Ar-Men l`enfer des enfers Ar-men signifie le rocher en breton. Son
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Ar-Men l`enfer des enfers Ar-men signifie le rocher en breton. Son
Ar-Men l’enfer des enfers Ar-men signifie le rocher en breton. Son histoire commence dans la nuit du 23 septembre 1859 au large de la pointe du Raz. La frégate le Sané équipée de roues à aubes lutte contre un mauvais vent du sud est. Victime d’un problème de barre le navire vient se briser sur les roches de la chaussée de Sein. Le Sané est une frégate impériale et le scandale est immense. De part son importance stratégique de nombreux navires militaires fréquentent cette zone . Elle doit donc être sûre ! Les généraux exigent un phare à cet endroit. On demande alors à la commission des phares et au Ministère des travaux publics de s’en charger. Les ingénieurs haussent les épaules. Un phare devant la chaussée de Sein.. Impossible !. Sur place il n’y a rien qu’une succession de roches noires sinistres sur 13 milles. Aucune roche n’effleure la surface à marée haute. La zone est battue en permanence par des vagues gigantesques. L’empereur Napoléon III s’énerve, il veut son phare. Au risque de se briser sur les roches on examine sur place, on étudie sous la mer. Le rapport conclu qu’il n’existe qu’un seul rocher dépassant de 4 mètres à marée basse : L’Ar-Men. Mais ce serait une folie de bâtir un phare dessus. Les vagues atteignent parfois 30 mètres. Le phare serait constamment dans l’eau et emporté. Malgré le découragement, l’ingénieur Paul Joly relève le défi. Il calcule les périodes de beau temps et de marée, puis recrute une équipe efficace. Les premières tentatives en 1861, 1865 et 1866 furent des échecs. Les hommes n'arrivaient même pas à poser le pied sur la roche. Finalement grâce à la ténacité de l'ingénieur Joly et à l'aide de quelques pêcheurs de l'Ile, les travaux débutèrent en 1867. En 1867 pendant de très courtes périodes favorables, des ouvriers équipés de ceintures de sauvetage et semelles antidérapante se mettent au travail. Ils travaillent souvent allongés sur la roche afin de ne pas être emportés par les vagues et un guetteur les prévient à l’arrivée de grosses lames. Il percent des trous pour engager les ferrures. Celles ci serviront de fondations à la maçonnerie. Souvent les canots sont renversés par la mer, mais chose incroyable il n’y aura que peu de drames pendant cette période. Dans des conditions de travail épouvantables, la première année huit hommes réussirent à accoster sept fois pour y travailler huit heures et y forer 15 trous. En 1868, trente-quatre nouveaux trous furent percés. En 1869 on commence la maçonnerie. Par chance, le temps est exceptionnel et le travail avance vite. Enfin une dalle émerge. Mais la mer recouvre régulièrement la base faite en moellons de Kersanton et il faut souvent réparer. On construit des abris en béton pour les ouvriers, mais la mer s’acharne pour tout saboter. Parfois les tempêtes emportent tout. Il n'y a que vingt-quatre accostages et douze heures de travail cette année mais la tour commençe à s'élever. Il faudra 14 ans pour construire le phare ! Ainsi, petit à petit, année après année, la tour grandit et en 1881, du haut de ses 37 mètres, le feu de la Chaussée de Sein est mis en service. Mais son diamètre étroit fait de ce phare un édifice fragile et pendant près de vingt ans des travaux de consolidation sont menés. Commence alors l’enfer pour ses gardiens, car la mer se doit d’avoir le dernier mot. Déjà il est quasiment impossible d’accoster contre le phare lui même, il a fallu construire un va et vient (sorte de téléphérique reliant le phare au navire, au dessus des vagues) Le transport des hommes et des marchandises se fait ainsi (parfois au travers des lames !) . Le phare fait 33 mètres mais des vagues monstrueuses passent souvent par dessus brisant parfois les vitres de la tour ou fêlant la glace des lampes. Impossible dans la tempête de se tenir sur la rambarde située au sommet. Le bruit est infernal, mugissements permanents ajoutés aux grondements. Il faut réparer sans cesse les pierres manquantes. Souvent d’énormes vagues ébranlent le phare faisant tomber tout ce qui est accroché aux murs. Des accidents majeurs furent à déplorer, comme des gardiens emportés par les vagues, ou un incendie transformant le phare en cheminée infernale. Dans ce dernier cas, seul le câble du paratonnerre permit aux gardiens de s’échapper par le haut, descendre et éteindre l’incendie avec des seaux d’eau de mer. Un jour une vague emporta la porte de la tour (pourtant blindée par un bouclier de cuivre) et la cuisine fut dévastée par la mer. A noter que la cuisine est située a mi-hauteur !. Aujourd’hui Ar-Men est toujours là, automatisé et inspecté une fois par an. La lumière d'Ar-Men éclaire l'océan, chaque nuit de 3 éclats blancs toutes les 20 secondes et porte jusqu'à 43 km. Quelques caractéristiques techniques Jusqu'au niveau des plus hautes mers, le phare a un diamètre de 7,20 mètres obligé par la surface du rocher, puis 6,80 mètres pour les deux mètres suivants. Son diamètre intérieur passe de 3 mètres dans le bas à 3,30 mètres dans le haut, par le jeu d'une diminution de l'épaisseur des murs : de 1,75 mètres en bas, il est de 0,80 mètres au-dessous de la corniche de couronnement. Histoire vraie Le ravitaillement devait arriver tous les 10 jours, les 1er, 11 et 21 de chaque mois. En cas de manquement à ces dates, les expéditions devaient se rapprocher le plus possible d’elles afin de ne pas laisser les veilleurs sans provisions. Cependant, les hivers, les ravitaillements de l’Armen étaient délicats, rudes et dangereux. Ils étaient impossibles dans les ouragans, tourmentes et autres tempêtes, pourtant lot quotidien dans ce coin du monde. Le gardien de phare Fouquet attendit ainsi 3 mois et 10 jours la relève, ayant survécu en se rationnant cruellement, mourant à demi de faim, mais toujours fidèle à son poste devant la lanterne.