No right`s Land - Ligue des Droits de l`Homme
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No right`s Land - Ligue des Droits de l`Homme
P AR T I E 3 - P ED AG O G I E D E S D R O I TS H U M AI N S 2. Jeux pédagogiques Le droit d’être jugé de manière équitable Article 5 de la DUDH Personne ne peut être torturé, ni soumis à des peines cruelles, inhumaines ou humiliantes. Article 9 de la DUDH 1. Personne ne peut être arrêté ou mis en prison sans raison valable. 2. Personne ne peut être exilé de son pays sans raison valable. Article 10 de la DUDH Tous les hommes ont le droit d’être jugés par un tribunal indépendant et impartial. Article 11 de la DUDH 1. Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. No right’s Land Les droits humains sont inconditionnels Secondaire Cette animation, à destination, des élèves du secondaire est née d’un partenariat entre le Département Formations de la Ligue des Droits de l’Homme et le cinéma Arenberg. Après avoir visionné le film documentaire « The Road to Guantanamo »1, les professeurs peuvent proposer cette animation dans leur classe. Cette animation porte sur la situation actuelle des détenus de Guantanamo Bay, ainsi que sur des cas de traitements inhumains et dégradants ou d’absence de procès équitable, ici, en Belgique. L’objectif de cette animation est de faire prendre conscience aux jeunes que ce n’est pas toujours ailleurs que cela se passe. En Belgique aussi, les droits humains sont en danger. La vigilance reste de mise pour ne pas mettre en péril les principes fondamentaux de la démocratie et les droits des citoyens, entre autre au nom de la guerre contre le terrorisme. Guantanamo, no right’s land The road to Guantanamo, docu-fiction de Michael Winterbottom, 2006 Résumé du film Discussion avec l’ensemble de la classe : - Qu’est-ce qui vous a marqué dans le film ? Expliquez une scène marquante. - Quels sont les droits de la DUDH qui ont été bafoués dans ces scènes ? Prise de notes au tableau des impressions et commentaires des élèves. Guantanamo Bay, état des lieux Suite à la discussion sur le film, faire l’état des lieux de la situation à Guantanamo et établir un lien avec la Belgique : 1 De Michael Winterbottom et Mat Whitecross, 2006. Ce film documentaire relate l’histoire vraie de quatre jeunes Anglais détenus à Guantanamo pendant plus de deux ans. En 2001, ils se rendent au Pakistan, leur pays d’origine, afin de célébrer le mariage de l’un d’entre eux. Interpellés par la situation dramatique en Afghanistan, ils décident d’aller y apporter leur aide. Et c’est là que tout bascule. Arrêtés par l’Alliance du Nord, ils seront ensuite transférés au camp de Guantanamo. 2 1. Etat des lieux de la situation à Guantanamo Le camp de Guantanamo se trouve sur la base militaire américaine de Guantanamo à Cuba. Ce centre de détention militaire de haute sécurité détient des personnes qualifiées de « combattants irréguliers », capturées par l’armée américaine dans les différentes opérations qu’elle mène à l’étranger. Ce centre n’est pas juridiquement une prison puisqu’il ne dépend pas du système judiciaire fédéral américain. Ce lieu de détention hors de tout cadre juridique attire les critiques unanimes des associations de défense des droits de l’Homme. De nombreux témoignages et documents font état de conditions de détention dégradantes, et les interrogatoires auxquels sont soumis les prisonniers utilisent des techniques apparentées à la torture. Les présumés coupables de Guantanamo Article 11 1. Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. Ce qui paraît inconcevable, voire absurde, c’est qu’un Etat dit démocratique capture, enferme, torture des individus sur la simple présomption de leur culpabilité. Mais de quoi sont-ils considérés coupables exactement ? Les personnes détenues à Guantanamo Bay sont généralement soupçonnées d’appartenir à des groupements terroristes, d’être membres de noyau dur d’AlQuaida, de soutenir l’ancien régime des Talibans ou de posséder des informations, aussi infimes soient-elles, sur l’une ou l’autre des organisations terroristes actuelles. «Le 11 janvier 2002, les premiers prisonniers arrivaient au camp de détention américain de la Baie de Guantanamo, à Cuba. Cinq ans après l’arrivée des premiers hommes cagoulés et enchaînés à Guantanamo, soumis à des techniques d’interrogatoire « équivalant », selon le Comité international de la Croix-Rouge, « à de la torture », aucun prisonnier n’a été accusé, jugé ou condamné. Certains ont pu être relâchés en l’absence de preuve. Cinq ans plus tard, malgré les nombreux appels, notamment, des Nations unies et de l’Union européenne en faveur de la fermeture du camp de Guantanamo, plus de 400 hommes y sont encore détenus indéfiniment, sans espoir de libération. C’est pourquoi aujourd’hui des milliers de personnes se mobilisent en faveur des victimes de la guerre contre le terrorisme, au nom du droit et de la justice. « La situation à Guantanamo a des répercussions dramatiques dans toutes les régions du monde », explique Sidiki Kaba, Président de la FIDH. « Elle crée un précédent pour de nombreux Etats, encouragés à leur tour à légaliser les violations des droits de l’Homme au nom de la lutte contre le terrorisme. Il est fondamental que la communauté internationale et les sociétés civiles dans le monde 3 condamnent d’une seule voix la détention indéfinie à Guantanamo et partout ailleurs. »2. Guantanamo Bay est une véritable zone de non droit. Ou plutôt, c’est une zone dans laquelle les autorités américaines ont considéré que le droit international ne devait pas être appliqué. Pour justifier ce choix, elles invoquent le fait que tous les moyens sont bons pour lutter efficacement contre le terrorisme. La Belgique, tout comme les autres pays européens, est une alliée des Etats-Unis. De ce fait, elle coopère avec les autorités américaines en matière de lutte contre le terrorisme. Voilà pourquoi elle fait preuve de complaisance et ne prend pas fortement position contre le maintien du centre de détention de Guantanamo, des conditions de détention des prisonniers ou encore de la création par les autorités américaines d’une « nouvelle catégorie de combattants » qui échapperait à la protection des Conventions de Genève. C’est ce que nous avons pu constater lors de la visite d’Anne-Marie Lizin à Guantanamo, en mars 2006, et du rapport qui y a fait suite. 2. La situation en Belgique En Belgique, nous sommes évidemment bien loin de rencontrer les mêmes situations liberticides qu’à Guantanamo. En effet, en Belgique la privation de liberté doit être justifiée endéans les 24 heures tandis qu’à Guantanamo, dans certains cas, cette privation de liberté peut ne pas être justifiée pendant 4 ans !. L’accès à la justice est relativement correct. Les plus démunis ont droit à être défendus, bien que se soient souvent des stagiaires ou des avocats peu expérimentés qui s’occupent de leur cas. Cependant, certaines pratiques ne sont pas tout à fait respectueuses et conformes aux droits humains fondamentaux. A jouer et réfléchir Cinq exemples de manquement au respect des droits humains Matériel Grandes feuilles blanches Gros marqueurs Exemplaires de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme Textes (voir annexe) 2 D’après le communiqué de presse de la LDH du 11/01/2007 11 janvier : journée internationale pour la fermeture de Guantanamo 4 Instructions Quel que soit le nombre d’élèves, diviser la classe en 5 groupes. Pour chacun des groupes, remettre une des histoires, ainsi qu’un exemplaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (voir ci-dessous). Après avoir lu le texte, les élèves doivent en faire la synthèse, relever ce qui les a marqués, choqués, interpellés ou ce qui leur semble normal, acceptable. Ils doivent ensuite présenter leur « cas » aux autres groupes. Pour cela, on met à leur disposition une grande affiche et des feutres. Ils peuvent faire leur présentation sous forme de schéma, de dessin, de graffiti, de textes…mais aussi sous d’autres formes : chant, danse, slam…tout est permis ! Chacune de ces histoires évoque un (ou plusieurs) aspects de ce que la loi du 19 décembre relative aux infractions terroristes induit : 1) L’affaire Sayadi-Vinck (traitement d’exception avant le procès) 2) Bahar Kimyongür, un prisonnier politique en Belgique ? (traitements d’exception avant, pendant et après le procès) 3) L’histoire du détenu X : cas de traitements inhumains et dégradants (traitement d’exception après le procès) 4) Ces terroristes qui s’ignorent (criminalisation des mouvements sociaux) 5) Collectif sans ticket (criminalisation des mouvements sociaux) Conseil pour l’animateur : L’ordre de passage des différents groupes pour la présentation de leur « cas » doit avoir une certaine cohérence. Voilà pourquoi il est conseillé de faire parler les élèves suivant les traitements d’exception avant, pendant et après induits par la loi relative aux infractions terroristes. Les deux derniers groupes représentent les dérives de cette loi (avec le risque de criminalisation des mouvements sociaux). Après la présentation des histoires de chaque groupe, il est important que l’animateur « recadre » la discussion en apportant des compléments d’informations sur base de ce document. Pistes de réflexion : Dans les cas mentionnés, quels sont les articles de la DUDH qui ont été bafoués ? La plupart de ces personnes ont fait l’objet d’un procès et d’une condamnation. En quoi ces situations sont-elles condamnables ? Les condamnations sont-elles justifiées dans tous les cas ? Sont-elles proportionnées par rapport aux faits ? 5 Quelles questions ces situations soulèvent-elles ? La loi anti-terrorisme, ses dangers, ses dérives 3 « La fin justifie les moyens », dans tous les cas ? Depuis les attentats du 11 septembre 2001 qui ont frappé les Etats-Unis, la lutte contre le terrorisme est devenue l’une des préoccupations principales des Etats et des organisations internationales. Afin de contrer cette menace, qu’elle soit réelle ou non, ceux-ci se sont dotés d’arsenaux juridiques développés. Dans ce domaine, on a assisté à ce que l’on pourrait qualifier de « turbopénalisation » du fait terroriste. Toutefois, cela s’est souvent fait au mépris des libertés les plus fondamentales. Parmi ces législations liberticides, l’une des plus inquiétantes est la loi du 19 décembre 2003 relatives aux infractions terroristes 4, qui vient de connaître ses premières applications sur le terrain. Cette loi précise qu’une infraction devient une infraction terroriste lorsqu’elle peut, « de par sa nature ou son contexte, porter gravement atteinte à un pays ou à une organisation internationale et qu’elle est commise intentionnellement dans le but d’intimider gravement une population ou de déstabiliser gravement les structures fondamentales politiques, économiques ou sociales d’un pays ou d’une organisation internationale ». Elle prévoit une augmentation importante des peines lorsque l’infraction est qualifiée d’infraction terroriste. A l’époque, cette loi avait été vivement contestée par les associations de défense des droits fondamentaux (dont la Ligue des Droits de l’Homme), notamment en raison du risque de criminalisation des mouvements sociaux qu’elle induit. En effet, d’après cette loi, une infraction pourra être qualifiée de terroriste lorsque son auteur a notamment pour but de « déstabiliser les structures fondamentales économiques ou sociales d’un pays ou d’une organisation internationale ». De nombreux individus ou associations qui agissent parfois radicalement contre certains aspects de la société peuvent donc tomber sous le coup de cette loi. Au vu de la récente condamnation de Bahar Kimyongür, force est de constater que les craintes exprimées alors s’avèrent aujourd’hui fondées… Certains considèrent que les mesures comprises dans la législation sont légitimes parce qu’elles s’appliquent à des individus soupçonnés de terrorisme. Cependant, il est important de souligner que dans la pratique ces mesures sont la plupart du temps appliquées à des infractions qui ne relèvent pas de la définition du 3 Sur base du texte Peurs sur la ville de Julie Lesuisse et Manuel Lambert in La Chronique de la Ligue des Droits de l’Homme, novembre-décembre 2006, n°118, pp.4-5 4 Le 19 décembre 2003, la Belgique a adopté sans débat de fond une loi relative aux infractions terroristes. (…). En mai 2003, une instruction est ouverte contre quatre antimondialistes dont Raoul Hedebouw (PTB) et Arnaud Leblanc (Indymedia) soupçonnés d’appartenir à une organisation criminelle en raison de la mise sur pied d’une manifestation contre un sommet européen ECOFIN, manifestation pacifiste qui s’est déroulée sans le moindre incident. Pour la petite histoire, selon la presse, des organisations comme Oxfam et Mouvement pour la Paix figuraient, dans les années 80, sur les listes des organisations subversives ou terroristes des services de renseignements et de sécurité…( Ces terroristes qui s’ignorent, Perrine Ledant in La Chronique de la Ligue des Droits de l’Homme, novembre-décembre 2006, n°118, p.11) 6 terrorisme. En outre, ces personnes, toute terroriste qu’elles soient, restent néanmoins des êtres humains titulaires de droits fondamentaux. La particularité de la lutte contre le terrorisme réside dans le fait qu’elle autorise un traitement d’exception pour les personnes soupçonnées d’y prendre part. Traitement d’exception avant le procès (listes terroristes, méthodes particulières d’enquête, …), pendant le procès (dossier confidentiel, droits de la défense rabotés, …), mais aussi après le procès. En effet, après la condamnation les violations continuent. Les détenus condamnés pour terrorisme se voient soumis à un régime carcéral strict impliquant des mesures vexatoires et dégradantes : lampe puissante allumée toute la nuit ; visites, courriers et lectures limités ; contacts avec l’extérieur quasiment inexistants ; isolement en cellule 23h/24 ; confidentialité des entretiens avec les avocats qui n’est pas toujours assurée ; fouilles anales répétées… Certaines de ces mesures peuvent être qualifiées de traitement inhumain et dégradant et pourraient valoir à la Belgique une nouvelle condamnation par instance internationale. Pistes de réflexion : Est-ce que « la fin justifie les moyens » ? Que penser de ces mesures d’exception ? Sont-elles justifiées et proportionnées pour lutter contre le terrorisme ? On sait que certains « terroristes modérés » deviennent encore plus radicaux une fois sortis de prison, notamment parce qu’on a limité leur droit de pratiquer leur religion. Est-ce que les moyens juridiques mis en place servent efficacement à lutter contre le terrorisme ? Création du comité de vigilance en matière de lutte contre le terrorisme : le Comité T Depuis le 11 septembre 2001, tant au niveau international qu’européen, de nombreux instruments ont été adoptés dans le but de lutter contre le terrorisme. Et ce n’est pas fini… On peut citer, entre autres, au niveau belge : - La loi du 6 janvier 2003 concernant les méthodes particulières de recherche et de quelques autres méthodes d'enquête, - La loi du 19 décembre 2003 relative aux infractions terroristes, - La loi du 19 décembre 2003 relative au mandat d'arrêt européen, - Les lois du 3 mai 2005 relatives aux habilitations de sécurité - La loi du 27 décembre 2005 adoptée en vue d'améliorer les modes d'investigation dans la lutte contre le terrorisme. 7 Suite aux deux premières décisions judiciaires rendues sous l'ère de la nouvelle législation anti-terrorisme (affaire GICM et affaire DHKP-C), il convient de faire le point sur l'ensemble de ces textes et leur application. En effet, l'utilisation qui est faite des instruments répressifs pose de nombreuses questions en matière de protection des libertés fondamentales et des droits de l’Homme. C'est pourquoi différentes associations actives dans la défense de ces droits et libertés* ont décidé de créer un comité de vigilance en matière de lutte contre le terrorisme : le Comité T. Cette structure vise ainsi à suivre l’application des normes anti-terroristes adoptées ou en voie de l’être et à dénoncer les dérives qu’elles impliquent. Plus généralement, ce Comité se propose de susciter une réflexion relative à la lutte contre le terrorisme. Pour ce faire, le Comité établira annuellement un rapport sur l’état de la lutte contre le terrorisme en Belgique. Terrorisme et résistance Définir le terrorisme est une entreprise laborieuse à cause de la complexité du phénomène et de la multiplicité des éléments à prendre en compte dans cette définition (objectifs poursuivis, méthodes utilisées, effets recherchés). Une autre difficulté s’ajoute à ces premiers obstacles. Elle résulte du poids politique et symbolique d’une telle définition. En effet, appliquer l’appellation de « terroriste » à un adversaire, c’est considérer d’emblée que son combat est illégitime. L’utilisation du terme « terrorisme » répond fréquemment à une logique de disqualification dont l’objectif est d’isoler et de fragiliser l’adversaire. En plus de cela, cette logique permet de justifier le recours à des moyens exceptionnels dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Etablir une telle définition a aussi des conséquences sur le droit international. Il existe un risque d’englober dans cette définition l’ensemble des phénomènes de violence politique et, ce faisant, de leur ôter toute légitimité. Définir le terrorisme pose aussi problème sous l’angle de la résistance légitime. En effet, le terrorisme se présente rarement sous une forme pure. Il est lié, la plupart du temps, à différents contextes politiques, en relation avec des luttes d’indépendance ou de libération nationales (qui sont quant à elles tout à fait légitimes au regard du droit international). En raison de ces difficultés, les définitions existantes du terrorisme se caractérisent par des contours flous, ce qui peut entraîner certaines dérives. En effet, des mouvements syndicaux, écologistes ou alter-mondialistes qui réclament des changements de société parfois radicaux peuvent entrer dans la définition du terrorisme et faire ainsi l’objet de mesures d’exceptions. Plus fondamentalement, il convient de s’interroger sur la pertinence même de définir le terrorisme. D’un point de vue purement répressif, une telle définition ne se justifie pas car toutes les infractions commises dans ce contexte (enlèvement, assassinat, trouble de l’ordre public, etc.) sont déjà mentionnées dans les législations nationales tout comme dans le droit international. Adopter une 8 définition du terrorisme, c’est permettre de légiférer sur cette matière et d’autoriser la mise en place et la légalisation de mesures d’exception. A penser Que penser de la définition du terrorisme qui est tellement large que des mouvements comme Greenpeace, Attac ou Oxfam Solidarité peuvent être considérés comme des mouvements terroristes ? A consulter GITMO-The New Rules Of War de atmo films, janvier 2006. The Road to Guantánamo de Michael Winterbottom. http://www.guardian.co.uk/media/2005/feb/28/broadcasting.comment est une reconstruction de Guantánamo au Royaume-Uni qui fut diffusée sur Channel 4 en 2005. http://www.arte.tv/fr/visite-guidee-du-camp-x-ray-deguantanamo/1727034,CmC=1727036.html, de Damien Mahoney, 2004. Camp Delta, Guantánamo un documentaire radiophonique de Frank Smith diffusé sur France Culture, 2006. A lire Murat Kurnaz, Dans l'enfer de Guantanamo. Paris, Fayard, 2007. Mollah Abdul Salam Zaeef et Jean-Michel Caradec'h, prisonniers à Guantanamo Annexe au jeu Textes à travailler en classe L’affaire Sayadi-Vinck : la machine infernale Monsieur Nabil Sayadi et Madame Patricia Vinck sont respectivement directeur et secrétaire de l’association Fondation Secours Mondial (FSM), branche européenne de l’association américaine Global Relief Fondation (GRF), ellemême inscrite sur la liste de l’ONU des organisations terroristes. Outre leur association, leurs noms propres ont également été inscrits sur les listes onusienne et européenne sans qu’ils ne puissent avoir accès aux «informations pertinentes» justifiant une telle inscription. 9 Alors que Monsieur Sayadi et Madame Vinck, parents de quatre enfants, n’ont subi aucune condamnation ni fait l’objet d’aucune poursuite, leurs casiers judiciaires étant vierges, tous leurs avoirs financiers ont été bloqués suite à cette inscription. Par conséquent, cela les empêche, depuis plus de quatre ans, de travailler, de voyager, d’effectuer des mouvements de fonds, de bénéficier d’une carte bancaire, de recevoir une lettre recommandée sans qu’elle soit ouverte, de recevoir des rémunérations ou honoraires et de faire face à toute dépense qu’impose une vie familiale. Impuissances et résistances Monsieur Sayadi et Madame Vinck ont procédé à diverses demandes écrites auprès de l’Etat belge, des autorités européennes et des Nations Unies. Sans succès. Face aux refus de prise en compte de leur demande, le couple a décidé de saisir les juridictions belges de la question. Ils ont alors obtenu du Tribunal de première instance de Bruxelles la condamnation de l’Etat belge à entamer, sous peine d’astreintes, la procédure de radiation de leurs identités devant le Comité de sanctions des Nations Unies. En outre, parallèlement, la Chambre du conseil du Tribunal de première instance de Bruxelles a, quant à elle, déclaré le non-lieu suite à plus de trois ans d’instruction pénale. Ces deux décisions, l’une civile, l’autre pénale, n’ont pas été frappées d’appel et sont aujourd’hui définitives. A ce jour, c’est-à-dire plus d’un an après la condamnation de la Belgique, aucune décision n’a été prise par le Comité des sanctions en raison de la résistance de certains de ses membres et de l’impuissance, a priori volontaire, du Gouvernement belge, à la demande duquel les inscriptions avaient été effectuées. Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Pour plus d’infos sur l’actualité en la matière : www.liguedh.be Les époux Sayadi-Vinck ont donc décidé de déposer plainte auprès du Comité des droits de l’Homme de l’ONU afin de faire établir la violation par l’Etat belge du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Georges-Henri Beauthier, Jan Fermon et Manuel Lambert, la Chronique de la ligue des droits de l’Homme, novembre-décembre 2006, n°118, p.8 10 Bahar Kimyongür : un prisonnier politique en Belgique ? Bahar Kimyongür est citoyen belge d’origine turque. A l’occasion de plusieurs voyages dans son pays d’origine, le jeune Bahar va découvrir les souffrances des minorités, des plus démunis et des détenus, victimes, en Turquie, de graves violations des droits humains. Lors de son cursus universitaire à l’ULB, il est séduit par les thèses marxistes, ce qui l’encourage à lutter contre ces abus. Il rencontre ensuite le DHKP-C, un groupement turc d’extrême gauche dont le bureau d’information a pignon sur rue dans le quartier européen de Bruxelles et pour le compte duquel il traduira des tracts pendant des années. En 1999, la police découvre, dans un appartement de Knokke, des armes, des faux papiers et des documents où figure le nom de Bahar. Le procès du DHKP-C s’ouvre : il présentera de nombreuses anomalies. Délit d’appartenance Le tribunal condamne Bahar, le 28 février 2006, à 4 ans de prison ferme pour appartenance à un groupe terroriste. En résumé, le tribunal a jugé que le DHKP-C est un groupe terroriste et que dès lors, ses membres, qu’ils aient pris part ou non à des actes criminels, doivent également être considérés comme terroristes. Résistance ou terrorisme ? Lorsque l’on est confronté à un gouvernement autoritaire pratiquant la torture et la censure, tout dépend du point de vue. La réelle logique de cette condamnation, c’est la création d’un «délit d’appartenance», c’est à dire la possibilité d’être condamné simplement parce que l’on appartient à un groupement, sans avoir commis aucune infraction. Collusion de hauts fonctionnaires Il y a pire… Le 28 avril, Bahar se rend aux Pays Bas. Mais il ignore deux choses. D’abord que la Turquie a lancé un mandat d’arrêt international contre lui. Ensuite, qu’une réunion s’est tenue rassemblant 25 personnes, parmi lesquelles figurent la conseillère juridique de la ministre de la Justice, l’administrateur général de la Sûreté de l’Etat, le procureur fédéral et ses adjoints qui s’occupent du procès contre le DHKP-C. La préoccupation principale y est l’arrestation de Bahar et son extradition, qui posent problème puisque la Belgique ne peut extrader ses propres citoyens. Les représentants de la police décident alors que «le parquet fédéral prendra contact avec son homologue néerlandais dans la perspective d’arrêter Kimyongür aux Pays Bas, (…) en vue de la livraison à la Turquie». La décision est approuvée. Bahar est arrêté aux Pays-Bas. Il restera 68 jours en prison, jusqu’à ce que la Cour d’appel de La Haye, considérant que la demande d’extradition manque de fondement, décide de le relâcher. La Ministre de la Justice, Laurette Onkelynx, fait alors l’objet d’interpellations au Parlement. Elle nie à plusieurs reprises qu’il y ait eu arrangement. Mais le procès verbal de la réunion est diffusé. La Ministre, mise en difficulté, prétend alors que le PV diffusé n’est pas l’officiel. Aucun document écrit ne viendra étayer ces affirmations. Des actes indignes d’un Etat démocratique 11 Les individus arrêtés dans le cadre du procès du DHKP-C subissent des mesures carcérales vexatoires et dégradantes : lampe puissante restant allumée toute la nuit, visites, courriers et lectures limités... Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Pour plus d’infos sur l’actualité en la matière : www.liguedh.be 12 L’histoire du détenu X « Merci pour ton envoi. Je rentre de la prison de Bruges et suis assez choquée car notre client devient confus et manifestement ébranlé par ce régime bestial. Maintenant, l’odeur d’urine est massive car la cuvette qui fait office de WC fuit et n’est vidée que toutes les 5 à 6h par un surveillant qui actionne la chasse de l’extérieur. Un surveillant m’a dit en entrant dans le sas où je me tiens debout pour parler à mon client à travers une porte (blindée et plexiglas) dont seul le judas est ouvert quand je suis là (la porte n’est jamais ouverte et tout se fait par ce judas) que la directrice adjointe voulait me parler. J’ai suivi le gardien jusque dans un local qui était celui de l’adjudant et j’ai vu une femme affalée sur une chaise et qui ne s’est même pas levée à mon arrivée. Elle me demanda si j’allais chez le directeur général ce jeudi pour interférer en faveur de X. Je lui ai demandé comment elle connaissait l’existence de ce rendez-vous et pourquoi elle voulait le savoir. Je lui ai dit que X voulait se laver les cheveux. L’adjudant me répondit qu’il pouvait le faire au tuyau qui déverse de l’eau dans la cuvette…et qu’il pouvait aller à la douche une fois par semaine. On le lui a proposé en invitant l’escadron spécial à l’enchaîner dans une chaise roulante qui serait poussée jusqu’à la douche dans laquelle il se laverait toujours enchaîné à des policiers…et il a refusé. J’ai vu l’infirmier venir avec des pilules dans un gobelet en plastic qu’il déposa devant moi sur une petite tablette dans le sas en s’abstenant donc de le remettre en main de X qui peut alors se contorsionner en passant son bras par le petit judas pour tenter après de nombreux étirements du bras et de la main d’attraper le gobelet. J’ai demandé à l’infirmier pourquoi il ne donne pas le gobelet à X et il me répondit que telles étaient les directives. Lorsque je demande d’où viennent ces instructions, personne ne peut répondre… Depuis qu’on a dit à la TV qu’il portait les mêmes habits depuis deux semaines, habits troués et puants puisqu’il a dû déchirer son slip pour l’utiliser à défaut de papier WC suffisant, ils ont remplacé ses habits une fois. Ils ont nettoyé le sas qui était jonché de crasses car ils savent que le Tribunal envoie un médecin légiste et un psychologue pour vérifier l’état de notre client… On ne nous croit pas vraiment. X est le seul dans ce sous-sol puant et humide. Lorsque je suis sortie, et alors que j’étais accompagnée à travers les méandres de cette forteresse silencieuse et blindée, j’ai éclaté en larmes. Le chef quartier (3 étoiles et 1 barre) qui m’a toujours paru digne et humain (c’est la troisième fois que je le vois) m’a dit tout bas en français qu’il était mal placé mais qu’il avait du respect pour moi et qu’il fallait continuer à parler. Il m’a dit courage et soyez prudente.(…) Nous, les Belges, nous faisons la leçon à la terre entière sur les droits de l’Homme mais certaines personnes subissent sur notre sol une humiliation réductrice de leur humanité. Tu sens que cet homme humilié se retrouve un peu dans la parole et la présence que tu lui apportes, mais qu’il s’accroche comme un naufragé à l’espérance. Je me suis sentie présente à sa souffrance mais tellement incapable face au mépris ou à l’indifférence des vivants de cette prison. (…) Lettre d’une avocate à un homme et à la Ligue, exprimant son désarroi face à cette situation. 13 Merci de m’avoir lue et courage. Madame X, 30 ans de barreau cette année et de plus en plus d’inquiétude » 14 Ces terroristes qui s’ignorent Imaginez un pays où tous vos faits et gestes, pour peu qu’ils traduisent une remise en cause de certains principes du système, puissent être surveillés par les forces de l’ordre. Imaginez qu’on fasse de vous un terroriste parce que vous êtes un militant associatif. Politique- fiction ? Huong remonta le col de sa veste. La température avait baissé brusquement ces derniers jours. «Encore un effet du réchauffement climatique» pensa-t-il amèrement en bifurquant pour se diriger vers la tour Audi. Comme la veille, Huong eut l’impression désagréable qu’il avait été suivi. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’il avait le sentiment d’être épié. «C’est la fatigue» se dit-il en pensant à son fils qui les réveillait toutes les nuits, Laura et lui. Huong s’engouffra sous un porche d’allure quelconque et poussa la porte de Radio Lib. Avant même d’entrer dans les locaux de la radio, il reconnut l’odeur familière de cigarette et de vieux garçon endormi. En regardant Kurt, Huong comprit que quelque chose d’anormal s’était passé. Son regard balaya alors le local de leur radio alter-mondialiste. «Lorenzo et Carl ont été arrêtés» lui lança François. «Quoi ? Tu te fiches de moi !». François fit une étrange grimace. «Tu parles ! Les flics sont venus les chercher il y a une heure». Huong eut l’impression qu’un essaim d’abeilles bourdonnait dans sa tête. «Mais bon sang, qu’est-ce qui s’est passé ?». «On était en train de préparer la manifestation et on était vraiment à la bourre lorsqu’ils sont arrivés. Ils avaient un mandat d’arrêt et ils ont fouillé partout. On leur a demandé si c’était une blague et qu’ici, on était dans une radio et pas dans un repère de terroristes. Et là, ils se sont marrés. Et le plus vieux des trois nous a dit, ‘mais si justement mon gars, ici, on est dans un repère de terroristes’». François avait l’air encore plus amoché que d’habitude. On le sentait non plus seulement désabusé mais désespéré. «Mais de quel droit ils ont pu fouiller ici ? Et arrêter Lorenzo et Carl ? C’est une histoire de dingues! Et qu’est-ce qu’on leur reproche ?» «De déstabiliser le pays. De porter atteinte à ses structures politiques. Ils ont dit qu’il y avait des lois qui leur donnaient le droit de les arrêter à cause de leurs projets subversifs - c’est le mot qu’ils ont utilisé !, et que nos avocats nous expliqueraient tout ça. Ils ont dit qu’on était tous sur écoute, et filés, que notre courrier est surveillé, qu’ils ont les coordonnées de tout le monde. Ils nous ont raconté des trucs pas possibles sur de nouvelles méthodes d’enquêtes qui leur permettent de nous arrêter parce que nous faisons partie d’une organisation criminelle !» «Une organisation criminelle !?» siffla, comme hors d’haleine, Huong. Pourtant, leur association ne faisait que développer et relayer un contre-discours de celui des médias traditionnels. Ils n’organisaient somme toute que des manifestations pacifiques somme toute aussi banales que nécessaires. Huong n’avait jamais vraiment pris au sérieux le combat alter-mondialiste de sa bande de potes tout en sachant qu’il était nécessaire au débat d’idées. Il avait surtout trouvé salutaire pour lui, en tant qu’individu, de se démarquer du troupeau et de bouger ses fesses face à la mondialisation, à des dirigeants coupés de leurs citoyens. Et voilà tout d’un coup que la vraie vie donnait un tour nouveau, cauchemardesque à son engagement. Il avait soudainement le sentiment de ne plus être un citoyen ordinaire mais un citoyen en danger dans son propre pays. Un citoyen passible d’aller en prison pour ses idées dans une démocratie. 15 On pouvait bien lui parler de Bush, de dictatures arabes ou africaines, voilà que chez lui, il était menacé. «J’ai parlé à notre avocat. C’est de l’intimidation mais ce n’est pas illégal. Ils ont le droit de nous arrêter car la loi est totalement floue. Le plus dingue, c’est que notre avocat ne peut même pas avoir accès à notre dossier !». «Mais les juges ne vont pas laisser passer ça !». «Détrompe-toi, la subjectivité est totale. Notre association peut très bien être qualifiée de «terroriste». «J’’ai été sur le Net pour lire les dispositions qui leur ont permis de nous arrêter : la vache ! La définition du terrorisme est super large ! Il y a plein d’associations comme la nôtre qui pourraient entrer dans cette définition !» Huong pensa à Laura et il rigola. Lui, un terroriste !? Quelle blague ! Mais l’instant d’après, il eut envie de pleurer car il se dit que son fils était vraiment né dans un monde où les fondements même de la démocratie étaient en danger. Le 19 décembre 2003, la Belgique a adopté sans débat de fond une loi relative aux infractions terroristes. Cette loi fait suite à l’introduction dans le code pénal de l’article 324 bis sur la criminalité organisée. En mai 2003, une instruction est ouverte contre quatre antimondialistes dont Raoul Hedebouw (PTB) et Arnaud Leblanc (Indymedia) soupçonnés d’appartenir à une organisation criminelle en raison de la mise sur pied d’une manifestation contre un sommet européen ECOFIN, manifestation pacifiste qui s’est déroulée sans le moindre incident. Pour la petite histoire, selon la presse, des organisations comme Oxfam et Mouvement pour la Paix figuraient, dans les années 80, dans la liste des organisations subversives ou terroristes des services de renseignement et de sécurité… Perrine Ledant, Chronique de la Ligue des droits de l’Homme, novembredécembre 2006, n°118, p.11 16 L’affaire du Collectif sans ticket 1. [Article du Soir - Bruxelles] Les « sans-ticket » devant le tribunal C’est aujourd’hui qu’auront lieu, au tribunal correctionnel de Bruxelles, les débats du volet pénal des procédures judiciaires qui opposent depuis trois ans et demi la Stib et 16 membres du Collectif sans ticket. Rappelons-nous. Entre 2000 et 2002, ce collectif a donné quelques sueurs froides à la direction de la Stib. Et pour cause : il prônait, ni plus ni moins, le transport gratuit sur le réseau bruxellois. Tous vêtus de blanc, pourvus ou non de titres de transport, les membres du collectif hantaient notamment le métro bruxellois, distribuant tracts et prônant la « désobéissance citoyenne » ainsi que le droit à la libre circulation. Pour eux, le droit (gratuit) au déplacement était aussi sacré que celui de s’exprimer ou de manger à sa faim. Ils rédigèrent même un manifeste intitulé « Livre-accès » expliquant leur combat. La question posée par le collectif était politique... et prémonitoire. Car la gratuité des transports en commun est aujourd’hui effectivement présente dans certains programmes politiques. Elle est en outre déjà accordée à certaines catégories de personnes. Elle est même ouvertement prônée par des hommes politiques en vue au sein du parlement bruxellois. A-t-on pour autant le droit d’inciter les usagers à ne pas payer un titre de transport, au mépris des lois en usage ? Cette incitation à ne pas payer son ticket fut très mal accueillie, à la Stib. En juin 2001, Alain Flausch, le directeur général de l’institution, décidait de mettre fin aux agissements du collectif et porta l’affaire en justice. La Stib n’y alla pas par quatre chemins, assimilant le collectif à une association de malfaiteurs. Passons sur les multiples péripéties qui émaillèrent le cheminement judiciaire de l’affaire. Trois ans et demi après le lancement de la procédure, une quinzaine de militants du collectif se retrouvent ce jeudi dans la salle du tribunal. François Robert – 02.12.2004 2. Appel à soutien aux 15 condamnés du Collectif sans ticket (CST) novembre 2006 « Arrêter l’hémorragie... qui se répand dans l’enceinte des stations de métro » et désorganise les fonctions usuelles de contrôle des agents de la STIB... De quoi s’agit-il ? Meute de ras, liquide toxique, insectes ??? Des personnages plus actuels en cette année 2001 : des malfaiteurs (un peu organisés comme une « bande de terroristes », dixit l’avocat de la société des transports bruxelloise - STIB)... Ainsi nommé par la loi dans la plainte introduite par la STIB contre le Collectif Sans Ticket, un groupe d’usagers qui s’exerce à redéfinir, depuis 1999 en Belgique, les termes dans lesquels se pensent les questions de mobilité (gratuité vs tarification), de service public, d’aménagement du territoire... Comment ? Avec des tracts, des rencontres avec des travailleurs, des politiques, des actions sur le réseau, des assemblées d’usagers... C’était ça « l’hémorragie », qu’il s’agissait de panser avec des astreintes dans un premier temps (125 euros par tête de pipe si tu 17 recommences avec tes tracts, tes actions, tes velléités de gratuité), des perquisitions ensuite, histoire de récolter les preuves qui allaient nourrir une procédure « sur le fond » pour le moins rocambolesque : association de malfaiteurs, faux et usage de faux, usurpation de fonction, trouble à l’ordre, dégradation des installations... On n’a décidément pas peur du ridicule du côté du Palais de justice... et on y aime encore moins les troublions dont le comportement semble traduire l’absence totale de repentir... Passons les détails d’une procédure longue de 5 années. Après avoir été acquittés en première instance pour l’ensemble des faits retenus (association de malfaiteurs, absence d’éditeur responsable et voyage sans titre de transport), les 15 inculpés du CST se voient aujourd’hui contraints - selon l’arrêt rendu par la cour d’appel - de payer au prix fort (près de 7000 euros dans l’ensemble) la bêtise de la STIB qui aura trouvé auprès des instances les plus conservatrices du Palais des oreilles compatissantes et compréhensives : « ...il s’indique de prononcer à l’égard de chacun des prévenus une peine d’amende dont la hauteur (...) sera de nature à faire sentir, en l’occurrence sur son patrimoine, les effets néfastes de son comportement. » 18