Karakia touch the cosmos the source of our divinity illuminating the

Transcription

Karakia touch the cosmos the source of our divinity illuminating the
Karakia
touch the cosmos
the source of our divinity
illuminating
the face of the ancestors
so we can see our children
woven above
beside
below
unite all within
our flesh and bones
and memory
the Earth is turning
humans in mass migration
turtles gather in silent preparation
the heart is injured
make dance
a movement of love
a movement of justice
the light of truth
Traduction
Prière
Toucher le cosmos
Source de notre divinité
Qui illumine le visage des ancêtres
Pour que nous puissions voir nos enfants
Tissés au dessus, à côté, en-dessous
Tout unir dans
Notre chair, nos os
et notre mémoire
La terre tourne
Les hommes migrent en masse
Les tortues se rassemblent en une silencieuse préparation
Le cœur est blessé
Faisons une danse
Un mouvement d’amour
Un mouvement de justice
La lumière de la vérité.
Lemi Ponifasio,
message prononcé à La Villette le 19 avril 2016
pour la Journée Internationale de la Danse portée par International Theatre Institute / Unesco.
Festival de Marseille - danse et arts multiples | Direction : Apolline Quintrand - Direction artistique : Jan Goossens | 17, rue de la République,
13002 Marseille | T +33 (0)4 91 99 00 20 | [email protected] | festivaldemarseille.com | facebook.com/FestivaldeMarseille
"Il y a des chorégraphes qui développent des écritures pour des corps et il y a des artistes qui créent des
danses avec des êtres humains. Lemi Ponifasio appartient sans conteste à la deuxième catégorie. Ses
danses sont plus qu’un exercice de style ou ‘une écriture’ au sein d’une discipline des arts de la scène. Ses
danses sont ancrées d’une part dans les rituels de société – rituels intemporels, mais vitaux et unificateurs –
et d’autre part dans les interrogations et les esthétiques actuelles et largement partagées d’une époque que
nous (re)connaissons ; la nôtre. Ses danses dialoguent intensément avec la musique, l’architecture, et de
façon générale avec les arts d’ici et de maintenant, elles ne se cantonnent pas dans un medium unique,
sécurisé, ou dans un folklore facile. Avant tout, ses danses s’enracinent dans la vie même et dans la
conviction profonde que ‘faire des danses’, dans nos vies, est – ou devrait être – aussi essentiel et anodin,
que la contribution d’autres ‘fabricants’ à notre vivre ensemble : ‘fabricants’ de pain ou de nourriture, de
vêtements ou de chaussures, de poèmes, de musique ou de sculptures. Autant d’artisanats réels et
indispensables. Chez Ponifasio, pas d’expérimentations formelles indépendantes, ni de schémas de
mouvements qui sont leurs propres références. Les danses de Lemi Ponifasio ne sont pas en dehors de la
vie, mais en plein dedans. Cette vie, elles la transforment, et c’est en cela que réside la contribution
singulière de l’artiste. Des spectacles comme ‘Paradise’, ‘Requiem’, ‘Tempest’ ou ‘Stones in Her Mouth’
nous en disent long sur la mort, la vie, l’identité, l’écologie, la communauté, l’homme et la femme, mais
grâce à leur lenteur, à leur concentration et à la sagesse des traditions dans lesquelles ils puisent, ils nous
invitent à regarder et à ressentir au-delà de l’anecdote et du connu. Ils offrent reconnaissance et aliénation,
tristesse et consolation, beauté et violence, alliance et perte.
Ce qui me touche et me fascine le plus dans l’œuvre de Lemi Ponifasio, c’est son point de départ : sa foi
profonde en la capacité du corps à communiquer avec l’autre, et avec des communautés temporaires
composées de spectateurs très divers. C’est dans des traditions séculaires, mais vivantes et ouvertes, qu’il
trouve la force de relier, par-delà les langues, les frontières et les identités. Là où aujourd’hui les mots
divisent, dissimulent, blessent ou font défaut, toujours plus, les danses de Lemi Ponifasio sont autant
d’appels à des compréhensions, à des sensibilités, elles ont une profondeur que les mots sont incapables
de saisir, une profondeur dont notre époque et notre Europe ont grand besoin. Lemi Ponifasio n’est pas un
chorégraphe étrange, sur une île exotique dont nous oublions toujours le nom, mais une voix contemporaine
et sophistiquée qui s’adresse à nous et nous vient d’époques et de lieux qui nous rappellent – et nous
projettent aussi dans – ce qui nous manque si fondamentalement en Occident, ce à quoi nous aspirons
profondément, nous qui ne le (re)connaissons qu’à peine : le lien, l’intuition, le mystère et une vitalité
intense."
Jan Goossens,
directeur artistique du Festival de Marseille,
allocution introduisant le message de Lemi Ponifasio, le 19 avril 2016 à La Villette
pour la Journée Internationale de la Danse portée par International Theatre Institute / Unesco.
Festival de Marseille - danse et arts multiples | Direction : Apolline Quintrand - Direction artistique : Jan Goossens | 17, rue de la République,
13002 Marseille | T +33 (0)4 91 99 00 20 | [email protected] | festivaldemarseille.com | facebook.com/FestivaldeMarseille