Fabrication de machines
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Fabrication de machines
Reportage Solutions Vu chez Citus Solutions FAB R I C A T I O N D E M A C H I N E S Maintenance à distance et conception simplifiée : les choix gagnants de Citus Une machine renferme bien souvent des composants issus de constructeurs différents. Quelles qu’en soient les raisons, économiques ou stratégiques, cela peut nuire à la simplicité de conception. Pour sa dernière génération de machines de fabrication de rouges à lèvres, la société Citus a opté pour les solutions d’automatismes d’un seul constructeur. Son choix s’est porté sur le matériel de B&R Automation. Résultat, le temps de mise sur le marché des machines a été raccourci et leur maintenance facilitée. L ’Oréal, Avon, Yves Saint Laurent, Shiseido… Tout le monde connaît ces marques célèbres pour leurs crèmes, leurs maquillages, leurs parfums, leurs bâtons de rouge à lèvres… En revanche, la société Citus n’est connue que par les spécialistes du secteur de la cosmétique. Elle est en effet spécialisée dans la conception de machines pour la fabrication de bâtons de rouge à lèvres. Des machines L’essentiel tout à fait singulières puisqu’elles exploitent La société Citus a décidé de faire appel à un constructeur un procédé de mouunique pour réaliser lage en silicone qu’elle une nouvelle génération de a breveté en 1994. machines. La fabrication de bâ Grâce à cette offre unique, tons de rouge à lèvres les machines gagnent a beau être un marché en temps de conception. très ciblé, Citus doit On s’affranchit des problèmes faire face aux mêmes de compatibilité entre problèmes que les équipements de différents autres fabricants de constructeurs. machines : intégration La maintenance, surtout, des composants de est améliorée : réglages plus en plus poussée, et modifications s’effectuent développement de simplement en changeant programmes d’autola carte CompactFlash, matismes robustes, et l’application peut être pilotée à distance. réduction des coûts de conception, diminu- 40 tion des temps de mise sur le marché, ou encore simplification des opérations de maintenance. Les performances des machines dépendent bien entendu des choix matériels et de l’architecture qui a été finalement arrêtée. Elles peuvent même dépendre de façon importante des spécificités de la gamme du fournisseur de composants d’automatismes. Pourtant, ce n’est pas toujours facile pour Citus d’imposer la solution optimale pour un process. Certains groupes cosmétiques ont des liens historiques avec les principaux fabricants d’automatismes, et il n’est pas rare qu’ils imposent leurs préférences. En général, leurs cahiers des charges préconisent des marques spécifiques pour le matériel constituant les machines. Toutefois, lorsque Citus entreprend en 2004 le développement d’une nouvelle génération de machines, Jean Eslava préfère se pencher avec la plus grande attention sur les offres de différents constructeurs d’automatismes. Chez Citus, il n’est pas seulement responsable des automatismes. Il est également en charge du service après-vente. De par cette double casquette, il est confronté à la fois aux contraintes liées à la conception des machines et aux problèmes qui peuvent survenir lorsque les machines sont en exploitation chez les clients finaux, c’est-à-dire tout au long de leur cycle de vie. Le tour d’horizon des offres du marché a conduit Jean Eslava à s’intéresser de plus près à la gamme de composants d’automatismes de B&R Automation. Mais il lui restait à convaincre la direction, les actionnaires et les clients de Citus qu’une solution “monoconstructeur” présentait bien des avantages. Défi d’autant plus difficile que dans l’industrie plus qu’ailleurs, on ne change pas si facilement ses habitudes en matière d’achat de matériels. Premier argument avancé : l’installation sur la machine de matériels provenant d’un fournisseur unique assure l’interopérabilité des différents composants et leur meilleure intégration. La baisse des coûts de maintenance des machines est également évidente : « pour des systèmes automatisés complexes, les temps et les coûts de maintenance sont directement fonction Une vue de l’armoire électrique de la machine, sur laquelle on aperçoit les variateurs Acopos de B&R Automation (en bas à gauche). Leur remplacement, en cas de panne, s’effectue de manière totalement “Plug & Play”. Il n’y a rien à modifier dans le programme de l’automate. MESURES 812 - FÉVRIER 2009 - www.mesures.com La dernière machine de coulage de rouge à lèvres propose une productivité doublée par rapport aux machines des générations précédentes. Le process de fabrication s’effectue en ligne, contrairement aux autres qui utilisaient des plateaux rotatifs. du nombre de fabricants impliqués dans la fabrication de la machine, explique-t-il. Plus il y a de constructeurs, plus on prend le risque qu’il y ait une mauvaise interaction entre deux équipements. Sans compter que les fabricants peuvent se rejeter mutuellement la faute en cas de panne inexpliquée. » Pendant ce temps, c’est la fabrication de rouges à lèvres qui en pâtit, car les moyens de production peuvent être arrêtés pendant plusieurs jours. Un PC industriel, des borniers d’Entrées/ Sorties, une interface homme-machine (IHM), des variateurs de vitesse, des câbles, des connecteurs sont les principaux matériels qui composent la partie automatismes d’une machine de production de rouge à lèvres. B&R dispose justement à son catalogue de tous ces produits. Cerise sur le gâteau, en optant pour un Panel PC plutôt qu’un PC et un afficheur pour l’interface homme-machine (IHM), les coûts de câblage et les temps de configuration sont réduits. Second argument : le logiciel fourni avec les composants d’automatismes est nativement conçu pour s’exécuter sur des éléments de la plate-forme de B&R. « Avec Automation Studio, tout paraît plus simple. D’une part, les équipements sont reconnus automatiquement, et d’autre part, la bibliothèque d’objets prédéfinis est très riche. De nombreuses boucles de commande ou d’asservissement sont préparamétrées, ce qui représente un gain de temps non négligeable en conception, affirme Jean Eslava. C’est notamment le cas des fonctions de cames automates, qui demandent d’ordinaire des compétences avancées en programmation, et qui ici s’écrivent en un tournemain. » Chaque programme ou bloc fonctionnel peut être décrit selon les cinq langages de la norme IEC61131, ainsi qu’un sixième langage appelé AutomationBasic (très proche du Basic). Enfin, pour ce qui concerne la visualisation, la connexion aux différents paramètres s’effectue automatiquement. Le regroupement des programmes automate et de supervision sur une même plate-forme logicielle autorise l’accès à toutes les variables depuis l’environnement de développement de l’application de supervision. Cette intégration va même au-delà, puisqu’Automation Studio inclut aussi le pilotage des variateurs de vitesse (partie “Motion Control”) ainsi que la gestion des données qui transitent sur le réseau de terrain PowerLink. De par cette intégration, chaque déclaration de variable est unique (pour un capteur, par exemple), et la variable devient accessible depuis n’importe quel module du logiciel (parties automate, supervision, Motion Control et Powerlink). Reportage Vu chez Citus cœur du savoir-faire Citus. Pour le reste, tout ou presque est de conception nouvelle, à commencer par les programmes automates et les pages de visualisation. Ces dernières ont été réalisées en partenariat avec L’Oréal (le client final), et leur conception a été beaucoup plus rapide qu’avec une application de supervision spécifique. Première différence avec l’architecture des machines d’anciennes générations : des borniers d’Entrées/Sorties étanches (IP67) sont utilisés pour décentraliser une grande partie des informations. Auparavant, tous les borniers d’Entrées/ Sorties étaient des composants IP20 installés dans l’armoire électrique de la machine. Désormais, chaque groupe de capteurs est connecté à un bornier déporté, ce qui réduit les coûts de câblage (grâce à PowerLink, l’architecture en étoile devient une architecture en ligne). De plus, les dimensions de l’armoire électrique ont pu être réduites (elle ne contient plus aujourd’hui que les variateurs, les alimentations et quelques borniers d’Entrées/Sorties IP20). Concernant les autres choix matériels, Citus a opté pour le Panel PC PP420. Ce dernier est capable de prendre en charge tous les calculs (programme automate et pilotage des variateurs) et l’affichage se fait directement sur l’écran 15’’ couleur. La partie contrôle de mouvement exploite PowerLink, le réseau de terrain temps réel et Open Source de B&R. Les valeurs des nombreuses E/S transitent sur un bus appelé X2X, propriété du ➜ Accélérer la conception des machines Jean Eslava convainc ainsi ses collaborateurs des avantages que procurerait une offre matérielle et logicielle intégrée. Ses préconisations sont adoptées et le développement d’un prototype démarre. Citus profite bien entendu de ce changement de stratégie pour repenser la conception de la machine qui jusqu’à présent reposait sur une architecture commune. Mais pour ce projet, seul le principe du moulage et le système de convoyage des palettes ont été conservés car ils sont au MESURES 812 - FÉVRIER 2009 - www.mesures.com L’état de surface d’un bâton de rouge à lèvres doit être irréprochable. C’est pourquoi il est difficile d’y apposer un logo. La société Citus a relevé le challenge en développant une technique de coulage du rouge à lèvres dans des moules souples. Un savoir-faire spécifique qui intéresse au plus haut point les grands groupes cosmétiques. 41 Reportage Vu chez Citus Solutions Solutions Le spécialiste du rouge à lèvres depuis près de 40 ans La société Citus développe des machines pour la production de rouges à lèvres depuis le début des années 70. Les moules utilisés pour le coulage des bâtons de rouge à lèvres étaient alors en métal. C’est en 1994 que l’entreprise développe et dépose un brevet pour des moules en silicones. Cette technique offre une grande liberté pour la forme du bâton de rouge à lèvres, ainsi que de très bons états de surface. Et grâce à elle, ses machines ont été les premières à pouvoir conditionner des tubes sur lesquels figurent des logos (les logos sont très difficiles à obtenir sur un moule métallique traditionnel). Opérant sur un marché très ciblé, la société Citus vend ses machines à fabriquer le rouge à lèvres sur tous les continents. Elle fait aujourd’hui partie du groupe Sirius Machinery Group (regroupant Citus, Norden Pac, Kalix et ADMV). Le groupe, créé en 2004 et positionné sur le secteur de l’emballage au sens large, offre aux quatre sociétés l’opportunité de développer leurs ventes dans les pays asiatiques (Chine et Japon en tête) et sur le continent américain. ➜ constructeur autrichien. Olivier Rambaldelli, responsable marketing de la filiale française, indique que « le principal avantage du bus X2X réside dans le fait que les borniers n’ont besoin d’aucun adressage physique (adresses IP). Et contrairement à la plupart des autres borniers d’E/S déportées du marché, ces borniers IP20 n’embarquent aucune information de configuration ». Ainsi, en cas de panne matérielle, le bornier défectueux peut être immédiatement remplacé par un autre et la machine peut redémarrer au plus tôt. On retrouve cet aspect Plug&Play du côté du contrôle de mouvement. « Avec les moteurs et variateurs de la gamme Acopos, plus besoin de décrire les références ou les caractéristiques dans le programme automate. Ils sont détectés automatiquement par le réseau PowerLink, et le pilotage s’effectue simplement en indiquant une valeur de couple ou de position à atteindre. Et comme pour les borniers d’E/S IP20, un changement de moteur est réalisé par un remplacement de l’ancien par le nouveau. Il suffit ensuite de relancer la machine et l’application redémarre », explique Jean Eslava. Bénéfice non négligeable lorsque l’on sait que la machine peut compter de treize à quinze variateurs. Chine, qui exploite ce prototype. Mais plus encore que la productivité, L’Oréal dont les sous-traitants sont dispersés à travers le monde attachait surtout de l’importance à la maintenance des machines. Car c’est en Chine que seront bientôt utilisés plusieurs de ces nouveaux équipements de production. La conduite et la maintenance des machines devaient donc être à la portée d’opérateurs pas forcément très qualifiés. Faciliter la maintenance sur site ou à distance L’Oréal devait s’assurer que les réparations n’exigent pas une grande expertise. Les choix techniques de Jean Eslava ont permis de répondre à ses attentes. Par exemple, comme l’intégralité des programmes est exécutée depuis une carte CompactFlash, cela réduit les temps d’arrêt. Cette carte mémoire embarque toutes les données relatives aux applications (automatismes, visualisation et contrôle d’axes). L’application démarre uniquement depuis cette carte (le PC n’a pas besoin de disque dur de stockage). En cas de problème, Citus envoie simplement par Internet le contenu de la carte CompactFlash qui était installée. De son côté, le sous-traitant réceptionne ces fichiers, les copie sur une carte formatée spécialement pour la plate-forme B&R, insère la carte, et l’application redémarre. Ce système à base de cartes mémoire trouve également un intérêt pour le paramétrage de la machine. Il suffit aux ingénieurs sur site d’envoyer leurs requêtes (modification de paramètres, correction de bugs, etc.), et Citus leur renvoie les fichiers modifiés. Cela concerne également les corrections à apporter aux traductions des fenêtres de supervision (du français vers le chinois). Comme les machines se destinent principalement au marché chinois, les requêtes de traduction affluent pendant les jours qui suivent le démarrage, et cela aurait pu poser un véritable problème. Mais ici, comme tout est regroupé sur un seul support physique, l’utilisateur a toujours l’assurance de disposer des dernières versions des programmes. Outre le lecteur de cartes CompactFlash, le Panel PC dispose d’un port USB pour le stockage des données de production. Ainsi, les recettes de production sont sauvegardées sur une clef USB, une garantie supplémentaire en cas de panne matérielle, mais surtout le sous-traitant peut envoyer cette clef à Citus. Plus d’intégration pour plus de performances L’intégration dans une même machine de l’ensemble des solutions d’un même constructeur a porté ses fruits en termes de performances. La machine peut atteindre une cadence de fabrication de 60 à 100 bâtons de rouge à lèvres par minute, là où les anciennes générations ne dépassaient pas 40 produits par minute. D’où un net gain en productivité pour l’usine L’Oréal, basée en 42 Les moteurs sont équipés de codeurs Endat, des systèmes multidisque qui délivrent une valeur réelle (et non relative) de leur position. Cela raccourcit les temps d’arrêt, étant donné que le moteur n’a pas besoin de reprendre ses origines avant de redémarrer. MESURES 812 - FÉVRIER 2009 - www.mesures.com Reportage Vu chez Citus Un procédé de fabrication siliconé Le procédé de fabrication des bâtons de rouge à lèvres a été inventé et breveté par la société Citus. Il s’agit d’équiper les machines de moules en silicone, au lieu des moules métalliques traditionnels. Ici, on n’ouvre pas le moule en deux parties (comme c’est le cas pour la plupart des processus de moulage), mais on écarte le moule en silicone du bâton par un système de dépression d’air. Cela garantit au bâton un état de surface parfait (il n’y a pas de plan de joint, contrairement à un moule métallique). Le principe de fonctionnement est le suivant : 1 – Chauffage du moule ; 2 – Remplissage du moule avec le rouge à lèvres fondu ; 3 – Refroidissement du moule pour figer la matière qui compose le rouge à lèvres ; 4 - La surface du bâton est aplatie à l’aide d’un outil chauffant ; 5 – Une pompe à vide crée une dépression qui écarte la partie supérieure du moule ; 6 – Insertion de la “cupule” (le système à vis qui permet au bâton de monter et descendre). Le bâton est maintenu par des griffes ; 7 – Création d’une dépression pour écarter la partie inférieure du moule, puis extraction du bâton de rouge à lèvres. 1/ Chauffage 2/ Remplissage Vide Vide 3/ Refroidissement Vide Vide Vide Vide 4/ Aplatissement 5/ Ecartement du moule En retraçant le scénario précédant une panne, le constructeur est capable d’en déterminer les causes. De plus, le dépannage sur site est facilité par l’uniformité du câblage au sein de l’offre B&R. « Tous nos équipements, qu’ils soient reliés via le bus X2X ou le réseau PowerLink, utilisent le même câble et les mêmes connecteurs, commente Jean Eslava. Avec cette offre unifiée, on rompt avec l’image d’Epinal du technicien qui a besoin d’une valise pleine de câbles tous différents pour réparer une installation, et à qui il manque toujours le bon connecteur pour terminer l’intervention. » Enfin, l’application peut être surveillée à distance. Grâce à un système de contrôle de type Virtual Network Computing (VNC), il est possible de déporter la visualisation. Cela pourra être fait pour assurer la maintenance (visualiser un message d’erreur, par exemple), mais aussi pour assurer un suivi global du processus de fabrication. Pour cela, le responsable de production ouvre une fenêtre sur son PC de bureau et visualise ce qui est affiché sur l’IHM de la machine. Il est également possible de concevoir des fenêtres dif- 6/ Insertion du mécanisme à vis férentes de celles de l’opérateur (pour calculer des indicateurs, par exemple). Mais ce système VNC ne sert pas qu’à la simple visualisation, et fonctionne dans les deux sens. La machine peut être pilotée à distance. Pour l’équipe de Citus, cela se révèle très utile pendant les phases de débogage de la machine. Le choix d’employer un Panel PC renforce encore le caractère “intégré” de la machine. La fiabilité est améliorée par rapport à un système avec PC et écran séparés. Et son grand écran couleur apporte plus de convivialité à l’application que les précédents afficheurs monochromes. MESURES 812 - FÉVRIER 2009 - www.mesures.com Vide Vide 7/ Libération du bâton Après quelques mois d’exploitation de cette machine, le responsable des automatismes de Citus ne regrette pas ses choix. Pour lui, « avoir un interlocuteur unique facilite les réflexions pendant les étapes de conception. Disposer de produits entièrement Plug&Play représente également une avancée significative en comparaison avec les précédentes machines : c’en est fini des problèmes de compatibilité entre équipements de constructeurs différents. Et la plate-forme logicielle commune (pour les programmes d’automatismes, de supervision, de variation de vitesse et de réseau de terrain) est elle aussi un atout majeur, car elle réduit les temps de conception des applications ». Tous ces aspects (ainsi que les fonctions de sauvegarde et de pilotage à distance) vont dans le sens d’une amélioration de la maintenance, à plus forte raison lorsque celle-ci doit être effectuée sur des sites très distants. Opter pour une offre mono présente donc des atouts, « tout en n’étant pas forcément plus chère, puisque nous aboutissons à un système au même prix environ que ce que proposait la concurrence, mais doté de performances et de services plus importants ». Frédéric Parisot 43