SEPARATION OU NON DES URINES ET DES MATIERES

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SEPARATION OU NON DES URINES ET DES MATIERES
SEPARATION OU NON DES URINES ET DES MATIERES FECALES
La matière organique de nos déjections n'est pas un déchet dont il faut se débarrasser à tout prix.
Elle fait partie de l'écosystème qui fournit notre alimentation. La reconduction de cette matière
précieuse passe obligatoirement par un système correct de compostage. Celui-ci se fait en présence
d'une grande quantité de cellulose végétale, pour fixer le rapport carbone/azote (C/N) à 60. De plus,
la matière azotée de la biomasse « animale » (nos déjections en font partie) doit entrer en contact
avec les polymères cellulosiques dès leur émission. En tout cas, avant l'action des différents
enzymes qui minéralisent l'azote et le phosphore (et dégagent les odeurs). Le stockage de l'urine
soustrait l'azote organique du processus de formation de l'humus. La nuisance majeur des W-C,
mais aussi celle des toilettes à séparation n'est même pas la pollution, mais la destruction de cette
matière organique et sa soustraction aux grands cycles naturels.
Un autre impact environnementale des toilettes à séparation est la consommation d'énergie
électrique pour assurer la ventilation et parfois pour le séchage des fèces. Les promoteurs de ces
toilettes appellent volontiers « compost » les fèces desséchées, ce qui en dit long sur l'étendu de leur
ignorance en matière de pédogenèse.
Argumenter sur le fait que l'usage des toilettes à séparation s'étend en Allemagne et dans les pays
scandinaves ne signifie nullement que cette démarche soit juste. La combustion des pellets de bois
et la fabrication des biocarburants s'étend aussi, alors qu'il est facile de montrer qu'il s'agit, dans les
deux cas, d'une véritable atteinte à la biosphère et d'une aggravation des effets climatiques, sans
parler d'autres problèmes posés.
L'idée de la séparation est venue du souci d'espacer les vidanges. Pour ce faire, il a fallu résoudre le
problème soulevé précisément par la séparation, à savoir : le problème des odeurs. On a donc mis
au point des systèmes ingénieux – et fort coûteux – de ventilation forcée et de dessèchement des
fèces.
TROIS GENERATION DE TOILETTES SECHES
La première génération de toilettes sèches comprend les latrines de nos grands-parents : une
cavité ou un trou pratiqué dans le sol, juste en dessous d'une planche équipée ou non d'une lunette
de W.-C.. En raison des fermentations anaérobies (sans air), ces toilettes étaient malodorantes et très
polluantes. L'utilisation agricole des effluents ne semblait cependant pas poser de problèmes
majeurs. Pas même de problèmes sanitaires. A cette époque beaucoup de maladies comme les
allergies étaient pratiquement inconnues. C'était une pratique courante pendant des siècles, voire
millénaires. Il n'est pas inutile d'insister sur le fait que la gestion des eaux usées avec l'usage des
latrines était plus respectueuse de l'environnement que celui des stations d'épuration les plus
perfectionnées. Nous avons déjà montré que mieux ces systèmes fonctionnent, plus ils polluent et
détruisent l'environnement. Cependant, cela ne signifie nullement qu'il faille revenir aux latrines,
même dans les pays en voie de développement comme c'est recommandé par certaines ONG.
• La deuxième génération, développée au 20e siècle est caractérisée principalement par les
toilettes de type scandinaves. Elle avait comme objectif de départ l'amélioration du confort
d'utilisation, par rapport aux latrines. Dans les faits, il s'agit des perfectionnements
techniques apportés au vase de nuit classique afin de rendre possible son usage à l'intérieur
de l'habitation. Afin d'espacer les vidanges, on y sépare l'urine et la matière fécale. C'est la
caractéristique technique la plus importante. L'urine, qui représente environ 90% de la masse
des déjections, est canalisée vers un réservoir de stockage, tandis que les fèces sont
collectées et, pour diminuer leur masse, sont desséchés avec une résistance chauffante, un
courant d'air ou à l'énergie solaire. Afin de maîtriser les odeurs qui, suite à la séparation,
finissent par apparaître, on y installe un système de ventilation forcée. Celui-ci fonctionne
presque toujours à l'énergie électrique. Les fèces desséchées et l'urine sont ensuite épandues
sur le sol. Pour ne pas brûler les plantes, avant l'épandage, l'urine est diluée huit fois.
La troisième génération diffère des autres par le principe de fonctionnement, radicalement
différent de celles qui l'ont précédée. Les nuisances olfactives sont maîtrisées grâce à l'adjonction
d'une litière composée de matière végétale riche en cellulose. C'est ainsi que fonctionne la toilette à
litière biomaîtrisée ou TLB. Dans le réservoir de cette toilette, la cellulose végétale bloque (par
inhibition) les réactions enzymatiques dans les déjections, réactions qui sont responsables du
dégagement des odeurs. Ce blocage ne peut avoir lieu qu'en présence d'urine. Afin d'éviter le
développement des fermentations anaérobies (avec dégagement d'odeurs) la capacité du réservoir ne
peut guère dépasser le volume d'une semaine de «production». De ce fait, les vidanges sont plus
fréquentes. Une TLB, bien qu'elle se place à l'intérieur de l'habitation, ne nécessite pas
l'installation d'un système de ventilation forcée. Avant leur utilisation agricole, les effluents des TLB
sont compostés soit en surface, soit en tas, et le compostage est conduit en deux étapes d'un an.
Le compost obtenu convient à toutes les productions végétales, sans le moindre risque sanitaire.
Faut-il séparer l'urine des matières fécales ?
Il vaut mieux éviter cette pratique, l’intérêt premier de l’utilisation d’une toilette sèche est de
remettre dans le cycle naturel une matière indispensable à l’équilibre de ce cycle.
Afin d’obtenir un compost équilibré, il est indispensable de réunir les urines, les matières fécales et
de la litière ou matière carbonée.
En séparant les deux, les urines sont soit dirigées vers le réseau collectif (dans ce cas, le problème
n’est pas résolu) ou bien stockées dans une cuve afin d’être utilisées au jardin. L’urine stockée dans
une cuve subit une transformation chimique qui la rend plus rapidement et plus facilement
infiltrable dans la nappe phréatique sous forme ammoniacale, ce qui constitue une forte pollution.
De plus, il est recommandé de ne pas s’en servir pure mais de la diluer dans 8 volumes d’eau, ce qui
remet en question la préservation de la ressource en eau escomptée avec l’utilisation d’une toilette
sèche. Quant aux matières fécales stockées seules, elles ne peuvent rentrer dans un processus de
compostage et ne donnent donc aucun résultat valorisant, disons plus clairement que l’on n’obtient
rien de plus que de la merde sèche. On comprend donc que cette pratique n’a pas vraiment d’intérêt
si ce n’est celui de réduire la manutention, mais à quel prix?
Pour en savoir plus
Association Toilettes du Monde - Edition 2009
Un guide online en PDF pour comprendre les contraintes et les avantages de chaque type de
toilettes sèches (pour l'installation et pour l'utilisation), comment se passe la gestion des sous
produits des toilettes sèches, etc.
Consulter les sites :
www.toilettesdumonde.org
www.eautarcie.org
Fiches techniques – ExtraMarché- Juin 2012 – Source :INTERNET - copyleft