Volnay-Pommard - Bourgogne Aujourd`hui
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Volnay-Pommard - Bourgogne Aujourd`hui
Appellation Volnay-Pommard Volnay, aux points Volnay remporte son faceà-face avec pommard, mais une victoire aux points, à l’issue d’un combat intense, de haut niveau, qui en annonce d’autres plus serrés encore à l’avenir. À Résultats Pommard Volnay Pourcentage global de vins sélectionnés 47% 55% Taux de progression/ +3 points la dernière dégustation (44% - BA n°60) % de "grands" vins (3 et 4 grappes) / nombre total de vins sélectionnés (4 points) 32 • Bourgogne Aujourd’hui 68 10% (10 sur 100) +15 points (40% - BA n°59) 18% (16 sur 91) ma gauche : volnay, 220 hectares, quelques domaines “stars”, de grands terroirs, symbole de la finesse du pinot noir en Bourgogne ; à ma droite : pommard, 330 hectares, poids lourd parmi les poids lourds, l’une des appellations les plus connues de Bourgogne, des premiers crus postulants au grade de grand cru, l’archétype du vin rouge corsé, puissant. Arbitre : 2003, millésime “brûlant”, né sous les feux d’un été comme la Bourgogne n’en avait pas connu depuis des siècles. Présenté comme cela, le combat des deux poids lourds des vins rouges de la côte de Beaune avait “de la gueule”, le genre de face-à-face que l’on peut qualifier de combat du siècle et le combat a tenu toutes ses promesses. Comme on pouvait s’y attendre, volnay, appellation moins connue, mais plus homogène pour plusieurs raisons sur lesquelles nous allons revenir, l’emporte, mais aux points et à l’issue d’un affrontement de haut niveau. Volnay dépasse allégrement les 50% de vins sélectionnés, alors que pommard Volnay/Pommard, voisins, frères “ennemis” et surtout terres d’élection du cépage pinot noir. Bourgogne Aujourd’hui 68 • 33 Appellation Volnay ! Quand l’AOC n’est pas frappée par la malchance, elle est au sommet de la production des vins rouges. Volnay et son vignoble “compact”, l’un des plus homogènes de Bourgogne. 34 • Bourgogne Aujourd’hui 68 n’est désormais plus très loin de cette barre symbolique. Les pourcentages ne veulent pas tout dire, mais quand même ; pommard partait de loin et les progrès réalisés en quelques années sont fulgurants : “Pommard est en train de retrouver son lustre passé”, estime Anne Parent, vigneronne dans le village et elle a raison. Après des décennies de grande hétérogénéité, les pommards retrouvent de la brillance, une finesse de tannin, une complexité aux antipodes de l’image traditionnelle de rusticité qui colle à la peau de l’appellation. Pommard a été et reste victime de son succès. Appellation phare de la côte de Beaune depuis des siècles, AOC au nom que l’on dit facilement prononçable dans toutes les langues, pommard a fait l’objet de telles convoitises que l’on aboutit à la situation actuelle : 45% seulement du vignoble de Pommard appartient aux vignerons de Pommard (les deux tiers à Volnay), et on avance le chiffre de 500 marques différentes de pommard sur le marché. Un record en Bourgogne. Revers de la médaille : “Le nom pommard attire et fait peur à la fois ; beaucoup de gens ont été déçus par des vins moyens achetés cher”, ajoute Olivier Cyrot, vigneron dans le village. La réputation de rusticité tannique des vins de Pommard est probablement en partie liée à la nature de certains terroirs mais surtout à cet éclatement du foncier entre des producteurs sérieux et moins sérieux pour lesquels l’essentiel était d’avoir du pommard à la carte, vendu d’avance, et peu importe la qualité de ce qu’il y avait dans la bouteille. Prenez des pinots noirs pas mûrs et le vin finit rustique ; prenez des dizaines de bouteilles issues de raisins de pinot noir pas mûrs et l’appellation devient vite une appellation de vins durs et rustiques. Charles Ballot, 26 ans, vigneron à Meursault (domaine BallotMillot) et propriétaire important à Pommard apporte la vision décalée de la nouvelle génération : “Le pommard tannique, puissant, mais pas rustique, existe dans le premier cru Rugiens, le plus célèbre, c’est évident, mais pas dans les Pézerolles, les Charmots, les Épenots… Je pense que les anciens ont voulu faire des vins qui ressemblaient aux Rugiens, sans toujours respecter la nature des terroirs. C’est un peu comme à Meursault où l’on a voulu faire partout des vins blancs gras, alors que beaucoup de très grands terroirs ne produisent pas naturellement ce type de vin. Il ne faut plus vinifier par rapport à la réputation de l’appellation, mais par rapport à la nature profonde des terroirs, tous très différents les uns des autres”. Une évidence : pommard bénéficie aujourd’hui à plein de l’expertise de cette nouvelle génération qui n’a plus grand chose à faire des réputations, des a priori, voire de certaines traditions, et passe son temps à se remettre en question, à chercher le détail qui va faire la différence qualitative. Et le “vainqueur”, Volnay ! Quand l’appellation n’est pas frappée par la malchance, comme ce fut le cas récemment en 2001 et 2004 avec des orages de grêle dantesques, elle est tout simplement au sommet de la production des vins rouges en Bourgogne, postulante sérieuse à la première place du podium et ce pour diverses raisons. Les terroirs. Le vignoble de volnay est compact, très homogène et même en y regardant de très près on ne voit pas très bien ce qui cloche dans ce petit bloc de 220 hectares ; le tout avec quelques premiers crus exceptionnels (Caillerets, Clos-des-Chênes, Taillepieds, Santenots-du-Milieu…) où sont produits des vins de très grande race capables de vieillir très longtemps ; les bouteilles de volnay du XIXe siècle conservées par la maison Bouchard Père et Fils dans ses caves sont sur ce point on ne peut plus démonstratives. Pommard possède également le meilleur -premiers crus Rugiens, Épenots, Pézerolles-, dans des styles tout aussi différents, mais sur 330 hectares, le vignoble est loin d’être aussi homogène, particulièrement en appellation village où quelques expositions plus “froides” réclament une grande exigence à la vigne pour produire des vins de qualité ; le genre d’exigence dont beaucoup de producteurs savent aujourd’hui faire preuve, ce qui n’était pas le cas il y a seulement dix ans. Les hommes bien sûr. “Leaders” historiques ou récents -de Montille, d’Angerville, Lafarge, Voillot, Pousse d’Or, Henri Boillot-, implantation ancienne du négoce (Bouchard Père et Fils, Jadot) et “jeunes loups” aux dents longues réunis depuis quelques années sous la houlette de Nicolas Rossignol autour de cycles de dégustation où l’on se dit les choses en face, le facteur humain a toujours été Pommard appellation “star” où l’on trouve de plus en plus souvent le meilleur, mais encore parfois le pire. prépondérant, dynamique à Volnay et il continue de l’être ; le lancement en 2004 de l’opération de promotion “Élégance des Volnays” en est une preuve supplémentaire. Même si la dynamique collective n’est probablement pas la même (difficile avec une appellation aussi éclatée), pommard ne manque pas de grands noms ni de grands domaines de haute qualité -Jean-Marc Boillot, de Courcel, Comte Armand, Parent, Joillot, Rebourgeon-Mure…-, la montée en puissance de la maison Bichot et la reprise en mains du Château de Pommard sont également de bonnes nouvelles pour le village. Pommard est donc à l’évidence sur la bonne voie, avec toutefois encore un peu de chemin à parcourir… Christophe Tupinier Photographies : Thierry Gaudillère, Juliette Limonier. Grands crus et pommard blanc ? Un dossier de classement en grand cru des pommards premiers crus Rugiens et Épenots a été officiellement lancé par le syndicat viticole en 2005. La constitution du dossier, destiné à être déposé à l’Institut national des appellations d’origine, a commencé et les discussions promettent d’être animées sur le thème : faut-il demander le classement de tout ou partie des Rugiens et des Épenots. Autre dossier, inattendu, lancé par Olivier Cyrot : étendre l’appellation aux vins blancs sur le constat simple : “Il y a forcément des terroirs où le chardonnay mérite d’être essayé”. Repères Sens Joigny Chablis Auxerre Tonnerre Dijon Nevers Pommard Volnay Beaune Chalon sur Saône Mâcon Pommard Volnay Superficie totale 330 ha 220 ha Premiers crus 115 ha 128 ha Vins rouges 100 % 100% Décret d'appellation 11 septembre 1936 9 septembre 1937 Communes de production Pommard Président du syndicat viticole Jean-Luc Joillot Frédéric Lafarge Région viticole Côte de Beaune Côte de Beaune Volnay et Meursault (pour volnay Santenots) Bourgogne Aujourd’hui 68 • 35