PAYS DES SEPT VALLÉES : LAVEDAN ET PAYS TOY

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PAYS DES SEPT VALLÉES : LAVEDAN ET PAYS TOY
Hautes-Pyrénées
PAYS DES SEPT VALLÉES :
LAVEDAN ET PAYS TOY
JEAN DIEUZAIDE, LE LAVEDAN ET LE PAYS DE BARÈGE(S)
En Bigorre, quand on quitte Lourdes pour aller à Gavarnie, on traverse d’abord le Lavedan,
ensemble de six vallées : Batsurguère, Castelloubon, Estrème de Salles, Davantaygue, Val
d’Azun et Ribère (ou Rivière) de Saint-Savin. Sitôt que l’on a franchi les gorges de Luz, on
entre dans le Pays de Barège(s), région qu’une pratique récente a appelé le pays Toy.
Cet ensemble de vallées et de villages d’existence millénaire est de tradition catholique : en
témoignent l’abbaye de Saint-Savin, les ruines du monastère de Saint-Orens, l’église des
templiers de Luz, la chapelle de Pouey-Lahun et les nombreuses églises ou chapelles, retables,
croix votives ou de rogations, montjoies…
Pays montagneux, autrefois d’accès difficile, où l’économie est essentiellement agro-pastorale,
la difficulté à introduire une agriculture plus intensive a sauvegardé un mode de vie que
certains peuvent juger ancestral.
C’est ce pays que parcourt, dans les années 50, Jean Dieuzaide, artiste mondialement reconnu.
Photographe humaniste, il fixe des images, évidemment, mais de plus il fait œuvre
d’historien, témoin de son temps, artiste et poète, et il met toujours l’homme ou la femme au
centre de sa création. Il saisit la vie quotidienne, il montre les gens au labeur, il capte le regard
d’une femme dans sa charrette au retour du marché, l’attitude recueillie d’un homme sur une
tombe enneigée ou de femmes tout de noir vêtues, à la sortie de l’église. Témoin de son temps,
il laisse pour les générations à venir une trace essentielle. C’est pour cela que nous aimons Jean
Dieuzaide, et que nous remercions son épouse et son fils d’avoir eu l’extrême obligeance de
s’associer à ce travail d’édition.
René Escafre, François et Marie-Paule Mengelle,
Christian Parrou, Jeanne Ripoll
de la Société d’Études des Sept-Vallées
En 1950, Jean Dieuzaide épousait à Barbazan-Debat, Jacqueline Manuguet, fille aînée d’une famille de
commerçants bien connus sur la place de Tarbes, le liant ainsi avec les Pyrénées. De plus son métier de
photographe le conduisait souvent à Lourdes pour relater les événements de la cité mariale. À l’époque il
signait ses photographies du nom de Yan, ce qui ne fut pas sans causer la confusion avec un autre photographe de la ville. Entre les temps morts du reportage et l’attente de la lumière idéale, il n’était pas rare
que sa curiosité le pousse à explorer le Lavedan qui, en remontant le gave, reste la véritable porte de la
haute montagne. Il y avait aussi un lien de parenté entre Jacqueline Dieuzaide et Antoine Béguère (maire
de Lourdes de 1953 à 1960). Et c’est elle qui réussit à convaincre ce dernier d’acquérir une maison à
Aspin-en-Lavedan, où se déroulaient parfois de grandes réunions de famille. Les origines gasconnes de
Jean Dieuzaide et son attachement à sa région lui firent toujours fréquenter les montagnes, mais il est
certain que tous ces liens ont favorisé le rapport avec les Hautes-Pyrénées, jusqu’à représenter dans son
travail une place privilégiée. De Luz à Sazos, et d’Argelès à Berbérust, on trouve dans ses archives,
nombre d’images qui racontent la vie et les gens de ce territoire privilégié coincé entre la vallée de l’Adour
et le Béarn.
Les racines paysannes de Jean Dieuzaide lui conféraient une attitude, le mettant aussitôt de plain-pied
avec les gens qu’il abordait, utilisant même le patois pour gagner leur confiance. Son regard de photographe s’occupait alors de traduire, soit la beauté du paysage, soit la complicité d’une situation ou la belle
présence d’un visage.
Il y avait dans sa démarche, comme ce fut le cas pour d’autres pays ou d’autres régions, le besoin de rendre
hommage par la photographie, à ces êtres simples et droits qui, de père en fils, continuaient de cultiver à
l’égal, la terre et les valeurs qu’on leur avait transmises. C’est à ce choix volontaire, empreint de respect,
que l’on doit de pouvoir aujourd’hui retrouver la mémoire d’une époque révolue, dont seule la photographie, au travers de ces « errances lavedanaises » conserve à jamais, la mémoire noble et attachante.
Michel Dieuzaide, Castelvieilh, janvier 2008.