Le Mystère de BWS Chap 1
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Le Mystère de BWS Chap 1
Le mystère de Backwater Spring L’air aride des rues d’Angel Fall se distordait sous la chaleur accablante du soleil américain. Le sable semblait fumer à mesure que les bottes des Cow-Boys foulaient la terre de cette petite ville tranquille du Colorado. Elle était composée, comme tant d’autre, d’une petite cinquantaine de bâtiments d’un bois coupé à l’est et dont on pouvait encore voir les souches érigées telles de pierres tombales en hommage aux arbres sacrifiés pour la ville. Tristement, ils ne furent même pas les premiers à tomber dans cette aventure, le prêcheur de l’expédition pionnière succomba la nuit de son arrivée, victime d’une dysenterie fulgurante qui le vida de son eau dans un endroit où la déshydratation n’avait nul besoin d’alliés aussi grivois pour remplir son contrat avec le monde d’en bas. Malgré ce sombre présage, la ville connu une expansion rapide grâce à la proximité de montagnes riche en fer mais surtout réputées pour son or. Des maisons des plus classiques poussèrent rapidement des deux côtés de la voie centrale, au milieu desquelles trônaient deux imposants bâtiments de pierres et de mortier, la banque et la demeure du Shérif, où se situait la seule geôle, officielle du moins, d’Angel Fall. Autour de ces deux éléments centraux, on trouvait les traditionnelles échoppes, de vivres plus ou moins périssables, de l’outillage mais aussi et surtout, le magasin d’arme. Ce dernier était tenu par Terry Wade, dit l’affreux, en honneur à son visage des plus difformes, certains racontent qu’il était le diable venu en personne en quête de vengeance et maudire Angel Fall. La vérité est plus simple mais aussi moins théâtrale, c’était simplement un homme issu de parents que la nature n’avait guère gâté. Terry jouait de cette réputation, qui ne voudrait pas d’arme démoniaque pour partir à la chasse aux indiens ? A droite de la maison du Shérif se trouvait le Saloon de la ville, lieu de passage obligatoire pour tout aventurier en quête d’une boisson à la fraîcheur toute relative. Deux serveuses aussi belles que terrifiantes faisaient régner un chaos ordonné dans cet antre du jeu et des bagarres entre gens saouls. Un homme entra et se dirigea machinalement vers le comptoir, il avait les traits marqués par la chaleur et le soleil impotoyable. La peau de son visage tanné se ridait en profonds sillons tandis qu’il parlait au barman qui lui fit un signe de la tête pour lui indiquer la table du fond. Quatre personnes étranges que rien ne semblait lier y étaient accoudés, ils avaient l’air terriblement dépareillés et étaient la source de bien des murmures et de coup d’œil aussi furtifs qu’inquiets. Ils étaient silencieux et arboraient des mines ennuyées, aucune d’entre eux n’osait ouvrir la bouche, à se demander comment ils étaient arrivés à s'asseoir ensemble. Après avoir remercié John, notre homme se dirigea vers eux d’un pas décidé, s’il était inquiet ou nerveux, il le cachait admirablement bien. Il prit une chaise sans invitation, s'assit avec le quatuor d’étrangers et enleva son chapeau de cuir craquelé qui dévoila des cheveux grisonnant. - « Messieurs, si vous êtes venus pour miner, ce n’est pas la bonne table, si vous êtes là en réponse à l’annonce que mon associé a passé à propos de la ville fantôme, vous pouvez rester. Dit-il en les dévisageant ». Observant une pause, il sembla satisfait de voir qu’aucun d’entre eux n’était venu pour creuser, ils avaient visiblement tous un flingue. « Bref, je vais vous laisser vous présenter, dites-moi qui vous êtes et pourquoi je devrais vous embaucher, tiens, on commence par toi » continua-t-il en hochant le menton en direct de l’homme à sa droite. Trentenaire, il était vêtu tout de blanc, un costume élégant et peu pratique qui contrastait avec les habits du reste de la table. - « Je suis Zaxarz, le Far West ne connait pas meilleur pistolero que moi, j’ai été élevé par des loups dans les prairies du Machu Pichu et suis prêt à relever tous les défis qui se dresseront sur mon chemin », répondit-il du tac au tac, comme si raconter son histoire le démangeait. Son employeur le fixait d’un air blasé, visiblement peu impressionné par sa tirade. - « Zaxarz, sérieusement... ZAXARZ ? Mais dans quel monde tu crois qu’un Cow Boy pourrait s’appeler comme ça ? C’est un elfe de la nuit qui a trouvé un portail dimensionnel au milieu d’Hurlevent ou quoi ton mec ? Puis les plaines du Machu Pichu ? Les loups sans dec’ t’as plus cliché et moins plausible ? » - « Bah c’est les noms de tous mes personnages, pardon, de mes moi dans d’autres univers…» - « Non mais tu peux pas t’appeler comme ça, c’est pas possible. Je passe pour l’histoire bidon mais là tout le monde va te demander d’où tu viens ça le fait pas, c’est comme si tu me sortais qu’un Romain s’appelait Winston Churchill. » - « Bon bah je m’appelle John Wayne, heureux ? », répondit amèrement l’homme précédemment connu sous le nom de Zaxarz. - « Génial, votre présentation était très prometteuse mon cher John Wayne, j’espère que vos talents sont à la hauteur de votre assurance, j’ai hâte que vous puissiez les mettre à contribution. Continuons, vous jeune homme, à vous. », dit-il en s’adressant à la personne à droite de John Wayne-Zaxarz. Il était habillé d’une sorte de manteau rouge et noir, ouvert à cause de la chaleur, mais le plus frappant chez lui était sa jambe de bois qui remplaçait son tibia droit. - « Je suis connu sous le nom de Trelixar- » hésita t-il à répondre. - « Trelixar ? Mais vous vous êtes donné le mot ou quoi ? » le coupa-t-il - « Alors pour ma défense, j’avais mal lu le thème et je pensais que c’était un truc dans un univers de pirates, tu te doutes bien que j’aurais pas fait un perso avec une jambe de bois, d’ailleurs c’est cool, ça me soûlait de dire Arrrr à la fin de chaque phrase ». - « Ah d’accord, mais t’as pas peur qu’on te confonde avec les 95 autres pirates du Mordor qui s’appellent aussi Trelixar ? Je veux dire, c’est quand même un nom très répandu. Non mais les gars, c’est quoi ces noms débiles, vous êtes au FAR WEST. Non mais ok garde ton nom, par contre tu gardes aussi ta jambe de bois, j’espère que tu as mis des points en acrobatie parce que ça va pas être facile de grimper sur ton cheval » - « Bon, donc je m’appelle Trelixar et je suis réputé pour mes compétences sabre à la main, les années d’expériences et ma musculature imposante compensent ma mobilité réduite et mon manque d’agilité. Je suis craint dans les sept mers… de sable. J’avais un perroquet mais il n’a pas supporté le climat, ce brave Iago m’a quitté alors que je débarquais juste...» continua t-il péniblement. - « Ok. Super, merci Trelixar, tu vas bien t’entendre avec John Wayne, vous pourrez parler de vos dimensions sur le chemin, et toi jeune fille, qui es-tu ? » coupa t-il en se tournant vers une indienne qui devait avoir une vingtaine d’années, vêtue sobrement de cuir. Trois plumes ornaient sa coiffure et deux traces de peinture encadraient son visage. - « Je suis Œil de Puma, mon père était membre d’une tribu nomade proche, je suis tombée par hasard sur votre annonce en allant revendre des armes que j’avais récupérés dans les décombres d’un convoi et ai décidé de venir ici contre l’avis de ma famille. Je suis une shaman, enfin, en formation du moins, j’arrive à communiquer avec les esprits, posséder de petits animaux et ai été l’apprentie de la grande guérisseuse indienne, Plume de Faucon », répondit-elle concentrée, comme si elle récitait une leçon particulièrement ardue. - « Œil de Puma, Plume de Faucon, ton frère c’est qui, Poil de Cul ? » - « Tais-toi Trelixar, au moins elle a compris qu’on n’était pas dans pirates online. Merci Œil de Puma, je suis sûr que tes talents conjugués à ta compréhension de l’univers et à ta préparation seront utiles à ce groupe. Et toi, mon amie, raconte nous ton histoire. » enchaina-t-il d’un air désabusé en direction d’une rousse à sa gauche. Contrairement aux autres jeunes femmes présentent dans l’établissement, elle n’était presque pas apprêtée et semblait se plaire dans des vêtements destinés aux hommes. Cependant, elle avait un charme fou qui semblait faire effet sur le commanditaire de la mission. - « Je suis Cassidy Joplins, je suis la fille d’un ancien Sherif, ma mère est morte alors qu’elle l’accompagnait en mission. Il a depuis toujours refusé que je porte les armes, du coup il m’a enseigné la mécanique, le dressage des chevaux, le genre de choses qu’il pensait utile sans être dangereux, au moins il ne m’a pas fait coudre et cuisiner. Mais de mon côté je voulais plus, j’ai appris à tirer avec les garçons, dans son dos, avant que quelqu’un d’autre ne le fasse, tirer dans son dos. Depuis je suis sur les routes, en quête de contrats à remplir, c’est ainsi que je gagne ma vie ». - « Merci Cassidy, ta polyvalence va faire des miracles, j’en suis persuadé. En tout cas, il est bon de voir que les gens qui débutent dans le Far West sont moins bornés que ceux qui ont écumé de nombreux univers. Bref, j’ai fait appel à vous car j’ai une quête à vous confier. » - « Et le tout dans une taverne, original ». - « Ta gueule John Wayne. Bref, vous savez comme moi que la ville de BackWater Spring, à deux journées de cheval à l’ouest d’ici a été complètement désertée. Mon associé et moi-même avons récemment racheté l’intégralité de la ville pour une somme dérisoire. Enfin, dérisoire pour autant de propriété, mais c’est un investissement qui reste important. Nous voulons savoir pourquoi plus personne n’y met les pieds et que vous résolviez le problème, notre but est de réhabiliter la ville et de revendre le tout. » - « On gagne quoi nous ? » questionna aussitôt Cassidy. - « La gloire, l’aventure ! Et la moitié des bénéfices escomptés, 40 000 pièces d’or, euh, dollars ». - « 40 000$ pour une demi ville ? Elle est construite en meuble Ikea ou quoi ? » s’enquit alors John Wayne, qui aurait vraiment aimé garder son précédent nom. - « 40 000$ est une somme considérable à notre époque jeune homme, avec cette somme vous pouvez sûrement vous offrir une bonne partie de d’Angel Fall, ainsi que la majeur partie des prostituées du Saloon. Euh… un de vous a des points en économie ou un truc du genre ? » - « Connaissance de l’or ? » demanda sans certitude Œil de Puma. - « Euh, oui, on va dire ça. Personne ? Du coup le prix vous semble totalement honnête. Qu’en dites-vous jeunes gens ? » - « Trelixar n’est pas vraiment jeune mais ok pour moi, j’irai à BlackWater Fall enquêter, Yeeeeeeha ! », répondit avec enthousiame le pirate du désert. - « C’est BackWater Spring, Fall c’est là où nous sommes. » corrigea le mystérieux employeur. « Je vous attendrai ici, tâchez de faire vite. » Sur ces bonnes paroles, nos quatre aventuriers se levèrent et sortir affronter la chaleur et la poussière.