L`importance économique des banquiers privés par Ivan Pictet

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L`importance économique des banquiers privés par Ivan Pictet
L’importance économique des banquiers privés
par Ivan Pictet, Pictet & Cie
1.
Poids de la gestion de patrimoine en Suisse
A la fin 1998, la place financière générait 40 milliards de francs, soit 11% du produit intérieur
brut (chimie 4%, machines 3,5%). D’après les dernières estimations d’une grande banque
suisse, on parle maintenant de 48 milliards et de 12% du PIB.
Plus de la moitié de cette valeur ajoutée provient de la gestion de patrimoine.
Si les montants gérés – à savoir un peu moins de CHF 4'000 milliards – se répartissent environ
en 1/3 institutionnel et 2/3 privé, le private banking génère quelque 80% de la valeur ajoutée du
secteur en question.
Les banques contribuent pour environ CHF 10 milliards à l’excédent de la balance des comptes
courants, soit plus de la moitié du total de 19 milliards en 1999.
La place financière génère environ 12% des recettes fiscales de la Suisse, essentiellement
grâce à la gestion de patrimoine.
Dans le domaine de la gestion de patrimoine, la place financière suisse joue un rôle très
important, mais qui n’est pas toujours bien compris.
Si environ 20% de l’épargne mondiale est gérée hors du pays de domicile de l’épargnant et que
la Suisse gère environ 30% de cette épargne dite offshore, on peut estimer que la Suisse gère
environ 6% de l’épargne privée mondiale (et non pas le quart ou le tiers comme on le lit
parfois).
A noter que 6 ou 7 pays seulement disposent des compétences nécessaires à la gestion
internationale de ces avoirs, d’où:
• la lutte acharnée entre les places financières qui ont cette capacité;
• la nécessité pour la Suisse de se battre pour conserver sa place dans le peloton de tête
2.
Poids des banquiers privés suisses dans la gestion de patrimoine
Les 15 banquiers privés regroupés au sein de l’Association des Banquiers Privés Suisses
(ABPS) gèrent près de CHF 400 milliards, soit environ 10% du montant total des fonds gérés en
Suisse.
Les 5 banquiers privés genevois représentés au Groupement des Banquiers Privés Genevois
gèrent environ CHF 300 milliards.
Les 2 plus grandes Maisons gèrent CHF 240 milliards.
A titre de comparaisons:
les grandes banques gèrent
les banques étrangères
les banquiers privés
les autres banques
environ
environ
environ
environ
50% du total des fonds gérés en Suisse
20%
10%
20%.
Ce qui caractérise les banquiers privés, c’est leur très grande spécialisation dans la gestion de
patrimoine, particulièrement dans le créneau de ce que les gens du métier appellent les High
Net Worth Individuals (HNWI), à savoir les personnes ou les familles qui ont une très grande
surface financière.
Or, c’est précisément ce créneau qui offre les meilleures perspectives de croissance au plan
mondial. Deux entreprises spécialisées, Gemini Consulting et Merrill Lynch, estiment que de
1999 à 2004 les fortunes de plus de US$ 1 million passeront d’un total mondial de US$ 25'000
milliards à 45'000 milliards, soit une croissance de 12% par an.
Il se trouve que la structure particulière des banquiers privés, avec la responsabilité illimitée des
propriétaires de la banque et leur implication directe dans les affaires, semble être ce que
recherchent ces nouveaux clients, à savoir:
• une forte spécialisation
• un rigoureux contrôle du risque
• pas de dérivés, de crédits, etc.
3.
Des banques traditionnelles, mais en pleine croissance
On estime que les banquiers privés suisses ont plus que doublé leurs actifs sous gestion depuis
1995
• pour moitié, grâce à l’acquisition de nouveaux fonds;
• pour moitié, grâce à la performance réalisée sur les fonds gérés par eux.
Les banquiers privés ont aussi fortement augmenté leurs effectifs. Depuis 1996, notre
secrétariat tient une statistique des effectifs arrêtée au 31 mars. Au cours de ces 4 dernières
années, ces effectifs sont passés
• de 2'700 à 3'600 personnes en Suisse (chiffres arrondis)
soit une croissance d’un tiers.
• et de 3'200 à 4'500 dans le monde (toujours en chiffres arrondis)
soit une croissance d’environ 40%.
A noter que les effectifs ont encore augmenté au cours de ces derniers mois.
Cette croissance est presque exclusivement interne. On privilégie la culture d’entreprise. En
général, on relève un faible tournus des employés.
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4.
Importance de la Suisse dans la stratégie des banquiers privés
Dans la gestion de patrimoine, les places de Zurich et de Genève sont les plus importantes de
Suisse. Elles sont, dans ce domaine, approximativement de dimension égale (environ 1'600
milliards sont gérés dans chacune de ces places).
Les banquiers privés genevois sont nettement plus fortement représentés à Genève qu’à
Zurich, tant en actifs gérés qu’en personnel (2'300 travaillent au siège sur un personnel total de
3'300, en Suisse et à l’étranger), mais ils s’implantent de plus en plus fortement à Zurich et vont
s’y développer plus rapidement qu’ailleurs.
Inversement, les Zurichois (les banques Bär, Vontobel et Sarasin) s’implantent en force à
Genève, qui semble conserver la faveur des banques étrangères (Deutsche Bank, Goldman
Sachs, BNP-Paribas).
Bâle abrite les sièges de 4 banquiers privés (Banque Sarasin & Cie, Baumann & Cie, Gutzwiller
& Cie et La Roche & Cie). Les autres membres de notre association se répartissent entre
Zurich, Lausanne et St Gall.
Les banquiers privés misent énormément sur la Suisse où ils disposent de 80% de leurs
effectifs.
C’est dire qu’ils dépendent très fortement des conditions-cadre offertes par notre pays.
5.
Conclusion
En résumé, on peut constater que
• les banquiers privés sont fortement spécialisés dans une activité en forte croissance et qui
représente 6% du PIB de la Suisse ;
• si leur part des actifs gérés en Suisse est seulement de 10%, les perspectives de
croissance, notamment dans le secteur des HNWI, sont excellentes, et leur structure
juridique – qui est caractérisée par
une aversion du risque
un faible tournus et une forte culture d’entreprise
une spécialisation et une personnalisation des services –
est bien adaptée pour augmenter leur part du marché.
• Les banquiers privés misent beaucoup sur la Suisse, avec un équilibre entre Zurich et
Genève et une présence marquée à Bâle, sans oublier d’autres villes telles que Lausanne
ou St Gall.
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