La note - Air France Magazine
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E L Y T S LIFE D E S IG N La note BLEUE Abloom in blue Collections mode de Valentino ou Giambattista Valli, décors et intérieurs inspirés : le Bleu de Delft et les céramiques azur font un come-back. 230 Ci-contre en haut : assiette “Skyscraper” de Maxime Ansiau, 110 cm, qui revisite l’architecture néerlandaise en étirant les proportions. Ci-contre en bas : paravent “By-Side”, avec panneaux mobiles en mosaïque verre et or blanc, de Patricia Urquiola, collection “Home”, Bisazza. PHOTOS DR restaurant Grillé, spécialisé dans le kebab de luxe stricto sensu, fait parler de lui. Non seulement en raison de la queue qui se forme chaque jour à l’heure du déjeuner devant son perron, mais avant tout pour son décor qui fait sensation. Dans ce petit espace imaginé par l’architecte Clément Blanchet, trois gentilhommes se détachent dans leur habit bleu Klein sur une céramique blanche : voici le boulanger, le boucher et le fromager, fièrement échappés d’un livre d’illustration du XVIIe siècle. “Le bleu permet d’ouvrir l’horizon, donne envie de voyager, explique l’architecte. Mais au-delà de la couleur, travailler avec des céramistes dans la plus pure tradition des azulejos portugais m’a permis d’ancrer le projet entre tradition et modernité. D’insister sur l’authenticité et la qualité des produits, de donner un élan nouveau à une recette ancestrale.” Quel est donc cet engouement pour la céramique de Delft, qui ne fut, au départ, qu’une vulgaire imitation de la porcelaine chinoise ? Dans la petite ville hollandaise de Delft siégeait la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (créée en 1602), qui détenait le monopole du commerce entre l’Asie et les Provinces-Unies. Ce commerce, qui fut à l’origine de la fabrication de faïence dans la ville, périclita au fil des décennies. La faïence de Delft demeura; dans son sillage, le bleu de Delft s’imposa. Il suffit de pousser les portes de l’hôtel Andaz Amsterdam Prinsengracht, récemment ouvert sur les canaux royaux, pour comprendre que le designer et enfant du pays, Marcel Wanders, s’est inspiré des scènes qui ornent la porcelaine de Delft pour composer cette immense fresque bleue et blanche qui court à la verticale, du paradis à l’enfer, le long du mur de l’atrium central. Un hommage au patrimoine néerlandais qui se prolonge jusque dans les chambres où un lavabo appelé “One Minute Delft Blue” fut barbouillé de bleu, en une minute chrono, par l’iconoclaste Marcel Wanders ! Une création qui fait écho à la collection “Delft Blue N°5” qu’il avait imaginée pour la manufacture Royal Delft en signe de pied de nez aux traditions. Plus généralement, Royal Delft, vénérable maison de faïence fondée en 1653, part depuis quelques années à la rencontre du Dutch Design. Baptisée “Blue D1653@”, la dernière collection en date marie le savoir-faire ancestral des maîtres céramistes et peintres renommés (tels Caroline Hartman, Simon van Oosten ou encore Paul Bartels) avec celui de designers contemporains comme Damian O’Sullivan, Arian Brekveld et Chris Koens. Le résultat ? Un regard neuf sur ce bleu de Delft ancestral qui s’invite par touches sur des vases, théières ou containers aux lignes épurées. Un nouvel art de vivre en bleu que le jeune Maxime Ansiau compose sur des assiettes allongées qui font jusqu’à 130 cm, étirant les motifs traditionnels hollandais pour leur donner une nouvelle verticalité, ou horizontalité. “Je voulais insister sur la monotonie du paysage néerlandais, répétitif et linéaire, tout en modernisant cet incroyable savoir-faire que nous avons”, conclut le jeune homme qui est exposé à la M ARIE L E F ORT galerie parisienne Vanessa Quang. M PHOTOS DR – MAGALI JOANNON – COURTESY MAXIME ANSIAU DERNIÈRE ADRESSE fooding à la mode emmenée par Frédéric Peneau, le