Martin Luther et

Transcription

Martin Luther et
L'histoire de l'église
La réforme I - Martin Luther et les 95 thèses
(Sven Birster)
Martin Luther ne fut pas le premier qui voulu réformer l'église, beaucoup d'autres avant lui ont
retrouvé des vérités de la bible et les ont mises en pratique. Ils furent souvent mis à mort par
l'Inquisition1 de l'église catholique avec les voyants et d'autres personnes qui pratiquaient
l'occultisme.
L'influence que Martin Luther a pu avoir s'explique par la situation culturelle, politique et
personnelle. Dieu a choisi la bonne personne au bon moment pour apporter sa parole au monde.
Qui était ce Martin Luther?
I. La vie de Martin Luther jusqu'à la réforme
a) Son enfance et sa période universitaire
Martin Luther est né le 10.11.1483 à Eisleben, dans un monde plein de changements et d'inventions
(découverte de l'Amérique, amélioration des techniques d'imprimerie par Jean Gutenberg, bcp.
prédicateurs itinérants qui proclament une fin du monde prochaine, vision du monde de Copernic
etc.). Le début de l'urbanisme provoque un manque de nourriture et de travail dans les villes. Des
menaces de guerre, des épidémies et des pestes répandent la peur parmi le peuple.
Martin Luther est le fils d'un fermier qui déménage d'Eisleben à Mansfeld et change de métier grâce
à l'achat de parts dans des mines de cuivre. Dès 1491 sa famille est une des familles les plus
populaires à Mansfeld2 et sa situation financière permet à Martin de recevoir une bonne éducation :
1488: école de latin à Mansfeld
1497: l'école des frères de la vie commune à Magdeburg
1498: école de la paroisse ("Städtische Pfarrschule") à Eisenach
1501: Luther commence ses études de droit à l'université d'Erfurt
Luther était connu comme un élève calme et rendu timide par l'ordre strict, mais très doué.
Son père voulait lui donner l'occasion de s'assurer une bonne existence en tant que juriste.
1502: "baccalauréat", son premier degré universitaire.
1505: maîtrise
Lors du retour d'un voyage chez sa famille, le 2 juillet 1505, sur le chemin d'Erfurt, la foudre s'abat
tout près de lui. Il tombe par terre et promet: "Sainte Anne, je veux devenir moine"
C'est Luther lui-même qui a dit plus tard qu'il réfléchissait déjà avant à l'idée de devenir moine.
Malgré la colère de son père, il devient moine augustin à Erfurt, le 17.07.1505.3
b) Martin Luther, le moine augustin
Luther menait une vie ascétique à l'abbaye. Mais il n'a pas trouvé la paix avec Dieu par le jeûne, la
mendicité et d'autres choses plus humiliantes. "Il se plaignait seulement parce que ce qu'il faisait
n'était pas suffisant et qu'il ne trouvait pas la paix spirituelle qu'il cherchait"4
1
"Inquisition" du latin "examen d'une cour" (gerichtliche Untersuchung),
http://www.heiligenlexikon.de/index.htm?Glossar/Inquisition.htm, 01.02.2005, L'inquisition était formée par des
Dominicains et Franciscains, mais les Dominicains étaient plus nombreux. Le but d'origine était de lutter contre les
Waldenses et les Albigeois
2
http://www.luther.de/leben/geburt.html, 01.02.2005
3
http://www.luther.de/leben/geburt.html, 01.02.2005, http://www.luther.de/leben/moench.html, 01.02.2005
4
Meyer, Carl S., The Church from Pentecost to the Present, Chicago, Moody Press, 1969, p 146
Ses connaissances des commandements de l'Ancien Testament, sa conscience éveillée et sa fixation
sur ses propres actions, augmentée par la vie monastique, ne lui permettaient pas d'avoir la paix
avec Dieu. Dieu était pour lui le contrôleur qui exige la perfection, qui damne l'homme, qui prend
plaisir à damner les pécheurs, même si Ezéchiel 33,11 est 1Tim 2,2-3 disent exactement le
contraire.
Il luttait contre ses péchés, ses mauvaises pensées et les accusations du diable. Il essayait toutes
sortes d'oeuvres pieuses, mais il ne trouva pas la paix là-dedans. La question qui résume le mieux sa
vie en tant que moine est: "Comment est-ce que je peux obtenir un Dieu clément?" Cette question
était le moteur de tous ses efforts.
Ordonné prêtre en 1507, "il était terrifié après sa première messe et son ministère de prêtre ne lui
apportait aucune consolation."5 Il pensait que porter la robe de prêtre le rendrait juste devant Dieu.
Il poursuivit ses études à Wittenberg, en 1508. Motivé par la devise des humanistes "ad fontes"
(lat.: aux sources), il commence à étudier la bible dans les textes originaux (hébreux et grec).
Il donne des cours de philosophie morale qui sont très influencés par son propre légalisme.
c) Martin Luther, le professeur à Wittenberg (1512-1518)
En 1512 Luther devient docteur de théologie et commence à enseigner l'exégèse de la Bible. Il
donne des cours sur les Psaumes (1514/15), Romains (1515/16), Galates (1516/1517) et Hébreux
(1517/18). Le grand changement dans sa vie était le moment, ou plutôt la période d'étude intensive
de l'épître aux Romains où Dieu par le Saint-Esprit lui donne la profonde compréhension de Rom
1,17 qui change sa vie:
"En effet la justice de Dieu se révèle dans l'évangile par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit: Le
juste vivra par la foi."6
5
6
Meyer, Carl S., The Church from Pentecost to the Present, Chicago, Moody Press, 1969, p 146
Luther: "Entre temps pendant l'année (1513) je me suis de nouveau tourné vers l'interprétation des Psaumes, croyant
que j'avais bien avancé dans l'exégèse par l'étude des épîtres de Saint Paul aux Romains et aux Galates et l'épître
aux Hébreux. J'étais pris par le désir profond de comprendre l'auteur de l'épître aux Romains. Non pas que je
n'étais pas décidé à l'étudier intensivement; je butais seulement sur la parole suivante "la justice de Dieu qui est
révélé dans l'évangile"(Rom 1,17). Car c'était ce terme "la justice de Dieu" que je haïssais, car j'avais l'habitude de
le comprendre selon l'interprétation des tous les théologiens de la philosophie scolastique comme justice "formelle"
ou "active", dans le sens que Dieu se révèle comme juste en punissant les pécheurs qui sont injustes.
Mais moi, malgré le fait que je menais une vie monastique irréprochable, je me sentais devant Dieu comme un
pécheur tourmenté par sa conscience et comme je ne pouvais être sûr de satisfaire aux exigences de Dieu, je ne
l'aimais pas, mais je haïssais ce Dieu juste qui punissait le pécheur. Car je me disais: Comme si ça ne suffisait pas,
que les pauvres pécheurs fussent déjà damnés éternellement à cause du péché originel et qu'il reçoivent selon la loi
de l'ancienne alliance toutes sortes de punitions, Dieu amplifiait encore les tourments en nous annonçant sa justice
pleine de colère et de punition par le message de la Nouvelle Alliance.
Je me torturais ainsi dans la sévérité et la confusion de ma conscience; je ruminais sans cesse à propos de cette
parole de l'apôtre, que j'essayais de déchiffrer avec un désir ardent. Jusqu'à ce que, après des jours et des nuits
entières de réflexion, Dieu eut pitié de moi et je commençais, en regardant les deux passages "la justice de Dieu se
révèle dans l'évangile par la foi" et "le juste vivra par la foi" (Rom 1,17), à comprendre la justice de Dieu par
laquelle le juste est sauvé par la grâce de Dieu et par la foi: que la justice de Dieu, révélée dans l'évangile, doit être
comprise dans le sens "passif", car Dieu dans sa miséricorde nous justifie par la foi, comme l'est écrit: "Le juste
vivra par la foi".
Maintenant j'avais l'impression d'être né de nouveau et je croyais être entré dans le paradis par des portes grandes
ouvertes. Je réexaminais les Ecritures, autant que je pouvais m'en souvenir et je trouvais la même idée dans
d'autres expressions: ainsi, "l'oeuvre de Dieu" est celle que Dieu accompli en nous; la "force de Dieu" est ce par
quoi Il nous rend forts; la "sagesse de Dieu" est celle qui nous rend sage. Il faut comprendre la "puissance de
Dieu", le "salut de Dieu" et "la gloire de Dieu" de la même façon.
Autant je haïssais l'expression "justice de Dieu", autant j'aimais cette idée maintenant et la parole de l'apôtre m'a
Un cercle de théologiens se forme autour de lui. Le résultat de ses études était la doctrine de la
justification par la foi seule.
En bref Luther enseigne: "L'homme n'est rendu juste devant Dieu ni à cause de quelque chose de
bon en lui, d'une tendance envers Dieu, ni à cause de quelque chose qu'il possède, ou d'une bonne
oeuvre qu'il exerce. Dieu donne, il étend sa main vers l'homme et investit dans l'homme, c'est la
justice parfaite de Jésus Christ qui vient de la grâce et de la grâce seulement. Cette justice est
comptée comme justice du pécheur qui l'accepte par la foi et seulement par la foi. Cette foi est
l'oeuvre du Saint-Esprit. De cette foi vient l'amour et les bonnes oeuvres que l'homme juste/justifié
fait, parce qu'il est juste/justifié. Il est quand même en même temps un homme juste et un pécheur"7
En 1518 il constate que la Bible seule peut montrer aux hommes le chemin du salut.
En 1522 la Bible traduite en allemand était le résultat de sa conviction que chaque homme et femme
devraient pouvoir lire la Bible lui-même, sans la médiation d'un prêtre.
Avant d'entrer dans la Réforme, voyons en bref quelques autres facettes moins connues de la
personne Martin Luther.
d) Luther et les humanistes
Même si l'humanisme avec ses critiques des pratiques de l'Eglise catholique a préparé la Réforme,
Luther se distance de leurs racines dans les philosophies antiques.
Bien que Luther prit la devise des Humanistes (par exemple Erasme de Rotterdam) "ad fontes" "aux sources" - comme motivation pour étudier la Bible dans les textes hébreux et grecs et pas dans
la traduction latine (la "vulgate"), comme c'était l'habitude dans l'église catholique, il était opposé à
leurs idées.
Alors que l'humanisme dit que l'homme est bon au fond de lui, Luther dit avec la Bible: Il est
pécheur dès sa jeunesse.
e) Luther et les juifs
Un chapitre moins connu de l'histoire de Luther est sa relation avec les juifs. Luther vécu dans un
temps anti-juif. Les juifs vivaient dans des ghettos, discriminés et limités dans leur exercice
professionnel.
vraiment ouvert les portes du ciel. Plus tard je lu l'écrit d'Augustin "de spiritu et litera" ("De l'esprit et de la lettre"),
dans lequel je découvris contre toute attente, que lui aussi comprenait que la justice de Dieu est celle qu'Il dépose
en nous, en nous justifiant. Même s'il n'explique pas tout, j'étais satisfait du fait que ici aussi la justice de Dieu était
comprise comme celle par laquelle nous sommes déclarés justes.
Encouragé par de telles découvertes je commençais à expliquer les Psaumes une seconde fois, - et ce travail aurait
donné naissance à un commentaire complet des Psaumes, si je n'avais pas dû interrompre mon travail l'année
suivante à cause de la convocation au Reichtag à Worms par l'empereur Charles Quint.
Je te raconte tout cela, cher lecteur, pour que tu puisses reconnaître, en lisant mon écrit, que j'étais, comme
Augustin le dit de lui-même, quelqu'un qui cherchait à avancer en écrivant et en enseignant et non pas un de ceux
qui deviennent quelqu'un tout à coup, sans avoir travaillé, sans avoir vaincu la tentation, sans avoir fait des
expériences, mais qui se sont appropriés tout le contenu des Ecritures dès le premier essai.
Jusque dans les années 1520 et 1521, la dispute sur les indulgences eu lieu, suivi par la dispute sur l'eucharistie et
les luttes contre les anabaptistes. [...]
Et maintenant, je te recommande à Dieu. Prie que la Parole de Dieu se répande malgré la puissance et les ruses de
Satan, qui à présent rôde cruel et en colère, car il sait que son temps est compté et que le règne du pape est ébranlé.
Que Dieu renforce son oeuvre en nous, qu'il a commencée et qu'il poursuivra jusqu'à son achèvement (Phil 1,6)
pour sa gloire. Amen."
Martin Luther, écrit le 5 Mars 1545 (tiré de: Luther. Ausgewählt von Karl Gerhard Steck. Eingeleitet von Helmut
Gollwitzer, Fischerbücherei Band 76, pp19-24
7
Traduction de Meyer, Carl S., The Church from Pentecost to the Present, Chicago, Moody Press, 1969, pp 147-148
Luther n'était pas un ennemi des juifs. Dans son livre "Jésus est né juif " il se réfère aux racines
juives du christianisme. Après l'échec de ses essais de convertir les juifs en leur expliquant
l'évangile, il devient amer et lutte contre eux, jusqu'à ce qu'il devienne anti-juif. Il écrit même:
"...qu'on brûle leur synagoges" (Martin Luther, "Des Juifs et leurs mensonges", 1543)
f) Ses dernières années (1540-1546)
Pendant ses dernières années, Luther lutte avec divers problèmes physiques. La mort de sa fille
Magdalena, en 1542, l'éprouva beaucoup et sa relation avec ceux qui ne croyaient pas comme lui
empira vers la fin de sa vie. Luther continue, malgré son état physique, à prêcher et à donner des
cours jusqu'à sa mort. Il termina son dernier cours avec les paroles: "Je suis faible, je n'en peux
plus."8
Son dernier voyage le conduit à Eisleben, où il était né, pour être médiateur d'une dispute dans la
famille du comte de Mansfeld. Il y meurt le 18 février 1546 après avoir prié les paroles de Ps 31,6:
"Je remets mon esprit entre tes mains; tu m'as libéré, mon Dieu bon et fidèle."
II. Le début de la Réforme
a) Le prologue - La vente des indulgences
Depuis 1514, Luther n'était pas seulement professeur à l'université de Wittenberg, mais aussi
prédicateur de l'église de la ville de Wittemberg et "s'occupait" du salut de ses paroissiens. Il
constata que les gens venaient de moins en moins à lui pour se confesser, car ils allaient dans des
villes comme Jüterborg ou Zerbst, pour y acheter des indulgences9.
Les indulgences, selon la doctrine catholique, devaient raccourcir le temps passé dans le
purgatoire10. La doctrine du purgatoire vient d'une fausse interprétation de 1 Cor 3,15 et 1Pi 1,7.
Les indulgences font partie de la troisième partie du "sacrement de la pénitence" pour raccourcir le
temps dans le feu du purgatoire. Par elles, on pouvait acheter les mérites de Christ. Il n'y avait pas la
moindre idée de grâce là-dedans. Les deux doctrines des indulgences et du purgatoire manquent de
toute base biblique.
A l'époque de Luther, la vente des indulgences servait avant tout à financier le dôme de la
cathédrale St Pierre à Rome.
A partir de 1507, la vente des indulgences augmente énormément. Le moine Johann Tetzel, qui était
responsable pour la vente en Anhalt et au Brandenbourg faisait son travail à la manière d'un
vendeur à la criée sur le marché. Une de ses phrases favorites était: "Quand la pièce résonne dans la
boîte, l'âme saute dans le ciel"11
b) Les 95 thèses de Martin Luther
Luther nia déjà avant le 31.10.1517 les indulgences dans ses prédications. Mais ce jour-là il écrit à
ses supérieurs ecclésiastiques, après avoir lu une instruction pour les vendeurs des indulgences. Il
8
http://www.luther.de/leben/tod.html, 01.02.2005
Avec les indulgences les chrétiens pouvaient, selon l'église catholique, acheter le pardon de Jésus pour des péchés
commis.
10
Définition catholique de "La purification finale ou Purgatoire"http://purgatoire.free.fr/DEFINITION.html,
02.02.2005: "Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de
leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie
du ciel [...] L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des
damnés. La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes de l’Écriture (par exemple 1Co 3,15 ; 1 Pierre 1, 7),
parle d’un feu purificateur."
9
11
"Wenn die Münze in dem Kasten klingt, die Seele in den Himmel springt", Johann Tetzel
espère pouvoir aider à régler cette erreur. Il ajoute ces 95 thèses qui devaient servir de base à la
discussion.12
Un petit extrait:
Thèse 27: "Ceux qui prétendent que 'l'âme va au ciel, quand la pièce sonne dans la boîte' ne
prêchent que des doctrines des hommes."
Thèse 33: "Qu'on se garde des gens qui clament que les indulgences du pape sont le don le plus
grand et plus précieux de Dieu par lequel l'homme est réconcilié avec Dieu."
Thèse 36: "Chaque vrai chrétien qui se repend de ses péchés peut recevoir le pardon parfait de sa
punition et de ses péchés, même sans indulgence."
Thèse 37: "Un vrai chrétien, vivant ou mort, possède tous les biens de Christ et de l'Eglise par le
don gracieux de Dieu, même sans indulgence."
Thèse 42: "Il faut enseigner aux chrétiens que donner aux pauvres ou prêter à celui qui est dans le
besoin fait une oeuvre bien meilleure que d'acheter des indulgences."
Conclusion
Dieu se sert des hommes, de leurs capacités intellectuelles ainsi que de tous leurs autres dons. La
base pour notre service envers Dieu est la justice qui vient de lui, l'assurance que le juge à la fin de
temps dira: "Innocent!". Cette justification vient par la foi par le pardon de Jésus et on ne peut rien y
ajouter. Confiance!
La plus grande Réforme a lieu quand un homme commence à comprendre et à accepter dans son
coeur la perfection de la grâce de Dieu.
...à suivre....
12
L'histoire que Martin Luther avait accroché ses 95 thèses à la porte de l'église à Wittemberg est très peu probable.
C'était l'habitude d'y accrocher des thèses pour la discussion, mais le faire sans avoir une réponse de ses supérieurs
dans cette question importante aurait était une provocation et ça ne correspond pas au caractère de Luther, qui en fait
voulait seulement aider à corriger une faute. En plus il n'y a pas eu de une discussion publique à Wittemberg au sujet
des 95 thèses à ce moment-là. Selon Erwin Iserloh 1961, http://www.luther.de/legenden/tanschl.html, 02.02.2005