I) Un espace mondial dominé par trois grands centres d`impulsion ..

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I) Un espace mondial dominé par trois grands centres d`impulsion ..
Géographie Thème 2 :
Les dynamiques de la mondialisation
La mondialisation, c'est d'abord un processus de mise en relation généralisée mais
hiérarchisée des différentes parties du monde par l’économie marchande capitaliste.
Conséquence de l’internationalisation de la production, des échanges et des
entreprises, la mondialisation est le fruit d’un processus en trois temps historiques :
-Les Grandes Découvertes portées par le capitalisme marchand à partir des XVIe-XVIIIe
siècles
-Les grands empires coloniaux de la période industrielle entre le XIXème et le milieu
du XXème siècle
-Le capitalisme financier depuis les années 1970.
La crise amorcée en 2007 ouvre une période d’incertitudes.
La mondialisation crée un système monde qui intègre ou marginalise, qui met en
concurrence voire en rivalité les puissances cherchant à organiser l’espace mondial à
leur profit.
Ce processus est donc le fruit de nombreux acteurs, économiques ou politiques,
privés ou publics qui a des conséquences sur tous les territoires de la planète, qu’ils
soient centraux ou périphériques, terrestres ou maritimes, mais qui ne va pas sans
questions ou débats sur ses vertus ou bien sur ses effets néfastes.
Plan du cours (environ 9h)
Partie 1, étude de cas : (environ 3h)
la mondialisation à travers l’exemple du décolletage dans le film Ma mondialisation réalisé par
Gilles Perret en 2006.
Partie 2, généralisation : (environ 2h)
- Les acteurs,et flux de la mondialisation est travaillée en inversé à la maison avec une fiche
objectif
(La partie « débat » sera abordée en ECJS sous forme de travaux de recherche par groupes
suivies de présentations synthétiques et de discussions entre groupes)
- Croquis sur « pôles et flux de la mondialisation »
Partie 3 : (1 heure)
Centres et périphéries, des territoires inégalement intégrés à la mondialisation (croquis)
Partie 4 : (environ 2h)
Les espaces maritimes, approche géostratégique
Evaluation : Devoir sur table type bac (1)
Travail en groupe sur la mondialisation acteurs et flux
Partie 1 : Etude de cas
La mondialisation à travers l’exemple du
décolletage dans le film Ma mondialisation
réalisé par Gilles Perret en 2006.
Nous regardons le film en intégralité (1h25)
Vous prenez des notes individuellement en vous
servant des questions sur la fiche de travail
distribuée
Vous complétez le travail par des recherches
personnelles
Nous faisons le bilan en classe de cette étude sous
forme de frise chronologique faisant ressortir :
-les différentes échelles et les étapes de la
mondialisation à travers le développement du
décolletage dans et depuis la vallée de l’Arve,
-Les acteurs et le contexte international dans
lequel ce développement se déroule
-Les débats qui naissent de l’inscription de
l’activité dans un cadre mondial, sur les
délocalisations et l’intervention de groupes
financiers
1°) Localisez et situez l’entreprise de décolletage
Bontaz et la vallée de l’Arve. En quoi bénéficie-t-elle
d’une situation stratégique ?
2°) Quand ont été créées les entreprises actuelles
de décolletage dans la vallée de l’Arve ? A quelle
activité ont-elles définitivement succédé ? Pour
quels grands groupes travaillent-elles ? Pourquoi
parler de « sous-traitance » ?
Vous pouvez trouver un complément sur l’histoire du décolletage dans la vallée sur cette page
du site Haute-Savoie sous-traitance, développé par la CCI de la Haute Savoie.
Reliefs et transports en Savoie et
Haute Savoie d’après
http://www.sabaudia.org/v2/carte/tr
ansport.php
3°) Dans quels pays l’entreprise Bontaz a-t-elle investi ? Pourquoi a-t-elle choisi d’y
investir ? Détaillez bien les deux cas.
4°) Relevez dans la dernière séquence la nationalité des groupes qui possèdent ces
entreprises. Pourquoi investissent-ils dans les usines de la vallée de l’Arve ? En quoi
peut-on dire que le fonctionnement de celles-ci est mondialisé.
5°) Selon ce film qui sont donc les acteurs, les pôles et les flux de la mondialisation ?
6°) Quels débats ce processus de mondialisation suscite-t-il dans la vallée de l’Arve
d’après ce film ?
7°) En consultant le site du pôle de compétitivité Arve Industries crée en 2006 et
devenu Mont Blanc Industries en juin 2014, recherchez qui sont les acteurs qui
interviennent pour dynamiser et maintenir l’activité dans la vallée de l’Arve.
Définition : sur un même territoire, un pôle de compétitivité est le regroupement et la
mise en relation d’entreprises, d’établissements du supérieur, d’organismes de
recherche publics ou privés, avec pour vocation d’élaborer ensemble des projets de
développement économique pour l’innovation. Lancés en 2004 par l’Etat, ils peuvent
bénéficier de subventions publiques.
Partie 2
La mondialisation : acteurs, flux et débats
1°) Des acteurs privés, institutionnels ou illégaux
A- Les FMN ou FTN, des acteurs centraux
FMN (Firme multinationale) : composée d'une maison mère souvent basée dans les
PID et d'une multitude de filiales crées ou rachetées à des concurrents, ce qui en fait
de très grosses entreprises, dont la richesse est comparable à celle de certains Etats.
FTN : firme transnationale, au moins 500 millions de chiffre d’affaires, dont 25 % au
moins est réalisé à l’étranger
Les 20 premières firmes transnationales en capitalisation
Les seules FTN fournissent 25 % de la production mondiale. En y
ajoutant les sous-traitants, on arrive à une très large part de l'éco
mondiale qui est entre leurs mains
81 % des FTN sont basées dans des pays du Nord, mais le nombre de FTN du Sud progresse
rapidement
Leur action sur la mondialisation :
IDE : soit dans les PID pour être présentes sur leurs marchés très solvables (les gens
ont des sous !) et profiter de la main d'œuvre hautement qualifiée…
Soit dans les PVD pour être présentes sur leurs marchés de consommation
émergents (La Chine et l’Inde avec leurs 3 milliards d’habitants et leurs croissances
du PIB à 2 chiffres sont un eldorado)
… et surtout pour profiter de la main d'œuvre moins chère et des législations sociale
et environnementale moins contraignantes
Une action controversée
Les + :
stimulation par la concurrence et recherche du profit les oblige à investir et
innover, elles sont porteuses d'une partie du progrès.
Les - :
peu d'états d'âme : les délocalisations entraînent du chômage, même si il ne faut
pas exagérer ;
dans les PVD, elles font pression sur les pouvoirs politiques pour que les salaires
restent bas et la législation "souple" ;
enfin elles utilisent les paradis fiscaux pour y domicilier une partie de leurs filiales
et échapper partout aux impôts.
B) La Conteneurisation, processus qui a dopé les flux mondialisé
Port à conteneurs de Yangshan, installé sur une île artificielle au large de Shangai et
relié au continent par un pont de 32 km dont 26 au dessus de la mer… Les quais
s’étirent sur près de 6km.
Les conteneurs sont des boîtes de dimension standardisée (ici, un des ports de New
York)
Les marchandises, des produits manufacturés, y sont rangées directement en usine et
vidées à l’arrivée. Les transporteurs ne touchent pas la marchandise, ils ne font que
manipuler la boîte, d’où un gain de temps considérable.
Facilité de stockage, géré par des grues automatiques, pas besoin d’entrepôts
Facilité de chargement, un conteneur est manipulé toutes les 40 secondes par chaque
grue dans des ports souvent automatisés
Transport peu coûteux sur des navires gigantesques…
Le porte conteneur Emma Maersk, plus gros porte conteneur du monde de 2009 à 2012
avec 14500 evp : EVP = Equivalent Vingt Pieds, soit une boite de 6m de long environ.
La plupart des conteneurs sont aujourd’hui des 40 pieds (12m)…
Le CMA CGM Marco Polo, 1er 16000 evp au monde est entré en service le 5 novembre
2012. Il est le 1er d’une série de 3 navires que doit livrer le chantier naval de Daewoo
situé à Okpo en Corée du sud.
En 2012 il fait sa 1ere rotation entre l’Asie et l’Europe.
On peut suivre son itinéraire et ceux de ses « sister ships » sur ce blog spécial publiée
par la compagnie française CMA CGM
Le CMA CGM Jules Verne à Marseille en juin 2013 : Il est le dernier d’une série de 3
navires livrés par le chantier naval de Daewoo situé à Okpo en Corée du sud.
Long de 396m, large de 54m et d’une capacité de 16 000 EVP ce sont les plus gros
porte conteneurs du monde, pour l’instant…
… car l’armateur danois Maersk a mis en chantier des navires de 18 000 EVP.
En 1999, mes cours d’université faisait référence à des 9000 EVP : la capacité des
navires à doublé en moins de 20 ans !
Rappel du 1er thème : le réseau mondialisée de la CMA-CGM
Le conteneur est intermodal, voyageant
sur camion…
…ou sur train : sur 2 niveaux aux EtatsUnis pour ces trains transcontinentaux
de l’Union Pacific..
… sur des convois de 850m sur l’autoroute ferroviaire Le Boulou ( frontière espagnole) –
Luxembourg.
Ce train fait 4 rotations par jour depuis juin 2012. Son but est de décharger, en partie, le
trafic routier.
L'écluse de Poses-Amfreville sur la Seine
Ceci vient rappeler l’importance des flux entre ports et arrière-pays : pour nous, les
files de camions sur l’A7-A9 sont les flux visibles de la mondialisation
C) Des acteurs institutionnels encadrent la mondialisation
- A l’échelle mondiale
Au lendemain de la 2GM, les Etats industrialisés ont mis en place des organisations
internationales pour favoriser le libéralisme, sous l'impulsion des États-Unis.
C'est le cas du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) , devenu OMC
(Organisation Mondiale du Commerce).
Des cycles de négociation successifs ont abouti à une suppression des droits de
douane sur 95% des produits entre les 157 pays membres.
Au fil du temps l'OMC, qui peut prendre des sanctions contre les pays qui ne
respectent pas les accords a gagné de la puissance.
Autres instances : Banque Mondiale et FMI, qui conditionnent leur aide à une
libéralisation de l'économie (ouverture au privée) et à un assainissement des finances
publiques.
Mais leur action est critiquée, comme la nouvelle cure d’austérité demandée à la
Grèce à l’automne 2012
Enfin, les états prennent aussi des décisions d’ordre économique dans le cadre des
grandes réunions internationales que sont le G8 ou le G20
Créé en 1999 suite à une crise financière, le G20 représente 85 % du commerce
mondial, les deux tiers de la population mondiale et plus de 90 % du PMB (Produit
Mondial Brut
En parallèle le G8 continue également de se réunir. Mais sa légitimité par
rapport au G20 est de moins en moins évidente.
- A l’échelle des Etats
•En appartenant à l'OMC, les Etats perdent une partie de leur souveraineté. Ils offrent
à leurs entreprises le marché mondial, mais les exposent aussi à la concurrence.
C'est pourquoi ils négocient avec acharnement pour défendre leurs intérêts : la
mondialisation n'est pas totalement libérale comme le voudraient certains pays, les
5% non libéralisés sont hautement stratégiques : agriculture, notamment, mais aussi
santé, culture, éducation.
En ce moment, l’UE négocie des accords de libre échange avec les Etats-Unis sur le
modèle de l’ALENA : le TAFTA (Trans Atlantic, Free Trade Agreement)
• D'autre part, les Etats jouent un grand rôle dans l'adaptation de leur pays à la
mondialisation. Ils doivent se rendre attractifs à la mondialisation :
- formation de la main d’œuvre pour séduire les investisseurs
- subventions pour attirer les investisseurs dans des endroits délaissés
- aménagement du territoire : par exemple en France, l'Etat veille au bon
fonctionnement d'ADP (Aéroport de Paris), outil stratégique essentiel pour
l'insertion de la France dans la mondialisation
+ travail de la diplomatie pour renforcer les partenariats économiques (voyages
officiels des responsables politiques à l'étranger accompagnés de chefs
d'entreprises)
• Les Etats sont enfin chargés de réprimer les organisations clandestines, avec plus
ou moins de succès (Italie…)
D Les organisations illicites contrôlent la mondialisation de l'économie
parallèle
-Ces organisations ont suivi la mondialisation de l'économie et profitent de l'ouverture
des frontières pour organiser à l'échelle mondiale ou plus souvent régionale leurs
trafics (drogue, armes, prostituées, …).
-Elles utilisent des sociétés écran pour "blanchir" l'argent sale, avec des montages
financiers complexes via des banques peu regardantes basées dans des paradis
fiscaux.
-Leur richesse est énorme, la production de richesses de toutes les mafias est estimée
au PIB du Royaume Uni ! (2,5 milliards de dollars par an)
Leur contrôle est difficile car elles ont une assise locale forte dans certains PVD (et
même PID: Italie, Russie…) où elles contrôlent des régions entières.
D’autre part, les circuits empruntés à l'échelle mondiale sont souvent les mêmes que
circuits des échanges "normaux".
E) À une autre échelle, les ONG agissent sur des objectifs ciblés
Organisation Non Gouvernementale : le plus souvent des organisations de solidarité
internationale ou de protection de l’environnement. Comme leur nom l’indique elles
sont indépendantes de l’action des Etats.
On peut parler d’une mondialisation de l'assistance : Croix rouge, MSF, Handicap
International, Greenpeace, WWF…
•Domaines : santé, environnement, alphabétisation, …
•Les ONG peuvent avoir un impact sur la mondialisation : par exemple, des
campagnes de publicité ont obligé les FTN à mieux contrôler leurs sous-traitants par
rapport au travail des enfants.
2°) Des flux de marchandises et de capitaux sillonnent le monde
Une originalité
Les flux marchands progressent à un rythme plus élevé que la production. Plus du
quart de la production est aujourd’hui échangé. Ce sont les produits
manufacturés et les services qui progressent le plus.
Une distinction fondamentale
Il faut distinguer:
les flux matériels : matières premières, produits manufacturés,
et les flux immatériels capitaux, informations
L’essentiel à retenir :
15 états réalisent les ¾ du commerce mondial, dont la Chine (20%) et les Etats-Unis (11%)
mais l’UE est le premier pôle commercial réalisant plus d’1/3 des échanges mondiaux
grâce à son marché intracommunautaire.
En 30 ans le trafic maritime a doublé et les tonnages transportés ont augmenté de 140%.
Les flux suivent de grandes routes maritimes desservant les grands ports modernes
(Shangai, Singapour, Dubai, Rotterdam…) des principales façades maritimes (Northern
Range en Europe par exemple), mais l’Asie devient le nœud central de la circulation
mondiale concentrant 40% des flux.
De vastes réseaux logistiques multimodaux relient entre eux les territoires à l’échelle
mondiale et le gigantisme des nouvelles générations de porte-conteneurs entraine une
sélection des ports et des hubs adaptés à les recevoir.
L’explosion des télécommunications et la vitesse des échanges qu’elles permettent est un
facteur majeur de la mondialisation : En 10 ans le nombre de téléphones mobiles dans le
monde est passé de 740 millions à 5,3 milliards et le nombre d’internautes a doublé, mais
ne concerne qu’1/3 des habitants de la planète.
Les marchés financiers sont devenus planétaires, les 5 principales bourses concentrent la
½ des capitalisations mondiales. Mais les logiques spéculatives du capitalisme financier
ont entrainé 24 crises majeures entre 1971 et 2008. La crise financière amorcé en 2008 a
obligé les états à intervenir et a s’endetter. Les grands pays du nord s’en s’ont trouvé
fragilisés.
- Certains échanges sont à peu près inévitables comme ceux des matières
premières et en particulier le pétrole… pourquoi ?
Pourquoi parler de passages stratégiques ?
Comme évoqué précédemment, la plupart des flux de marchandises circulent par voie
maritime. La répartition des flux et des principaux pôles ne doivent plus vous surprendre
!
Vous pouvez
consulter le site
marinetraffic.com
pour suivre en
temps réel
l’intégralité du trafic
maritime mondial.
Le lien se trouve ici
Concernant les flux immatériels, les flux financiers, en lien direct avec ce qui précède
n’a pas non plus grand chose de surprenant.
Les flux d’information, avec l’exemple du réseau internet permet lui aussi de dessiner
une cartographie de la mondialisation avec ses pleins et ses creux, ses centres et ses
périphéries, ses aires intégrées ou délaissées.
3°) Croquis : pôles et flux de la mondialisation
Des pôles qui concentrent les flux mondiaux
39%
Les principaux pôles des PID et leur part dans le commerce mondial
4%
UE
Les principaux pôles de pays émergents et leur part dans le commerce
mondial
Les principaux pôles d’accueil des flux touristiques
Les pôles majeurs d’immigration
AFRIQUE
Les foyers d’émigration
Des acteurs géoéconomiques et géopolitiques transnationaux
Nombre de sièges de FTN
Plus de 100
Plus de 60
moins de 20
Institutions internationales
OMC
FMI
Organisations régionales
ASEAN
Des flux croissants et diversifiés
Des flux de marchandises, de capitaux et de services
Des flux majeurs
Des flux importants
Des flux d’hydrocarbures
Les principaux flux migratoires internationaux
4°) Une mondialisation en débat
L’ activité sera menée ultérieurement en ECJS : recherches au CDI par
groupes en se basant sur la presse quotidienne et magazine papier et
les ouvrages disponibles au CDI
Reprendre ce thème plus tard dans l’année permet aussi de réactiver les
notions acquises en début d’année.
Partie 3
Centres et périphéries
Dans cette partie nous nous concentrerons surtout sur l’élaboration d’un croquis. Mais
certaines données sont essentielles à avoir en tête. Pour cela je vous renvoie à votre
manuel p. 260 où vous trouverez des éléments montrant :
-La hiérarchisation des territoires par la mondialisation, les principaux pôles (grandes
métropoles, hubs, zones franches …) mais aussi la concurrence des territoires pour
attirer les investissements, les entreprises ou les touristes.
-La domination des pays de la triade qui concentrent production de richesses, flux et
IDE, mais aussi l’émergence de nouveaux centres (dragons, BRICS, Pays du Golfe)
recomposant un monde de plus en plus multipolaire dans lequel les pays occidentaux
sont en crise alors que les émergents connaissent une forte croissance économique.
-La présence de territoires en marge de la mondialisation, dont les PMA pour la plupart
situés en Afrique.
Partie 4
Les espaces maritimes, enjeux géostratégiques
1°) Pourquoi une telle importance des espaces maritimes ?
Pourquoi se préoccuper des espaces maritimes dans le monde actuel ?
En quoi sont-ils un enjeu de puissance ? Quels renseignements nous
apportent l’actualité récente ?
La Chine et le Japon se disputent les îles Diaoyu (en
chinois) ou Senkaku (en japonais) depuis quarante ans.
Pékin les a revendiquées peu avant leur restitution au
Japon par les Américains, en 1972, avec l’archipel
d’Okinawa. Même si cet archipel est administré par le
Japon, les deux pays ont décidé qu’il n’y aurait pas de
zone économique exclusive autour de ces îles. Mais la
collision d’un chalutier chinois avec des garde-côtes
nippons en 2010 a troublé ce consensus.
Source : Courrier International, 19 juillet 2012
Voir ce reportage diffusé par Euronews le 11 juillet 2012
Les espaces maritimes comme pourvoyeurs de ressources :
d’année en année, on construit des plateformes offshore de plus
en plus grandes et qui forent de plus en plus profond…
Pourquoi une telle évolution vers des forages
offshore de plus en plus profonds ?
Plateforme Perdido dans le Golfe du Mexique, le site offshore le
plus profond et le plus important du monde
Une excellente émission de la 5 qui retrace sa construction et
l’historique du forage offshore depuis la fin du XIXe siècle
Pour répondre à cette question, examinons un planisphère
bathymétrique…
Les mers occupent environ
71 % de la superficie totale
du globe.
Leur profondeur moyenne
est de 3 600 mètres, mais
certaines fosses comme la
fosse des Mariannes dans
l’océan Pacifique peuvent
atteindre 11 000 mètres.
Mais au fait à quoi ressemble le fond des océans ?
Talus
continent
al
200m
2000 à 3000 m
Plateau
continental
Glacis
continental
Plaine
abyssale
4000 à 6000 m
10 000 m
Sur ce schéma, on voit clairement que les continents se prolongent sous la surface de l’eau, c’est
ce que l’on appelle le plateau continental. Ce plateau descend jusqu’à environ 200 mètres de
profondeur et se poursuit par le talus, qui descend à son tour jusqu’au glacis, puis jusqu’à ce
qu’on appelle la plaine abyssale. C’est au-delà du plateau continental que commencent les
grands fonds marins, qui représentent à eux seuls 64 % de la surface totale du globe.
Il est peut de dire que ces espaces extrêmes attirent les convoitises concernant les
ressources en pétrole ou en minerai.
Mais à qui appartiennent-ils ?
Au delà des littoraux, les états
côtiers bénéficient d’une ZEE de
200 milles nautiques (370 km) sur
laquelle ils sont souverains en
matière d'exploration et d'usage des
ressources.
Vous pouvez aussi consulter le très
bon article de Wikipedia sur le
sujet. En particulier les rubriques
concernant la définition, les
origines et l’extension possible de
la ZEE.
Voici ce que cela donne à l’échelle de la planète
Voici ce que cela donne pour l’UE…
… et pour la France
métropolitaine
(Source : préfecture
maritime de la
Méditerranée)
… et dans le Pacifique : on comprend bien ici l’intérêt stratégique pour la France des
territoires de Polynésie Française, ou de l’Alaska et d’Hawaii pour les EU.
On comprend
aussi toute la
difficulté quand
plusieurs zones
s’entrecroisent,
surtout entre
pays qui
s’entendent peu
(Chine, Japon,
Corée…)
Au delà de l’enthousiasme devant le génie technique humain et devant les merveilles
technologiques que sont les plateformes offshore, Il faut garder à l’esprit que de telles
activités en milieu contraignant et fragile peuvent donner de véritables catastrophes :
Incendie de la plateforme Deepwater Horizon de la
compagnie BP en 2010. Son naufrage et les difficultés
de colmatage des fuites d’un de ces puits à grande
profondeur (1500m) ont donné la plus grande marée noire
de l’histoire.
Ces marées noires
(ou naufrages)
catastrophiques nous
rappellent que les
milieux marins sont
fragiles et ont besoin
d’être protégés…
mais par qui ?
Depuis 1982 il existe une Convention des nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM)
ratifiée par 133 pays en 2011. C’est donc sous sa protection que sont placés les grands
fonds marins déclarés bien communs de l’humanité.
Aujourd’hui c’est facile, aucune technologie rentable, ne permet d’en exploiter les
ressources nombreuses… mais demain ?
Les espaces maritimes sont stratégiques à plus d’un titre dans le cadre de la
mondialisation :
-Ils portent le trafic maritime qui assure 90% (en tonnage) des échanges mondiaux.
-Ils sont porteurs de ressources tant énergétiques, que minérales biologiques ou
halieutiques
-Ils sont enfin un vecteur majeur de projection de puissance dans le domaine militaire.
Toutes ces raisons font des mers, des océans et des littoraux des espaces convoités.
Cela est d’autant plus problématique que ce sont des espaces à l’équilibre souvent
fragile qui subissent une pression anthropique (humaine) toujours plus forte du fait de la
croissance économique des grands émergents, de l’accélération des échanges et de
l’épuisement de certaines ressources.
2°) Les espaces maritimes sont le vecteur fondamental des échanges
mondiaux
Dans
un
contexte
de
mondialisation,
le
fonctionnement actuel de
l’économie mondiale repose
largement sur le transport
maritime qui assure 90% du
commerce
mondial
en
tonnage.
Comment se décompose se
trafic ?
Les évolutions du type de
trafic et de la flotte mondiale
vous surprennent-elles ?
Quelles sont les puissances maritimes
dominantes et émergentes ? Quels
lieux stratégiques apparaissent ici ?
L’importance du trafic maritime renforce la littoralisation et le rôle des façades maritimes (voir
cours de 1ere et/ou cet extrait de l’émission Global mag d’Arte sur le port de Rotterdam)
Les puissances commerciales dépendent donc de la voie maritime, tant pour leurs
importations (d’hydrocarbures notamment) que pour leurs exportations. Ces flux empruntent
des routes et des points de passage obligés (caps, canaux et détroits) souvent sensibles
(piraterie, terrorisme). De leur côté, les câbles sous-marins sont indispensables aux
télécommunications.
Voir le site http://www.submarinecablemap.com
En revanche, dans le cadre de la mondialisation, beaucoup de puissances ont abandonné le
contrôle direct de la filière du transport commercial. Exceptés les pays asiatiques, les Etats
les plus développés ne produisent plus de navires de commerce.
« La crise a provoqué un passage de
témoin historique sur les rives de l'Asie
Pacifique: la Chine a ravi la place de
numéro un mondial de la construction
navale à la Corée du Sud. Pour la première
fois, en 2009 les chantiers chinois ont
décroché plus de commandes de navires
que leurs rivaux Coréens.
L'Empire du Milieu a raflé 44,4% des
commandes mondiales en volume
contre 40,1% au pays du Matin
Calme, selon les derniers chiffres de
l'agence londonienne Clarkson Plc »
Source : Lefigaro.fr, 14 janvier 2010
Voir la suite de l’article
… et les compagnies maritimes qui ont leur siège social sur leur territoire immatriculent une
part importante de leur flotte sous pavillons libres (de complaisance). Un exemple :
CAP PALMERSTON (Monrovia)
IMO 9344643 - 186,36x27,60x17,10 m - TE 11,300 m JB 22 914 - JN 9 277 - PL 28 186 t - Cap. 1819 evp - P 19 620 kW - V 21 nds - Constr. 2007
par Hyundaï Mipo - Gérant Claus Peter Offen (Allemagne) - Pav LBR.
Source : http://www.marine-marchande.net/Jourlejour/AujourleJour-206.htm
Les pavillons de complaisances
5 pays (le Panama, le Liberia, les Bahamas, Malte
et Chypre) possèdent à eux seuls 50 % de la flotte
mondiale et sont peu regardants sur la sécurité
maritime...
Ran
g
Pays
Nombre
de
bateaux
Tonnage
total
(millions
de tonnes)
Age
moyen
des
bateaux
1
Panama
6247
124,73
18 ans
2
Libéria
1535
50,4
13 ans
3
Bahamas
1348
35,8
17 ans
4
Grèce
1548
28,78
24 ans
5
Malte
1350
26,33
19 ans
6
Chypre
1325
23
17 ans
7
Singapour
1768
21,15
12 ans
8
Norvège
722
18,41
17 ans
9
Chine
3326
17,31
22 ans
10
HongKong
766
16,16
13 ans
11
Iles
Marshall
428
14,67
14 ans
(Source Lloyd's Register- Fairplay Ltd, World
fleet Statistics 2002)
Au Libéria par exemple, une compagnie peut être
montée en à peine 24 heures, sans nommer de
directeur et sans donner de garanties.
Pour l’année 2000, 11 pavillons de complaisance
sont responsables de plus de 75% des sinistres en
termes de tonnage.
Bizarrerie : La Mongolie qui n'a aucune façade
maritime, immatricule des navires. Aujourd'hui, 260
bateaux naviguent sous ses couleurs et le pays
enregistre 20 à 30 navires supplémentaires par an.
Certains de ces bateaux ont plus de 40 ans...
• Par ailleurs, le pavillon de
complaisance
à
d’autres
avantages
pour
les
compagnies propriétaires des
navires.
• Par exemple, la compagnie
Irish ferries décide en 2005
d’immatriculer ses navires à
Chypre, de licencier 545
marins irlandais (payés 10 €
de l’heure) pour les remplacer
par
des
marins
lettons,
polonais,
sénégalais
et
lituaniens payés 3,65€ de
l’heure.
3°) Les espaces maritimes recèlent des ressources stratégiques.
Outre les ressources halieutiques, ils offrent des richesses biologiques et minérales. Les
gisements sous-marins fournissent actuellement un tiers de la production mondiale de
pétrole.
La plupart de la pêche de haute
mer se fait sur des navires usines
comme le Joseph Roty II
immatriculé à Saint Malô
La vie à bord y est très dure comme
en témoigne cet article du
magazine lepoint
Mais la pêche industrielle, outre les
surpêche qu’elle engendre a des
conséquences majeures sur les
fonds marins comme le montre
cette vidéo de greenpeace
L’un des enjeux des fonds marins est la présence en grande quantité de « nodules
polymétalliques » et de « terres rares » qui recèlent en particulier des métaux utilisés de
plus en plus par les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Leur exploitation mais aussi la préservation de ces milieux des grands fonds sont
sûrement un des défis du siècle à venir.
4°) Les mers et océans présentent un enjeu militaire essentiel.
C’est par les mers et océans que les forces
militaires d’intervention se déplacent. Leurs
navires,
notamment
les
porte-avions,
deviennent des bases avancées, sans
contrainte
diplomatique,
pendant
leurs
opérations.
Les EU tirent une partie de leur puissance militaire et géostratégique de cette « capacité de
projection » que leur offre leurs bases navales et leurs flottes présentes sur tous les océans.
A l’heure de l’affirmation de plus en plus grande de la puissance chinoise, il n’est pas
étonnant de constater les efforts de ce pays en terme de marine militaire. La Chine est
devenue en 2006 la 3e marine militaire du monde derrière les Etats-Unis et l’URSS.
C’est aussi pour des raisons de projection de puissance que la Chine est en train de se
doter de son premier porte-avion : voir cet article qui en retrace l’origine et celui-ci qui
fait état du premier décollage depuis le pont du 1er porte-avions chinois, le Liaoning
Ceci explique vraisemblablement le redéploiement en 2012 de la flotte américaine vers l’Asie
pour rassurer ses alliés coréens et Japonais face à la montée en puissance chinoise. Voir à
ce propos l’article du 2 juin 2012 paru dans la Tribune de Genève
De plus, les sous-marins des forces de dissuasion nucléaire utilisent les profondeurs des fonds océaniques pour
se déplacer et se dissimuler.
Le SNLE Le Téméraire de la Marine Nationale
Française. (abréviation de « Sous marin nucléaire
lanceur d’engins » ou SSBN pour Sub-Surface Ballistic
Nuclear)
Un missile M45 tiré depuis un
SNLE
(© : MARINE NATIONALE)
En septembre une série d’articles (dont voici le premier) a été publiée par Le Monde
dont une journaliste a passé 1 mois à bord du sous-marin nucléaire d’attaque « La
Perle »
Les mers et océans portent aussi les trafics clandestins (armes, drogue…) et l’immigration
illégale.
Arrestation de
clandestins à Lampedusa
(Sicile) Source :
Lefigaro.fr
Interception d’un « go
fast » par la marine
française le 7 mai 2012 à
l’ouest du détroit de
Gibraltar. 4 personnes
interpellées et 430 kg de
canabis saisis par les
douaniers. Source :
lenouvelobs.fr
Si le temps le permet ou en DM…
5°) La piraterie maritime, un enjeu géostratégique
- Dossier du livre pp.266-267 à faire en autonomie par petits groupes en classe ou en
DM
Bilan :
Pour revoir l’essentiel, le bilan du livre p.268 est tout à fait approprié !

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