Personnage - Ville de Fort-de

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Personnage - Ville de Fort-de
COUPEURS DE CANNES A SUCRE
A l’époque c’est la reproduction du costume que les nègres portent sur les plantations. Pour les
femmes, il se compose d’une chemise manche longue grise en calicot, d’une jupe en percaline
ordinaire et de quatre mouchoirs l’un pour le coup, l’autre pour la tête au dessus de laquelle elle
arbore un chapeau de vannerie à bord moyen, deux séparés l’un de l’autre autour de la taille (un
pour enserrer les reins, l’autre pour tenir la robe relevée). Elles portent, suspendu à un madras ou
à un cordon, le pot en fer-blanc où aux champs, se font verser du rhum quand elles ont soif.
La femme va nu-pieds ou porte « de gros souliers pays »s. Elle tient une houe à la main. Pour
l’homme le costume se compose d’une chemise grise d’étoffe grossière de pantalons de canevas
bleu d’un large mouchoir et d’un immense chapeau bakoua. Il porte un coutelas en bois.
Accompagné de deux tambours bèlè et chanteurs mimant la coupe de canne à sucre : un masque
en grande gaule faisait la quête. La figure était toujours cachée par le masque en fil de fer.
De nos jours, des hommes et des femmes se regroupent pour jouer la scène de la coupe de la
canne. Les tenues sont diverses. Le coupeur de canne habillé de sa tenue de travail, généralement
de couleur marron clair, les reins solidement attachés à l’aide d’une ceinture fabriquée de toute
pièce à partir d’une cordelette, la femme portera ce même costume avec une jupe remplaçant le
pantalon. Elle porte, suspendu à un madras ou à un cordon, le pot en fer-blanc pour se désaltérer.
Le géreur d’habitation aura lui sa tenue blanche et son casque, ceinture où cravache en main.
Nos coupeurs de canne, cannes fléchées et coutelas en main, vont jouer la scène de la coupe, les
amarreuses attacher les bottes etc., en résumé, la coupe de la canne sera représentée grandeur
nature dans la rue.
NEG GWO SIRO
Par petits groupes, Vêtus de pagne, des individus s’enduisent d’un mélange de sirop de batterie
appelé aussi gwo-siro et de suie leur donnant un aspect noir luisant. Il faut rappeler que le
carnaval correspond à la période de la coupe de la canne. Ils narguent généralement le public en le
menaçant de le salir du reste du produit qu’ils gardent précieusement en main pour retoucher leur
masque tout au long du parcours. Les gens s’écartent de peur de salir leurs vêtements.
Traditionnellement il n’y avait que des hommes, depuis 2004 des femmes se joignirent à eux.
A la fin du vidé, ils se débarrassent de leurs maquillages en plongeant dans la mer, dans la baie de
Fort-de-France.
Devant la fermeture des usines sucrières, les nèg gwo-siro ont recours au sucre brûlé pour
remplacer le sirop de batterie et au charbon de bois pilé pour la suie.
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BÉBÉ
« Les femmes aimaient à se déguiser en bébés, à l’aide de chemise raccourcie et d’une grande
coiffe d’enfant pour se rendre au bal du théâtre. Le visage caché par un masque formé d’un léger
treillis peinturé à l’intérieur. Les hommes quant à eux, portaient de préférence une toque voyante,
une culotte courte, serrée à la taille par une ceinture de couleur, et un foulard de soie flottant sur
leurs épaules en guise de manteau de page. » Ainsi les décrivait Louis GARAUD avant 1902 dans
« Trois ans à LA MARTINIQUE »
A Fort-de-France ce costume a évolué et s’est transformé. C’est généralement un homme langé,
accoutré d’une barboteuse et un véritable bonnet d’enfant sur la tête, sucette ou biberon pour
certains. Le tout enjolivé de rubans. Comme la Barboteuse laisse les jambes nues, il y a là une belle
occasion de se parer de chaussettes et de chaussures de toile. Ils font des farandoles, chignent
réclamant de l’attention.
GUIABLESSE
A l’origine, elles sont peu nombreuses, car il faut une femme très grande pour jouer ce rôle. Elles
sont vêtues de noir, avec un turban et un foulard blanc, leurs masques sont noir également. Elles
portent des « bonm », grands brocs d’étain qu’elles laissent choir sur le pavé de temps en temps,
avec un grand fracas, et elles marchent pieds nus … La plus grande des diablesses marchent
toujours en tête en chantant cette question : « jou ouvè ? ». Alors toutes les autres répondent en
chœur « jou pòkò ouvè ».
De nos jours, on ne la voit que le mercredi des cendres, jour de la mort de Vaval. Hommes et
femmes peuvent revêtir cette tenue de deuil, elle est composée d’un jupon blanc, d’une jupe
noire, d’un foulard noir, d’une chaussette blanche ornée de rubans ou de galons noirs. La figure
barbouillée de farine est surmontée d’un bonnet blanc pointu en forme de cône réalisée le plus
souvent à l’aide d’une grande serviette de table blanche bien empesée, et dont la pointe unique se
dresse vigoureusement vers le ciel. Elle tient à la main une branche de corossolier dont le parfum
l’aidera à calmer sa douleur. Le tout est complété d’une paire de chaussures dont l’une est
blanche et l’autre noire.
Ce personnage représente l’origine d’une ensorcelante créature de l’imaginaire créole qui attire
les hommes à elle. Quand ils voyaient son pied de bœuf, il était trop tard. Au début, les hommes
bien mis devaient craindre son « coup de farine ».
Elles traînent dans un bruit infernal de vieux pots de chambre, des boîtes de conserves vides, des
vieux seaux éventrés reliés à la taille par une longue ficelle. Elles se rencontrent, se prennent par
la taille, par le bras, par le cou, formant ainsi, de longues théories humaines, qui se balancent,
d’avant en arrière, ou de gauche à droite, dansant, gesticulant en chantant à tue-tête :
Malgré lavi-a rèd, Vaval ka kité nou
Ce qu’il y a de remarquable, c’est la façon dont le mythe s’est transformé. De divinité unique, la
guiablesse est devenue peu à peu une divinité protéiforme. S’étant ainsi multipliées, les
guiablesses se sont transformées en pleureuses.Quoi qu’il en soit, les vidés des guiablesses du
Mercredi des Cendres ne trouvent leur pendant dans aucune autre île petite ou grande des
Antilles. Fort-de-France continue à en conserver le privilège.
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BWABWA
Figure essentielle du carnaval, il est fabriqué en grand secret. Autrefois, on bourrait de paille une
chemise, un pantalon et on hissait ce bwabwa au bout d’un bâton, le faisant sauter et danser au
rythme de la musique, des chants et des quolibets. Après avoir été promené avec une feinte
solennité à travers toutes les rues de Saint-Pierre, il était enterré ou noyé et jeté à la mer.
A Fort-de-France, il sera incinéré dès la fin des années 1920 sur la Savane. De nos jours, les
matériaux ont changé et le bwabwa apparaît sous les formes les plus variées : hommes, femmes,
couples, animaux, objets divers, grossis et colorés. Personnage gigantesque dominant par sa taille
(de 3 à 5 mètres), il prend le nom de Vaval et apparaît les jours gras participant ainsi à chaque
après midi de liesse populaire. Mais sa fonction n’a pas changé. Il doit remettre en mémoire, pour
rire ou pour blâmer, les faits les plus marquants de la vie sociale et politique de l’année. Sa
majesté Vaval est brûlée sur un lieu public, le soir du mercredi des cendres à la nuit tombée,
généralement sur le front de mer. Signe que les festivités sont terminées.
LE DIABLE ROUGE
Le diable du carnaval est une adaptation originale et étrange du peuple martiniquais. Ce
déguisement magnifique et extraordinaire est difficile à réaliser et aussi à porter. Seuls, quelques
spécialistes arrivent à le faire. La tête lourde et encombrante est construite avec des peaux de
bête (cabri ou mouton), d’une profusion de cornes de bovidés qui jaillissent de toutes parts (Le
nombre de cornes varie selon les témoignages (3 à 45), (15 à 16)) qui sont peintes en couleurs
différentes et par devant, un masque hideux qui montrait les dents, pour lequel on utilise parfois
le squelette de la mâchoire d’un requin ou d’un animal quelconque, des nattes ou des crinières
pendent de tous les côtés.
Cette tête surmonte un genre de combinaison en toile rouge sur laquelle sont collés des centaines
de petits miroirs qui scintillent à la lumière. Il y a aussi des quantités de grelots qui sont cousus sur
le vêtement et qui tintent à ses moindres mouvements. Dans la partie postérieure, une longue
queue garnie de grelots est fixée, que le diable rouge déploie et fait tournoyer par moments ou
qu’il s’enroule à la taille, à d’autres. Fourche rouge à la main, ils attaquent, piquent, effrayent,
gesticulent, foncent sur les enfants qui hurlent de frayeur : diab-la ka mandé an ti-manmay, an timanmay qui san batem ! Car il s’agit d’effrayer en s’amusant et en amusant les autres.
On peut distinguer différents diables rouges, le masque n’est pas figé, sa réalisation suit certaines
constantes liées à l’imaginaire et au substrat mental de son concepteur. Très lourde, la tête pèse
environ 10 kilos. Le diable rouge est suivi d’une kyrielle de diablotins qui forment le chœur de son
chant et qui battent des mains tous ensemble et donnent la voix avec une simultanéité qui prouve
combien le rythme fait partie d’un sentiment musical naturel à l’Africain. Le cortège est plus ou
moins strict.
Aujourd’hui, il faut compter avec la modernisation, d’autres modes de fabrication qui n’enlèvent
en rien à la beauté des masques, au pouvoir et à l’attrait des Diables rouges qui est le personnage
essentiel du carnaval de la Martinique,
Il est le roi du mardi gras, qui se distingue des autres jours par la couleur dominante portée aussi
bien par le diable, ses diablotins (sans grosse tête, ni miroirs) et les carnavaliers.
« Un jour, j’ai eu choc, j’étais au Sénégal, en Casamance, lors d’une grande fête de village.
Brusquement, je vois débouler mon diable, le bœuf du mardi-gras martiniquais avec son habit
rouge constellé de miroirs, sa queue et ses cornes de bovidé. Je me précipite sur un villageois, je lui
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demande ce que c’est, ce qu’est ce masque, et ce qu’il représente pour lui. Il me répond que c’est le
masque de ceux qui ont subi l’initiation. Il m’a expliqué que les cornes de bovidé c’était le symbole
de la richesse temporelle, et que les miroirs mis côte à côte, c’était le symbole de la connaissance,
autrement dit le symbole de la richesse spirituelle ».
Aimé CESAIRE, conférence société et littérature.
MARIYÀN-LAPO-FIG OU L’OURS
L’un des plus anciens personnages du carnaval martiniquais. Mariyàn-lapo-fig est né avant 1902 à
Saint Pierre.
A l’origine un ours s’échappe d’un cirque et sème l’émoi, la population en fait rapidement un
personnage de carnaval portant une tête d’ours par-dessus un épais habits de feuilles de
bananiers sèches qui tombent jusqu’à terre en bruissant et son expression dans la rue consiste à
tournoyer durant sa déambulation. (Banane se dit fig en créole).
Il fallait deux ou trois comparses, celui qui endossait la peau de l’ours tenu en laisse, accompagné
de son musicien et d’un montreur responsable de la « promotion du produit » et de la quête.
Tandis qu’il ramassait la recette, c'est-à-dire les pièces qu’on leur jetait, la foule tapait des mains
en chantant : Mariyàn dansé, dansé Mariyàn.
Visible encore à Fort-de-France dans les années 1950, ce masque se fit rare et au fil des années
dompteur, quête et tête d’ours disparurent… mais depuis 1995, le groupe Psyché a permis à
Mariyàn-lapo-fig de retrouver ses lettres de noblesse dans les vidés et sur les podiums, en les
remettant à l’honneur ravivant ainsi le souvenir des anciens, éveillant la curiosité des plus jeunes.
LES MARIAGES BURLESQUES DU LUNDI GRAS
Le Lundi Gras, est le jour où des groupes se livrent selon leur imagination à des parodies de
mariage. C’est l’occasion de transgresser l’ordre établi, de se moquer des institutions par
l’inversion systématique du sexe, du statut social et familial. Dans ce couple ridicule, c’est en
général un homme déguisé en femme qui joue le rôle de la mariée tandis qu’une femme vêtue de
costume masculin, portant moustaches et barbe représente le marié.
Parents et amis forment donc des cortèges, parfois menés par une Da (femme qui élevait les
enfants dans la famille sur plusieurs générations). Ils défilent empreint de leur rôle établi (noceurtémoin, demoiselle ou garçon d’honneur, père, mère des mariés, amant, concubine…) derrière le
couple accompagné d’un « Maire » et d’un « prêtre » qui miment la cérémonie, pointant avec
humour tabous, normes et désordres de la société martiniquaise. La formation des couples et
leurs costumes fonctionne sur le principe de l’inversion et du grotesque : homme habillé en
femme et vice-versa (« à l’envers »), grands et petits, très jeunes et vieux, gros et maigre, etc.
L’accoutrement des membres du cortège est parfois empreint de recherches aberrantes et
cocasses. Ils ont des trouvailles bouffonnes qui donnent lieu à un spectacle vraiment très original.
C’est la journée de l’inversion.
Nous ne trouvons aucune description à cette coutume dans les témoignages exprimés par ceux qui
ont assisté au carnaval de Saint-Pierre.
CAROLINE ZIÉ-LOLI
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Caroline zié-loli est une figure hybride composée d’un homme et d’un mannequin. Toute l’astuce
consiste à susciter l’étonnement, à provoquer l’hilarité et le questionnement : Qui porte ? Qui est
porté ?
Ce mannequin représente une femme et l’agencement des deux est tellement bien fait qu’il
semble que se soit la femme qui porte le bonhomme.
Caroline n’est pas belle, elle louche. Femme bonne et aimante, elle n’hésite pas à venir en aide à
son mari ivrogne invétéré, qui avait toujours du mal à retrouver son chemin les soirs de fête, à tel
point qu’elle devait aller à sa recherche allant jusqu'à le porter à califourchon pour le ramener à la
maison. On dit cette figure carnavalesque née à la Martinique à partir d’un fait réel.
Disparu de nos rues quand, en 1994, un vidé orchestré par l’association « Karolin zié-loli » permis
de le redécouvrir. Le succès fut énorme et depuis Caroline zié-loli a retrouvé sa place dans les rues
durant le carnaval.
La Caroline est une figure traditionnelle de maints carnavals des Antilles, d’Amériques et d’Europe.
LA PROVOCANTE DU LUNDI
Publié en 1965 dans la revue « Parallèles » N°4, Grazielle Bontemps évoque ses souvenirs dès 19201940.
La provocante du lundi, réglait à l’amiable, si on peut ainsi s’exprimer, des conflits (souvent de
nature amoureuse) avec leurs rivales. La provocante sortait en négligé chaque lundi de la période
du carnaval en ridiculisant, par un détail vestimentaire, sa rivale. En costume jupe froufroutante
en brocard, velours, etc.… à la tête très fantaisie, la provocante se promenait dans toute la ville,
sans rien dire.
Parée de ses plus beaux atours, agrémentée d’innovations comme par exemple les plissés au
foulard souvent la « tête à l’éventail » voulant dire : « je déploie tout ». La provocante du lundi
exhibait des valeurs aux cheveux, des bijoux de prix, mais appuyant sur le côté négligé du
costume, pour signifier qu’elle pouvait beaucoup malgré sa modeste situation. Par les détails : la
façon de porter la tête, de draper la jupe on reconnaissait la personne provoqué, laquelle n’osait
pas se montrer ce jour là, pleurant souvent à chaude l’arme ».
LES MATELOTS SAOULS
De nombreux paquebots, cargos, navires de guerres français ou étrangers séjournaient pour un
court séjour à Fort-de-France. La nuit tombée, il était fréquent de rencontrer dans les rues, aux
abords des bars et des hôtels, des matelots ivres, titubants et bruyants. Alors pendant le carnaval,
les hommes portaient pantalon blanc, chemise à col marin et béret, s’amusaient à les imiter en
baragouinant l'anglais, provoquant ainsi les rires et les plaisanteries des spectateurs.
BEF A KÒN OU BEF CHAPÈ
Individus masqués, portant une paire de cornes énormes sur la tête et se précipitaient sur les
spectateurs, en faisant semblant de frapper.
A l’époque de véritables bœufs dévalaient les rues effrayant les spectateurs, les hommes ont
perpétré cette tradition, mais seules les cornes symbolisaient le boeuf sauvage.
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LE TREPASSÉ OU MAS LANMÒ
Sorte des masques qui sortaient vers la tombée de la nuit. Nombreux à Saint-Pierre, on les
retrouve entrant dans les salons, portant sur des bâtons des calebasses éclairées percées de trous
à la place des yeux, du nez et de la bouche ; ils sont rares vers les années 1950 – 1960. Ils
semblent être tombés dans l’oubli.
Grazielle BONTEMPS les décrits « en grands drap » des bouches et des squelettes dessinés sur
leurs corps la tête sous une cagoule et en grommelant « Han, Han » à faire peur et Anca Bertrand
nous dit qu’ils sont « en drap blancs et dents en pomme de terre éclairés aux soucoupes d’alcool à
brûlé, entrant en file indienne chez les amis, criant à la voix déguisées et suscitant des frayeurs.
Aujourd’hui, des hommes généralement entièrement recouverts d’un drap blanc ou noir sur
lequel est dessiné un squelette, la tête sous une cagoule en grommelant « han, han » à faire peur.
Comme nous le rappelle Alain Faure, ils figuraient dans tous les carnavals parisiens au XVIIIe et
XIXe siècle, sans doute parce que leur rire éternel donnait aux pauvres l’illusion d’une humanité
sans maître. C’est l’un des plus anciens masques de carnaval issu du carnaval européen.
MEDSEN LOPITAL
Ce personnage est peu répandu à Fort-de-France, on le rencontrait surtout dans la région de
Carbet / Saint-Pierre, où il fit ses premières apparitions. En 1887, Lafcadio Hearn, de passage en
Martinique, mentionne dans ses écrits une épidémie de petites véroles (varioles) dans le Nord
Caraïbe de la Martinique. Des mesures furent prises : des hommes habillés de vêtements blancs
masqués, gantés furent chargés de répandre de grosses poignées de chaux afin de désinfecter
rues, places et maisons. C’est de là qu’est né paraît-il, le Medsen lopital. Son costume rappelle en
effet celui des médecins de l’époque.
Tout de blanc vêtu, coiffé d’un grand bonnet pointu de 30 à 50 cm de haut qui le fait paraître
encore plus grand, masque sur le visage, chemise à manche longue, gants, pantalon, il a un tablier
blanc muni d’une grande poche remplie de farine de froment. Il s’amuse à taquiner les
spectateurs, les aspergeant de farine.
En 1929, le medsen lopital du carnaval de Fort-de-France est ainsi décrit.
« Un bonhomme tout de blanc vêtu s’avance : un grand bonnet blanc pointu le fait paraître encore
plus grand. Il a un tablier blanc et dans ses mains il tient, tel un médecin de Molière, une énorme
seringue. Des gamins l’entourent en lui criant « Médecin l’hôpital, moin malade » (médecin de
l’hôpital, je suis malade). De sa seringue remplie d’eau, le médicastre arrose ses clients
d’occasion ».
William Dufougéré, Madinina, Berger-Levrault, Paris, 1929.
FILÉ KOUTO
Le Filé Kouto apparaît durant le carnaval pour faire revivre ce personnage typique de la société
martiniquaise. Imaginez un homme se présentant à votre porte avec sa meule vous proposant
d’aiguiser vos couteaux en échange de quelques sous.
Installé sur un point fixe car ils ne courent pas le vidé, vêtu d’une simple tenue de travail, il est là
pour le service, donne de la voix et fait le spectacle.
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BWOSÉ-KLÉRÉ
A l’instar des Filé Kouto, il s’agit de représenter les hommes ayant inventé et pratiqué ces petits
métiers synonymes de débrouillardise. Les Bwosé-Kléré comme on l’imagine déambulent dans le
vidé et marquent des pauses afin de cirer telle ou telle chaussure trop poussiéreuse à leurs goûts.
Jeunes garçons, avec un sac ou une boîte, contenant du cirage, une brosse et des chiffons, Ils n’ont
pas de costume particulier, mais tous ont la tête enfilée dans un vieux bas, ce qui a pour effet de
déformer leurs traits et leurs voix. Bwosé-kléré, mesdames, bwosé-kléré, messieurs !!! lancent-ils,
d’une voie feutrée. Un peu de cirage, quelques coups de chiffons…une ou deux pièces en échanges
et ils continuent leur tournée, chantant, dansant.
MOKOZONBI
Monté sur les échasses, les mokozonbi aux longues jambes cachées par des interminables
pantalons longs dominent la foule en gesticulant et en dansant.
Connu aux Iles-Vierge, à Anguille, Antigue, Saint-Kitts, Sainte-Lucie, Barbade, Jamaïque, Trinidad,
le mokozonbi, appelé en Guadeloupe Anglé su biki (Anglais sur échasses) aurait été introduit ou
réintroduit en Martinique et en Guadeloupe après la seconde guerre mondiale en provenance des
îles anglaises.
Paul Labrousse (deux vieilles terres françaises) le décrivait ainsi en 1935 : « se sont des hommes
habillés en femmes masqués, montés sur échasses, ornés d’une coiffure semblables à un hennin
sans voile. Ils dansent au son du triangle, du tambour basque et de l’accordéon, puis font la
quête ». Ils tenaient alors un parapluie ouvert pour accueillir la menue monnaie qu’on jetait des
balcons.
MALPROPRE
Autrefois c’étaient des hommes qui s’habillaient en femmes avec souvent un broc ou un pot de
chambre à la main. Maintenant les tenues sont devenues plus légères, affriolantes, excentrique,
dans l’esprit de la transgression et de la provocation propre au carnaval. Il peut porter de manière
burlesque des sous-vêtements de femme sur un corps déshabillé. Ils vont seuls ou en couple,
amusant certains, choquant d’autres. Le Malpropre est une figure traditionnelle et plus que
séculaire du carnaval martiniquais. A l’époque de Saint-Pierre, ils sont vêtus d’une robe en loques
et d’un sac grossier.
BÉSÉ WOB-OU
D’après les souvenirs de Grazielle Bontemps parus dans la revue Parallèles N° 4 publié en 1965, les
masques Bésé wob-ou apparaissaient le dimanche gras. C’étaient des sortes de masques
« malpropres » portés uniquement par les hommes habillés en chemise (sous-vêtement fin porté à
même la peau).
LE BŒUF MARDI GRAS
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Comme dans la tradition de certains cortèges carnavalesques du Moyen-Âge, c’était un vrai bœuf
paré de colliers, de guirlandes de fleurs, de banderoles. Six ou sept hommes entouraient ce bœuf
encordé, car pendant le défilé à travers les rues en liesse, l’animal s’énervait et bondissait pour la
grande joie de la foule. En réalité, on sortait plusieurs bœufs, ce qui ne manquait pas d’amuser la
foule. Depuis plus d’une cinquantaine d’années le bœuf mardi gras ne sort plus dans les rues.
LES HOMMES D’ARGILE
Inspiré des « nèg gwo siwo » Sylvain FILON crée un groupe appelé, les "nègres d’argile". Leur
première apparition dans les rues de la commune des Trois-Ilets, berceau de la poterie artisanale,
un certain mardi gras de l'année 1993 émerveille les spectateurs, dont Jean-Claude
LAMORANDIERE qui par la suite, leur conçoit plusieurs chorégraphies et suggère LES HOMMES
D'ARGILE comme nom de rue, nom qui semble bien convenir au groupe.
Habillés de pagnes pour les hommes et d’un ensemble « bustier short » pour les femmes,
entièrement recouverts d’argile, ils portent un collier de perles en terre cuite auquel est suspendu
une médaille inspirée des Caraïbes. Certains portent en mains des ustensiles de la vie courante :
carafe, canari, ... Ce groupe se déplace en proposant des scènes de vie au cours desquelles il fige
des postures. Véritable spectacle vivant il s'arrête de temps à autre pour offrir ces tableaux aux
spectateurs.
NEGRE DE GUINÉE
Le nègre de Guinée porte un masque noir au visage avec des lèvres rouge, sur la tête un chapeau
de latanier rehaussé d’une cordelette bleue autour, une chemise de grosse toile grise et le
pantalon bien raidi par l’empois, avec de jolies bottines. Les reins ceints d’une large ceinture en
flanelle rouge, notre homme a en main son grand coutelas. Débitant des folies, il s’apprête à
vendre sa potion magique pour guérir les maux de dents, ou pour se débarrasser d’un «gwopwel», un chagrin d’amour.
LES TRAVESTIS
Omniprésents lors des mariages burlesques les travestis sont des hommes qui s'habillent en
mettant l'accent sur une illusion parfaite d'apparence féminine. Certains portent avec élégance et
majesté le costume traditionnel, d’autres les tenues sexy des danseuses Brésiliennes. Maquillage
et accessoires tendances sont de rigueur. Ils peuvent se croiser du Dimanche gras au mercredi des
cendres. Apparaissent aussi depuis quelques années les Drag Queens qui ont leurs propres styles,
souvent très exubérants et colorés. Perchées sur leurs talons d'une hauteur démesurée pour
mettre de l'ambiance, elles montrent leurs charmes tout le long du trajet.
BRADJAK
Ce mot à la consonance spéciale désigne un tacot, retapé, maquillé pour le rendre attractif, et par
onomatopée imite le bruit infernal de son échappement libre : bra….a…a…djak !! quand il est en
marche. Ils constituent l'une des originalités du carnaval martiniquais.
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CHAR
Chaque année des chars carnavalesques, dont les décors sont montés sur des camions apportent
cette touche de création visuelle et originale. Ils sont réalisés par des décorateurs et artisans et
portent un thème que les suiveurs à pied illustrent par leurs costumes. La plupart du temps ils sont
sonorisés ou accueillent des orchestres. Les stations de radio participent aussi au carnaval, en
produisant des chars uniquement porteurs d'une sonorisation, avec la présence d'un ou plusieurs
artistes qui tiennent le micro, pour animer le groupe qui les suit.
VIDÉ
Nom global d’un défilé carnavalesque, plus particulièrement les regroupements ambulatoires avec
orchestre de rue et leurs suiveurs, ou groupes costumés, voire le simple groupe sans thème
derrière un char.
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