Boulanger restructure Saturn - syndicat

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Boulanger restructure Saturn - syndicat
LES ENTREPRISES SOCIAL
Boulanger restructure Saturn
Au menu du prochain comité central d’entreprise, un plan de sauvegarde de l’emploi qui prévoit
150 départs. Les syndicats redoutent beaucoup plus de casse et dénoncent un alignement vers le bas.
N° 2209 | 15 décembre 2011
L
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Deux modèles différents
C’est là que le bât blesse: les deux
entreprises ne sont pas construites sur le même modèle. Centralisation pour le repreneur, autonomie pour l’autre ; salaires
fondés sur les primes pour Boulanger, mais sur un fixe élevé
pour l’enseigne reprise… Autant
Beaucoup de différences
• Un fonctionnement
centralisé chez Boulanger,
alors que chaque magasin
Saturn gère ses achats
et ses stocks de manière
autonome.
• Des écarts de salaires,
avec un fixe assez élevé
chez Saturn et une
“
DR
e changement de nom
est explicite. Baptisé
Cap Boulanger depuis
son rachat effectif le
1er juillet, Saturn doit changer
de planète, les 35 magasins
comme les 2 000 salariés. Et la
mue est rude. Après des premiers
mois durant lesquels la direction
a donné des signes d’apaisement
– Francis Cordelette, PDG de
Boulanger, a promis de ne pas
fermer le siège de Saturn à RisOrangis (Essonne) pendant deux
ans –, le dialogue s’est progressivement tendu, sans être rompu. Prochain enjeu, la négociation d’un plan de sauvegarde
de l’emploi (PSE), au programme du comité central d’entreprise (CCE) le 15 décembre.
La bataille des chiffres ne fait que
commencer. Selon Francis Cordelette, « 150 personnes verront
leur poste supprimé, deux à trois
postes par magasin et 90 personnes au siège de Saturn ». Christophe Bérille, lui, craint beaucoup
plus. « Boulanger va être obligé
de mettre en place un plan social
plus vaste. Des postes chez Saturn
n’existent pas chez Boulanger,
comme les comptables des magasins, une fonction centralisée »,
explique ce délégué syndical central CFDT, première organisation
représentée chez les salariés, avec
29 % des voix.
Nous
entrons dans
une phase
de négociation
du PSE et il est
de bon ton de
faire monter
la pression.
Mais il faut
se rappeler
que Saturn avait
des pertes
représentant
10% de son
chiffre d’affaires
quand nous
l’avons racheté.»
FRANCIS CORDELETTE,
PDG de Boulnnger et DG
d’HTM Group
de différences qui expliquent le
malaise des salariés de l’ex-Saturn
aujourd’hui. Francis Cordelette
en est bien conscient. « Les deux
entreprises étaient très proches
l’une de l’autre, mais fondamentalement différentes : Saturn fait
de la distribution en mettant des
produits en rayon, Boulanger fait
de la vente. Depuis la reprise,
nous avons centralisé les entrepôts
d’approvisionnement, les outils
informatiques, changé les enseignes et mis en place un management de type Boulanger. »
Au-delà du changement de culture, inévitable, les syndicats pointent la dégradation des conditions
de travail. Fait rarissime dans la
grande distribution, les cadres
sont même montés au créneau et
se sont organisés sous forme d’un
collectif. « Les 250 personnes du
siège de Saturn se retrouvent désœuvrées, car tout est centralisé
dans le Nord de la France, au
siège de Boulanger», précise Christophe Bérille. Depuis l’annonce
du rachat il y a un an, près de
400 personnes sont parties de leur
propre fait. Un seul accord, celui
sur les rémunérations, a rallié
tous les syndicats. Les vendeurs
de l’ex-Saturn se voient proposer
des avenants sur leur contrat de
rémunération à la
commission chez Boulanger.
Davantage de personnel
chez Saturn (50 par
magasin en moyenne).
• Une différence
de rentabilité, Boulanger
générant plus de marge
que Saturn.
travail revoyant leur salaire à la
hausse, pour «95%» d’entre eux,
selon Francis Cordelette.
Rien n’est acquis
En revanche, deux autres accords
sur les acquis sociaux et sur la
réorganisation des magasins bloquent. CFDT et CGT, qui représentent plus de la moitié des salariés à eux deux, contestent la
suppression du maintien de salaire en cas d’arrêt maladie, ainsi qu’un certain nombre d’acquis
sociaux de Saturn qui disparaissent avec Boulanger.
Salariés comme syndicats craignent surtout un plan de suppression d’emplois bien plus important
que celui annoncé. Ceux-ci s’inquiètent du sort des 250 salariés
employés par les six magasins
Saturn qui cherchent toujours un
repreneur, après l’ordre de l’Autorité de la concurrence de les céder.
À cela s’ajoutent les magasins
jugés « doublons » – Plaisir (78),
Mérignac (33). En attendant, les
négociations autour du PSE entrent dans leur phase finale. Il
faudra arracher plus de 3 000 €
d’indemnités pour une secrétaire
comptable qui a dix ans d’ancienneté. ❘❙❚
MAGALI PICARD,
AVEC FRÉDÉRIC BIANCHI