifs de la République et incontournable du pacte républicain. Sur la réforme territoriale, La FSPS-FO titrait : « la fusion des régions : le grand barnum », de même sur le département et région, l’UNDR-FO parlait « la french démolition connexion ». L’union nationale des personnels des services des départements et des régions (UNDR-FO) CONDAMNE fermement ce projet de loi en cours de discussion parce qu’il n’a d’autre objectif que de donner des gages de bonne volonté à l’Union Européenne et aux marchés financiers. DENONCE l’aggravation des inégalités territoriales et le risque d’éclatement du territoire de la République que fait courir la création des futures baronnies régionales. REAFIRME son attachement indéfectible au service public républicain, garant de l’égalité de traitement des citoyens. EXIGE le maintien de tous les emplois et garanties collectives. 3 Prémices de la réforme territoriale dans les départements et les régions, éléments des échanges apportés Département 03 (Sylvie BONNIN CHAROUSSET) Au département de l’Allier le service public se détériore. Le transfert des compétences va accentuer la dégradation. Département 07 (Jean-Claude Escalier) L’exécutif du département de l’Ardèche considère que les syndicalistes Force Ouvrière sont trop « alarmistes » dans l’analyse de la réforme. Département 13 (Nicolas VALLI) Dans les Bouches-du-Rhône les agents sont inquiets des conséquences prévisibles de la réforme territoriale. Ces inquiétudes s’inscrivent dans un contexte économique et politique complexe, tant au plan national que local. La remise en cause du statut est une réalité. Le recrutement en contrat à durée indéterminée (CDI) pourrait bien devenir la règle. Les garanties sociales obtenues depuis de nombreuses années sont sérieusement menacées. Département 22 (Laurent Mateu) En Côtes-d'Armor, l’attitude du président du conseil général (Claudy Lebreton, PS), qui est aussi le président de l’Assemblée des départements de France (ADF), montre qu’il s’engage dans la réforme. Il minimise les « risques » pour les personnels. Département 31 (Véronique Laffargue) Les agents du département de Haute-Garonne sont très préoccupés par leur devenir. Ils ont le sentiment d’assister à un « ping-pong entre élus » qui consiste à défendre « leur pré-carré ». Les agents se sentent exclus d’un débat dans lequel il ne retrouve pas les motifs de leurs inquiétudes sur leurs droits et sur le service public. Il constate l’absence de dimension humaine dans ce projet de réforme. Département 34 (Hubert Fleury) Dans l’Hérault, le président du conseil général (André Vezinhet, PS), qui est contre cette réforme, annonce une baisse imposée par l’Etat de 50 millions d’euros en 3 ans et en conséquence la restitution de 50 postes par an. Département 60 (Pascale Bailly) Les agents du département de l’Oise sont inquiets des conséquences de la régionalisation (particulièrement dans les collègues). L’absence de calendrier précis des transferts renforce cette inquiétude. Département 63 (Patricia Chaussidon) Dans le Puy-de-Dôme, les mutualisations de personnels se mettent déjà en place notamment dans les collèges où des agents tournent sur plusieurs établissements. Les départs à la retraite ne sont pas remplacés. Quid de l’avenir des personnels sociaux et médico-sociaux ? Vers quelle collectivité vont-ils être transférés. Département 68 (Christophe Odermatt) Au département du Haut-Rhin, l’engagement de Force Ouvrière contre le référendum local pour la fusion du Haut-Rhin avec le Bas Rhin et la région Alsace a entraîné une hausse importante des adhésions. 4 Les agents sont particulièrement soucieux dans la remise en cause de leurs droits et garanties, face aux possibles changements d’implantation. Dans certains départements, les routes qui doivent être transférées aux régions ne sont déjà plus entretenues. Département 72 (Véronique Martinet) Le syndicat de la Sarthe attire l’attention sur la situation des assistants familiaux, agents des collectivités départementales « sans statut ». Département 75 (Bertrand Vincent) L’unité de la République est en cause dans ce projet de réforme ainsi que le service public et la Fonction Publique et le statut des fonctionnaires. Les agents du département de Paris sont très soucieux de leur avenir. Département 83 (Fabrice ROSA) Dans le Var, le président du conseil général (Horace Lanfranchi, UMP), réunit les syndicats tous les trimestres, le but est de rendre difficiles les transferts de compétences et de personnels. Il ne croit pas que la réforme se mette en place. Département 85 (Annie Brébion) Le conseil général de la Vendée a déploré une tentative de suicide et un suicide. Les conséquences de la réforme pèseront sur la question des risques psycho-sociaux. Elle attire l’attention sur la situation des assistants familiaux. Département 93 (Lila Hamed) En Seine-Saint-Denis, les suppressions de postes se multiplient dans les collèges. Région Centre (Josiane GRYNIA) La région Centre se prépare aux premières privatisations de la réforme dans les lycées. Est fait été des difficultés de l’action syndicaliste sur un territoire régional comprenant déjà six départements. Concernant le fonctionnement de l’organisation par rapport à un syndicat de dimension régionale, il souligne la ventilation des timbres par union départementale. Région Ile-de-France (Elie Zarka) Le problème des risques psycho-sociaux est à observer avec attention car les conséquences de la réforme territoriale pèseront sur un nombre important d’agents. Les instances paritaires, le CHS-CT en particulier, devront être saisies systématiquement. Région Martinique (Eugénie Liber) Encore une fois, les DOM sont les cobayes de toutes les réformes et, à la Martinique, nous sommes en plein dans la fusion région/département pour la collectivité unique. Il était question que ce soit fait en 2012 puis en 2014 et maintenant c’est annoncé pour 2015. Ne perdons pas de vue que cela ne dispense pas de l’organisation des élections professionnelles de décembre prochain, même s’il faudra recommencer quelques mois plus tard. Région Nord-Pas-de-Calais (Michel Tauvry) Le président du conseil régional (Daniel Percheron, PS) a un discours très alarmiste sur les conséquences de la réforme territoriale. A contrario, il a attitude très désinvolte à l’égard des agents. Un tract de la CFDT favorable à la remise en cause du « mille-feuilles » territoriale circule. 5 Région Rhône-Alpes (Yves Rono) Les agents ne mesurent toujours pas les prémices et les conséquences à venir de la réforme, malgré l’exemple de ce qui se passe au département du Rhône (transferts massifs à la métropole Lyonnaise). Le président du conseil régional (Jean-Jack Queyranne, PS) cherche à apaiser les esprits. INTERVENTION DE PASCAL PAVAGEAU Secrétaire confédéral, chargé du secteur économique et du suivi du projet de la réforme territoriale, Pascal Pavageau a largement commenté la position de la Confédération Force Ouvrière sur le « projet de réforme territoriale ». La position confédérale a toujours été définie et exprimée en étroite liaison avec la FSPS-FO et de ses instances constitutives (en particulier l’union nationale des personnels des services des départements et des régions). Eléments de l’intervention Projet touffu sans cohérence d’ensemble, nous sommes passés d’une loi cadre à deux grandes lois, puis nous repassons à trois textes de lois, sauf qu’en réalité cet acte III de la décentralisation comprendra beaucoup d’autres textes législatifs. Aujourd’hui l’ensemble est tout simplement incompréhensible et illisible. Le Président de la République a réalisé seul, en 48 heures d’arbitrages en catimini et donc sans concertation, un passage de 22 à 13 régions, s’appuyant sur les injonctions de la Commission Européenne pour justifier leur taille. Force Ouvrière dénonçait alors une organisation de la République en fédération de régions aux pouvoirs d’adaptations locales. L’autre décision majeure de cette contre-réforme est l’officialisation de la suppression des conseils généraux (ou départementaux). Cela conduira à un nouvel éloignement du service public républicain des usagers par transferts de missions aux grandes régions (très éloignés des usagers, les plus démunis seront particulièrement victime). Là encore le message est incohérent. Une autre contradiction a été soulignée : les conseils généraux (ou départementaux) en disparaissant pourraient voir certaines de leurs compétences confier à l’Etat. Une compétence actuellement de la responsabilité des conseils généraux sera transférée de façon différente d’un département à l’autre, soit à la région soit à la métropole ou à une autre intercommunalité. 6 En vertu de la constitution de la République française, le fameux « mille-feuilles » n’est constitué que de 4 feuilles : Etat, régions, départements, communes. Avec cette réforme, la puissance publique de la République passerait à 3 niveaux : Etat, régions, intercommunalités (dont les métropoles). Avec un Etat qui se veut de moins en moins présent alors qu’il représente en fait « la crème du mille-feuilles ». Le département n’aura plus d’exécutif politique en 2020 avec la suppression des conseils généraux, alors que le préfet de département est déjà, depuis 2010, placé sous l’autorité directe du préfet de région (il est déjà un sous-préfet de région). Cette réforme territoriale remet en cause l’indivisibilité républicaine, c’est-à-dire l’égalité de droit. CONCLUSION Les interventions des syndicats confortent l’analyse développée par FORCE OUVRIERE (union nationale, fédération, confédération). L’UNION NATIONALE DES PERSONNELS DES SERVICES DES DEPARTEMENTS ET DES REGIONS (UNDR-FO) REAFFIRME son attachement à la République une et indivisible et rappelle son opposition à l’acte III de décentralisation et à la réforme territoriale qui conduisent à une balkanisation de l’action publique et à un désossage de la République par la disparition des communes et des conseils généraux. La République ne doit pas se dissoudre dans le modèle européen des hyperrégions qui attaque le service public républicain, la Fonction Publique et l’ensemble des droits et garanties des salariés (statut général des fonctionnaires, code du travail, égalité de droits) sur tout le territoire national. LES SYNDICATS FORCE OUVRIERE DES DEPARTEMENTS ET REGIONS condamnent les annonces faites concernant le budget 2015 et les 21 millions de coupes sombres supplémentaires sur le service public républicain, les collectivités territoriales et la protection sociale. Ils constatent la réduction de la dotation globale de fonctionnement dans leurs collectivités et mesure déjà ses effets négatifs sur le service public local (de proximité). Ils dénoncent également le manque de préparation et de réflexion autour du projet de loi, les atermoiements du gouvernement, l’absence totale de prise en compte des agents publics, des usagers, du devenir du service public de proximité. Ils s’engagent à prendre toute disposition en vue de maintenir les postes et les services dans leurs collectivités et à mettre tout en œuvre pour que les agents conservent l’ensemble de leurs garanties et avantages acquis. Les dépenses de personnel ne doivent pas être considérées comme la principale variable d’ajustement. Ils se tiendront informés au plan local de l’évolution des situations et feront remonter, par le biais de l’union nationale des personnels des services des départements et des régions, des groupements départementaux et des régions fédérales, l’ensemble des problématiques rencontrées et des dispositions prises localement. Ils demandent qu’au plan national, des interventions soient réalisées auprès des sénateurs et des députés, des associations d’élus sur la base des retours de terrain des syndicats. Ils s’attacheront à mettre en avant les revendications et les positions de Force Ouvrière, afin d’affirmer le rôle de notre d’organisation syndicale libre et indépendante. Ils mandatent l’union nationale des personnels des services des départements et des régions et la fédération des personnels des services publics et des services de santé pour continuer de suivre et analyser les discussions liées à cette réforme territoriale et d’en informer rapidement tous les syndicats et structures fédérales. Les positions exprimées par Force Ouvrière doivent avantager les syndicats à l’occasion des élections professionnelles du 4 décembre 2014 afin de favoriser la progression de la présence de notre organisation syndicale dans les trois versants de la Fonction Publique. 7