Fiche Tomate Industrie - Chambre d`Agriculture du Gard
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Fiche Tomate Industrie - Chambre d`Agriculture du Gard
Fiche Technique Production Développée en Languedoc-Roussillon Filière Maraichage Septembre 2008 Tomate industrie Rédigée par : Charly FABRE Chambre d’Agriculture de l’Hérault Potentiel des marchés Production Principaux pays producteurs Autour de 35 millions de tonnes de tomates fraîches sont destinées annuellement à la transformation dans le monde. La production mondiale se situe surtout aux Etats-Unis (Californie), en Italie, en Chine, en Espagne, en Turquie (13 pays représentent 91% de la production mondiale). Le paysage mondial de la tomate d’industrie a changé ces 15 dernières années : de nouveaux pays producteurs très importants apparaissent tels que la Chine et l’Iran (pour sa propre consommation uniquement). Le cas de la Chine : absente du marché mondial en 95 ; peu présente en 2000, la Chine est devenue aujourd’hui, et de loin, le premier pays exportateur mondial de concentré de tomates avec des ventes de plus de 630 000 tonnes en 2006. Or, ce produit n’est en fait pas ou très peu consommé par les Chinois, pour le moment. Les unités de transformation de la tomate d’industrie : La première entreprise mondiale transforme 2,9 millions de tonnes de tomates fraîches soit presque 10% de la production mondiale. La première entreprise européenne, se situe au 9ème rang mondial avec 560 000 tonnes de transformation en 2006. 4 entreprises européennes (CIO, Heinz, Conserve Italia, Parmalat) comptent parmi les 20 premières mondiales et ont traité à elles toutes 1,7 millions de tonnes de tomates fraîches au cours de la campagne 2006. Au sein des 20 premières entreprises européennes, l’Italie occupe les trois premières places mais ne totalise que 6 entreprises sur les 20, alors que l’Espagne dont la première entreprise se classe au 5ème rang en compte 8. Production en France La production française de tomate d’industrie a été de 100 000 tonnes en 2007. Elle est en baisse régulière depuis le pic de production de 372 000 tonnes en 1999. Elle marque une baisse de près de 33% par rapport à 2005 et de 50% par rapport à 2004. Les estimations 2008 laissent entrevoir un rebond a plus de 120 000 tonnes. La production française représente moins de 2% de la production européenne et moins de 5% de la consommation nationale. La production est répartie sur deux régions principales : Le Sud-Est, avec 60% de la production nationale, concentrée sur le bassin méditerranéen (Vaucluse, Bouches du Rhône) avec des prolongements dans le nord (Drôme, vallée du Rhône) et vers l’ouest (Gard, Hérault). Le Sud-Ouest où la production est centrée autour du Lot et Garonne et de ses départements limitrophes. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 1 Partie 2 : Fiche Tomate industrie En 2007, les producteurs français, moins de 200 producteurs, exploitent 1 300 hectares de tomates où ils obtiennent des rendements moyens de l’ordre de 75 tonnes/ha (la récolte moyenne par exploitation se situe aux environs de 600 tonnes). La transformation industrielle est essentiellement orientée sur la production de concentré, le solde étant constitué par des spécialités appertisées, les jus de tomates et les tomates surgelées. Les transformateurs français sont, pour la plupart, également fabricants de sauces, ketchup, etc., et ils recourent très largement aux importations de concentrés d’origines diverses : Pays d'origine 2004/2005 2005/2006 Turquie 13 893 6 281 U.S.A 6 504 275 Sud Amérique 509 2 601 Chine 157 163 99 360 3 085 1 410 Moyen Orient Source :Tomato News La production française de tomates fraîches, de 100 à 120 000 tonnes, est dans un marché dont les besoins sont proches de 1,5 millions de tonnes par an. Zone de production Tonnage 2006 % Total Vaucluse 8 106 8% Bouches du Rhône 21 898 20,64% PACA 30 004 28,28% Drôme 20 570 19,39% Rhône-Alpes 21 058 19,85% Hérault 17 277 16,28% Gard 2 540 2,39% Aude 688 0,65% Languedoc-Roussillon 20 505 19,33% Lot & Garonne 23 960 22,58% Gironde 1 690 1,59% Aquitaine 34 534 32,55% 106 100 100,00% divers Total France En Languedoc-Roussillon, la production s’élève à 20 505 tonnes en 2006 dont prés de 85% dans l’Hérault provenant de 7 structures d’exploitation spécialisées. Organisation commerciale Les producteurs sont tous adhérents d’Organisations de Producteurs (OP) qui assurent la commercialisation de leur récolte et développent des systèmes d’assurance qualité (production raisonnée, agri-confiance). Les OP régionales : APTO 2, APAAF Val Soleil sont adhérentes au Comité Economique de la TOMate Industrie – CETOMI. Les relations contractuelles entre OP et transformateurs s’établissent sur la base de la réglementation européenne et d’accords interprofessionnels établis au sein de la Société Nationale Interprofessionnelle de la Tomate (SONITO). Des structures réalisent la transformation de la tomate en concentré, cubeté, ketchup, sauces… Ce sont principalement : Conserve France à Tarascon, Société Conserve de Provence à Camaret, Louis Martin Production et Raynal et Roquelaure etc. En 2004, la coopérative Le Cabanon, premier transformateur national de tomates d’industrie (jusqu’à 130 000 tonnes), situé à Ledenon et Camaret, a été racheté par le groupe chinois CHALKIS qui depuis a réduit le volume de tomates transformées à environ 20 000 tonnes en 2006. Prix 70 € a 100 € tonne selon les spécialités. Synthèse La production méditerranéenne a un potentiel de productivité et de qualité satisfaisant et le sud de la France possède de bonnes conditions de production. De plus, les producteurs et les transformateurs européens et français ont un réel savoir-faire. Enfin, la demande est en forte croissance. Cependant, cette culture est assez intensive et les outils de production et de transformation sont vieillissants. De plus, des retraits de matières actives en cours sont préjudiciables car il n’existe que peu d’alternatives actuellement. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 2 Partie 2 : Fiche Tomate industrie Impact environnemental Impact des intrants Cette production de légumes de plein champ nécessite des interventions (protection phytosanitaire, désherbage, fertilisation…) qui selon les conditions climatiques sont jugées importantes et lourdes. Ces remarques sont à relativiser, car grâce aux résultats de la recherche et des outils d’aide à la décision proposée par la SONITO, les producteurs développent des pratiques culturales raisonnées de plus en plus respectueuses de l’environnement et de la santé du consommateur. Chaque producteur bénéficie d’un système de suivi des cultures et d’alertes phytosanitaires (réseau d’observation) qui lui permet tout au long du cycle de production de raisonner et de limiter les interventions au strict nécessaire. Si les besoins en éléments fertilisants, de la tomate d’industrie sont conséquents : N : 120 unités - P2O5 : 100 – K2O : 260 – MgO 80. Ces apports sont maîtrisés. Exemple l’azote : nécessaire au développement végétatif, nuit à la qualité de la récolte et au groupement de maturité. Les apports cessent très tôt pour induire une faim d’azote pendant la phase de maturation des fruits. Le fractionnement des apports est souvent réalisé par la fertirrigation (goutte-àgoutte). très développé). Ces éléments permettent de réduire les apports d’eau. Impact sur les paysages Cette culture présente de fin avril à début septembre, participe à « la mosaïque culturale » du paysage et a ainsi un certain impact visuel. Impact sur la biodiversité C’est une composante de la biodiversité dans les régions du Bassin Méditerranéen. C’est une culture « atout » dans un système de rotation des cultures au sein d’une exploitation. Synthèse Bien que considérée comme une production exigeante, son impact en termes de résidus de produits phytosanitaires et de fertilisants, est limité par les agriculteurs grâce à l’accompagnement du service technique de l’interprofession qui favorise des itinéraires culturaux novateurs respectueux de l’environnement tout en alliant le résultat économique du producteur. Impact sur la ressource en eau L’irrigation est indispensable pour obtenir une récolte de qualité. Les besoins sont de l’ordre de 400 à 500 mm d’eau. La consommation maximale est observée durant la phase de nouaison grossissement des fruits. La conduite est affinée par la connaissance de la valeur de la réserve utile en eau des sols, l’utilisation de tensiomètre, par la diffusion d’abaques de calcul de doses d’irrigation (besoin de la plante / E.T.P ) et le développement de l’irrigation localisée (goutte à goutte Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 3 Partie 2 : Fiche Tomate industrie Contraintes techniques agronomiques et Type de sols Les racines de la tomate sont un peu « fainéantes ». Si elles rencontrent un obstacle, elles vont se développer à l’horizontale. L’enracinement sera alors limité et pénalisant pour l’obtention d’une récolte correcte. Il est donc souvent conseillé de décompacter le sol et de l’enrichir abondamment en matière organique avant toute plantation. La tomate doit pouvoir développer un système racinaire important qui explore un important volume de sol en descendant facilement en profondeur. La tomate accepte de nombreux types de sols, à partir du moment où ils ne sont pas asphyxiants, profondément ameublis, et aérés. Topographie Cette culture est mécanisée sur 98% des surfaces. Les parcelles doivent être faciles d’accès, d’une taille minimale de 1 ha 50, présenter une topographie régulière, une faible pente et ne pas favoriser la stagnation de l’eau. Adaptation au climat Le climat méditerranéen est favorable à la tomate. Toutefois les plantations d’avril peuvent craindre le gel. Il faut ainsi éviter les zones sensibles aux gelées de printemps. Les précipitations de fin septembre–octobre sont parfois très néfastes pour la récolte. Implantation de la production La tomate d'industrie est cultivée en plein champ sur des planches. Ces dernières doivent être constituées de terre meuble et favoriser l'écoulement de l'eau (pluies, irrigation) au contact de la plante. Eviter les parcelles fatiguées par des rotations trop courtes en tomates ou autres solanacées. Eviter les parcelles présentant un risque d’adventices très difficiles à gérer. C'est notamment le cas de la morelle, une mauvaise herbe proche de la tomate. Une parcelle infestée par cet adventice interdit, par exemple, le recours au semis direct, limite le grossissement des fruits, crée un environnement favorable au développement des maladies et gêne la récolte mécanique. Conduite de la production Le rendement en fruits reste l'objectif de base du producteur qui doit amortir des frais de culture élevés (5 200 à 6 200 €/ha, voire plus selon la situation culturale). Compte tenu du développement de la récolte mécanique, les tomates doivent en outre être fermes, peu sensibles aux chocs. Le groupement à maturité est nécessaire. Pour obtenir un étalement des dates de récolte, le producteur programme ses plantations en prenant en compte quatre paramètres principaux : Le choix variétal (gamme de précocité) : il tient bien sûr compte des performances agronomiques et technologiques requises La méthode d'implantation de la culture : semis direct, plantation de racines nues ou de mini-mottes La date de mise en place de la culture : de début avril à début juin Les conditions pédo-climatiques observées sur les parcelles sélectionnées. La qualité du fruit est dépendante de la destination industrielle réservée à la récolte. Ainsi, les tomates destinées aux fabrications de concentré devront être riches en matière sèche soluble, dont le niveau est estimé par indice réfractométrique. Le pH, la couleur du jus avant et après concentration, la viscosité, la présence d'hyphes de champignon sont aussi pris en compte pour qualifier le produit. Lorsqu'elles sont destinées à être appertisées, entières et pelées, les tomates doivent être bien colorées, ne pas présenter de défauts externes, que ce soit avant ou après le process industriel. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 4 Partie 2 : Fiche Tomate industrie Elles doivent se peler facilement et ne pas s'écraser en boites. Leur calibre doit être homogène. Enfin, la qualité organoleptique du produit fini est aussi évaluée. La plantation peut s'effectuer avec des « plants racines nues » ou avec des « plants de mini-mottes » de plus en plus usités. Le coût des plants représente prés de 25% des charges de la culture (plantation de fin Avril à début Juin). En matière de ravageurs, sont particulièrement suivis les acariens, les noctuelles des fruits, les pucerons ou encore, avec le développement du TSWV, les thrips. Les principales maladies affectant la culture sont, de par l'étendue des dégâts qu'elles peuvent provoquer, le mildiou, les pourritures de fruits, les bactérioses. La récolte – d’août à septembre - est réalisée mécaniquement (coût d’une machine a récolter de l’ordre de 130 000 €). Un système de secouage permet de décrocher les fruits des tiges. Les fanes sont éliminées par l'arrière de la machine. Les fruits sont collectés et dirigés vers un tapis où ils subissent un tri colorimétrique, au moyen de détecteurs optiques, puis un tri manuel par du personnel embarqué. Les fruits sont chargés dans des containers appropriés à leur transport vers les usines. Irrigation L’irrigation doit permettre une alimentation raisonnée de la plante afin d’obtenir le meilleur rendement et la qualité optimale des tomates d’industrie. Elle doit être ajustée aux besoins de la plante à chaque phase de son développement. Quatre phases de la culture présentent des besoins : Reprise du plant jusqu’à initiation florale : croissance lente, Kc* 0.6 Floraison-nouaison : croissance rapide, Kc* jusqu’à 1.2 Grossissement et maturation, Kc* de 0.7 à 0.5 Maturation, il convient même d'arrêter les irrigations deux à trois semaines avant récolte de manière à favoriser la maturation groupée des fruits et l'accumulation de matière sèche soluble *Kc : coefficient cultural Contrainte de main d’oeuvre La tomate d’industrie est très mécanisée, la main d’œuvre représente près de 25% des charges de production. Le temps de travail se répartit ainsi : 60% avant récolte (main d’œuvre qualifiée), 35% à la récolte, 5% après récolte. La répartition dans le temps se concentre surtout au mois d’avrilplantation- puis juin – irrigation, binage traitement…- et surtout au moment de la récolte - tri et transport en août. Contrainte foncière La taille de la parcelle permettra la mécanisation de la culture. Sa topographie régulière et un accès à l’eau sont requis. Mécanisation La mécanisation est lourde et spécifique, notamment pour la récolte. Sensibilité au précédent vigne Attention aux accumulations de cuivre dans les sols après vignes, risque de problèmes de phytotoxicité. A l’arrachage d’une vigne le sol a été souvent labouré profond, favorable à la tomate. Par contre, le précédent vigne est souvent favorable au développement de mauvaises herbes aux effets très nuisibles. Une céréale avant la culture de la tomate d’industrie est vivement conseillée. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 5 Partie 2 : Fiche Tomate industrie Dispositif réglementaire auquel la production est soumise Risque financier et intérêt économique pour l’exploitant Suite à la réforme du secteur des fruits et légumes, une nouvelle aide est attribuée à partir de 2008 pour les producteurs de tomates (voir fiche aides PAC). Elle sera dorénavant fonction de la surface de tomates mise en place en France. Le montant de cette aide est calculé sur la base des surfaces déclarées par les OP (aide couplée à la production). Le montant unitaire sera défini en Novembre 2008, sur la base de l’enveloppe budgétaire arrêtée pour la tomate d’industrie. Il augmentera ou diminuera respectivement chaque année en fonction de la diminution ou de l’augmentation de la surface totale nationale de tomate destinée à la transformation. Par ailleurs, la culture permet dorénavant d’activer les Droits à Paiement Unique (DPU). Résultats économiques et facteurs de risque La marge est liée au rendement – très variable (60 à 120 tonnes/ha) et au prix (de 70 € à 100 €/tonne) selon les spécialités et qualité. La filière tomate d’industrie est (a été) en crise. La demande industrielle locale semble fortement se ressaisir, mais y at-il encore des agriculteurs prêts à de tels risques financiers dans un contexte de marché mondial concurrentiel et instable ? Besoins de trésorerie Important Risque financier lié aux investissements Cette production implique une investissements spécifiques assez lourds. Le parc de récolteuses de tomates est vieillissant et les prestataires peu nombreux. C’est un frein important au redéploiement de cette culture. Le montant de l’aide couplée à la production sera ou non incitatif, mais comme le montant de l’enveloppe budgétaire est fixé un nombre élevé d’hectare peut entraîner une baisse du montant de l’aide couplée à l’hectare. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 6 Partie 2 : Fiche Tomate industrie Personnes ressources Chambres d’Agriculture : Chambre d’Agriculture de l’Aude - ZA de Sautes a Trebes CARCASSONNE cedex 9 Chambre d’Agriculture du Gard - Mas de l’Agriculture BP 48078 30 932 Nîmes Cedex9 Chambre d’Agriculture de l’Hérault – Mas de Saporta CS 10010 34 875 Lattes Cedex Opérateurs économiques : ROBERT GIOVINAZZO Responsable Technique SONITO Pascal LENNE SONITO Maison de l'Agriculture Site AGROPARC- Bat B AVIGNON cedex 9 84912 Bibliographie BRUNNER C.Tomate d'industrie : une filière très fragile. Réussir - fruits et légumes, n° 253, juillet-août 2006, p.46-47 Cultivar - le mensuel, n° 593, 21 septembre 2005, p. 24-39 SIMONIN S.. La télédétection affine les préconisations. Culture légumière, n° 74, mars-avril 2003, p. 28-29 CFCE. Portugal : Fiche synoptique tomate en conserve et concentré de tomate. Veille internationale des fruits et légumes transformés, n° 6, juin 1998, p. 34 Guide cultural de la tomate d’industrie édition 1999 SONITO Tomate d'industrie : ferti-irrigation microlocalisée. L'irrigation en goutte à goutte s'impose de plus en plus en culture de tomates d'industrie. Fruits et légumes, n° 163, mai 1998, p. 48-50 DUMAS Y. - BRANTHOME X. Culture de la tomate d'industrie et qualité à l'arrivée en usine. INRA Avignon. Revue horticole - PHM, n° 386, novembre 1997, p. 37-40 Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 7 Partie 2 : Fiche Tomate industrie