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56 Mieux vivre
Migros Magazine 47, 22 novembre 2005
Il a fallu trois
essais à Pierre
Wuthrich, notre
journaliste,
pour que le
simulateur
d’aube
fonctionne
comme prévu.
Luttons contre la dépression saisonnière hivernale!
Soleil, lève-toi, je le veux
Les simulateurs d’aube permettent de se réveiller en douceur. Essai.
as facile de se lever les
matins d’hiver, alors
qu’il fait encore nuit dehors. Mieux qu’un réveil
soudain et bruyant, le simulateur d’aube parvient à reproduire, de manière progressive
et silencieuse, le lever du
soleil dans votre chambre à
coucher. En trente minutes, ou
davantage selon le réglage de
la lampe, le dormeur passe
ainsi d’un sommeil profond à
un sommeil léger.
Le principe du simulateur
d’aube se résume ainsi: grâce
à la lumière qu’il diffuse, l’appareil informe le cerveau, via
les yeux (peu importe si ces
derniers sont ouverts ou non),
qu’il est temps de mettre en
marche cette grosse machine
P
qu’est le corps. La luminosité
croissante de l’appareil signale ainsi à l’hypothalamus,
une zone du cerveau très
sensible à la lumière, qu’il
peut cesser la sécrétion de
mélatonine, l’hormone du
sommeil. En parallèle, la sécrétion du cortisol (aux effets
anti-stress) et des hormones
d’activité s’accroît. Quant au
cerveau émotionnel, il active
le déroulement des rêves afin
que ces derniers s’achèvent
avant le réveil.
Un instrument efficace
Même David Servan-Schreiber en fait l’éloge dans son
best-seller Guérir. Pour le
neurobiologiste, «la simulation de l’aube naturelle est re-
marquablement efficace pour
traiter les symptômes d’hibernation associés à la dépression saisonnière». Celle-ci
se traduit par une perte de
tonus, des troubles de la
concentration et de la libido et
un besoin accru en hydrates de
carbone. Généralement, elle
disparaît avec l’arrivée du
printemps.
Le simulateur d’aube diverge de la luminothérapie.
Cette dernière consiste à se
placer durant trente minutes
face à une lampe diffusant une
lumière très vive (environ
10 000 lux) aux rayonnements
inoffensifs. Ces séances journalières permettent de réduire elles aussi la production
de mélatonine. A titre de com-
paraison, le niveau de luminosité s’élève à 1000 lux en hiver et dépasse les 100 000 lux
en été.
Des débuts peu concluants
Titillé par les bienfaits susmentionnés, le soussigné s’est
procuré, à l’essai, un simulateur d’aube auprès d’un magasin spécialisé genevois.
La première tentative
s’avère un échec. Au moment
du réveil, l’intensité programmée le soir d’avant ne se révèle
pas assez puissante. Par
chance, le réveil traditionnel a
parfaitement joué son rôle. Le
deuxième jour, pour une raison
inconnue, l’aube ne s’est pas
levée. Encore une fois, le téléphone portable (c’est lui qui
Mieux vivre
Migros Magazine 47, 22 novembre 2005
officie en tant que réveil) retentit salutairement.
Le matin suivant, tout
fonctionne enfin comme prévu. L’appareil s’enclenche à
l’heure fixée et la lumière s’intensifie comme souhaité. Seul
problème: la puissance de la
lampe procure une gêne dont il
sera difficile de se débarrasser.
Il faudra finalement attendre
le quatrième jour pour que
le simulateur d’aube fonctionne parfaitement, c’est-àdire à l’heure et à l’intensité
souhaitées.
De la douceur au réveil
Depuis, la drôle de petite
sphère trône sur la table de nuit.
Ce matin encore, je me suis
réveillé en douceur avec elle à
mes côtés. Et presque dans la
bonne humeur. Ce qui est déjà
bon signe et me rappelle ces
aubes d’été, lorsque les rayons
du soleil effleurent mon lit. Ne
manque ici que le joyeux
piaillement des oiseaux et la
légère brise sur un bras déPierre Wuthrich
couvert.
Photos Frank Blaser
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Paroles
d’experte
Chronobiologiste,
Anna Wirz-Justice
est professeur à
l’Université de
Bâle. Elle est
considérée
comme la
spécialiste
européenne en la matière.
Les simulateurs d’aube peuvent-ils
aider à se sentir mieux?
Oui, mais d’une manière moins
prononcée que les appareils de
luminothérapie classiques.
Comment la lumière influence-t-elle
l’organisme?
Les simulateurs d'aube donnent à
l’organisme le signal que le jour se
lève. La synchronisation quotidienne
aide à rétablir les rythmes
biologiques et donc aide les
personnes qui généralement se
lèvent trop tard ou trop tôt. Cette
synchronisation est nécessaire pour
avoir une bonne qualité de vie.
Quelles sont les dernières recherches
en matière de luminothérapie?
Le champ d’application dépasse
désormais celui de la seule
dépression hivernale. La
luminothérapie permet aussi de
soigner les dépressions qui ne sont
pas liées à la saison, généralement
en combinaison avec une
médication d’antidépresseurs. Avec
le soutien du Fonds national suisse,
nous étudions actuellement la
possibilité d’utiliser la luminothérapie pour soigner la dépression
pendant la grossesse, cas où les
médicaments sont contre-indiqués,
ainsi que certains troubles du
sommeil. Nos recherches portent
aussi, entre autres, sur son emploi
pour lutter contre des troubles du
sommeil liés au rythme biologique:
les problèmes dus au travail en troishuit et au décalage horaire.
Le solarium peut-il aussi jouer un
rôle positif en hiver?
Pour induire un bien-être subjectif,
oui. Mais pas du tout dans le sens où
nous l’entendons pour la
luminothérapie. Elle passe par les
yeux. Les appareils de luminothérapie sont équipés de filtres UV.
Dans un solarium, il faut fermer les
yeux. Attention à ne pas confondre
les deux techniques!
Infos: www.chronobiology.ch, www.sltbr.org,
www.cet.org (sites en anglais, recommandés par
Anna Wirz-Justice).
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