le nazisme et la jeunesse
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le nazisme et la jeunesse
L'influence du nazisme sur les jeunes Allemands DOCUMENT 1 : l’antisémitisme des enfants Melita Maschmann est née à Berlin en 1918. Elle a travaillé au Service de presse nazi, puis a été affectée à l’administration de camps de travail féminins en Pologne et en Allemagne. Capturée par les alliés en 1945, elle fut libérée en 1948. Dans les années 50, elle prit conscience de la vérité sur le National-Socialisme et entreprit de raconter son parcours. « Que se passa-t-il pendant l’enfance de cette génération de la classe moyenne allemande qui fit d’elle une telle source de pouvoir pour les maîtres du IIIe Reich ? J’incriminerais surtout l’atmosphère sombre des lendemains de la première guerre mondiale. Nos parents se plaignaient sans cesse de l’appauvrissement croissant de l’Allemagne... Nous entendions toujours les adultes parler de tel ou tel de leurs amis qui avait perdu son emploi et ne savait plus comment faire vivre sa famille. On comptait à la fin six millions de chômeurs. De plus, mes parents imputaient tout cela aux réparations que l’Allemagne devait payer à ses anciens adversaires, ainsi qu’à la perte des zones industrielles allemandes. On ne parlait pas, en revanche, des conséquences de la grande crise économique qui était durement ressentie partout, pas seulement en Allemagne, au début des années 1930. Tous nos maux venaient du désastre national de Versailles... Ils disaient: « L’Allemagne a perdu la guerre, bien qu’aucun pays n’ait eu de soldats aussi courageux que les siens. Elle n’a pas été battue sur le terrain, mais poignardée dans le dos par les crapules qui la gouvernent à présent. » Tout enfants que nous fussions, nous sentions à quel point ces partis maudits empoisonnaient l’atmosphère. J’avais douze ans lorsque je me trouvai prise dans un combat de rue, entre communistes et nationaux-socialistes... On entendait sans cesse répéter que l’une des raisons de ce triste état de choses était l’influence grandissante des juifs. Quand j’étais entrée à dix ans au Lycée, le tiers de mes camarades étaient des juives et je les traitais exactement comme les autres. Mes parents fréquentaient des collègues juifs de mon père et l’excellent vieux M. Levy, qui occupait l’appartement au-dessous du nôtre, était un ami. Mais tout cela n’empêcha pas mes parents d’être antisémites... Les adultes nous enseignèrent que les juifs étaient mauvais, qu’ils faisaient cause commune avec les ennemis de l’Allemagne, etc... Pour nous, le juif faisait donc figure d’épouvantail... J’avais acquis des tendances antisémites sans que cela troublât mes relations avec des juifs... Cette confusion mentale me permit par la suite, de me conduire et de penser en antisémite, sans me rendre compte de ce que cela avait d’inhumain, sans me poser de questions sur ma propre honnêteté mentale. Si l’orgueil national de ma génération n’avait pas été exacerbé par l’amertume de la défaite il n’aurait jamais tourné au fanatisme, comme il le fit sous l’influence de Hitler. Dès le début notre vision des choses manqua de modération... nous étions donc prêts pour devenir des nazis enthousiastes... Nous rêvions de nous sacrifier à un idéal... L’idée de Hitler d’une "association de toute la nation" me fascinait. J’imaginais que cela ferait de ce monde un paradis où toutes les classes vivraient ensemble comme les membres d’une même famille. Je ne pensais pas alors que quantité de gens seraient exclus de ce paradis. Hitler réussit à nous communiquer son fanatisme... Le fanatique croit que la fin justifie les moyens. Il ne voit que le but à atteindre et reste sourd à tout le reste. En nous, sans que nous nous en rendions compte, peut s’estomper la frontière qui sépare le bien du mal. L’abominable, c’est que ce ne sont pas des gangsters ni des brutes, mais des hommes bons, dont l’esprit et l’âme étaient honorablement doués, qui se sont mis au service d’un mal sans limites. En mars 1933, et contre le voeu de mes parents, j’adhérai secrètement aux Jeunesses Hitlériennes..." » Extraits de Ma Jeunesse au temps du Nazisme par Melita Maschmann DOCUMENT 2 : l’impact de la Première guerre mondiale sur les enfants Fils d'un fonctionnaire prussien et enfant au moment de la Première Guerre mondiale, domicilié à Berlin, Sebastian Haffner (1907 - 1999) a rédigé ses souvenirs à la veille de la Seconde Guerre mondiale et de son exil en Angleterre. Ce n'est qu'après son décès que le texte a été édité et une analyse du manuscrit a confirmé que celui-ci date bien des derniers temps qui précèdent l'agression nazie contre la Pologne. « On trouvera peut-être inutile de présenter avec autant de détails les réactions manifestement inadéquates d'un enfant confronté à la Première Guerre mondiale. Et ce serait certainement inutile s'il s'agissait d'un cas particulier. Mais ce n'est pas un cas particulier. C'est d'une façon identique ou similaire que toute une génération d'Allemands a vécu la guerre dans son enfance ou sa prime jeunesse - et il est révélateur que ce soit cette génération-là qui prépare aujourd'hui la prochaine. L'impact et les conséquences de cette expérience ne sont pas moindres du fait que ceux qui la vécurent étaient des enfants ou de jeunes garçons. Bien au contraire ! L'âme collective et l'âme enfantine réagissent de façon fort semblable. Les idées avec lesquelles on nourrit et ébranle les masses sont puériles à n'y pas croire. Pour devenir une force historique qui mette les masses en mouvement, une idée doit être simplifiée jusqu'à devenir accessible à l'entendement d'un enfant. Et une chimère puérile forgée dans le cerveau immature de dix classes d'âge, où elle reste ancrée durant quatre ans, peut très bien faire vingt ans plus tard son entrée sur la scène politique, costumée en idéologie délétère. La guerre est un grand jeu excitant, passionnant, dans lequel les nations s'affrontent ; elle procure des distractions plus substantielles et des émotions plus délectables que tout ce que peut offrir la paix : voilà ce qu'éprouvèrent quotidiennement, de 1914 à 1918, dix générations d'écoliers allemands. Cette vision positive est la base même du nazisme. C'est de cette vision qu'il tire son attrait, sa simplicité ; c'est elle qui parle à l'imagination, provoque l'envie et le plaisir d'agir. Mais elle est aussi à l'origine de son intolérance et de sa cruauté envers l'adversaire, parce que celui qui refuse de jouer le jeu n'est pas ressenti comme un « adversaire », mais comme un mauvais joueur. Enfin, c'est de cette vision que le nazisme tire son attitude tout naturellement belliqueuse envers l'Etat voisin : parce qu'un autre Etat, quel qu'il soit, n'est jamais reconnu en tant que « voisin », mais se voit imposer nolens volens le rôle de l'adversaire - sans quoi le jeu ne pourrait avoir lieu. Bien des éléments ont contribué plus tard à la victoire du nazisme et en ont modifié l'essence. Mais c'est là que se trouvent ses racines. Non, comme on pourrait le croire, dans l'expérience des tranchées, mais dans la guerre telle que l'ont vécue les écoliers allemands. La génération des tranchées dans son ensemble a fourni peu de véritables nazis ; aujourd'hui encore, elle fournit plutôt les mécontents et les râleurs. Cela est facile à comprendre, car quiconque a éprouvé la réalité de la guerre porte le plus souvent sur elle un jugement différent. (À quelques exceptions près : les éternels combattants, qui ont toujours trouvé et trouvent encore dans la guerre, quelles qu'en soient les horreurs, la seule forme d'existence qui leur convienne - et les éternels ratés, que la guerre a remplis d'allégresse justement parce qu'elle est horrible et destructrice, leur permettant ainsi de prendre leur revanche sur une vie qu'ils sont incapables d'assumer. Parmi les premiers, on trouve peut-être Göring, parmi les seconds sûrement Hitler.) La génération nazie proprement dite est née entre 1900 et 1910. Ce sont les enfants qui ont vécu la guerre comme un grand jeu, sans être le moins du monde perturbés par sa réalité. » Sebastian Haffner. Histoire d'un Allemand. Souvenirs (1914 - 1933). Arles, Actes Sud/Babel, 2003, pp. 33 - 35. DOCUMENT 3 : l'éducation selon Hitler « C'est avec la jeunesse que je commencerai ma grande oeuvre éducatrice, dit Hitler. Nous, les vieux, nous sommes usés. Oui, nous sommes déjà vieux. Nous sommes gâtés jusqu'à la moelle. Nous n'avons plus d'instincts sauvages. Nous sommes lâches, nous sommes sentimentaux. Nous portons le poids d'une histoire humiliante et le souvenir confus des époques d'asservissement et d'humiliation. Mais ma splendide jeunesse! Y en a t- il de plus belle dans le monde ? Quel matériel humain ! Avec eux je pourrai construire un nouveau monde. Ma pédagogie est dure. Nous ferons croître une jeunesse devant laquelle le monde tremblera. Une jeunesse violente, intrépide, cruelle. C'est ainsi que je la veux. Elle saura supporter la douleur. Je ne veux en elle rien de faible ni de tendre. Je veux qu'elle ait la force et la beauté des jeunes fauves. Je la ferai dresser à tous les exercices physiques. Avant tout qu'elle soit athlétique ; c'est là le plus important. C'est ainsi que je purgerai la race de ces milliers d'années de domestication et d'obéissance. C'est ainsi que je la ramènerai à l'innocence et à la noblesse de la nature; c'est ainsi que je pourrai construire un monde neuf. Je ne veux aucune éducation intellectuelle. Le savoir ne ferait que corrompre mes jeunesses. Qu'elles sachent seulement ce qu'elles pourront apprendre par le libre jeu de la curiosité et de l'émulation. La science seule que j'exigerai de ces jeunes gens, c'est la maîtrise d'eux mêmes. Ils apprendront à dompter la peur.» Extrait de Hermann Rauschning, Hitler m'a dit dont la première édition en allemand date de 1939. DOCUMENT 4 : une dictée nazie "Comme Jésus a délivré les hommes du péché et de l'enfer, ainsi Hitler a sauvé le peuple allemand de la ruine. Jésus et Hitler furent persécutés mais tandis que Jésus fut crucifié, Hitler fut élevé au poste de chancelier [...]. Jésus travaillait pour le ciel, Hitler oeuvre pour la terre allemande." Dictée donnée en école primaire en mars 1934 DOCUMENT 5 : un exercice de mathématique nazi « Un aliéné coûte quotidiennement 4 marks, un invalide 5,5 marks, un criminel 3 marks. Dans beaucoup de cas, un fonctionnaire ne touche que 4 marks, un employé 3,65 marks, un apprenti 2 marks. 1) Faites un graphique avec ces chiffres. 2) D’après des estimations prudentes, il y a en Allemagne environ 300.000 aliénés et épileptiques dans les asiles. Calculez combien coûtent annuellement ces 300.000 aliénés et épileptiques. 3) Combien de prêts aux jeunes ménages à 1000 marks pourrait-on faire si cet argent pouvait être économisé ? » Extrait d’un manuel scolaire nazi, cité par A. Grosser, Dix leçons sur le nazisme, Fayard, 1976. DOCUMENT 6 : l’école nazie « En 43-44 (1943-1944), à six-sept ans, j'étais scolarisé à la cité minière Fernand-Anna, à Wittenheim. Notre instituteur appliquait le règlement nazi, car il était surveillé. Lorsqu'il entrait, il fallait se lever tous d'un coup pour que les sièges ne fassent qu'un seul clac en se rabattant. Si une chaise claquait en retard, on recommençait. ne faisait le salut nazi que lorsqu'une personne extérieure, un fonctionnaire, un militaire ou simplement un Allemand, entrait en classe. On nous disait : "Faites-le, comme ça on aura la paix !" [...1 On trouvait des portraits de Hitler un peu partout. Je crois me souvenir qu'il y en avait un grand dans le corridor de l'école. Toute lettre administrative se terminait par "Heil Hitler". Et quand un couple se mariait, il devait acheter le Mein Kampf. Je n'avais plus le droit de m'appeler Jean, j'étais devenu Johann. En classe, on apprenait le vrai allemand. Avant, on parlait un genre de français-alsacien mais il était devenu interdit de parler français. Il fallait apprendre vite à cette époque-là... Entre nous, on faisait exprès de parler français. Sauf bien sûr avec quelqu'un qu'on ne connaissait pas, car la méfiance était permanente. Entre dix et dix-huit ans (pour les garçons) ou vingt et un ans (pour les filles), il fallait rejoindre les Jeunesses hitlériennes... » Témoignage de Jean Checinszy, scolarisé en Alsace en 1943-1944 cité dans « L'Alsace se libère », numéro hors série de L'Alsace, octobre 2004. DOCUMENT 7 : les Jeunesses hitlériennes « Mercredi à 15 heures, rassemblement sur la place du marché. Nous agissons selon les ordres du Führer, nous sommes sa jeune garde. Nos chefs de groupe et de section nous apprennent à ramper, à nous camoufler dans la forêt ; ils sont beaucoup plus sympathiques que la plupart des professeurs. Nous avons des chefs, un plan de service, un but de formation, à moitié militaire. Nous avons tout appris en chantant, en riant, en nous bagarrant dans les jeux et les feux de camp. La camaraderie est plus que la vie de famille : avant toute meilleure. Nous partions parfois en excursion pour le weekend, le sac à provisions à la ceinture. [...] Arrivés près de l’emplacement du camp, qui est « occupé par l’ennemi », nous partons à l’assaut en hurlant. Après le repas, nous chantons autour du feu, nous dormons sous les tentes pendant que deux camarades montent la garde. Le sentiment de camaraderie nous donne la sécurité. Cet entraînement développe le sentiment d’une lutte impitoyable contre un ennemi. Un jeune allemand ne doit pas avoir peur. Nous avions notre propre univers. Quand la guerre fut déclarée et que les premières annonces mortuaires des soldats parurent dans les journaux, nous déplorions de ne pouvoir participer à la guerre : nous avions douze, treize, quatorze ans. » Fritz Langour. CRDP de Strasbourg, 1984 (D’après des archives allemandes privées). DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES : Déroulement de la journée dite « de loisirs » : 6h30 : réveil 6h35 - 7h00 : sport 7h00 - 8h00 : se laver, s'habiller, ranger 8h00 : hisser la bannière 8h10 - 8h30 : petit-déjeuner 9h30 : formation politique 12h15 : déjeuner 12h45 - 14h30 : loisirs 16h:00 : pause café 19h15 : dîner 19h45 - 20h45 : soirée entre copines, « Adolf für alles» avec discussions sur la Patrie, les livres, revues, la journée… Chants… 20h45 : amener la bannière 21h30 : coucher Effectifs des jeunesses hitlériennes comparés à la population total des jeunes allemands et allemandes : DOCUMENT 8 : extrait d’un livre illustré pour enfant de 8 à 10 ans Inge est malade, depuis quelques jours elle souffre d'une légère fièvre et de maux de tête. Inge ne veut pas se rendre chez le médecin. «Pourquoi se rendre chez le médecin pour si peu de choses ? » répète-‐t-‐elle, lorsque sa mère le lui propose. En fin de compte, sa mère insista : «Enfin ! Va voir le docteur Bernstein et fais-‐toi examiner», lui ordonna sa mère. «Pourquoi le docteur Bernstein ? C'est un Juif ! Aucune vraie jeune allemande ne se rend chez un juif!» rétorque t'elle. Sa mère sourit : « ne raconte pas de sottise! Les médecins juifs sont parfaits. On raconte n'importe quoi lors de tes réunions de la jeunesse hitlérienne. Qu'en savent-‐elles les jeunes filles ?» Inge proteste : «Maman, tu peux dire ce que tu veux, mais ne médis pas des jeunesses hitlériennes, tu dois savoir que nous, les jeunes allemandes, comprenons mieux la question juive que beaucoup de nos parents. Nos cheftaines ont avec nous chaque semaine une brève discussion à propos des juifs» Elle insiste : « un Allemand ne consulte pas un médecin juif. Encore moins une jeune Allemande. Car les Juifs veulent nous détruire. Beaucoup de jeunes allemandes ont consulté des médecins juifs pour se faire soigner et elles n'ont récolté que honte et maladie. C'est ce que dit notre cheftaine, et elle a raison ». Sa mère s'impatiente : «tu crois toujours être plus intelligente que les adultes. Ce que tu dis n'est pas vrai. Écoute Inge, je connais bien le docteur Bernstein. C'est un bon médecin». «Mais c'est un Juif et les Juifs sont nos ennemis mortels», répond Inge. Sa mère se fâche pour de bon : «cela suffit ! Insolente. Tu te rends immédiatement chez le docteur Bernstein. Sinon je vais t'apprendre à m'obéir», crie la mère en levant la main. Inge ne voulait pas être désobéissante et partit. Elle se rendit à la consultation du médecin juif Bernstein ! Dans la salle d'attente, elle doit patienter longuement. Elle feuillète les magazines posés sur la table. Mais elle est bien trop nerveuse, pour lire plus de quelques lignes. Elle repense sans arrêt à la conversation avec sa mère. Et constamment les avertissements de sa cheftaine lui reviennent à l'esprit. Un Allemand ne consulte pas un médecin juif ! Encore moins une jeune fille. Celles qui l'ont fait n'ont point guéri et n'ont récolté que honte et maladie. En entrant dans la salle d'attente Inge vécut quelque chose de curieux. Du cabinet de consultation provenaient des cris. Elle entendit la voix d'une jeune fille : «Docteur, Docteur laissez-‐moi tranquille». Elle perçut ensuite le ricanement d'un homme. Puis le silence revint. Le souffle coupé, elle tendit l'oreille, « Que cela signifie-‐t-‐il» se demanda t-‐elle, et son coeur se mit à battre plus vite. Une fois de plus, les avertissements de sa cheftaine lui revinrent à l'esprit. Cela faisait bien une heure qu'Inge patientait. A nouveau elle prit un magazine et tenta de lire. Puis la porte s'ouvrit. Inge leva les yeux. Le Juif apparaît. Un cri sortit de la bouche d'Inge. D'effroi elle laissa tomber le journal. Prise de panique elle se dressa. Ses yeux se fixèrent sur le visage du médecin juif. C'était le visage du diable. Au milieu de ce visage diabolique est planté un nez très crochu, derrière les lunettes brillent des yeux de criminels. Et un ricanement s'affiche sur sa bouche lippue. Une grimace qui signifiait «Enfin je t'ai en ma possession petite allemande». Le Juif s'approche. Ses doigts boudinés veulent la saisir. Mais Inge se ressaisit après le premier choc. Avant que le Juif ne puisse la saisir, elle le frappe le médecin juif au visage. Puis elle saute vers la porte, descend l'escalier en courant et sort hors d'haleine de la maison de ce juif. Hors d'haleine elle sort en courant de la maison juive. «Mon Dieu Inge que s'est-‐il passé ?». La chère enfant met un certain temps avant de pouvoir prononcer un mot, enfin elle fait le récit de son aventure chez le médecin juif. Sa mère écoute avec panique. Et lorsque Inge en a fini avec son histoire, sa mère, de honte, baisse la tête. « Inge, je n'aurais jamais dû t'envoyer consulter un médecin juif. Après ton départ, je m'en suis rendu compte. Je voulais te rappeler, car en fin de compte tu avais raison et je pensais qu'il allait t'arriver quelque chose. Dieu soit loué, tout s'est bien terminé. » Sa mère soupire et tente de retenir ses larmes. Petit à petit Inge retrouve son calme et son sourire. « Maman tu as fait beaucoup pour moi, mais tu dois me promettre une chose à propos de la jeunesse hitlérienne… » Sa mère ne la laissa pas continuer. «Je sais ce que tu vas dire et je te le promets. Je trouve qu'on apprend beaucoup de choses de vous, chers enfants». Inge acquiesce de la tête «Tu as raison maman. Dans les jeunesses hitlériennes, nous savons ce que nous voulons même si nous ne sommes pas toujours compris. Maman tu m'as enseigné beaucoup de vérités, aujourd'hui c'est à mon tour de le faire.» Et gravement elle commence: « C'est le diable dans sa perfidie Qui envoya les juifs en Germanie Et tel Lucifer il convoite les femmes allemandes et leur honneur. Les Allemands ne veulent rien entendre A moins que la raison ne les gagne. Pour les en guérir, les ramener à la saine réalité un seul moyen Un bon remède allemand! » Extrait de Der Giftpilz,Nürnberg ,Stürmer Verlag,1938. DOCUMENT 9 : extraits d’un livre de coloriage pour les enfants de 3 à 5 ans Der Jude stellt sich vor, H. Hiemer, Nürnberg, Stürmer Verlag, 1934. DOCUMENT 10 : un jeu nazi La règle de “Juden Raus” est simple. Un plateau de bois représente six rues d’une ville standard, bordées de commerces en tout genre tenus par des juifs. Le joueur - un Aryen forcément - est doté d’un petit personnage, qui va se déplacer, au fil du lancer de dés, dans cet espace, avec comme objectif d’atterrir dans une de ces boutiques. Il s’agit de faire prisonnier son propriétaire - représenté par un cône grimaçant - ,et de le ramener ensuite dans un “camp” avant de l’envoyer en Palestine. « Chassez six juifs et vous aurez gagné », explique le mode d’emploi. Plateau du jeu Juden Raus, édité par Günther & Co. 1936