Le Mont Saint-Michel
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Le Mont Saint-Michel
Le Mont Saint-Michel la baie du Mont St-Michel : à l’horizon : l’ilot Tomibelaine et, dans le lointain, le Mont La baie s’étend sur une superficie d’environ 500 kilomètres carrés. Elle est le théâtre des plus importantes marées d’Europe: marnage atteignant 13 mètres. La faible pente permet à la mer de se retirer sur une dizaine de kilomètres ; l’estran mesure environ 240 kilomètres carrés. Trois cours d’eau s’y jettent et la traversent à marée basse : le Couesnon à l’ouest, la Sée et la Sélune à l’est. Leur tracé est très changeant. De nombreux sédiments marins et fluviaux se déposent dans la baie. Attention aux sables mouvants ! Deux cent ans de poldérisation ont permis de gagner 3100 hectares pour les cultures maraichères et l’élevage de moutons de pré-salé. Pour obtenir cette appellation, l’agneau doit paître les herbus au moins 60 jours. A l’ouest, des pieux de chêne enfoncés dans la grève permettent l’élevage des moules. Le Mont Saint-Michel est un ilot granitique d’un kilomètre de circonférence et de 80 mètres de haut. « Merveille de l’Occident », il est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Au début du VIIIe siècle, il s’appelait le Mont Tombe. L’archange Saint Michel apparut à Aubert, l’évêque d’Avranches, et lui demanda d’édifier un oratoire en son honneur sur le mont. Il devint un haut lieu de pèlerinage : la chapelle devint abbaye grâce aux dons des pèlerins (les Miquelots) et aux moines bénédictins installés ici. De nouveaux bâtiments furent construits à partir du XIIIe siècle. Pendant la Guerre de Cent Ans, les fortifications furent agrandies et renforcées pour résister aux Anglais installés sur Tombelaine. Sous la Révolution et l’Empire, elle fut prison. La restauration de l’Abbaye fut permise grâce à l’indignation de Victor Hugo. L’îlot de Tombelaine mesure 250 mètres sur 150 et 45 mètres de hauteur. Au XIe siècle, deux moines quittent le Mont Saint-Michel et s’y retirent en ermites. Un prieuré y est fondé au XIIIe siècle. Pendant la Guerre de Cent Ans, les Anglais y construisent un fort avec donjon. Durant les Guerres de Religion, le Comte de Montgomery y établi son repaire. Alors qu’il est propriété de Nicolas Fouquet, un noble demande sa destitution. Il maintenant rattaché à la commune de Genêts. C’est devenu une réserve ornithologique Daniel GAY extrait du fascicule remis aux traverseurs de baie 14 EN ROUE LIBRE - Automne 2011 F ler s 2011 « J’aime à revoir ma Normandie, c’est le pays qui m’a donné le jour ». Même pas vrai comme dirait ma petite fille, avec toutes ces villes et villages se terminant en « ille » il doit bien avoir un Belleville mais ce n’est pas celui des bords de Saône qui m’a vu naître dans son ancien hôpital du dix huitième siècle. On nous avait annoncé la 73e Semaine Fédérale à Flers en Basse Normandie. Vu des sept cent kilomètres qui nous séparent de cette petite ville, ces lieux m’étaient parfaitement inconnus. Monsieur Gogol et un investissement dans la carte Michelin 303 m’ont tout appris sur cette partie de la Basse Normandie située à cheval (bien pour une région de haras) sur l’Orne et le Calvados. Flers se trouve à mi chemin entre Caen et Vire, à une soixantaine de kilomètres des côtes de la Manche. Tous ces lieux évoquent les tripes, l’andouille, l’agneau de pré-salé, le calva, le la Permanence de la S.F. cidre, le Pont l’Evêque, le Livarot, le Camembert et cette cuisine où la crème omniprésente est excellente pour la forme (plutôt l’hôtel les formes) des cyclistes. Notre excellent restaurateur du Site de Clécy Normand nous a proposé de déguster un apéritif local que nous ne connaissions pas et pour ne pas le fâcher…. Le Pommeau a pourtant été apprécié par la plupart d’entre nous qui l’ont allègrement consommé, avec modération cela va sans dire. Cet apéritif à base de jus de pommes plus ou moins fermenté s’est montré le digne successeur des Jurançons, Coteaux du Layon ou autres Picon Bière qui avaient égayé les précédentes semaines fédérales. Plus de la moitié des effectifs du CTC logeait à Clécy, un charmant petit village situé à une vingtaine de kilomètres de Flers et qui se dit être la capitale de la Suisse Normande. C’est le côté vallonné et verdoyant de cette partie du Calvados qui a du inspirer ceux qui ont baptisé ainsi ce petit coin de Normandie. Vu sur une carte, le relief du terrain n’est pas impressionnant avec des points culminants qui ne dépassent guère 300 m. Pourtant, pour passer des champs de pommiers à cidre ou des haras nombreux dans la région jusqu’aux éoliennes, il ne faut pas oublier de changer de braquet. Les Normands ont une nette tendance à faire monter les routes tout droit contre les collines. Nous avons escaladé des taupinières avec 13 % de pente. Pour parcourir les 155 km que comportait une sortie nous nous sommes tapés 1900 m de dénivelé... pas mal pour une région toute plate. Les circuits normands comparés à ceux du Beaujolais, c’est comme si on faisait Villié Morgon-Fleurie et retour toute la journée avec en prime un petit Labourons de temps en temps. Au lieu d’une grande route bordée de vignes comme celle qui relie nos deux villages nous avons pédalé sur de charmantes petites routes dans le bocage normand où dans des forêts de feuillus. Les vaches normandes bien reconnaissables à leurs lunettes (tache plus foncée autour des yeux) nous regardaient passer en se disant qu’elles n’avaient jamais vu autant de cyclistes au bord de leurs prés. Nous connaissions les tarentaises, des vaches aux yeux maquillés, spécialistes de la Tomme, du Beaufort et du Reblochon, mais dégustation de Cidre EN ROUE LIBRE - Automne 2011 15 départ de la balade nous ne savions pas qu’il fallait des vaches à lunettes pour obtenir les appellations Pont l’Evêque ou Livarot. Les organisateurs de la semaine proposaient une petite mise en bouche avec la traversée de la baie du Mont Saint Michel à pied (marée basse bien entendu) Les quatre cent personnes inscrites pour cette balade réparties dans huit cars se sont retrouvés à pied d’œuvre le dimanche vers une heure. Un guide accompagnait une cinquantaine de piétons. Cette traversée d’une dizaine de kilomètres s’est avérée plus physique qu’il n’y paraissait. Marcher pieds nus ne nous est pas coutumier. Si le sable mouillé était porteur, il est des endroits où les pieds s’enfon- Deauville on déguste… oui ou non…? un petit de parapluie…! 16 EN ROUE LIBRE - Automne 2011 çaient allègrement et d’autres où une épaisseur de vase faisait glisser comme sur la neige (en plus chaud). Il fallait aussi traverser les rivières qui coupent la baie avant de se jeter dans la Manche. Malgré le peu d’eau qui coule à ce stade de la marée il y a un courant très fort qui oblige les guides à choisir les passages les plus faciles pour les néophytes que nous étions. la belle ville de Caen Malgré tout, quel plaisir de marcher au milieu de ces étendues de sable et d’eau avec, en toile de fond, une fantastique vue sur Mont Saint Michel et l’îlot de Tombelaine. Les rescapés des sables mouvants (les guides, démonstration à l’appui nous avaient convaincus qu’ils étaient bien là et très dangereux car impossible à voir pour les non initiés) se sont retrouvés au pied du Mont pour… se laver les pieds qui étaient enrobés de vase grise. Des dizaines de personnes qui se lavent les orteils ou qui attendent pour le faire n’est pas un spectacle qu’on voit tous les jours. Dimanche, premier jour en Normandie, très beau temps avec coups de soleil en prime pour les marcheurs du Mont, Il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’arbres pour se mettre à l’ombre en traversant la Baie. Lundi, mardi, mercredi, beau temps pour faire les randonnées prévues par les organisateurs. Le jeudi est le jour du pique-nique, cette année, la pluie s’en est mêlée et cette journée de plein air a été fortement perturbée. Le lendemain malgré un temps maussade nous avons fait une sortie où nous avons pris la flotte les trois quarts de la journée. Le samedi, jour de la clôture si ce n’a pas été le déluge nous n’en étions pas très loin. La réputation de la Normandie, région verdoyante et bien arrosée, était sauvée. Naïvement, nous pensions pouvoir transposer notre dicton Beaujolais de la pluie du matin qui n’arrête pas le pèlerin. A Flers et ses environs pas de compromis, pluie du matin dure jusqu’au soir et au besoin continue le lendemain. Amboise Profitant de notre présence dans la région nous sommes allés EN ROUE LIBRE - Automne 2011 17 visiter ces hauts lieux de la guerre de 39/45 que sont les plages du débarquement allié. Aromanche et son plus grand port artificiel jamais construit (en 12 jours) d’où ont débarqué les milliers de tonnes du matériel amené par les alliés, les plages d’Omaha Beach où tant de vies ont été sacrifiées, la Pointe du Hoc où on imagine encore les rangers américains avec leurs échelles et leurs grappins partir à l’assaut des falaises défendues par les forces Allemandes. Les cratères laissés par les bombes et les obus et l’immensité des cimetières nous donnent une idée de la violence de cette phase décisive de la guerre. Deauville, Trouville et leurs environs, lieux de casinos, de la Pointe du Hoc villégiature et de festivals sont conformes au luxe qu’on attend de villes aussi prestigieuses. Comme chantait Jacques Brel, nous avions vu Vierzon en venant, nous ne pouvions passer à côté d’Honfleur qui était si près, pour voir Dutronc ce sera pour la prochaine fois. Honfleur, avec son charmant petit port tout fleuri, son immense jetée et sa vieille ville nous a ravis. Au-delà de l’estuaire de la Seine on pouvait voir les grues du port du Havre. Pour accéder à cette partie de la Haute Normandie il suffit d’enjamber la Seine en empruntant la magnifique structure qu’est le Pont de Normandie. Vingt et un cétécistes ont fait les sept cents et quelques kilomètres qui nous séparent de Flers. Le temps pour le moins maussade en deuxième partie de la semaine n’a pas incité à Mémorial de la Pointe du Hoc battre des records de kilomètres pédalés. Les visites en voitures ont été plus nombreuses, mais malgré tout, nous garderons un bon souvenir de cette 73e Semaine Fédérale. L’an prochain, Niort, au bord du Marais Poitevin, accueillera la semaine fédérale. Le pâté de ragondin, spécialité culinaire des marais, sera sans doute, consommé avec beaucoup de modération. Après avoir fait connaissance avec les vaches Normandes à lunettes peut être aurons nous la chance de rencontrer des Maraîchines, une race endémique de bovins du Marais Poitevin dont il reste quelques troupeaux autour de Niort. 18 EN ROUE LIBRE - Automne 2011