dossier presse dandin

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dossier presse dandin
Contact presse : Sylvia Duranton – Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22 - 06 20 86 66 81
[email protected] – www.theatredelenche.info
Distribution
Mise en scène : Ivan Romeuf
Assistante : Marie-Line Perier
Avec :
Joëlle Brover – Mme Sottenville
Jean-Marc Fillet -Clitandre
Denys Fouqueray – George Dandin
Eric Poirier - Lubin
Ivan Romeuf - Colin
Catherine Swartenbroekx - Claudine
Sandra Trambouze - Angélique
Maurice Vinçon – M. Sottenville
Conception scénographie : Christophe Goddet, Pascal Périer, Ivan
Romeuf
Construction : Christophe Goddet assisté de Sylvain Giraud
Lumière : Marie Lefèvre
Régie Générale : Christophe Goddet
Costumes : Joëlle Brover
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Autour du spectacle
Générale publique / ouverte aux habitants du 2ème arrondissement
Lundi 12 mars à 20h30
Entrée libre, réservation recommandée
Molière notre contemporain ? / Rencontre-débat
Samedi 24 mars à 16h30 au Théâtre de Lenche
Conçue et animée par Anne-Marie Bonnabel (Agrégée de littérature et spécialiste du
théâtre)
Avec la participation des metteurs en scènes : Renaud-Marie Leblanc (Le Malade
imaginaire), Alexis Moati (Le malade imaginaire, L’Avare), Ivan Romeuf (George
Dandin).
Entrée libre, réservation recommandée
Molière / Film d’Ariane Mnouchkine
Samedi 31 mars à 14h au Théâtre du Lacydon
Fresque cinématographique relatant la jeunesse de Molière avec l’Illustre Théâtre et
ses amours avec Madeleine Béjart.
La projection sera en 2 parties avec une pause collation entre les 2. (Durée totale
4h30).
Tarif unique : 6 € / carnet à plusieurs et carte spectateur valables.
Réservation recommandée :
Théâtre du Lacydon : 3 montée Saint Esprit - 13002 Marseille
Scolaires de George Dandin
Plusieurs représentations scolaires de la pièce sont déjà programmées les 20, 23 et
29 mars 2012 et le 5 avril 2012. D’autres dates sont en cours.
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L’Egrégore actualité
George Dandin - Création
du 13 mars au 7 avril 2012
Théâtre de Lenche
Une si longue nuit - Reprise
les 24 et 25 mai 2012
Théâtre de l’Ouest Parisien de Boulogne Billancourt
Les Bonnes– Reprise*
Le 13 août au Festival de Carqueiranne
Le 15 novembre à Rousset
Le 30 novembre à Briançon
George Dandin - Reprise*
le vendredi 22 mars 2013
Le Sémaphore (Port de Bouc)
*en cours d’élaboration :
tournée des Bonnes au 4ème trimestre 2012
tournée de George Dandin mars-avril 2013
La compagnie est subventionnée par la Ville de Marseille, le Conseil Général des
Bouches-du-Rhône, La Région PACA.
Elle est en résidence permanente au Théâtre de Lenche qui coproduit ses
spectacles.
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En guise d’avant propos...
J'ai souvent été invité à jouer dans des pièces de Molière depuis mes premières
années de pratique théâtrale mais je n'ai jamais mis en scène une pièce de Molière.
Une parenthèse tout de même, en 1995, avec Valérie Bezançon, souhaitant aborder
le théâtre de Molière, mais sans monter une pièce précise, j'ai écrit un texte
racontant la dernière rencontre de Molière et de Madeleine Béjart retirée au couvent
Saint-Sulpice. Madeleine ayant renoncé au théâtre ne peut s'empêcher de retrouver
son vieux complice pour, autour d'un goûter, se jouer toutes les scènes d'amour que
Molière ne lui a jamais fait interpréter. Ce spectacle avait pour titre « Le Goûter, ou la
visite de Monsieur de Molière à Mademoiselle Madeleine Béjart, au couvent SaintSulpice, malade ».
Puis, par deux fois l'occasion s'est présentée, puis a été abandonnée : en 1992 avec
« Le bourgeois gentilhomme » et en 1995 avec « George Dandin ».
Les raisons de ces abandons sont mystérieuses pour les spectateurs, mais toujours
parfaitement justifiées pour les équipes de création.
Dans les années 90 la compagnie avait fait le choix d’un travail assez long avec une
équipe d'acteurs, et de pièces contemporaines (Visniec, Claude Ber…) en mettant
entre parenthèse le répertoire classique. En 1992, animé par la certitude qu'on ne
pouvait aborder le théâtre contemporain en ignorant les auteurs dits traditionnels, j'ai
souhaité qu'on puisse aborder Molière au travers du «Bourgeois Gentilhomme».
Malheureusement, le temps et les moyens financiers ne nous ont pas permis de
réaliser ce travail.
Ensuite en 1995, l'idée a germé dans l'esprit de plusieurs responsables de
compagnies de mutualiser leurs forces pour faire des créations communes. Cinq
compagnies se réunirent pour mettre en place cette idée ; la mutualisation
administrative fut facile et évidente mais quand arriva le travail artistique autour de
« George Dandin » l'esprit d'équipe explosa.
Je ne veux pas m'étendre sur les difficultés rencontrées, mais de nouveau il me fut
impossible de croiser Molière dans une mise en scène.
Aujourd'hui je suis à la veille de créer « George Dandin » et je me réjouis d'enfin
pouvoir me confronter à cet auteur que j'ai si souvent servi en tant qu'acteur.
Ivan Romeuf
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George Dandin
George Dandin est un riche paysan. En échange de sa fortune, cédée à Monsieur et
Madame de Sotenville, il acquiert un titre de noblesse (Monsieur de la Dandinière),
un rang et une épouse, Angélique. Mais sa jeune femme n'a jamais voulu cette
union. Elle se refuse à lui faire un enfant. Devant cette épouse rebelle qu'il ne
parvient pas à attirer dans son lit, Dandin ne peut rien. Il ne peut empêcher Clitandre,
gentilhomme libertin de la Cour, de courtiser ouvertement Angélique. George Dandin
tente de réagir, mais les deux aristocrates n'ont que faire des basses accusations de
coq de village et humilient cruellement l'infortuné bourgeois. Angélique peut compter
sur l'appui de sa servante Claudine. Lubin est l'entremetteur de Clitandre et le
soupirant de Claudine. Dandin ne peut compter que sur lui-même.
La jalousie du Barbouillé
Le Barbouillé est marié avec Angélique. Mais il n'est pas satisfait de sa femme qui,
dit-il, le fait enrager. Angélique se décide à aller à un bal, où elle espère retrouver
Valère, son amant. Au retour, elle trouve porte close, et son mari à la fenêtre, qui
refuse de la laisser entrer. Elle fait semblant de se donner la mort avec son couteau,
et Le Barbouillé, incrédule, descend voir ce qu'il en est. Angélique en profite pour
entrer dans la maison et fermer la porte derrière elle. La situation est alors inversée :
c'est Le Barbouillé qui est maintenant dehors. Angélique se plaint à son père qui est
revenu, que son mari ne rentre qu'à cette heure, ivre. Le Barbouillé, ne pouvant se
justifier, enrage et se donne la mort.
Cette farce de Molière sera intégrée à la mise en scène de George Dandin
proposée par Ivan Romeuf comme une sorte d’épilogue.
A la fin de « George Dandin », alors que Monsieur et Madame de Sotenville
souhaitent se retirer, Clitandre les invite à une petite farce. Cette farce a pour support
« La jalousie du Barbouillé ». Elle est interprétée par l’ensemble des acteurs :
Angélique joue la femme du Barbouillé qu’elle trompe avec le jeune premier Valère
joué par Clitandre, et les valets jouent les autres personnages (le père, le docteur).
Théâtre dans le théâtre la farce traduit la situation dans laquelle se trouve Dandin.
Les Sotenville ravis de cette comédie donnée pour leur plaisir et leurs certitudes,
pourront aller se coucher, alors que Dandin choisira la mort, ne pouvant plus rien
faire pour changer son destin.
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Notes dramaturgiques et pistes de « lecture »
Dans George Dandin nous sommes au centre d’une tragi-comédie : les
personnages vivent la tragédie, le public s’en amuse.
Molière va s'efforcer, non pas de rejoindre le tragique supérieur, mais d'élever
la comédie à un rang égal à celui de la tragédie. Il ne faut pas oublier que la
comédie était un genre moins noble, que l'éclat de la tragédie cornélienne
reléguait au second rang. Il semblait difficile de toucher le fond du cœur humain
dans une oeuvre destinée à exciter le rire.
Molière, par le poids de son expérience, par l'élan et les froissements de son
humeur, par la netteté et le sérieux de sa pensée, allait toucher ce fond à tout
moment.
Peut-être n'avait-il pas conscience alors que les grandes œuvres sérieuses
dont 'il rêvait ne s'exprimeraient parfaitement que dans cette forme.
Le temps n'était pas loin pourtant où le comédien et le tragédien, désaccordés
par les conventions, allaient se rejoindre et se lier indissolublement au contact
de la vie.
Dans George Dandin, les personnages viennent de milieux différents dont ils
portent les signes. Ils se débattent à l'intérieur de leur monde (opposition entre
hobereau de province, gentilhomme de cour, paysan riche, paysan pauvre,
jeune fille de la petite noblesse de province) : ce sont leurs milieux qui
construisent les personnages et qui les séparent.
Plus qu'à une comédie, c'est à une farce tragique que nous assistons. On
passe entre les mains de Dieu et du Diable, entre la nuit et le jour, entre le rire
et la tragédie. C'est une pièce fondée sur les quiproquos que Lubin provoque,
par sa naïveté, sa bêtise, son étourderie, sa lourdeur. Il y a aussi des coups de
bâton, et les Sotenville ne portent pas leur nom innocemment. Tous les signes
de la farce sont présents, mais chaque fois qu'ils surviennent, ils entraînent
Dandin toujours un peu plus vers la tragédie. Le rire de la farce est certes un
exutoire, mais quand il avoue ses fautes, quand il vient nous dire : « je ne dis
mot... » ; On ne rit plus !
Si chez Molière les personnages sont tout entiers dans ce qu'ils disent (ils ne
sont pas cachés, ils ne se dissimulent pas, et même s'ils mentent, c'est avec
une effronterie telle que le spectateur est toujours conscient du mensonge : ils
le font en partage avec le public), George Dandin est une pièce atypique dans
l'œuvre de Molière. Dès le début de la pièce, Dandin nous apparaît
parfaitement lucide et il s'efforce toujours de dire sa vérité, il souhaite pardessus tout que cette vérité soit connue, reconnue. Au fur et à mesure, il se
défait de la parole, au point même de devoir répéter celle des autres, jusqu'à
ne plus exister que par le silence et disparaître ; se faire disparaître lui-même.
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Victime mais aussi bourreau, il a « acheté » en mariage une femme dont il
pensait qu'elle lui serait utile comme outil de travail mais aussi comme outil de
reproduction. Or dès la première scène avec les Sotenville, il apprend que ses
enfants ne porteront même pas son nom. En voulant s'élever au-dessus de sa
condition, il avait dû renoncer à son identité en se faisant appeler « de la
Dandinière » ; il perd désormais son futur.
« Si son entourage a décidé d'annuler Dandin, aucune preuve n'y changera
rien. Dandin, nous le trouvons donc, à la lettre, dépouillé. Il est peu de
situations littéraires plongeant aussi avant dans l'horreur de la conscience
enfermée dans le silence de l'incommunicable. Dandin, dans le jardin, est
condamné à la suffocation pure et simple. Mais le spectateur, lui, sait à quoi
s'en tenir : il reconnaît sa propre identité dans celle de Dandin, pantelante et
muette, triomphante et silencieuse, vaincue et irréductible ».
Comme son époux, bien qu'il s'agisse de deux parcours opposés, Angélique est
à la fois victime et bourreau ; une victime à l'origine, une femme que ses
parents ont vendue. Seule face à Dandin, elle essaiera de revendiquer son
espace de liberté. Comme lui, elle est obsédée par l'idée de sa propre identité,
elle ne veut pas mourir si jeune, elle ne veut pas « être enterrée vive avec un
mari ». Mais le terrible malentendu de leur union les rend sourds l'un à l'autre ;
de victime, elle deviendra alors son bourreau (malentendu accentué dans le jeu
de « la jalousie du barbouillé »).
Suprême moyen de communication, la comédie réussit à donner au spectateur
l'exacte perception de ce qui se déroule pour le personnage principal, tel qu'il
subit sa situation. « Nous retrouvons là la signification profonde du masochisme
: il révèle l'existence dans son irréductibilité, » la fait apparaître avec une
netteté et une force qu'aucune autre situation ne saurait lui conférer.
La comédie est individualiste parce qu'elle montre l'opiniâtreté muette de la
conscience de l'identité. Le masochisme, qu'est-il d'autre sinon l'absolu de soi,
de celui qu'on bat ; il n'a de moi que lui-même et la souffrance ne fait
qu'exacerber ce moi : telle est la situation de la comédie en général et de
George Dandin en particulier. « Tout se passe chez Molière comme si la
comédie n'était qu'une exploration des contenus possibles du sentiment de
l'existence. »
Dès les toutes premières paroles que Dandin prononce, il dit l'essentiel : «…
une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus
de leur condition ». Si l'on veut bien considérer que la critique sociale est
évidente, qu'elle a été maintes fois relevée et avec la plus grande netteté par la
plupart des analyses de Molière, on peut considérer ce point comme acquis et
aller plus loin. Ce que l'on décèle, dès l'abord chez Dandin, c'est une
insatisfaction d'être qui l'a fait épouser une fille de petite noblesse, il a pris une
femme qui se tient au-dessus de lui, comme il le dit lui-même.
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Quelques pistes pour une mise en scène
Inscrire dans une même filiation « Les Bonnes » de Genet et « George Dandin » de
Molière pourrait paraître à priori d’une grande audace ou bien d’un manque de
discernement excessif, et pourtant !
Dans « Les Bonnes », ce qui m’intéresse en premier chef, c’est bien le travail du
théâtre dans le théâtre, et un travail qui ne sera pas sans rappeler certains films
hyperréalistes de Renoir, comme « La règle du jeu ». C’est bien cette filiation dont je
veux parler entre ces deux pièces, et je veux tirer ce fil invisible.
Ivan Romeuf
Tragédie
Comme dans une tragédie, que Molière baptise comédie, et comme dans « Les
Bonnes », nous nous trouvons avec une unité de lieu, une unité d’action, une unité
de temps. Dandin se déroule entre le matin et la fin de la journée.
Travail sur les sentiments exacerbés jusqu’à la folie et jusqu’à la mort. Les deux
pièces se terminent par la mort d’un des protagonistes. Dans « Les Bonnes » c’est
Solange qui donne le tilleul mortel à Claire, mais c’est bien Claire qui tient l’arme et
qui décide de sa mort, dans « George Dandin », Dandin va droit au suicide, mais
c’est bien Angélique et sa famille Sotenville qui tiennent l’arme.
Dans « Les Bonnes », Claire et Solange qui sont deux énergies dans un seul corps,
veulent assassiner Madame et n’en auront ni le temps, ni le courage.
Dans « George Dandin » Dandin voudrait assassiner Clitandre, amant de sa femme
Angélique, ainsi que la famille Sotenville, mais son ancrage social ne lui permet pas
de commettre un tel acte.
La construction classique des Bonnes se retrouve dans la construction classique de
Dandin.
Les évolutions par petites touches sans grands écarts dramaturgiques sont
parallèles dans les deux pièces.
Je souhaite inscrire le mot « furtif » qu’utilise Genet pour le jeu des Bonnes.
Quant au décor que j’ai souhaité pour « Les Bonnes » ne peut que rappeler la
machine à jouer que je choisis pour « George Dandin »
La grande différence se fera dans la dernière partie de George Dandin, puisqu’en
rajoutant « La jalousie du Barbouillé » nous poursuivrons notre voyage en farce
avant de terminer dans la tragédie.
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Décor de George Dandin
Une machine à jouer ! Le décor doit avant tout être une machine à jouer.
Il devra pouvoir être réutilisé dans d'autres pièces et servir d'espace de jeu à d'autres
créations. Modulable, il devra pouvoir se déplacer rapidement.
La proposition d'un double escalier devrait permettre un jeu parallèle : par exemple
pour la scène de la nuit dans Dandin, pendant la rencontre qui devrait se dérouler
normalement entre Angélique et Clitandre, Lubin et Claudine, et qui en fait se
déroulera entre Angélique et Lubin, Clitandre et Claudine, pour finir entre Lubin et
Dandin.
L'escalier central devrait permettre de jouer sur les façades cour et jardin en donnant
l'impression d'un grand éloignement, suivant l'éclairage qui sera proposé. Le
dessous de l'escalier pourra lui aussi être utilisé, soit comme complément d'une
seule maison, soit comme terrain de jeu indépendant, toujours selon l'éclairage. Le
haut (terrasse) de l'escalier pourra lui aussi permettre ce type de travail.
Le point de départ a été l'architecture et la scénographie de l'ancien théâtre du
Vieux Colombier.
Les dessins d’ Appia nous ont également inspiré pour un tel espace.
Comme pour le décor des « Bonnes » il sera entre le noir et le blanc ainsi que les
costumes.
Ne pas rajouter de couleur, c'est tenter de créer un prisme sur la seule identité des
personnages et le jeu des acteurs.
Tenter de créer la vision que les peintres du XVIIème siècle avaient, quand, au travers
d’une chambre noire (camera oscura), ils isolaient le sujet qu’ils voulaient peindre.
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Les sources de George Dandin et de La
jalousie du Barbouillé
Le paysan riche qui se repent d’avoir épousé une jeune fille de qualité se rencontre
déjà dans « Les nuées » d'Aristophane. Couvert de dettes, il impute son mal à la
différence sociale qui le séparait de sa femme, issue de la bonne société, alors que
lui n'était qu'un paysan sans éducation.
Quant au motif du mari jaloux pris à son propre piège par sa femme, il se trouve déjà
dans les contes orientaux.
Pour l'essentiel, on considère cependant que le matériau de base de « Dandin ou le
Mari confondu » provient de la tradition farcesque du Moyen Age, qu'elle soit
nationale (fabliaux) ou revisitée par les Italiens. Parmi ces derniers, on cite surtout le
nom de Boccace, auteur toscan du XIVème siècle. En particulier, il existe nombre de
similitudes entre le quatrième conte de la septième journée du Décameron, connu
sous le titre « Le puits du mensonge » ou encore « La Noyée » ou « Le jaloux
corrigé », et la manière dont, au dernier acte de George Dandin, Angélique attire son
mari au dehors en feignant de se supprimer, parvient à rentrer dans la maison et
accuse d'ivrognerie son mari « enfermé » à l'extérieur. Molière connaissait
probablement Boccace non dans le texte, mais par les canevas dérivés de ses
contes qu'utilisait la commedia dell’arte (rappelons qu'il partageait son théâtre du
Palais-Royal avec les Comédiens Italiens).
On notera toutefois que la morale de l'histoire est toute différente dans Boccace,
puisque le mari convaincu de débauche nocturne par sa femme promet d'être à
l'avenir plus complaisant envers elle : « pourvu qu'elle agît assez sagement pour qu'il
ne s'aperçut de rien ».
Un autre conte du même Boccace présente également un retournement de situation
aux dépens du mari jaloux et aborde déjà le thème de la mésalliance, en l'occurrence
entre « un très riche marchand florentin » et « une jeune fille de grande famille » qui
lui allait aussi bien qu'un chapeau à une vache.
Pour écrire George Dandin, Molière s'est inspiré d'une de ses propres œuvres « La
jalousie du Barbouillé » qui doit elle-même beaucoup à Boccace. Mais il l'a
considérablement étoffée en insistant sur le motif de la différence sociale entre les
deux conjoints. La jeune épouse, comme dans George Dandin s’y prénomme
Angélique.
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L’équipe artistique...
Ivan Romeuf (Metteur en scène)
Dès 1968, deux théoriciens vont influencer très rapidement son travail de mise en
scène, tout d’abord la découverte d’Antonin Artaud, pendant ses études au
Conservatoire de Lyon, et de Bertold Brecht pendant ses études à l’ENSATT.
Parallèlement à une permanence d’acteur dans la compagnie Robert Hossein où il
joue dans « Crimes et châtiments » de Dostoïevski, « Le procès de Jeanne d’arc »
d’après Bresson, et « Manon l’Escaut » adaptation de Guy Dumur, il poursuit son
travail de metteur en scène.
La création du Théâtre de la Mer à Paris en 1980 va lui permettre de poursuivre un
travail de recherche influencé par Antonin Artaud et de créer plusieurs pièces du
répertoire contemporain dont un texte de Eric Westphal « Toi et tes nuages » et la
création mondiale de « Ode Maritime » de Fernando Pessoa. Son envie de nouvelles
formes et la construction du Théâtre des Déchargeurs vont l’éloigner pendant
quelque temps de la mise en scène. Mais voulant revenir aux fondements de son
métier d’acteur, il participe à de nombreuses créations classiques et participe aux
recherches de metteurs en scène tels que Pierre Della Torre dans des créations
d’Apollinaire ou auprès de Georges Aperghis et l’ATEM.
Avec son arrivée par hasard à Marseille en 1983 en tant qu’acteur, très rapidement il
va accompagner des équipes constituées comme Théâtre Provisoire avec laquelle il
construira « la Minoterie », Le Mini- Théâtre, le TRM, théâtre de recherche de
Marseille dirigé par Andonis Vouyoucas et Françoise Chatôt qui créerons le Théâtre
Gyptis, le théâtre Off dirigé par Frédéric Ortiz. Ces différentes compagnies lui
permettront de jouer dans bon nombre de spectacles tels que « En attendant Godot»
de Samuel Beckett – « Maitre Puntila et son Vallet Matti » de B. Brecht. « Les
joyeuses commères de Windsor » de William Shakespeare. « L’homme qui rit »
d’après Victor Hugo, « Woyzeck » de Buchner, « Antigone et Œdipe roi » de
Sophocle...
En 1986 il crée « L’Egrégore » qui à ce jour a produit plus de 40 spectacles du
répertoire classique. Depuis 2006, la compagnie est en résidence permanente au
Théâtre de Lenche, elle y répète et y crée tous ces spectacles.
De 2005 à 2009, Ivan Romeuf a travaillé avec L’Egrégore sur l’œuvre d’Anton
Tchékhov ave une équipe de 10 comédiens, projet « L’amour est une région bien
intéressante» (5 pièces, 2 cabarets, plusieurs lectures de nouvelles ont été
proposées au public sur 2009/2010). Récemment, il a monté « Les Bonnes » de
Genet, écrit et mis en scène « Une si longue nuit – Phèdre /Dalida », « La Station
Chambaudet » de Labiche, mis en scène plusieurs productions pour le Théâtre
National Algérien (Le dernier désert, Arrêt fixe).
Aujourd’hui, après presque 150 pièces qu’il a joué, mises en scène, dont il a pour
certaines imaginé éclairage et décors, il n’a pas abandonné ses premières années
de recherches théâtrales toujours influencé par ses deux théoriciens et accompagné
aujourd’hui par d’autres maîtres du théâtre comme Meyerhold, Vartangov, mais aussi
par ses professeurs comme Antoine Vitez ou Michel Favory, qui ont formé et
développé son goût et son envie permanente de rester à l’écoute et en éveil sur un
monde perpétuellement en mouvement.
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Marie-Line Périer, assistante à la mise en scène
Elle est à l'initiative de la création de la Compagnie La Kolima, toute jeune
compagnie marseillaise, ayant pour objectif la recherche dans la création théâtrale.
Fille de comédien et de danseuse, Marie-Line Périer a d'abord consacré des années
à l'enseignement général où elle y anima aussi des ateliers de théâtre et de danse,
sans cesser de pratiquer danse et art dramatique, transmis par ses deux parents,
dès le plus jeune âge.
Elève de Mme Casalta, ancienne danseuse du corps de Ballet de l'Opéra de
Marseille, et d'Anelyse Dorval, pour la danse contemporaine, elle se forma, au
travers de nombreux stages à la pratique du moder'jazz, des claquettes, de la salsa,
de la danse orientale, et du hip-hop.
De par sa longue pratique de la danse, elle prône la prise de conscience du corps,
de son schéma, de son utilisation dans l'interprétation, et est convaincue du rôle et
de l'importance du mouvement en art dramatique.
Partageant ce point de vue avec Ivan Romeuf, acteur et metteur en scène de la
Compagnie L'Egrégore, elle a récemment travaillé comme assistante mise en scène
à ses côtés pour « Les Bonnes» de Jean Genet et se prépare à un nouvel assistanat
pour « George Dandin » de Molière.
Joëlle Brover ( Comédienne-Costumière)
Formation aux arts plastiques à l’atelier Meet de Penhingen, au théâtre par
Bernadette Lange et Gérard Lebreton. Travail à l’atelier de costumes d’Anne
Leboutillier.
Comme comédienne elle joue dans des mises en scènes de Bernadette Lange,
Jean-Paul Cisife, François Dupeyron, Patrick Feigelson, Fabio Pacchioni, Jacques
Mauclair, Michel Rafaelli, Jean-Jacques Aslanian, Serge Martin...
Tournages, avec Alexandre Astruc, Alain Quercy, Roger Kahane, Olivier Langlois...
Radio...
Elle intègre la compagnie l’Egrégore sur « Les trois sœurs » comme assistante à la
mise en scène. Puis est comédienne dans Oncle Vania (Marina), « Regarde la neige
qui tombe », « La Mouette » (Paulina), « Il n’a été heureux qu’une fois, sous un
parapluie », « La répétition » , « La station Champbaudet ». Elle crée les costumes
sur les dernières créations de l’Egrégore : «Oncle Vania, « La mouette », «Il n’a été
heureux... », « Une si longue nuit ».
Jean-Marc Fillet (Comédien)
Depuis sa formation au conservatoire d’art dramatique à Marseille de 1989 à 1991, il
n’a pas cessé d’expérimenter et d’aller voir ailleurs. Tout d’abord comédien, en 1992
il travaille avec la Cie l’Egrégore d’Ivan Romeuf (“Coquelicots”, “Voix dans la nuit...”,
“La trilogie de la villégiature”...) puis au grès des rencontres il poursuit un travail de
comédien dans différents projets.
En 1994 il rencontre William Petit (Cie Rialto), fait ses premier pas dans la danse
contemporaine (“Aux rois couvert de cendres”) puis se forme en suivant différents
stages auprès de chorégraphes tel que : J. Nadj, H. Maalem, C. Blaise, G. Sorin, F.
Ruckert, R. Giordano.
Il Danse dans l’espace public avec Anne Le Batard et le collectif Ex nihilo de 1999 à
aujourd’hui (“Amagalme”, “Loin de là”, “Salida”, “Quarantaines”), rejoint la création de
la cie La Liseuse, G. Appaix (“M encore”), fait une création cirque-danse avec la cie
Nö de Jutta Knödler (“Présents”). En 1997 il passe par le théâtre d’objet au sein de la
cie Théâtre de Cuisine avec C. Carrignon (“Opération Jules Verne”) et retrouve cette
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cie en 2002 avec Katy Deville pour une création danse-théâtre (“Curieuses !”). En
perpétuelle interrogation entre le langage corporel et le langage verbal il a créé sa
compagnie Opus time, où il développe de sprojets hybrides entre dnase,
performance et théâtre.
Denys Fouqueray (Comédien)
Après une formation au Studio 34 (Béatrice Lord, Claude Mathieu, Philippe Brigaud +
Stages avec S. Pitoeff, G. Werler, F. Dupeyron)
a joué notamment sous la direction de : M. Renaudin, C. Croset, E. Weisz, J. L.
Moreau, J. A. Marin dans les créations suivantes : « Le songe d’une nuit d’été »,
« les joyeuses commères de Winsor », « Léonce et Léna », « Apocalypse Na ! »,
« Cœurs populaires »…).
Après de nombreux rôles dans des productions pour la télévision et le cinéma, il
rejoint la compagnie L’Egrégore pour le projet Tchekhov et en 2005 et continue a
collaboré régulièrement avec la compagnie.
Éric Poirier (Comédien)
Débute comme marionnettiste en 1980 puis collabore avec différentes compagnies
comme constructeur, décorateur, comédien, musicien, régisseur ou metteur en
scène. Le Théâtre de l'Arc-en-Terre, La Marionnetterie, la Balayette à Ciel, Le
Théâtre du Fust, Cie Lucien Morisse, Nascimo, Le Théâtre à Frange, Tréteaux DoRé, Cie La Cyrène, Le Temps de Dire, Théâtre Mosaïque, L’Égrégore…
A écrit ou adapté pour différentes compagnies : La Palissade en 81, Remue-Ménage
en 86, Le Nez en 89, Entourloupe dans L’opoponax en 91, Meurtre au Cabaret en
94, Œdipe Roi, d’après une Idée de Sophocle, Sénèque et Cætera en 98, Les Papier
du Salon en 2000, Le Mouton et La Fille de Dracula une histoire horrible mais vraie
et Les Plaideurs en 2001, Badinages au-dessus de l’Abîme d’après Michel Bellier et
en 2002, Les Troyennes en 2003.
Il collabore avec l’Égrégore avec Œdipe Roi…, Grand'peur et Misère du IIIème
Reich, La Trilogie de la Villégiature, Les Plaideurs.
Catherine Swartenbroekx (Comédienne)
Formé au Conservatoire Royal de Bruxelles (1er prix d’art dramatique en 1994), elle
joue dans diverses productions en Belgique dont parmi les plus récentes « Antonin et
Mélodie » de Serge Kribus mis en scène par Pietro Pizzuti – Théâtre Le Public
(Bruxelles), « George Dandin » de Molière (création à Bruxelles puis tournée en
Tchéquie), « La nuit des rois » de Shakespeare (tournée France, Belgique, Suisse,
Italie). A Marseille, où elle est installé depuis 2000, elle joue dans deux mises en
scène de Gaétan Vandeplas (« Les présidentes » et « Extermination du peuple » de
Werner Schwab – Théâtre des Bernardines) ; elle travaille également avec Les
Carboni (Un de la Canebière – opérette marseillaise). Elle débute en 2005 le projet
« L’amour est une région bien intéressante » dans « La Cerisaie » mise en scène par
Ivan Romeuf.
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Sandra Trambouze (comédienne)
En 1989, elle commence des études de Lettres Modernes à Saint-Étienne, tout en se
consacrant au théâtre, en tant que comédienne. De 1992 à 1996, se forme à l’École
du Studio Théâtre et joue au sein de la compagnie Jean-Louis Martin-Barbaz.
Depuis, elle travaille avec : Jean-Claude Mourlevat, Guillaume Perrot, Pedro Pablo
Naranjo, Ivan Romeuf, Béatrice Bompas... La rencontre avec cette dernière et son
travail de recherche à la compagnie de la Commune (Saint-Étienne), est le début
d’une collaboration artistique qui aboutira, dans le domaine de l’écriture, à trois
créations : "Genèse d’une Culpabilité (comédie)", “Le Chant du Goupil” et “Le Jardin
des Salamandres” qui obtient le 1er prix du concours Cyrano dans la catégorie jeune
public en 2003.
Maurice Vinçon (Comédien)
Comédien et metteur en scène depuis plus de 40 ans, ayant choisi de fixer son
cheminement et sa carrière à Marseille, il a parcouru l’histoire du théâtre dans cette
ville depuis un demi-siècle en participant activement au retour de cette activité dans
la Cité dès la fin des années 50. En créant et animant des lieux de spectacles, en
inventant des manifestations, en même temps qu’il poursuit un travail théâtral de
création, il a incité les différents partenaires publics à développer des politiques
culturelles dynamiques et diversifiées et les a accompagnés dans cette démarche.
Et cela sans négliger un travail d’acteur régulier sur les différentes scènes de la Ville,
ni un militantisme politique et syndical pour la protection et la promotion des acteurs,
des compagnies et des théâtres. Compagnon de L’Egrégore depuis sa création, il
participe notamment à « Grand peur et misère du IIIème Reich » de B. Brecht et
travaille avec Ivan Romeuf sur des productions du Théâtre de Lenche « Ella » de H.
Achternbusch, « Issue de secours » de M. Santanelli, « Jours tranquilles au Panier »
de D. Cier. Dès 2005, il est présent sur le projet Tchekhov « L’Amour est une région
bien intéressante », et participe depuis cette date à la plupart des créations de
l’Egrégore
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Lenche pratique
•
Durée du spectacle : 1h30
•
Renseignements et réservations :
| 04 91 91 52 22
| www.theatredelenche.info
•
Horaires:
| Mardi, vendredi et samedi : 20h30
| Mercredi, jeudi : 19h
I dimanche 25 mars et 1er avril : 16h
•
Tarifs :
|Général : 16 €
| Réduit : 8 € (intermittents, - 18 ans, adhérents théâtres partenaires, chômeurs)
| Bénéficiaires du RSA : 2€
| Carte spectateur : (3 spectacles – carte nominative) : 18 €
| Carnet à plusieurs : (6 billets à partager, usage limité à 3 billets par représentation) :
36 €
| Le mercredi : une place achetée au tarif général = 1 place offerte
•
Accès :
| Métro Vieux Port (ligne 1) ou Joliette (ligne 2)
| Tramway T2 arrêt Sadi Carnot
| Bus 49 arrêt Place de Lenche
| Parking Jules Verne
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