Fiction adulte
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Fiction adulte
Connaissance de l’édition de fiction pour adultes A. Délimitations : 1) Typologie en forme d’évidence Ce cours concerne la fiction, par opposition aux documentaires. On y parlera de choix de fiction dans l’édition pour adultes… donc chez les éditeurs ou dans les collections réputés ne s’adresser ni aux enfants, ni aux adolescents [il y a quelques années, j’aurais dû intégrer la littérature pour adolescents à mon cours, car elle puisait largement dans la littérature pour adultes. Aujourd’hui, force est de constater que les éditeurs se recentrent, lorsqu’ils visent spécifiquement le public adolescent, sur des collections jeunesse. A tel point qu’à Vertou la collègue qui s’occupe des acquisitions pour le fonds ado, et qui à ce titre devait jusqu’à l’année dernière jongler entre les deux secteurs (adultes et jeunesse) et donc avec deux budgets, ne trouve plus aujourd’hui assez de titres dans la production ado-adultes pour dépenser la somme que je lui ai allouée]. La notion de « fiction » recouvre des genres littéraires très différents : - les romans (contemporains, classiques, historiques, sentimentaux, érotiques ou « de terroir »), - les romans policiers, - les romans fantastiques ou de science-fiction, - la poésie, le théâtre et l’humour (je les évoquerai, mais me concentrerai plus particulièrement sur les genres romanesques) … des genres qui peuvent être édités sous des formes également différentes : - livres « papier » en caractères « normaux » et « en grands caractères » / livres grand format et livres au format poche - livres sur support mp3 (livres audio), - livres sur support numérique. Par contre, ce cours n’abordera pas le sujet de la bande dessinée… un genre et un cours à part entière. 1 2) Alors, pourquoi s’intéresser à l’édition de fiction pour adultes lorsqu’on veut devenir bibliothécaire ? - Pour acquérir - Pour renseigner (conseils de lecture, à personnaliser en fonction du lecteur) - Pour animer (un club de lecture, par exemple). Connaître les éditeurs peut aussi être intéressant, pour pouvoir les contacter lors d’animations, et obtenir des exemplaires de presse ou entrer en contact avec un auteur. B. Contexte : 1) les Français et la lecture - Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique, enquête 2008 / Olivier Donnat Ŕ La Découverte/Ministère de la Culture et de la - Etude SNE/IPSOS « Les Français et la lecture » http://www.sne.fr/ressources/etude-sur-les-francais-et-la-lecture/ Etude IPSOS/Livres hebdo sur les pratiques de lecture - Livres Hebdo n°989 du 14/03/2014, téléchargeable sur www.livreshebdo.fr Lectures et lecteurs à l’heure d’internet / Christophe Evans Ŕ Ed. du Cercle de la librairie, 2011 Les mutations de la lecture / Olivier Bessard-Banquy - Presses universitaires de Bordeaux, 2012, Communication, 2009 (dernière étude du Ministère de la culture disponible) - Un lectorat vieillissant et déclinant Le nombre moyen de livres lus par les lecteurs âgés de 15 ans et plus est passé de 23 en 1986, à 15 en 2014. En 3 ans, baisse de 5% des Français de 15 ans et plus ayant lu au moins 1 livre dans l’année : 69% en 2014 Profil des lecteurs : une majorité de femmes (57%), âgées en moyenne de 46 ans, sans enfant de moins de 15 ans, résidant à Paris ou sa région, issues de la classe moyenne ou aisée, avec un diplôme universitaire et un revenu supérieur à 2300 €. On voit donc que, si la lecture reste le 2e loisir préféré des Français après les sorties entre amis, et si le niveau moyen de diplôme a augmenté, la lecture peine à se démocratiser au-delà des classes socioprofessionnelles supérieures. - Des explications sociétales Le processus d’individualisation que l’on remarque depuis de nombreuses années en France permet aux individus de s’émanciper des grandes institutions sociales (famille, école, etc.), donc de prendre leurs distances par rapport aux pratiques dites légitimes (la lecture des livres par exemple, et celle des classiques en particulier)… et par voie de conséquence par rapport aux institutions qui ont pour mission de soutenir ces pratiques (comme les bibliothèques…) D’autre part, la transmission se fait aujourd’hui plus horizontalement que verticalement (Je pense au « peer to peer », aux prix littéraires attribués par des jurys de lecteurs anonymes, aux blogs de lecteurs, etc.) 2 La lecture est noyée dans un ensemble de loisirs : 4 sondés sur 10 affirment lire moins qu’avant, d’abord par manque de temps, accaparés par leur activité professionnelle, leur vie de famille ou d’autres loisirs. D’autre part, si l’on « lit » partout (des messages, des infos, etc.) et sur tout (écrans d’ordinateur, smartphones, tablettes, etc.), la lecture de textes complets tels que les livres (papier ou numérique, peu importe) diminue fortement. A tel point qu’on se demande si, dans quelques années, il restera des lecteurs pour lire même sur des ebooks. La concurrence de la musique, des jeux vidéo ou des applications à la mode est très forte. Nous sommes dans une société où le travail intellectuel, l’effort et l’approfondissement sont assez peu valorisés. Parce que le consommateur s’affirme de plus en plus sur la scène sociale, tandis que la pression sociale se relâche, il s’oriente plus volontiers vers des activités à faible contrainte (la lecture « traditionnelle » en est pleine / La lecture « légère, de divertissement » résiste encore / Les nouveaux usages de « lecture » sont eux beaucoup plus en harmonie avec la société d’aujourd’hui). Les « ennemis historiques » qu’étaient la TV et internet sont en baisse d’influence, du moins pour une partie de la population. Pour les jeunes (qui ne trouvent décidément aucun caractère subversif à la lecture), ils sont très nettement remplacés par les réseaux sociaux et les jeux vidéo sous toutes leurs formes. Il faut donc aujourd’hui trouver le moyen de s’adapter aux attentes et aux pratiques nouvelles pour rendre la lecture séduisante. 2) Logiquement, un marché de l’édition française qui enregistre un tassement en 2013, pour la 4 e année consécutive Données issues : - de Livres Hebdo/Electre - du SNE (Syndicat National de l’Edition) : Synthèse et enjeux sur : http://www.sne.fr/enjeux/chiffres-cles-2013/ Chiffres-clés de l’édition 2014, données 2013, téléchargeable en version pdf sur : http://www.sne.fr/ressources/chiffres-cles-de-ledition/ - de la DGMIC (Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, au sein du ministère de la Culture et de la Communication) : http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/89408/669581/version/1/file/Chiffres-cles_Livre_SLL_2012-2013.pdf (synthèse établie en mars 2014) [Fonctionnement des tableaux de bord disponibles : - SNE et DGMIC = chiffres annuels portant sur l’année précédente - Livres Hebdo = un tableau de bord annuel et des tableaux de bord trimestriels, mais sans synthèse, établis à partir d’un panel représentatif de 2400 points de vente en France métropolitaine, à considérer donc comme une estimation, un « indicateur de tendance ». Pour analyser le contexte éditorial, je me base donc sur les synthèses annuelles, qui sont plus complètes, mais qui engendrent un « effet retard » contre lequel on ne peut rien, donc sur les données 2013, dernières données complètes disponibles. En particulier celles de la DGMIC] 3 Quelques données concernant l’édition en général, avant de parler de l’édition de fiction en particulier - Pour 2013, le chiffre d’affaires net des éditeurs (clubs et cessions de droits compris) a accusé une baisse de 3% (à 2 687 millions d’euros). C’est la baisse la plus marquée depuis 2008. C’est aussi la 1ère fois depuis plus de vingt ans que le marché du livre recule pendant 4 années consécutives. On note également pour la même période une baisse des ventes de livres en volume : 427 millions d’exemplaires vendus en 2013 (contre 440 millions en 2012). Les raisons de ces mauvais chiffres : - l’année très difficile vécue par les distributeurs avec la faillite de Virgin et des librairies Chapitre - l’absence de réforme scolaire qui a pour conséquence une baisse des revenus de l’édition scolaire - le budget moyen dédié à l’achat de livres a diminué - Malgré tout, représentant près de 52% du marché des biens culturels, le livre reste le bien culturel le plus vendu en 2013. Et il semble mieux résister à la crise économique que la plupart des autres produits de consommation. Notamment grâce : - à des relais de croissance dans le secteur du livre de poche et du livre numérique, - au commerce en ligne (18% des livres se sont vendus via internet en 2013), - à l’importance des best-sellers, avec de belles progressions dans les meilleures ventes *La TVA est passée de son taux traditionnel de 5,5% à celui de 7% au 1er avril 2012… avant de revenir à 5,5% au 1er janvier 2013 [Il existe en France 3 taux de TVA pour le livre : 5,5% pour le livre neuf, sauf en Corse où il est de 2,1%, et 0% pour le livre d’occasion] - A noter, les difficultés que connaît le marché du livre n’ont étonnamment pas conduit à un resserrement de la production Elle ne cesse au contraire d’augmenter : environ 67.000 titres ont été publiés en 2010, plus de 70.000 titres en 2011, plus de 72.000 titres en 2012 et plus de 74 800 en 2013. Le nombre de titres disponibles en 2013 est de 673 500 références (599.450 en 2010, 622.440 en 2011, 644 610 en 2012), soit une augmentation de +4,5%. 4 - Par contre, les éditeurs restreignent constamment le tirage moyen des livres qu’ils publient : D'environ 20.000 exemplaires dans les années 70, le tirage moyen des livres est passé à 11.000 exemplaires dans les années 1990, pour atteindre 7311 exemplaires en 2012, et même 5 991 exemplaires en 2013 ! Un niveau historiquement bas. Faut-il y voir : - une meilleure gestion de leurs stocks par les éditeurs, qui privilégient le nombre de titres publiés (signe de dynamisme) et restreignent leur tirage moyen (signe de prudence) ? - Ou une conséquence perverse (les livres ont une durée de vie de plus en plus limitée, ils doivent « faire leurs preuves » immédiatement ou disparaître) ? A titre d’exemple, en SF, un titre qui « marche » est un titre qui fait 1.500 ventes : autant dire que plus personne n’arrive à vivre de cette toute petite part du gâteau. Dans certaines maisons d’édition, un titre vendu à moins de 2 000 exemplaires par an ne sera pas réimprimé. - Dorénavant le décollage d’un titre se joue sur un très court laps de temps (en gros sur les 5 à 6 premières semaines), les éditeurs prenant de moins en moins de risques : On voit ainsi poindre depuis peu l’impression à la demande, et même l’édition à la demande : L'impression à la demande (IAD) [à distinguer du court tirage, demandé par l’éditeur, et intéressant à partir du moment où un titre est demandé plus de 70 fois/an] L’IAD, c’est l'édition unique d'un ouvrage épuisé, quelques heures après sa demande par un client en librairie ou sur internet. Elle est légèrement plus chère que l’impression offset traditionnelle, mais comme il s’agit de livres épuisés très recherchés par certains lecteurs, ces derniers sont prêts à assumer ce surcoût. - Hachette a créé en 2010 une filiale à parts égales avec Lightning Source, le grand spécialiste américain de l’impression à la demande. Elle teste d’abord l’IAD avec les 66 500 titres de Gallica, la base numérique de la BNF, des ouvrages libres de droits, publiés entre le 15e et le 19e siècle, « trésors du patrimoine littéraire et historique français puisés dans des collections rares de livres anciens ». Production annuelle annoncée : 400 000 volumes ! Un site dédié permet aux clients de librairie de consulter l’ensemble des références disponibles avant de les commander : www.hachettebnf.fr - Editis annonce 2 000 titres à la fin 2014, et à terme 5 000 à 8 000 références. Soit 10 à 15% des fonds des maisons du groupe 5 L’édition à la demande : C’est faire appel aux internautes pour financer les jeunes talents, système qui a déjà été décliné pour la musique, les films et la BD - M@n (http://www.editions-man.com) se positionne dans le domaine de la littérature : Lancée par Leo Scheer et Patrick Lelay, cette maison d’édition se présente comme « la plateforme des manuscrits ». La communauté choisit l’auteur qui accède au privilège de la publication (numérique), grâce à un système de vote. Pour en faire partie, les internautes doivent verser un droit d’entrée de 15 euros qui leur permet : - de mettre en ligne un manuscrit, texte dont vous êtes l’auteur, permettant aux autres membres de m@n de le lire, de le commenter, d’en discuter avec vous. - de dialoguer avec les autres membres de m@n à travers 4 outils de communication : l’espace dédié aux commentaires du texte mis en ligne, un blog personnel qui vous permet de poster des billets et des extraits de textes, le blog-m@n, (blog général) qui permet à la communauté de débattre, les notes de lecture consacrées aux textes des autres membres. - de voter. Tous les ans, une session de vote permet de désigner le livre qui sera édité par m@n-Editions Léo Scheer numériques (celui qui aura recueilli le plus de suffrages) … un véritable comité de lecture qui permet aux auteurs de manuscrits d’avoir plusieurs centaines de lecteurs actifs. L'année 2015 verra aussi le lancement de m@n-numérique qui a pour objet de multiplier de façon significative le nombre de manuscrits accessibles en ligne par un public de plus en plus large. - Publie.net (http://www.publie.net/) a été fondée en 2008 par François Bon : Dans ses différentes collections, publie.net est un « éditeur-libraire en ligne » qui propose plus de 800 textes contemporains, récits, poésie, essais inédits. Abonnement annuel à 99 euros pour un accès illimité au site. On peut également depuis l’été 2012, grâce à son partenariat avec Hachette, se procurer la version papier des ouvrages édités. (http://publiepapier.fr/) - Le Manuscrit (http://www.manuscrit.com/edition/maison-edition.html), maison d'édition en ligne et publication électronique des ouvrages : Maison d'édition depuis 2001, Le Manuscrit propose aux auteurs débutants ou confirmés un service de publication de livres en version papier ou électronique. Membre du Syndicat National de l'Edition, il contribue ainsi à la diffusion de manuscrits et livres rares susceptibles de toucher un public ciblé. Tout le monde peut proposer son manuscrit. Les domaines de prédilection de cette maison d'édition sont : . la littérature et les œuvres de fiction : romans, poésie, théâtre, etc. . les textes courts et nouvelles pouvant être édités à l'unité ou en anthologies, . les travaux de recherche dans tous les domaines universitaires, . les essais et documents traitant d'économie, de politique, d'histoire, de religion, de société... . les écrits d'actualité, témoignages, récits de vie et écrits intimes, . les ouvrages régionaux ou d'intérêt local. La maison d'édition Le Manuscrit contribue également à la dynamique de création littéraire française en favorisant les rencontres entre auteurs et acteurs du monde de l'édition : librairies, membres de revues culturelles, auteurs de sites littéraires, responsables d'ateliers d'écriture... 6 C. Et l’édition littéraire dans tout ça ? (données 2013, dernières disponibles) 1) Economie du secteur La littérature reste de loin le premier secteur de l’édition en poids économique (elle représente 26,4% du chiffre d’affaire de l’activité éditoriale en général, soit plus de 675 millions d’euros). Elle a enregistré en 2013, une belle progression de 5,7% en valeur et de 0,7% en volume*. * En valeur = en nombre de titres / En volume = en nombre d’exemplaires Tous les genres littéraires ne sont cependant pas logés à la même enseigne : - 2 secteurs dominent largement ce classement : le roman contemporain (388 millions d’euros de CA) et le roman policier (149 millions). A eux deux, 79,5% du segment. - suivis, mais de beaucoup plus loin, par la littérature sentimentale (41,7 millions) - et, à quasi égalité, par le roman classique et la SF (26,5 millions d’euros chacun environ) - les contes et légendes et le roman historique ferment la marche (avec 15,8 et 11,5 millions d’euros) - la poésie, le théâtre et la littérature humoristique, sont en forte progression, même si leur poids économique reste limité : 7 et 6,7 millions d’euros - enfin, plus anecdotiques, la littérature érotique (jusqu’ici en marge, mais largement popularisé par la trilogie Fifty shades et ses succédanés) et la chick-lit : 0,8 millions d’euros chacun Genres Roman contemporain Roman classique Roman historique Littérature sentimentale Roman policier SF et fantastique Littérature érotique Littérature humoristique Poésie et théâtre Conte Chick-lit CA arrondi (en millions d’euros) 388 26,5 11,5 41,7 149 26,6 0,8 6,7 7 15,8 0,8 En % du secteur de l’édition littéraire 57,48 3,9 1,71 6,17 22,09 3,95 1,29 1 1,05 2,35 0,12 Données 2014 du Syndicat national de l’édition (chiffres 2013) http://www.sne.fr/ressources/chiffres-cles-de-ledition/ La production de romans croît au total en 2013 de 7,2%, pour atteindre le niveau record de 9 331 nouveautés et nouvelles éditions. 7 2) Chaque année, il suffit de quelques titres très porteurs pour que le secteur de la littérature générale soit en forme : Poids des 5 titres les plus vendus : 1,7% du CA / Poids des 1 000 titres les plus vendus : 19% du CA 17 romans ont atteint des sommets de vente, dépassant les 200 000 exemplaires vendus (alors que le tirage moyen d’un titre publié est d’à peine 6 000 exemplaires, on l’a dit) : Cinquante nuance plus sombres (Fifty shades t.2) / E.L. James (540 500 ex.) - Lattès Cinquante nuance de Grey (Fifty shades t.1) / E.L. James (492 500 ex.) Ŕ Lattès Demain, j’arrête ! / Gilles Legardinier (459 300 ex.) - Pocket Cinquante nuance plus claires (Fifty shades t.3) / E.L. James (440 100 ex.) Ŕ Lattès Inferno / Dan Brown (424 100 ex.) - Lattès 7 ans après… / Guillaume Musso (349 300 ex.) Ŕ Pocket Un avion sans elle / Michel Bussi (341 500 ex.) Ŕ Pocket Demain / Guillaume Musso (335 800 ex.) - XO Si c’était à refaire / Marc Lévy (325 500 ex.) Ŕ Pocket La liste de mes envies / Grégoire Delacourt (318 300 ex.) Ŕ Le Livre de poche Au revoir là-haut / Pierre Lemaitre (300 200 ex.) Ŕ Albin Michel Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire / Jonas Jonasson (282 600 ex.) Ŕ Pocket Un sentiment plus fort que la peur / Marc Lévy (262 700 ex.) Ŕ R. Laffont Le confident / Hélène Grémillon (250 300 ex.) Ŕ Folio Cet instant-là / Douglas Kennedy (222 400 ex.) Ŕ Pocket Rien ne s’oppose à la nuit / Delphine de Vigan (221 000 ex.) Ŕ Le Livre de poche L’île des oubliés / Victoria Hislop (217 300 ex.) Ŕ Le Livre de poche Une liste de best-sellers très conventionnelle, puisqu’elle ne contient quasiment pas de vraies surprises. Il faut aller à la 21e place pour trouver un grand format plus surprenant, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA, dont la transmission a largement été assurée par le bouche-à-oreille. La publication des scores de best-sellers apporte un précieux instantané des goûts et des comportements des lecteurs (ici très largement des livres « plaisir », légers et de lecture facile, avec notamment les succès de la littérature érotique, de G. Musso et de M. Lévy, et des romans « drôles »(Le fakir…, Le vieux qui ne voulait pas…, ou les livres de Legardinier, etc.) On remarque que sur ces 17 romans, 10 sont des éditions de poche. Cette tendance, de plus en plus prononcée, montre bien que le format poche assure la pérennité du succès de certains titres qui deviennent ainsi des long-sellers (Le vieux qui ne voulait pas…, Le confident ou L’île des oubliés, déjà présents en 2012) 8 3) Alors, quelques mots à propos de ce que représente le marché du livre de poche : Si le grand format connaît encore quelques semaines de gloire saisonnière au moment des prix littéraires et des achats de Noël, en dehors de ces périodes il est durement concurrencé par le livre de poche. - En 2013, le poche a représenté environ 1/4 des exemplaires et 1/7 des titres vendus en France. La littérature est le secteur le plus représenté en format de poche : 2 ventes sur 3 Les segments clés en sont : le roman (33,5%) et le roman policier (16,8%) La SF, les classiques, la littérature sentimentale représentent chacun quelques 5% du marché. Le théâtre 1,8%, l’humour 1,3% et la poésie, 1,1%. Au total, l’édition littéraire représente près de 70% du marché du livre de poche. Si son poids relatif dans les ventes de livres a augmenté en 2013, le poche est lui aussi victime de la baisse globale du marché : -6,3% avec 103 millions de volumes vendus, -2,5% pour le CA éditeurs avec 343 millions d’euros. - Pour les principaux éditeurs de poches, c’est une raison supplémentaire de faire preuve d’innovation, de renforcer leur travail commercial et de nourrir leur fonds Car si le poche agit le plus souvent comme un amplificateur de succès (la rentabilité d’un titre se jouant bien souvent, non sur sa première édition, mais sur sa reprise en format de poche), il ne se limite plus aujourd’hui à cet objectif de réédition à prix réduit : - le poche est un marché très animé, sur lequel les éditeurs n’hésitent pas à aller chercher leur public : opérations d’été, coffrets de fin d’année, renouvellement des couvertures en lien avec les adaptations cinématographiques, renouvellement du graphisme, éditions « collector », prix littéraires variés (comme le Prix Campus des jeunes lecteurs pour Folio), commémorations (centenaire de Camus), lancement de nouvelles « lignes » de genres ou tendances (la chick noire, la ligne « sensualité » ou « best friends » chez J’ai lu, les livres « feel good »). - les éditeurs de poches surfent sur la vague du webmarketing (en investissant les réseaux sociaux, en misant sur les blogueurs qui sont désormais considérés comme des interlocuteurs aussi influents que les journalistes, en créant et en renouvelant leurs sites officiels avec des moteurs d’envies, des jeux concours, etc.) - les éditions de poche font de plus en plus la part belle aux inédits (J’ai lu, qui propose 40% d’inédits dans son catalogue ; la collection « Grands détectives » chez 10/18 ; Folio 2 euros chez Gallimard, etc.). 9 Cette tendance est particulièrement appuyée en littérature de genre (sentimental, imaginaire-SF ou polar)… mais elle ne s’y cantonne plus. En octobre 2013, Le Livre de poche a lancé « Livre de poche éditions », une collection d’inédits au format agrandi. En janvier 2014, parution chez J’ai lu du dernier roman de Foenkinos, La tête de l’emploi. Des auteurs prolifiques, que leur éditeur habituel ne peut pas publier quatre fois par an, ou ayant écrit des textes moins adaptés au catalogue de leur éditeur premier (nouvelles, etc.), se rapprochent désormais d’éditions de livres de poche. 4) Les auteurs découverts dès leur « premier roman » sont une minorité, même si ce genre de publication fait l’objet d’une certaine attention : Cf Entrer en littérature : premiers romans et primo-romanciers dans les limbes / Bertrand Legendre et Corinne Abensour. Ŕ Ed. Arkhe, 2012 Parmi ces auteurs découverts dès (grâce à) leur premier roman, on peut citer Marie Darrieussecq avec Truismes, Jonathan Littell avec Les bienveillantes ou, à la rentrée 2011, Alexis Jenni avec L’art français de la guerre (200 000 exemplaires vendus, et prix Goncourt 2011). En France, Gallimard est l’éditeur le plus sollicité par les auteurs, mais c’est L’Harmattan qui, entre 1988 et 2008, a publié le plus grand nombre de premiers romans (132), suivi par Flammarion (99), Gallimard (79), Le Seuil (73) et Grasset (54). Le 1er roman est une catégorie artificielle construite par les médias dans les années 1990, et dont les éditeurs se sont emparés. Près d’un tiers des primo-romanciers ne publiera pas de deuxième roman : l’écriture est trop accaparante, ou bien ils ont tout dit. D’autres font le rapport entre l’énergie, la mobilisation exigée et le retour économique*. D’autres enfin continuent, mais écrivent plutôt des articles, des scénarios, des nouvelles. Le roman est pourtant le genre le plus attirant, car le plus légitimant, et requérant le plus d’investissement personnel. Il est donc tout à la fois très tentant, mais aussi extrêmement périlleux, de se lancer dans l’écriture d’un 1er roman. *Les droits d’auteur sont une donnée extrêmement variable : ils dépendent principalement de la taille de la maison d’édition, du tirage moyen du livre et de la renommée de l’auteur (de 8 à 14% au mieux). La renommée d’un auteur se joue en général sur un plus long terme, sur un 3ème ou 4ème titre, lorsque leur public s’élargit enfin. Une politique de fonds trouve ainsi sa récompense. Des auteurs comme Jeanne Benameur (chez Actes sud) ou Véronique Ovaldé (aux éditions de l’Olivier) atteignent aujourd’hui seulement une vraie reconnaissance publique. La saisonnalité des ventes de l’édition littéraire doit donc croiser un temps plus long, celui où un éditeur mise sur un auteur, sur une œuvre en devenir, et non sur un seul titre. Cet engagement sur le long terme explique les relations très fortes qui existent entre les éditeurs littéraires et leurs auteurs et l’importance, dans ce domaine, des maisons d’édition moyennes ou petites. 10 5) Les maisons d’édition : - Le marché du grand format en fiction est très concentré puisqu’un peu plus de la moitié des ventes se répartit entre 10 éditeurs seulement. En 2013, il s’agissait de : Albin Michel en 1ere place, avec 12% des exemplaires vendus (grâce à un catalogue d’auteurs solides : en 2013-2014, A. Nothomb, S. King, M.H. Clark, Maxime Chattam, B. Werber, et surtout Au revoir-là haut de P. Lemaitre, prix Goncourt 2013 et 6e roman le plus vendu sur l’année) Gallimard en 2e (avec également un catalogue d’auteurs-poids lourds : Foenkinos, Djian, Dugain, Modiano, etc.) Lattès en 3e (dont les scores mirobolants de la trilogie Fifty shades d’E.L. James et d’Inferno de Dan Brown trustaient les 4 premières places des meilleures ventes de livres grand format et cumulaient près de 2 millions de ventes avec ces seuls 4 titres. Actes sud en 4e (avec notamment les polars suédois de C. Läckberg)… il faut se souvenir qu’il s’agissait il y a 20 ans d’un « petit éditeur » ! Puis Belfond (3,6%), R. Laffont (3,3%), Le Seuil (3,2%), XO (3,1%), Grasset (3%) et Fleuve noir (2,9%) Albin Michel, Gallimard et Lattès ont assuré en un an plus du quart des ventes en exemplaires [Source : Livres Hebdo n°1005, du 04/07/2014] Ces maisons sont soumises, en littérature générale, à un mouvement de yo-yo constant, puisqu’un seul succès peut déterminer le bilan d’une année entière. D’où l’utilité de ceux qu’on appelle les poids-lourds, les locomotives ou les bouées de sauvetage selon le contexte du marché (le nouveau Amélie Nothomb, le nouveau Harlan Coben, etc.) Ils permettent à l'éditeur d'occuper un espace sur les tables et dans les vitrines des librairies, ainsi que dans les campagnes de promotion. Souvent boudés par la critique, ils assurent les sorties de caisse, font la trésorerie et permettent de doper la fréquentation des points de vente - La littérature est le domaine de prédilection des moyennes maisons : Pour les grands groupes, la littérature n'est pas le produit éditorial le plus intéressant : (Hachette Livre, groupe Lagardère, en France) Soumis à des exigences de rentabilité immédiate pour leurs actionnaires, ils préfèrent investir dans des produits qui peuvent jouer la synergie avec l'électronique et l'audiovisuel : livres scolaires et de référence, ouvrages techniques et professionnels, ouvrages pratiques qui peuvent plus facilement, à partir d'une même base de textes et d'images, donner lieu à une déclinaison de produits (un portail Internet et des cédéroms, des ouvrages papier et des dvd, etc.) Pour les grands groupes, la littérature n'est pas le produit éditorial le plus intéressant … A moins qu’elles n’aient une marque et une image forte et reconnue, ainsi qu’une relative indépendance éditoriale au sein de leur groupe (c’est le cas de maisons d’édition comme Fayard, Grasset et Stock, au sein du groupe Hachette, qui continuent à jouer un rôle actif sur la scène littéraire). 11 La littérature est davantage du domaine des éditeurs de taille moyenne : Ce sont souvent des maisons d’édition qui ont gardé un capital familial ou dont les héritiers sont encore aux commandes éditoriales : Gallimard, Le Seuil, Albin Michel, Flammarion. L'ensemble de ces éditeurs a un besoin crucial de la littérature et essentiellement du roman. Le genre romanesque colle à leur image de marque et incarne à lui seul, auprès du grand public, l'image de ces maisons. D'autre part, malgré leur diversification actuelle (vers la jeunesse, le livre pratique, les beaux-arts, etc.), les produits très lourds de l'édition de référence sont hors de la portée de ces éditeurs moyens, alors que le roman et la littérature leur assurent, via la réédition en poche ou dans des collections avec un apparat critique (comme La Pléiade ou Quarto), une présence constante de leur marque en librairie et un pôle de stabilité dans leurs résultats. Enfin, 3e catégorie, les éditeurs indépendants, voire les toutes petites structures, jouent un rôle très important qu’il appartient, pour un bibliothécaire, de suivre attentivement. Il apparaît, de manière constante, de nouvelles maisons, souvent portées par un enthousiasme très personnalisé (qu’on pense à toutes ces maisons d’édition de littérature qui portent le nom de leur fondateur : Viviane Hamy, Anne-Marie Métailié, Jacqueline Chambon, Joëlle Losfeld, Sabine Wespieser, Liana Levi, etc.). Pas si anodin que cela… On ne compte plus les auteurs découverts par ces maisons d’édition (Djian, Bobin, Ravalec, Houellebecq, Faye ou Holder... pour donner quelques noms déjà consacrés, ou Claudie Gallay, plus récemment). De fait, la nouveauté vient bien souvent, pour le roman français, de chez Le Dilettante, Le Serpent à plume, Actes Sud, L'Olivier, Verticales, Verdier, Zulma ou des Éditions du Rouergue. Plusieurs dangers menacent malheureusement ces maisons : - Le risque majeur pour ces éditeurs nouveaux est de servir de lieux de découverte et d’expérimentation, "d’éditeurs scouts" pour les groupes installés, qui jouissent d’un plus grand capital financier et symbolique, et qui se chargeront ensuite de récupérer leurs auteurs, leurs idées, leurs fonds. - Paradoxalement, c’est au moment où les éditeurs indépendants de littérature veulent passer à un certain stade de développement, acquérir justement le statut d’éditeurs moyens, diversifier leur production, se doter d’une équipe autonome de représentants, bref "jouer dans la cour des grands" que cette indépendance est menacée. Le besoin, à ce moment-là, de capitaux externes supérieurs à ce que permet l’autofinancement, les amène à entrer dans l’orbite des groupes. De ce point de vue, sauf Actes Sud, aucun éditeur apparu depuis les années soixante-dix, n’a réussi à garder une indépendance tout en parvenant à une taille moyenne. La plupart ont d’ores et déjà été rachetés. - Ces éditeurs indépendants sont fragiles. Entre 2006 et 2008, des éditeurs aussi intéressants que Al Dante, Farrago, Jean-Michel Place ou l’Esprit des péninsules ont ainsi été contraints de déposer leur bilan à la suite de problèmes qu’ils ont pu rencontrer avec des distributeurs successifs. Sans être toujours totalement définitifs (Al Dante semble s’être trouvé un mécène qui l’aide à relancer son programme et Farrago a été repris par Verdier), ces dépôts de bilan montrent la difficulté pour ces éditeurs à rester indépendants. 12 6) Les rentrées littéraires : - Même si des ouvrages de littérature sont publiés, fort heureusement, tout au long de l’année, l’édition littéraire française se concentre essentiellement lors de deux grands mouvements saisonniers. Il s’agit là d’une exception française : dans les pays anglo-saxons, « la rentrée » c’est chaque mois. La rentrée littéraire s’est installée en France comme le baromètre de la littérature contemporaine : - elle a par exemple permis de souligner l’émergence de genres tels que l’autofiction et la littérature d’investigation (représentées par des auteurs comme Jean Hatzfeld, Patrick Deville, Jean Rolin, etc.) - elle montre comment la littérature se saisit de l’Histoire (Shoah dans les années 90-2000, Algérie, colonisation, guerre 14-18 depuis l’année dernière, etc.). - elle assure une visibilité à un certain nombre de 1ers romans En un mot comme en cent, elle donne une dimension perceptible à l’esprit du temps et installe sur la place publique des thèmes et des formes littéraires. Elle conforte aussi la France comme nation littéraire. Notre rentrée est guettée à l’étranger, d’autant que nombre de romans traduits y tentent leur chance. Le bénéfice est important pour la littérature, menacée par la diversification des loisirs culturels. Elle sort pour un temps des pages qui lui sont d’ordinaire dévolues et peut élargir son lectorat habituel. Les médias s’intéressent à elle plus largement que le reste de l’année Il faut pourtant nuancer ces données : - la rentrée ne bénéficie guère qu’à la littérature romanesque contemporaine, très peu à la poésie et au théâtre, ou à la littérature de genre (historique, sentimentale, SF, policiers). Elle concourt donc à renforcer la domination d’un genre sur l’autre. - De même, si elle élit quelques ouvrages, beaucoup sont laissés en dehors du feu des projecteurs, la quantité nuisant à la qualité des lectures critiques. 13 - La première saison, par son importance, est la rentrée littéraire qui commence fin août et se termine en novembre avec l’attribution des derniers grands prix littéraires Année Romans français Dont 1ers romans Romans étrangers Total 2004 440 121 221 661 2005 449 96 214 663 2006 475 97 208 683 2007 493 102 234 727 2008 466 91 210 676 2009 430 87 229 659 2010 497 85 204 701 2011 435 74 219 654 2012 426 69 220 646 2013 347 86 198 555 2014 404 75 203 607 Chiffres incluant les romans et recueils de nouvelles inédits programmés entre mi-août et fin octobre, excluant les romans sentimentaux, policiers et de SF. Source : Electre. Article paru dans Livres Hebdo n°1004, du 27/06/2014 607 romans sont ainsi parus entre août et octobre 2014 (chiffre légèrement en hausse par rapport à 2013, mais qui confirme tout de même la décrue amorcée depuis 2011) Cette rentrée est marquée par une hausse des romans français, mais une baisse du nombre de 1ers romans, signe de prudence pour une édition qui préfère miser sur des « valeurs sûres » (Carrère, Adam, Ferney, Deville, Foenkinos, etc en 2014). L’équilibre est en train de se rétablir entre les deux rentrées littéraires françaises Celle de janvier cessant d’être la « petite » rentrée, les sorties des auteurs se répartissant mieux sur l’année et les prix littéraires cessant d’être la manne absolue qui dicte le travail des éditeurs. Par le nombre de livres parus (549 nouveautés sont annoncées entre janvier et février 2015), les deux rentrées se rapprochent de plus en plus. Par son retentissement, par contre, la rentrée d’automne domine bien la scène. Une rentrée littéraire qui peut être qualifiée d’opportuniste, puisqu’elle entend profiter de l’attribution des grands prix littéraires. 14 - Les six principaux prix littéraires sont celui de l’Académie française, le Renaudot, l’Interallié, le Femina, le Goncourt et le prix Médicis. Certains de ces prix sont doublés de prix pour les romans étrangers, pour les essais (Médicis et Femina) ou décernés par des lycéens (Goncourt, Renaudot, etc.) Sites Internet : Pour l’ensemble des 2052 prix : http://www.prix-litteraires.net/ (pour chaque prix : présentation, historique et palmarès depuis sa création) Pour l’Académie Goncourt : http://www.academie-goncourt.fr/ (voir aussi la rubrique « Goncourt des lycéens ») Pour le Renaudot : http://prixrenaudot.free.fr/ Pour le Prix de l’Académie française : http://www.academie-francaise.fr/actualites/index.html Il est pourtant à noter qu’en 2013 les grands prix d’automne n’ont pas affiché de scores particulièrement spectaculaires (Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013, arrive en 6e position des meilleures ventes de romans ; Peste & choléra de Patrick Deville, prix Femina est 14e). De plus petits prix, comme le prix des Lectrices de Elle, décerné en mai (en 2014, Esprit d’hiver / Laura Kasischke), le prix Maison de la presse, le prix du Quai des orfèvres ou le prix RTL-Lire… engendrent également de très beaux scores de vente. - La deuxième rentrée commence au mois de janvier et s'étend jusqu'au Salon du livre de Paris, à la mi-mars. Il y a dix ans, il s’agissait de la « petite rentrée ». Aujourd’hui elle prend de plus en plus d’ampleur : quelques 549 titres vont paraître entre janvier et février 2015 (contre 607 pour la rentrée d’automne). Elle est propice à la publication de nouveaux auteurs jugés encore trop fragiles pour affronter la course aux prix, ou à celle de certains écrivains confirmés qui ne concourent plus, ne serait-ce que parce qu’ils ont déjà reçu un prix. En l’absence de pression, elle peut réserver de vraies bonnes surprises ! Cette rentrée hivernale est aussi la saison privilégiée pour la sortie des deuxièmes romans, une épreuve pour les jeunes auteurs qui se sentent souvent attendus « au tournant ». Citons enfin les sorties d’avant l’été (en général des livres grand public qui n’entrent pas dans la course aux prix de l’automne, sinon les éditeurs les garderaient pour les publier en août ou en septembre). Entre ces « rendez-vous », des temps creux : l’été et novembre-décembre, principalement. 15 Conclusion : Quoique sa situation soit extrêmement contrastée, le roman continue de jouir, en France, d’une popularité et d’un prestige certains. Cette situation privilégiée de la littérature est presque une exception en Europe. Elle concerne la France et l’Italie, où la part de la littérature générale atteint un pourcentage oscillant entre 25 et 30 % des titres publiés (dans les autres pays européens, elle est en dessous des 20 %). Il faut cependant bien garder présent à l’esprit que cette littérature n’est pas seulement française : la part des traductions y est importante, bien plus qu’il y a vingt ou trente ans… et en progression constante 14% des livres, tous domaines confondus, paraissant en France étaient des traductions en 2008, 15,9% en 2011, 17,5% en 2014. Près d’un livre sur six publié en France est donc un livre traduit. Mais si la part des traductions représente 17,5 % de la production éditoriale générale, elle représente plus de 42% de la production romanesque ! Dans ce domaine, sans surprise, les traductions de l’anglais arrivent largement en tête (67,7% des acquisitions de droits, soit plus de 2 romans traduits sur 3…) … Ce qui laisse peu de place aux autres langues : les langues scandinaves, l’allemand et l’espagnol (4,3% chacun), l’italien (3,4%) et le russe (1,6%) sont les plus « gros » scores suivants. Au contraire, vers quels pays la littérature française s’exporte-t-elle le mieux ? Le chinois était en 2012 la 1ère langue de traduction du livre français. Après quoi venaient l’espagnol, l’allemand, l’italien… et seulement en 5 e position l’anglais ! [Sources : LH 987 du 28/02/2014 Et SNE : http://www.sne.fr/img/pdf/SNE/2013_Statistiques-France_Marche-2012.pdf] Face à cette pléthore des parutions, les sélections et les choix éclairés prennent d’autant plus d’importance. 16 D. Choisir des livres de fiction : les outils Nous ne prétendrons pas à l’exhaustivité, mais voyons quels outils sont à notre disposition… 1) Des outils généralistes : - Les revues professionnelles : Livres hebdo (également disponible en ligne sur abonnement : http://www.livreshebdo.fr) Hebdomadaire, 44 numéros par an, édité par Electre : actualité des métiers du livre, critiques, publicités, … + Les Livres de la semaine (+ Les Livres du mois, exclusivement au format numérique depuis 2014) Les Notes bibliographiques (Revue mensuelle éditée par l’Association « Culture et bibliothèques pour tous »). Avec de nombreux résumés et des critiques aidant au choix. Egalement disponible en ligne sur abonnement (http://www.hebdodesnotes.com/) Page, la revue des libraires (http://www.pagedeslibraires.com). Revue mensuelle sur abonnement, offerte par certains libraires. - Les revues littéraires tout public : Le Magazine littéraire, Lire, La Quinzaine littéraire, Télérama, Les Inrockuptibles… Les suppléments aux quotidiens : « le Monde des livres », « le Figaro littéraire » Les pages culturelles ou pages « livres » des revues grand public (Psychologie, mais aussi Le Point, Prima, Elle, etc.) - D’autres publications, telles Encres de Loire : Rappelons que les centres régionaux du livre éditent très souvent des annuaires, des bibliographies analytiques et des revues qui répertorient la production des éditeurs régionaux. Ces informations sont également disponibles sur leurs sites Internet. Pour les Pays de la Loire, il s’agit d’« Encres de Loire » (http://www.paysdelaloire.fr/services-en-ligne/publications/encres-de-loire/) Ces éditeurs installés en province sont, en général, de petits ou moyens éditeurs : ils sont de plus en plus nombreux et touchent aujourd’hui tous les genres de la production éditoriale (littérature, sciences humaines, photographie, etc.). Biblioteca : le catalogue de l’éditeur de livres reliés, avec des suppléments par genre (http://www.biblioteca.fr). Propose des résumés, mais aucune critique Les catalogues imprimés d’éditeurs Les bibliographies éditées par les autres bibliothèques ou les librairies 17 - En ligne : Les sites d’éditeurs Les sites de revues (tant pour retrouver des critiques d’ouvrages, que pour lire des textes originaux). Les sites des libraires (comme celui du si médiatique Gérard Collard, libraire à Saint Maur-des-fossés, à la tête de « La Griffe noire », http://www.lagriffenoire.com/) Les blogs de lecteurs, cyber-clubs de lecture ou réseaux sociaux dédiés à la lecture : http://www.babelio.com Le catalogue des autres bibliothèques La Bibliographie nationale française, élaborée par la BNF (http://bibliographienationale.bnf.fr), pour vérifier une référence, une date d’édition, la liste des œuvres d’un auteur, etc. Electre (disponible par abonnement). Créé en 1997, ce site recense tous les livres disponibles en librairie, ainsi que les épuisés et les « à paraître » [Se créer une liste de favoris, penser à s’abonner aux newsletters] - Et aussi : La radio (« Le Masque et la plume » ou « La Librairie francophone » sur France Inter, etc.) La TV (« La Grande librairie » ou « Entrée libre » sur France 5, etc.) Les offices (pour se faire une idée « livres en mains », ils permettent aussi, sur le long terme, une bonne connaissance collective du fonds) Les visites en librairies (aussi « livres en mains », mais avec en plus le conseil et la possibilité d’observer quels livres sont mis en valeur) Les visites de représentants (en voie de disparition, mais souvent passionnés et de bon conseil) Les stages Les salons du livre Les festivals littéraires (près de chez nous : « Bibliopolis » à Thouaré-sur-Loire par exemple) Les rencontres d’auteurs (en bibliothèques, à Rezé par exemple; en librairies, chez Coiffard, Durance ; etc.) Les demandes des usagers (cahier de suggestions d’achats, discussions pendant le service public ou demandes en ligne) La lecture Les comités/clubs de lecture (en créer un dans votre bibliothèque, aller à « La Très petite librairie » de Clisson, etc.) Et pourquoi pas créer un « open club » entre collègues… - Pas toujours facile de s’y retrouver parmi les critiques littéraires… Très peu de titres sont chroniqués, parmi tous ceux qui paraissent chaque mois. Et après avoir lu certains articles ou vu certaines émissions, on croit avoir trouvé une lecture géniale… pour être rapidement déçus (La Grande librairie, par exemple) 18 Il y a si peu de critiques négatives dans les journaux ou à la TV que cela en paraît suspect… [un peu plus à la radio : le « Masque et la plume » peut ainsi parfois atteindre des sommets de dénigrement ou de mauvaise foi…]. Pourtant, après avoir choisi pendant des années de ne parler que des livres qu’ils aiment et d’ignorer les autres, les critiques, prennent Ŕ enfin - le parti d’en découdre. « Peut-être faut-il y voir la recherche d’une nouvelle crédibilité, alors que le pouvoir de prescription des médias installés est en berne et que la parole a la réputation, à tort ou à raison, d’être plus libre sur internet. Ce faisant, la critique ne fait que renouer avec une vieille tradition de polémique qui offrait l’avantage de placer la littérature au cœur des débats. » [Livres hebdo 920 du 07/09/2012] 2) Des outils spécialisés par genre : - Pour la littérature en général : Les 1001 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie Ŕ Flammarion, 2013 La littérature française pour les nuls / Jean-Joseph Julaud Ŕ Editions First, 2014 Les dictionnaires comme : - Le nouveau dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays / Laffont & Bompiani (6 tomes et un index) - Collection Bouquins chez Robert Laffont - Le nouveau dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays / Laffont & Bompiani (3 ou 4 tomes selon l’édition) - Collection Bouquins chez Robert Laffont Les essais littéraires dans lesquels des écrivains parlent de leurs livres favoris : - Dernier inventaire avant liquidation / F. Beigbeder Ŕ Grasset, 2001 - Journal d’un lecteur / Alberto Manguel Ŕ Actes sud, 2004 - etc. Des romans : Au bon roman / Laurence Cossé Ŕ Gallimard, 2009 Sans oublier, pour la littérature de "voyage", le site du festival de Saint Malo « Étonnants voyageurs » : http://www.etonnants-voyageurs.com/ (fiche-auteur, bibliographie et présentation de certains de ses titres avec une critique) 19 - Pour la littérature étrangère : En plus de certains outils déjà cités ci-dessus, également valables pour la littérature étrangère… Les dictionnaires comme : - Le dictionnaire des littératures françaises et étrangères - Larousse - Les dictionnaires PUF : Dictionnaire de littérature japonaise, Dictionnaire de littérature brésilienne, Dictionnaire de littératures de langue arabe et maghrébine francophone, Dictionnaire de littérature chinoise, Dictionnaire des littératures de l’Inde, etc. Dans la collection « Que-sais-je ?» (PUF), des synthèses : La littérature espagnole, La littérature italienne, La littérature américaine, La littérature japonaise, La littérature anglaise, etc. Les catalogues d’éditeurs, surtout les poches, qui sont très complets. - Pour la Science-fiction et le Fantastique : Le lectorat des littératures de l’imaginaire a beaucoup évolué en 15 ans. Longtemps il s’est agi d’amateurs de SF et principalement d’hommes. Puis, sous le double impact de Harry Potter et du Seigneur des anneaux, le genre fantastique s’est mis à dominer le secteur, le démocratisant et le renouvelant. Renversement de tendance, il est aujourd’hui largement féminin (54% en 2010), grâce notamment à la sérieTwilight et à l’avènement de la Bit Lit (littéralement « littérature mordante », avec ses héroïnes vampires ou sorcières). C’est également un lectorat très jeune : 80% de ce lectorat a entre 12 et 35 ans. C’est un public fidèle, car ce genre essentiellement construit autour de cycles provoque une addiction chez ses lecteurs. Du côté des maisons d’édition, on note un resserrement des catalogues pour plus de qualité, de cohérence et un meilleur suivi. On remarque aussi un retour de la SF et un repli des éditeurs vers le format de poche (pour répondre aux besoins de consommation express et addictive des lecteurs), y compris pour les inédits (25% des ventes se font en format poche). La plupart se tourne enfin vers le livre numérique (L’Atalante en tête, qui annonce la numérisation intégrale de son catalogue dans les 3 années à venir), moyen notamment de garder disponibles des séries longues qui ne trouveraient plus leur place en librairie, ou d’être un relais pour des éditeurs pas toujours bien représentés en librairie. C’est malgré tout un marché qui connaît lui aussi la crise. Les éditeurs jouent donc la prudence en réduisant les tirages ou en publiant peu et plutôt des valeurs sûres. Pour en savoir plus : Atlas des brumes et des ombres : guide de lecture fantastique / Patrick Marcel Ŕ Gallimard, 2002 Fantastique, fantasy, science-fiction : mondes imaginaires, étranges réalités / Léa Silhol, Estelle Valls de Gomis Ŕ Autrement, 2005 Les ouvrages de Jacques Sadoul : Une histoire de la Science-fiction (Librio, 2000), Anthologie de la littérature de science-fiction (Ramsay, 1981), etc. La littérature fantastique / Jean-Luc Steinmetz Ŕ PUF, 2008 Chefs-d’œuvre du fantastique / Jacques Goimard, Roland Stragliati Ŕ Omnibus, 2007 La SF à l’usage de ceux qui ne l’aiment pas / Christian Grenier Ŕ Sorbier, 2003 Mais aussi… 20 Des revues spécialisées : « Bifrost », « Fiction » ou « Science Fiction magazine » (on peut retrouver dossiers, interviews et critiques sur le site internet http://www.sfmag.net) par exemple. Des sites internet : http://www.noosfere.org, http://www.cafardcosmique.com, http://www.actusf.com, http://www.angle-mort.fr/ et le site de création collaborative spécialisé dans les littératures de l’imaginaire (bêta-lectures*) : cocyclics.org [Cette expression reprend le préfixe « bêta », couramment utilisé en informatique pour désigner une version de test d’un concept ou d’un projet. La bêtalecture est donc la lecture d’un texte par un tiers en vue d’aider l’auteur à l’améliorer] La 1ère librairie numérique dédiée à l’imaginaire : www.emaginaire.com (lancée par ActuSF en partenariat avec ePagine) : catalogue numérique de près de 330.000 références fin 2014), coups de cœur, listes raisonnées, liens vers des sites spécialisés. Et les très nombreux festivals : « Utopiales » et « Atlantide » à Nantes, « Imaginales » à Epinal, « Les rencontres de l’Imaginaire » à Sèvres, « Les Dystopiales » à Paris, etc. - Pour les romans policiers : C’est le genre en vogue en France aujourd’hui : 16 millions de romans policiers vendus en 2013, 1 820 nouveautés et nouvelles éditions. « Tout le monde se met aujourd’hui au policier parce qu’il résiste mieux à la crise ». On se retrouve donc face à un océan de policiers et de thrillers parmi lesquels il faut effectuer un tri sévère. En 2013, 77% des ventes de romans policiers ont été réalisées au format poche. En tête, Pocket et Le Livre de poche (40% des ventes à eux deux). Les auteurs français se taillent désormais une vraie place aux côtés des auteurs-anglo-saxons (Bussi, Lemaitre, Thilliez, etc.) Des outils pour nous aider à y voir plus clair : Le dictionnaire des littératures policières / Claude Mesplède (2 tomes) Ŕ Joseph K. éditions, 2003 Clés pour la littérature policière / Claude Aziza Ŕ Pocket, 2003 Du polar / François Guérif, entretiens avec Philippe Blanchet Ŕ Payot, 2013 Des revues : « 813 », « Shangaï express » (http://shanghai.express.free.fr), « Polar » Les ressources de la BiLiPo : Sa page facebook : https://www.facebook.com/pages/La-Biblioth%C3%A8que-des-litt%C3%A9ratures-polici%C3%A8res/126793127438557 Les crimes de l’année, sélection critique publiée chaque année par la BiLiPo, pour les romans noirs et policiers Des sites internet : http://www.rayonpolar.com http://www.polarnoir.fr Ainsi qu’un blog : http://blog813.over-blog.com/, «813, le Blog des amis des littératures policières » 21 …Sans toutefois se départir de son esprit critique : les résumés et analyses sont souvent ceux de passionnés qui ont, ce qui est normal, leurs engouements et leurs détestations Dans les environs, le festival « Mauves en noir » (Mauves-sur-Loire) - Pour la littérature érotique : Elle est très peu présente en bibliothèque où elle a longtemps été cantonnée à l’Enfer…* [*Ensemble d’ouvrages réprouvés par la morale, serrés dans une section spéciale des bibliothèques, la notion d’ « Enfer » est officiellement apparue en 1844. L’Enfer ne survécut pas à la libération des mœurs de mai 1968. Néanmoins, très peu de bibliothèques mettent, aujourd’hui encore, leurs ouvrages érotiques en libre accès, quand elles proposent ce genre littéraire… La mise en réserve (et le prêt indirect) restent à cet effet fort pratiques… et pratiqués.] … Cette littérature opère un retour en force depuis le coup éditorial qu’a constitué la parution de la trilogie Fifty shades d’E. L. James, à la fin de l’année 2012. Elle s’est depuis installée dans les meilleures ventes. Car tout le monde la lit ! Il ne s’agit pas du tout de livres vendus (et lus) « sous le manteau » : je connais une jeune femme qui les a reçus en cadeau de mariage… et qui les a lus au bord d’une piscine tunisienne, pendant son voyage de noces. Fifty shades a réussi ce tour de force de toucher un lectorat extrêmement large, masculin comme féminin, jeune comme vieux (beaucoup de messieurs de 80 ans me la réclament à Vertou). A sa suite sont parus nombre d’ouvrages, plus ou moins réussis, qui ont surfé sur ce succès. Cette tendance se retrouve d’ailleurs au cinéma (avec Polanski et sa « Vénus à la fourrure » ou les adaptations de Fifty shades). Alors acheter ou pas des livres érotiques ? Pour ma part, je choisis toujours de représenter les livres qui ont constitué au moment de leur parution une « révolution » dans le monde de la littérature. S’ils marquent un tournant, si avant eux rien de semblable n’existait, ils ont à mon sens leur place dans les rayons. En tant que phénomènes. Ça a été le cas, en leur temps et dans leur catégorie, de Truismes de Marie Darrieussecq ou des Particules élémentaires de Houellebecq. C’est encore le cas avec Fifty shades. La question n’est pas d’apprécier ou non ces livres. De même que leur qualité littéraire pure n’est pas en cause. Par contre, je prends soin de les entourer de leurs prédécesseurs : j’achète également Sade, Sacher-Masoch, Pierre Louÿs, Les infortunes de la Belle au bois dormant d’Anne Rice, etc. La peur que ces livres tombent entre les mains d’enfants (le secteur adultes est souvent accessible en bibliothèque à partir de 14 ans) est un faux problème. Car bon nombre de romans adultes recèlent des scènes érotiques qui peuvent choquer les plus jeunes… ou les plus prudes. On nous en fait assez la remarque. Les livres ouvertement érotiques ont au moins cette qualité d’annoncer la couleur. Personne n’est donc pris en traître. Quelques pistes de lecture : La littérature érotique ou L’écriture du plaisir / Franck Evrard. Ŕ Les essentiels Milan 100 romans érotiques incontournables / Joseph Vebret. Ŕ Librio 22 L’Enfer de la Bibliothèque, Eros au secret / sous la direction de Marie-Françoise Quignard (Catalogue d’exposition, BNF 2007-2008) - Pour le théâtre : La revue « L’Avant-scène théâtre » : - en proposant le texte de pièces actuellement jouées, elle permet de constituer un fonds contemporain cohérent (catalogue sur http://www.avantscene-theatre.com). Il faut néanmoins savoir que cette revue ne touche qu’un public très limité. - elle propose également une anthologie en 5 volumes : Le théâtre français du Moyen Age et de la Renaissance, Le théâtre français du XVIIe siècle, Le théâtre français du XVIIIe siècle, Le théâtre français du XIXe siècle, Le théâtre français du XXe siècle. Œuvre de référence utile dans un fonds d’usuels, mais aussi pour constituer un fonds de classiques en étant sûr de ne pas en oublier d’essentiels. Le bimestriel « Théâtral magazine » (aussi disponible au format pdf sur http://theatral-magazine.com/) - Pour la poésie : Il existe une multitude de revues de poésie, on ne saurait toutes les citer, mais on peut trouver les coordonnées de 100 d’entre elles sur le site http://amb.boudet.perso.sfr.fr/revues.htm (adresses et liens internet) Dictionnaire de la poésie française / Jacques Charpentreau Ŕ Fayard, 2006 Histoire de la poésie française / Robert Sabatier Ŕ Albin Michel, 2000 (en 6 tomes, le tome 5 se composant de 2 volumes, et le tome 6 de 3 volumes) Histoire de la poésie française / Jean Rousselot (Que sais-je ?) Ŕ PUF, 1991 La poésie française pour les nuls / Jean-Joseph Julaud Ŕ First édition, 2010 Les nombreuses anthologies de poésie et le catalogue « Poésie/Gallimard » permettent de vérifier qu’on possède bien au moins un recueil de chaque grand poète Des sites internet : - Sitaudis (www.sitaudis.fr) pour la poésie contemporaine - Le Printemps des poètes (www.printempsdespoetes.com), site de l’animation nationale : voir les onglets intitulés « La Poéthèque » et « L'actualité (trimestrielle) du livre de poésie, avec les nouvelles parutions » 23 3) Quelques ficelles Sachez, pour commencer, qu’il y a autant de fonds de fiction qu’il existe de bibliothèques (en fonction du type de bibliothèque dans laquelle on travaille, de sa taille, des orientations de sa tutelle, des publics, des collections existantes, des budgets attribués, de la production éditoriale du moment, etc.) - Pour choisir, et afin que ce choix ne rime pas avec une complète subjectivité, le bibliothécaire doit développer son expertise et utiliser des techniques méthodologiques qui ont fait leurs preuves. De quoi s’agit-il ? : - Il se devra de suivre de façon très précise l’actualité (les lecteurs sont sur ce point de plus en plus exigeants et renseignés) en utilisant articles de presse, avis de libraires, etc. Mais surtout, en multipliant et en recoupant ses sources. Il se renseignera, au besoin, sur l’éditeur et/ou la collection : le catalogue d’un éditeur expérimenté ou une collection suivie comportant des noms d’auteurs qui font référence seront toujours plus sûrs qu’une édition éphémère ou à compte d’auteur. Il vérifiera la qualification de l’auteur Il lira la 4e de couverture, voire quelques pages du document, pour vérifier le point de vue, la qualité d’écriture, la difficulté de lecture Il prendra l’avis de collègues, en cas de cas de conscience : achat du dernier Christine Angot, ou pas ? de Fifty shades, ou pas ? Et pour assurer une cohérence dans le montage de son fonds : - Il pourra s’aider des niveaux (classification selon la complexité de lecture des documents et leur usage prédit, qui va de 1=lecture facile à 4=lecture très difficile, voire même 5=lecture d’experts, couverture à visée exhaustive / Attribution d’un % d’achat prévu). - Il pourra établir une charte des collections (document public destiné à faire connaître à tout usager les principes de constitution des collections adoptés par la bibliothèque. Ce document précise en général le(s) responsable(s) d’acquisition, les méthodes de sélection, les cas problématiques, le degré d’exhaustivité du fonds, son étendue dans les divers domaines de la connaissance, le traitement des dons, les pratiques de désherbage et d’élimination, etc.) - et un PDC (Plan de Développement des Collections) : prolongeant la Charte des collections, il s’agit d’un instrument de travail mis à jour annuellement, qui expose le bilan, les objectifs, les priorités, le budget et l’échéancier de désherbage de chaque fonds de la bibliothèque, - Il devra de toute façon dresser des bilans (taux de rotation*, listings des « 0 sorties », mise en réserve pour rafraîchir le fonds et lui donner l’air constamment vivant) *taux de rotation : pour un fonds donné, nombre de prêts par an / nombre de titres de ce fonds - Les romans et les livres d’actualité sont les deux genres les plus recherchés par les lecteurs. Les demandes des lecteurs oscillent bien souvent entre trash (à l’image de cette réalité spectaculaire, souvent macabre, parfois malsaine, véhiculée par les journaux télévisés, les séries policières, certaines émissions) et mièvre (pour contrebalancer cette première tendance). Combien de fois nous demande-t-on des livres qui ne soient pas « tristes » ? Alors conseiller du tiède, du mou, du fade ? Qu’elle est difficile cette quête du livre pas trop bête, pas trop mièvre, pas trop racoleur… 24 L’important est surtout, du point de vue des collections, de trouver un équilibre entre « fast-books », à l’écriture efficace, simple, mais souvent aussi pleine de clichés, romans vite lus, vite consommés, vite oubliés [on a vu que la liste des meilleures ventes est pour une grande part composée de ce genre de littérature] et auteurs, ceux qui ont une langue et un style et dont les livres ne se résument pas à une simple histoire, fût-elle bien menée… - … entre la satisfaction du public (par l’acquisition de succès populaires)… et les découvertes qu’on souhaite lui faire faire ! … En s’échappant parfois des logiques commerciales pour soutenir la création, des voix moins formatées et l’édition indépendante. Mais dans ce cas, cela demande un investissement particulier : ce livre un peu différent, il faudra le soutenir auprès des lecteurs, le « faire sortir », car un livre dont on n’a pas entendu parler, dont l’auteur est inconnu et la présentation éventuellement un peu austère, ne s’empruntera pas facilement. Le bibliothécaire est garant de l’équilibre des collections Vue la production pléthorique de livres, il peut se permettre de trier parmi les productions médiocres (même très demandées par les lecteurs) : nous ne sommes jamais obligés d’acquérir l’ensemble de l’œuvre de Marc Lévy ou Guillaume Musso. On peut sélectionner ce qui chez eux est le mieux écrit, le plus intéressant. Choix qu’il faudra alors savoir justifier fermement auprès des lecteurs. C’est donc sa place dans la collection (a-t-on déjà quinze livres de l’auteur ? Ou au contraire n’a-t-on encore aucun titre de cet auteur ?) et l’usage possible du document choisi (combien de personnes seront intéressées par ce livre ?), qui déterminera l’acquisition d’un nouveau titre ou pas. De tout cela découle que le bibliothécaire ne pourra acquérir que lorsqu’il connaîtra son fonds de départ et surtout son public. Je préfère même dire « ses publics ». … mais surtout, il devra se donner le temps de constituer ce fonds pluraliste et équilibré (au moins cinq ans, selon mon expérience) On lira (encore et toujours) avec profit : - les ouvrages de Bertrand Callenge : Les politiques d’acquisition (1994), Conduire une politique documentaire (1999), Bibliothèques et politiques documentaires à l’heure d’internet (2008) - éditions du Cercle de la librairie - Le métier de bibliothécaire / sous la direction d’Yves Alix Ŕ éditions du Cercle de la librairie, 2010 - Lectures et lecteurs à l'heure d'Internet : livre, presse, bibliothèques / sous la direction de Christophe Evans - éditions du Cercle de la librairie, 2011 25 4) Panorama (forcément sélectif) de l’édition de fiction Où trouver des informations sur les éditeurs et l’édition en France ? - Le classement de l’édition mondiale (dossier publié chaque année en juin par « Livres Hebdo ») propose un palmarès des grands groupes d’édition affichant un chiffre d’affaires supérieur à 150 millions d’euros. Il signale ainsi l’entrée de nouveaux grands groupes d’édition : l’année 2012 a été marquée par la consolidation des « Briics » : Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine, Afrique du Sud), ce qui donne des indications en terme de puissance économique et même géopolitique sur ces pays / En 2014, la tendance a été à une contraction de l’activité et à une relance des concentrations. - « Editeurs et diffuseurs de langue française », supplément annuel à « Livres Hebdo », qui paraît fin août et qui permet de connaître, outre ses coordonnées, la date de création d’une maison d’édition, ses effectifs, ses spécialités, le nombre de titres à son catalogue et le nombre de titres publiés chaque année, etc. - Sur Electre (www.electre.com), onglet « Editeurs » - Sur le site du Syndicat National de l’Edition - Sur le site du CNL (données chiffrées de l’édition) : http://www.centrenationaldulivre.fr/ - Sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication : http://www.culturecommunication.gouv.fr/ - Sur le site d’Ipsos (http://www.ipsos.fr/ipsos-mediact/actualites) : nouvelles tendances, nouvelles pratiques, etc. Cette partie du cours présente les maisons d’édition françaises les plus intéressantes et les plus productives dans le domaine de la littérature française et étrangère. Elle ne prétend en aucune façon à l’exhaustivité : - d’une part parce que de nouveaux petits éditeurs apparaissent constamment, - d’autre part parce que, sauf à être une litanie de noms d’éditeurs, elle ne pourrait lister tous les éditeurs qui existent. 26 Littérature française : Editeurs ACTES SUD ALBIN MICHEL ALLIA LES ALLUSIFS ARLEA AU DIABLE VAUVERT BUCHET CHASTEL LE CASTOR ASTRAL José CORTI LE DILETTANTE LES EDITIONS DE MINUIT FAYARD LA FOSSE AUX OURS GALLIMARD HELOISE D’ORMESSON JOCA SERIA JOELLE LOSFELD JULLIARD LIBRAIRIE GENERALE FRANCAISE L’OLIVIER P.O.L. PHEBUS PLON LE ROUERGUE SABINE WESPIESER TRISTRAM VERDIER VERTICALES/GALLIMARD ZULMA Sites www.actes-sud.fr www.albin-michel.fr www.editions-allia.com www.lesallusifs.com www.arlea.fr www.audiable.com www.buchetchastel.fr www.castorastral.com www.jose-corti.fr www.ledilettante.com www.leseditionsdeminuit.fr www.editions-fayard.fr www.gallimard.fr www.editions-heloisedormesson.com www.jocaseria.fr www.joellelosfeld.fr www.julliard.fr www.livredepoche.com www.editionsdelolivier.fr www.pol-editeur.fr www.editionsphebus.fr www.plon.fr www.lerouergue.com www.swediteur.com www.tristram.fr www.editions-verdier.fr www.editions-verticales.com www.zulma.fr Domaines ou « collections » Romans, nouvelles, « Babel » Petit éditeur Petit éditeur québécois, très littéraire Romans, textes classiques, livres de poche Littérature générale Littérature générale Littérature Littérature (Dada, surréalistes, J. Gracq) Littérature Littérature (Nouveau Roman) Littérature Tout petit éditeur (1 seul salarié) basé à Lyon Coll. « Blanche », « Quarto », « L’imaginaire », « Pléiade », « Folio »… Littérature générale Editeur nantais, littérature Littérature française et étrangère. A intégré les éd. Gallimard Littérature. Groupe R. Laffont Littérature en livres de poche Littérature générale. Groupe La Martinière Littérature « Domaine français », « Libretto » Littérature, « Omnibus » Littérature, « La Brune » Littérature Collection de poche « Souple » Littérature Fiction contemporaine plutôt exigeante Littérature française contemporaine, collection de poche « Z/a » 27 Littérature étrangère : Editeurs 10/18 ACTES SUD ALBIN MICHEL L’AUBE AUTREMENT BELFOND BUCHET-CHASTEL CALMANN-LEVY LE CHERCHE MIDI DENOEL FAYARD GAIA GALLIMARD GALLMEISTER KARTHALA LIANA LEVI MERCURE DE FRANCE Anne-Marie METAILIE NOIR SUR BLANC L’OLIVIER PHEBUS Philippe PICQUIER PLON QUAI VOLTAIRE RIVAGES SABINE WESPIESER STOCK VIVIANE HAMY ZULMA Sites www.10-18.fr www.actes-sud.fr www.albin-michel.fr www.editionsdelaube.com www.autrement.com www.belfond.fr www.buchetchastel.fr www.calmann-levy.fr www.cherche-midi.com www.denoel.fr www.editions-fayard.fr www.gaia-editions.com www.gallimard.fr www.gallmeister.fr www.karthala.com www.lianalevi.fr www.mercuredefrance.fr www.editions-metailie.com www.leseditionsnoirsurblanc.fr www.editionsdelolivier.fr www.editionsphebus.fr www.editions-picquier.fr www.plon.fr www.editionslatableronde.fr www.payot-rivages.fr www.swediteur.com www.editions-stock.fr www.viviane-hamy.fr www.zulma.fr Domaines ou « collections » Littérature au format poche « Sindbad » pour le monde arabe « Grandes traductions » Littérature militante « Littératures » « Belfond étranger » « Domaine étranger » “Lot 49”, “Ailleurs” “Denoël & d’ailleurs” Littérature étrangère Litt. scandinave, mais pas que… « Du monde entier » Littérature américaine, nature writing Littérature africaine Littérature italienne, coll. de poche « Piccolo » « Bibliothèque étrangère » Litt. sud-américaine, etc. Litt. d’Europe centrale et orientale Littérature générale. Groupe La Martinière « Domaine étranger » Litt. d’Extrême-Orient « Feux croisés » Litt. anglo-américaine, etc. Litt. anglo-américaine surtout Littérature « La Cosmopolite » « Littérature étrangère », collection de poche « Bis » Littérature indienne, persane, coréenne, chinoise, anglaise 28 Livres en grands caractères : Editeurs A VUE D’OEIL ED. CORPS 16 FERYANE LARGEVISION-CHARDON BLEU Sites www.avuedoeil.fr www.editionscorps16.com www.feryane.fr www.largevision.fr LIBRA DIFFUSIO ED. DE LA LOUPE V.D.B. www.editionslibradiffusio.com www.editionsdelaloupe.com www.editionsvdb.fr Domaines ou « collections » « Escales », « Plume » « Littera », « Terroirs », « Romance », etc. « Roman », « Détente », « Policier » « Largevision », « Bienlire », « Basse vision », « Pages d’encre », « Pleine page », « Facilire », etc. « Romans historiques », « Romans de terroir », « Saga » Achat par titre ou sous forme d'abonnement (3 livraisons de 20 titres/an) pour les collectivités. Lecture de détente (romans sentimentaux, de terroir, historiques, etc.) Romans de terroir : Editeurs ALBIN MICHEL L’ARCHIPEL Robert LAFFONT ED. DU MOT PASSANT PRESSES DE LA CITE Sites www.albin-michel.fr www.editionsarchipel.com www.laffont.fr www.motpassant.fr www.pressesdelacite.com Domaines ou « collections » Prix du coquelicot « Terre de France » 29 Littérature historique et sentimentale : Editeurs L’ARCHIPEL BELFOND BRAGELONNE Sites www.editionsarchipel.com www.belfond.fr www.bragelonne.fr FAYARD HARLEQUIN Robert LAFFONT Jean-Claude LATTES www.editions-fayard.fr www.harlequin.fr www.laffont.fr www.editions-jclattes.fr LEDUC.S PLON PRESSES DE LA CITE PYGMALION X.O. www.editionsleduc.com www.plon.fr www.pressesdelacite.com www.editions.flammarion.com www.xoeditions.com Domaines De nouvelles collections de « romance » avec son label poche « Milady » Ouvrages historiques Romans sentimentaux « La petite collection Lattès », collection de littérature féminine lancée en février 2012 « Charleston » « Omnibus », romans historiques Editeur historique de Danielle Steel Historique. Groupe Flammarion Regroupe aussi « Oh ! Editions » 30 Romans policiers : Editeurs 10/18 ACTES SUD ALBIN MICHEL L’ARCHIPEL BELFOND CALMANN-LEVY FAYARD FLAMMARION FLEUVE NOIR GALLIMARD HELOISE D’ORMESSON Jean-Claude LATTES LIANA LEVI LIBRAIRIE GENERALE FRANCAISE Ed. du MASQUE PAYOT/RIVAGES MERCURE DE FRANCE POCKET POINTS PRESSES DE LA CITE SEUIL SONATINE STOCK VIVIANE HAMY Sites www.10-18.fr www.actes-sud.fr www.albin-michel.fr www.editionsarchipel.com www.belfond.fr www.calmann-levy.fr www.editions-fayard.fr www.editions.flammarion.com www.fleuvenoir.fr www.gallimard.fr www.editions-heloisedormesson.com www.editions-jclattes.fr www.lianalevi.fr www.livredepoche.com Domaines ou « collections » Collections poches « Grands détectives » et « Domaine policier » Collections « Actes noirs » et « Babel Noir » Collections « Spécial suspense » et « Spécial policier » www.lemasque.com www.payot-rivages.fr www.mercuredefrance.fr www.pocket.fr www.lecerclepoints.com www.pressesdelacite.com www.seuil.com www.sonatine-editions.fr www.editions-stock.fr www.viviane-hamy.fr « Labyrinthes », « Masque jaune », « Agatha Christie », etc. « Rivages/Noir », « Suspense » « Mercure Noir » en octobre 2014 « Pocket noir », « Pocket Thriller », etc. « Points policier », « Crime ». Groupe La Martinière « Sang d’encre » « Seuil policiers » « Belfond noir » « Suspense » « Fayard-noir », « Crimes gourmands » « Ombres noires » Thrillers, policiers « La Noire », « Folio policier » « Les reines du suspense » « Suspense & Cie » « A corps et à crime » « Le Livre de poche » Nouvelle collection de polars étrangers : « La Cosmopolite noire » « Chemins nocturnes » 31 Romans fantastiques et de science-fiction : Editeurs ACTES SUD ACTUSF LE BELIAL BRAGELONNE CALMANN-LEVY CRITIC DENOEL FLEUVE NOIR GALLIMARD GRIFFE D’ENCRE J’AI LU L’ATALANTE Robert LAFFONT LIBRAIRIE GENERALE FRANCAISE LOKOMODO MILADY MNEMOS LES MOUTONS ELECTRIQUES ORBIT PANINI BOOKS LE PASSAGER CLANDESTIN Ed. du PETIT CAVEAU POCKET LE PRE AUX CLERCS PYGMALION TERRE DE BRUME LA VOLTE Sites www.actes-sud.fr www.editions-actusf.fr www.belial.fr www.bragelonne.fr www.calmann-levy.fr www.editions.librairie-critic.fr www.denoel.fr www.fleuvenoir.fr www.gallimard.fr www.griffedencre.fr www.jailu.com www.l-atalante.com www.laffont.fr www.livredepoche.com www.lokomodo-librairie.fr www.milady.fr www.mnemos.com www.moutons-electriques.fr www.orbitbooks.fr www.paninibooks.fr www.lepassagerclandestin.fr www.editionsdupetitcaveau.com www.pocket.fr www.lepreauxclercs.com www.editions.flammarion.com www.terredebrume.com www.lavolte.net Domaines ou « collections » Coll. de SF « Exofictions » « Les collections de la maison d’ailleurs » « L’autre Bragelonne ». Fantasy, anticipation, SF, terreur, fantastique. Coll. « Les trésors de la rivière blanche », « Petite bibliothèque SF » « Présence du futur », « Lunes d’encre » SF et fantasy, collection « Territoires » « Folio SF » SF, fantasy « La Dentelle du cygne ». Editeur nantais « Ailleurs et demain », « R » Collections « Fantastique » et « Fantasy » Label des éd. Bragelonne. Fantasy, fantastique, SF Fantasy, SF, uchronie. Coll. poche « Hélios » Coll. « La bibliothèque voltaïque » et « La bibliothèque des miroirs » Ed. anglo-saxon, en France depuis 2009. Fantasy, fantastique « Eclipse » Coll. SF « Dyschroniques » Spécialisé dans la littérature vampirique Collection « SF-Fantasy » Fantasy, merveilleux, fantastique. Coll. « Pandore » pour jeunes adultes Département des éd. Flammarion. Coll. « Fantasy ». Robin Hobb « Terres fantastiques », « Terres mystérieuses », « Poussière d’étoiles »… 32 Poésie : Editeurs ACTES SUD CASTOR ASTRAL CHEYNE Sites www.actes-sud.fr www.castorastral.com www.cheyne-editeur.com FATA MORGANA GALLIMARD FOLLE AVOINE SEGHERS www.fatamorgana.fr www.gallimard.fr www.editionsfolleavoine.com www.editions-seghers.tm.fr Domaines ou « collections » Spécialiste de poésie contemporaine, organisateur des « Rencontres sous l’arbre », chaque mois d’août, à Chambon-sur-Lignon « Poésie/Gallimard » (35) « Poètes d’aujourd’hui ». Fonds repris par R. Laffont Théâtre : Editeurs ACTES SUD L’ARCHE L’AVANT-SCENE THEATRE GALLIMARD Sites www.actes-sud.fr www.arche-editeur.com www.avant-scene-theatre.com www.gallimard.fr EDITIONS THEATRALES LES SOLITAIRES INTEMPESTIFS www.editionstheatrales.fr www.solitairesintempestifs.com Domaines ou « collections » « Actes Sud/Papiers » Spécialiste. 1.500 titres au catalogue Collections « Théâtre », « Blanche », « Pléiade », « Folio théâtre », « Le Manteau d’Arlequin », etc. Spécialiste. 600 titres au catalogue Humour : Editeurs LE CHERCHE MIDI CHIFLET & Cie HORS COLLECTION J’AI LU WOMBAT Sites www.lecherche-midi.com http://www.hugoetcie.fr/HugoHumour www.horscollection.com www.jailu.com www.nouvelles-editions-wombat.fr Domaines ou « collections » Fait partie des éditions « Hugo & Cie », coll. « Hugo humour » Publie des textes d’humoristes (Roumanoff, Geluck, etc.) « Les insensés » 33 5) Deux cas particuliers : - Les livres audio : Très répandu aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie, en Allemagne, le livre audio représente, en France, moins d’1% du marché du livre. D’abord édité sur K7, le livre audio a ensuite migré vers le CD, pour être aujourd’hui édité en CD de format mp3, ce qui permet un considérable gain de place (le contenu d’un CD Mp3 correspondant environ à celui de 8 CD classiques) et de coût. Il s’agit d’un secteur en complète recomposition En cessant, en mars 2013, malgré un CA d’affaire déclaré de 800 000 euros, de produire et de vendre des livres audio, les éditions VDB ont jeté un froid dans le secteur. Victimes du téléchargement illégal… Le secteur se structure désormais autour d’acteurs puissants, Audiolib en tête (qui représente à lui seul plus de la moitié du marché). … et montre même un regain de dynamisme, en particulier avec la percée du téléchargement légal [via les smartphones (avec, par exemple, l’application Audioteka) ou même via des constructeurs automobiles avec des applis fonctionnant en voiture] : 10% des ventes de livres audio. Le catalogue des livres audio se développe très vite et colle de plus en plus à l’actualité des parutions littéraires. Les goûts des adeptes de livres audio sont en effet les mêmes que ceux des lecteurs d’imprimés : polars-thrillers et romans de grands auteurs contemporains largement en tête. Le but, pour les éditeurs, exactement comme pour le format papier, est donc d’acquérir les droits de poids-lourds et de s’adosser à leur succès : qu’il s’agisse de succès de librairie (comme L’affaire Harry Québert de Joël Dicker, 1Q84 de H. Murakami et Inferno de Dan Brown) ou de classiques indémodables. On peut espérer de beaux développements à ce type de document qui correspond bien aux pratiques et modes de vie contemporains : le nomadisme (il permet d’écouter un texte en voiture ou dans les transports en commun) et l’habitude de supports dématérialisés. 34 Editeurs / Librairies AUDIOLIB Sites www.audiolib.fr CDL EDITIONS DE VIVE VOIX www.cdleditions.com www.devivevoix.fr DES FEMMES-ANTOINETTE FOUQUE www.librairie-des-femmes.fr EPONYMES FREMEAUX & ASSOCIES www.editions-eponymes.fr www.fremeaux.com GALLIMARD LIVRAPHONE www.gallimard.fr www.livraphone.com LE LIVRE QUI PARLE NAIVE RADIO FRANCE SIXTRID SONOBOOK THELEME www.lelivrequiparle.com www.naivestore.com/livres/cd-books.html sites.radiofrance.fr/radiofrance/kiosque/liste.php?support=23 Editeur de nombreux « livres-disques » www.sixtrid.com Plateforme de téléchargement créée par Livraphone www.sonobook.fr www.editionstheleme.com Classiques ou contemporains lus par de grands acteurs. Collections « Littérature », « Frisson » www.editionsvdb.fr Lecture de détente (sentimental, terroir, romans historiques). Les titres correspondent à ceux édités en grands caractères. Ils liquident actuellement leurs stocks jusqu’à épuisement V.D.B. Domaines ou « collections » Filiale du Livre de poche. Plus de 300 titres à leur catalogue. Suit l’actualité des romans contemporains et les propose très peu de temps après leur sortie au format papier (parfois même, en même temps) Littérature, terroir, polar, humour, etc. Produit des contenus inédits dans les domaines du savoir, mais propose également quelques textes littéraires (nouvelles, contes, textes brefs) Maison d’édition ouverte à toutes les démarches d'écriture et de luttes des femmes (textes sur les femmes, écrits par des femmes ou lus par des femmes) 1er site universel du patrimoine sonore, musical et parlé au monde. 800 références. A but patrimonial « Ecoutez lire », « Grands entretiens », « A voix haute » Librairie audio française en ligne (+ de 7 500 références et + de 255 éditeurs) Plutôt des classiques 35 - Les livres numériques Définitions : Un livre numérique (aussi appelé par métonymie livre électronique) est un livre édité et diffusé en version numérique, disponible sous forme de fichier, qui peut être téléchargé et stocké pour être lu soit sur un écran (tel que celui d'un ordinateur personnel, d'une liseuse ou d'une tablette tactile), soit sur une plage braille, soit sur un dispositif de lecture de livres audio. Livre numérique = livre électronique = traduction de « e-book » [le contenu : le fichier téléchargeable et/ou stockable] Tablette = liseuse [le contenant : ce sont uniquement des supports de téléchargement et de lecture, comme l’ordinateur] Mais dans l'usage, livre électronique désigne aussi bien le contenu (le texte lui-même) que, par métonymie, le contenant (le support permettant de visualiser le contenu) Pour la Direction de la législation fiscale (ministère du Budget), qui a actualisé sa définition du livre en y ajoutant le numérique, Il ne diffère du livre imprimé que par « les variations typographiques et de composition, ainsi que les modalités d’accès au texte et aux illustrations (moteur de recherche associé, modalités de défilement ou de feuilletage du contenu) ». Les limites du livre numérique sont donc tracées au plus près de l’édition papier. Les premiers e-books (tablettes de lecture ou liseuses) sont apparus en 2000, en France. Il s’agissait de machines assez coûteuses, à l’ergonomie toute relative, sans véritable offre de contenus en français. Des e-books de 2e génération, offrant un confort de lecture plus important grâce à de nouveaux procédés d’encre électronique, sont entrés sur le marché en 2007 (Kindle, Cybook, etc.). Puis des opérateurs de téléphonie mobile comme Orange et SFR se sont positionnés sur le marché. Les 4 leaders actuels sont Amazon, Apple, Fnac-Kobo et Google livres. Les supports se sont aujourd’hui énormément diversifiés : la lecture de livres numériques se fait désormais aussi bien sur smartphones, ordinateurs, tablettes que liseuses. Mais il faut préciser que ces supports sont, pour beaucoup, dédiés à d’autres usages que la lecture au sens strict (la plupart des utilisateurs cumulant plusieurs pratiques). Ainsi, en 2012, seuls 47% des utilisateurs de tablettes s’en servaient pour lire des livres ou de la BD (alors que 71% y faisaient de la vidéo, 69% des jeux vidéo, 65% de la musique et 61% y lisaient la presse) … Si bien que la lecture est même l’utilisation la plus marginale des tablettes [Etude GFK ISL, reprise par LH n°924, du 05/10/12] 36 Alors, qui sont les usagers des livres numériques ? Ce sont généralement des hommes (55%), âgés de 40 ans en moyenne, parisiens, et de plus en plus aisés (45% de CSP+). Le livre numérique continue donc de se cantonner à une minorité de grands lecteurs et à quelques technophiles. Il ne parvient pas à séduire les néophytes. Autrement dit, il prêche des convertis [Baromètre des usages du livre numérique SOFIA/SNE/SGDL, mars 2014 (lien internet sur le site SNE] Il faut dire qu’en France, nous avons un rapport particulier au livre : sur les 69% de Français qui s’affirment lecteurs, seuls 11% disent utiliser le support numérique. La proportion de lecteurs exclusifs du numérique est infime : 1% Et près d’un lecteur sur 2 affirme n’avoir pas adopté l’ebook après essai. Les 2 principaux regrets évoqués : l’absence de contact avec le papier et la fatigue visuelle due aux écrans [Etude IPSOS/Livres hebdo 2014] Le CA de l’édition numérique représentait 105,3 millions d’euros, en France, en 2013 [Chiffres du SNE en juin 2014], contre 81,8 millions d’euros en 2012. Une belle progression, même si la vente de livres numériques ne représente toujours que 2,3% du marché grand public. Cette progression est due à l’étoffement de l’offre des éditeurs et à l’explosion du taux d’équipement des Français. L’offre de contenus est en effet en plein développement en France, mais elle reste insuffisante Même les aides du CNL n’ont pas incité les éditeurs français à mettre massivement leurs fonds en ligne. Le marché restant faible, cet investissement n’est pas considéré comme prioritaire. L’écart entre le monde anglo-saxon et le reste du monde demeure donc abyssal Et au niveau de la littérature ? Les lecteurs de livres numériques, qui sont aussi de grands lecteurs de livres imprimés, sont de plus en plus nombreux et lisent plus qu’avant, sans pour autant renoncer à leur consommation de livres « papier ». Pour 76% des lecteurs interrogés il est complémentaire du papier, mais non substituable. Trois genres "surperforment " en numérique : la littérature classique (car libre de droits, donc gratuite), la science-fiction et la fantasy, le polar et le thriller. Y a-t-il un « risque » pour l’édition de littérature ? Si le numérique redéfinit la culture dominante et bouscule l’image du livre par son caractère non institutionnel, tous les éditeurs confirment que les bestsellers numériques sont aussi ceux du papier. On peut donc craindre que le numérique ne souligne une tendance déjà connue dans le format papier et qu’à terme la création littéraire ne s’appauvrisse (aux Etats-Unis, il devient de plus en plus difficile de publier des livres… difficiles). 37 - Aux tarifs actuels, le prix du terminal n’est plus un frein ( beaucoup de Français sont désormais bien équipés en tablettes et en smartphones, sinon en liseuses)… Contrairement au prix du contenu. Pourquoi ? - Les éditeurs français tiennent à garder un développement maîtrisé du numérique afin de ne pas déstabiliser la librairie traditionnelle (les Etats-Unis n’ont plus ce frein, car la librairie indépendante y est en voie de disparition), l’ensemble du circuit de diffusion-distribution, et leurs marques en poche. D’autre part, un transfert massif vers le numérique ne profiterait qu’aux 4 leaders… Personne n’y a intérêt. - On trouve pourtant une offre de livres numériques gratuits ou à moins de 5 euros (la moitié de l’offre d’Amazon, par exemple), mais il ne s’agit pas de « premier choix » : classiques, littérature sentimentale, vieux polars, titres auto-édités ou SF. - Le numérique est moins cher que le grand format (37% en moyenne) [Il s’agit d’une recommandation du Ministère de la Culture, pour dissuader le piratage (qui serait important si les ebooks restaient chers, ce qui aurait des répercussions, y compris sur l’édition papier)] - Par contre le numérique reste plus cher, de 31% en moyenne, que le format poche [sauf pour quelques grands groupes qui ont pu aligner les prix des ebooks sur celui du poche], surtout pour les titres en tête des listes des meilleures ventes. Le meilleur moyen de ne pas être en danger, certains l’ont compris, est d’être soi-même éditeur numérique : 10/18 a signé un grand nombre de contrats pour l’exploitation numérique de titres dont ils ont les droits premiers. Depuis 2011, Le Livre de poche numérise ses inédits et les met en vente. Le Diable Vauvert a proposé gratuitement le 1er tome de sa série SF Le peuple de l’eau, de Pierre Bordage, pour la lancer. Etc [Nota bene : aux USA, depuis 4 ans, le CA net des éditeurs qui ont participé à l’enquête de l’AAP est resté à peu près stable, alors que dans le même temps le numérique prenait une part de plus en plus importante du marché : preuve s’il en est que ce nouveau support n’a rien créé, mais qu’il s’est seulement substitué au livre papier et aux autres canaux de vente. Idem au Royaume-Uni] 38