Reprise réussie d`un magasin d`optique en centre

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Reprise réussie d`un magasin d`optique en centre
dossier
Soutenir la transmission d’entreprise
(LRT) qui ne finance que les plans d’affaires
d’un montant minimum de 200 K €, à une
hauteur maximale de 35 %, prêt d’honneur
de la plateforme compris. En un an et demi
d’activité, le fonds a bénéficié à 46 entrepri­
ses – montant moyen : 15 000 €, hors prêt de
la plateforme ­– et permis la pérennisation
de 230 emplois. Parmi les dossiers emblé­
matiques : celui de Technipierre, une entre­
prise de découpe de granit, abandonnée par
ses actionnaires et reprise par deux anciens
salariés. « Trente emplois ont été maintenus
en Lozère », se félicite Jean-Michel Bonnefoy,
président de la coordination régionale et de
la plateforme Initiative Lozère.
D’autres fonds sont ouverts à tout repreneur.
C’est le cas de BRIT (Bretagne Reprise Ini­
tiative Transmission) porté par la coor­
dination Bretagne. De ce fait, le montant
moyen est plus faible (13 000 € couplés
avec le prêt d’honneur de la plateforme)
mais son impact est plus important :
depuis 2007, les vingt plateformes breton­
nes l’ont utilisé pour financer 1 800 repre­
neurs qui ont sauvegardé ou créé 16 900
emplois. « Aujourd’hui, les plateformes de
Bretagne font 45 % de reprises contre 33 %
en moyenne dans le réseau. Cela mon­
tre qu’un fonds bien doté a permis aux
plateformes d’intensifier leur action en
faveur des transmissions de façon struc­
turante », estime Cécile Le Bihan, anima­
trice de la coordination régionale Breta­
gne. Un constat que fait Élodie Larnicol,
animatrice d’Initiative Cornouailles, au
niveau de sa plateforme : « Notre plate­
forme a progressé en nombre de dossiers
de reprise. Aujourd’hui, un dossier sur
deux concerne une reprise avec quatre à
cinq emplois par entreprise en moyenne ».
Chaque fonds transmission a été créé
grâce à l’abondement de la Région et de
la Caisse des Dépôts. Les fonds européens
(Feder) sont également souvent mobilisés.
Certains fonds parviennent à mobiliser des
partenaires bancaires : Caisse d’Épargne et
CIC pour Lorraine Transmission, toutes
les banques mutualistes (Crédit Mutuel,
Banque populaire, CIC, Crédit Agricole,
Caisse d’Épargne) pour le fonds BRIT. De
grandes entreprises peuvent également
intervenir comme EDF dans Auvergne
Transmission, Lafarge dans le fonds BRIT.
Île-de-France Transmission a également
bénéficié de financements d’entreprises
via les fonds de revitalisation.
Partout, l’effet de levier sur les prêts ban­
caires est important : 8,2 en Languedoc­Roussillon, 11 en Île-de-France, 14 en
Auvergne… « Les banques sont devenues
les principaux prescripteurs de dossiers
pour le fonds BRIT, note Cécile Le Bihan.
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l no 194 l mai 2014
rubrique
Reprise réussie d’un magasin
d’optique en centre-ville
Reprendre un magasin d’optique, Naïma Mebarki y pensait depuis longtemps. L’occasion se
présente en 2012, à la faveur du changement de propriétaire de l’enseigne qui l’emploie
comme cadre – elle gère la boutique de A à Z. Elle conclut une rupture conventionnelle et se
lance à la recherche d’un magasin à Gennevilliers, là où elle exerce son métier d’opticienne
depuis treize ans. Au bout de 14 mois de recherche, elle tombe sur la perle rare : une boutique
d’optique indépendante, en plein centre, qui compte trois salariés. « Situé sur la place
de l’église, à proximité de la toute nouvelle ligne de tramway, le magasin avait été refait à neuf
quatre ans auparavant : c’était l’emplacement idéal », estime Naïma Mebarki. Le prix demandé
dépasse sa capacité d’endettement. Une première demande de prêt échoue. Sa conseillère
de la CCI l’oriente vers Hauts-de-Seine Initiative. Elle présente en janvier 2013 son dossier
devant le comité d’agrément qui lui accorde un prêt d’honneur de 10 000 €, doublé d’un prêt
Île-de-France Transmission (sur la ligne des fonds de revitalisation) de 20 000 €. Le deuxième
tour de banque est plus fructueux. « La plupart des banques connaissent Hauts-de-Seine
Initiative. Leur accord a été un vrai coup de pouce et j’ai pu emprunter la somme nécessaire.
Sans cela, j’aurais renoncé à cette boutique et cherché autre chose, quitte à me lancer seule,
sans autant de masse salariale », indique l’opticienne. Une négociation du prix de vente,
diminué de près de 15 %, facilite aussi la décision des banques.
En juin, elle prend possession des lieux, rebaptise l’enseigne « Optique du village », relooke
la devanture et optimise l’organisation du travail. Elle change aussi de fournisseur
de verres pour proposer des tarifs plus attractifs à ses clients. Elle travaille beaucoup –
les dimanches après-midi sont souvent réservés à la comptabilité ! – mais ne regrette rien :
« Mes résultats sont en conformité avec mon business plan et, grâce à un suivi au jour
le jour, je n’ai pas de problème de trésorerie, la hantise du chef d’entreprise ! Et quelle
satisfaction d’être libre dans ses décisions ! »
Outre l’aspect financier, elles sont intéres­
sées par l’instruction et le suivi des dossiers
par la plateforme ». Constat identique en
Languedoc-­Roussillon. « Même si nous n’ap­
portons que 50 000 € sur un plan de finance­
ment de 500 000 €, c’est la confiance générée
par le comité d’agrément qui entraîne l’inter­
vention des banques », indique Jean-Michel
Bonnefoy. L’obtention du prêt LRT permet
aussi de décrocher d’autres aides régiona­
les, comme l’avance remboursable PACTE.
Forts du succès remporté par les fonds
transmission, des outils complémentaires
ont vu le jour : un fonds transmission tou­
risme a été créé en 2008 en Aquitaine pour
financer la reprise de campings et d’hôtels,
activités très capitalistiques et rentables
sur le long terme. Abondé par la Région et
la Caisse des Dépôts, il a permis de finan­
cer quarante reprises.
En Bretagne, suite à un audit mené en 2011
par les financeurs – qui a conclu à la per­
tinence de l’outil –, le fonds BRIT a été
doté cette année d’une ligne de crédit de
300 000 € à destination des reprises d’en­
treprise par les salariés en SCOP.