tableaux d`une exposition - Orchestre Philharmonique Royal de Liège
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tableaux d`une exposition - Orchestre Philharmonique Royal de Liège
tableaux d'une exposition 1 € dimanche 5 mai 2013 - 16h BACH, Prélude et fugue en ré majeur BWV 532 w env. 10’ BACH, Choral Erbarm dich mein, O Herre Gott BWV 721 w env. 5’ BACH, Toccata et fugue en fa majeur BWV 540 w env. 15’ PAUSE MOUSSORGSKI, Les Tableaux d’une exposition, suite pour piano Transcription pour orgue Jean Guillou (éd. 2005) w env. 35’ Promenade 1 (Allegro giusto, nel modo russico ; senza allegrezza, ma poco sostenuto) 1.Gnome (Vivo) Promenade 2 (Moderato commodo e con delicatezza) 2.Le vieux château (Andante) Promenade 3 (Moderato non tanto, pesante) 3.Jeux d’enfants aux Tuileries (Allegretto non troppo, capriccioso) 4.Bydlo (Sempre moderato, pesante) Promenade 4 (Tranquillo) 5.Ballet des petits poussins dans leurs coques (Scherzino : Vivo leggiero) 6.Samuel Goldenberg et Schmuyle (Andante) 7.Limoges : le marché (Allegretto vivo, sempre scherzando) 8.Catacombae : Sepulchrum Romanum (Largo) Cum mortuis in lingua mortua (Andante non troppo, con lamento) 9.La cabane de Baba-Yaga sur des pattes de poule (Allegro con brio, feroce – Andante mosso – Allegro molto) 10. La grande porte de Kiev (Allegro alla breve. Maestoso. Con grandezza) Étienne Walhain, orgue La cabane de Baba-Yaga, Victor Hartmann dimanche 5 mail 2013 tableaux d'une exposition [programme 22] Dans le cadre du JOUR MONDIAL DE L’ORGUE 2013. O rganiste de la cathédrale de Tournai et disciple de Jean Guillou, Étienne Walhain (1980) propose un récital en deux parties : l’une consacrée à deux monuments de J.S. Bach (le vertigineux Prélude et fugue en ré majeur et la virtuose Toccata et fugue en fa majeur), l’autre aux Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Transcrite du piano à l’orgue, cette « promenade » à travers une exposition de dessins est le moyen rêvé de redécouvrir l’extraordinaire richesse de timbres du grand orgue de la Salle Philharmonique. BACH PRÉLUDE ET FUGUE EN RÉ MAJEUR (1706-1708) C’est l’une des pages les plus brillantes, extériorisées et virtuoses de Johann Sebastian Bach (1685-1750), très marquée par les maîtres du Nord, Bruhns ou Buxtehude, quoique plus développée et frappée d’un sceau très personnel. Les différentes sections de caractère opposé, dont est fait le prélude, la parenté du sujet de la fugue avec l’allabreve du prélude évoquent les grands polyptyques de Buxtehude ; on décèlera également des traces d’influence française dans le prélude, et dans la fugue, des similitudes très précises avec des motifs d’œuvres de Buxtehude et de Reinken. L’œuvre pourrait dater des années 1706-1718. Le Prélude (à 4/4) s’ouvre comme une toccata, dont le caractère triomphal et éclatant conviendrait admirablement à l’évocation de la Résurrection. Avec ses valeurs pointées à la française, la deuxième section jette un pont vers le grand développement. Une dernière section revient au caractère de toccata, avec ses motifsfusées et ses modulations hardies, sur double partie de pédalier, dans un climat dramatique. La Fugue (à 4/4), à 4 voix, repose sur un sujet assez long de cinq mesures et demie, sorte de joyeux et volubile motif. Plus que dans sa structure, c’est dans le renouvellement de ses idées que cette fugue montre son originalité. La forme n’en est pas stricte, et souvent une voix prédomine sur les autres, comme pour rivaliser d’éloquence dans cette joute oratoire débridée où fusent les idées, souvent avec humour ou drôlerie, et en tout cas un entrain irrésistible, demandant une grande maîtrise de la part de l’exécutant. BACH CHORAL ERBARM DICH MEIN, O HERRE GOTT Par son style, ce choral apparaît unique en son genre dans l’œuvre de Bach. Le cantique s’y déploie en un cantus firmus très étiré au soprano, soutenu par un martèlement, largo et staccato, d’accords à trois et quatre voix dont l’harmonie chromatique subtile souligne l’imploration du texte dans le style italianisant de Kuhnau. Mais on sait aujourd’hui qu’il s’agit là d’une assez libre adaptation, peut-être par Bach lui-même (l’autographe a disparu), du premier air, pour soprano et cordes, d’une cantate homonyme due à un élève peu connu de Buxtehude, l’organiste de Tallinn (alors Reval) Lovies Busbetzky, cantate que l’on a longtemps attribuée à Buxtehude. Bach aurait eu connaissance de cette cantate lors de son séjour à Lübeck. Le texte est une déploration du pécheur sur ses fautes : « Aie pitié de moi, Seigneur Dieu, selon ta grande miséricorde, Lave-moi, purifie-moi de mon péché… ». 2 Le Grand Orgue de la Salle Philharmonique 3 BACH TOCCATA ET FUGUE EN FA MAJEUR (1717-1723 ou 1734) Cette œuvre semble devoir être associée à l’orgue de l’église de l’Agneau de Coethen, ce qui permet d’en préciser quelque peu la date de composition. À Coethen, en effet, Bach, musicien de la Cour, n’occupait pas de fonction d’organiste, mais avait néanmoins accès à deux instruments, dont celui de l’église luthérienne (en terre calviniste) de l’Agneau. Construit en 1708, c’était un petit orgue de deux claviers et 13 jeux, parlant bien et permettant la virtuosité — et Dieu sait si cette page en réclame ! Cet instrument présentait surtout l’originalité de posséder un pédalier très étendu, montant, fait exceptionnel, jusqu’au fa de la troisième octave. L’orgue de Coethen, semble le seul sur lequel le musicien ait jamais pu jouer son œuvre ; il aurait donc pu l’écrire durant le séjour qu’il fit en cette ville (1717-1723). Cependant, le fait qu’il ait eu ultérieurement, en 1734, à expertiser l’orgue de l’Agneau après travaux d’agrandissement pourrait laisser croire que l’œuvre ait été écrite pour À ÉCOUTER BACH, Œuvres pour orgue wBernard Foccroulle (RICERCAR) wTon Koopman (CHALLENGE CLASSICS) wMarie-Claire Alain (ERATO) wJean Guillou (UMI) MOUSSORGSKI-GUILLOU : Les Tableaux d’une exposition wJean Guillou à l’orgue de la Tonhalle de Zurich (DORIAN) wJean Guillou à l’orgue de Saint-Eustache à Paris (PHILIPS) 4 cette circonstance. Quant à la fugue, qui ne présente aucun lien apparent avec le prélude, elle pourrait avoir été écrite plus tôt, à la fin des années de Weimar. La Toccata (à 3/8) est l’une des pièces d’orgue les plus développées de Bach. Bâtie sur une cellule initiale évoquant celle de la Toccata « dorienne », elle adopte une rythmique uniforme, flux régulier de doubles croches. On pourrait retrouver ici l’image sonore de l’eau courante, une signature musicale du compositeur — en allemand, Bach signifie « ruisseau ». C’est en fait bien plus un immense prélude qu’une toccata à proprement parler, dépouillé des effets de virtuosité, traits ou récitatifs, accords staccato, etc. relevant du style de l’improvisation, pour céder la place à un travail d’élaboration formelle et contrapuntique très poussé. La Fugue (à 2/4) est en réalité une double fugue construite en trois parties : fugue sur le premier sujet, fugue sur le second sujet (aux claviers seulement), fugue sur les deux réunis. D’APRÈS GILLES CANTAGREL MOUSSORGSKI/GUILLOU LES TABLEAUX D’UNE EXPOSITION (1874, 1922) Mort à 42 ans. Issu d’une famille de haute lignée, Modest Moussorgski (18391881) est destiné par ses parents à une carrière militaire. Il n’a pourtant que 18 ans lorsqu’il quitte la garde impériale et rejoint Balakirev pour former (avec Cui, puis Borodine et Rimski-Korsakov) le futur Groupe des Cinq. Puisant l’essentiel de son inspiration dans la musique traditionnelle et les contes populaires russes, il signe une musique tour à tour démoniaque, humoristique ou tendre (Boris Godounov, La Khovantchina). Ses propres collègues du Groupe des Cinq le considéraient toutefois comme un illettré, lui reprochant un manque de rigueur et de discernement, des duretés harmoniques, une rédaction hâtive autant qu’une autosatisfaction facile. Rimski-Korsakov lui-même se permit de réviser abondamment ses œuvres après sa mort, les réorchestrant, « corrigeant » çà et là des « erreurs » d’harmonie et de contrepoint… Sans doute ce manque de reconnaissance eutil une influence néfaste sur le caractère déjà mélancolique du compositeur. Sa disparition, à 42 ans, sera précipitée par des problèmes d’alcoolisme remontant à son passage de trois ans dans l’armée. 10 tableaux. Les Tableaux d’une exposition trouvent leur origine dans un cycle pour piano conçu en hommage à l’architecte et décorateur de théâtre Victor Hartmann, ami de Moussorgski décédé en 1873. C’est à l’instigation du critique d’art Vladimir Stassov qu’est organisée, en 1874, une exposition rétrospective de dessins, maquettes, souvenirs de voyages en France et en Italie, projets d’urbanisme, costumes de théâtre… La disparition prématurée de Hartmann est ressentie comme une cruelle injustice par Moussorgski, qui s’imprègne de l’exposition pour en retenir dix dessins pris comme point de départ à l’élaboration d’un recueil pour piano aux atmosphères étonnamment contrastées : « Les sons et les idées sont suspendus dans l’air, j’en absorbe jusqu’à m’en gaver, et j’ai à peine le temps de les coucher sur papier »… Écrit en trois semaines, de juin à juillet 1874, l’ouvrage s’articule en dix tableaux dont certains sont précédés de Promenades, sortes d’épisodes transitoires dans lesquels Moussorgski se représente luimême, cheminant avec bonhomie d’un tableau à l’autre. Basé sur un thème récurrent, ils agissent comme un élément unificateur. 70 versions. L’exceptionnelle richesse d’écriture de ce recueil a très tôt incité plusieurs compositeurs à en tenter l’orchestration. Il en existe une septantaine (!) de versions différentes pour des formations les plus diverses. À l’orchestre, c’est la version éblouissante de Maurice Ravel, réalisée en 1922 à la demande de Serge Koussevitski, qui s’est imposée par sa finesse et son respect du texte. À la fin du XXe siècle, l’organiste parisien Jean Guillou (qui a joué à la Salle Philharmonique de Liège en décembre 2011) en a réalisé sa propre version pour orgue, qu’il 5 a enregistrée à plusieurs reprises et que ses disciples (tel Étienne Walhain) continuent de faire connaître à travers leurs récitals. Description. Après l’énoncé du thème, goguenard, de la Promenade, vient une réponse hiératique et intense. Au départ d’un croquis de casse-noisette en bois, Moussorgski imagine un Gnome aux jambes tordues s’avançant péniblement, un nain désarticulé claudiquant convulsivement sur des glissements chromatiques inquiétants. Le thème de la Promenade précède de peu l’irruption d’un thème obsessionnel bientôt repris avec une indicible nostalgie : un troubadour chante devant le Vieux Château. Plus sonore que la précédente, la troisième Promenade s’immobilise un court instant avant de déboucher sur les charmants Jeux d’Enfants aux Tuileries. Dans le célèbre parc parisien, des bambins se chamaillent sous l’œil attendri des gouvernantes. Un souple balancement évoque la naïveté et l’innocence, puis l’emportement et les cris aériens. Sans transition, un Bydlo — chariot polonais à roues énormes tiré par des bœufs — s’ébranle dans un mouvement processionnel lugubre, encore amplifié par un roulement terrifiant. La démarche, pesante, sied bien à l’effort. Introduit par une dernière Promenade, le Ballet des Petits Poussins dans leurs Coques se réfère à un dessin réalisé par Hartmann pour le ballet Trilby, chorégraphié par Petitpa. On y voit des enfants engoncés dans des costumes en forme d’œufs. L’écriture s’y fait coquine, en notes détachées humoristiques qui évoquent des pépiements. À l’inverse, Samuel Goldenberg et Schmuyle oppose la fatuité d’un Juif riche et arrogant (authentique chant hébreu) au dénuement d’un Juif pauvre et pleurnichard. Après une brève altercation, le second devra s’effacer promptement. Dans le Marché de Limoges, de rapides sonneries induisent de vifs traits symbolisant l’agitation, les empoignades, les prises de bec inhérentes à ce genre de rassemblement. Des coups de klaxon semblent même jaillir, pétaradant à l’envi. Après un regain d’effervescence, de puissantes notes plongent l’auditeur dans l’ambiance des Catacombes parisiennes, endroit dans lequel Hartmann s’était lui-même représenté avec une lanterne. L’épisode non numéroté Cum mortuis in lingua mortua (« avec les morts dans le langage des morts ») cite à nouveau le thème de la Promenade. De brefs frémissements achèvent de dépeindre l’ambiance de deuil qui touche Moussorgski à l’évocation de son ami. Issue en droite ligne de la croyance populaire, la pendule imaginée par Hartmann prend la forme de la Cabane de Baba-Yaga sur des Pattes de Poule. Sorcière fantasmagorique, Baba-Yaga se déchaîne sur des rythmes colériques. Dans la partie centrale, une accalmie relative génère de calmes ondulations. Une reprise des extravagances de Baba-Yaga harcèle à nouveau l’auditeur. Portique majestueux, la Grande Porte de Kiev est à l’origine un projet d’architecture imaginé par Hartmann en témoignage de gratitude après l’attentat manqué sur la personne du Tsar Alexandre II. Non exécuté, ce projet se voulait un hommage imposant à l’architecture russe traditionnelle, avec mosaïques et clocher. Sur le plan musical, l’orgue entier est mobilisé dans une immense procession épique et grandiose où les cloches semblent carillonner à toute volée. ÉRIC MAIRLOT Esquisse pour le ballet Trilby, Victor Hartmann, 1871 6 ÉTIENNE WALHAIN Né en Belgique en 1980, Étienne Walhain est l’organiste-titulaire des grandes Orgues Ducroquet de la Cathédrale NotreDame de Tournai. Il a été formé dans plusieurs établissements. Tout d’abord le Conservatoire Royal de musique de Mons où il a obtenu plusieurs Premiers Prix : Harmonie, musique de Chambre, Analyse musicale et Orgue, ainsi que le Premier Prix d’orgue du Conservatoire de Cambrai. Il a ensuite étudié avec Louis Robilliard au Conservatoire National de Région de Lyon, où il reçoit le Premier Prix de perfectionnement avec la plus grande distinction et félicitations du Jury. Il a en outre remporté le Premier Prix d’organisteconcertiste dans la classe d’orgue de JeanJacques Kasel au Conservatoire Supérieur de musique de Luxembourg. Depuis de nombreuses années, Etienne Walhain travaille avec Jean Guillou. Sa pensée musicale tente une fusion entre l’orgue et le monde théâtral. En effet, chaque « personnage » musical est traduit par un leitmotiv scénique. L’orgueorchestre est donc une ressource infinie de caractères et d’atmosphères tant sibyllins qu’euphoriques, tant candides qu’inquiétants, le tout dans le seul dessein de clarté, de mise en situation théâtrale et orchestrale. Actuellement Étienne Walhain poursuit une carrière de concertiste qui l’amène à jouer fréquemment en soliste en Belgique, France, Allemagne, Italie, Grand-Duché de Luxembourg… En 2005, il fut invité pour sa première tournée de concerts aux États-Unis (New York, Boston et Philadelphie) et est invité en 2006 pour une deuxième tournée en Californie et en Virginie. Sur l’invitation de Jean Guillou il a donné un récital lors du Festival International d’orgue de SaintEustache à Paris. www.etiennewalhain.com 7 salle philharmonique prochains concerts Mercredi 8 mai 2013 – 12h30 Musique à midi WAGNERTUBA [gratuit] Avec le soutien des Amis de l’Orchestre Œuvres de Wagner, Bettens, Bruckner, Auvray, Stravinsky, Koetsier Dimanche 12 mai 2013 – 16h GASTINEL / DÉSERT BEETHOVEN, Sonate pour violoncelle et piano n° 4 POULENC, Sonate pour violoncelle et piano DEBUSSY, Sonate pour violoncelle et piano FRANCK, Sonate pour violoncelle et piano Anne Gastinel, violoncelle | Claire Désert, piano mercredi 15 mai 2013 – 18h30 Écouter la musique WAGNER [gratuit] WAGNER, Le Ring, une aventure orchestrale Avec Jean-Marc Onkelinx, Christian Arming et Jean-Pierre Rousseau du 17 au 19 mai 2013 festival wagner Vendredi 17 mai 2013 – 20h Dimanche 19 mai 2013 – 15h Récital SOUVENIRS DE BAYREUTH WAGNER/LISZT, Le vaisseau fantôme, chœur des fileuses WAGNER/LISZT, Tristan et Isolde, Mort d’Isolde RAVEL, Valses nobles et sentimentales RAVEL, La Valse BERLIOZ/LISZT, Symphonie fantastique Roger Muraro, piano WAGNER/LISZT, Tannhäuser, ouverture GOBBAERTS, L’anneau des Nibelungen – Siegfried LASSEN/LISZT, Hagen und Kriemhilde LASSEN/LISZT, Bechlarn CHABRIER, Souvenirs de Munich FAURÉ, Souvenirs de Bayreuth LASSEN, Lyrische Stücke für eine Gesangstimme aus Tristan und Isolde WAGNER/LISZT, Fantaisie sur des motifs de Rienzi Johan Schmidt | Feng Dan Fang, piano Samedi 18 mai 2013 – 16h WAGNER EN Belgique WAGNER, Le vaisseau fantôme, ouverture CHAUSSON, Poème pour violon FRANCK, Symphonie Yossif Ivanov, violon OPRL | Christian Arming, direction Abonnement 4 concerts w 60 / 35 € 19 mai (journée complète) w 32 / 20 € 8 Dimanche 19 mai 2013 – 18h LE RING SANS PAROLES D’INDY, Concert pour flûte, violoncelle, piano et cordes WAGNER, Le Ring, une aventure orchestrale (arr. de Vlieger) Ensemble Kheops OPRL | Christian Arming, direction