I) Un espace mondial dominé par trois grands centres d`impulsion ..
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I) Un espace mondial dominé par trois grands centres d`impulsion ..
Géographie Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation La mondialisation, c'est d'abord un processus de mise en relation généralisée mais hiérarchisée des différentes parties du monde par l’économie marchande capitaliste. Conséquence de l’internationalisation de la production, des échanges et des entreprises, la mondialisation est le fruit d’un processus en trois temps historiques : -Les Grandes Découvertes portées par le capitalisme marchand à partir des XVIe-XVIIIe siècles -Les grands empires coloniaux de la période industrielle entre le XIXème et le milieu du XXème siècle -Le capitalisme financier depuis les années 1970. La crise amorcée en 2007 ouvre une période d’incertitudes. La mondialisation crée un système monde qui intègre ou marginalise, qui met en concurrence voire en rivalité les puissances cherchant à organiser l’espace mondial à leur profit. Ce processus est donc le fruit de nombreux acteurs, économiques ou politiques, privés ou publics qui a des conséquences sur tous les territoires de la planète, qu’ils soient centraux ou périphériques, terrestres ou maritimes, mais qui ne va pas sans questions ou débats sur ses vertus ou bien sur ses effets néfastes. Plan du cours (environ 9h) Partie 1, étude de cas : (environ 3h) la mondialisation à travers l’exemple du décolletage dans le film Ma mondialisation réalisé par Gilles Perret en 2006. Partie 2, généralisation : (environ 2h) - Les acteurs,et flux de la mondialisation est travaillée en inversé à la maison avec une fiche objectif (La partie « débat » sera abordée en ECJS sous forme de travaux de recherche par groupes suivies de présentations synthétiques et de discussions entre groupes) - Croquis sur « pôles et flux de la mondialisation » Partie 3 : (1 heure) Centres et périphéries, des territoires inégalement intégrés à la mondialisation (croquis) Partie 4 : (environ 2h) Les espaces maritimes, approche géostratégique Evaluation : Devoir sur table type bac (1) Travail en groupe sur la mondialisation acteurs et flux Partie 1 : Etude de cas La mondialisation à travers l’exemple du décolletage dans le film Ma mondialisation réalisé par Gilles Perret en 2006. Nous regardons le film en intégralité (1h25) Vous prenez des notes individuellement en vous servant des questions sur la fiche de travail distribuée Vous complétez le travail par des recherches personnelles Nous faisons le bilan en classe de cette étude sous forme de frise chronologique faisant ressortir : -les différentes échelles et les étapes de la mondialisation à travers le développement du décolletage dans et depuis la vallée de l’Arve, -Les acteurs et le contexte international dans lequel ce développement se déroule -Les débats qui naissent de l’inscription de l’activité dans un cadre mondial, sur les délocalisations et l’intervention de groupes financiers 1°) Localisez et situez l’entreprise de décolletage Bontaz et la vallée de l’Arve. En quoi bénéficie-t-elle d’une situation stratégique ? 2°) Quand ont été créées les entreprises actuelles de décolletage dans la vallée de l’Arve ? A quelle activité ont-elles définitivement succédé ? Pour quels grands groupes travaillent-elles ? Pourquoi parler de « sous-traitance » ? Vous pouvez trouver un complément sur l’histoire du décolletage dans la vallée sur cette page du site Haute-Savoie sous-traitance, développé par la CCI de la Haute Savoie. Reliefs et transports en Savoie et Haute Savoie d’après http://www.sabaudia.org/v2/carte/tr ansport.php 3°) Dans quels pays l’entreprise Bontaz a-t-elle investi ? Pourquoi a-t-elle choisi d’y investir ? Détaillez bien les deux cas. 4°) Relevez dans la dernière séquence la nationalité des groupes qui possèdent ces entreprises. Pourquoi investissent-ils dans les usines de la vallée de l’Arve ? En quoi peut-on dire que le fonctionnement de celles-ci est mondialisé. 5°) Selon ce film qui sont donc les acteurs, les pôles et les flux de la mondialisation ? 6°) Quels débats ce processus de mondialisation suscite-t-il dans la vallée de l’Arve d’après ce film ? 7°) En consultant le site du pôle de compétitivité Arve Industries crée en 2006 et devenu Mont Blanc Industries en juin 2014, recherchez qui sont les acteurs qui interviennent pour dynamiser et maintenir l’activité dans la vallée de l’Arve. Définition : sur un même territoire, un pôle de compétitivité est le regroupement et la mise en relation d’entreprises, d’établissements du supérieur, d’organismes de recherche publics ou privés, avec pour vocation d’élaborer ensemble des projets de développement économique pour l’innovation. Lancés en 2004 par l’Etat, ils peuvent bénéficier de subventions publiques. Partie 2 La mondialisation : acteurs, flux et débats 1°) Des acteurs privés, institutionnels ou illégaux A- Les FMN ou FTN, des acteurs centraux FMN (Firme multinationale) : composée d'une maison mère souvent basée dans les PID et d'une multitude de filiales crées ou rachetées à des concurrents, ce qui en fait de très grosses entreprises, dont la richesse est comparable à celle de certains Etats. FTN : firme transnationale, au moins 500 millions de chiffre d’affaires, dont 25 % au moins est réalisé à l’étranger Les 20 premières firmes transnationales en capitalisation Les seules FTN fournissent 25 % de la production mondiale. En y ajoutant les sous-traitants, on arrive à une très large part de l'éco mondiale qui est entre leurs mains 81 % des FTN sont basées dans des pays du Nord, mais le nombre de FTN du Sud progresse rapidement Leur action sur la mondialisation : IDE : soit dans les PID pour être présentes sur leurs marchés très solvables (les gens ont des sous !) et profiter de la main d'œuvre hautement qualifiée… Soit dans les PVD pour être présentes sur leurs marchés de consommation émergents (La Chine et l’Inde avec leurs 3 milliards d’habitants et leurs croissances du PIB à 2 chiffres sont un eldorado) … et surtout pour profiter de la main d'œuvre moins chère et des législations sociale et environnementale moins contraignantes Une action controversée Les + : stimulation par la concurrence et recherche du profit les oblige à investir et innover, elles sont porteuses d'une partie du progrès. Les - : peu d'états d'âme : les délocalisations entraînent du chômage, même si il ne faut pas exagérer ; dans les PVD, elles font pression sur les pouvoirs politiques pour que les salaires restent bas et la législation "souple" ; enfin elles utilisent les paradis fiscaux pour y domicilier une partie de leurs filiales et échapper partout aux impôts. B) La Conteneurisation, processus qui a dopé les flux mondialisé Port à conteneurs de Yangshan, installé sur une île artificielle au large de Shangai et relié au continent par un pont de 32 km dont 26 au dessus de la mer… Les quais s’étirent sur près de 6km. Les conteneurs sont des boîtes de dimension standardisée (ici, un des ports de New York) Les marchandises, des produits manufacturés, y sont rangées directement en usine et vidées à l’arrivée. Les transporteurs ne touchent pas la marchandise, ils ne font que manipuler la boîte, d’où un gain de temps considérable. Facilité de stockage, géré par des grues automatiques, pas besoin d’entrepôts Facilité de chargement, un conteneur est manipulé toutes les 40 secondes par chaque grue dans des ports souvent automatisés Transport peu coûteux sur des navires gigantesques… Le porte conteneur Emma Maersk, plus gros porte conteneur du monde de 2009 à 2012 avec 14500 evp : EVP = Equivalent Vingt Pieds, soit une boite de 6m de long environ. La plupart des conteneurs sont aujourd’hui des 40 pieds (12m)… Le CMA CGM Marco Polo, 1er 16000 evp au monde est entré en service le 5 novembre 2012. Il est le 1er d’une série de 3 navires que doit livrer le chantier naval de Daewoo situé à Okpo en Corée du sud. En 2012 il fait sa 1ere rotation entre l’Asie et l’Europe. On peut suivre son itinéraire et ceux de ses « sister ships » sur ce blog spécial publiée par la compagnie française CMA CGM Le CMA CGM Jules Verne à Marseille en juin 2013 : Il est le dernier d’une série de 3 navires livrés par le chantier naval de Daewoo situé à Okpo en Corée du sud. Long de 396m, large de 54m et d’une capacité de 16 000 EVP ce sont les plus gros porte conteneurs du monde, pour l’instant… … car l’armateur danois Maersk a mis en chantier des navires de 18 000 EVP. En 1999, mes cours d’université faisait référence à des 9000 EVP : la capacité des navires à doublé en moins de 20 ans ! Rappel du 1er thème : le réseau mondialisée de la CMA-CGM Le conteneur est intermodal, voyageant sur camion… …ou sur train : sur 2 niveaux aux EtatsUnis pour ces trains transcontinentaux de l’Union Pacific.. … sur des convois de 850m sur l’autoroute ferroviaire Le Boulou ( frontière espagnole) – Luxembourg. Ce train fait 4 rotations par jour depuis juin 2012. Son but est de décharger, en partie, le trafic routier. L'écluse de Poses-Amfreville sur la Seine Ceci vient rappeler l’importance des flux entre ports et arrière-pays : pour nous, les files de camions sur l’A7-A9 sont les flux visibles de la mondialisation C) Des acteurs institutionnels encadrent la mondialisation - A l’échelle mondiale Au lendemain de la 2GM, les Etats industrialisés ont mis en place des organisations internationales pour favoriser le libéralisme, sous l'impulsion des États-Unis. C'est le cas du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) , devenu OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Des cycles de négociation successifs ont abouti à une suppression des droits de douane sur 95% des produits entre les 157 pays membres. Au fil du temps l'OMC, qui peut prendre des sanctions contre les pays qui ne respectent pas les accords a gagné de la puissance. Autres instances : Banque Mondiale et FMI, qui conditionnent leur aide à une libéralisation de l'économie (ouverture au privée) et à un assainissement des finances publiques. Mais leur action est critiquée, comme la nouvelle cure d’austérité demandée à la Grèce à l’automne 2012 Enfin, les états prennent aussi des décisions d’ordre économique dans le cadre des grandes réunions internationales que sont le G8 ou le G20 Créé en 1999 suite à une crise financière, le G20 représente 85 % du commerce mondial, les deux tiers de la population mondiale et plus de 90 % du PMB (Produit Mondial Brut En parallèle le G8 continue également de se réunir. Mais sa légitimité par rapport au G20 est de moins en moins évidente. - A l’échelle des Etats •En appartenant à l'OMC, les Etats perdent une partie de leur souveraineté. Ils offrent à leurs entreprises le marché mondial, mais les exposent aussi à la concurrence. C'est pourquoi ils négocient avec acharnement pour défendre leurs intérêts : la mondialisation n'est pas totalement libérale comme le voudraient certains pays, les 5% non libéralisés sont hautement stratégiques : agriculture, notamment, mais aussi santé, culture, éducation. En ce moment, l’UE négocie des accords de libre échange avec les Etats-Unis sur le modèle de l’ALENA : le TAFTA (Trans Atlantic, Free Trade Agreement) • D'autre part, les Etats jouent un grand rôle dans l'adaptation de leur pays à la mondialisation. Ils doivent se rendre attractifs à la mondialisation : - formation de la main d’œuvre pour séduire les investisseurs - subventions pour attirer les investisseurs dans des endroits délaissés - aménagement du territoire : par exemple en France, l'Etat veille au bon fonctionnement d'ADP (Aéroport de Paris), outil stratégique essentiel pour l'insertion de la France dans la mondialisation + travail de la diplomatie pour renforcer les partenariats économiques (voyages officiels des responsables politiques à l'étranger accompagnés de chefs d'entreprises) • Les Etats sont enfin chargés de réprimer les organisations clandestines, avec plus ou moins de succès (Italie…) D Les organisations illicites contrôlent la mondialisation de l'économie parallèle -Ces organisations ont suivi la mondialisation de l'économie et profitent de l'ouverture des frontières pour organiser à l'échelle mondiale ou plus souvent régionale leurs trafics (drogue, armes, prostituées, …). -Elles utilisent des sociétés écran pour "blanchir" l'argent sale, avec des montages financiers complexes via des banques peu regardantes basées dans des paradis fiscaux. -Leur richesse est énorme, la production de richesses de toutes les mafias est estimée au PIB du Royaume Uni ! (2,5 milliards de dollars par an) Leur contrôle est difficile car elles ont une assise locale forte dans certains PVD (et même PID: Italie, Russie…) où elles contrôlent des régions entières. D’autre part, les circuits empruntés à l'échelle mondiale sont souvent les mêmes que circuits des échanges "normaux". E) À une autre échelle, les ONG agissent sur des objectifs ciblés Organisation Non Gouvernementale : le plus souvent des organisations de solidarité internationale ou de protection de l’environnement. Comme leur nom l’indique elles sont indépendantes de l’action des Etats. On peut parler d’une mondialisation de l'assistance : Croix rouge, MSF, Handicap International, Greenpeace, WWF… •Domaines : santé, environnement, alphabétisation, … •Les ONG peuvent avoir un impact sur la mondialisation : par exemple, des campagnes de publicité ont obligé les FTN à mieux contrôler leurs sous-traitants par rapport au travail des enfants. 2°) Des flux de marchandises et de capitaux sillonnent le monde Une originalité Les flux marchands progressent à un rythme plus élevé que la production. Plus du quart de la production est aujourd’hui échangé. Ce sont les produits manufacturés et les services qui progressent le plus. Une distinction fondamentale Il faut distinguer: les flux matériels : matières premières, produits manufacturés, et les flux immatériels capitaux, informations L’essentiel à retenir : 15 états réalisent les ¾ du commerce mondial, dont la Chine (20%) et les Etats-Unis (11%) mais l’UE est le premier pôle commercial réalisant plus d’1/3 des échanges mondiaux grâce à son marché intracommunautaire. En 30 ans le trafic maritime a doublé et les tonnages transportés ont augmenté de 140%. Les flux suivent de grandes routes maritimes desservant les grands ports modernes (Shangai, Singapour, Dubai, Rotterdam…) des principales façades maritimes (Northern Range en Europe par exemple), mais l’Asie devient le nœud central de la circulation mondiale concentrant 40% des flux. De vastes réseaux logistiques multimodaux relient entre eux les territoires à l’échelle mondiale et le gigantisme des nouvelles générations de porte-conteneurs entraine une sélection des ports et des hubs adaptés à les recevoir. L’explosion des télécommunications et la vitesse des échanges qu’elles permettent est un facteur majeur de la mondialisation : En 10 ans le nombre de téléphones mobiles dans le monde est passé de 740 millions à 5,3 milliards et le nombre d’internautes a doublé, mais ne concerne qu’1/3 des habitants de la planète. Les marchés financiers sont devenus planétaires, les 5 principales bourses concentrent la ½ des capitalisations mondiales. Mais les logiques spéculatives du capitalisme financier ont entrainé 24 crises majeures entre 1971 et 2008. La crise financière amorcé en 2008 a obligé les états à intervenir et a s’endetter. Les grands pays du nord s’en s’ont trouvé fragilisés. - Certains échanges sont à peu près inévitables comme ceux des matières premières et en particulier le pétrole… pourquoi ? Pourquoi parler de passages stratégiques ? Comme évoqué précédemment, la plupart des flux de marchandises circulent par voie maritime. La répartition des flux et des principaux pôles ne doivent plus vous surprendre ! Vous pouvez consulter le site marinetraffic.com pour suivre en temps réel l’intégralité du trafic maritime mondial. Le lien se trouve ici Concernant les flux immatériels, les flux financiers, en lien direct avec ce qui précède n’a pas non plus grand chose de surprenant. Les flux d’information, avec l’exemple du réseau internet permet lui aussi de dessiner une cartographie de la mondialisation avec ses pleins et ses creux, ses centres et ses périphéries, ses aires intégrées ou délaissées. 3°) Croquis : pôles et flux de la mondialisation Des pôles qui concentrent les flux mondiaux 39% Les principaux pôles des PID et leur part dans le commerce mondial 4% UE Les principaux pôles de pays émergents et leur part dans le commerce mondial Les principaux pôles d’accueil des flux touristiques Les pôles majeurs d’immigration AFRIQUE Les foyers d’émigration Des acteurs géoéconomiques et géopolitiques transnationaux Nombre de sièges de FTN Plus de 100 Plus de 60 moins de 20 Institutions internationales OMC FMI Organisations régionales ASEAN Des flux croissants et diversifiés Des flux de marchandises, de capitaux et de services Des flux majeurs Des flux importants Des flux d’hydrocarbures Les principaux flux migratoires internationaux 4°) Une mondialisation en débat L’ activité sera menée ultérieurement en ECJS : recherches au CDI par groupes en se basant sur la presse quotidienne et magazine papier et les ouvrages disponibles au CDI Reprendre ce thème plus tard dans l’année permet aussi de réactiver les notions acquises en début d’année. Partie 3 Centres et périphéries Dans cette partie nous nous concentrerons surtout sur l’élaboration d’un croquis. Mais certaines données sont essentielles à avoir en tête. Pour cela je vous renvoie à votre manuel p. 260 où vous trouverez des éléments montrant : -La hiérarchisation des territoires par la mondialisation, les principaux pôles (grandes métropoles, hubs, zones franches …) mais aussi la concurrence des territoires pour attirer les investissements, les entreprises ou les touristes. -La domination des pays de la triade qui concentrent production de richesses, flux et IDE, mais aussi l’émergence de nouveaux centres (dragons, BRICS, Pays du Golfe) recomposant un monde de plus en plus multipolaire dans lequel les pays occidentaux sont en crise alors que les émergents connaissent une forte croissance économique. -La présence de territoires en marge de la mondialisation, dont les PMA pour la plupart situés en Afrique. Partie 4 Les espaces maritimes, enjeux géostratégiques 1°) Pourquoi une telle importance des espaces maritimes ? Pourquoi se préoccuper des espaces maritimes dans le monde actuel ? En quoi sont-ils un enjeu de puissance ? Quels renseignements nous apportent l’actualité récente ? La Chine et le Japon se disputent les îles Diaoyu (en chinois) ou Senkaku (en japonais) depuis quarante ans. Pékin les a revendiquées peu avant leur restitution au Japon par les Américains, en 1972, avec l’archipel d’Okinawa. Même si cet archipel est administré par le Japon, les deux pays ont décidé qu’il n’y aurait pas de zone économique exclusive autour de ces îles. Mais la collision d’un chalutier chinois avec des garde-côtes nippons en 2010 a troublé ce consensus. Source : Courrier International, 19 juillet 2012 Voir ce reportage diffusé par Euronews le 11 juillet 2012 Les espaces maritimes comme pourvoyeurs de ressources : d’année en année, on construit des plateformes offshore de plus en plus grandes et qui forent de plus en plus profond… Pourquoi une telle évolution vers des forages offshore de plus en plus profonds ? Plateforme Perdido dans le Golfe du Mexique, le site offshore le plus profond et le plus important du monde Une excellente émission de la 5 qui retrace sa construction et l’historique du forage offshore depuis la fin du XIXe siècle Pour répondre à cette question, examinons un planisphère bathymétrique… Les mers occupent environ 71 % de la superficie totale du globe. Leur profondeur moyenne est de 3 600 mètres, mais certaines fosses comme la fosse des Mariannes dans l’océan Pacifique peuvent atteindre 11 000 mètres. Mais au fait à quoi ressemble le fond des océans ? Talus continent al 200m 2000 à 3000 m Plateau continental Glacis continental Plaine abyssale 4000 à 6000 m 10 000 m Sur ce schéma, on voit clairement que les continents se prolongent sous la surface de l’eau, c’est ce que l’on appelle le plateau continental. Ce plateau descend jusqu’à environ 200 mètres de profondeur et se poursuit par le talus, qui descend à son tour jusqu’au glacis, puis jusqu’à ce qu’on appelle la plaine abyssale. C’est au-delà du plateau continental que commencent les grands fonds marins, qui représentent à eux seuls 64 % de la surface totale du globe. Il est peut de dire que ces espaces extrêmes attirent les convoitises concernant les ressources en pétrole ou en minerai. Mais à qui appartiennent-ils ? Au delà des littoraux, les états côtiers bénéficient d’une ZEE de 200 milles nautiques (370 km) sur laquelle ils sont souverains en matière d'exploration et d'usage des ressources. Vous pouvez aussi consulter le très bon article de Wikipedia sur le sujet. En particulier les rubriques concernant la définition, les origines et l’extension possible de la ZEE. Voici ce que cela donne à l’échelle de la planète Voici ce que cela donne pour l’UE… … et pour la France métropolitaine (Source : préfecture maritime de la Méditerranée) … et dans le Pacifique : on comprend bien ici l’intérêt stratégique pour la France des territoires de Polynésie Française, ou de l’Alaska et d’Hawaii pour les EU. On comprend aussi toute la difficulté quand plusieurs zones s’entrecroisent, surtout entre pays qui s’entendent peu (Chine, Japon, Corée…) Au delà de l’enthousiasme devant le génie technique humain et devant les merveilles technologiques que sont les plateformes offshore, Il faut garder à l’esprit que de telles activités en milieu contraignant et fragile peuvent donner de véritables catastrophes : Incendie de la plateforme Deepwater Horizon de la compagnie BP en 2010. Son naufrage et les difficultés de colmatage des fuites d’un de ces puits à grande profondeur (1500m) ont donné la plus grande marée noire de l’histoire. Ces marées noires (ou naufrages) catastrophiques nous rappellent que les milieux marins sont fragiles et ont besoin d’être protégés… mais par qui ? Depuis 1982 il existe une Convention des nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) ratifiée par 133 pays en 2011. C’est donc sous sa protection que sont placés les grands fonds marins déclarés bien communs de l’humanité. Aujourd’hui c’est facile, aucune technologie rentable, ne permet d’en exploiter les ressources nombreuses… mais demain ? Les espaces maritimes sont stratégiques à plus d’un titre dans le cadre de la mondialisation : -Ils portent le trafic maritime qui assure 90% (en tonnage) des échanges mondiaux. -Ils sont porteurs de ressources tant énergétiques, que minérales biologiques ou halieutiques -Ils sont enfin un vecteur majeur de projection de puissance dans le domaine militaire. Toutes ces raisons font des mers, des océans et des littoraux des espaces convoités. Cela est d’autant plus problématique que ce sont des espaces à l’équilibre souvent fragile qui subissent une pression anthropique (humaine) toujours plus forte du fait de la croissance économique des grands émergents, de l’accélération des échanges et de l’épuisement de certaines ressources. 2°) Les espaces maritimes sont le vecteur fondamental des échanges mondiaux Dans un contexte de mondialisation, le fonctionnement actuel de l’économie mondiale repose largement sur le transport maritime qui assure 90% du commerce mondial en tonnage. Comment se décompose se trafic ? Les évolutions du type de trafic et de la flotte mondiale vous surprennent-elles ? Quelles sont les puissances maritimes dominantes et émergentes ? Quels lieux stratégiques apparaissent ici ? L’importance du trafic maritime renforce la littoralisation et le rôle des façades maritimes (voir cours de 1ere et/ou cet extrait de l’émission Global mag d’Arte sur le port de Rotterdam) Les puissances commerciales dépendent donc de la voie maritime, tant pour leurs importations (d’hydrocarbures notamment) que pour leurs exportations. Ces flux empruntent des routes et des points de passage obligés (caps, canaux et détroits) souvent sensibles (piraterie, terrorisme). De leur côté, les câbles sous-marins sont indispensables aux télécommunications. Voir le site http://www.submarinecablemap.com En revanche, dans le cadre de la mondialisation, beaucoup de puissances ont abandonné le contrôle direct de la filière du transport commercial. Exceptés les pays asiatiques, les Etats les plus développés ne produisent plus de navires de commerce. « La crise a provoqué un passage de témoin historique sur les rives de l'Asie Pacifique: la Chine a ravi la place de numéro un mondial de la construction navale à la Corée du Sud. Pour la première fois, en 2009 les chantiers chinois ont décroché plus de commandes de navires que leurs rivaux Coréens. L'Empire du Milieu a raflé 44,4% des commandes mondiales en volume contre 40,1% au pays du Matin Calme, selon les derniers chiffres de l'agence londonienne Clarkson Plc » Source : Lefigaro.fr, 14 janvier 2010 Voir la suite de l’article … et les compagnies maritimes qui ont leur siège social sur leur territoire immatriculent une part importante de leur flotte sous pavillons libres (de complaisance). Un exemple : CAP PALMERSTON (Monrovia) IMO 9344643 - 186,36x27,60x17,10 m - TE 11,300 m JB 22 914 - JN 9 277 - PL 28 186 t - Cap. 1819 evp - P 19 620 kW - V 21 nds - Constr. 2007 par Hyundaï Mipo - Gérant Claus Peter Offen (Allemagne) - Pav LBR. Source : http://www.marine-marchande.net/Jourlejour/AujourleJour-206.htm Les pavillons de complaisances 5 pays (le Panama, le Liberia, les Bahamas, Malte et Chypre) possèdent à eux seuls 50 % de la flotte mondiale et sont peu regardants sur la sécurité maritime... Ran g Pays Nombre de bateaux Tonnage total (millions de tonnes) Age moyen des bateaux 1 Panama 6247 124,73 18 ans 2 Libéria 1535 50,4 13 ans 3 Bahamas 1348 35,8 17 ans 4 Grèce 1548 28,78 24 ans 5 Malte 1350 26,33 19 ans 6 Chypre 1325 23 17 ans 7 Singapour 1768 21,15 12 ans 8 Norvège 722 18,41 17 ans 9 Chine 3326 17,31 22 ans 10 HongKong 766 16,16 13 ans 11 Iles Marshall 428 14,67 14 ans (Source Lloyd's Register- Fairplay Ltd, World fleet Statistics 2002) Au Libéria par exemple, une compagnie peut être montée en à peine 24 heures, sans nommer de directeur et sans donner de garanties. Pour l’année 2000, 11 pavillons de complaisance sont responsables de plus de 75% des sinistres en termes de tonnage. Bizarrerie : La Mongolie qui n'a aucune façade maritime, immatricule des navires. Aujourd'hui, 260 bateaux naviguent sous ses couleurs et le pays enregistre 20 à 30 navires supplémentaires par an. Certains de ces bateaux ont plus de 40 ans... • Par ailleurs, le pavillon de complaisance à d’autres avantages pour les compagnies propriétaires des navires. • Par exemple, la compagnie Irish ferries décide en 2005 d’immatriculer ses navires à Chypre, de licencier 545 marins irlandais (payés 10 € de l’heure) pour les remplacer par des marins lettons, polonais, sénégalais et lituaniens payés 3,65€ de l’heure. 3°) Les espaces maritimes recèlent des ressources stratégiques. Outre les ressources halieutiques, ils offrent des richesses biologiques et minérales. Les gisements sous-marins fournissent actuellement un tiers de la production mondiale de pétrole. La plupart de la pêche de haute mer se fait sur des navires usines comme le Joseph Roty II immatriculé à Saint Malô La vie à bord y est très dure comme en témoigne cet article du magazine lepoint Mais la pêche industrielle, outre les surpêche qu’elle engendre a des conséquences majeures sur les fonds marins comme le montre cette vidéo de greenpeace L’un des enjeux des fonds marins est la présence en grande quantité de « nodules polymétalliques » et de « terres rares » qui recèlent en particulier des métaux utilisés de plus en plus par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Leur exploitation mais aussi la préservation de ces milieux des grands fonds sont sûrement un des défis du siècle à venir. 4°) Les mers et océans présentent un enjeu militaire essentiel. C’est par les mers et océans que les forces militaires d’intervention se déplacent. Leurs navires, notamment les porte-avions, deviennent des bases avancées, sans contrainte diplomatique, pendant leurs opérations. Les EU tirent une partie de leur puissance militaire et géostratégique de cette « capacité de projection » que leur offre leurs bases navales et leurs flottes présentes sur tous les océans. A l’heure de l’affirmation de plus en plus grande de la puissance chinoise, il n’est pas étonnant de constater les efforts de ce pays en terme de marine militaire. La Chine est devenue en 2006 la 3e marine militaire du monde derrière les Etats-Unis et l’URSS. C’est aussi pour des raisons de projection de puissance que la Chine est en train de se doter de son premier porte-avion : voir cet article qui en retrace l’origine et celui-ci qui fait état du premier décollage depuis le pont du 1er porte-avions chinois, le Liaoning Ceci explique vraisemblablement le redéploiement en 2012 de la flotte américaine vers l’Asie pour rassurer ses alliés coréens et Japonais face à la montée en puissance chinoise. Voir à ce propos l’article du 2 juin 2012 paru dans la Tribune de Genève De plus, les sous-marins des forces de dissuasion nucléaire utilisent les profondeurs des fonds océaniques pour se déplacer et se dissimuler. Le SNLE Le Téméraire de la Marine Nationale Française. (abréviation de « Sous marin nucléaire lanceur d’engins » ou SSBN pour Sub-Surface Ballistic Nuclear) Un missile M45 tiré depuis un SNLE (© : MARINE NATIONALE) En septembre une série d’articles (dont voici le premier) a été publiée par Le Monde dont une journaliste a passé 1 mois à bord du sous-marin nucléaire d’attaque « La Perle » Les mers et océans portent aussi les trafics clandestins (armes, drogue…) et l’immigration illégale. Arrestation de clandestins à Lampedusa (Sicile) Source : Lefigaro.fr Interception d’un « go fast » par la marine française le 7 mai 2012 à l’ouest du détroit de Gibraltar. 4 personnes interpellées et 430 kg de canabis saisis par les douaniers. Source : lenouvelobs.fr Si le temps le permet ou en DM… 5°) La piraterie maritime, un enjeu géostratégique - Dossier du livre pp.266-267 à faire en autonomie par petits groupes en classe ou en DM Bilan : Pour revoir l’essentiel, le bilan du livre p.268 est tout à fait approprié !