Magazine trimestrielle Bosangi 39
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Magazine trimestrielle Bosangi 39
Le Magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 Numéro 39 Editorial Anticipons ! Par Michel NGAPANOUN ne rencontre des Maires et administrateurs des villes de l’Afrique Centrale élargie à d’autres villes de l’Afrique subsaharienne, s’est tenue du 23 au 25 juin, à Douala. Son thème : « Les villes d’Afrique et le changement climatique », pouvait paraître générique, voire même lointain. Mais au cours des travaux, les Magistrats municipaux venus de Kinshasa, Ndjamena, Libreville, Pointe-Noire, Nantes, Kaolack et d'autres villes du Cameroun, ont rendu compte de leurs inquiétudes, des désastres liés au réchauffement de la planète et de la difficulté à définir des mesures efficaces pour contenir l'évolution des températures en deçà de 2°C à l'horizon 2100. Or, depuis le sommet de Copenhague en décembre 2009, la position de l’Afrique reste inchangée sur les principes mais piétine parce qu’elle a du mal à s’appuyer sur la réalité de ses expériences et de présenter la note effective des dépenses qu'elle a engrangées depuis la signature des accords de Kyoto, la mise en place des MDP et la création du marché carbone. En effet, en décembre 2009, le regretté Meles Zenawi, alors premier ministre de l’Ethiopie et négociateur en chef de l’Union Africaine à Copenhague, disait : « Nous savons tous que l’Afrique n’a pratiquement pas contribué au réchauffement planétaire, mais elle est la première à en subir les conséquences les plus lourdes. » Ces mots pèsent de tout leur poids et ont un U sens inouï lorsqu’ on sait que des porteurs de projets en Afrique, se sont engouffrés dans les MDP. Ils y ont vu une nouvelle forme de coopération pour le développement des énergies alternatives mais aussi comme une manière dynamique de contribuer à la lutte contre le changement climatique. Des porteurs de projets privés venant du continent, (comme le Cameroun) vont donc s’engager dans le MDP, (mécanisme pour le développement propre), avec l’assurance que les promesses tiendront bien le langage des fleurs. Car le mécanisme pour le développement propre est fondé sur un schéma de solidarité clair : « Les pays industrialisés payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des nations moins riches et sont récompensées de crédits pouvant être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs ‘‘ ce séminaire a été organisé par l’Association Internationale des Maires francophones avec la Communauté Urbaine de Douala, qui héberge sa première centrale de captage et de production de biogaz au Génie Militaire (Douala) ainsi qu'un centre de recyclage des Pet. ’’ d’émissions. Les pays receveurs bénéficient gratuitement de technologies avancées qui permettent à leurs usines ou leurs installations générant de l’électricité, d’opérer de manière plus efficace. » La problématique de l’échange solidaire a été au cœur des discussions lors de ce séminaire qui a été organisé par l’Association Internationale des Maires francophones avec la Communauté Urbaine de Douala, qui héberge sa première centrale de captage et de production de biogaz au Génie Militaire (Douala) ainsi qu'un centre de recyclage des Pet. Une collectivité qui se trouve donc à la pointe des technologies de valorisation, de recyclage et de traitement des déchets, plaque tournante des solutions nouvelles pour lutter contre le réchauffement de la planète et proposer de nouveaux modèles de développement. Les discussions au cours de la rencontre de Juin à Douala, ont mis en exergue l’urgence de recenser les expériences africaines dans ce domaine, de rassembler les forces pour que l'Afrique parle d'une seule voix, dans le sens de l'évaluation du Protocole de Kyoto, et du renforcement des mesures contraignantes pour une lutte solidaire contre le réchauffement de la planète. En novembre 2015 se tiendra à Paris la Cop 21. Elle doit se préparer en Afrique dès maintenant car les enjeux sont de taille: la révision des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) ; la fixation aux différents pays des Objectifs de développement durable (Odd) Il faut donc un accord suffisamment ambitieux, applicable à tous, doté d’une forme juridique contraignante pour permettre d’atteindre l’objectif des deux degrés pour sauver la planète. Cet accord doit mettre en œuvre un changement de paradigme prenant en compte le défi climatique non pas comme un « nécessaire partage du fardeau des émissions, mais également comme une opportunité de création d’emplois, de richesses, et d’invention de nouveaux modes de production et de consommation ». Or, au cours de leur descente sur les sites des innovations technologiques que sont la Centrale de captage et de traitement du biogaz et le Centre de tri à Douala, le 25 juin 2014, les édiles de l'Afrique subsaharienne, ont pu se rendre compte que ces structures sont créatrices de valeurs et d’emplois; elles sont également pourvoyeuses d'outils techniques pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre . Ce sont également de nouveaux modèles de croissance pour l’Afrique. Le premier pas dans la préparation de la Cop 21 prévue en Novembre 2015, est cette rencontre. La seconde étape est Dakar en septembre 2014. Pendant ce temps les parlementaires se sont aussi réunis. En d’autres termes, il faut des Synergies pour combiner les initiatives et leur donner une force de persuasion. C'est cela l’anticipation. Bosangi Une publication de Hysacam B.P : 1420 Douala. Tél. +237 33 37 44 14 Fax : +237 33 37 47 73 B.P. : 781 Yaoundé Tél. +237 22 22 13 79 Fax : +237 22 22 53 44 Directeur de publication Michel NGAPANOUN Rédacteur en chef Garba AHMADOU Secrétaire de rédaction Innocent EBODE Ont participé à ce numéro Jean Célestin Edjangue, Florine Nseumi Léa, Janvier Ngwanza Owono, Serge Williams Fotso, Eric Vincent Fomo, Innocent Ebodé Direction artistique Valentin OMBIBI Event’Nsia Tél :+237 99 90 15 68 [email protected] Impression : Print Industry Tél : +237 33 42 63 93 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 3 Bosangi Sommaire - Juillet - Août - Septembre 2014 6-11 Actualités 6-7. Continent africain, Quand les villes se mettent au vert par Florine Nseumi Léa 8. Déchets urbains, Réflexion sur l’avenir par Janvier Ngwanza Owono 9. Marrakech-Propreté, Le Marché que vise Hysacam par Innocent Ebodé Source : La vie éco. Couverture N° 39 10-22 Dossier Il a bien fallu interdire ces emballages plastiques communément utilisés sur les marchés et qui laissaient croire que sans ce sac plastique-là, point d'emballages. Mais la pratique est vieille de plusieurs siècles. Et le danger de sa pérennisation est énorme. Certains voient dans l’engouement des ministres de l’Environnement d’interdire l’utilisation des plastiques non biodégradables un simple calcul économique. Où de nouvelles multinationales de l’emballage vont dicter leur prix. Dans ce dossier votre trimestriel de l’environnement, Bosangi, qui fête son dixième anniversaire, fait le point. 10-11. Réchauffement de la planète : L’Afrique centrale au combat par Florine NSEUMI Léa 12. Douala prepares to face climate change, by Christopher Jator 13-14. RCA : quand les massacres menacent l’écologie, par Eric Vincent FOMO 16. Emballages plastiques : naissance, vie et agonie d’un produit dangereux par Serge William FOTSO 17-18. Interdiction du pastique, Le Danemark, pionnier 16 par Jean-Célestin EDJANGUE 19. 20. Fiscalité des déchets plastiques Janvier Ngwanza Owono Les végétaux et le papier comme alternatives ? par Eric Vincent FOMO 21. Emballages plastiques : une affaire de femmes? par Janvier N. Owono 22. 4 Plastic bag hazards, par Léa avec Agences BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 24-25 Evènement 24. 25. Plastiques non biodégradables: les producteurs dans la tourmente par Florine Nseumi Léa Los Angeles plastic bag ban par Florine Nseumi Léa 24 26-27 Réunis au sein de l’association camerounaise des professionnels de la plasturgie, les opérateurs de la filière camerounaise des emballages en plastique sont dans la tourmente des emballages biodégradables. Portrait 26-27. Me Affisiatou Bamane Lamine, La révélation des forces nouvelles par Florine NSEUMI Léa et Agences 28 Regards 28. Gaz à effet de serre, Quelle stratégie à Paris pour l’Afrique? par Serge William FOTSO 29 Réflexions 33. La propreté : un produit international, mais comment l’exporter ? par Eric Vincent FOMO 30-31 La parole à…. 30-31.La parole à… Thérèse Olenga par Florine NSEUMI Léa 30 32-33 Thérèse Olenga Ministre de l’Environnement de la République Démocratique du Congo « Nous voulons que l’Occident paye la facture» Note de lecture 32-33.Déchets plastiques : un livre vert pour faire le point par Jean-Célestin EDJANGUE 34 Forum lecteurs 34. Bosangi, un magasine entre l’information et la sensibilisation par Ibrahim El Ali Président de Blue green BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 5 Actualités Continent africain QUAND LES VILLES SE METTENT AU VERT La Journée mondiale de l'environnement de 2014 a été célébrée le 5 juin sous le thème : « Elevez votre voix, pas le niveau de la mer. » En rapport avec les changements climatiques et ses corollaires, votre journal a porté un regard sur les pays qui adoptent un comportement éco-responsable. Florine NSEUMI Léa a Journée mondiale de l'environnement (JME) est le principal moyen par lequel les Nations unies encouragent une prise de conscience et une action d’envergure mondiale pour l'environnement. Au fil des ans, elle s’est développée pour devenir une plateforme globale pour une sensibilisation publique largement célébrée dans plus de 100 pays. Elle représente également la journée du peuple pour une action positive sur l'environnement et transforme les actions individuelles en une puissance collective qui génère un impact positif exponentiel sur la planète. L C’est le cas de certaines villes africaines citées en exemple dans le continent pour leur attitude éco-responsable. Celles-ci affichent des indices et des plans de développement où le vocable "durable" revêt toute une importance. Ces villes s s'efforcent de rendre la vie plus verte pour leurs citoyens. Dans ce cadre, la création d'un plan d'action contre le réchauffement climatique classe ces dernières parmi les villes les plus "vertes" 6 au monde et fait de l'écologie un véritable objectif. Une étude de l’« African green city index » (indice des villes vertes africaines) sur le continent noir porte sur huit critères : l’énergie et le CO2, l’utilisation des terres, les transports, les déchets, l’eau, les sanitaires, la qualité de l’air et la gouvernance environnementale. Selon cet indice des villes vertes africaines, dévoilé à Durban le 2 décembre 2012, les villes d’Afrique du Nord et d’Afrique du Sud sont les plus écologiques du continent. Selon les conclusions de l’« African green city index » (indice des villes vertes africaines), certaines villes sont «au-dessus de la moyenne ». C’est le cas d’Accra, Le Cap, Casablanca, Durban, Johannesburg, Tunis. « Dans la moyenne », l’on retrouve Addis-Abeba, Alexandrie, Le Caire, Lagos, Pretoria. « En dessous de la moyenne » : Luanda, Nairobi. « Très en dessous de la moyenne » sont citées Dar es Salaam, Maputo. Mais cet indice ne recense aucune ville d’Afrique subsaharienne francophone. D’après les auteurs, Abidjan aurait pu figurer parmi les villes sélectionnées conformément aux deux premiers critères, elle a été écartée du fait de la crise politique. Bonnes pratiques écologiques L’empreinte écologique du Cap vient des efforts impressionnants que cette ville a accomplis en vue de réduire son empreinte carbone. La capitale législative de l’Afrique du Sud, qui possède les meilleurs politiques de l’Index en matière d’énergies propres, a commencé très tôt. En 2003, elle a en effet été la première ville d’Afrique à rédiger une Politique environnementale pan-métropolitaine qui a défini une stratégie complète visant à améliorer divers domaines comme la gestion des déchets, les espaces verts ou encore les énergies. En2006, elle a adopté une Stratégie en matière de changement climatique (mise à jour en 2010) qui inclut plus de 100 projets disséminés dans toute la ville et fixe des objectifs renouvelables. Les efforts de la ville ont commencé 2012 par les économies d’énergie : réduire sa consommation d’électricité de 10 %.Elle a lancé une campagne de promotion des BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Actualités économies d’électricité à l’attention des particuliers, elle a mis sur pied un Forum de l’efficacité énergétique destiné aux entreprises et a procédé à une considérable modernisation de ses feux de signalisation et de ses propres bâtiments. Le Cap a également pris des engagements en faveur des énergies renouvelables, qui devront représenter 10 % de son approvisionnement d’ici 2020. Chez les particuliers, elle a lancé un programme visant à installer 300 000 chauffe-eaux solaires au cours des quatre années à venir. La ville a également construit à Darling le premier parc éolien du pays, qui a commencé à alimenter le réseau national en énergie verte en 2008 et sera prochainement nettement moins unique : le gouvernement provincial du Cap-Occidental (dont Le Cap est la capitale) étudie actuellement les candidatures liées à la construction de 40 parcs éoliens supplémentaires. A Accra le gouvernement national du Ghana, qui supervise la politique environnementale de l’ensemble du pays, demeure attaché à l’hydro-électrique comme principale source d’énergie renouvelable. Cependant, la Volta River Authority (l’entreprise publique de production d’énergie au Ghana), a également lancé un projet visant à construire des centrales solaires dans trois régions du nord du pays et un parc éolien côtier et ainsi à générer 100 mégawatts d’énergie solaire et éolienne. Au Nigéria, bien que les efforts de Lagos n’en soient encore qu’à un stade précoce, les dirigeants de la ville de Lagos cherchent à tirer partie des systèmes d’échange de droits d’émission de carbone tels que le mécanisme de développement propre prévu par le protocole de Kyoto, en vertu duquel les pays développés peuvent investir dans les pays en développement en échange de crédits d’émission. Dans ce cadre, l’Agence de protection de l’environnement de l’État de Lagos a créé le ‘Carbon Credit Centre’, chargé de gérer les consultations, les transactions, les demandes et les échanges de droits d’émission de carbone ainsi que de promouvoir les accords favorisant les énergies propres. En ce qui concerne l’utilisation des terres, le plan directeur de la ville d’Addis-Abeba prévoit la reforestation des montagnes environnantes, la récupération des parcs municipaux existants et la création de nouveaux. Le plus important des nouveaux espaces verts un parc piéton linéaire qui sinue sur quelque 5 km dans le centre-ville. La ville marocaine de Casablanca a ces deux dernières années, vu ses dirigeants lancer dans la région métropolitaine des projets pilotes visant à tester la viabilité de « l’agriculture urbaine », qui intègre les espaces verts aux centres urbains et fournit une nouvelle source de nourriture à la ville. Le projet a bénéficié du soutien financier du ministère allemand de l’éducation et de la recherche. En matière de transport, l’Egypte a Investi des milliards dans le réseau de transports publics du Caire. Le Caire est la seule ville africaine se situant au-dessus de la moyenne des 15 villes de l’Index des villes vertes en Afrique pour la longueur et la sophistication relative de son réseau de métro. Le métro est au milieu d’une extension (d’un coût de 3,7 milliards de dollars US) qui aura ajouté deux lignes est-ouest supplémentaires aux deux lignes existantes, qui traversent la ville selon un axe plus ou moins nordsud. La capacité du réseau de métro est passée de 2,5 millions de passagers par jour à 4,5 millions. Les bus seront également améliorés. Enfin, le programme de réduction des émissions de carbone par recyclage et mise à la casse des véhicules vise à pousser près de 50 000chauffeurs de taxi possédant un véhicule de plus de 20 ans à le remplacer par un modèle neuf. Pour l’instant, ce programme est un véritable succès : 20 000 véhicules ont été remplacés rien qu’en 2009. Il s’agit également du premier programme de transport au monde à être enregistré dans le mécanisme de développement propre de la Conventioncadre des Nations. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 7 Actualités Déchets urbains RÉFLEXION SUR L’AVENIR Un colloque international sur les déchets urbains s’est tenu à Yaoundé du 27 au 28 mai à l’Ecole des Travaux Publics à Yaoundé. Les travaux portaient sous le thème : « Place et rôle des acteurs du recyclage artisanal des déchets dans la mise en place d’une économie sociale verte en Afrique subsaharienne. » Janvier Ngwanza Owono « Les déchets constituent désormais une mine d’or » (affirmation du Ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, Jean-Claude Mbwentchou). Des babouches et sacs tissés à l’aide des films (sachets) plastiques, des pots de fleurs fabriqués grâce aux pneus usés et récupérés des véhicules ou encore des marmites issues de la fonte des déchets de ferraille. Ce sont-là quelques exemples des produits de la récupération artisanale qui démontrent l’ingéniosité des artisans qui créent des objets de valeur à partir de rien, contribuant ainsi à la préservation du patrimoine culturel et environnemental. Un processus qui permet aux artisans recycleurs de débarrasser nos villes de leurs multiples ordures. Pour donner de l’allure à nos villes, C‘est dans cette logique que s’est tenu, sous l’initiative du projet Innovative Service in Difficult Environnement for Recycler Artisan (ISDERA), un colloque international du 27 au 28 mai 201 à Yaoundé sur le thème : « Place et rôle des acteurs du recyclage artisanal des déchets dans la mise en place d’une économie sociale verte en Afrique subsaharienne. » Le colloque a mobilisé près de deux cents invités parmi lesquels des élus locaux du Cameroun et du Burkina Faso, des représentants de l’Union européenne, des universitaires, des enseignants, de nombreux étudiants et des artisans. Au cours de la cérémonie d’ouverture qui a connu la participation de plusieurs membres du gouvernement camerounais, le représentant du Délégué du gouvernement 8 auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, Jean Ngougo s’est réjoui d’accueillir cet évènement dont l’opportunité n’est plus à démontrer. « Yaoundé est une ville cosmopolite qui accueille des populations qui migrent. Parmi celles-ci, figurent les artisans recycleurs qui occupent une place de choix dans notre économie», a-t-il déclaré. Aussi, il pense que le colloque va apporter aux décideurs de nouvelles données qui faciliteront l’élaboration de nouvelles politiques dans le domaine du recyclage des déchets et de l’encadrement des artisans recycleurs dans le but de donner un nouveau visage à nos villes. A sa suite, le ministre des Travaux Publics, Patrice Amba Salla, a précisé que ce type de rencontre doit aider les Africains à « traduire dans les faits les connaissances acquises à l’école, au risque de les répéter comme des perroquets ». Prenant la parole pour le lancement solennel du colloque, le ministre camerounais de l’Habitat et du Développement Urbain, Jean Claude Mbwentchou, a relevé que le thème à l’ordre du jour est « évocateur et doit constituer le point de départ d’une dynamique, longue et fructueuse de coopération entre les collectivités territoriales décentralisées, les institutions de recherche et gouvernementales, les artisans recycleurs et les partenaires au développement, pour un développement harmonieux de nos cités ». Ceci nécessite à son avis, « un effort exceptionnel de dépassement dans la ré- flexion ». Le but d’une telle rencontre étant, précise-t-il, « d’offrir une meilleure visibilité à l’activité du recyclage artisanal, avec l’implication des élus locaux et des acteurs étatiques au plus haut niveau ». En terme de résultats, le ministre JeanClaude Mbwentchou, pense que la rencontre devrait favoriser : la promotion d’une nouvelle profession, celle d’ « Artisan recycleur » ; une visibilité plus accentuée des acteurs du secteur de la récupération artisanale des déchets ; une reconnaissance sociale pour ces acteurs de la salubrité urbaine ; la régression de la pauvreté et la pérennisation de nos valeurs ancestrales et un accompagnement des pouvoirs publics dans la matérialisation des micro-projets de développement de l’activité de récupération artisanale des déchets. En effet, cette rencontre avait pour ambition d’offrir une meilleure visibilité à l’activité du recyclage artisanal avec l’implication des élus locaux et des acteurs étatiques au plus haut niveau parce que, grâce au projet IISDERA, « les déchets constituent désormais une mine d’or ». Ces ordures leur permettent de s’approprier les différentes expériences entre les villes suscitées parce que présentant des similarités en matière de récupération artisanale des déchets urbains et leur savoirfaire. Et l’atelier au cours du colloque, qui avait pour thème « l’économie sociale et solidaire des déchets en Afrique : le cas du recyclage artisanal des déchets au Cameroun et Burkina Faso », a permis aux participants d’analyser les atouts des déchets. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Actualités Marrakech-Propreté LE MARCHÉ QUE VISE Hysacam Plusieurs entreprises, dont Hysacam, ont répondu à l’appel d’offre lancé par cette ville marocaine pour la collecte des déchets ménagers. En attendant la sélection des prochains opérateurs qui prendront en charge les 870 tonnes de déchets que produit quotidiennement la ville, il est utile de présenter les besoins de la ville en matière de propreté. Innocent Ebodé Source : La vie éco. arrakech recherche les prochains prestataires de services de propreté, incluant la collecte et l’acheminement des déchets ménagers et assimilés et le nettoiement des voiries. Les actuels adjudicataires sont Tecmed et PizzornoSegedema. Leur contrat couraient en principe jusqu’au 15 mars, mais il a fait l’objet d’un avenant qui le prolonge d’environ six mois. Le nouveau cahier des charges, laisse libre cours à la réflexion des entreprises pour les moyens à mettre en place ; la seule obligation concerne les résultats et le respect de la fréquence de 7j/7 aussi bien pour la collecte que pour le balayage. M Le découpage de la commune a également été revu. Au lieu des 2 lots actuels, on en aura 3 répartis comme suit : le lot 1, dont le budget est estimé à environ de 4 244 400 000 (quatre milliards deux cent quarante quatre millions quatre cent mille) de FCFA, couvre l’arrondissement Ménara ; le lot 2 d’un montant estimé à 3 772 800 000 (trois milliards set cent soixante-douze millions huit cent mille) FCFA, comprend les arrondissements Médina et Sidi Youssef Ben Ali, et le lot qui s’élève à 3 3 065 400 000 (trois milliards soixante-cinq quatre cent mille) FCFA, couvre quant à lui les arrondissements Guéliz et Nakhil. Au total donc, la Commune urbaine de Marrakech déboursera quelque 11 082 600 000 (onze milliards quatre-vingt-deux millions six cent mille) FCFA par an pour la gestion de ses déchets ménagers. Le marché couvre une population estimée en 2014 à 1 million d’habitants pour une production journalière de déchets évaluée à 870 tonnes. Chaque entreprise postule pour chacun des 3 lots, mais ne pourra en remporter qu’un. En plus d’Hysacam d’autres entreprises sont sur la ligne de départ : les actuels adjudicataires, Tecmed et Pizzorno-Segedema, Sita, Averda, Ozone (déjà présent à Rabat depuis 2013), GMF (présent à Essaouira), Casa Technique, et le guinéen Guinea Limpia. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 9 Actualités Réchauffement de la planète : L’AFRIQUE CENTRALE AU COMBAT Le rendez-vous de l’Association Internationale des Maires Francophones à Douala a permis aux autorités municipales des villes de l’Afrique centrale de trouver les moyens de concilier les stratégies de réponse au changement climatique. Et les aspirations au développement urbain. Florine Nseumi Léa e ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, Jean Claude MBWENTCHOU, a présidé le lundi 23 juin 2014 à l’hôtel de ville deDouala, la cérémonie d’ouverture des travaux du séminaire sur l’implication des autorités locales dans la lutte contre la production des gaz à effet de serre, placé sous le thème «Villes d’Afrique centrale et changement climatique ». Organisé par la Communauté Urbaine de Douala et l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF), le séminaire qui s’est déroulé dans la capitale économique du Cameroun pendant trois jours s’est présenté comme une réunion préparatoire des villes d’Afrique Centrale à l’Assemblée Générale de l’AIMF prévue en novembre prochain, à Dakar au Sénégal, sur les changements climatiques. Ce séminaire de Douala s’inscrit dans la logique de l’objectif générale de la commission L 10 « villes et développement durable ». Le but est de faciliter la circulation de l’information et pérenniser les bonnes pratiques en matière de préservation de l’environnement. Constat La croissance des villes constitue un des faites majeurs de ce début du millénaire. Le mouvement prendra des allures déferlantes pour les pays relevant de l’aide au développement dont les villes devront accueillir environ deux milliards d’habitants à l’horizon 2025 d’après les projections de la Direction des Nations unies pour la population. Depuis le début des années 2000 et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de 50% de la population mondiale vit en ville. Ce phénomène est davantage une donnée fondamentale en Afrique où environ 413 millions d’Africains vivent aujourd’hui sur les territoires urbanisés ; et des estimations révè- lent que si rien n’est fait, d’ici à 2050, 70% d’entre eux habiteront dans les bidonvilles. Les zones bâties devraient se tripler si la tendance actuelle continue. Si l’on considère que la ville est un facteur de développement, social et culturel, il est par conséquent logique d’admettre que l’emploi en milieu urbain se caractérise par une productivité largement supérieure à celle des campagnes. En même temps, la ville produit des externalités négatives à la fois sur les plans de l’organisation physique, de l’équité sociale mais aussi des tensions environnementales notamment en terme de production des pollutions liquides et atmosphériques. En d’autres termes, les changements climatiques constitueraient une contrainte additionnelle dans un contexte d’insuffisance de ressources nationales ; de demande croissante en équipements et en services urbains de BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Actualités ‘‘ ... le ministre de l’Habitat et du Développement Urbain Jean Claude MBWENTCHOU a émis le vœu de construction d’une approche sous régionale appropriées pour des villes durables plus vertes pour mettre un terme à l’urbanisation non durable et œuvrer pour que les villes soient pour les habitants synonymes d’opportunités et d’espoir. ’’ base, d’un renforcement des vulnérabilités, de l’extension de la précarité, de la réduction du marché de l’emploi. Autant d’éléments qui provoquent la dégradation de la santé et de la qualité de vie des populations urbaines et mettent en même temps la vie des établissements humains en danger. Depuis les années 2000, les phénomènes météorologiques ont eu des effets notables dans les villes d’Afrique centrale. Ainsi des villes comme Bangui, Libreville Brazzaville, Kinshasa Douala, Yaoundé, N’Gaoundéré Garoua, Maroua, ont connu des pluies et des inondations inhabituelles. Les villes les plus exposées sont situées dans la partie nord de l’Afrique centrale, sur le littoral atlantique et dans les zones côtières de faible altitude comme Douala. En conclusion, les villes d’Afrique centrale sont confrontées à une menace extrêmement préoccupante ; impulsée par des forces puissantes apparues du fait de l’homme et déchainées au cours de l’ère industrielle sous l’effet du développement et l’exploitation de la nature. Ainsi, à l’entame des assises de Douala, le ministre de l’Habitat et du Développement Urbain Jean Claude MBWENTCHOU a émis le vœu de construction « d’une approche sous régionale appropriées pour des villes durables plus vertes pour mettre un terme à l’urbanisation non durable et œuvrer pour que les villes soient pour les habitants synonymes d’opportunités et d’espoir. En même temps plus intelligentes pour répondre à un objectif de sobriété dans l’utilisation des ressources : économies d’eau, d’électricité, consommation d’énergie maitrisée grâce aux dispositifs de mesure en temps réel, minimisation des pertes dues aux vieillissements des réseaux. Plus résilientes pour accroître la capacité d’absorption ou des crises même prévisibles » Philibert Malonga, Premier Secrétaire du Conseil départemental et municipal, représentant Hugues Ngouelondelé, député Maire de Brazzaville et Vice-Président de l’AIMF Afrique centrale, a quant à lui invité ses pairs à mettre en place « la démocratie participative » pour apporter une réponse idoine à ce défi qui se pose au développement durable. D’autant plus que ce séminaire avait pour objectif, dans la perspective de l’assemblée générale de l’AIMF de Dakar en nombre 2014, et de la conférence de Paris sur le climat en 2015, « d’amener les villes francophones à élaborer un plaidoyer argumenté à exposer et à défendre sur la scène internationale ». En définitive, les assises de Douala avaient pour but d’engager les villes d’Afrique centrale dans le débat relatif de la démarche à suivre pour élaborer des projets territoriaux innovants d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Parmi les villes d’Afrique Centrale ayant répondu à l’appel de Douala, l’on peut mentionner : Bangui, Brazzaville, Kinshasa, Ndjamena, Pointe-Noire, Bangangté, Dschang, Foumban, Yaoundé, Ebolowa, Limbé, Garoua, Edéa, Bertoua, N’gaoundéré et Kaolack (commune sénégalaise). La Ministre provinciale de la Communication, de l’Education, du Genre et de l’Environnement de Kinshasa en République Démocratique du Congo, Thérèse Olenga Kalouda a également pris activement part à cette réunion. En marge du séminaire des maires d'Afrique centrale, le ministre Jean Claude Mbwentchou a procédé au dévoilage des plaques d'adressage des rues de Douala. Les participants ont également effectué une descente à la décharge d’HYSACAM de Douala. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 11 Actualités DOUALA PREPARES TO FACE CLIMATE CHANGE Rising sea levels and temperatures, as well as flooding are effects the port city dwellers battle with daily. Christopher Jator nhabitants of the port city, Douala, have been told to keenly observe changes in their environment, take personal initiatives to preserve the environment, plant trees, especially mangrove, and seek help from environmental experts when constructing in order to avert global warming and preserve the environment. This information was disclosed during a debate conference organised by the French Institute in Cameroon situated in Akwa, Douala, June 2, 2014, with the collaboration of the Cameroon Radio Television (CRTV) and Bolloré Africa Logistics. The debate conference, panelled by Professor Samuel Anyonghe, Coordinator of Climate Change Laboratory in the University of Buea, Doctor Gordon Ajonina, Environmentalist and Coordinator of the Cameroon Wildlife Conservation Society, Professor Paul Tchawa, Geographer and Head of the Department of Geography at the University of Yaounde I, Jean Yango, Urbanist and Director of Studies for Investment Planning and Sustainable Development at the Douala City Council, Jacques Njike Kassala, Geophysician in Charge of Studies at the Technical Department of the Port Authority of Douala, and Gael Alory, Oceanographer at the Laboratory for Geophysical and Spatial Oceanographic Studies (LEGOS), was to prepare Cameroon for conference on climate in Paris, France, in 2015 during which Cameroon will negotiate an accord to limit temperature rise. Focus of the debate was on climate change and urban vulnerability specifi- I 12 cally rising sea level and urbanisation in Douala, climate change as drawback to development, actions to take in order to prevent its negative effects and how to adapt to future changes, as well as what can be done to remedy the situation. Most causes, according to the experts, are deforestation and the destruction of mangrove swarms in the Douala II municipal area of Bois des singes and others along the estuarine coast of Douala, infrastructure projects like disorderly construction of homes leaving no space for water that permeated the soil to evaporate, thus persistent flooding. The experts were unanimous that the effects of climate change is being felt in Douala, with rising sea levels noticeable as larger islands are losing much of their surface areas to rising sea levels, with registered consequences such as flooding and rising temperatures. Scientists said the registered sea level changes are over time and regardless of whether nearby land is rising or falling. The Littoral zone of Douala, characterised by lowlands, has a physiography allowing a large urban spatial growth. It is fed mainly by the River Wouri, with a maze of creeks and lagoons about 50km from the Atlantic Ocean, with its largest surface extent north of Bonaberi, to the north west of metropolitan Douala. The extremely faint slopes of the geomorphic features are easily inundated from sea incursions, which impact would be worsened by rising sea level. Douala is the most densely populated area of the entire Cameroon coastal zone. Infrastructure activities include scenarios of sea level rise and flooding and relative vulnerability of transportation system. Doctor Gordon Ajonina of the Cameroon Wildlife Conservation Society disclosed two evidences which prove the effects of global warming in Douala, in particular, and the Littoral in general. Firstly, satellite images show that the Atlantic Ocean was about 15 metres away from the Mirrador (200 metres tall) built in the colonial days in the heart of the mangrove forest in Manoka, Subdivisional capital of the island Douala VI. From 1975 to 2010 the sea level has risen and is now 6 metres behind the Mirrador, meaning that the structure is now standing in water. Secondly, just about 500 metres away from the Mirrador the island fishing camp of Kwelekwele, whose surface area used to be four hectares in 1975 has been covered by the sea until just 100 square metres surface area was left in 2010. “The destructive effects of this rising sea level can be seen from the rise in temperatures through environmentally harmful effects of human incursion like infrastructure and urbanisation,” Professor Paul Tchawa, Geographer and Head of the Department of Geography at the University of Yaounde I, corroborated. There are indications of increasing changes in sea level for the world’s oceans since 1880, based on a combination of long-term tide gauge measurements and recent satellite measurements in America. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Actualités RCA : QUAND LES MASSACRES MENACENT L’ÉCOLOGIE L’eau potable est devenue une denrée rare. Le déplacement des milliers de personnes occasionne la destruction des forêts et la pollution des eaux. Eric Vincent FOMO u 16 mai 2014, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) estimait le nombre de déplacés internes à travers la République centrafricaine à 560 050 personnes dont 135 050 à Bangui la capitale et 425 000 autres dans le reste du pays. D’autre part, le HCR estimait à 115 524 le nombre de Centrafricains ayant fui vers le Cameroun, le Tchad, la RDC et le Congo depuis décembre 2013 suite à une nouvelle intensification des combats dans la région du centre-nord. La plupart des déplacés sont des chrétiens, en majorité des femmes et des enfants. Selon le porte-parole du HCR, Adrian Edwards, les déplacés ont besoin d’urgence de protection phy- A sique, de vivres, d’articles non alimentaires, d’eau, d’installations d’assainissement et d’autres aides. Le porte-parole précise que beaucoup de centrafricains dorment en plein air, même si la saison des pluies est déjà arrivée. De même, bien que des agences partenaires du HCR fournissent des vivres, les déplacés épuisent peu à peu leurs réserves de nourriture et ils ne peuvent pas cultiver leurs champs car ils ont peur des attaques. Plusieurs vivent dans la brousse et ne peuvent pas facilement recevoir une aide. Un fort taux de diarrhée est aussi signalé parmi les enfants. Selon Etienne Nguegang, environnementaliste, ce déplacement des populations a une incidence forte sur l’écologie. « En période de guerre, les populations se retrouvent dans une situation où elles doivent quitter leurs domiciles pour aller vivre en forêt. Le séjour en forêt a toujours des conséquences néfastes. Pour dresser les tentes, les déplacés doivent couper le bois. Cela induit la destruction de la végétation. De même, la pollution s’installe. Les populations vivant dans un habitat précaire où il n’y a pas de toilettes, défèquent dans la nature et quand la pluie arrive, ces déchets ruissèlent dans les cours d’eau entraînant leur pollution. Une petite épidémie de diarrhée se déclenche automatiquement puisque les BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 13 Actualités mêmes populations boivent l’eau de ces cours d’eau. D’autre part, en temps de guerre, les armes circulent impunément. Il n’y a plus d’armes conventionnelles. Les populations font la chasse pour pouvoir s’alimenter en protéines, puisqu’il n’y a plus d’animaux domestiques qu’elles peuvent manger. On assiste donc à la chasse aux oiseaux et aux autres espèces animales qui auront un impact sérieux sur la faune sauvage », explique Etienne Nguegang. Son propos est d’autant plus intéressant dans la mesure où la République centrafricaine est partagée entre savanes et forêt équatoriale au sud et connaît pour l’essentiel un climat tropical. De plus, le pays a une superficie estimée à 623 000 km² environ pour une population estimée à 4,5 millions d’habitants. Il dis14 ‘‘ Les populations font la chasse pour pouvoir s’alimenter en protéines, puisqu’il n’y a plus d’animaux domestiques qu’elles peuvent manger. On assiste donc à la chasse aux oiseaux et aux autres espèces animales qui auront un impact sérieux sur la faune sauvage. ’’ pose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l’uranium, l’or et les diamants et souffre d’inondations en raison du manque d’entretien des fleuves et des débits impres- sionnants qu’engendre la saison des pluies en Afrique centrale. La déforestation est quant à elle constatée dans les zones de brousse où les paysans utilisent le bois pour leur nourriture et les constructions. La seule façon de remédier à la situation consiste à venir en aide à ces populations en leur fournissant une aide alimentaire composée de légumes, de poissons, de boîtes de sardine pour diminuer l’impact sur la nature. On doit aussi les aider en mettant en place un dispositif d’assainissement de leurs déchets qui peuvent servir à fabriquer du compost pour ceux qui sont biodégradables. C’est déjà ce que fait déjà le HCR, mais l’organisme éprouve beaucoup de difficultés pour atteindre tous ces déplacés dont certains se cachent dans la brousse. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Il a bien fallu interdire ces emballages plastiques communément utilisés sur les marchés et qui laissaient croire que sans ce sac plastique-là, point d'emballages. Mais la pratique est vieille de plusieurs siècles. Et le danger de sa pérennisation est énorme. Certains voient dans l’engouement des ministres de l’Environnement d’interdire l’utilisation des plastiques non biodégradables un simple calcul économique. Où de nouvelles multinationales de l’emballage vont dicter leur prix. Dans ce dossier votre trimestriel de l’environnement, Bosangi, qui fête son dixième anniversaire, fait le point. Dossier Emballages plastiques NAISSANCE, VIE ET AGONIE D’UN PRODUIT DANGEREUX Au commencement était l’emballage bio. Puis, progressivement, le « mauvais » plastique a fait son entrée au Cameroun. Comment, pourquoi et par qui ? Esquisse de réponse. Serge William FOTSO uoique de manière timide, la récente mesure gouvernementale interdisant l’utilisant des emballages plastiques non biodégradables au Cameroun commence à produire ses effets. Les consommateurs retournent petit à petit aux conditionnements plus propres pour la nature. Le 13 février 2013 en effet, un arrêté conjointement signé le 24 octobre 2012 par le ministre camerounais du Commerce et son homologue de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, stipulant : « Sont formellement interdits sur l’étendue du territoire national la fabrication, la détention, la commercialisation ou la distribution à titre gratuit des emballages plastiques non biodégradables à basse densité, ainsi que les granulés servant à leur fabrication ». Depuis fin avril 2014, date limite pour l’entrée en vigueur de l’arrêté, le constat est clair : pour ceux qui n’ont pas les moyens de commander une matière plastique biodégradable, les commerçants et autres usagers font de plus en plus recours à des emballages de substitution, ou plus précisément, retournent aux sources. Le recours aux emballages dits naturels (feuilles de bananier, corbeilles en raphia, paniers en bois tressé, carton, papier, etc.), utilisés auparavant, revient progressivement à la mode. Q 16 Il ne faut en effet pas perdre de vue qu’au commencement était l’emballage bio ! Il existe une multitude d'emballages alimentaires naturels autrefois utilisés par nos aïeuls. Obtenus à partir des matières premières locales, végétales pour la plupart (branches de palmier, de raphia, feuilles végétales, parties de fruits, etc.), ces emballages sont cultivés, récoltés ou cueillis dans la forêt et traités pour servir dans la conservation, le transport, la distribution et la promotion des produits de récolte ou des aliments en milieu rural. Le développement économique et ses conséquences ont entraîné leur transfert en milieu urbain. Puis, progressivement, pour des raisons aussi bien pratiques qu’économiques et de disponibilité, la matière plastique a pris le dessus, au point de devenir l’emballage le plus usité. Les multinationales ont inspiré des opérateurs économiques locaux qui ont pris le relais, selon les opérateurs économiques du secteur du plastique, regroupés au sein de l’Association camerounaise des professionnels de la plasturgie (AC2P). D’importantes pertes financières s’annoncent donc dans la filière des emballages en plastique au Cameroun. A titre d’exemple, Alice Maguedjio, la présidente du Syndicat des commerçants et détaillants du Wouri, relevait récemment que sur les 2000 commerçants que compte le marché de Mboppi à Douala, 30% ont pour unique activité l’importation et la commercialisation des emballages en plastiques non biodégradables. Idem pour le Trésor public qui, selon les chiffres révélés par le quotidien privé Le Jour, engrangeait chaque année environ 12 milliards de francs Cfa de recettes, au titre des impôts et taxes diverses payés par les opérateurs de la filière des emballages plastiques. La fin de la production, de l’importation et de la commercialisation de ces emballages devrait également, souligne la même source, mettre en péril quelque 10 000 emplois recensés dans cette filière. Dans les ménages, la mutation vers les emballages biodégradables a également eu quelques conséquences. La première étant une hausse des prix de certains produits sur le marché. Car, comme l’expliquaitil y a quelques semaines Hilaire Tsobgni, Directeur général de Mitchimie, une entreprise spécialisée dans la production d’emballages en plastique, la migration vers les emballages biodégradables a augmenté d’environ 30% les coûts de production. Les revendeurs les achètent donc plus cher et n’hésitent pas à répercuter cette augmentation sur le prix des produits à emballer. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Dossier Interdiction du pastique LE DANEMARK, PIONNIER Le Danemark fut le premier pays à soulever le problème. Le royaume a fait figure de pionnier en instaurant une taxe sur les déchets plastiques dès 1994. Jean-Célestin EDJANGUE ans la même lignée, en 2002, le Bangladesh a décrété une interdiction totale des sacs en plastique, soupçonnés d'avoir provoqué de graves inondations à Dacca en empêchant l'évacuation des eaux. La même année, l'Irlande a imposé une taxe de 15 centimes par sac de caisse qui en aurait fait chuter de 90 % la consommation. En octobre 2012, Haïti avait déjà instauré une interdiction des sacs en plastique et des emballages en polystyrène sur tout son territoire, afin, selon le premier ministre, Laurent Lamothe, de « protéger son littoral et ses mangroves, menacés d'asphyxie par les détritus ». Au Nord, la ville canadienne de Toronto comptait en faire autant, mais elle a fait marche arrière, fin novembre, par crainte de poursuites de la part de l'industrie du plastique et d'associations de commerçants. A Concord, dans le Massachusetts, c'est la vente de petites bouteilles d'eau en plastique qui est prohibée depuis le 1er janvier 2013. D Danger pour la faune, la flore, l’environnement La production de sacs en plastique dans le monde a atteint entre 500 et 1 000 milliards d'unités au début des années 2000. Leur légèreté explique qu'ils pèsent relativement peu dans la production mondiale de plastique mais aussi qu'ils s'échappent facilement des circuits de collecte des déchets. Dans la nature, ils peuvent mettre jusqu'à quatre siècles avant de commencer à se dégrader. Les océans en regorgent, jusque dans l'estomac des mammifères marins."Les sacs en plastique à usage unique doivent être interdits ou supprimés rapidement partout", affirmait, en 2009, Achim Steiner, le directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Les opposants aux mesures d'interdiction affirment que celles-ci ne répondent pas réellement à des considérations économiques ou environnementales. "L'interdiction des sacs est malheureusement devenue un symbole politique puissant", affirmait Todd Myers, directeur environnemental du think tank d'obédience libérale Washington Policy Center, en octobre, dans le Wall Street Journal. Mais, l’Europe ellemême ne parle pas toujours d’une seule voix dans cette affaire. Alors que l'Union européenne hésite encore à imposer une interdiction ou une taxation des sacs en plastique, l'Italie a pris une mesure d'interdiction en 2011. La France a décidé de taxer les sacs de caisse à usage unique non biodégradables depuis le 1er janvier 2014. La taxe est d'environ 6 centimes avec des effets inattendus. La consommation de sacs de caisse y a pourtant déjà été ramenée de 15 milliards d'unités en 2003 à environ 800 millions en 2010. La suppression de la gratuité des sacs par les grandes enseignes de distribution y est pour beaucoup. Les distributeurs ont bien compris leur intérêt : ils vendent désormais des sacs réutilisables. Et la disparition progressive du sac de caisse, souvent réutilisé par les particuliers pour jeter leurs ordures, a eu pour effet de faire augmenter les ventes de sacs-poubelle Le phénomène se propage comme une traînée de poudre, du nord au Sud de la planète. Les pays industrialisés et ceux les moins développés semblent s’être passés le mot. « L’Afrique, continent le plus répressif » En Afrique de l’ouest, si le Togo a interdit les sacs plastiques depuis le début de l’année 2011, la Mauritanie et le Mali l’ont eux aussi banni depuis le 1er janvier 2013 tout comme le Burkina Faso. Pour la Côte d’Ivoire, la mesure prise en BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 17 Dossier novembre de la même année par le Conseil des Ministres, est entrée en application en avril 2014. Il est évidemment un peu tôt pour savoir si ces mesures ont eu des répercussions sur la protection de l’environnement et l’embellissement des espaces de vie. Ce qui n’empêche pas la région des Grands Lacs et l’Afrique centrale de rentrer également dans les rangs des régions qui brandissent l’interdiction du sac plastique. Ainsi, La Tanzanie, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et le Kenya ont d’ores et déjà banni les sachets de petite taille. Plus radicaux, le Rwanda et la Somalie les ont, quant à eux, totalement interdits. La mesure d’interdiction prévoit des peines de prison ferme pouvant aller jusqu’à un an et des amendes atteignant un million d’ouguiyas (2 500 euros) pour les fabricants, importateurs et utilisateurs de sachets plastiques, a affirmé l’Agence mauritanienne d’information (AMI), citant le ministre mauritanien de l’Environnement. Quant au Cameroun, c’est le 24 avril 2014 que la mesure est effectivement entrée en application. Sans que l’on sache véritablement si elle apporte la réponse aux problèmes que posent les sacs en plastiques."Ces mesures d'interdiction ne sont souvent que de la poudre aux yeux, car elles ne sont jamais appliquées, estime Michel Loubry, représentant de Plastics Europe, le syndicat européen des producteurs de plastique. On ferait mieux de commencer par aider ces pays à se doter d'un système de collecte et de traitement des déchets.", ajoute-t-il. Dans cette optique, l'association française Gevalor explore une autre voie que l'interdiction, celle du recyclage : son projet de production semi industrielle de pavés fabriqués à base de sacs en plastique recyclés et de sable, à Madagascar, arrive au stade de la commercialisation. Au Kenya, le PNUE aide la ville de Nairobi à développer des infrastructures de collecte et de recyclage des sacs parallèlement à la mise en place d'une taxe. Mais les filières de recyclage des pays du Sud sont trop artisanales pour répondre au défi environnemental. Autant dire que même interdits, les sacs en plastiques risquent encore de faire parler d’eux pour bien longtemps. Toutes les sociétés organisées ou non ont connu différents modes de prélèvement touchant à leur vie civile ou re- 18 ligieuse . En Afrique comme partout ailleurs, cette histoire revêt un caractère particulièrement intéressant. Elle touche aux fondements des grandes civilisations et aux différents modes d’organisation des sociétés traditionnelles. L’émergence des grandes civilisations égyptienne et gréco-romaine par exemple, reste considérablement redevable au lourd tribut des populations assujetties . Le terme « fiscalité » tire son origine de « fiscus » qui vient du latin, qui signifie « panier » que les romains employaient pour recevoir de l'argent. C’est un terme générique regroupant l'impôt, son rôle, ses caractéristiques et ses principes. Qu’elle prenne la forme de taxes, de redevances ou de dispositifs de bonus/malus, la fiscalité permet d’assurer des recettes importantes à l’Etat, ce qui en fait un outil budgétaire non négligeable, particulièrement en temps de crise. Dans le contexte mondial de crise écologique (raréfaction des ressources naturelles, changement climatique, etc.), la fiscalité dite écologique (écofiscalité ou fiscalité verte) est conçue comme un outil clé permettant le remplacement des activités et combustibles fortement polluants et/ou non renouvelables au profit d’alternatives plus écologiquement acceptables, via une taxation. Son efficacité tient à ce qu’elle peut, en modifiant les prix relatifs, contribuer à changer les comportements des agents économiques. Elle est l’expression la plus aboutie du principe pollueur-payeur. Les déchets plastiques sont un problème mondial, mais avec une variabilité régionale. Il est très fréquents en Afrique d'avoir les égouts et les systèmes d'évacuation bouchés par des sacs qui causent des cas graves de paludisme en raison de l'augmentation de la population de moustiques qui vivent sur les égouts inondés. Le terme pollution blanche a été inventé pour décrire la locale et des effets de sacs en plastique jetés sur l'environnement. Face à l’exigence de la préservation du cadre de vie des populations, les gouvernements prennent deux mesures soit l’interdiction (production, importation, commercialisation et distribution des sachets ou emballages plastiques non biodégradables), soit la taxation. La fiscalité des déchets plastiques a pour objet de soumettre à taxation l’importation et la production des produits manufacturés utilisant le plastique comme moyen de conditionnement. Le principal objectif de la taxe sur les déchets plastiques est de rassembler un revenu supplémentaire pour les gouvernants et en même temps de réduire la demande de sacs en plastique sur le marché. Cela se fait en imposant une taxe pour chaque sac fabriqué à partir de matériaux non biodégradables qui sont introduits sur le marché. En d’autres termes, cette taxation vise à financer la collecte, le transport, le traitement et l’élimination des objets plastiques non biodégradables sur les territoires nationaux. Les produits généralement concernés sont les emballages plastiques de tout genre, biodégradables ou non, quel que soit le produit auquel ils servent de moyen de conditionnement. Aussi, l'initiative irlandaise fait-elle figure d'exemple en la matière. Une taxe sur les sacs plastiques a été introduite en 2002 en Irlande conduisant à une réduction de 90% de l’utilisation des sacs plastiques. La Plastic shopping bag levy, ou Plastax, de 15 centimes d'euro par sac, est ainsi acquittée par le consommateur irlandais lorsqu'il demande un sac plastique au commerçant pour ses achats. Ce dernier reverse trimestriellement les sommes collectées au Fonds pour l'Environnement créé à cet effet. Néanmoins, la fiscalité sur les déchets plastique pourrait avoir un effet néfaste sur l’environnement. Elle serait susceptible, selon Waste Resources Action Programme (WRAP), de signifier un interrupteur vers le papier qui utilise plus d’énergie dans la production et les rejets de méthane, un gaz à effet de serre, quand il se dégrade dans une décharge. Autre point de vue démontrant l’échec dans les pays ayant mis en œuvre des mécanismes fiscaux pour tenter de corriger cette évolution, est l’augmentation du « gisement » de déchets plastiques, ce qui montre que les modes d’élimination prédominants demeurent l’enfouissement et l’incinération. En somme, la fiscalité des déchets plastiques est un outil fondamental des politiques environnementales. Elle est particulièrement bien adaptée à la lutte contre la pollution qu’engendre ses déchets plastiques, à la condition de la manier sans se départir de ses bons principes d’usage, et sans oublier le pragmatisme nécessaire à son succès. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Dossier Fiscalité des déchets plastiques UNE TAXE POUR LA SURVIE DE LA PLANÈTE ? L’histoire de la fiscalité est une donnée permanente de la vie humaine. Janvier Ngwanza Owono outes les sociétés organisées ou non ont connu différents modes de prélèvement touchant à leur vie civile ou religieuse . En Afrique comme partout ailleurs, cette histoire revêt un caractère particulièrement intéressant. Elle touche aux fondements des grandes civilisations et aux différents modes d’organisation des sociétés traditionnelles. L’émergence des grandes civilisations égyptienne et gréco-romaine par exemple, reste considérablement redevable au lourd tribut des populations assujetties. Le terme « fiscalité » tire son origine de « fiscus » qui vient du latin, qui signifie « panier » que les romains employaient pour recevoir de l'argent. C’est un terme générique regroupant l'impôt, son rôle, ses caractéristiques et ses principes. Qu’elle prenne la forme de taxes, de redevances ou de dispositifs de bonus/malus, la fiscalité permet d’assurer des recettes importantes à l’Etat, ce qui en fait un outil budgétaire non négligeable, particulièrement en temps de crise. Dans le contexte mondial de crise écologique (raréfaction des ressources naturelles, changement climatique, etc.), la fiscalité dite écologique (éco-fiscalité ou fiscalité verte) est conçue comme un outil clé permettant le remplacement des activités et combustibles fortement polluants et/ou non renouvelables au profit d’alternatives plus écologiquement acceptables, via une taxation. Son efficacité tient à ce qu’elle peut, en modifiant les prix relatifs, contribuer à changer les comportements des agents économiques. Elle est T 1 l’expression la plus aboutie du principe pollueur-payeur. Les déchets plastiques sont un problème mondial, mais avec une variabilité régionale. Il est très fréquents en Afrique d'avoir les égouts et les systèmes d'évacuation bouchés par des sacs qui causent des cas graves de paludisme en raison de l'augmentation de la population de moustiques qui vivent sur les égouts inondés. Le terme pollution blanche a été inventé pour décrire la locale et des effets de sacs en plastique jetés sur l'environnement. Face à l’exigence de la préservation du cadre de vie des populations, les gouvernements prennent deux mesures soit l’interdiction (production, importation, commercialisation et distribution des sachets ou emballages plastiques non biodégradables), soit la taxation. La fiscalité des déchets plastiques a pour objet de soumettre à taxation l’importation et la production des produits manufacturés utilisant le plastique comme moyen de conditionnement. Le principal objectif de la taxe sur les déchets plastiques est de rassembler un revenu supplémentaire pour les gouvernants et en même temps de réduire la demande de sacs en plastique sur le marché. Cela se fait en imposant une taxe pour chaque sac fabriqué à partir de matériaux non biodégradables qui sont introduits sur le marché. En d’autres termes, cette taxation vise à financer la collecte, le transport, le traitement et l’élimination des objets plastiques non biodégradables sur les territoires nationaux. Les produits généralement concernés sont les emballages plastiques de tout genre, biodé- gradables ou non, quel que soit le produit auquel ils servent de moyen de conditionnement. Aussi, l'initiative irlandaise fait-elle figure d'exemple en la matière. Une taxe sur les sacs plastiques a été introduite en 2002 en Irlande conduisant à une réduction de 90% de l’utilisation des sacs plastiques. La Plastic shopping bag levy, ou Plastax, de 15 centimes d'euro par sac, est ainsi acquittée par le consommateur irlandais lorsqu'il demande un sac plastique au commerçant pour ses achats. Ce dernier reverse trimestriellement les sommes collectées au Fonds pour l'Environnement créé à cet effet. Néanmoins, la fiscalité sur les déchets plastique pourrait avoir un effet néfaste sur l’environnement. Elle serait susceptible, selon Waste Resources Action Programme (WRAP), de signifier un interrupteur vers le papier qui utilise plus d’énergie dans la production et les rejets de méthane, un gaz à effet de serre, quand il se dégrade dans une d é c h a r g e . Autre point de vue démontrant l’échec dans les pays ayant mis en œuvre des mécanismes fiscaux pour tenter de corriger cette évolution, est l’augmentation du « gisement » de déchets plastiques, ce qui montre que les modes d’élimination prédominants demeurent l’enfouissement et l’incinération. En somme, la fiscalité des déchets plastiques est un outil fondamental des politiques environnementales. Elle est particulièrement bien adaptée à la lutte contre la pollution qu’engendre ses déchets plastiques, à la condition de la manier sans se départir de ses bons principes d’usage, et sans oublier le pragmatisme nécessaire à son succès. J.B. Fotsing, Le pouvoir fiscal en Afrique essai sur la légitimité fiscale dans les Etats d’Afrique noire francophone, Paris, L.G.D.J., 1995, p.4. P.M. EssomoNgossia ‘‘Contribution à l’histoire des douanes au Cameroun français 1923-1955’’ mémoire de maîtrise en histoire, Université de Yaoundé I, 2006, p.1 2 BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 19 Dossier LES VÉGÉTAUX ET LE PAPIER COMME ALTERNATIVES Outre les emballages plastiques biodégradables, les populations peuvent aussi utiliser des sacs en papier, des feuilles naturelles… Eric Vincent FOMO « Formidable ! ». L’ex-gouverneur de la région de l’Ouest, Midjiyawa Bakari, n’a pu se retenir le mardi 03 juin dernier, au cours de la première journée de sa tournée socio-économique dans la région dont il avait encore la charge. Dans le département du Haut-Nkam, le chef de terre s’est exclamé à la vue d’une usine de transformation des feuilles de bananier en papier 100% biodégradable. Ici, on fabrique des sacs, des cartes d’invitation de luxe, des cartes de visite de haute qualité, bref, tout ce qui peut servir à emballer des objets dans une librairie ou une épicerie, à partir des feuilles de bananier, d’herbes naturelles et des arbres. Dans ce registre de feuilles naturelles, l’on peut aussi citer les feuilles de teck, qui peuvent servir à emballer la viande, les arachides ou le poisson. Les sacs traditionnels faits en raphia, en feuilles de palmier, de dattier, en tissus, les sacs en écorce de bananiers, les paniers en raphia ou en bambou de chine, les feuilles larges des plantes (jonc, bananier, macabo, etc.,) sont également d’autres alternatives aux emballages plastiques. Les emballages en papier sont également prisés dans le monde. Les sacs en matière papier peuvent servir à 20 transporter les produits et devenir aussi de jolis emballages cadeaux s’ils sont choisis avec attention. Quelques feuilles de papier de soie, un nœud en raphia et le tour est joué. A titre illustratif, le Parlement européen entend réduire de 50% d’ici 2017 et de 80% d’ici 2019 l’utilisation des sacs en plastique léger d’une épaisseur inférieure à 50 micromètres au profit des sacs en papier recyclés, biodégradables ou compostables certifiés afin de réduire les incidences des emballages et des déchets d’emballages sur l’environnement. Ces sacs pourraient ainsi être utilisés pour emballer les fruits, les légumes ou les confiseries. Cependant, l’alternative au plastique non biodégradable la plus connue est certainement l’emballage plastique biodégradable. Le gouvernement a en effet, interdit la fabrication et l’utilisation des emballages plastiques non biodégradables de moins de 60 microns. Autrement dit, les emballages plastiques de plus de 61 microns sont autorisés. De nombreux opérateurs s’y sont déjà lancés et on retrouve ces emballages dans des boulangeries, des pressings, des supermarchés et autres grandes surfaces. Selon Etienne Nguegang, environnementaliste, ces emballages plastiques de plus de 61 microns ont l’avantage qu’ils peuvent être réutilisés grâce à leur recyclage pour fabriquer d’autres emballages plastiques. Mais à long terme, notre interlocuteur redoute leur interdiction. Il explique que l’objectif du gouvernement était de mette en place un système qui permet qu’un citoyen utilise un emballage de plus de 61 micron, le remette ensuite au fabricant lorsqu’il est usé en ajoutant un peu d’argent pour recevoir un autre emballage. Ainsi, ledit plastique serait recyclé pour produire d’autres objets en plastique. « Mais lorsqu’on va se rendre compte que le mécanisme que le gouvernement demande de mettre en place n’est pas appliqué, ces emballages risquent d’être interdits », confie Etienne Nguegang. Pour certains spécialistes cependant, bien que les plastiques biodégradables soient des matériaux utiles et intéressants, ils ne doivent être utilisés que s’ils présentent un avantage concret pour un produit particulier. Le meilleur moyen de sauver la planète pour eux, reste l’économie d’énergie et l’amélioration des méthodes de recyclage et de récupération du plastique. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Dossier Emballages plastiques UNE AFFAIRE DE FEMMES ? Elles font face à un véritable problème d’emballage des produits aussi bien dans les marchés que dans les grandes surfaces. Ce qui laisse croire que l’interdiction des emballages plastiques est d’abord une question domestique, mieux encore une affaire de femmes. Florine Nseumi Léa priori, la chasse désormais ouverte aux emballages plastiques non biodégradables depuis le 1er avril 2014, parait beaucoup plus comme une décision punitive à l’endroit des femmes qu’une mesure visant à protéger l’environnement. Et à raison, puisqu’elles sont beaucoup plus concernées par les courses. Dès le lendemain de la décision prise par le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded), Pierre Hele, ce qui est désormais la guerre du plastique a commencé au marché central de Douala. Quelques hommes en tenue ont arraché des emballages plastiques aux « bayams salam » non sans brutaliser quelquesunes. Fatima, une jeune cadre dans une entreprise de la place, rendue au marché central aux heures de l’après-midi, s’est entendue répéter à plusieurs reprises que les emballages plastiques ont disparu. « La police est passée ici ce matin et a arraché les stocks d’emballages plastiques que nous avions », a expliqué une vendeuse. Ces derniers agissaient conformément aux opérations de saisies des emballages en plastique lancées sur le territoire camerounais, et la destruction des cargaisons au frais des contrevenants. Dès ce moment, le calvaire des femmes concernant les emballages a commencé. Quelques jours après, c’est dans les supermarchés qu’on a constaté le même scénario. A Bonapriso, au supermarché KADO, les femmes notamment sont aux abois, car la caissière propose des emballages qu’elle qualifie de biodégradable au prix oscillant entre 50 et 200 Fcfa. Refus catégorique de certaines femmes, les plus avisées sortent des emballages de leurs A sacs à main. « C’est ce qu’il faut fait», lance la caissière, cachant mal sa gêne par un sourire. A d’autres il est proposé des cartons. Une proposition qui n’arrange pas toujours les ménagères au regard du peu d’achats effectués. Quelques jours plus tard, ces emballages ont disparu et c’est à qui mieux mieux. Dans les poissonneries, les dés sont également jetés. A Congelcam Douala-bar par exemple, il n’y a pas l’ombre d’un plastique et les ménagères s’arrangent elles-mêmes à emballer la marchandise achetée. Chez leurs confrères de Ndokotti, les poissonniers sont plus compréhensifs et proposent des morceaux découpés des cartons vidés de leur contenu. Et vive la récup ! Les méthodes varient d’un marché à un autre. A Mahima, un autre supermarché de Douala, sis à Akwa, les marchandises sont emballées dans des plastiques biodégradables. Difficile ici de savoir si ces emballages sont au frais du consommateur, puisque l‘on paie le montant global ? Les boulangeries ne sont pas en reste. A Ndokotti, seuls les petits pains coûtant 50Fcfa et autres pâtisseries ont droit à l’emballage en plastique, les baguettes tout comme les pains complets ne se prennent pas en charge. Il faut débourser au moins 50Fcfa pour l’emballage biodégradable ou non. Les pharmacies sont l’exception qui confirme la règle, les produits pharmaceutiques ne souffrent pas de cette pénurie de plastiques et sont toujours emballés. Source de dépenses L’exigence des emballages biodégradables génère une autre source de dépenses qui, pour certains, parait minime mais représente néanmoins des dépenses en plus pour les ménages. Si à chaque fois qu’on se rend dans une grande surface pour des achats il faut sortir la modique somme de 50 Fcfa pour un emballage, le calcul fait au bout d’un an n’est pas négligeable. Non pas que les acheteurs et consommateurs sont ignorants des dangers liés à l’utilisation des emballages plastiques non biodégradables, mais ce sont les solutions alternatives qui manquent le plus. Si le gouvernement se félicite du fait que la conscience environnementale prend déjà corps avec l’utilisation des emballages en carton. Toutefois, ces emballages en carton qu’encourage le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable représentent ce que l’homme de la rue nomme « débrouillé n’est pas volé », d’autant plus qu’on attend toujours la sortie des usines camerounaises des emballages biodégradables. Surtout que le gouvernement affirme qu’ « Il ne suffit pas de dire que tel type d’emballage est biodégradable, il faut le montrer à travers ses éléments de fabrication parce qu’il y a ceux qui se dégradent après trois mois, d’autres après six, voire un an et plus. Puisque le texte interdit l’utilisation des sachets plastiques de moins de 60 microns, il faut désormais se rassurer sur le type d’emballages biodégradables à choisir pour assainir notre environnement ». Autant de problèmes qui font dire que le gouvernement a mis la charrue avant les bœufs. Au fil des ans, le Cameroun comme le Tchad sera débarrassé des emballages plastiques non biodégradables, mais il y aura un prix à payer qui partira des fabriques en passant par des marchés et autres grandes surfaces et au final chez les ménagères. Ne dit-on pas qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs ? BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 21 Dossier PLASTIC BAG HAZARDS Plastic bags harm people, by polluting the environment, and killing animals as well as aquatic life. Florine NSEUMI Léa avec Agences lastic bags are very popular with both retailers as well as consumers because they are cheap, strong, lightweight, functional, as well as a hygienic means of carrying food as well as other goods. Even though they are one of the modern conveniences that we seem to be unable to do without, they are responsible for causing pollution, killing wildlife, and using up the precious resources of the earth. Basically, plastic is a synthetic polymer that consists of many organic and inorganic compounds, and is mostly derived from petrochemicals like olefins. Plastic materials are mainly classified as thermoplastics (polystyrene and polyvinyl chloride) and thermosetting polymers (polyisoprene). Apart from these, they can also be classified as biodegradable, engineering, and elastomer plastics. Although they are extremely useful in many ways, and have been an important part of the global polymer industry, their production as well as disposal, pose a great threat to all the life forms on earth. P Pollution of landscape Once they are used, most plastic bags accumulate on land, or go into rubbish tips as well as in water bodies like rivers, oceans, canals, lakes, etc. Each year, more and more bags are ending up littering the environment. Once they become litter, plastic bags find their way into our waterways, parks, beaches, and streets. And, if they are burned, they infuse the air with toxic fumes. During the rainy season, the plastic rubbish that has fallen on the road gets washed away into the nearby water reservoirs, canals, and drains, leading to their choking up and overflowing. Blockage due to plastic accumulation may form shelters for the breeding of mosquitoes and other harmful vectors insects, which might cause numerous diseases in humans. Kill animals Countless numbers of animals, such as goats, sheep die after consuming plastics in which kitchen salt was tied. Other animals like dolphins, turtles whales, penguins are killed every year due to these bags. Many animals ingest plastic bags, mistaking them for food and therefore, die. And worse, the ingested plastic bag remains intact even after the death and decomposition of the animal. Thus, it lies around in the landscape where another victim may ingest it. Approximately 70000 tons of plastic are dumped in the oceans and seas globally. Discarded fishing nets and other synthetic material are eaten by terrestrial as well as 22 aquatic animals, by mistaking them for jellyfish or food, leading to the bio-accumulation of plastic inside their bodies. This can cause choking in them, ultimately leading to their death. Scores of fish and turtles die every year because of this. Bio-accumulation of plastic inside animals is one of the most recent effects of plastic pollution. Over many years, the accumulated plastic releases harmful chemicals, and also breaks down into small pieces, causing extreme discomfort to the animals. After their death, the body might decompose, but the plastic fragments may remain as a threat to other animals. Non-biodegradable One of the worst environmental effects is that they are non-biodegradable. The decomposition takes about 400 years. No one will live so long to witness decomposition of plastic! Thus, save the environment for the future generation of humans as well as animals. Burning plastic leads to contamination of the atmosphere, due to the release of poisonous chemicals, leading to air pollution. Recycling requires laborers, who are at the risk of developing skin and respiratory problems due to inhalation of toxic chemicals. Petroleum is required to produce plastic bags Petroleum products are diminishing and getting more expensive by the day, since we have used this non-renewable resource, increasingly. Petroleum is vital for our modern way of life. It is necessary for our energy requirements -- for our factories, transport, heating, lighting, and so on. Without viable alternative sources of energy yet on the horizon, if the supply of petroleum were to be turned off, it would lead to, practically the entire world grinding to a halt. And to make plastic, about 60 - 100 million barrels of oil are needed every year around the world. Surely, this precious resource should not be wasted on producing plastic bags. The way forward Single-use bags have become such a ubiquitous way of life that it seems as if we simply cannot do without them. However, if we have the will, we can start reducing their use in small ways. A tote bag can make a good substitute for holding the shopping. You can keep the bag with the cashier, and then put your purchases into it instead of the usual plastic bag. Recycling the bags you already have is another good idea. These can come into use for various purposes, like holding your garbage, instead of purchasing new ones. To bring a decline in its usage, start using paper or cloth bags for shopping and other purposes as much as possible, and avoid bringing plastic bags at home. Understand the severity of the problem of plastic pollution, and know the consequences of dumping plastic in water and on land. Ensure proper disposal of plastic. Plastic which is disposed off can be recycled and used in many different ways such as for tote bags, wallets, or pouches. While governments may be working out ways to lessen the impact of plastic bags on the environment, however, each of us should shoulder some of the responsibility for this problem, which ultimately harms us. For a clean and green environment, try to use alternatives to plastic whenever and wherever possible. Cut down on your use of plastic, and do your bit to save our planet. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Evènement Plastiques non biodégradables LES PRODUCTEURS DANS LA TOURMENTE Réunis au sein de l’association camerounaise des professionnels de la plasturgie, les opérateurs de la filière camerounaise des emballages en plastique sont dans la tourmente des emballages biodégradables. Florine NSEUMI Léa u lendemain de l'interdiction, de la production, de l'importation et de la commercialisation des emballages plastiques inférieurs ou égaux à 60 microns, les producteurs de la filière plastique ont rencontré le ministre de l'Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded) afin d’obtenir une dispense en faveur notamment des détenteurs de machines qui ne fabriquent que des emballages plastiques interdits, afin de préserver les emplois. A l’initiale, l’industrie du plastique au Cameroun était faite à base de polyéthylène et de polypropylène ; deux composantes non biodégradables. Pour rendre le produit utilisable sur le territoire camerounais conformément à la législation en vigueur, il fallait y ajouter des additifs qui rendent les emballages plastiques biodégradables. Certaines entreprises dites citoyennes ont commencé à produire les emballages appropriés après le 24 avril 2014, date de l’entrée en vigueur de la mesure d’interdiction des emballages plastiques. Toutefois, le nouvel emballage coûte plus cher aux producteurs qui estiment le coût de l’additif à environ 12 euros le kilogramme (environ 8000 FCFA). Une somme qu’il faut imputer sur le prix de revient et même sur le prix de vente de la mar- A 24 chandise. Outre cette valeur ajoutée de la marchandise, les opérateurs économiques de cette filière affrontent d’autres difficultés liées à la décision ministérielle. Selon les déclarations en ligne d’Emmanuel Wafo, président de l’association camerounaise des professionnels de la plasturgie, tous les acteurs de la filière ne sont pas encore armés : « Il y a d’autres points sur lesquels certaines entreprises ne sont pas prêtes, car cela demande encore beaucoup d’investissement. Quelques-unes ont déjà acquis les équipements qu’il faut, mais d’autres non. L’autre point est la problématique du permis environnemental, et notamment certains aspects tels que le plan de gestion des déchets externes, car il y a un problème de responsabilité morale des entreprises. Quand on demande aux producteurs d’avoir un retour de 80% de leurs déchets plastiques générés post-consommation, on se demande véritablement si elles pourraient atteindre ce chiffre. » Mesures d’accompagnement Pour satisfaire toutes les parties (gouvernement-producteurs-consommateurs), le gouvernement doit accompagner les opérateurs économiques non seulement par des textes mais aussi par des actes concrets. Il est évident que la pollution par les plastiques est un problème bien plus important en Afrique en général qu’en Europe, en raison de l’absence d’une gestion rationnelle et régulière des déchets. Au Cameroun, le passage des sacs plastiques aux sacs biodégradables et compostables est donc une nécessité absolue. Les mesures concrètes d’accompagnement pour les consommateurs et les opérateurs économiques n’étant pas prises par le gouvernement, le problème reste entier. Pour les fabricants, l’Etat devrait plutôt subventionner l’importation des granulés pour la fabrication au lieu d’en interdire. « Nous n’avons pas été consultés avant l’élaboration de cet arrêté. Mettre en application l’article 7 c’est nous demander de fermer boutique. Nous sommes prêts à fabriquer des sacs plastiques biodégradables. Que l’Etat accepte juste d’exonérer les taxes d’importation des granulés et des additifs de dégradation du plastique. Sinon, les emballages biodégradables coûteront 4 fois plus cher que ceux vendus actuellement. » se plaignent les producteurs. En leur renvoyant la balle le gouvernement par la voix de Pierre Hele souligne que « Le moment venu, les emballages plastiques seront remis aux détenteurs de permis environnementaux pour être recyclés ». Quant à la prorogation de la validité desdits permis, le ministre avait déclaré lors de la rencontre avec les professionnels de la plasturgie qu'il en tiendra compte au moment opportun. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Evènement Los Angeles plastic bag ban Large supermarkets can no longer supply disposable plastic bags. Shoppers will have to bring their own totes or pay a dime for paper. Christopher Jator or Los Angeles residents, the perfect holiday gift this year might have been a reusable grocery bag. Since January 1, 2014, large grocery stores have been prohibited by law from providing free plastic bags. Shoppers are required to bring their own bags when stocking up on food and goods, or pay 10 cents per paper bag provided by the grocery store. Smaller independent markets and liquor stores that sell groceries will become subject to the ban on July 1, 2014. A rack of cream-coloured canvas bags greeted shoppersJanuary 2, 2014, at the checkout line at North Hollywood's Fresh & Easy, a reminder of the city's new plastic bag ban. Shoppers could use their own bag, buy a canvas sack or plunk down 10 cents for each paper bag. "It was kind of a shock," said Romulo Pedroza, describing his reaction at the lack of plastic bags at the counter. Not wanting to pay for a disposable paper bag, the North Hollywood resident bought the $2.79 canvas bag. In backing the new law, Los Angeles City Council members cited concerns that the flimsy disposable bags often end up on city streets and eventually find their way to the ocean, where they threaten fish and wildlife. With the council's June 2013 vote, Los Angeles became the largest city in the nation to F ban plastic bags. Nearly 90 cities and counties in the state — including unincorporated Los Angeles County — have passed similar legislation. Attempts to pass a bag ban at the state level have failed after lobbying by bag manufacturers, who claim that the pollution impacts have been overblown and that jobs would be lost. In the months since the plastic bag legislation was approved, city officials have teamed with environmental and nonprofit groups in handing out hundreds of thousands of reusable grocery sacks for free. Many are made from recycled materials. Heal the Bay, a Santa Monica-based environmental group and ban supporter, acknowledged that some shoppers who reuse plastic bags to dispose of animal waste will miss them. On its website, the group suggests using old newspapers to scoop up dog waste during walks, or to reuse bread bags or produce bags, which will still be available. "You can also use the cereal bag from the cereal box,'' said Sarah Sikich, science and policy director for Heal the Bay, which has been pushing for a bag ban for seven years. "People get creative when they have to." Implementation of the law will take nearly 2 billion plastic carryout bags out of circulation just in Los Angeles, Sikich said. "This is huge step,'' she said. "It really sends a message to other places, both nationally and beyond. Now Chicago and New York are looking at similar policies for their communities." Council votes ban The Los Angeles City Council passed the ban in June, citing worries about the financial and environmental impacts of the bags. Supporters of the law say the bags litter streets and clog up storm drains in the city, and that the city spends millions cleaning up the pesky sacks. The move is therefore designed to reduce landfill waste and debris in local waterways. The council's decision kicked off a fourmonth environmental review, followed by what was expected to be routine passage of an ordinance enacting the ban. At that point, larger stores had six months to stop handing out plastic bags, and smaller markets 12 months. After that, retailers were required to charge 10 cents for each paper bag they provide customers. The Los Angeles City Council voted 13-to-1 to move forward with a controversial ban on single-use plastic grocery bags. The vote was greeted by supporters as a major step for the environment, while critics say it's an example of regulatory overreach that limits consumer choices and cost jobs. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 25 Portrait Me Affisiatou Bamane Lamine La révélation des FORCES NOUVELLES La ministre ivoirienne de la Communication qui a visité le Cameroun en avril dernier tient sa nomination au gouvernement grâce à son combat aux côtés des Forces Nouvelles. Florine NSEUMI Léa et Agences u plus fort de la crise politique qui secoue la Côte d’Ivoire en début d’années 2000, l’activisme de Me Affoussy Bamba ne laisse pas la classe politique ivoirienne indifférente. Pur produit des Forces Nouvelles de Guillaume Soro, Mme Bamba, est devenue une figure incontournable de la vie politique en terre ivoirienne. Juriste de formation, elle participe avec doigté en 2002 à la préparation des Accords de Linas Marcoussis, et par conséquent, porte haut les positions des Forces Nouvelles. A Pas étonnant que Guillaume Soro ait fait d’elle sa Conseillère Juridique au sein des départements ministériels dont il était le titulaire à l’époque, puis sa Conseillère spéciale lorsqu’il occupait les fonctions de Premier ministre de la Côte 26 d’Ivoire sous Laurent BGABO. Par ailleurs, elle a occupé diverses fonctions au sein de l’administration publique et de sa formation politique, les Forces Nouvelles de Côte d’Ivoire, où elle a été conseiller juridique, membre du Directoire Politique, Directrice de Cabinet du Secrétaire Général, puis porte-parole. Combattante infatigable, prompte à capitaliser toute situation politique qui se présente, Me Bamba est devenue une personnalité incontournable en Côte d’Ivoire avec l’accession au pouvoir du président Alassane Ouattara. En vue de mettre sa pleine disponibilité et son capital d’expérience au service de son pays, voire d’une Côte d’Ivoire véritablement prospère, Me Bamba s’est portée candidate aux élections législatives du 11 décembre 2011 dans la commune d’Abobo, sous les couleurs du Rassemblement des Républicains (RDR), parti au pouvoir en Côte d’Ivoire. Sa nomination comme ministre de la Communication et porte-parole adjointe du gouvernement ivoirien n’est qu’une suite logique et une récompense de son combat et son engagement politique. C’est d’ailleurs dans cette posture de Mincom qu’elle a été en visite de travail et d’amitié en terre camerounaise du 23 au 28 avril 2014. Il s’est agi pour cette femme aux idées novatrices de s’inspirer du modèle camerounais dans la perspective d’une réorganisation harmonieuse de la commu- BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Portrait nication sociale en Côte d’Ivoire. A juste titre, le ministre camerounais de la Communication Issa Tchiroma Bakary qui servait de guide l’a conduite dans quelques groupes et autres entreprises de presse ; presse libre et diversifiée. De même, la délégation ivoirienne qu’elle conduisait s’est entretenue avec les autorités camerounaises sur la stratégie de mise en œuvre de la communication gouvernementales, la migration de l’analogie vers le numérique et la possibilité de nouer des partenariats entre les médias camerounais et ivoiriens. Une synergie indispensable selon Mme Affoussiata Bamba Lamine, au regard de la position de leader qu’occupe le Cameroun dans la sous- région Afrique centrale. Une position qui présente aussi de nombreuses similitudes avec la Côte d’Ivoire, elle-même leader en Afrique de l’Ouest. En sa qua- ‘‘ Combattante infatigable hantée d’un opportunisme positif, prompte à capitaliser toute situation politique qui se présente, Me Bamba est devenue une personnalité incontournable en Côte d’Ivoire avec l’accession au pouvoir du président Alassane Ouattara. ’’ lité de porte-parole adjointe du gouvernement ivoirien, il était question notamment lors de cette visite de remettre au goût du jour les relations diplomatiques entre Yaoundé et Abidjan, qui avaient reçu un coup de froid pendant la crise ivoirienne. Qui est-elle ? Me Affoussy Bamba, de son nom à l’Etat Civil, BAMBA Affoussiata, est mariée et mère de deux enfants. Elle a suivi ses études dans sa ville natale, puis en France où elle a obtenu ses diplômes de droit à l’Université Robert Schumann de Strasbourg. Puis un DESS de Juriste International à l’Université René DESCARTES de PARIS V. En 1999, elle obtient un Doctorat en Droit Comparé, Droit International Privé à l’Université de NANCY II. Après avoir été juriste à la SAUR en France, société du Groupe BOUYGUES, depuis 2000, elle est titulaire du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat et depuis 2001, inscrite au Barreau de Paris en qualité d’Avocat. Femme sportive et endurante, elle est Chevalier de l’Ordre du mérite national ivoirien. La Communication qu’elle assure actuellement au sein du gouvernement de son pays ne lui apporte pas que des fleurs. Mais attire aussi des foudres. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 27 Regards Gaz à effet de serre QUELLE STRATÉGIE À PARIS POUR L’AFRIQUE ? Jugé continent le plus propre du point de vue des émissions/absorptions des gaz à effet de serre, l’Afrique tient à garder sa réputation. Ce qui passe par la définition de stratégies gagnantes. Serge William FOTSO in 2015, Paris accueillera une conférence des Nations unies pour parvenir à un nouveau traité mondial sur le changement climatique. Le président américain Barack Obama s’est récemment engagé à contraindre les centrales électriques des Etats-Unis à réduire de 30% les émissions de CO2 en 25 ans. Une première. La commissaire de l’Union européenne chargée de l’action pour le climat, Connie Hedegaard, a estimé que la proposition d’Obama était «la mesure la plus forte jamais adoptée par le gouvernement américain pour lutter contre le changement climatique», selon Rfi. Les priorités pour l'Afrique, en conformité avec la Convention des Nations Unies sur le changement climatique, sont notamment d'éviter la déforestation et d'élargir le couvert forestier.De même que l'agriculture doit jouer un rôle central pour réduire encore davantage les émissions de carbone de l'Afrique. En effet, bien que l’Afrique contribue de manière significative aux gaz à effet de serre (GES) émis à partir d’autres sources que les carburants fossiles, il semble qu’elle absorbe plus de carbone qu’elle n’en relâche dans l’atmosphère, selon CarboAfrica, un programme de recherche international auquel contribuent 15 institutions africaines et européennes ainsi que la FAO. L'étude par CarboAfrica des feux de F 28 forêt dans le parc Kruger (Afrique du Sud), des flux de dioxide de carbone dans les forêts humides du Ghana et des modèles climatiques au Soudan montre qu'en dépit de sa contribution mineure aux émissions de GES à partir des carburants fossiles - moins de 4% du total -, l'Afrique apporte une contribution majeure en ce qui concerne les émissions mondiales à partir de sources naturelles. En ce qui a trait à la déforestation et aux incendies, les émissions de l'Afrique représentent respectivement 17 % et 40 % du total, selon cette étude. En outre, l'Afrique influence fortement les variations atmosphériques de CO2 entre les saisons et d'année en année. A cet égard, la moitié des émissions peuvent être attribuées à l'Afrique. « Les premiers résultats montrent que l'Afrique joue un rôle clé dans le système du climat mondial », indiquait Riccardo Valentini de l'Université de la Tuscia et coordonnateur pour l'Italie du projet CarboAfrica. Mais, force est de reconnaître que ce qui compte le plus, c'est la différence entre le carbone capté par photosynthèse dans les vastes savanes et forêts de l'Afrique et le carbone relâché dans l'atmosphère et qui résulte de la déforestation, des feux et de la dégradation des forêts. Autrement dit, le cycle du carbone de l'Afrique. Les résultats concrets montrent jusqu'ici que l'Afrique est un réservoir de carbone, c'est-à-dire qu'elle capte plus de carbone de l'atmosphère qu'elle n'en émet. Cequi veut dire que l'Afrique contribue à la réduction de l'effet de serre, atténuant ainsi les conséquences du changement climatique. « L'agriculture doit jouer un rôle central pour réduire encore davantage les émissions de carbone de l'Afrique », déclarait notamment Maria Helena Semedo, Responsable du Bureau régional de la FAO pour l'Afrique. Pour elle, « Nous devons aller au-devant des agriculteurs, leur apprendre à utiliser leurs terres et leurs forêts de façon à ce que le cycle du carbone devienne notre allié dans le combat contre le changement climatique », d’autant plus que de tels efforts contribuent, dans le même temps, à renforcer la sécurité alimentaire. Selon Mme Semedo, une gestion appropriée des sols, notamment les pratiques de conservation, permettrait de réduire les émissions de GES de l'agriculture tout en améliorant la productivité et en protégeant l'agriculture des aléas du changement climatique. En Afrique, on est également convaincu d’une chose ; il faudra s’arrimer aux pays du Nord pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de sorte à les ramener à des proportions plus raisonnables. La conférence de Paris réussira-t-elle encourager toutes ces initiatives ? BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Réflexions COMMENT DEVIENT-ON ECOCITOYEN ? Le monde s’était réuni sans succès au Brésil pour le sommet Rio +20, en vue de trouver des accords internationaux pour sauver notre fragile planète et l’engager dans les voies d’une économie verte. Ibrahim El Ali L’enjeu de l’éducation à l’environnement Aujourd’hui toutes les caméras danseront la samba avec leurs objectifs en vue de la coupe du monde de football. Ce moment de fête sportif va certes emballer les cœurs Africains pour soutenir nos Lions Camerounais, Ivoiriens, Nigérians ou encore Ghanéens Algériens. Mais personne ne se souviendra qu’au moment où le Roi Pelé levait son troisième sacre en 1970, la forêt arrivait aux portes de nos capitales, l’air y était de qualité , nos mers étaient riches en ressources halieutiques et notre lac Tchad était florissant et prospère. Personne, sauf un journal : Bosangi, un trimestriel de la propreté et de la protection de l’environnement, fabriqué et publié au Cameroun. La dégradation de notre environnement et le réchauffement climatique sont maintenant des certitudes incontestables, il devient urgent de mobiliser les consciences de nos politiques publiques sur les actions à entreprendre autant dans l’invention d’une économie verte Africaine, que dans la sensibilisation pour créer une conscience citoyenne active et responsable. A l’exemple du Rwanda qui a réussi totalement sa politique zéro sac plastique, faisant même mieux que les nations occidentales. « Devoir de mémoire » Le développement durable est difficilement compréhensible dans l’esprit Africain, qui n’a pas encore connu le passage à l’ère industrielle. Si on regarde de près les bénéfices du saut technologique opéré dans la téléphonie, on peut comprendre aisément que seules l’innovation , la créativité pourront nous propulser dans l’Afrique de l’Emergence, en opérant des sauts dans le domaine de l’énergie , (au Mali existent déjà des cartes prépayées pour l’électricité ), dans le domaine de l’agriculture , de la valorisation de nos forêts et le savoir pharmacopée traditionnel et leur mise en brevet dans le marché international et d’une formation plus adaptée à nos réalités. Dans certains pays, les applications permettent à chaque paysan à travers son téléphone de suivre l’évolution des cours de ses produits et valoriser leur prix de revente puis d’effectuer des paiements à distance. Pouvez vous imaginez qu’au même moment, en Afrique de l’Ouest on puisse encore couper un arbre qui nous a stocké le carbone pendant cinquante ans, en faire deux à trois sacs de charbon de bois et les vendre au prix de 2000 CFA ? Alors que la communauté internationale a discuté de la mise en place du mécanisme REDD (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation forestière) lors de la conférence de Bali, Celui-ci est ensuite devenu REDD+ en 2009 à Copenhague afin d’y inclure l’augmentation des stocks de carbone forestier. L’Afrique doit impérativement protéger ses ressources environnementales. D’autant plus d’importance qu’elle dépend directement des ressources naturelles pour générer des revenus et maintenir les populations locales en situation de survie… Le développement économique en Afrique est soutenu essentiellement par les ressources que lui procure la terre. La pêche au Sénégal par exemple, occupe entre 15 et 20 % de la population active, contribuant uniquement de 2% du PIB, mais permet surtout d’assurer une autosuffisance alimentaire avec une contribution moyenne de près de 70% aux apports nutritionnels en protéines d’origine animale (FAO, 2007). Le Sénégal a condamné récemment deux bateaux russes à payer de lourdes amendes pour avoir pêché illégalement dans ses eaux , puis récemment, Arcelor Mittal a été condamné par la Cour arbitrale de Paris à payer 450 millions de Dollars pour la rupture d’un contrat de l’exploitation d’une mine de fer. Qu’en est il pour les pollutions dans le bassin du Niger des grandes compagnies pétrolières, qu’en est-il des bateaux toxiques qui viennent déverser leurs déchets empoissonnés dans nos côtes. ? Le principe du pollueur payeur est-il réellement appliqué ? Le réveil et l’Emergence de l’Afrique doit s’accompagner d’un arsenal juridique pour mettre en norme les codes environnemen- taux de nos pays et les faire appliquer. Comment cela se fait-il que les produits OGM soient interdits en Europe et se répandent à volonté dans nos agricultures du coton ? Voulons-nous demain que le ventre de nos enfants soient contrôlés par des multinationales des semences ? Notre continent a des richesses tant en terres agricoles en richesse de sa biodiversité en potentialité d’énergie solaire et hydrocarbures, en ressources minérales , nos états doivent impérativement sans handicaper la libre entreprise, trouver des ressources propres dans leur sein pour assurer la mise en place de l’économie verte et utiliser les leviers d’actions internationaux dans le marché carbone , pour valoriser notre patrimoine naturel. Toute la stratégie politique pour nos nations émergentes consiste à définir des programmes incorporant nos réalités environnementales, avec nos atouts richesse de la biodiversité etc.… et tenant compte de nos handicaps, rareté de l’eau, réchauffement climatique, réfugiés climatiques. Un milliard d’habitants avec une croissance démographique parmi les plus fortes au monde : impliquant une vague de migration urbaine et une profusion d’enfants des rues quittant leur village qui ne connaissent qu’une agriculture liée à l’hivernage. Alors que leurs terres pourraient produire toute l’année avec un forage, un puits et un système de goutte à goutte pour irriguer efficacement les cultures. Demain deux milliards entraineront forcément une plus grande demande de terres pour l’agriculture, ce qui contribuera à la déforestation, et à une migration de plus en plus préoccupante dans nos grandes villes. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 29 La parole à…. Thérèse Olenga « Nous voulons que l’Occident paye la facture» La ministre de l’Environnement de la République Démocratique du Congo a participé à la rencontre de L’AIMF tenue récemment à Douala. Elle s’est confiée à votre journal. Florine NSEUMI Léa Madame la ministre, pouvez-vous vous présenter à notre lectorat ? Je suis Thérèse Olenga, je viens de la République Démocratique du Congo. Je suis ministre provincial en charge de l’Education, de l’Environnement, de la communication et du genre ; et je suis porte-parole du gouvernement provincial. Vous avez plusieurs casquettes, mais nous allons nous intéresser uniquement à votre casquette de ministre provincial de l’Education de l’Environnement. A juste titre, vous venez de prendre part au séminaire del’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) dont le thème portait sur « Villes d’Afrique centrale et changement climatique ». Que vous a inspiré ce thème ? Aujourd’hui, on ne peut pas se permettre de ne pas penser aux changements climatiques parce que la survie de l’humanité en dépend. Seulement, au niveau de la gestion de nos villes et de nos communautés, nous n’avons pas assez d’informations sur les changements climatiques : quelles sont les causes et les conséquences et surtout qu’attend-t-on comme comportement des politiques de 30 la part des autorités locales. C’est d’ailleurs pour cela que nous félicitons l’Association internationale des maires francophones autant que la Communauté urbaine de Douala qui ont réfléchi ensemble afin que ce thème soit mis à l’ordre du jour de notre rencontre. Parlant de comportement justement, il y a belle lurette que votre capitale Kinshasa se nommait « Kin la belle » après on l’a surnommée « Kin la poubelle ». En tant que ministre de l’Environnement que faites vous pour redonner à cette ville ses lettres de noblesse en matière surtout d’hygiène et de salubrité ? Aujourd’hui on ne l’appelle plus « Kin la poubelle ». Avant c’était Kin la belle mais nous avons traversé une longue période sombre où la belle est devenue la poubelle. Elle est tout simplement merveilleuse et l’on devra trouver un autre qualificatif qui soit beaucoup plus explicite parce que Kinshasa a repris ses couleurs. Je pense que nous avons fait plus que par le passé. Kin s’est vêtue d’une robe nouvelle avec de belles infrastructures, des parcs de fleurs d’une propreté sans pareille grâce à une lutte acharnée contre les sachets dans la ville qui est en train de porter ses fruits. Des équipes de travailleurs s’évertuent chaque jour sur le terrain avec l’implantation des poubelles publiques. Je vous invite donc à venir visiter notre ville. Justement en, matière de ramassage d’ordures comment cela se passe-t-il ? Il y a une entreprise ou bien ce sont les différentes municipalités qui s en occupent ? Kinshasa c’est 9 965km2. C’est énorme. Il est vrai que 70% de cet espace n’est pas encore occupé. En somme ce n’est pas encore une zone résidentielle parce que nous avons un grand plateau qu’on appelle plateau des Bateke qui d’ailleurs est plus consacré l’agriculture. Alors en termes de ramassage nous avons voulu organiser les choses de manière sectorisée ; nous avons aujourd’hui recouru à des ONG qui sont des prestataires de service engagés par la ville, et qui évoluent sur les 24 communes que compte Kinshasa ; nous avons pris une phase pilote avec une commune et aujourd’hui nous avons plus e 5 communes. Je puis vous rassurer que celles-ci sont totalement maîtrisées et prises en charge. Bien entendu il y a encore un grand travail à abattre. Les ONG collectent par semaine. Les éboueurs avec de motoculteurs passent par quartier ou par maison pour récupérer les ordures qu’on transporte vers les décharges ou des sta- BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 La parole à…. tions de transit que nous avons implantées. A partir de ces stations de transit, les grands véhicules viennent récupérer les déchets pour les amener à notre centre d’enfouissement technique qui est situé en dehors du centre-ville. Il faut aussi noter que devant chaque rue, il y a des ONG qui balaient et désensablent et les chaussées sont bien propres. Le Congo votre pays comme la plupart des pays de l’Afrique centrale fait face à une exploitation forestière inquiétante qui présage le réchauffement climatique. Quelles sont les mesures draconiennes prises pour arrêter ce désastre ? C’est vrai nous vivons aussi ce drame. La coupe de bois continue de progresser. Malheureusement, nous avons des familles qui vivent de la coupe de bois pour le chauffage, pour en faire du charbon mais aussi pour en faire un produit commercial. Nous avons essayé de durcir en ce qui concerne la réglementation. Par exemple pour abattre un arbre actuellement au Congo, il faut avoir l’autorisation et avant de l’abattre, les services techniques s’assurent que vous êtes en mesure d’en replanter trois. Nous encourageons nos populations à replanter les arbres qui n’acidifient pas le sol. Aussi, nous privilégions les essences locales et nous préconisons des arbres à croissance rapide. Comme nous avons aussi des gros ouvrages, les chaussées sont larges parce que nous avons des voies de circulation à huit bandes (quatre de part et d’autre), et c’est pour cela que nous insistons sur des arbres à racines profondes parce qu’avec des racines pivotantes cela va conduire à la destruction des ouvrages notamment. En même temps, il y a un plan de reboisement dans les campagnes. Outre ces dispositions, des programmes verts sont enseignés dans des écoles, nous voulons aussi apprendre à l’homme à connaitre et apprécier les vertus d’un arbre : ce sont des plantes médicinales qui soignent ; c’est l’ombre qui vous protège du soleil ardent (vous savez que nous sommes sous l’Equateur) ; c’est un appui carbone ; c’est l’oxygénation… voila pourquoi nous encourageons la protection de l’arbre. Vous êtes à la fin des assises de Douala. Quelles sont les leçons apprises? Avez-vous acquis un plus à ce que vous faites à Kinshasa ? Nous avons énormément appris non seulement sur la ville de Douala, mais aussi les autres municipalités qui sont venues d’autres pays. Nous pensons premièrement, que nous devons avoir une information complète sur tout ce qui est relatif aux changements climatiques. Nous aurons appris que le pic de la température qui a été observé en 1990 était dû à l’activité de l’homme, notamment l’industrialisation. Ceci a occasionné ce réchauffement qui continue de progresser. On nous demande de réagir par rapport à la survie de l’humanité. Au niveau des communautés locales nous souhaitons, nous voulons, nous demandons, nous réclamons que nous soyons pleinement informés par rapport à ce qui se passe, par rapport aux négociations et nous pourrions éventuellement prendre conscience des conséquences et nous instruire quant aux questions d’adaptation ou d’atténuation de ces méfaits. Deuxièmement, parce que c’est nous qui vivons ces phénomènes, nous voulons être écoutés… Troisièmement être accompagnés en termes de transfert de technologies ; en termes de compétences ou de transfert de ressources de l’Occident, nous voulons que l’Occident paye la facture des conséquences de son action sur l’écologie qui est à l’origine de ce changement climatique. Il y a des fonds verts qui sont mobilisés. Nous voulons en savoir davantage : quelles sont les procédures ? Comment fonctionnent ces fonds ? Comment à qui sont-ils destinés ? Il faudrait par ailleurs que ces procédures soient allégées pour nous permettre d’accéder à ces fonds, d’initier des projets et que ces projets soient accompagnés. Aujourd’hui les ressources des municipalités sont assez réduites comparativement à nos besoins qui sont énormes. Et s’il y a une mobilisation de fonds qui est réalisée, il faut que cela profite à nous tous. BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 31 Note de lecture Déchets plastiques : UN LIVRE VERT POUR FAIRE LE POINT La Commission européenne vient de publier un livre vert sur une stratégie européenne en matière de déchets plastiques dans l'environnement. Ce Livre vert ouvre une période de consultation publique dont le but est d’évaluer l’opportunité d’une législation spécifique aux déchets plastiques. Jean-Célestin EDJANGUE « Du point de vue de l’efficacité des ressources, il est particulièrement important d'éviter la mise en décharge de déchets plastiques. Toute mise en décharge de matières plastiques est un gaspillage manifeste de ressources, qu'il importerait d'éviter au profit d'autres options préférables: le recyclage ou la valorisation énergétique. Toutefois, les taux de mise en décharge de matières plastiques demeurent élevés dans plusieurs États membres, du fait de l’absence de solutions de remplacement et d'une utilisation insuffisante des instruments économiques ayant démontré leur efficacité. La nécessité de préserver les ressources naturelles et d'améliorer l'utilisation efficace des ressources pourrait être un moteur pour rendre la production de matières plastiques plus durable. 32 Idéalement, tous les produits en matière plastique devraient être entièrement recyclables et d'un coût raisonnable. » Prévention des déchets, meilleur contrôle de la hiérarchie des modes de traitement des déchets, développement des actions volontaires, augmentation de la valeur des matières plastiques… le Livre vert démontre aussi la difficulté de passer une nouvelle étape pour le droit des déchets. Il comporte une analyse (courte) des limites de la législation européenne actuelle tant du point de vue de son contenu que de son application. Il comporte en outre une liste de 26 questions destinées à susciter des réactions au cours de la consultation publique ainsi ouverte. Intéressant, ce Livre vert n’en est pas moins un peu décevant. Une étude de droit comparée plus fouillée, des idées nouvelles notamment sur la fiscalité des déchets, des propositions pour dépasser les difficultés d’application de la directive de 2008, l'étude du déploiement du principe de la responsabilité élargie du producteur, la consommation de matière première secondaire (à définir) pour la production d’énergie (biomasse) : autant de sujets pour lesquels le Livre vert se limite – c’est l’exercice – à quelques questions sans proposer de réelle analyse de fond. Attendons donc le Livre blanc. L’enjeu environnemental Le Livre vert rappelle tout d’abord que la production de plastiques et, par voie de conséquence, de déchets plastiques est en augmentation : « Dans l’Union européenne (UE27), il est estimé qu'environ 25 Mt BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 Note de lecture de déchets plastiques ont été produits en 2008, dont 12,1 Mt (48,7 %) ont été mis en décharge, 12,8 Mt (51,3 %) ont été destinés à la valorisation, et seulement 5,3 Mt (21,3 %) ont été recyclés. Tandis que les prévisions pour 2015 annoncent une augmentation globale de 30 % du niveau de recyclage mécanique (de 5,3 Mt à 6,9 Mt), la mise en décharge et l'incinération avec valorisation énergétique devraient rester les principaux modes de gestion des déchets. » Outre une augmentation du « gisement » de déchets plastiques, force est de constater que les modes d’élimination prédominants demeurent l’enfouissement et l’incinération, ce qui démontre de ce point de vue l’échec des mécanismes fiscaux mis en place pour tenter de corriger cette évolution (TGAP en France). Les conséquences environnementales de cette augmentation des déchets plastiques sont importantes, notamment pour les océans : « les plaques de déchets qui flottent dans les océans Atlantique et Pacifique sont estimées à 100 Mt, dont environ 80 % de matières plastiques. » Le Livre vert, même court, prend soin de souligner que le recyclage des matières plastiques est créateur d’emplois, ce qui peut apparaître comme une évidence : « Le recyclage des matières plastiques possède, à lui seul, un potentiel de création de 162 018 emplois dans l’UE 27, si le taux de recyclage atteint 70 % d'ici à 2020 » « Les déchets plastiques ne sont pas spécifiquement couverts par la législation de l’UE, malgré leur incidence croissante sur l'environnement. Seule la directive 94/62/CE établit un objectif spécifique de recyclage pour les emballages plastiques. La directive-cadre relative aux déchets (2008/98/CE) fixe un objectif général de recyclage des déchets ménagers, qui couvre, entre autres, les déchets plastiques ». Cependant, il aurait été préférable de présenter les avantages et inconvénients d'une législation spécifique. La multiplication des règles particulières peut aussi être contraignante, notamment pour les acteurs économiques. Outre l’absence de législation spécifique, le Livre verte pointe également l’absence d’application du droit actuel : « Les dangers liés à la présence de déchets plastiques dans l’environnement seraient beaucoup plus faibles si la législation européenne en vigueur en matière de déchets était correctement mise en œuvre. La mise en décharge reste le principal mode d'élimination des déchets plastiques dans de nombreux États membres. En outre, le déversement illégal n'a pas été totalement éliminé et nombre de décharges sont illégales ou mal gérées. Le nombre de ménages non couverts par un système de collecte des déchets municipaux est un élément encore plus préoccupant; c'est une situation dans laquelle les déchets plastiques ne sont soumis à aucun contrôle, ce qui augmente la probabilité que des plastiques légers atteignent des masses d'eau puis la me r». Le Livre vert souligne les conséquences de l’absence de respect de la législation actuelle : « Le respect de la législation relative aux déchets peut contribuer significativement à favoriser la croissance économique et la création d'emplois. Selon une étude récente, la pleine mise en œuvre de la législation de l’UE relative aux déchets permettrait d’économiser 72 milliards EUR par an, d’augmenter de 42 milliards EUR le chiffre d’affaires annuel du secteur de la gestion et du recyclage des déchets de l’UE et de créer plus de 400 000 emplois d’ici à 2020. » Prévention des déchets Parmi les pistes de réflexion pour l’amélioration tant de la législation actuelle que de ses conditions d’application, le Livre vert met à son tour en évidence l'intérêt d'une meilleure prévention des déchets et de l'amélioration de l'éco conception des produits : « Les options stratégiques présentées ici suivent une approche fondée sur le cycle de vie, qui débute avec la conception des matières plastiques. Il est évident, en effet, que la conception des matières plastiques et des produits en matière plastique joue un rôle clé en termes de pérennité et détermine les étapes ultérieures du cycle de vie des matières plastiques. Par exemple, le recyclage des matières plastiques dépend dans une large mesure de la composition des matériaux plastiques et de la conception des produits en matière plastique. » Economie des ressources Le Livre vert esquisse l’idée de faire évoluer le droit actuel pour permettre d’améliorer l’économie des ressources, tant par la prévention que par « une meilleure gestion des déchets plastiques » « Des modèles plus durables de production de plastiques et une meilleure gestion des déchets plastiques, notamment des taux de recyclage plus élevés, offrent un potentiel considérable pour améliorer l'efficacité des ressources. Dans le même temps, ils devraient contribuer à réduire les importations de matières premières ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. Les économies de ressources peuvent être significatives. Les matières plastiques sont fabriquées presque exclusivement à partir de pétrole; à l'heure actuelle, leur production représente environ 8 % de la production mondiale de pétrole, dont 4 % comme matière première et 3 à 4 % comme produit énergétique destiné aux processus de fabrication » BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 33 Forum lecteurs Bosangi, un magazine entre l’information et la sensibilisation a sensibilisation environnementale au cœur du renouveau Africain et de l’adhésion populaire. Et votre Journal Bosangi depuis plus de 10 ans a donné l’exemple en étant précurseur dans ce domaine. L Au Sénégal dans une campagne de reboisement des mangroves, plus de 150 Millions de propagules ont été plantées avec une mobilisation citoyenne sans précédent plus de 100.000 volontaires et essentiellement des 34 femmes, sur environ 380 villages. Cet écosystème marin retrouvé a permis de limiter l’infiltration de la saliné dans les rizières de Casamance. Et chaque citoyen en tire les fruits dorénavant. L’action qui produira le changement a besoin de la participation de tous les acteurs et la presse reste un incontournable pour mettre en relief les projets participatifs reproductibles et qui ont l’approbation et l’engagement des populations locales. L’Afrique possède encore cette vitalité ci- toyenne, cette énergie eldorado de son réveil et il lui suffit juste d’un climat de paix et de sécurité, d’une gouvernance intègre intelligente et décentralisée, pour la mettre dans les rails d’un réel développement et dépasser ses objectifs du Millénaire (OMD) Notre organisation Blue Green part du constat que les initiatives environnementales dans les pays du Sud ont souvent pour cadre un programme de coopération et de suivisme avec les BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39 pays occidentaux. Il faut sortir de cette logique. Les pays du Sud doivent cesser d’être attentistes et de rester dans l’expectative de ce que leur proposent les institutions internationales ou les pays du Nord. Ils doivent s’impliquer davantage dans les projets, pour acquérir une autonomie et une certaine expertise sur les différents aspects du développement durable et réinventer un monde en harmonie avec son patrimoine universel. Ibrahim El Ali Président de Blue green