Rôle du burnout scolaire dans les idées de suicide des adolescents

Transcription

Rôle du burnout scolaire dans les idées de suicide des adolescents
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 28–32
Article original
Rôle du burnout scolaire dans les idées de suicide des adolescents
Role of academic burnout in suicidal ideas among adolescents
V. Walburg a , S. Zakari b , H. Chabrol a,∗
a
Unité de recherche interdisciplinaire Octogone, EA 4156, centre d’études et de recherche en psychopathologie (CERPP), université de Toulouse II–Le Mirail, 5,
allée Antonio-Machado, 31058 Toulouse cedex 9, France
b Unité de recherche en psychologie, subjectivite, cognition et lien social, EA 3071, faculté de psychologie, université de Strasbourg, 67081 Strasbourg cedex,
France
Résumé
Objectif. – Explorer les déterminismes du burnout chez des lycéens français et évaluer l’effet médiateur de la dépression entre le burnout et les
idées de suicide.
Méthodes. – Deux cent cinquante-six lycéens de première et terminale ont complété des questionnaires relatifs à la dépression, aux idées suicidaires,
au burnout, au stress scolaire, à la pression perçue et au perfectionnisme.
Résultats. – Le burnout est prédit par le stress scolaire, la pression perçue parentale ainsi que la pression perçue en provenance des pairs ; le
perfectionnisme cependant apparaît comme un facteur protecteur. Et comme attendu, la dépression a un effet médiateur entre le burnout et les idées
suicidaires.
Conclusion. – Il est par conséquent important de tenir compte du stress scolaire et du burnout dans la prévention des tentatives de suicide
des adolescents. Des prises en charge orientées vers la résolution de problèmes ou l’amélioration du sentiment d’auto-efficacité pourraient être
intéressantes à explorer.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Stress scolaire ; Burnout ; Dépression ; Idées de suicides ; Adolescents
Abstract
Background and study aim. – Recent previous studies have highlighted the existence of burnout among high-school students. Burnout among highschool students has been described as a continuum between academic stress and severe burnout. Moreover, as for adults, burnout in school context
is a three-dimensional concept that includes: exhausting concerning school demands, cynical attitudes towards school and sense of inadequacy
as a student (Salmela-Aro et al., 2009). Previous research has shown that burnout can engender depression (Salmela-Aro et al., 2009), and that,
depression in turn could lead to suicide ideas among adolescents (Garlow et al., 2008). Therefore, the aim of this study is to explore the determinisms
of burnout among French high-school students and to evaluate the mediator effect of depression between burnout and suicidal ideations.
Method. – Two hundred and fifty-six high-school students from 11th and 12th grades participated in this study. Among the participants, 135 were
boys and 117 were girls, mean age was 16.9 years (SD = 0.88). The participants completed questionnaires about depression, suicidal ideations,
burnout, academic stress, perceived pressure and perfectionism.
Results. – Regression analyzes were performed in order to determine the predictor variables of school burnout. The results indicates that burnout
was predicted by academic stress, perceived pressure provided by parents and provided by peers; perfectionism however appears as a protective
factor. In a second step mediation analyses using multiple regressions were performed. As expected, depression was a mediator between burnout and
suicidal ideations. Since burnout was a significant predictor of depression and of suicide ideas, when depression and burnout are both associated,
depression is the principal predictor (␤ = 0.64; t = 11, P < 0.0001) and burnout is no longer a significant predictor (␤ = –0.09; t = –1.6; P = 0.11).
The Sobel post-hoc test confirmed these results (z = 8.4, P < 0.0001).
∗
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (H. Chabrol).
0222-9617/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2013.08.002
V. Walburg et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 28–32
29
Conclusion. – Therefore it seems important to take into account academic stress and burnout for prevention of suicidality in adolescents.
Psychotherapy interventions, focused on problem solving or improving feelings of self-efficacy, may be interesting to explore.
© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Academic Stress; Burnout; Depression; Suicidal ideations; Adolescents
1. Introduction
Le burnout a été très largement décrit chez l’adulte en
situation professionnelle [1]. Ensuite, dans une étude impliquant trois pays, l’Espagne, le Portugal et les Pays-Bas, le
burnout a également été identifié chez des étudiants [2]. Plus
récemment, plusieurs recherches ont également observé le syndrome de burnout chez des lycéens. Ce burnout est défini par
Salmela-Aro et al. [3] comme un continuum allant du stress
scolaire au burnout sévère. Toujours, selon ces auteurs le burnout chez les lycéens est un concept tridimensionnel comprenant
l’épuisement face aux demandes scolaires, une attitude cynique
à l’égard de l’école et un sentiment d’inadéquation en tant
qu’élève. L’étude de Silvar [4], qui a été réalisée en Slovénie
avec 1868 lycéens âgés de 15 à 18 ans, a trouvé un taux de burnout élevé de 6,8 %. De plus, dans cette étude le burnout était
corrélé à l’anxiété et aux relations familiales appauvries et distantes ainsi qu’à l’utilisation de stratégies de coping orientées
vers les émotions. L’étude de Salmela-Aro et al. [5] menée en
Finlande avec la participation de 611 élèves de huit établissements a montré que le burnout prédit la dépression et que le
burnout, comme la dépression, reste relativement stable dans le
temps.
La dépression est un trouble fréquent durant l’adolescence,
en effet dans une méta-analyse ayant étudié 26 recherches épidémiologiques. Costello et al. [6] ont trouvé une prévalence de
5,6 % chez les 13–18 ans, dont 5,9 % chez les filles et 4,6 %
chez les garçons. Une autre étude épidémiologique a trouvé
une prévalence de 9,5 % pour toute forme de trouble dépressif, dont 11,7 % chez les filles et 7,3 % chez les garçons [7]. Par
ailleurs, l’étude de Birmaher et al. [8] a montré que la dépression
chez les adolescents était fréquemment associée à des difficultés
scolaires.
La dépression est également souvent liée aux idées de suicide chez les adolescents [9,10]. Or, les idées de suicide sont un
prédicteur significatif des tentatives du suicide effectives [11]
et le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les adolescents en Europe [12]. Dans une étude de Jiang et al. [13]
qui s’est déroulé en 2007 à Rhode Island aux États-Unis avec
2210 lycéens, les auteurs ont trouvé une prévalence de 14 %
pour les idées de suicides. De même, Consoli et al. [9] dans une
étude française avec un échantillon de 36 757 adolescents ont
trouvé une prévalence de 16,2 % pour les idées de suicides.
Étant donné la fréquente concomitance du burnout avec la
dépression et la dépression avec les idées de suicides, il est légitime de s’interroger sur leur interaction mutuelle. D’autant plus,
qu’une étude précédente de Ang et Huan [14], qui a été menée
à Singapour avec 1108 adolescents, a montré que la dépression
était un médiateur entre le stress scolaire et les idées de suicides.
De ce fait, il paraît intéressant d’explorer l’existence d’un lien
similaire avec le burnout dans un échantillon de lycéens français
ayant une culture et un système scolaire différent. L’objectif de
la présente étude est donc dans un premier temps d’évaluer les
facteurs prédicteurs du burnout ; puis dans un deuxième temps,
de vérifier l’existence d’un lien de médiation de la dépression
entre le burnout et les idées de suicides.
2. Méthode
2.1. Population et procédure
Cette étude a été conduite auprès des lycéens de première
et de terminale dans trois établissements privés et publics à
Toulouse et à Metz. Après avoir obtenu l’autorisation du chef
d’établissement, les élèves ont été invités à compléter les questionnaires sur la base du volontariat et de l’anonymat durant leurs
heures de cours. Un total de 265 élèves ont répondu aux questionnaires, cependant 13 questionnaires ont été retirés de l’étude
puisqu’ils étaient incomplets. De fait, l’étude a été réalisée avec
un total de 252 lycéens, dont 135 garçons et 117 filles, avec une
moyenne d’âge de 16,9 ans (SD = 0,88) ; 138 d’entre eux étaient
en classe de première et 114 en terminale.
2.2. La dépression
La symptomatologie dépressive a été évaluée à l’aide de
la version française de la Center for Epidemiological StudiesDepression Scale (CES-D) [15]. Chaque réponse est cotée de
0 à 3, sur une échelle de fréquence d’apparition d’un symptôme
au cours de la semaine écoulée où 0 équivaut à « jamais, très
rarement ou moins d’un jour » et 3 à « très souvent ou cinq à
sept jours ». Une étude antérieure a montré que 24 était un score
seuil pour une dépression [16]. Le coefficient ␣ était dans cet
échantillon de 0,87.
2.3. Les idées de suicide
Les idéations suicidaires ont été mesurées grâce aux trois
items proposés par Garrisson et al. [17] qui complètent la
CES-D : « j’ai eu l’impression que la vie ne mérite pas d’être
vécue » ; « j’ai eu envie de me faire du mal » et « j’ai eu envie de
me suicider ». Le coefficient ␣ était de 0,74.
2.4. Le burnout
Pour explorer le burnout, l’échelle d’Oldenburg Burnout
Inventory (OLBI) de Halbesleben et Demerouti [18] a été utilisée, il s’agit d’une échelle de likert de 16 items. Cotée de 1 à
5, 1 correspondant à « tout à fait d’accord » et 5 à « pas du tout
d’accord ». À titre d’exemple d’items on peut citer « il m’arrive
30
V. Walburg et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 28–32
de plus en plus souvent de parler péjorativement du lycée en
général » et « avec le temps, on perd le sens des véritables raisons d’aller au lycée ». Cette échelle a été traduite en français et
adaptée au contexte scolaire en remplaçant les termes « travail »
par « école ». Le coefficient ␣ était de 0,72 dans cet échantillon.
2.5. Le stress scolaire
Le stress scolaire a été évalué à l’aide d’une traduction
française de la High School Stressor Scale (HSSS) de Burnett
et Fanshawe [19] mesurant différents stresseurs en lien avec la
scolarité coté de 1 à 7 où 1 équivaut à « cela ne me pose aucun
problème » et 7 à « cela me pose un très gros problème ». Ce
questionnaire comprend 34 items comme « trop de pression de
mes parents concernant la réussite à l’école » ou « trop de devoirs
à faire à la maison ». La consistance interne était bonne avec un
coefficient ␣ = 0,83.
2.6. La pression perçue
La pression perçue a été mesurée par des questions que
nous avons construites et qui ont été cotées sur une échelle
allant de 0 à 6. Trois sources de pressions sont distinguées : les
parents (« comment percevez-vous les exigences de vos parents
concernant votre réussite scolaire »), les enseignants (« comment
percevez-vous le degré d’indulgence de vos professeurs vis-à-vis
d’échecs de votre part »), les pairs (« comment évalueriez-vous
le degré de compétitions entre élèves dans la classe »). Chaque
source de pression a été évaluée par trois items et les coefficients de Cronbach étaient respectivement ␣ = 0,73 ; ␣ = 0,40 ;
␣ = 0, 54.
2.7. Le perfectionnisme
L’évaluation du perfectionnisme s’est fait avec neuf items
issus de la version française validée [20] de l’échelle des standards personnels. Ces neuf items concernent la sous-échelle
des standards personnels relatifs au perfectionnisme dont quatre
items concernent les aspects positifs « il est important pour moi
que je sois tout à fait compétent dans ce que je fais » et cinq items
sur les aspects négatifs « si j’échoue en partie c’est aussi mauvais
qu’un échec complet ». La cotation s’est faite sur une échelle de
likert de 1 à 5 où 1 équivaut à « tout à fait d’accord » et 5 à « pas
du tout d’accord ». La consistance interne était satisfaisante avec
un coefficient ␣ = 0,73.
2.8. Analyses statistiques
Une analyse de régression multiple a été réalisée pour étudier la contribution du sexe, du perfectionnisme, des pressions
perçues et du stress scolaire à l’explication du score de burnout.
Pour tester le rôle de médiateur de la symptomatologie
dépressive sur les idées suicidaires, trois analyses de régression multiple ont été réalisées, selon la méthode préconisée par
Baron et Kenny [21]. L’analyse de régression 1 étudie le lien
entre le burnout (variable indépendante) et la symptomatologie
dépressive (médiateur) ; l’analyse de régression 2 étudie le lien
Tableau 1
Analyse de régression prédisant le burnout.
Sexe
Perfectionnisme
Pression perçue par les enseignants
Pression perçue parentale
Pression perçue par les pairs
Stress scolaire
␤
p
–0,07
–0,20
0,10
0,13
0,13
0,30
0,24
0,001
0,09
0,042
0,035
0,000
entre le burnout et les idées de suicide (variable dépendante) ;
l’analyse de régression 3 étudie la contribution relative du burnout et de la symptomatologie dépressive aux idées de suicide.
Pour affirmer le rôle médiateur de la symptomatologie dépressive, il faudrait que le burnout soit un prédicteur significatif de
la symptomatologie dépressive (analyse de régression 1), que le
burnout soit un prédicteur significatif des idées de suicide (analyse de régression 2) et que, dans l’analyse de régression 3, la
symptomatologie dépressive soit un prédicteur des idées du suicide et l’effet du burnout sur les idées de suicide soit moindre
que dans l’analyse de régression 2. La contribution unique de
chaque prédicteur est rapportée par le coefficient de régression
standardisé ␤, la statistique t et la valeur de p. Les calculs ont
été réalisés avec la version 10 de STATISTICA.
3. Résultats
3.1. Analyse de régression multiple prédisant le burnout
Le modèle expliquait 18 % de la variance du burnout
(Tableau 1). Le sexe n’était pas un prédicteur significatif indiquant que l’influence des variables étudiées sur le burnout était
comparable chez les filles et les garçons. Le stress scolaire était
le principal prédicteur. La pression exercée par les parents et
la pression des camarades étaient également associées positivement au burnout. Le perfectionnisme était associé négativement
et significativement au burnout.
3.2. Test de médiation
Dans la première analyse de régression multiple, le score de
burnout expliquait 4 % de la variance de la symptomatologie
dépressive (␤ = 0,48 ; t = 8,74 ; p < 0,001) et dans la deuxième
analyse, 16 % de la variance des idées de suicide (␤ = 0,19 ;
t = 3,1, p = 0,002). Dans la troisième analyse, le score de burnout
et la symptomatologie dépressive expliquaient ensemble 37 % de
la variance des idées de suicide. La symptomatologie dépressive
était le principal prédicteur (␤ = 0,64 ; t = 11, p < 0,0001) alors
que le burnout n’était plus un prédicteur significatif (␤ = –0,09 ;
t = –1,6 ; p = 0,11). Le test de Sobel confirmait la médiation
(z = 8,4, p < 0,0001).
Une méthode efficace de renforcer l’interprétation d’un test
de médiation réalisé avec des données transversales est de
conduire une nouvelle analyse de régression intervertissant le
médiateur et la variable dépendante [22]. Ici, nous avons évalué
si les idées de suicide était un médiateur entre le burnout et la
V. Walburg et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 28–32
symptomatologie dépressive : les résultats n’indiquaient pas de
médiation car le burnout restait un prédicteur significatif de la
symptomatologie dépressive après contrôle des idées de suicide
(␤ = 0,52 ; t = 11,2 ; p < 0,0001).
4. Discussion
Dans cette étude le stress scolaire était le principal prédicteur
du burnout, ce qui est en concordance avec la définition donnée
par Salmela-Aro et al. [3] selon laquelle le burnout serait un
continuum entre le stress scolaire et le burnout sévère.
La pression perçue parentale et en provenance des pairs sont
également des prédicteurs du burnout. Concernant, la pression
perçue parentale, cela va dans le sens de la définition donnée
par Ang et Huan [14] selon laquelle les adolescents à risque
pour un burnout ont des standards personnels élevés, ou bien
sont exposés à des attentes élevées de la part de leur entourage,
notamment parental. Quant à la pression perçue en provenance
des pairs, cela peut être rattachée aux résultats trouvés dans
l’étude de Kiuru et al. [23] selon laquelle il existe une influence
des pairs sur le burnout, c’est-à-dire, que les groupes de pairs ont
une certaine ressemblance au niveau de leurs résultats scolaires
et du burnout. Le fait d’appartenir à un groupe en difficultés sur le
plan scolaire augmente le niveau de burnout pour l’ensemble des
membres du groupe, tandis que le fait d’appartenir à un groupe
ayant des bons résultats scolaires semble être facteur protecteur
contre le burnout.
Contre toute attente, le perfectionnisme s’est avéré être un
prédicteur négatif signifiant qu’il s’agit plutôt d’un facteur protecteur, autrement dit, plus l’élève a le souci de bien faire, moins
il est à risque pour un burnout. Ce résultat est en accord avec
l’étude de Vasalampi et al. [24] qui a montré que les élèves qui
avaient des objectifs élevés, mais pour des raisons internes donc
personnelles, avaient une meilleure implication scolaire et moins
de risque de burnout.
D’autre part, conformément à la recherche d’Ang et Huan
[14], dans notre étude, le rôle médiateur de la dépression entre le
burnout et les idées de suicides a été mis en évidence, impliquant
que, le burnout chez les lycéens a bien un impact sur les idées
de suicides, mais surtout lorsqu’il est associé à la dépression.
4.1. Limitations à l’étude
Plusieurs échelles utilisées, notamment pour le burnout
(OLBI) et le stress scolaire (HSSS) ne sont pas encore validées
en français et il s’agit donc de versions traduites. Cependant,
dans les deux cas la consistance interne est plutôt bonne.
De même, la pression perçue n’a pas été évaluée avec un
outil validé et les alphas de Cronbach de la pression perçue en
provenance des enseignants et des pairs étaient plutôt faible.
4.2. Implications
Ces résultats impliquent que les élèves en difficultés scolaires
et donc susceptibles de développer un burnout sont également à
risque pour d’autres troubles psychopathologiques potentiellement graves à savoir la dépression et les idées de suicides. Par
31
conséquent, lors de la prise en charge d’adolescents avec des difficultés scolaires, il est pertinent de rechercher la présence d’un
sentiment d’épuisement scolaire ; mais l’analyse de médiation
montre l’importance de tenir également compte de la symptomatologie dépressive qui risque d’y être associée. Au niveau de
la prise en charge ou de la prévention, une approche centrée sur
le sentiment d’auto-efficacité semble avoir des résultats intéressants, puisque cette approche a déjà montré des bons résultats
chez les adultes en situation professionnelle [25]. Et une étude de
Kvarme et al. [26] a montré que des groupes de paroles chez des
adolescents, basés sur la résolution de problèmes, améliorent le
sentiment d’auto-efficacité. Dans le même ordre d’idées, Agliata
et Renk [27] ont mis en évidence dans leur étude que les écarts
entre les attentes parentales sur le plan scolaire et les capacités
perçues des élèves engendraient de l’anxiété, de la dépression et
du stress chez ces derniers. De ce fait, une information préventive
auprès des parents pourrait être utile.
5. Conclusion
Pour conclure, on peut retenir que c’est essentiellement le
stress scolaire et la pression perçue parentale et des pairs qui
déterminent le burnout chez les lycéens. Ce sentiment de burnout quant à lui peut entraîner des idées de suicides chez les
adolescents en particulier lorsqu’il est associé à la dépression.
D’autres études seront nécessaires dans l’avenir afin
d’explorer davantage les facteurs à risque du burnout chez les
lycéens, mais également les conséquences sur la santé mentale
des adolescents.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
relation avec cet article.
Références
[1] Maslach C, Shaufeli WB, Leiter MP. Job burnout. Annu Rev Psychol
2001;52:397–422.
[2] Schaufeli W, Martinez I, Pinto AM, Salanova M, Backer A. Burnout and
engagement in university students: a cross-national study. J Cross Cult
Psychol 2002;33:464–81.
[3] Salmela-Aro K, Kiuru N, Leskinen E, Nurmi J. School Burnout
Inventory (SBI) Reliability validity. Eur J Psychol Assess 2009;25:
48–57.
[4] Silvar B. The syndrome of burnout, self-image, and anxiety with grammar
school students. Horiz Psychol 2001;10:21–32.
[5] Salmela-Aro K, Savolainen H, Holpainen L. Depressive symptoms and
school burnout during adolescence: evidence from two cross-lagged longitudinal studies. J Youth Adolesc 2009;38:1316–27.
[6] Costello EJ, Erkanli A, Angold A. Is there an epidemic of child
or adolescent depression? J Child Psychol Psychiatry 2006;47:
1263–71.
[7] Costello EJ, Mustillo S, Erkanli A, Keeler G, Angold A. Prevalence and
development of psychiatric disorders in childhood and adolescence. Arch
Gen Psychiatry 2003;60:837–44.
[8] Birmaher B, Bridge J, Williamson DE, Brent DA, Dahl RE, Axelson
DA, Dorn LD, et al. Psychosocial functioning in youths at high risk to
develop major depressive disorder. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry
2004;43:839–46.
32
V. Walburg et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 62 (2014) 28–32
[9] Consoli A, Peyre H, Speranza M, Hassler C, Falissard B, Touchette E, et al.
Suicidal behaviors in depressed adolescents: role of perceived relationships
in the family. Child and adolescent psychiatry relationship in the family.
Child Adolesc Psychiatry Ment Health 2013;7:1–12.
[10] Garlow SJ, Rosenberg J, Moore JD, Hass AP, Koesner B, Hendin
H, et al. Depression, desperation, and suicidal ideation in college
students: results from the American foundation for suicide prevention college screening project at Emory University. Dep Anx 2008;25:
482–8.
[11] Nock MK, Borges G, Bromet EJ, Alonso J, Angermeyer M, Beautrais A.
Cross national prevalence and risk factors for suicidal ideation, plans and
attempts. Br J Psychiatry 2008;192:98–105.
[12] Wilkinson P, Kelvin R, Roberts C, Dubichka B, Goodyer I. Clinical and
psychosocial predictors of suicide attempts and nonsuicidal self-injury
in the Adolescent Depression Antidepressants and Psychotherapy Trial
(ADAPT). Am J Psychiatry 2011;168:495–501.
[13] Jiang Y, Perry DK, Hesser JE. Suicide patterns and association with predictors among rhode island public high school student: a latent class analysis.
Am J Public Health 2010;1000:1701–7.
[14] Ang RP, Huan VS. Relationship between academic stress and suicidal ideation: testing for depression as a mediator using multiple regressions. Child
Psychiatry Hum Dev 2006;37:133–43.
[15] Furher R, Rouillon F. La version française de l’échelle CES-D. Description et traduction de l’échelle d’autoévaluation. Psycitr Psychobiol
1989;4:163–6.
[16] Chabrol H, Montovany A, Chouicha K, Ducongé E. Étude de la CES-D dans
un échantillon de 1953 adolescents scolarisés. Encephale 2002;28:429–32.
[17] Garrison CZ, Andy CL, Jackson KL, et al. The CES-D as a screen for
depression and other psychiatric disorders in adolescents. J Am Acad child
Adolesc Psycitry 1999;30:636–44.
[18] Halbesleben JRB, Demerouti E. The construct validity of an alternative
measure of burnout: Investigating the English translation of the Oldenburg
Burnout Inventory. Work Stress 2005;19:208–20.
[19] Brunett PC, Fanshawe JP. Measuring school related stressors in adolescents.
J Youth Adolesc 1997;26:23–31.
[20] Bouvard M, Robbe-Grillet P, Phan S, Millery M, Amireche S, Forget F, et al.
Étude de validation d’une échelle multidimensionnelle de perfectionnisme.
Rev Francoph Clin Comport Cong 2000;5:11–22.
[21] Baron RM, Kenny DA. The moderator-mediator variable distinction in
social psychological research: conceptual, strategic, and statistical considerations. J Pers Soc Psychol 1986;51:1173–82.
[22] Shrout PE, Bolger N. Mediation in experimental and nonexperimental studies: new procedures and recommendations. Psychol Method
2002;7:422–45.
[23] Kiuru N, Aunola K, Nurmi J, Leskinen E, Salmela-Aro K. Peer group
influence and selection in adolescents’ school burnout. Merrill Palmer Q
2008;54:23–55.
[24] Vasalampi K, Salmela-Aro K, Nurmi J. Adolescents’ self-concordance
school engagement and burnout predict their educational trajectories. Eur
Psychol 2009;14:332–41.
[25] Salmela-Aro K, Näätänen P, Nurmi J. The role of work-related personal
projects during two burnout interventions: a longitudinal study. Work Stress
2004;18:208–30.
[26] Kvarme LG, Heleth S, Sorum R, Luth-Hansen V, Haugland S, Natvig GK.
The effect of a solution-focused approach to improve self-efficacy in social
withdrawn school children: a non–randomized controlled trial. Int J Nurs
Stud 2010;47:1389–96.
[27] Agliata AK, Renk K. College students’ affective distress: the role
of expectation discrepancies and communications. J Child Fam Stud
2009;18:396–411.