Lesécolesconsulaires en route vers une «privatisationdouce»

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Lesécolesconsulaires en route vers une «privatisationdouce»
PAYS : France
RUBRIQUE : France.
PAGE(S) : 1-3
DIFFUSION : 125172
SURFACE : 56 %
JOURNALISTE : Marie-Christine Co…
PERIODICITE : Quotidien
21 décembre 2015 - N°22091
Gran
écoles
Vers une
privatisation
en douceur I.
// P. 3 ET LE POINT
7
Les écolesconsulaires
en route vers une
« privatisation douce»
Plusieurs écoles de management changeront de statut
en 2016, dans le sillage de HEC.
Denouveaux investisseurs intéressent à leur capital.
s'
ENSEIGNEMENT
Marie-Christine
Corbier
mccorbier@lesechosfr
Elles se présentent
comme des
« pionnières » . Toulouse Business
School (TBS) , Grenoble Ecole de
management (GEM) , le groupe ESC
Dijon Bourgogne et Neoma se
à adopter , en 2016 , le
préparent
nouveau
statut d établissement d
'
'
consulaire
(EESC) prévu par la loi Mandon de
2014 . Ce statut de société anonyme
avait au départ été
dérogatoire
conçu pour HEC , qui l adoptera au
ler janvier
2016.
« On a décidé d y aller , on
enseignement
supérieur
'
'
souhaitait
être parmi les premières écoles,
dans le sillage de HEC », indique
François Bonvalet , directeur
général
de TBS . Une nouvelle structure
verra le jour le lerjanvier , et le
statut sera opérationnel
au
nouveau
plus tard le ler septembre , le temps
d obtenir toutes les autorisations.
GEM a fait un choix similaire : le
futur statut sera effectif fin juin.
« Tout est engagé. Les arbitrages poli
'
tiques ont été rendus» , ajoute de son
côté le groupe ESC Dijon
. Neoma est un peu moins
Bourgogne
avancée
, mais le directeur
général de
l école , Frank Bostyn , vise un
nouveau
statut pour septembre.
Pourquoi
changer de statut
« Les écoles sont confrontées à un
problème majeur de financement ,
'
répond Loïck Roche , directeur de
GEM . Pour avoir
davantage
d argent , il faut « changer de
gouvernance
» et « se rapprocher de celle
d une entreprise », poursuit-il . « Pas
pour agir comme une entreprise ,
mais pour avoir les mêmes leviers
d action sur le développement
à
l international , le management ou le
rachat d une structure . » Autant de
'
'
'
permettre de changer la structure
des écoles », se félicite
financière
ainsi Stéphan Bourcieu , directeur
général du groupe ESC Dijon
. Aujourd
hui , les écoles
Bourgogne
simples services des chambres de
commerce ou associations - ont
très peu de fonds propres . « Quand
vous récupérez
un patrimoine
immobilier de plusieurs millions ou
'
'
dizaines
de millions
d euros , cela
vos ratios
change radicalement
financiers et la relation avec les
», ajoute-t-il . La loi Mandon
banques
prévoit par ailleurs un transfert
immobilier
sans droits de
succession
ni de mutation.
'
'
domaines dans lesquels les écoles
sous statut consulaire sont limitées.
«
faut qu' on se désentrave de nos
chaînes et qu' on gagne en agilité »,
complète Loïck Roche .Avec ce
statut , les chambres
de
nouveau
commerce pourront céder le
patrimoine
immobilier
aux écoles , en
échange d une entrée au capital des
nouvelles sociétés . « Le statut va
'
Pas de dividendes
,
des réinvestissements
Une autre disposition
de cette loi
interdit aux écoles sous nouveau
statut de verser des dividendes à
leurs actionnaires
. Les
investisseurs
intéressés devront réinvestir
leurs profits . Et les chambres de
commerce , détenir au moins 51%%
du capital . est « une privatisation
C'
douce », commente
un directeur
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21 décembre 2015 - N°22091
d école.
Ce qui empêche pas les
investisseurs
privés de frapper à la porte
des écoles . A Toulouse , sans
nommer
Airbus ,François Bonvalet
'
n'
de «grosses entreprises
évoque
nationales
ayant un lien historique
avec
l école ». A Grenoble , Loïck Roche
envisage dans un premier temps
« un pool d entreprises locales » et
'
'
ensuite « un développement
international
avec des partenaires étrangers ,
sous forme de filialisation
, sur le
modèle de CentraleSupelec
». A
Dijon , sept à huit dirigeants d
entreprise
pourraient investir au nom de
leur entreprise ou à titre personnel.
Les fonds d investissement
, eux
les écoles de
aussi , convoitent
management françaises . « Les plus
performantes sont très courtisées »,
confirme Loïck Roche . La plupart
'
'
des directeurs d école
écartent pas
l arrivée de tels actionnaires . Mais à
conditions
. « On ne
certaines
interditp asde tels contacts , mais les
montants à investir dans la
recherche
pour maintenir la triple
'
n'
'
s'
'
'
accréditation
de l école condamnent l
hypothèse
d avoir de très gros bénéfices »,
prévient François Bonvalet . Il
'
« explorer - est-à-dire
faudra
informer
- sur [ce que proposeront
c'
s'
,
NDLR] lesfonds », ajoute
prudemment
Loïck Roche . L acceptation de
tels actionnaires
« dépendra ,
comme pour les entreprises , de leur
avec la mission
de
alignement
l école », poursuit Frank Bostyn . «
faudra des actionnaires qui ont un
intérêt à faire avancer l
'
'
'
enseignement
supérieur , et non un intérêt
commercial ». L absence de
de dividendes ne freinera pas
versement
'
les fonds d investissement , parie un
directeur d école . Il prédit qu' ils
'
'
verront
, avec les nouvelles sociétés , « le
moyen de mettre un pied dans la
porte et qu' un jour , la loi qui impose
aujourd hui aux chambres de
commerce
de garder la majorité du
'
capital
des écoles évoluera» .
II faudra
des actionnaires
qui ont un intérêt
à faire avancer
l enseignement
supérieur ,
et non un intérêt
commercial .
'
FRANK BOSTYN
Directeur général de Neoma
Pour avoir davantage d argent , il faut « changer de gouvernance
». En
le nouveau
d établissement
d enseignement
consulaire
(EESC) , prévu par la loi Mandon
supérieur
de management
Photo Jerome
grandes
Exponsion-RÉA
adopté par plusieurs
'
'
'
statut
de 2014 , sera
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21 décembre 2015 - N°22091
Xavier Cornu , CCI Paris Ile-de-France
« Il y aura des fusions entre écoles»
La CCI Paris-Ile-de-France
voit d un bon oeil l arrivée
de fonds d investissement
des écoles
privés au capital
consulaires.
mons les professeurs principaux
de
l Education nationale à la pédagogie
et aux mérites de l apprentissage
pour qu' ils y orientent les jeunes» ,
Il a contribué
à faire de HEC , de
l Essec et de l ESCP Europe « des
. Imposé
marques puissantes»
l école Ferrandi et celle des
Gobelins
dans le paysage de l
enseignement
supérieur . Fusionné des
écoles
. Après vingt ans passés à la tête
du pôle enseignement de la
chambre
de commerce
et d industrie
(CCI) Paris 11e-de -France et de ses
24 écoles , Xavier Cornu quittera la
chambre fin janvier.
Dans un entretien aux « Echos »,
il prend le contre-pied du discours
ambiant sur les écoles consulaires.
Non , « elles ne sont pas à bout de
souffle », soutient-il . Elles sont «
des coupes sombres » de Etat
victimes
sur les chambres
de commerce ,
mais « la situation
est pas pour
l instant périlleuse» . Car le soutien
de la CCI intervient
que sur une
du budget (6 à
partie minoritaire
8 %%) des trois écoles de
management
( HEC , Essec et ESCP Europe) .
Et que « le dassement de reférence du
Des évolutions
sont à venir
Au-delà des ressources classiques ,
la collecte de fonds sera « l un des
axes majeurs (de financement)
des
cinq prochaines années ». La CCI
interroge d ailleurs sur l idée de
créer une fondation
commune à
sept ou huit écoles , sans toucher
existantes d HEC ,
aux fondations
de l Essec et de ESCP Europe.
D autres évolutions sont à venir.
« y aura des fusions entre écoles» ,
annonce Xavier Cornu . Mais « pas
entre HEC , ESCP Europe et l Essec »,
contrairement à une rumeurtenace.
« On va restructurer
le portefeuille
pour être plus efficace », dit-il encore.
'
'
'
'
'
'
suggère-t-il.
'
'
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s'
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'
'
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n'
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Xavier
Cornu
est aujourd hui
conseiller
du président
et du directeur
général
de la CCI Paris-He-de-France
'
"
Financial Times"
place
régulièrement
cinq à six écolesfrançaises dans
les dix premières mondiales ».
La question
de nouvelles
après la sortie de l école et en
fonction
de leur situation . Les droits de
'
l ordre de 3 à 4 %%. « Mais on se
réserve la possibilité de les
dans les années futures . » Xavier
augmenter
scolarité des étudiants étrangers
sont promis à augmenter
. La formation continue est une
davantage
ressource « indispensable
» , elle
« peut encore croître » mais « on ne
peut pas en attendre des merveilles
car ce marché est très
». La taxe d apprentissage a, elle ,
concurrentiel
perdu de son lustre . La réforme
récente a ainsi provoqué un
à gagner de 2 millions d euros
manque
contre
pour HEC . Une réforme
laquelle Xavier Cornu , « passionné
d apprentissage », emporte : « On a
Cornu voudrait
un système de
« retour des bourses accordées » qui
conduirait
les élèves boursiers à
signer un contrat avec leur école et à
rembourser
les sommes reçues
pour faire leurs études , dix ans
réformé cette taxe pour favoriser
l apprentissage
, or le nombre
d apprentis a baissé depuis 2013 et il
se stabilise aujourd hui à son niveau
de... 2007 » Au lieu des «
campagnes
publicitaires ridicules» , «for
ressources
se pose néanmoins
. Les
droits de scolarité ? « On peut
les augmenter si les systèmes de
toujours
Bourse mis en place sont massifs ,
transparents et évalués », et à
de assurer que « le budget
condition
affecté aux bourses augmente au
s'
même rythme que les droits de
». En 2016 , les augmentations
scolarité
resteront
« très modestes » , de
'
'
'
'
s'
'
'
'
Les élèves boursiers
seraient amenés
à rembourser les
sommes perçues
après leurs études.
Le nouveau statut des écoles (lire
aussi
ci-dessus) leur permettra
« beaucoup plus d
agilité ». Des
fonds d investissement privés
'
'
s'
intéressent
« régulièrement
» à leur
futur capital . « Certains voudraient
acheter des écoles, mais nous ne les
vendrons pas ». Cela dit , il exclut
pas leur entrée au capital : « Si les
n'
fonds d investissement privés
intéressent
aux écoles, cela leur donnera
des moyens de se développer » Il
faudra
cependant « veiller à ne jamais
baisser la qualité et à ne pas tomber
dans des usines commerciales
».
Envisage-t-il d autres garde-fous ?
Et si le Qatar , qui a déjà un
partenariat
avec HEC , voulait entrer à son
capital ? « Non , il y aurait pas de
il y ait des
veto , sauf
qu'
considérations
politiques », rétorque Xavier
Cornu . Le Qatar qui , assure-t-il , a
pas fait de telle demande . - M-C . C.
'
s'
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