prolitensan - IRD Martinique
Transcription
prolitensan - IRD Martinique
Programme de recherche PROLITENSAN « Prolifération d’espèces littorales terrestres et marines à fort enjeux environnementaux et sanitaires : une comparaison métropole (côte méditerranéenne) et Outre-mer (côtes antillaises) » du 01/01/2013 au 30/06/2016 PROLITENSAN est un programme de recherche interdisciplinaire et interinstitutionnel qui a été financé par la Fondation de France et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) - programme TDR pour la recherche sur les maladies tropicales 2013-2015). Il a associé des chercheurs et des opérateurs de la lutte antivectorielle. L’équipe scientifique et technique, coordonnée par la sociologue Cecilia Claeys, était constituée de membres du Laboratoire « Population Environnement » (LPED) de l’Université d’Aix-Marseille, de l’OMS, de l’Institut Pasteur de Guadeloupe, des services de démoustication de Martinique (CT/ARS), de Guadeloupe (ARS) et l’EID Méditerranée. Les membres Cécilia CLAEYS, Aix Marseille Université, IRD, UMR 151, LPED, Laboratoire Population Environnement et Développement *, Louis ARREGHINI, Aix Marseille Université, IRD, UMR 151, LPED – (Laboratoire Population Environnement et Développement) Aurélie BOISNOIR, Sorbonne Universités, UPMC Univ. Paris 6, UMR 7093, LOV, Observatoire Océanologique, Villefranche-sur-Mer, France Fabien LOMBARD, Sorbonne Universités, UPMC Univ. Paris 6, UMR 7093, LOV, Observatoire Océanologique, Villefranche-sur-Mer, France Delphine THIBAULT, Aix Marseille Université, CNRS, Université de Toulon, IRD, MIO UM 110, 13288, Marseille, France Rodolphe LEMEE, Sorbonne Universités, UPMC Univ. Paris 6, UMR 7093, LOV, Observatoire Océanologique, Villefranche-sur-Mer, France Sophie MARRO, Sorbonne Universités, UPMC Univ. Paris 6, UMR 7093, LOV, Observatoire Océanologique, Villefranche-sur-Mer, France Ce programme proposait de mettre en œuvre une approche pluridisciplinaire visant à cerner des questions de recherche centrées sur l’articulation des enjeux écologiques et sanitaires, autour de la problématique de la prolifération des espèces marines (algues, micro algues et méduses) et terrestres (communautés de moustique). Il impliquait des enquêtes sur les quatre sites retenus comme support géographique : deux sites en Méditerranée (Villefranche et Marseille) et deux sites aux Antilles (Martinique et Guadeloupe). Objectifs scientifiques : Analyser les relations entre la production d’Aedes albopictus ou d’Aedes aegypti et : - La végétation associée aux jardins intégrés dans différentes structures urbaines. - Les pratiques et les discours des habitants, ainsi que leurs caractéristiques socioéconomiques et démographiques. Objectifs opérationnels : Améliorer les stratégies de lutte anti-vectorielle et les campagnes de prévention: - Quelles recommandations en termes de gestion des jardins et d’habitat ? - A l’attention de quels acteurs? Mission en Martinique Du 25 janvier au 13 février 2014 : Mission de Louis Arreghini, géographe du LPED (Laboratoire Population, Environnement Développement), UMR 151 IRDAMU (Aix-Marseille Université) L’objectif de cette mission était de recueillir, par le biais d’enquêtes, les expériences, les pratiques et les représentations d’un éventail assez large de personnes dont les activités nécessitaient un contact direct ou indirect avec la mer et/ou le littoral (pêcheurs, professionnels du tourisme, pharmaciens, institutionnels, usagers divers, etc.). La diversité sociologique recherchée (profession, âge,..) s’est doublée d’un souci de diversité géographique ; ainsi, les côtes caraïbes, atlantiques et Sud ont été explorées. Profitant de la présence du représentant de l’IRD pour la Martinique et le bassin Caraïbe (Patrick Quénéhervé) et de sa connaissance du milieu scientifique local, Louis Arreghini a eut ainsi l’opportunité de rencontrer Justin Daniel, directeur du CRPLC (Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans La Caraïbe), de JeanRaphaël Gros-Désormeaux, géographe et de Yann Bérard, politiste. Les parties prenantes ont souhaité concrétiser au plus tôt cette collaboration par la participation réciproque aux séminaires organisés par chaque laboratoire, par l’accueil d’étudiants en stage et par le saisissement de toute opportunité de coproduire dans un futur proche des projets de recherche communs. D’autres rencontres avec les professionnels d’Impact-Mer (Christophe Yvon), de la DEAL (Fabien Védie et Cyrille Barnérias), de l’Agence des Aires Marines Protégées (François Colas), de l’Observatoire du Milieu Marin Martiniquais (Jean-Philippe Maréchal et Erwan Trégarot), du Carbet des sciences (Mathilde Brassy) et de bien d’autres encore, ont dessiné un paysage scientifique local riche et varié sur lequel il sera possible d’appuyer les futurs projets communs. Les différents contacts qui ont été pris par M ARREGHINI lors de sa mission et particulièrement avec l’UAG à travers le Laboratoire de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe (CRPLC) ont d’ailleurs conduit le LPED à répondre à un autre appel à projet de la Fondation de France « Quels littoraux pour demain ? » par le projet « TERRIMAR : Territoires et acteurs au prisme des aires marines protégées. Enjeux, Synergies, contraintes », en concordance avec le projet de création d’un Parc Naturel Marin de Martinique, en phase de mission d’étude, réalisée par l’Agence des Aires Marines Protégées. ----Séminaire final de restitution filières « espèces marines » et « moustiques » Le programme PROLITENSAN s’est clôturé par un séminaire, les 4, 5 et 6 avril 2016, à Fort-de-France (Martinique). Les séances des 4 et 5 avril, ainsi qu'à la matinée du 6 avril, qui réunissaient un nombre restreint d’invités, se sont tenues à l’ARS, en présence de son Directeur Général et de la Conseillère Exécutive de la CTM en charge de la Recherche (Aurélie Nella). Une restitution des résultats scientifiques sur les «espèces marines » » et les facteurs socio-écologiques, favorisant l'exposition aux moustiques vecteurs des populations vivant en habitat individuel avec jardin, a été faite par les chercheurs du projet. La séance du 6 avril (après-midi), s’est déroulée dans le Restaurant scolaire du Bourg de la Commune du Vauclin, sous forme d’une Conférence-débat grand public, en partenariat avec la municipalité. Les premiers résultats de ce programme PROLITENSAN viennent de faire l’objet d’un article intitulé : Facteurs socio-écologiques contribuant à l’exposition des populations humaines aux piqures des moustiques vecteurs de la dengue, du chikungunya et du zika : une comparaison entre France métropolitaine et Antilles françaises. Claeys C, Robles C, Bertaudiere-Montes V, Deschamps-Cottin M, Megnifo HT, Pelagie-Moutenda R, Jeannin C, Sonor F, Dollin C, Sense M, Bravet P, Weill L, Demerrisse C, Mazurek H, Arrhegini L, Etienne M, Yebakima A, Gustave J, Fouque F. Socio ecological factors contributing to the exposure of human populations to mosquito bites that transmit dengue fever, chikungunya and zika viruses: a comparison between mainland France and the French Antilles. Environ Risque Sante 2016; 15: 318-325. Pdf à télécharger Pour aller plus loin : Mieulet E. 2015. La prolifération de moustiques vecteurs sur le littoral méditerranéen et dans les départements français d’Amérique: enjeux environnementaux et sanitaires. Thèse de Sociologie, soutenue le 11 décembre, Aix-Marseille Université, 430 p. Mieulet E., Claeys C. 2015.,Transferts de responsabilité entre sphère publique et privée : Le cas de la prévention des épidémies de dengue en Martinique et en Guyane : in Meidani A., Legrand E., Jacques B. (Dir.), La santé : du public à l'intime, Paris, EHESP, pp. 87-103. Claeys et al., 2015. Facteurs entomologiques, écologiques et sociologiques concourant à l’exposition accrue des populations humaines aux moustiques vecteurs du chikungunya et de la dengue. Une comparaison Métropole/Antilles, Communication orale, RETEX, DGS, 11 décembre 2015. Mieulet E., Claeys C. 2014. The implementation and reception of policies for preventing dengue fever epidemics: a comparative study of Martinique and French Guyana, Health, Risk & Society, vol 16, n°7-8, pp. 581-599. Claeys C., Mieulet E. 2013. The spread of Asian tiger mosquitoes and related health risks along the French Riviera: An analysis of reactions and concerns amongst the local population, International Review of Social Research, vol 2, n°3, pp. 151-173. Claeys C., Mieulet E. 2013. Rapport des populations locales aux moustiques et à la démoustication dans un contexte de prolifération d’Aedes albopictus et Aedes aegypti : Enjeux sanitaires, environnementaux et territoriaux, (Littoral Méditerranéen, Corse du Sud, Martinique, Guyane), Synthèse des travaux (20092013), Volet Sociologique du Programme Européen LIFE08/ENV/F/000488, IMCM, Coordonné par l’EID-Méditerranée, 29 p. (www.lifeplusmoustique.eu). Autre info sur site Web : http://www.eid-med.org/actualites/projet-interactions-la-loupe) L’EID Méditerranée participe au projet « PROLITENSAN ». L’équipe PROLITENSAN a développé un protocole analysant les interactions entre facteurs entomologiques, écologiques et sociologiques concourant à l’exposition accrue des populations humaines à Aedes albopictus (le « moustique tigre ») et à Aedes aegypti (qui sévit en zone tropicale), vecteurs potentiels du chikungunya, de la dengue et du Zika. Des similitudes par-delà les spécificités territoriales Un focus comparatif entre métropole et Antilles a été fait sur les espaces urbains. Des relevés entomologiques, des inventaires de la végétation et des entretiens sociologiques ont été effectués sur un échantillon de 160 maisons avec jardin. Des processus communs se dégagent, par-delà les spécificités territoriales. Les jardins à la végétation dense sont davantage propices à la présence de gîtes larvaires et de moustiques adultes. Il en est de même pour ceux pourvus de bassins, piscines ou vasques et ceux dotés de systèmes de récupération d'eau pluviale : logique ! L'influence des pratiques et des représentations sociales des habitants est aussi à souligner. Par exemple, les personnes ayant été touchées par la dengue ou le chikungunya tendent à être plus vigilantes que les autres, en termes de LAV, tandis que les habitants qui sont persuadés de ne pas avoir de moustiques vecteurs dans leur jardin sont, en fait, ceux qui en abritent le plus ! Habitat durable antivectoriel Deux catégories de gîtes larvaires ont été identifiées : gîtes comportementaux et gîtes structurels. Face aux gîtes comportementaux, lorsqu’ils perdurent, par méconnaissance des gestes à accomplir ou par leur mauvaise application voire par le refus de les réaliser (car ce serait à l’« autorité » d’agir ou au voisin de bien se tenir...) et aux gîtes structurels, liés à la conception du bâti ou à l’inobservance des réglementations en vigueur, l'équipe scientifique du projet préconise la définition, l'institutionnalisation et la diffusion d'un « habitat durable et antivectoriel ». Il s’agit d'intégrer la prévention dès la conception du bâti et du jardin puis à toutes les étapes infléchissant les choix et pratiques des habitants, prolongeant et affinant en cela les premières préconisations formulées par l'équipe de sociologues dans le cadre du projet « Integrated mosquito control management » (IMCM), qu’a conduit l’EID Méditerranée avec ses partenaires de l’ADEGE (agence nationale pour la démoustication) de 2010 à 2013, au titre du programme européen LIFE+ (www.lifeplusmoustique.eu).