Magazine trimestrielle Bosangi 39

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Magazine trimestrielle Bosangi 39
Le Magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014
Numéro 39
Editorial
Anticipons !
Par Michel NGAPANOUN
ne rencontre des Maires et administrateurs des villes de l’Afrique Centrale élargie à d’autres villes de
l’Afrique subsaharienne, s’est tenue du 23
au 25 juin, à Douala. Son thème : « Les villes
d’Afrique et le changement climatique »,
pouvait paraître générique, voire même lointain. Mais au cours des travaux, les Magistrats municipaux venus de Kinshasa,
Ndjamena, Libreville, Pointe-Noire, Nantes,
Kaolack et d'autres villes du Cameroun, ont
rendu compte de leurs inquiétudes, des désastres liés au réchauffement de la planète
et de la difficulté à définir des mesures efficaces pour contenir l'évolution des températures en deçà de 2°C à l'horizon 2100.
Or, depuis le sommet de Copenhague en
décembre 2009, la position de l’Afrique reste
inchangée sur les principes mais piétine
parce qu’elle a du mal à s’appuyer sur la réalité de ses expériences et de présenter la
note effective des dépenses qu'elle a engrangées depuis la signature des accords de
Kyoto, la mise en place des MDP et la création du marché carbone.
En effet, en décembre 2009, le regretté
Meles Zenawi, alors premier ministre de
l’Ethiopie et négociateur en chef de l’Union
Africaine à Copenhague, disait : « Nous savons tous que l’Afrique n’a pratiquement pas
contribué au réchauffement planétaire,
mais elle est la première à en subir les
conséquences les plus lourdes. »
Ces mots pèsent de tout leur poids et ont un
U
sens inouï lorsqu’ on sait que des porteurs
de projets en Afrique, se sont engouffrés
dans les MDP. Ils y ont vu une nouvelle
forme de coopération pour le développement des énergies alternatives mais aussi
comme une manière dynamique de contribuer à la lutte contre le changement climatique. Des porteurs de projets privés venant
du continent, (comme le Cameroun) vont
donc s’engager dans le MDP, (mécanisme
pour le développement propre), avec l’assurance que les promesses tiendront bien le
langage des fleurs.
Car le mécanisme pour le développement
propre est fondé sur un schéma de solidarité clair : « Les pays industrialisés payent
pour des projets qui réduisent ou évitent des
émissions dans des nations moins riches et
sont récompensées de crédits pouvant être
utilisés pour atteindre leurs propres objectifs
‘‘
ce séminaire a été organisé par l’Association Internationale des Maires
francophones
avec la
Communauté Urbaine de
Douala, qui héberge sa
première centrale de captage et de production de
biogaz au Génie Militaire
(Douala) ainsi qu'un centre
de recyclage des Pet.
’’
d’émissions. Les pays receveurs bénéficient
gratuitement de technologies avancées qui
permettent à leurs usines ou leurs installations générant de l’électricité, d’opérer de
manière plus efficace. »
La problématique de l’échange solidaire a
été au cœur des discussions lors de ce séminaire qui a été organisé par l’Association
Internationale des Maires francophones
avec la Communauté Urbaine de Douala,
qui héberge sa première centrale de captage
et de production de biogaz au Génie Militaire
(Douala) ainsi qu'un centre de recyclage
des Pet.
Une collectivité qui se trouve donc à la
pointe des technologies de valorisation, de
recyclage et de traitement des déchets,
plaque tournante des solutions nouvelles
pour lutter contre le réchauffement de la planète et proposer de nouveaux modèles de
développement. Les discussions au cours
de la rencontre de Juin à Douala, ont mis
en exergue l’urgence de recenser les expériences africaines dans ce domaine, de rassembler les forces pour que l'Afrique parle
d'une seule voix, dans le sens de l'évaluation du Protocole de Kyoto, et du renforcement des mesures contraignantes pour une
lutte solidaire contre le réchauffement de la
planète.
En novembre 2015 se tiendra à Paris la Cop
21. Elle doit se préparer en Afrique dès maintenant car les enjeux sont de taille: la révision des Objectifs du millénaire pour le
développement (Omd) ; la fixation aux différents pays des Objectifs de développement
durable (Odd)
Il faut donc un accord suffisamment ambitieux, applicable à tous, doté d’une forme juridique contraignante pour permettre
d’atteindre l’objectif des deux degrés pour
sauver la planète. Cet accord doit mettre en
œuvre un changement de paradigme prenant en compte le défi climatique non pas
comme un « nécessaire partage du fardeau
des émissions, mais également comme une
opportunité de création d’emplois, de richesses, et d’invention de nouveaux modes
de production et de consommation ».
Or, au cours de leur descente sur les sites
des innovations technologiques que sont la
Centrale de captage et de traitement du biogaz et le Centre de tri à Douala, le 25 juin
2014, les édiles de l'Afrique subsaharienne,
ont pu se rendre compte que ces structures
sont créatrices de valeurs et d’emplois;
elles sont également pourvoyeuses d'outils
techniques pour lutter contre les émissions
de gaz à effet de serre . Ce sont également
de nouveaux modèles de croissance pour
l’Afrique. Le premier pas dans la préparation
de la Cop 21 prévue en Novembre 2015, est
cette rencontre. La seconde étape est Dakar
en septembre 2014. Pendant ce temps les
parlementaires se sont aussi réunis. En
d’autres termes, il faut des Synergies pour
combiner les initiatives et leur donner une
force de persuasion. C'est cela l’anticipation.
Bosangi
Une publication de Hysacam
B.P : 1420 Douala.
Tél. +237 33 37 44 14
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Tél. +237 22 22 13 79
Fax : +237 22 22 53 44
Directeur de publication
Michel NGAPANOUN
Rédacteur en chef
Garba AHMADOU
Secrétaire de rédaction
Innocent EBODE
Ont participé à ce numéro
Jean Célestin Edjangue, Florine
Nseumi Léa, Janvier Ngwanza
Owono, Serge Williams Fotso,
Eric Vincent Fomo, Innocent Ebodé
Direction artistique
Valentin OMBIBI
Event’Nsia
Tél :+237 99 90 15 68
[email protected]
Impression : Print Industry
Tél : +237 33 42 63 93
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
3
Bosangi
Sommaire - Juillet - Août - Septembre 2014
6-11
Actualités
6-7.
Continent africain, Quand les villes se mettent au vert
par Florine Nseumi Léa
8.
Déchets urbains, Réflexion sur l’avenir
par Janvier Ngwanza Owono
9.
Marrakech-Propreté, Le Marché que vise Hysacam
par Innocent Ebodé Source : La vie éco.
Couverture N° 39
10-22
Dossier
Il a bien fallu interdire ces emballages plastiques communément utilisés sur les
marchés et qui laissaient croire que sans ce sac plastique-là, point d'emballages.
Mais la pratique est vieille de plusieurs siècles. Et le danger de sa pérennisation
est énorme. Certains voient dans l’engouement des ministres de l’Environnement d’interdire l’utilisation des plastiques non biodégradables un simple calcul
économique. Où de nouvelles multinationales de l’emballage vont dicter leur
prix. Dans ce dossier votre trimestriel de l’environnement, Bosangi, qui fête son
dixième anniversaire, fait le point.
10-11. Réchauffement de la planète : L’Afrique centrale au combat
par Florine NSEUMI Léa
12.
Douala prepares to face climate change, by Christopher Jator
13-14. RCA : quand les massacres menacent l’écologie,
par Eric Vincent FOMO
16.
Emballages plastiques : naissance, vie et agonie d’un
produit dangereux par Serge William FOTSO
17-18. Interdiction du pastique, Le Danemark, pionnier
16
par Jean-Célestin EDJANGUE
19.
20.
Fiscalité des déchets plastiques Janvier Ngwanza Owono
Les végétaux et le papier comme alternatives ?
par Eric Vincent FOMO
21.
Emballages plastiques : une affaire de femmes?
par Janvier N. Owono
22.
4
Plastic bag hazards, par Léa avec Agences
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24-25
Evènement
24.
25.
Plastiques non biodégradables: les producteurs dans la
tourmente par Florine Nseumi Léa
Los Angeles plastic bag ban par Florine Nseumi Léa
24
26-27
Réunis au sein de l’association camerounaise
des professionnels de la plasturgie, les opérateurs de la filière camerounaise des emballages
en plastique sont dans la tourmente des emballages biodégradables.
Portrait
26-27. Me Affisiatou Bamane Lamine, La révélation des forces
nouvelles par Florine NSEUMI Léa et Agences
28
Regards
28.
Gaz à effet de serre, Quelle stratégie à Paris pour l’Afrique?
par Serge William FOTSO
29
Réflexions
33.
La propreté : un produit international,
mais comment l’exporter ? par Eric Vincent FOMO
30-31
La parole à….
30-31.La parole à… Thérèse Olenga
par Florine NSEUMI Léa
30
32-33
Thérèse Olenga
Ministre de l’Environnement de la République
Démocratique du Congo
« Nous voulons que l’Occident
paye la facture»
Note de lecture
32-33.Déchets plastiques : un livre vert pour faire le point
par Jean-Célestin EDJANGUE
34
Forum lecteurs
34.
Bosangi, un magasine entre l’information et la
sensibilisation par Ibrahim El Ali Président de Blue green
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5
Actualités
Continent africain
QUAND LES VILLES SE METTENT AU VERT
La Journée mondiale de l'environnement de 2014 a été célébrée le 5 juin sous le thème :
« Elevez votre voix, pas le niveau de la mer. » En rapport avec les changements climatiques et ses corollaires, votre journal a porté un regard sur les pays qui adoptent un comportement éco-responsable.
Florine NSEUMI Léa
a Journée mondiale de l'environnement (JME) est le principal moyen
par lequel les Nations unies encouragent une prise de conscience et une
action d’envergure mondiale pour l'environnement. Au fil des ans, elle s’est développée pour devenir une plateforme
globale pour une sensibilisation publique
largement célébrée dans plus de 100
pays. Elle représente également la journée du peuple pour une action positive
sur l'environnement et transforme les actions individuelles en une puissance collective qui génère un impact positif
exponentiel sur la planète.
L
C’est le cas de certaines villes africaines
citées en exemple dans le continent pour
leur attitude éco-responsable. Celles-ci
affichent des indices et des plans de développement où le vocable "durable"
revêt toute une importance. Ces villes s
s'efforcent de rendre la vie plus verte
pour leurs citoyens. Dans ce cadre, la
création d'un plan d'action contre le réchauffement climatique classe ces dernières parmi les villes les plus "vertes"
6
au monde et fait de l'écologie un véritable objectif. Une étude de l’« African
green city index » (indice des villes vertes
africaines) sur le continent noir porte sur
huit critères : l’énergie et le CO2, l’utilisation des terres, les transports, les déchets, l’eau, les sanitaires, la qualité de
l’air et la gouvernance environnementale.
Selon cet indice des villes vertes africaines, dévoilé à Durban le 2 décembre
2012, les villes d’Afrique du Nord et
d’Afrique du Sud sont les plus écologiques du continent. Selon les conclusions de l’« African green city index »
(indice des villes vertes africaines),
certaines villes sont «au-dessus de la
moyenne ». C’est le cas d’Accra, Le
Cap, Casablanca, Durban, Johannesburg, Tunis.
« Dans la moyenne », l’on retrouve
Addis-Abeba, Alexandrie, Le Caire,
Lagos, Pretoria.
« En dessous de la moyenne » : Luanda,
Nairobi. « Très en dessous de la
moyenne » sont citées Dar es Salaam,
Maputo. Mais cet indice ne recense aucune ville d’Afrique subsaharienne francophone. D’après les auteurs, Abidjan
aurait pu figurer parmi les villes sélectionnées conformément aux deux premiers
critères, elle a été écartée du fait de la
crise politique.
Bonnes pratiques écologiques
L’empreinte écologique du Cap vient des
efforts impressionnants que cette ville a
accomplis en vue de réduire son empreinte carbone. La capitale législative
de l’Afrique du Sud, qui possède les
meilleurs politiques de l’Index en matière
d’énergies propres, a commencé très tôt.
En 2003, elle a en effet été la première
ville d’Afrique à rédiger une Politique environnementale pan-métropolitaine qui a
défini une stratégie complète visant à
améliorer divers domaines comme la
gestion des déchets, les espaces verts
ou encore les énergies. En2006, elle a
adopté une Stratégie en matière de
changement climatique (mise à jour en
2010) qui inclut plus de 100 projets disséminés dans toute la ville et fixe des objectifs renouvelables.
Les efforts de la ville ont commencé 2012
par les économies d’énergie : réduire sa
consommation d’électricité de 10 %.Elle
a lancé une campagne de promotion des
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Actualités
économies d’électricité à l’attention des
particuliers, elle a mis sur pied un Forum
de l’efficacité énergétique destiné aux entreprises et a procédé à une considérable modernisation de ses feux de
signalisation et de ses propres bâtiments.
Le Cap a également pris des engagements en faveur des énergies renouvelables, qui devront représenter 10 % de
son approvisionnement d’ici 2020. Chez
les particuliers, elle a lancé un programme visant à installer 300 000
chauffe-eaux solaires au cours des quatre années à venir. La ville a également
construit à Darling le premier parc éolien
du pays, qui a commencé à alimenter le
réseau national en énergie verte en 2008
et sera prochainement nettement moins
unique : le gouvernement provincial du
Cap-Occidental (dont Le Cap est la capitale) étudie actuellement les candidatures liées à la construction de 40 parcs
éoliens supplémentaires.
A Accra le gouvernement national du
Ghana, qui supervise la politique environnementale de l’ensemble du pays,
demeure attaché à l’hydro-électrique
comme principale source d’énergie renouvelable. Cependant, la Volta River
Authority (l’entreprise publique de production d’énergie au Ghana), a également lancé un projet visant à construire
des centrales solaires dans trois régions
du nord du pays et un parc éolien côtier
et ainsi à générer 100 mégawatts
d’énergie solaire et éolienne.
Au Nigéria, bien que les efforts de
Lagos n’en soient encore qu’à un stade
précoce, les dirigeants de la ville de
Lagos cherchent à tirer partie des systèmes d’échange de droits d’émission
de carbone tels que le mécanisme de
développement propre prévu par le protocole de Kyoto, en vertu duquel les
pays développés peuvent investir dans
les pays en développement en échange
de crédits d’émission.
Dans ce cadre, l’Agence de protection de
l’environnement de l’État de Lagos a créé
le ‘Carbon Credit Centre’, chargé de
gérer les consultations, les transactions,
les demandes et les échanges de droits
d’émission de carbone ainsi que de promouvoir les accords favorisant les énergies propres.
En ce qui concerne l’utilisation des
terres, le plan directeur de la ville d’Addis-Abeba prévoit la reforestation des
montagnes environnantes, la récupération des parcs municipaux existants et
la création de nouveaux. Le plus important des nouveaux espaces verts un
parc piéton linéaire qui sinue sur
quelque 5 km dans le centre-ville.
La ville marocaine de Casablanca a ces
deux dernières années, vu ses dirigeants
lancer dans la région métropolitaine des
projets pilotes visant à tester la viabilité
de « l’agriculture urbaine », qui intègre
les espaces verts aux centres urbains et
fournit une nouvelle source de nourriture
à la ville. Le projet a bénéficié du soutien
financier du ministère allemand de l’éducation et de la recherche.
En matière de transport, l’Egypte a Investi des milliards dans le réseau de
transports publics du Caire. Le Caire est
la seule ville africaine se situant au-dessus de la moyenne des 15 villes de l’Index des villes vertes en Afrique pour la
longueur et la sophistication relative de
son réseau de métro. Le métro est au milieu d’une extension (d’un coût de 3,7 milliards de dollars US) qui aura ajouté deux
lignes est-ouest supplémentaires aux
deux lignes existantes, qui traversent la
ville selon un axe plus ou moins nordsud. La capacité du réseau de métro est
passée de 2,5 millions de passagers par
jour à 4,5 millions. Les bus seront également améliorés. Enfin, le programme de
réduction des émissions de carbone par
recyclage et mise à la casse des véhicules vise à pousser près de 50
000chauffeurs de taxi possédant un véhicule de plus de 20 ans à le remplacer
par un modèle neuf. Pour l’instant, ce
programme est un véritable succès : 20
000 véhicules ont été remplacés rien
qu’en 2009. Il s’agit également du premier programme de transport au monde
à être enregistré dans le mécanisme de
développement propre de la Conventioncadre des Nations.
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Actualités
Déchets urbains
RÉFLEXION SUR L’AVENIR
Un colloque international sur
les déchets urbains s’est
tenu à Yaoundé du 27 au 28
mai à l’Ecole des Travaux Publics à Yaoundé. Les travaux
portaient sous le thème :
« Place et rôle des acteurs
du recyclage artisanal des
déchets dans la mise en
place d’une économie sociale verte en Afrique subsaharienne. »
Janvier Ngwanza Owono
« Les déchets constituent désormais une mine d’or » (affirmation du
Ministre de l’Habitat et du Développement
Urbain, Jean-Claude Mbwentchou). Des
babouches et sacs tissés à l’aide des films
(sachets) plastiques, des pots de fleurs fabriqués grâce aux pneus usés et récupérés des véhicules ou encore des marmites
issues de la fonte des déchets de ferraille.
Ce sont-là quelques exemples des produits de la récupération artisanale qui démontrent l’ingéniosité des artisans qui
créent des objets de valeur à partir de rien,
contribuant ainsi à la préservation du patrimoine culturel et environnemental. Un processus qui permet aux artisans recycleurs
de débarrasser nos villes de leurs multiples ordures. Pour donner de l’allure à nos
villes, C‘est dans cette logique que s’est
tenu, sous l’initiative du projet Innovative
Service in Difficult Environnement for Recycler Artisan (ISDERA), un colloque international du 27 au 28 mai 201 à Yaoundé
sur le thème : « Place et rôle des acteurs
du recyclage artisanal des déchets dans
la mise en place d’une économie sociale
verte en Afrique subsaharienne. »
Le colloque a mobilisé près de deux cents
invités parmi lesquels des élus locaux du
Cameroun et du Burkina Faso, des représentants de l’Union européenne, des universitaires, des enseignants, de nombreux
étudiants
et
des
artisans.
Au cours de la cérémonie d’ouverture qui
a connu la participation de plusieurs membres du gouvernement camerounais, le représentant du Délégué du gouvernement
8
auprès de la communauté urbaine de
Yaoundé, Jean Ngougo s’est réjoui d’accueillir cet évènement dont l’opportunité
n’est plus à démontrer. « Yaoundé est
une ville cosmopolite qui accueille des
populations qui migrent. Parmi celles-ci,
figurent les artisans recycleurs qui occupent une place de choix dans notre économie», a-t-il déclaré. Aussi, il pense que
le colloque va apporter aux décideurs de
nouvelles données qui faciliteront l’élaboration de nouvelles politiques dans le domaine du recyclage des déchets et de
l’encadrement des artisans recycleurs
dans le but de donner un nouveau visage
à nos villes.
A sa suite, le ministre des Travaux Publics, Patrice Amba Salla, a précisé que
ce type de rencontre doit aider les Africains à « traduire dans les faits les
connaissances acquises à l’école, au
risque de les répéter comme des perroquets ». Prenant la parole pour le lancement solennel du colloque, le ministre
camerounais de l’Habitat et du Développement Urbain, Jean Claude Mbwentchou, a relevé que le thème à l’ordre du
jour est « évocateur et doit constituer le
point de départ d’une dynamique, longue
et fructueuse de coopération entre les
collectivités territoriales décentralisées,
les institutions de recherche et gouvernementales, les artisans recycleurs et les
partenaires au développement, pour un
développement harmonieux de nos cités
». Ceci nécessite à son avis, « un effort
exceptionnel de dépassement dans la ré-
flexion ». Le but d’une telle rencontre
étant, précise-t-il, « d’offrir une meilleure
visibilité à l’activité du recyclage artisanal,
avec l’implication des élus locaux et des
acteurs étatiques au plus haut niveau ».
En terme de résultats, le ministre JeanClaude Mbwentchou, pense que la rencontre devrait favoriser : la promotion
d’une nouvelle profession, celle d’ « Artisan recycleur » ; une visibilité plus accentuée des acteurs du secteur de la
récupération artisanale des déchets ; une
reconnaissance sociale pour ces acteurs
de la salubrité urbaine ; la régression de
la pauvreté et la pérennisation de nos valeurs ancestrales et un accompagnement
des pouvoirs publics dans la matérialisation des micro-projets de développement
de l’activité de récupération artisanale des
déchets. En effet, cette rencontre avait
pour ambition d’offrir une meilleure visibilité à l’activité du recyclage artisanal avec
l’implication des élus locaux et des acteurs
étatiques au plus haut niveau parce que,
grâce au projet IISDERA, « les déchets
constituent désormais une mine d’or ».
Ces ordures leur permettent de s’approprier les différentes expériences entre les
villes suscitées parce que présentant des
similarités en matière de récupération artisanale des déchets urbains et leur savoirfaire. Et l’atelier au cours du colloque, qui
avait pour thème « l’économie sociale et
solidaire des déchets en Afrique : le cas du
recyclage artisanal des déchets au Cameroun et Burkina Faso », a permis aux participants d’analyser les atouts des déchets.
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Actualités
Marrakech-Propreté
LE MARCHÉ QUE VISE Hysacam
Plusieurs entreprises, dont Hysacam, ont répondu à l’appel d’offre lancé par cette ville
marocaine pour la collecte des déchets ménagers. En attendant la sélection des prochains opérateurs qui prendront en charge les 870 tonnes de déchets que produit quotidiennement la ville, il est utile de présenter les besoins de la ville en matière de
propreté.
Innocent Ebodé
Source : La vie éco.
arrakech recherche les
prochains prestataires
de services de propreté,
incluant la collecte et l’acheminement des déchets ménagers et
assimilés et le nettoiement des
voiries. Les actuels adjudicataires sont Tecmed et PizzornoSegedema.
Leur
contrat
couraient en principe jusqu’au 15
mars, mais il a fait l’objet d’un
avenant qui le prolonge d’environ
six mois.
Le nouveau cahier des charges,
laisse libre cours à la réflexion
des entreprises pour les moyens
à mettre en place ; la seule obligation concerne les résultats et le
respect de la fréquence de 7j/7
aussi bien pour la collecte que
pour le balayage.
M
Le découpage de la commune a
également été revu. Au lieu des 2
lots actuels, on en aura 3 répartis
comme suit : le lot 1, dont le budget est estimé à environ de 4 244
400 000 (quatre milliards deux
cent quarante quatre millions quatre cent mille) de FCFA, couvre
l’arrondissement Ménara ; le lot 2
d’un montant estimé à 3 772 800
000 (trois milliards set cent
soixante-douze millions huit cent
mille) FCFA, comprend les arrondissements Médina et Sidi Youssef Ben Ali, et le lot qui s’élève à 3
3 065 400 000 (trois milliards
soixante-cinq quatre cent mille)
FCFA, couvre quant à lui les arrondissements Guéliz et Nakhil.
Au total donc, la Commune urbaine de Marrakech déboursera
quelque 11 082 600 000 (onze
milliards quatre-vingt-deux millions six cent mille) FCFA par an
pour la gestion de ses déchets
ménagers. Le marché couvre
une population estimée en 2014
à 1 million d’habitants pour une
production journalière de déchets
évaluée à 870 tonnes. Chaque
entreprise postule pour chacun
des 3 lots, mais ne pourra en
remporter qu’un.
En plus d’Hysacam d’autres entreprises sont sur la ligne de départ : les actuels adjudicataires,
Tecmed et Pizzorno-Segedema, Sita, Averda, Ozone
(déjà présent à Rabat depuis
2013), GMF (présent à Essaouira), Casa Technique, et le
guinéen Guinea Limpia.
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Actualités
Réchauffement de la planète :
L’AFRIQUE CENTRALE AU COMBAT
Le rendez-vous de l’Association Internationale des
Maires Francophones à
Douala a permis aux autorités municipales des villes
de l’Afrique centrale de
trouver les moyens de
concilier les stratégies de
réponse au changement climatique. Et les aspirations
au développement urbain.
Florine Nseumi Léa
e ministre de l’Habitat et du
Développement Urbain, Jean
Claude MBWENTCHOU, a
présidé le lundi 23 juin 2014 à l’hôtel de ville deDouala, la cérémonie
d’ouverture des travaux du séminaire sur l’implication des autorités
locales dans la lutte contre la production des gaz à effet de serre,
placé sous le thème «Villes
d’Afrique centrale et changement
climatique ». Organisé par la Communauté Urbaine de Douala et l’Association Internationale des Maires
Francophones (AIMF), le séminaire
qui s’est déroulé dans la capitale
économique du Cameroun pendant trois jours s’est présenté
comme une réunion préparatoire
des villes d’Afrique Centrale à l’Assemblée Générale de l’AIMF prévue en novembre prochain, à
Dakar au Sénégal, sur les changements climatiques. Ce séminaire de
Douala s’inscrit dans la logique de
l’objectif générale de la commission
L
10
« villes et développement durable
». Le but est de faciliter la circulation de l’information et pérenniser
les bonnes pratiques en matière de
préservation de l’environnement.
Constat
La croissance des villes constitue
un des faites majeurs de ce début
du millénaire. Le mouvement prendra des allures déferlantes pour les
pays relevant de l’aide au développement dont les villes devront accueillir environ deux milliards
d’habitants à l’horizon 2025 d’après
les projections de la Direction des
Nations unies pour la population.
Depuis le début des années 2000
et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de 50% de
la population mondiale vit en ville.
Ce phénomène est davantage une
donnée fondamentale en Afrique où
environ 413 millions d’Africains vivent aujourd’hui sur les territoires
urbanisés ; et des estimations révè-
lent que si rien n’est fait, d’ici à
2050, 70% d’entre eux habiteront
dans les bidonvilles.
Les zones bâties devraient se tripler si la tendance actuelle continue. Si l’on considère que la ville
est un facteur de développement,
social et culturel, il est par conséquent logique d’admettre que l’emploi en milieu urbain se caractérise
par une productivité largement supérieure à celle des campagnes.
En même temps, la ville produit des
externalités négatives à la fois sur
les plans de l’organisation physique, de l’équité sociale mais aussi
des tensions environnementales
notamment en terme de production
des pollutions liquides et atmosphériques. En d’autres termes,
les changements climatiques
constitueraient une contrainte additionnelle dans un contexte d’insuffisance de ressources nationales ;
de demande croissante en équipements et en services urbains de
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Actualités
‘‘
... le ministre de l’Habitat
et du Développement Urbain
Jean
Claude
MBWENTCHOU a émis le
vœu de construction
d’une approche sous régionale appropriées pour
des villes durables plus
vertes pour mettre un
terme à l’urbanisation
non durable et œuvrer
pour que les villes soient
pour les habitants synonymes d’opportunités et
d’espoir.
’’
base, d’un renforcement des vulnérabilités, de l’extension de la précarité, de la réduction du marché
de
l’emploi.
Autant d’éléments qui provoquent
la dégradation de la santé et de la
qualité de vie des populations urbaines et mettent en même temps
la vie des établissements humains
en danger.
Depuis les années 2000, les phénomènes météorologiques ont eu
des effets notables dans les villes
d’Afrique centrale. Ainsi des villes
comme Bangui, Libreville Brazzaville, Kinshasa Douala, Yaoundé,
N’Gaoundéré Garoua, Maroua, ont
connu des pluies et des inondations inhabituelles. Les villes les
plus exposées sont situées dans la
partie nord de l’Afrique centrale, sur
le littoral atlantique et dans les
zones côtières de faible altitude
comme Douala.
En conclusion, les villes d’Afrique
centrale sont confrontées à une
menace extrêmement préoccupante ; impulsée par des forces
puissantes apparues du fait de
l’homme et déchainées au cours de
l’ère industrielle sous l’effet du développement et l’exploitation de la
nature. Ainsi, à l’entame des assises de Douala, le ministre de
l’Habitat et du Développement Urbain Jean Claude MBWENTCHOU
a émis le vœu de construction «
d’une approche sous régionale appropriées pour
des villes durables plus vertes pour
mettre un terme à l’urbanisation
non durable et œuvrer pour que les
villes soient pour les habitants synonymes d’opportunités et d’espoir.
En même temps plus
intelligentes pour répondre à un objectif de sobriété dans l’utilisation
des ressources : économies d’eau,
d’électricité, consommation d’énergie maitrisée grâce aux dispositifs
de mesure en temps réel, minimisation des pertes dues aux vieillissements des réseaux. Plus
résilientes pour accroître la capacité d’absorption ou
des crises même prévisibles »
Philibert Malonga, Premier Secrétaire du Conseil départemental et
municipal, représentant Hugues
Ngouelondelé, député Maire de
Brazzaville et Vice-Président de
l’AIMF Afrique centrale, a quant à
lui invité ses pairs à mettre en place
« la démocratie participative » pour
apporter une réponse idoine à ce
défi qui se pose au développement
durable. D’autant plus que ce séminaire avait pour objectif, dans la
perspective de l’assemblée générale de l’AIMF de Dakar en nombre
2014, et de la conférence de Paris
sur le climat en 2015, « d’amener les
villes francophones à élaborer un plaidoyer argumenté à exposer et à défendre sur la scène internationale ».
En définitive, les assises de Douala
avaient pour but d’engager les
villes d’Afrique centrale dans le
débat relatif de la démarche à suivre pour élaborer des projets territoriaux innovants d’atténuation et
d’adaptation aux changements climatiques. Parmi les villes d’Afrique
Centrale ayant répondu à l’appel
de Douala, l’on peut mentionner :
Bangui, Brazzaville, Kinshasa,
Ndjamena, Pointe-Noire, Bangangté,
Dschang,
Foumban,
Yaoundé, Ebolowa, Limbé, Garoua, Edéa,
Bertoua, N’gaoundéré et Kaolack
(commune sénégalaise). La Ministre provinciale de la Communication, de l’Education, du Genre et de
l’Environnement de Kinshasa en
République Démocratique du
Congo, Thérèse Olenga Kalouda a
également pris activement part à
cette réunion. En marge du séminaire des maires d'Afrique centrale,
le ministre Jean Claude Mbwentchou a procédé au dévoilage des
plaques d'adressage des rues de
Douala. Les participants ont également effectué une descente à la
décharge d’HYSACAM de Douala.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
11
Actualités
DOUALA PREPARES TO FACE
CLIMATE CHANGE
Rising sea levels and temperatures, as well as flooding
are effects the port city dwellers battle with daily.
Christopher Jator
nhabitants of the port city, Douala,
have been told to keenly observe
changes in their environment, take
personal initiatives to preserve the environment, plant trees, especially mangrove,
and
seek
help
from
environmental experts when constructing in order to avert global warming
and preserve the environment. This information was disclosed during a debate conference organised by the
French Institute in Cameroon situated
in Akwa, Douala, June 2, 2014, with
the collaboration of the Cameroon
Radio Television (CRTV) and Bolloré
Africa Logistics.
The debate conference, panelled by
Professor Samuel Anyonghe, Coordinator of Climate Change Laboratory in
the University of Buea, Doctor Gordon
Ajonina, Environmentalist and Coordinator of the Cameroon Wildlife Conservation Society, Professor Paul Tchawa,
Geographer and Head of the Department of Geography at the University of
Yaounde I, Jean Yango, Urbanist and
Director of Studies for Investment Planning and Sustainable Development at
the Douala City Council, Jacques Njike
Kassala, Geophysician in Charge of
Studies at the Technical Department of
the Port Authority of Douala, and Gael
Alory, Oceanographer at the Laboratory
for Geophysical and Spatial Oceanographic Studies (LEGOS), was to prepare Cameroon for conference on
climate in Paris, France, in 2015 during
which Cameroon will negotiate an accord to limit temperature rise.
Focus of the debate was on climate
change and urban vulnerability specifi-
I
12
cally rising sea level and urbanisation
in Douala, climate change as drawback to development, actions to take
in order to prevent its negative effects
and how to adapt to future changes,
as well as what can be done to remedy the situation.
Most causes, according to the experts, are deforestation and the destruction of mangrove swarms in the
Douala II municipal area of Bois des
singes and others along the estuarine
coast of Douala, infrastructure projects like disorderly construction of
homes leaving no space for water that
permeated the soil to evaporate, thus
persistent flooding.
The experts were unanimous that the effects of climate change is being felt in
Douala, with rising sea levels noticeable
as larger islands are losing much of their
surface areas to rising sea levels, with
registered consequences such as flooding and rising temperatures. Scientists
said the registered sea level changes
are over time and regardless of whether
nearby land is rising or falling.
The Littoral zone of Douala, characterised by lowlands, has a physiography
allowing a large urban spatial growth. It
is fed mainly by the River Wouri, with a
maze of creeks and lagoons about
50km from the Atlantic Ocean, with its
largest surface extent north of Bonaberi, to the north west of metropolitan
Douala. The extremely faint slopes of
the geomorphic features are easily
inundated from sea incursions, which
impact would be worsened by rising
sea level.
Douala is the most densely populated
area of the entire Cameroon coastal
zone. Infrastructure activities include
scenarios of sea level rise and flooding
and relative vulnerability of transportation system.
Doctor Gordon Ajonina of the Cameroon Wildlife Conservation Society disclosed two evidences which prove the
effects of global warming in Douala, in
particular, and the Littoral in general.
Firstly, satellite images show that the
Atlantic Ocean was about 15 metres
away from the Mirrador (200 metres
tall) built in the colonial days in the heart
of the mangrove forest in Manoka, Subdivisional capital of the island Douala
VI. From 1975 to 2010 the sea level has
risen and is now 6 metres behind the
Mirrador, meaning that the structure is
now standing in water. Secondly, just
about 500 metres away from the Mirrador the island fishing camp of Kwelekwele, whose surface area used to be
four hectares in 1975 has been covered by the sea until just 100 square metres surface area was left in 2010.
“The destructive effects of this rising
sea level can be seen from the rise in
temperatures through environmentally harmful effects of human incursion
like
infrastructure
and
urbanisation,”
Professor
Paul
Tchawa, Geographer and Head of the
Department of Geography at the University of Yaounde I, corroborated.
There are indications of increasing
changes in sea level for the world’s
oceans since 1880, based on a combination of long-term tide gauge measurements
and
recent
satellite
measurements in America.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Actualités
RCA :
QUAND LES MASSACRES MENACENT
L’ÉCOLOGIE
L’eau potable est devenue une denrée rare.
Le déplacement des milliers de personnes occasionne la destruction des forêts et la
pollution des eaux.
Eric Vincent FOMO
u 16 mai 2014, le Haut
commissariat aux réfugiés
(HCR) estimait le nombre
de déplacés internes à travers la
République centrafricaine à 560
050 personnes dont 135 050 à
Bangui la capitale et 425 000 autres dans le reste du pays. D’autre part, le HCR estimait à 115
524 le nombre de Centrafricains
ayant fui vers le Cameroun, le
Tchad, la RDC et le Congo depuis décembre 2013 suite à une
nouvelle intensification des combats dans la région du centre-nord.
La plupart des déplacés sont des
chrétiens, en majorité des
femmes et des enfants. Selon le
porte-parole du HCR, Adrian Edwards, les déplacés ont besoin
d’urgence de protection phy-
A
sique, de vivres, d’articles non
alimentaires, d’eau, d’installations d’assainissement et d’autres aides. Le porte-parole
précise que beaucoup de centrafricains dorment en plein air,
même si la saison des pluies est
déjà arrivée.
De même, bien que des agences
partenaires du HCR fournissent
des vivres, les déplacés épuisent
peu à peu leurs réserves de
nourriture et ils ne peuvent pas
cultiver leurs champs car ils ont
peur des attaques. Plusieurs vivent dans la brousse et ne peuvent pas facilement recevoir une
aide. Un fort taux de diarrhée est
aussi signalé parmi les enfants.
Selon Etienne Nguegang, environnementaliste, ce déplacement
des populations a une incidence
forte sur l’écologie. « En période
de guerre, les populations se retrouvent dans une situation où
elles doivent quitter leurs domiciles pour aller vivre en forêt. Le
séjour en forêt a toujours des
conséquences néfastes. Pour
dresser les tentes, les déplacés
doivent couper le bois. Cela induit la destruction de la végétation. De même, la pollution
s’installe. Les populations vivant
dans un habitat précaire où il n’y
a pas de toilettes, défèquent
dans la nature et quand la pluie
arrive, ces déchets ruissèlent
dans les cours d’eau entraînant
leur pollution. Une petite épidémie de diarrhée se déclenche
automatiquement puisque les
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
13
Actualités
mêmes populations boivent l’eau
de ces cours d’eau. D’autre part,
en temps de guerre, les armes
circulent impunément. Il n’y a
plus d’armes conventionnelles.
Les populations font la chasse
pour pouvoir s’alimenter en protéines, puisqu’il n’y a plus d’animaux domestiques qu’elles
peuvent manger. On assiste
donc à la chasse aux oiseaux et
aux autres espèces animales qui
auront un impact sérieux sur la
faune sauvage », explique
Etienne Nguegang.
Son propos est d’autant plus intéressant dans la mesure où la
République centrafricaine est
partagée entre savanes et forêt
équatoriale au sud et connaît
pour l’essentiel un climat tropical.
De plus, le pays a une superficie
estimée à 623 000 km² environ
pour une population estimée à
4,5 millions d’habitants. Il dis14
‘‘
Les populations font la
chasse pour pouvoir s’alimenter en protéines,
puisqu’il n’y a plus d’animaux
domestiques
qu’elles peuvent manger.
On assiste donc à la
chasse aux oiseaux et aux
autres espèces animales
qui auront un impact sérieux sur la faune sauvage.
’’
pose par ailleurs de nombreuses
ressources naturelles, notamment l’uranium, l’or et les diamants et souffre d’inondations en
raison du manque d’entretien
des fleuves et des débits impres-
sionnants qu’engendre la saison
des pluies en Afrique centrale. La
déforestation est quant à elle
constatée dans les zones de
brousse où les paysans utilisent
le bois pour leur nourriture et les
constructions.
La seule façon de remédier à la
situation consiste à venir en aide
à ces populations en leur fournissant une aide alimentaire composée de légumes, de poissons, de
boîtes de sardine pour diminuer
l’impact sur la nature. On doit
aussi les aider en mettant en
place un dispositif d’assainissement de leurs déchets qui peuvent servir à fabriquer du
compost pour ceux qui sont biodégradables. C’est déjà ce que
fait déjà le HCR, mais l’organisme éprouve beaucoup de difficultés pour atteindre tous ces
déplacés dont certains se cachent dans la brousse.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Il a bien fallu interdire ces emballages plastiques communément utilisés sur les marchés et
qui laissaient croire que sans ce sac plastique-là, point d'emballages. Mais la pratique est
vieille de plusieurs siècles. Et le danger de sa pérennisation est énorme. Certains voient dans
l’engouement des ministres de l’Environnement d’interdire l’utilisation des plastiques non
biodégradables un simple calcul économique. Où de nouvelles multinationales de l’emballage
vont dicter leur prix. Dans ce dossier votre trimestriel de l’environnement, Bosangi, qui fête
son dixième anniversaire, fait le point.
Dossier
Emballages plastiques
NAISSANCE, VIE ET AGONIE D’UN PRODUIT
DANGEREUX
Au commencement était
l’emballage bio. Puis, progressivement, le « mauvais »
plastique a fait son entrée
au Cameroun. Comment,
pourquoi et par qui ?
Esquisse de réponse.
Serge William FOTSO
uoique de manière timide, la
récente mesure gouvernementale interdisant l’utilisant des
emballages plastiques non biodégradables au Cameroun commence à
produire ses effets. Les consommateurs retournent petit à petit aux
conditionnements plus propres pour
la nature.
Le 13 février 2013 en effet, un arrêté
conjointement signé le 24 octobre
2012 par le ministre camerounais du
Commerce et son homologue de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable,
stipulant : « Sont formellement interdits
sur l’étendue du territoire national la
fabrication, la détention, la commercialisation ou la distribution à titre gratuit
des emballages plastiques non biodégradables à basse densité, ainsi que
les granulés servant à leur fabrication ».
Depuis fin avril 2014, date limite pour
l’entrée en vigueur de l’arrêté, le
constat est clair : pour ceux qui n’ont
pas les moyens de commander une
matière plastique biodégradable, les
commerçants et autres usagers font
de plus en plus recours à des emballages de substitution, ou plus précisément, retournent aux sources. Le
recours aux emballages dits naturels
(feuilles de bananier, corbeilles en raphia, paniers en bois tressé, carton,
papier, etc.), utilisés auparavant, revient progressivement à la mode.
Q
16
Il ne faut en effet pas perdre de vue
qu’au commencement était l’emballage bio !
Il existe une multitude d'emballages
alimentaires naturels autrefois utilisés
par nos aïeuls. Obtenus à partir des
matières premières locales, végétales
pour la plupart (branches de palmier,
de raphia, feuilles végétales, parties
de fruits, etc.), ces emballages sont
cultivés, récoltés ou cueillis dans la
forêt et traités pour servir dans la
conservation, le transport, la distribution et la promotion des produits de récolte ou des aliments en milieu rural.
Le développement économique et ses
conséquences ont entraîné leur transfert en milieu urbain.
Puis, progressivement, pour des raisons aussi bien pratiques qu’économiques et de disponibilité, la matière
plastique a pris le dessus, au point de
devenir l’emballage le plus usité.
Les multinationales ont inspiré des
opérateurs économiques locaux qui
ont pris le relais, selon les opérateurs
économiques du secteur du plastique,
regroupés au sein de l’Association camerounaise des professionnels de la
plasturgie (AC2P).
D’importantes pertes financières s’annoncent donc dans la filière des emballages en plastique au Cameroun. A
titre d’exemple, Alice Maguedjio, la
présidente du Syndicat des commerçants et détaillants du Wouri, relevait
récemment que sur les 2000 commerçants que compte le marché de
Mboppi à Douala, 30% ont pour
unique activité l’importation et la commercialisation des emballages en plastiques non biodégradables.
Idem pour le Trésor public qui, selon
les chiffres révélés par le quotidien
privé Le Jour, engrangeait chaque
année environ 12 milliards de francs
Cfa de recettes, au titre des impôts et
taxes diverses payés par les opérateurs de la filière des emballages
plastiques.
La fin de la production, de l’importation et de la commercialisation de ces
emballages devrait également, souligne la même source, mettre en péril
quelque 10 000 emplois recensés
dans cette filière.
Dans les ménages, la mutation vers
les emballages biodégradables a également eu quelques conséquences. La
première étant une hausse des prix de
certains produits sur le marché. Car,
comme l’expliquaitil y a quelques semaines Hilaire Tsobgni, Directeur général de Mitchimie, une entreprise
spécialisée dans la production d’emballages en plastique, la migration
vers les emballages biodégradables a
augmenté d’environ 30% les coûts de
production. Les revendeurs les achètent donc plus cher et n’hésitent pas à
répercuter cette augmentation sur le
prix des produits à emballer.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Dossier
Interdiction du pastique
LE DANEMARK, PIONNIER
Le Danemark fut le premier pays à soulever le
problème. Le royaume a
fait figure de pionnier en
instaurant une taxe sur les
déchets plastiques dès
1994.
Jean-Célestin EDJANGUE
ans la même lignée, en 2002,
le Bangladesh a décrété une
interdiction totale des sacs en
plastique, soupçonnés d'avoir provoqué de graves inondations à Dacca en
empêchant l'évacuation des eaux. La
même année, l'Irlande a imposé une
taxe de 15 centimes par sac de caisse
qui en aurait fait chuter de 90 % la
consommation. En octobre 2012, Haïti
avait déjà instauré une interdiction des
sacs en plastique et des emballages
en polystyrène sur tout son territoire,
afin, selon le premier ministre, Laurent
Lamothe, de « protéger son littoral et
ses mangroves, menacés d'asphyxie
par les détritus ».
Au Nord, la ville canadienne de Toronto comptait en faire autant, mais
elle a fait marche arrière, fin novembre, par crainte de poursuites de la
part de l'industrie du plastique et d'associations de commerçants. A
Concord, dans le Massachusetts, c'est
la vente de petites bouteilles d'eau en
plastique qui est prohibée depuis le
1er janvier 2013.
D
Danger pour la faune, la flore, l’environnement
La production de sacs en plastique
dans le monde a atteint entre 500 et 1
000 milliards d'unités au début des années 2000. Leur légèreté explique
qu'ils pèsent relativement peu dans la
production mondiale de plastique mais
aussi qu'ils s'échappent facilement des
circuits de collecte des déchets. Dans
la nature, ils peuvent mettre jusqu'à
quatre siècles avant de commencer à
se dégrader.
Les océans en regorgent, jusque dans
l'estomac des mammifères marins."Les sacs en plastique à usage
unique doivent être interdits ou supprimés rapidement partout", affirmait, en
2009, Achim Steiner, le directeur du
Programme des Nations unies pour
l'environnement (PNUE). Les opposants aux mesures d'interdiction affirment que celles-ci ne répondent pas
réellement à des considérations économiques ou environnementales.
"L'interdiction des sacs est malheureusement devenue un symbole politique
puissant", affirmait Todd Myers, directeur environnemental du think tank
d'obédience libérale Washington Policy Center, en octobre, dans le Wall
Street Journal. Mais, l’Europe ellemême ne parle pas toujours d’une
seule voix dans cette affaire.
Alors que l'Union européenne hésite
encore à imposer une interdiction ou
une taxation des sacs en plastique,
l'Italie a pris une mesure d'interdiction
en 2011. La France a décidé de taxer
les sacs de caisse à usage unique non
biodégradables depuis le 1er janvier
2014. La taxe est d'environ 6 centimes
avec des effets inattendus. La
consommation de sacs de caisse y a
pourtant déjà été ramenée de 15 milliards d'unités en 2003 à environ 800
millions en 2010.
La suppression de la gratuité des sacs
par les grandes enseignes de distribution y est pour beaucoup. Les distributeurs ont bien compris leur intérêt : ils
vendent désormais des sacs réutilisables. Et la disparition progressive du
sac de caisse, souvent réutilisé par les
particuliers pour jeter leurs ordures, a
eu pour effet de faire augmenter les
ventes de sacs-poubelle
Le phénomène se propage comme
une traînée de poudre, du nord au Sud
de la planète. Les pays industrialisés
et ceux les moins développés semblent s’être passés le mot.
« L’Afrique, continent le plus répressif »
En Afrique de l’ouest, si le Togo a interdit les sacs plastiques depuis le début
de l’année 2011, la Mauritanie et le Mali
l’ont eux aussi banni depuis le 1er janvier 2013 tout comme le Burkina Faso.
Pour la Côte d’Ivoire, la mesure prise en
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
17
Dossier
novembre de la même année par le
Conseil des Ministres, est entrée en application en avril 2014. Il est évidemment un peu tôt pour savoir si ces
mesures ont eu des répercussions sur
la protection de l’environnement et l’embellissement des espaces de vie.
Ce qui n’empêche pas la région des
Grands Lacs et l’Afrique centrale de
rentrer également dans les rangs des
régions qui brandissent l’interdiction
du sac plastique. Ainsi, La Tanzanie,
l’Ouganda, l’Afrique du Sud et le
Kenya ont d’ores et déjà banni les sachets de petite taille. Plus radicaux, le
Rwanda et la Somalie les ont, quant à
eux, totalement interdits.
La mesure d’interdiction prévoit des
peines de prison ferme pouvant aller
jusqu’à un an et des amendes atteignant un million d’ouguiyas (2 500
euros) pour les fabricants, importateurs
et utilisateurs de sachets plastiques, a affirmé l’Agence mauritanienne d’information (AMI), citant le ministre mauritanien
de l’Environnement.
Quant au Cameroun, c’est le 24 avril
2014 que la mesure est effectivement
entrée en application. Sans que l’on
sache véritablement si elle apporte la
réponse aux problèmes que posent les
sacs en plastiques."Ces mesures d'interdiction ne sont souvent que de la
poudre aux yeux, car elles ne sont jamais appliquées, estime Michel Loubry, représentant de Plastics Europe,
le syndicat européen des producteurs
de plastique. On ferait mieux de commencer par aider ces pays à se doter
d'un système de collecte et de traitement des déchets.", ajoute-t-il.
Dans cette optique, l'association française Gevalor explore une autre voie
que l'interdiction, celle du recyclage :
son projet de production semi industrielle de pavés fabriqués à base de
sacs en plastique recyclés et de sable,
à Madagascar, arrive au stade de la
commercialisation. Au Kenya, le PNUE
aide la ville de Nairobi à développer
des infrastructures de collecte et de recyclage des sacs parallèlement à la
mise en place d'une taxe. Mais les filières de recyclage des pays du Sud
sont trop artisanales pour répondre au
défi environnemental.
Autant dire que même interdits, les
sacs en plastiques risquent encore de
faire parler d’eux pour bien longtemps.
Toutes les sociétés organisées ou non
ont connu différents modes de prélèvement touchant à leur vie civile ou re-
18
ligieuse . En Afrique comme partout
ailleurs, cette histoire revêt un caractère particulièrement intéressant. Elle
touche aux fondements des grandes
civilisations et aux différents modes
d’organisation des sociétés traditionnelles. L’émergence des grandes civilisations égyptienne et gréco-romaine
par exemple, reste considérablement
redevable au lourd tribut des populations assujetties .
Le terme « fiscalité » tire son origine
de « fiscus » qui vient du latin, qui signifie « panier » que les romains employaient pour recevoir de l'argent.
C’est un terme générique regroupant
l'impôt, son rôle, ses caractéristiques
et ses principes. Qu’elle prenne la
forme de taxes, de redevances ou de
dispositifs de bonus/malus, la fiscalité
permet d’assurer des recettes importantes à l’Etat, ce qui en fait un outil
budgétaire non négligeable, particulièrement en temps de crise.
Dans le contexte mondial de crise écologique (raréfaction des ressources
naturelles, changement climatique,
etc.), la fiscalité dite écologique (écofiscalité ou fiscalité verte) est conçue
comme un outil clé permettant le remplacement des activités et combustibles fortement polluants et/ou non
renouvelables au profit d’alternatives
plus écologiquement acceptables, via
une taxation. Son efficacité tient à ce
qu’elle peut, en modifiant les prix relatifs, contribuer à changer les comportements des agents économiques. Elle
est l’expression la plus aboutie du principe pollueur-payeur.
Les déchets plastiques sont un problème mondial, mais avec une variabilité régionale. Il est très fréquents en
Afrique d'avoir les égouts et les systèmes d'évacuation bouchés par des
sacs qui causent des cas graves de paludisme en raison de l'augmentation de
la population de moustiques qui vivent
sur les égouts inondés. Le terme pollution blanche a été inventé pour décrire
la locale et des effets de sacs en plastique jetés sur l'environnement.
Face à l’exigence de la préservation du
cadre de vie des populations, les gouvernements prennent deux mesures
soit l’interdiction (production, importation, commercialisation et distribution
des sachets ou emballages plastiques
non biodégradables), soit la taxation.
La fiscalité des déchets plastiques a
pour objet de soumettre à taxation l’importation et la production des produits
manufacturés utilisant le plastique
comme moyen de conditionnement. Le
principal objectif de la taxe sur les déchets plastiques est de rassembler un
revenu supplémentaire pour les gouvernants et en même temps de réduire
la demande de sacs en plastique sur le
marché. Cela se fait en imposant une
taxe pour chaque sac fabriqué à partir
de matériaux non biodégradables qui
sont introduits sur le marché.
En d’autres termes, cette taxation vise
à financer la collecte, le transport, le
traitement et l’élimination des objets
plastiques non biodégradables sur les
territoires nationaux. Les produits généralement concernés sont les emballages plastiques de tout genre,
biodégradables ou non, quel que soit
le produit auquel ils servent de moyen
de conditionnement.
Aussi, l'initiative irlandaise fait-elle figure d'exemple en la matière. Une
taxe sur les sacs plastiques a été introduite en 2002 en Irlande conduisant
à une réduction de 90% de l’utilisation
des sacs plastiques. La Plastic shopping bag levy, ou Plastax, de 15 centimes d'euro par sac, est ainsi
acquittée par le consommateur irlandais lorsqu'il demande un sac plastique au commerçant pour ses achats.
Ce dernier reverse trimestriellement
les sommes collectées au Fonds pour
l'Environnement créé à cet effet.
Néanmoins, la fiscalité sur les déchets
plastique pourrait avoir un effet néfaste
sur l’environnement. Elle serait susceptible, selon Waste Resources Action Programme (WRAP), de signifier
un interrupteur vers le papier qui utilise
plus d’énergie dans la production et
les rejets de méthane, un gaz à effet
de serre, quand il se dégrade dans
une décharge. Autre point de vue démontrant l’échec dans les pays ayant
mis en œuvre des mécanismes fiscaux pour tenter de corriger cette évolution, est l’augmentation du «
gisement » de déchets plastiques, ce
qui montre que les modes d’élimination prédominants demeurent l’enfouissement et l’incinération.
En somme, la fiscalité des déchets
plastiques est un outil fondamental des
politiques environnementales. Elle est
particulièrement bien adaptée à la lutte
contre la pollution qu’engendre ses déchets plastiques, à la condition de la
manier sans se départir de ses bons
principes d’usage, et sans oublier le
pragmatisme nécessaire à son succès.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Dossier
Fiscalité des déchets plastiques
UNE TAXE POUR LA SURVIE DE LA PLANÈTE ?
L’histoire de la fiscalité est une donnée permanente de la vie humaine.
Janvier Ngwanza Owono
outes les sociétés organisées ou non
ont connu différents modes de prélèvement touchant à leur vie civile ou religieuse . En Afrique comme partout ailleurs,
cette histoire revêt un caractère particulièrement intéressant. Elle touche aux fondements
des grandes civilisations et aux différents
modes d’organisation des sociétés traditionnelles. L’émergence des grandes civilisations
égyptienne et gréco-romaine par exemple,
reste considérablement redevable au lourd tribut des populations assujetties.
Le terme « fiscalité » tire son origine de
« fiscus » qui vient du latin, qui signifie « panier » que les romains employaient pour recevoir de l'argent. C’est un terme générique
regroupant l'impôt, son rôle, ses caractéristiques et ses principes. Qu’elle prenne la
forme de taxes, de redevances ou de dispositifs de bonus/malus, la fiscalité permet d’assurer des recettes importantes à l’Etat, ce qui
en fait un outil budgétaire non négligeable,
particulièrement en temps de crise.
Dans le contexte mondial de crise écologique (raréfaction des ressources naturelles,
changement climatique, etc.), la fiscalité dite
écologique (éco-fiscalité ou fiscalité verte)
est conçue comme un outil clé permettant le
remplacement des activités et combustibles
fortement polluants et/ou non renouvelables
au profit d’alternatives plus écologiquement
acceptables, via une taxation. Son efficacité
tient à ce qu’elle peut, en modifiant les prix
relatifs, contribuer à changer les comportements des agents économiques. Elle est
T
1
l’expression la plus aboutie du principe pollueur-payeur.
Les déchets plastiques sont un problème
mondial, mais avec une variabilité régionale.
Il est très fréquents en Afrique d'avoir les
égouts et les systèmes d'évacuation bouchés par des sacs qui causent des cas
graves de paludisme en raison de l'augmentation de la population de moustiques qui vivent sur les égouts inondés. Le terme
pollution blanche a été inventé pour décrire
la locale et des effets de sacs en plastique
jetés sur l'environnement.
Face à l’exigence de la préservation du
cadre de vie des populations, les gouvernements prennent deux mesures soit l’interdiction
(production,
importation,
commercialisation et distribution des sachets
ou emballages plastiques non biodégradables), soit la taxation. La fiscalité des déchets
plastiques a pour objet de soumettre à taxation l’importation et la production des produits
manufacturés utilisant le plastique comme
moyen de conditionnement. Le principal objectif de la taxe sur les déchets plastiques est
de rassembler un revenu supplémentaire
pour les gouvernants et en même temps de
réduire la demande de sacs en plastique sur
le marché. Cela se fait en imposant une taxe
pour chaque sac fabriqué à partir de matériaux non biodégradables qui sont introduits
sur le marché.
En d’autres termes, cette taxation vise à financer la collecte, le transport, le traitement
et l’élimination des objets plastiques non biodégradables sur les territoires nationaux. Les
produits généralement concernés sont les
emballages plastiques de tout genre, biodé-
gradables ou non, quel que soit le produit auquel ils servent de moyen de conditionnement.
Aussi, l'initiative irlandaise fait-elle figure
d'exemple en la matière. Une taxe sur les
sacs plastiques a été introduite en 2002 en
Irlande conduisant à une réduction de 90%
de l’utilisation des sacs plastiques. La Plastic shopping bag levy, ou Plastax, de 15 centimes d'euro par sac, est ainsi acquittée par
le consommateur irlandais lorsqu'il demande
un sac plastique au commerçant pour ses
achats. Ce dernier reverse trimestriellement
les sommes collectées au Fonds pour l'Environnement créé à cet effet.
Néanmoins, la fiscalité sur les déchets plastique pourrait avoir un effet néfaste sur l’environnement. Elle serait susceptible, selon
Waste Resources Action Programme
(WRAP), de signifier un interrupteur vers le
papier qui utilise plus d’énergie dans la production et les rejets de méthane, un gaz à
effet de serre, quand il se dégrade dans une
d
é
c
h
a
r
g
e
.
Autre point de vue démontrant l’échec dans
les pays ayant mis en œuvre des mécanismes fiscaux pour tenter de corriger cette
évolution, est l’augmentation du « gisement »
de déchets plastiques, ce qui montre que les
modes d’élimination prédominants demeurent l’enfouissement et l’incinération.
En somme, la fiscalité des déchets plastiques est un outil fondamental des politiques
environnementales. Elle est particulièrement
bien adaptée à la lutte contre la pollution
qu’engendre ses déchets plastiques, à la
condition de la manier sans se départir de
ses bons principes d’usage, et sans oublier
le pragmatisme nécessaire à son succès.
J.B. Fotsing, Le pouvoir fiscal en Afrique essai sur la légitimité fiscale dans les Etats d’Afrique noire francophone, Paris, L.G.D.J., 1995, p.4.
P.M. EssomoNgossia ‘‘Contribution à l’histoire des douanes au Cameroun français 1923-1955’’ mémoire de maîtrise en histoire, Université de Yaoundé I, 2006, p.1
2
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
19
Dossier
LES VÉGÉTAUX ET LE PAPIER
COMME ALTERNATIVES
Outre les emballages
plastiques
biodégradables, les populations peuvent aussi utiliser des
sacs en papier, des
feuilles naturelles…
Eric Vincent FOMO
« Formidable ! ». L’ex-gouverneur de
la région de l’Ouest, Midjiyawa Bakari,
n’a pu se retenir le mardi 03 juin dernier, au cours de la première journée
de sa tournée socio-économique dans
la région dont il avait encore la charge.
Dans le département du Haut-Nkam,
le chef de terre s’est exclamé à la vue
d’une usine de transformation des
feuilles de bananier en papier 100%
biodégradable. Ici, on fabrique des
sacs, des cartes d’invitation de luxe,
des cartes de visite de haute qualité,
bref, tout ce qui peut servir à emballer
des objets dans une librairie ou une
épicerie, à partir des feuilles de bananier, d’herbes naturelles et des arbres.
Dans ce registre de feuilles naturelles,
l’on peut aussi citer les feuilles de
teck, qui peuvent servir à emballer la
viande, les arachides ou le poisson.
Les sacs traditionnels faits en raphia,
en feuilles de palmier, de dattier, en
tissus, les sacs en écorce de bananiers, les paniers en raphia ou en
bambou de chine, les feuilles larges
des plantes (jonc, bananier, macabo,
etc.,) sont également d’autres alternatives aux emballages plastiques.
Les emballages en papier sont également prisés dans le monde. Les sacs
en matière papier peuvent servir à
20
transporter les produits et devenir
aussi de jolis emballages cadeaux
s’ils sont choisis avec attention.
Quelques feuilles de papier de soie,
un nœud en raphia et le tour est joué.
A titre illustratif, le Parlement européen entend réduire de 50% d’ici 2017
et de 80% d’ici 2019 l’utilisation des
sacs en plastique léger d’une épaisseur inférieure à 50 micromètres au
profit des sacs en papier recyclés, biodégradables ou compostables certifiés afin de réduire les incidences des
emballages et des déchets d’emballages sur l’environnement. Ces sacs
pourraient ainsi être utilisés pour emballer les fruits, les légumes ou les
confiseries. Cependant, l’alternative
au plastique non biodégradable la
plus connue est certainement l’emballage plastique biodégradable.
Le gouvernement a en effet, interdit la
fabrication et l’utilisation des emballages plastiques non biodégradables
de moins de 60 microns. Autrement
dit, les emballages plastiques de plus
de 61 microns sont autorisés. De
nombreux opérateurs s’y sont déjà
lancés et on retrouve ces emballages
dans des boulangeries, des pressings,
des supermarchés et autres grandes
surfaces. Selon Etienne Nguegang,
environnementaliste, ces emballages
plastiques de plus de 61 microns ont
l’avantage qu’ils peuvent être réutilisés grâce à leur recyclage pour fabriquer d’autres emballages plastiques.
Mais à long terme, notre interlocuteur
redoute leur interdiction. Il explique
que l’objectif du gouvernement était
de mette en place un système qui permet qu’un citoyen utilise un emballage
de plus de 61 micron, le remette ensuite au fabricant lorsqu’il est usé en
ajoutant un peu d’argent pour recevoir
un autre emballage. Ainsi, ledit plastique serait recyclé pour produire d’autres objets en plastique.
« Mais lorsqu’on va se rendre compte
que le mécanisme que le gouvernement demande de mettre en place
n’est pas appliqué, ces emballages
risquent d’être interdits », confie
Etienne Nguegang. Pour certains spécialistes cependant, bien que les plastiques biodégradables soient des
matériaux utiles et intéressants, ils ne
doivent être utilisés que s’ils présentent un avantage concret pour un produit particulier. Le meilleur moyen de
sauver la planète pour eux, reste
l’économie d’énergie et l’amélioration
des méthodes de recyclage et de récupération du plastique.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Dossier
Emballages plastiques
UNE AFFAIRE DE FEMMES ?
Elles font face à un véritable problème d’emballage
des produits aussi bien
dans les marchés que dans
les grandes surfaces. Ce
qui laisse croire que l’interdiction des emballages
plastiques est d’abord une
question
domestique,
mieux encore une affaire
de femmes.
Florine Nseumi Léa
priori, la chasse désormais ouverte aux emballages plastiques
non biodégradables depuis le 1er
avril 2014, parait beaucoup plus
comme une décision punitive à l’endroit
des femmes qu’une mesure visant à
protéger l’environnement. Et à raison,
puisqu’elles sont beaucoup plus
concernées par les courses.
Dès le lendemain de la décision prise par
le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement
durable (Minepded), Pierre Hele, ce qui est
désormais la guerre du plastique a commencé au marché central de Douala.
Quelques hommes en tenue ont arraché
des emballages plastiques aux « bayams
salam » non sans brutaliser quelquesunes. Fatima, une jeune cadre dans une
entreprise de la place, rendue au marché
central aux heures de l’après-midi, s’est
entendue répéter à plusieurs reprises que
les emballages plastiques ont disparu. « La
police est passée ici ce matin et a arraché
les stocks d’emballages plastiques que
nous avions », a expliqué une vendeuse.
Ces derniers agissaient conformément aux
opérations de saisies des emballages en
plastique lancées sur le territoire camerounais, et la destruction des cargaisons au
frais des contrevenants.
Dès ce moment, le calvaire des femmes
concernant les emballages a commencé.
Quelques jours après, c’est dans les supermarchés qu’on a constaté le même
scénario. A Bonapriso, au supermarché
KADO, les femmes notamment sont aux
abois, car la caissière propose des emballages qu’elle qualifie de biodégradable au
prix oscillant entre 50 et 200 Fcfa. Refus
catégorique de certaines femmes, les plus
avisées sortent des emballages de leurs
A
sacs à main. « C’est ce qu’il faut fait»,
lance la caissière, cachant mal sa gêne par
un sourire. A d’autres il est proposé des
cartons. Une proposition qui n’arrange pas
toujours les ménagères au regard du peu
d’achats effectués. Quelques jours plus
tard, ces emballages ont disparu et c’est à
qui mieux mieux.
Dans les poissonneries, les dés sont également jetés. A Congelcam Douala-bar par
exemple, il n’y a pas l’ombre d’un plastique
et les ménagères s’arrangent elles-mêmes
à emballer la marchandise achetée. Chez
leurs confrères de Ndokotti, les poissonniers sont plus compréhensifs et proposent
des morceaux découpés des cartons vidés
de leur contenu. Et vive la récup ! Les méthodes varient d’un marché à un autre. A
Mahima, un autre supermarché de Douala,
sis à Akwa, les marchandises sont emballées dans des plastiques biodégradables.
Difficile ici de savoir si ces emballages sont
au frais du consommateur, puisque l‘on
paie le montant global ?
Les boulangeries ne sont pas en reste. A
Ndokotti, seuls les petits pains coûtant
50Fcfa et autres pâtisseries ont droit à l’emballage en plastique, les baguettes tout
comme les pains complets ne se prennent
pas en charge. Il faut débourser au moins
50Fcfa pour l’emballage biodégradable ou
non. Les pharmacies sont l’exception qui
confirme la règle, les produits pharmaceutiques ne souffrent pas de cette pénurie de
plastiques et sont toujours emballés.
Source de dépenses
L’exigence des emballages biodégradables génère une autre source de dépenses
qui, pour certains, parait minime mais représente néanmoins des dépenses en plus
pour les ménages. Si à chaque fois qu’on
se rend dans une grande surface pour des
achats il faut sortir la modique somme de
50 Fcfa pour un emballage, le calcul fait au
bout d’un an n’est pas négligeable. Non
pas que les acheteurs et consommateurs
sont ignorants des dangers liés à l’utilisation des emballages plastiques non biodégradables, mais ce sont les solutions
alternatives qui manquent le plus. Si le
gouvernement se félicite du fait que la
conscience environnementale prend déjà
corps avec l’utilisation des emballages
en carton.
Toutefois, ces emballages en carton qu’encourage le ministère de l’Environnement,
de la Protection de la nature et du Développement durable représentent ce que
l’homme de la rue nomme « débrouillé
n’est pas volé », d’autant plus qu’on attend
toujours la sortie des usines camerounaises des emballages biodégradables.
Surtout que le gouvernement affirme qu’ «
Il ne suffit pas de dire que tel type d’emballage est biodégradable, il faut le montrer à
travers ses éléments de fabrication parce
qu’il y a ceux qui se dégradent après trois
mois, d’autres après six, voire un an et
plus. Puisque le texte interdit l’utilisation
des sachets plastiques de moins de 60 microns, il faut désormais se rassurer sur le
type d’emballages biodégradables à choisir pour assainir notre environnement ».
Autant de problèmes qui font dire que le
gouvernement a mis la charrue avant les
bœufs. Au fil des ans, le Cameroun comme
le Tchad sera débarrassé des emballages
plastiques non biodégradables, mais il y
aura un prix à payer qui partira des fabriques en passant par des marchés et autres grandes surfaces et au final chez les
ménagères. Ne dit-on pas qu’on ne fait pas
d’omelettes sans casser les œufs ?
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
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Dossier
PLASTIC BAG HAZARDS
Plastic bags harm people, by polluting the environment, and killing animals as well as aquatic life.
Florine NSEUMI Léa avec Agences
lastic bags are very popular with
both retailers as well as consumers
because they are cheap, strong,
lightweight, functional, as well as a hygienic means of carrying food as well as
other goods. Even though they are one of
the modern conveniences that we seem
to be unable to do without, they are responsible for causing pollution, killing wildlife, and using up the precious resources
of the earth.
Basically, plastic is a synthetic polymer that
consists of many organic and inorganic
compounds, and is mostly derived from petrochemicals like olefins. Plastic materials
are mainly classified as thermoplastics (polystyrene and polyvinyl chloride) and thermosetting polymers (polyisoprene). Apart
from these, they can also be classified as
biodegradable, engineering, and elastomer
plastics. Although they are extremely useful in many ways, and have been an important part of the global polymer industry,
their production as well as disposal, pose a
great threat to all the life forms on earth.
P
Pollution of landscape
Once they are used, most plastic bags
accumulate on land, or go into rubbish
tips as well as in water bodies like rivers,
oceans, canals, lakes, etc. Each year,
more and more bags are ending up littering the environment. Once they become
litter, plastic bags find their way into our
waterways, parks, beaches, and streets.
And, if they are burned, they infuse the
air with toxic fumes.
During the rainy season, the plastic rubbish
that has fallen on the road gets washed
away into the nearby water reservoirs, canals, and drains, leading to their choking up
and overflowing. Blockage due to plastic
accumulation may form shelters for the
breeding of mosquitoes and other harmful
vectors insects, which might cause numerous diseases in humans.
Kill animals
Countless numbers of animals, such as
goats, sheep die after consuming plastics
in which kitchen salt was tied. Other animals like dolphins, turtles whales, penguins
are killed every year due to these bags.
Many animals ingest plastic bags, mistaking them for food and therefore, die. And
worse, the ingested plastic bag remains intact even after the death and decomposition of the animal. Thus, it lies around in the
landscape where another victim may ingest it.
Approximately 70000 tons of plastic are
dumped in the oceans and seas globally.
Discarded fishing nets and other synthetic
material are eaten by terrestrial as well as
22
aquatic animals, by mistaking them for jellyfish or food, leading to the bio-accumulation of plastic inside their bodies. This can
cause choking in them, ultimately leading
to their death. Scores of fish and turtles die
every year because of this.
Bio-accumulation of plastic inside animals
is one of the most recent effects of plastic
pollution. Over many years, the accumulated plastic releases harmful chemicals, and
also breaks down into small pieces, causing extreme discomfort to the animals.
After their death, the body might decompose, but the plastic fragments may remain
as a threat to other animals.
Non-biodegradable
One of the worst environmental effects is
that they are non-biodegradable. The decomposition takes about 400 years. No one
will live so long to witness decomposition
of plastic! Thus, save the environment for
the future generation of humans as well as
animals.
Burning plastic leads to contamination of
the atmosphere, due to the release of poisonous chemicals, leading to air pollution.
Recycling requires laborers, who are at the
risk of developing skin and respiratory problems due to inhalation of toxic chemicals.
Petroleum is required to produce
plastic bags
Petroleum products are diminishing and
getting more expensive by the day, since
we have used this non-renewable resource, increasingly. Petroleum is vital for
our modern way of life. It is necessary for
our energy requirements -- for our factories,
transport, heating, lighting, and so on. Without viable alternative sources of energy
yet on the horizon, if the supply of petroleum were to be turned off, it would lead to,
practically the entire world grinding to a
halt. And to make plastic, about 60 - 100
million barrels of oil are needed every year
around the world. Surely, this precious resource should not be wasted on producing
plastic bags.
The way forward
Single-use bags have become such a ubiquitous way of life that it seems as if we
simply cannot do without them. However, if
we have the will, we can start reducing their
use in small ways.
A tote bag can make a good substitute for
holding the shopping. You can keep the
bag with the cashier, and then put your purchases into it instead of the usual plastic bag.
Recycling the bags you already have is
another good idea. These can come into
use for various purposes, like holding your
garbage, instead of purchasing new ones.
To bring a decline in its usage, start using
paper or cloth bags for shopping and other
purposes as much as possible, and avoid
bringing plastic bags at home.
Understand the severity of the problem of
plastic pollution, and know the consequences
of dumping plastic in water and on land.
Ensure proper disposal of plastic. Plastic
which is disposed off can be recycled and
used in many different ways such as for
tote bags, wallets, or pouches.
While governments may be working out
ways to lessen the impact of plastic bags
on the environment, however, each of us
should shoulder some of the responsibility
for this problem, which ultimately harms us.
For a clean and green environment, try
to use alternatives to plastic whenever
and wherever possible. Cut down on
your use of plastic, and do your bit to
save our planet.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Evènement
Plastiques non biodégradables
LES PRODUCTEURS DANS LA TOURMENTE
Réunis au sein de l’association camerounaise des professionnels de la plasturgie, les opérateurs de la filière camerounaise des emballages en plastique sont dans la tourmente des
emballages biodégradables.
Florine NSEUMI Léa
u lendemain de l'interdiction, de la
production, de l'importation et de
la commercialisation des emballages plastiques inférieurs ou égaux à 60
microns, les producteurs de la filière
plastique ont rencontré le ministre de
l'Environnement, de la Protection de la
nature et du Développement durable (Minepded) afin d’obtenir une dispense en
faveur notamment des détenteurs de
machines qui ne fabriquent que des emballages plastiques interdits, afin de préserver les emplois.
A l’initiale, l’industrie du plastique au Cameroun était faite à base de polyéthylène et
de polypropylène ; deux
composantes non biodégradables. Pour
rendre le produit utilisable sur le territoire
camerounais conformément à la législation en vigueur, il fallait y ajouter des additifs qui rendent les emballages
plastiques biodégradables. Certaines entreprises dites citoyennes ont commencé
à produire les emballages appropriés
après le 24 avril 2014, date de l’entrée
en vigueur de la mesure d’interdiction
des emballages plastiques. Toutefois, le
nouvel emballage coûte plus cher aux
producteurs qui estiment le coût de l’additif à environ 12 euros le kilogramme
(environ 8000 FCFA). Une somme qu’il
faut imputer sur le prix de revient et
même sur le prix de vente de la mar-
A
24
chandise. Outre cette valeur ajoutée de
la marchandise, les opérateurs économiques de cette filière affrontent d’autres
difficultés liées à la décision ministérielle.
Selon les déclarations en ligne d’Emmanuel Wafo, président de l’association camerounaise des professionnels de la
plasturgie, tous les acteurs de la filière
ne sont pas encore armés : « Il y a d’autres points sur lesquels certaines entreprises
ne sont pas prêtes, car cela demande encore
beaucoup d’investissement. Quelques-unes
ont déjà acquis les équipements qu’il faut,
mais d’autres non. L’autre point est la problématique du permis environnemental, et notamment certains aspects tels que le plan de
gestion des déchets externes, car il y a un
problème de responsabilité morale des entreprises. Quand on demande aux producteurs d’avoir un retour de 80% de leurs
déchets plastiques générés post-consommation, on se demande véritablement si elles
pourraient atteindre ce chiffre. »
Mesures d’accompagnement
Pour satisfaire toutes les parties (gouvernement-producteurs-consommateurs), le
gouvernement doit accompagner les
opérateurs économiques non seulement
par des textes mais aussi par des actes
concrets. Il est évident que la pollution
par les plastiques est un problème bien
plus important en Afrique en général
qu’en Europe, en raison de l’absence
d’une gestion rationnelle et régulière
des déchets.
Au Cameroun, le passage des sacs
plastiques aux sacs biodégradables et
compostables est donc une nécessité
absolue. Les mesures concrètes d’accompagnement pour les consommateurs et les opérateurs économiques
n’étant pas prises par le gouvernement,
le problème reste entier. Pour les fabricants, l’Etat devrait plutôt subventionner
l’importation des granulés pour la fabrication au lieu d’en interdire. « Nous
n’avons pas été consultés avant l’élaboration de cet arrêté. Mettre en application l’article 7 c’est nous demander de
fermer boutique. Nous sommes prêts à
fabriquer des sacs plastiques biodégradables. Que l’Etat accepte juste d’exonérer les taxes d’importation des
granulés et des additifs de dégradation
du plastique. Sinon, les emballages biodégradables coûteront 4 fois plus cher
que ceux vendus actuellement. » se
plaignent les producteurs. En leur renvoyant la balle le gouvernement par la
voix de Pierre Hele souligne que « Le
moment venu, les emballages plastiques seront remis aux détenteurs de
permis environnementaux pour être recyclés ».
Quant à la prorogation de la validité
desdits permis, le ministre avait déclaré
lors de la rencontre avec les professionnels de la plasturgie qu'il en tiendra
compte au moment opportun.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Evènement
Los Angeles plastic bag ban
Large supermarkets can no longer supply disposable plastic bags. Shoppers will have
to bring their own totes or pay a dime for paper.
Christopher Jator
or Los Angeles residents, the perfect holiday gift this year might
have been a reusable grocery
bag. Since January 1, 2014, large grocery stores have been prohibited by law
from providing free plastic bags.
Shoppers are required to bring their own
bags when stocking up on food and
goods, or pay 10 cents per paper bag
provided by the grocery store. Smaller
independent markets and liquor stores
that sell groceries will become subject to
the ban on July 1, 2014.
A rack of cream-coloured canvas
bags greeted shoppersJanuary 2,
2014, at the checkout line at North
Hollywood's Fresh & Easy, a reminder
of the city's new plastic bag ban.
Shoppers could use their own bag,
buy a canvas sack or plunk down 10
cents for each paper bag.
"It was kind of a shock," said Romulo
Pedroza, describing his reaction at the
lack of plastic bags at the counter. Not
wanting to pay for a disposable paper
bag, the North Hollywood resident
bought the $2.79 canvas bag.
In backing the new law, Los Angeles
City Council members cited concerns
that the flimsy disposable bags often
end up on city streets and eventually
find their way to the ocean, where they
threaten fish and wildlife. With the council's June 2013 vote, Los Angeles became the largest city in the nation to
F
ban plastic bags.
Nearly 90 cities and counties in the state
— including unincorporated Los Angeles
County — have passed similar legislation. Attempts to pass a bag ban at the
state level have failed after lobbying by
bag manufacturers, who claim that the
pollution impacts have been overblown
and that jobs would be lost.
In the months since the plastic bag legislation was approved, city officials
have teamed with environmental and
nonprofit groups in handing out hundreds of thousands of reusable grocery
sacks for free. Many are made from recycled materials.
Heal the Bay, a Santa Monica-based
environmental group and ban supporter, acknowledged that some shoppers who reuse plastic bags to
dispose of animal waste will miss
them. On its website, the group suggests using old newspapers to scoop
up dog waste during walks, or to
reuse bread bags or produce bags,
which will still be available.
"You can also use the cereal bag from
the cereal box,'' said Sarah Sikich,
science and policy director for Heal the
Bay, which has been pushing for a bag
ban for seven years. "People get creative when they have to."
Implementation of the law will take
nearly 2 billion plastic carryout bags
out of circulation just in Los Angeles,
Sikich said.
"This is huge step,'' she said. "It really
sends a message to other places, both
nationally and beyond.
Now Chicago and New York are looking
at similar policies for their communities."
Council votes ban
The Los Angeles City Council passed
the ban in June, citing worries about the
financial and environmental impacts of
the bags. Supporters of the law say the
bags litter streets and clog up storm
drains in the city, and that the city
spends millions cleaning up the pesky
sacks. The move is therefore designed
to reduce landfill waste and debris in
local waterways.
The council's decision kicked off a fourmonth environmental review, followed
by what was expected to be routine passage of an ordinance enacting the ban.
At that point, larger stores had six
months to stop handing out plastic bags,
and smaller markets 12 months. After
that, retailers were required to charge 10
cents for each paper bag they provide
customers.
The Los Angeles City Council voted
13-to-1 to move forward with a controversial ban on single-use plastic grocery bags.
The vote was greeted by supporters as
a major step for the environment, while
critics say it's an example of regulatory
overreach that limits consumer choices
and cost jobs.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
25
Portrait
Me Affisiatou Bamane Lamine
La révélation
des FORCES
NOUVELLES
La ministre ivoirienne de la Communication qui a visité le Cameroun en
avril dernier tient sa nomination au
gouvernement grâce à son combat
aux côtés des Forces Nouvelles.
Florine NSEUMI Léa et Agences
u plus fort de la crise politique qui secoue la Côte
d’Ivoire en début d’années
2000, l’activisme de Me Affoussy
Bamba ne laisse pas la classe politique ivoirienne indifférente. Pur produit des Forces Nouvelles de
Guillaume Soro, Mme Bamba, est
devenue une figure incontournable
de la vie politique en terre ivoirienne.
Juriste de formation, elle participe
avec doigté en 2002 à la préparation
des Accords de Linas Marcoussis, et
par conséquent, porte haut les positions des Forces Nouvelles.
A
Pas étonnant que Guillaume Soro
ait fait d’elle sa Conseillère Juridique au sein des départements
ministériels dont il était le titulaire à
l’époque, puis sa Conseillère spéciale lorsqu’il occupait les fonctions
de Premier ministre de la Côte
26
d’Ivoire sous Laurent BGABO.
Par ailleurs, elle a occupé diverses
fonctions au sein de l’administration
publique et de sa formation politique, les Forces Nouvelles de Côte
d’Ivoire, où elle a été conseiller juridique, membre du Directoire Politique, Directrice de Cabinet du
Secrétaire Général, puis porte-parole.
Combattante infatigable, prompte
à capitaliser toute situation politique qui se présente, Me Bamba
est devenue une personnalité incontournable en Côte d’Ivoire avec
l’accession au pouvoir du président Alassane Ouattara. En vue de
mettre sa pleine disponibilité et
son capital d’expérience au service de son pays, voire d’une Côte
d’Ivoire véritablement prospère,
Me Bamba s’est portée candidate
aux élections législatives du 11 décembre 2011 dans la commune
d’Abobo, sous les couleurs du
Rassemblement des Républicains
(RDR), parti au pouvoir en Côte
d’Ivoire.
Sa nomination comme ministre de
la Communication et porte-parole
adjointe du gouvernement ivoirien
n’est qu’une suite logique et une
récompense de son combat et son
engagement politique.
C’est d’ailleurs dans cette posture
de Mincom qu’elle a été en visite
de travail et d’amitié en terre camerounaise du 23 au 28 avril
2014. Il s’est agi pour cette
femme aux idées novatrices de
s’inspirer du modèle camerounais
dans la perspective d’une réorganisation harmonieuse de la commu-
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Portrait
nication sociale en Côte d’Ivoire.
A juste titre, le ministre camerounais de la Communication Issa
Tchiroma Bakary qui servait de
guide l’a conduite dans quelques
groupes et autres entreprises de
presse ; presse libre et diversifiée.
De même, la délégation ivoirienne
qu’elle conduisait s’est entretenue
avec les autorités camerounaises
sur la stratégie de mise en œuvre
de la communication gouvernementales, la migration de l’analogie vers le numérique et la
possibilité de nouer des partenariats entre les médias camerounais
et ivoiriens.
Une synergie indispensable selon
Mme Affoussiata Bamba Lamine,
au regard de la position de leader
qu’occupe le Cameroun dans la
sous- région Afrique centrale. Une
position qui présente aussi de
nombreuses similitudes avec la
Côte d’Ivoire, elle-même leader
en Afrique de l’Ouest. En sa qua-
‘‘
Combattante infatigable
hantée d’un opportunisme positif, prompte à
capitaliser toute situation politique qui se présente, Me Bamba est
devenue une personnalité incontournable en
Côte d’Ivoire avec l’accession au pouvoir du
président
Alassane
Ouattara.
’’
lité de porte-parole adjointe du
gouvernement ivoirien, il était
question notamment lors de cette
visite de remettre au goût du jour
les relations diplomatiques entre
Yaoundé et Abidjan, qui avaient
reçu un coup de froid pendant la
crise ivoirienne.
Qui est-elle ?
Me Affoussy Bamba, de son nom
à l’Etat Civil, BAMBA Affoussiata,
est mariée et mère de deux enfants. Elle a suivi ses études dans
sa ville natale, puis en France où
elle a obtenu ses diplômes de droit
à l’Université Robert Schumann de
Strasbourg. Puis un DESS de Juriste International à l’Université
René DESCARTES de PARIS V.
En 1999, elle obtient un Doctorat
en Droit Comparé, Droit International Privé à l’Université de NANCY II.
Après avoir été juriste à la SAUR
en France, société du Groupe
BOUYGUES, depuis 2000, elle est
titulaire du Certificat d’Aptitude à la
Profession d’Avocat et depuis
2001, inscrite au Barreau de Paris
en qualité d’Avocat.
Femme sportive et endurante, elle
est Chevalier de l’Ordre du mérite
national ivoirien. La Communication qu’elle assure actuellement au
sein du gouvernement de son pays
ne lui apporte pas que des fleurs.
Mais attire aussi des foudres.
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Regards
Gaz à effet de serre
QUELLE STRATÉGIE À PARIS POUR L’AFRIQUE ?
Jugé continent le plus propre
du point de vue des émissions/absorptions des gaz à
effet de serre, l’Afrique tient à
garder sa réputation. Ce qui
passe par la définition de stratégies gagnantes.
Serge William FOTSO
in 2015, Paris accueillera une
conférence des Nations unies
pour parvenir à un nouveau
traité mondial sur le changement climatique. Le président américain Barack Obama s’est récemment
engagé à contraindre les centrales
électriques des Etats-Unis à réduire
de 30% les émissions de CO2 en 25
ans. Une première. La commissaire
de l’Union européenne chargée de
l’action pour le climat, Connie Hedegaard, a estimé que la proposition
d’Obama était «la mesure la plus
forte jamais adoptée par le gouvernement américain pour lutter contre le
changement climatique», selon Rfi.
Les priorités pour l'Afrique, en conformité avec la Convention des Nations
Unies sur le changement climatique,
sont notamment d'éviter la déforestation et d'élargir le couvert forestier.De
même que l'agriculture doit jouer un
rôle central pour réduire encore davantage les émissions de carbone
de l'Afrique.
En effet, bien que l’Afrique contribue
de manière significative aux gaz à
effet de serre (GES) émis à partir
d’autres sources que les carburants
fossiles, il semble qu’elle absorbe
plus de carbone qu’elle n’en relâche
dans l’atmosphère, selon CarboAfrica, un programme de recherche international auquel contribuent 15
institutions africaines et européennes
ainsi que la FAO.
L'étude par CarboAfrica des feux de
F
28
forêt dans le parc Kruger (Afrique du
Sud), des flux de dioxide de carbone
dans les forêts humides du Ghana et
des modèles climatiques au Soudan
montre qu'en dépit de sa contribution
mineure aux émissions de GES à
partir des carburants fossiles - moins
de 4% du total -, l'Afrique apporte une
contribution majeure en ce qui
concerne les émissions mondiales à
partir de sources naturelles.
En ce qui a trait à la déforestation et
aux incendies, les émissions de
l'Afrique représentent respectivement
17 % et 40 % du total, selon cette
étude. En outre, l'Afrique influence
fortement les variations atmosphériques de CO2 entre les saisons et
d'année en année. A cet égard, la
moitié des émissions peuvent être attribuées à l'Afrique.
« Les premiers résultats montrent
que l'Afrique joue un rôle clé dans le
système du climat mondial », indiquait Riccardo Valentini de l'Université de la Tuscia et coordonnateur
pour l'Italie du projet CarboAfrica.
Mais, force est de reconnaître que ce
qui compte le plus, c'est la différence
entre le carbone capté par photosynthèse dans les vastes savanes et forêts de l'Afrique et le carbone relâché
dans l'atmosphère et qui résulte de la
déforestation, des feux et de la dégradation des forêts. Autrement dit, le
cycle du carbone de l'Afrique.
Les résultats concrets montrent
jusqu'ici que l'Afrique est un réservoir
de carbone, c'est-à-dire qu'elle capte
plus de carbone de l'atmosphère
qu'elle n'en émet. Cequi veut dire
que l'Afrique contribue à la réduction de l'effet de serre, atténuant
ainsi les conséquences du changement climatique.
« L'agriculture doit jouer un rôle central pour réduire encore davantage
les émissions de carbone de l'Afrique
», déclarait notamment Maria Helena
Semedo, Responsable du Bureau régional de la FAO pour l'Afrique. Pour
elle, « Nous devons aller au-devant
des agriculteurs, leur apprendre à utiliser leurs terres et leurs forêts de
façon à ce que le cycle du carbone
devienne notre allié dans le combat
contre le changement climatique »,
d’autant plus que de tels efforts
contribuent, dans le même temps, à
renforcer la sécurité alimentaire.
Selon Mme Semedo, une gestion appropriée des sols, notamment les pratiques de conservation, permettrait de
réduire les émissions de GES de
l'agriculture tout en améliorant la productivité et en protégeant l'agriculture
des aléas du changement climatique.
En Afrique, on est également
convaincu d’une chose ; il faudra
s’arrimer aux pays du Nord pour atteindre les objectifs de réduction des
émissions de gaz à effet de serre, de
sorte à les ramener à des proportions
plus raisonnables. La conférence de
Paris réussira-t-elle encourager
toutes ces initiatives ?
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Réflexions
COMMENT DEVIENT-ON ECOCITOYEN ?
Le monde s’était réuni sans succès au Brésil pour le sommet Rio +20, en vue de trouver des accords
internationaux pour sauver notre fragile planète et l’engager dans les voies d’une économie verte.
Ibrahim El Ali
L’enjeu de l’éducation à l’environnement
Aujourd’hui toutes les caméras danseront
la samba avec leurs objectifs en vue de la
coupe du monde de football. Ce moment
de fête sportif va certes emballer les cœurs
Africains pour soutenir nos Lions Camerounais, Ivoiriens, Nigérians ou encore
Ghanéens Algériens. Mais personne ne se
souviendra qu’au moment où le Roi Pelé levait son troisième sacre en 1970, la forêt
arrivait aux portes de nos capitales, l’air y
était de qualité , nos mers étaient riches
en ressources halieutiques et notre lac
Tchad était florissant et prospère. Personne, sauf un journal : Bosangi, un trimestriel de la propreté et de la protection de
l’environnement, fabriqué et publié au
Cameroun.
La dégradation de notre environnement et
le réchauffement climatique sont maintenant des certitudes incontestables, il devient urgent de mobiliser les consciences
de nos politiques publiques sur les actions
à entreprendre autant dans l’invention
d’une
économie
verte
Africaine, que dans la sensibilisation pour
créer une conscience citoyenne active et
responsable. A l’exemple du Rwanda qui a
réussi totalement sa politique zéro sac
plastique, faisant même mieux que les nations occidentales.
« Devoir de mémoire »
Le développement durable est difficilement
compréhensible
dans
l’esprit
Africain, qui n’a pas encore connu le passage à l’ère industrielle. Si on regarde de
près les bénéfices du saut technologique
opéré dans la téléphonie, on peut comprendre aisément que seules l’innovation ,
la créativité pourront nous propulser dans
l’Afrique de l’Emergence, en opérant des
sauts dans le domaine de l’énergie , (au
Mali existent déjà des cartes prépayées
pour l’électricité ), dans le domaine de l’agriculture , de la valorisation de nos forêts et
le savoir pharmacopée traditionnel et leur
mise en brevet dans le marché international
et d’une formation plus adaptée à nos réalités.
Dans certains pays, les applications permettent à chaque paysan à travers son téléphone de suivre l’évolution des cours de
ses produits et valoriser leur prix de revente
puis d’effectuer des paiements à distance.
Pouvez vous imaginez qu’au même moment, en Afrique de l’Ouest on puisse encore couper un arbre qui nous a stocké le
carbone pendant cinquante ans, en faire
deux à trois sacs de charbon de bois et les
vendre au prix de 2000 CFA ? Alors que la
communauté internationale a discuté de la
mise en place du mécanisme REDD (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation forestière) lors de la
conférence de Bali, Celui-ci est ensuite devenu REDD+ en 2009 à Copenhague afin
d’y inclure l’augmentation des stocks de
carbone forestier.
L’Afrique doit impérativement protéger ses
ressources environnementales. D’autant
plus d’importance qu’elle dépend directement des ressources naturelles pour générer des revenus et maintenir les populations
locales en situation de survie… Le développement économique en Afrique est soutenu essentiellement par les ressources
que lui procure la terre. La pêche au Sénégal par exemple, occupe entre 15 et 20 %
de la population active, contribuant uniquement de 2% du PIB, mais permet surtout
d’assurer une autosuffisance alimentaire
avec une contribution moyenne de près de
70% aux apports nutritionnels en protéines
d’origine animale (FAO, 2007).
Le Sénégal a condamné récemment deux
bateaux
russes à payer de lourdes
amendes pour avoir pêché illégalement
dans ses eaux , puis récemment, Arcelor
Mittal a été condamné par la Cour arbitrale
de Paris à payer 450 millions de Dollars
pour la rupture d’un contrat de l’exploitation
d’une mine de fer. Qu’en est il pour les pollutions dans le bassin du Niger des grandes
compagnies pétrolières, qu’en est-il des bateaux toxiques qui viennent déverser leurs
déchets empoissonnés dans nos côtes. ?
Le principe du pollueur payeur est-il réellement appliqué ?
Le réveil et l’Emergence de l’Afrique doit
s’accompagner d’un arsenal juridique pour
mettre en norme les codes environnemen-
taux de nos pays et les faire appliquer.
Comment cela se fait-il que les produits
OGM soient interdits en Europe et se répandent à volonté dans nos agricultures du
coton ? Voulons-nous demain que le ventre
de nos enfants soient contrôlés par des multinationales des semences ?
Notre continent a des richesses tant en
terres agricoles en richesse de sa biodiversité en potentialité d’énergie solaire et hydrocarbures, en ressources minérales ,
nos états doivent impérativement sans handicaper la libre entreprise, trouver des ressources propres dans leur sein pour
assurer la mise en place de l’économie
verte et utiliser les leviers d’actions internationaux dans le marché carbone , pour valoriser notre patrimoine naturel.
Toute la stratégie politique pour nos nations
émergentes consiste à définir des programmes incorporant nos réalités environnementales, avec nos atouts richesse de
la biodiversité etc.… et tenant compte de
nos handicaps, rareté de l’eau, réchauffement climatique, réfugiés climatiques.
Un milliard d’habitants avec une croissance
démographique parmi les plus fortes au
monde : impliquant une vague de migration urbaine et une profusion d’enfants des
rues quittant leur village qui ne connaissent qu’une agriculture liée à l’hivernage.
Alors que leurs terres pourraient produire
toute l’année avec un forage, un puits et un
système de goutte à goutte pour irriguer efficacement les cultures. Demain deux milliards entraineront forcément une plus
grande demande de terres pour l’agriculture, ce qui contribuera à la déforestation,
et à une migration de plus en plus préoccupante dans nos grandes villes.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
29
La parole à….
Thérèse Olenga
« Nous voulons
que l’Occident
paye la facture»
La ministre de l’Environnement de la République Démocratique du Congo a participé à la
rencontre de L’AIMF tenue récemment à
Douala. Elle s’est confiée à votre journal.
Florine NSEUMI Léa
Madame la ministre, pouvez-vous
vous présenter à notre lectorat ?
Je suis Thérèse Olenga, je viens de la
République Démocratique du Congo. Je
suis ministre provincial en charge de
l’Education, de l’Environnement, de la
communication et du genre ; et je suis
porte-parole du gouvernement provincial.
Vous avez plusieurs casquettes, mais
nous allons nous intéresser uniquement à votre casquette de ministre
provincial de l’Education de l’Environnement. A juste titre, vous venez de
prendre part au séminaire del’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) dont le thème portait
sur « Villes d’Afrique centrale et changement climatique ». Que vous a inspiré ce thème ?
Aujourd’hui, on ne peut pas se permettre
de ne pas penser aux changements climatiques parce que la survie de l’humanité en dépend. Seulement, au niveau de
la gestion de nos villes et de nos communautés, nous n’avons pas assez d’informations sur les changements climatiques
: quelles sont les causes et les conséquences et surtout
qu’attend-t-on
comme comportement des politiques de
30
la part des autorités locales. C’est d’ailleurs pour cela que nous félicitons l’Association internationale des maires
francophones autant que la Communauté urbaine de Douala qui ont réfléchi
ensemble afin que ce thème soit mis à
l’ordre du jour de notre rencontre.
Parlant de comportement justement, il
y a belle lurette que votre capitale
Kinshasa se nommait « Kin la belle »
après on l’a surnommée « Kin la poubelle ». En tant que ministre de l’Environnement que faites vous pour
redonner à cette ville ses lettres de
noblesse en matière surtout d’hygiène et de salubrité ?
Aujourd’hui on ne l’appelle plus « Kin la
poubelle ». Avant c’était Kin la belle mais
nous avons traversé une longue période
sombre où la belle est devenue la poubelle. Elle est tout simplement merveilleuse et l’on devra trouver un autre
qualificatif qui soit beaucoup plus explicite parce que Kinshasa a repris ses couleurs. Je pense que nous avons fait plus
que par le passé. Kin s’est vêtue d’une
robe nouvelle avec de belles infrastructures, des parcs de fleurs d’une propreté
sans pareille grâce à une lutte acharnée
contre les sachets dans la ville qui est en
train de porter ses fruits. Des équipes de
travailleurs s’évertuent chaque jour sur le
terrain avec l’implantation des poubelles
publiques. Je vous invite donc à venir visiter notre ville.
Justement en, matière de ramassage
d’ordures comment cela se passe-t-il
? Il y a une entreprise ou bien ce sont
les différentes municipalités qui s en
occupent ?
Kinshasa c’est 9 965km2. C’est énorme.
Il est vrai que 70% de cet espace n’est
pas encore occupé. En somme ce n’est
pas encore une zone résidentielle parce
que nous avons un grand plateau qu’on
appelle plateau des Bateke qui d’ailleurs
est plus consacré l’agriculture. Alors en
termes de ramassage nous avons voulu
organiser les choses de manière sectorisée ; nous avons aujourd’hui recouru à
des ONG qui sont des prestataires de
service engagés par la ville, et qui évoluent sur les 24 communes que compte
Kinshasa ; nous avons pris une phase pilote avec une commune et aujourd’hui
nous avons plus e 5 communes. Je puis
vous rassurer que celles-ci sont totalement maîtrisées et prises en charge.
Bien entendu il y a encore un grand travail à abattre. Les ONG collectent par semaine. Les éboueurs avec de
motoculteurs passent par quartier ou par
maison pour récupérer les ordures qu’on
transporte vers les décharges ou des sta-
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
La parole à….
tions de transit que nous avons implantées. A partir de ces stations de transit,
les grands véhicules viennent récupérer
les déchets pour les amener à notre centre d’enfouissement technique qui est
situé en dehors du centre-ville. Il faut
aussi noter que devant chaque rue, il y a
des ONG qui balaient et désensablent et
les chaussées sont bien propres.
Le Congo votre pays comme la plupart
des pays de l’Afrique centrale fait face
à une exploitation forestière inquiétante qui présage le réchauffement climatique. Quelles sont les mesures
draconiennes prises pour arrêter ce
désastre ?
C’est vrai nous vivons aussi ce drame. La
coupe de bois continue de progresser.
Malheureusement, nous avons des familles qui vivent de la coupe de bois pour
le chauffage, pour en faire du charbon
mais aussi pour en faire un produit commercial. Nous avons essayé de durcir en
ce qui concerne la réglementation. Par
exemple pour abattre un arbre actuellement au Congo, il faut avoir l’autorisation
et avant de l’abattre, les services techniques s’assurent que vous êtes en mesure d’en replanter trois. Nous
encourageons nos populations à replanter les arbres qui n’acidifient pas le sol.
Aussi, nous privilégions les essences locales et nous préconisons des arbres à
croissance rapide. Comme nous avons
aussi des gros ouvrages, les chaussées
sont larges parce que nous avons des
voies de circulation à huit bandes (quatre
de part et d’autre), et c’est pour cela que
nous insistons sur des arbres à racines
profondes parce qu’avec des racines pivotantes cela va conduire à la destruction
des ouvrages notamment.
En même temps, il y a un plan de reboisement dans les campagnes. Outre ces
dispositions, des programmes verts sont
enseignés dans des écoles, nous voulons aussi apprendre à l’homme à
connaitre et apprécier les vertus d’un
arbre : ce sont des plantes médicinales
qui soignent ; c’est l’ombre qui vous protège du soleil ardent (vous savez que
nous sommes sous l’Equateur) ; c’est un
appui carbone ; c’est l’oxygénation…
voila pourquoi nous encourageons la protection de l’arbre.
Vous êtes à la fin des assises de
Douala. Quelles sont les leçons apprises? Avez-vous acquis un plus à ce
que vous faites à Kinshasa ?
Nous avons énormément appris non seulement sur la ville de Douala, mais aussi
les autres municipalités qui sont venues
d’autres pays. Nous pensons premièrement, que nous devons avoir une information complète sur tout ce qui est relatif
aux changements climatiques. Nous aurons appris que le pic de la température
qui a été observé en 1990 était dû à l’activité de l’homme, notamment l’industrialisation. Ceci a occasionné ce
réchauffement qui continue de progresser. On nous demande de réagir par rapport à la survie de l’humanité. Au niveau
des communautés locales nous souhaitons, nous voulons, nous demandons,
nous réclamons que nous soyons pleinement informés par rapport à ce qui se
passe, par rapport aux négociations et
nous pourrions éventuellement prendre
conscience des conséquences et nous
instruire quant aux questions d’adaptation ou d’atténuation de ces méfaits.
Deuxièmement, parce que c’est nous qui
vivons ces phénomènes, nous voulons
être écoutés… Troisièmement être accompagnés en termes de transfert de
technologies ; en termes de compétences ou de transfert de ressources de
l’Occident, nous voulons que l’Occident
paye la facture des conséquences de son
action sur l’écologie qui est à l’origine de
ce changement climatique. Il y a des
fonds verts qui sont mobilisés. Nous voulons en savoir davantage : quelles sont
les procédures ? Comment fonctionnent
ces fonds ? Comment à qui sont-ils destinés ? Il faudrait par ailleurs que ces procédures soient allégées pour nous
permettre d’accéder à ces fonds, d’initier
des projets et que ces projets soient accompagnés. Aujourd’hui les ressources
des municipalités sont assez réduites
comparativement à nos besoins qui sont
énormes. Et s’il y a une mobilisation de
fonds qui est réalisée, il faut que cela profite à nous tous.
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
31
Note de lecture
Déchets plastiques :
UN LIVRE VERT POUR FAIRE LE POINT
La Commission européenne vient de publier un livre vert sur une stratégie européenne en matière
de déchets plastiques dans l'environnement. Ce Livre vert ouvre une période de consultation publique dont le but est d’évaluer l’opportunité d’une législation spécifique aux déchets plastiques.
Jean-Célestin EDJANGUE
« Du point de vue de l’efficacité
des ressources, il est particulièrement important d'éviter la mise
en décharge de déchets plastiques. Toute mise en décharge
de matières plastiques est un
gaspillage manifeste de ressources, qu'il importerait d'éviter
au profit d'autres options préférables: le recyclage ou la valorisation énergétique. Toutefois, les
taux de mise en décharge de matières plastiques demeurent élevés
dans
plusieurs
États
membres, du fait de l’absence de
solutions de remplacement et
d'une utilisation insuffisante des
instruments économiques ayant
démontré leur efficacité.
La nécessité de préserver les
ressources naturelles et d'améliorer l'utilisation efficace des ressources pourrait être un moteur
pour rendre la production de matières plastiques plus durable.
32
Idéalement, tous les produits en
matière plastique devraient être
entièrement recyclables et d'un
coût raisonnable. »
Prévention des déchets, meilleur
contrôle de la hiérarchie des
modes de traitement des déchets,
développement des actions volontaires, augmentation de la valeur
des matières plastiques… le Livre
vert démontre aussi la difficulté de
passer une nouvelle étape pour le
droit des déchets.
Il comporte une analyse (courte)
des limites de la législation européenne actuelle tant du point de
vue de son contenu que de son application. Il comporte en outre une
liste de 26 questions destinées à
susciter des réactions au cours de
la consultation publique ainsi
ouverte.
Intéressant, ce Livre vert n’en est
pas moins un peu décevant. Une
étude de droit comparée plus
fouillée, des idées nouvelles notamment sur la fiscalité des déchets, des propositions pour
dépasser les difficultés d’application de la directive de 2008,
l'étude du déploiement du principe de la responsabilité élargie
du producteur, la consommation
de matière première secondaire
(à définir) pour la production
d’énergie (biomasse) : autant de
sujets pour lesquels le Livre vert
se limite – c’est l’exercice – à
quelques questions sans proposer de réelle analyse de fond. Attendons donc le Livre blanc.
L’enjeu environnemental
Le Livre vert rappelle tout
d’abord que la production de
plastiques et, par voie de conséquence, de déchets plastiques
est en augmentation :
« Dans l’Union européenne (UE27), il est estimé qu'environ 25 Mt
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
Note de lecture
de déchets plastiques ont été produits en 2008, dont 12,1 Mt (48,7
%) ont été mis en décharge, 12,8
Mt (51,3 %) ont été destinés à la
valorisation, et seulement 5,3 Mt
(21,3 %) ont été recyclés. Tandis
que les prévisions pour 2015 annoncent une augmentation globale
de 30 % du niveau de recyclage
mécanique (de 5,3 Mt à 6,9 Mt), la
mise en décharge et l'incinération
avec valorisation énergétique devraient rester les principaux modes
de gestion des déchets. »
Outre une augmentation du « gisement » de déchets plastiques, force
est de constater que les modes
d’élimination prédominants demeurent l’enfouissement et l’incinération, ce qui démontre de ce point
de vue l’échec des mécanismes fiscaux mis en place pour tenter de
corriger cette évolution (TGAP en
France).
Les conséquences environnementales de cette augmentation
des déchets plastiques sont importantes, notamment pour les
océans : « les plaques de déchets qui flottent dans les
océans Atlantique et Pacifique
sont estimées à 100 Mt, dont environ 80 % de matières plastiques. »
Le Livre vert, même court, prend
soin de souligner que le recyclage des matières plastiques
est créateur d’emplois, ce qui
peut apparaître comme une évidence :
« Le recyclage des matières
plastiques possède, à lui seul,
un potentiel de création de 162
018 emplois dans l’UE 27, si le
taux de recyclage atteint 70 %
d'ici à 2020 »
« Les déchets plastiques ne sont
pas spécifiquement couverts par
la législation de l’UE, malgré leur
incidence croissante sur l'environnement. Seule la directive
94/62/CE établit un objectif spécifique de recyclage pour les emballages
plastiques.
La
directive-cadre relative aux déchets (2008/98/CE) fixe un objectif général de recyclage des
déchets ménagers, qui couvre,
entre autres, les déchets plastiques ».
Cependant, il aurait été préférable
de présenter les avantages et inconvénients d'une législation spécifique. La multiplication des règles
particulières peut aussi être
contraignante, notamment pour les
acteurs économiques.
Outre l’absence de législation spécifique, le Livre verte pointe également l’absence d’application du
droit actuel :
« Les dangers liés à la présence
de déchets plastiques dans l’environnement seraient beaucoup
plus faibles si la législation européenne en vigueur en matière de
déchets était correctement mise
en œuvre. La mise en décharge
reste le principal mode d'élimination des déchets plastiques dans
de nombreux États membres. En
outre, le déversement illégal n'a
pas été totalement éliminé et
nombre de décharges sont illégales ou mal gérées. Le nombre
de ménages non couverts par un
système de collecte des déchets
municipaux est un élément encore plus préoccupant; c'est une
situation dans laquelle les déchets plastiques ne sont soumis
à aucun contrôle, ce qui augmente la probabilité que des
plastiques légers atteignent des
masses d'eau puis la me r».
Le Livre vert souligne les conséquences de l’absence de respect
de la législation actuelle :
« Le respect de la législation relative aux déchets peut contribuer
significativement
à
favoriser la croissance économique et la création d'emplois.
Selon une étude récente, la
pleine mise en œuvre de la législation de l’UE relative aux
déchets permettrait d’économiser 72 milliards EUR par an,
d’augmenter de 42 milliards
EUR le chiffre d’affaires annuel
du secteur de la gestion et du
recyclage des déchets de l’UE
et de créer plus de 400 000 emplois d’ici à 2020. »
Prévention des déchets
Parmi les pistes de réflexion
pour l’amélioration tant de la législation actuelle que de ses
conditions d’application, le
Livre vert met à son tour en évidence l'intérêt d'une meilleure
prévention des déchets et de
l'amélioration de l'éco conception des produits :
« Les options stratégiques présentées ici suivent une approche fondée sur le cycle de vie, qui débute
avec la conception des matières
plastiques. Il est évident, en effet,
que la conception des matières
plastiques et des produits en matière plastique joue un rôle clé en
termes de pérennité et détermine
les étapes ultérieures du cycle de
vie des matières plastiques. Par
exemple, le recyclage des matières
plastiques dépend dans une large
mesure de la composition des matériaux plastiques et de la conception des produits en matière
plastique. »
Economie des ressources
Le Livre vert esquisse l’idée de
faire évoluer le droit actuel pour
permettre d’améliorer l’économie
des ressources, tant par la prévention que par « une meilleure gestion des déchets plastiques »
« Des modèles plus durables de
production de plastiques et une
meilleure gestion des déchets
plastiques, notamment des taux de
recyclage plus élevés, offrent un
potentiel considérable pour améliorer l'efficacité des ressources.
Dans le même temps, ils devraient
contribuer à réduire les importations de matières premières ainsi
que les émissions de gaz à effet de
serre. Les économies de ressources peuvent être significatives.
Les matières plastiques sont fabriquées presque exclusivement à
partir de pétrole; à l'heure actuelle,
leur production représente environ
8 % de la production mondiale de
pétrole, dont 4 % comme matière
première et 3 à 4 % comme produit
énergétique destiné aux processus
de fabrication »
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
33
Forum lecteurs
Bosangi, un magazine entre l’information
et la sensibilisation
a sensibilisation
environnementale
au cœur du renouveau Africain et de
l’adhésion populaire. Et
votre Journal Bosangi
depuis plus de 10 ans a
donné l’exemple en
étant précurseur dans ce
domaine.
L
Au Sénégal dans une
campagne de reboisement des mangroves,
plus de 150 Millions de
propagules ont été plantées avec une mobilisation citoyenne sans
précédent
plus de
100.000 volontaires et
essentiellement
des
34
femmes, sur environ
380 villages. Cet écosystème marin retrouvé
a permis de limiter l’infiltration de la saliné dans
les rizières de Casamance. Et chaque citoyen en tire les fruits
dorénavant. L’action qui
produira le changement
a besoin de la participation de tous les acteurs
et la presse reste un incontournable pour mettre en relief les projets
participatifs reproductibles et qui ont l’approbation et l’engagement
des populations locales.
L’Afrique possède encore cette vitalité ci-
toyenne, cette énergie
eldorado de son réveil
et il lui suffit juste d’un
climat de paix et de sécurité, d’une gouvernance
intègre
intelligente et décentralisée, pour la mettre dans
les rails d’un réel développement et dépasser
ses objectifs du Millénaire (OMD)
Notre organisation Blue
Green part du constat
que les initiatives environnementales dans les
pays du Sud ont souvent
pour cadre un programme de coopération
et de suivisme avec les
BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Juillet - Août - Septembre 2014 / N°39
pays occidentaux. Il faut
sortir de cette logique.
Les pays du Sud doivent
cesser d’être attentistes
et de rester dans l’expectative de ce que leur
proposent les institutions
internationales ou les
pays du Nord. Ils doivent
s’impliquer davantage
dans les projets, pour
acquérir une autonomie
et une certaine expertise
sur les différents aspects
du développement durable et réinventer un
monde en harmonie
avec son patrimoine
universel.
Ibrahim El Ali
Président de Blue green

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